Nouvelles N° 2314

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Jeudi 4 juillet 2019 - N° 2314 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

CLIMAT TOUJOURS PLUS CHAUD DANS LES HÔPITAUX

PRIVATISATION D’AÉROPORTS DE PARIS

SOUSCRIPTION PCF

La mobilisation bordelaise est lancée

Appel à un effort exceptionnel

P.3

P.7

POUR L’ACCÈS AUX VACANCES Le Secours populaire agit P.8


ACTUALITÉ MÉRIGNAC

PLAN LOCAL DE L’HABITAT DE LA MÉTROPOLE

Soutien du PCF au personnel des urgences

Des évolutions dans le bon sens mais encore loin des besoins

Les communistes de la section de Mérignac apportent tout leur soutien et solidarité aux agents du service d’urgences de l’hôpital Pellegrin. Depuis le 14 mai, les agents hospitaliers du service des urgences du CHU Pellegrin ont lancé un préavis de grève pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail. Cette action s’inscrit dans la droite ligne des luttes engagées par plus de 150 services d’urgence dans le pays. Actuellement, 170 agents travaillent au sein des urgences de l’hôpital bordelais. Il faudrait au moins 20 agents supplémentaires : aides-soignants, brancardiers etc. D’autres revendications sont formulées par les grévistes : L’octroi de primes supplémentaires, ils demandent une prime de pénibilité de 300 euros nets mensuels, des dotations de matériel (notamment des tenues), ainsi que des places de parking dédiées, etc. Les responsables CGT de l’hôpital nous informent qu’une négociation est engagée et pourrait aboutir rapidement notamment sur les effectifs des urgences. Une situation que nous suivons de très près. Encore une fois, nous tenons à exprimer notre solidarité et notre soutien. Une délégation d’élus communistes et de membres de la section PCF de Mérignac s’est aussi rendue à l’hôpital pour exprimer son soutien au rassemblement le 2 juillet 2019 (lire en page 4). XH, pour la section

CONFORAMA

1 900 emplois menacés L’enseigne d’ameublement s’apprête à supprimer 20 % de ses effectifs et à fermer 32 magasins. Stupeur chez Conforama. « On s’attendait à une dizaine de magasins, les plus déficitaires », ce sera au total 32 magasins et 1 052 postes qu’envisage de supprimer la direction de l’enseigne d’ameublement. À cela s’ajoutent 600 autres suppressions de postes dans les magasins épargnés au cours des 18 à 24 mois à venir. Sans oublier 150 postes qui concernent le siège et le SAV, et une centaine d’autres dans les magasins Maison Dépôt. Soit, près de 1 900 salariés en tout, 20 % des effectifs. « Un plan massif et violent », a dénoncé Mouloud Hammour, secrétaire du comité syndical d’entreprise. « Une hécatombe sociale », pour la CGT. Après le coup de massue, les syndicats sont passés, hier, à l’offensive. FO a appelé les salariés à se mobiliser. Depuis, plusieurs magasins sont occupés.

Septembre sera un moment déterminant pour les salariés de Ford, aussi deux soirées « de solidarité et de résistance » sont programmées : le vendredi 6 septembre sur le parking du CE et le samedi 21 septembre au Krakatoa.

Alors que la Métropole effectuait un point d’étape, au dernier conseil du 21 juin, Odile Blein pour le groupe communiste relevait des évolutions positives mais toujours pas à la hauteur des besoins de la population. Elle a également appelé les élus à soutenir l’appel de Lyon, lancé au « festival du logement social » par de nombreux élus, collectivités, personnalités qui sollicitent l’Union européenne pour qu’elle s’engage dans un plan pour le logement social et abordable. Son intervention ci-dessous. « Ce point d’étape sur notre politique du logement, ainsi que les rapports qui y sont joints, nous apportent de nombreux éléments, après 2 ans de mise en œuvre du Plan local de l’habitat (PLH). Il fait un large tour d’horizon de notre politique du logement. Je souhaiterais souligner quelques tendances, qui, pour notre groupe, sont à remarquer ou peut être à faire évoluer. Nous pourrions reprendre à notre compte beaucoup des analyses de l’A’Urba, jointe à ce bilan. Si la croissance de la population se poursuit, nous notons avec une certaine satisfaction, qu’elle se fait notamment au profit des familles, plus enclines à rester au sein de la métropole, contrairement à ce qu’il se passait, il y a encore quelques années. Ce retournement de tendance est encore à amplifier. Par contre, nous notons un déficit migratoire pour certaines catégories de population, signe d’une imparfaite adéquation à leurs besoins. Cette donnée est à mettre en relation avec une paupérisation croissante de la population et un nombre de Loge-

ments locatifs sociaux (LLS) dont la demande est en hausse continue (+ 21 % entre 2015 et 2018, soit 40 000 demandeurs aujourd’hui). De nombreux étudiants ainsi qu’une population vieillissante, engendrent eux aussi des besoins spécifiques, loin d’être satisfaits. La production de logements est très dynamique et le parc évolue avec une augmentation du collectif et du locatif, particulièrement dans les communes jusqu’alors peu dotées. Nous approuvons l’effort de production de PLAI et de diversification des typologies, qui veut répondre aux tensions dans le LLS pour prendre en compte la forte demande étudiante, les personnes seules ou les couples monoparentaux. L’évolution va dans le bon sens mais, malgré cela, nous pensons et répétons que les efforts ne sont pas encore à la hauteur des besoins de la population. Et si le solde positif de plusieurs communes est à noter, celui, négatif, d’un certain nombre de communes importantes en nombre d’habitants, et donc en nombre de logements, nous paraît inquiétant. La vente, qui risque de s’accélérer du fait de l’assèchement des ressources des organismes de logement social, pas plus que les démolitions n’est une réponse à ce problème. La difficulté de production de logements en accession sociale alors que le prix de l’immobilier ne cesse de croître doit faire l’objet de nouvelles mesures (comme annoncé lors du débat organisé par Sud-Ouest le 12 juin) et nous nous en réjouissons. Nous ne voudrions pas oublier le travail fait et encore à faire concernant les publics les plus précaires, pas plus

que les gens du voyage, les quartiers prioritaires ou l’amélioration du parc existant… Si les questions du “logement qui n’oublierait personne” se pose de façon cruciale à Bordeaux Métropole, ces questions se posent dans toutes les Métropoles, mais bien sûr aussi au-delà… Quand pour tous nos concitoyens le logement est le premier poste de dépenses ; quand d’ici quelques années, la majorité des êtres humains vivra en ville ; quand l’urgence climatique doit nous amener à revoir l’étalement urbain avec son corollaire de consommation du foncier et des déplacements qu’il engendre ; quand l’urgence climatique, encore, nous oblige à penser les constructions nouvelles et la ville autrement ; quand la finance tente de faire main basse sur le logement social, comme malheureusement la loi ELAN en ouvre la possibilité… Les voyants sont au rouge dans toute l’Europe et bien au-delà. Et nous aurons du mal à agir seuls ! C’est pourquoi, l’appel de Lyon, lancé il y a quelques jours, au « festival du logement social » par de nombreux élus, collectivités, personnalités nous semble intéressant : Cet appel sollicite l’UE pour qu’elle s’engage dans un plan pour le logement social et abordable. L’appel estime nécessaire l’organisation d’un sommet européen du logement pour examiner une série de propositions pour améliorer la situation comme par exemple la création d’un fonds d’investissement dédié au logement social et abordable, ou l’exclusion des investissements en logement social du pacte de stabilité, chaque gouvernement ne devant pas pour autant s’exonérer de choix politiques ambitieux en la matière. Nous sommes tous invités à signer cet appel. Les enjeux sont immenses, les chantiers tout autant. Pour ajouter une petite pierre à l’édifice, ne pourrions-nous pas réfléchir à nouveau, ici, sur la proposition d’encadrement des loyers, qui se remet en place à Paris… La loi ELAN que nous décrions tant nous le permet ! »

FORD AU TGI

Les juges se déclarent incompétents

Réservation : yurplan.com/event/Soiree-de-Solidarite-Ford/45390

2 • Les Nouvelles 4 juillet 2019

Le tribunal de grande instance de Bordeaux s’est déclaré incompétent à juger du caractère économique de la fermeture par Ford de son usine de Blanquefort. « Après l’impuissance du gouvernement, voilà l’incompétence du tribunal », déclare la CGT qui annonce faire continuer la bataille en appel. Les juges du TGI de Bordeaux se sont donc déclarés incompétents. Une décision évidemment insatisfaisante

pour le syndicat CGT qui avait saisi ce tribunal et considère cette décision comme « un permis de licencier et de fermer ». Réclamée par les avocats de Ford lors de l’audience du 4 juin, cette « incompétence » a finalement été reconnue par le TGI. Si « le TGI ne peut pas, alors qui peut et doit juger de l’existence d’un motif économique ? L’Etat et la Direccte ne peuvent plus depuis les réformes de 2013, le tribunal administratif ne peut que juger du respect des procédures. Ne serions-nous donc pas face à un déni de justice ? »

Interroge le syndicat pour qui « C’est un véritable laisser-faire scandaleux ». « Face à cette impunité patronale, face à “l’incompétence” des pouvoirs publics, à leurs choix idéologiques au détriment de l’intérêt général, il nous reste notre détermination à défendre nos emplois, nos vies, notre dignité. Nous savons qu’ il ne faut surtout pas lâcher prise et nous mènerons la bataille en judiciaire jusqu’au bout. Nous ferons bien appel et nos avocats déposeront nos conclusions dès jeudi matin à la cours d’appel de Bordeaux ».


ACTUALITÉ

Editorial

PRIVATISATION D’ADP

Campagne de signatures lancée à Bordeaux

Jeudi 27 juin, à la Bourse de travail, forces citoyennes, syndicales et politiques opposées à la privatisation d’Aéroports de Paris, étaient réunies à Bordeaux pour lancer la campagne de signatures qui permettra d’obtenir un référendum d’initiative partagée (RIP). Xavier Ridon, de la Clé des Ondes et Fakir, a pris l’initiative de cette soirée de lancement, qu’il anime, remerciant la CGT pour son accueil à la Bourse du travail, pour « lancer la mobilisation avant que les militants partent en vacances ». Il explique la volonté pour la radio de participer à l’information sur ce référendum « car on a bien compris que le gouvernement n’a pas l’intention de le faire et que médiatiquement, le soufflet retombe ». Il propose aux participants de prendre la parole pour expliquer les raisons de leur engagement dans cette campagne puis de se réunir par secteur géographique pour décider d’actions communes. Graziella Danguy, du collectif de défense des services publics et co-

organisatrice la soirée commence en assurant que tout le réseau du collectif réparti sur le territoire va s’engager dans cette bataille comme il l’a fait en milieu rural, à Blaye ou La Réole, pour la défense l’hôpital public ou en centre ville de Bordeaux, contre les fermetures de bureaux de la CAF ou de La Poste : « Cette soirée vise à lancer un grand mouvement, à mobiliser le maximum de personnes pour reprendre la main sur la question des services publics. » Corinne Versigny, secrétaire de la CGT dans le département, enchaîne exprimant son plaisir d’accueillir cette assemblée dans le cadre « de la lutte que l’on a à mener ensemble contre la privatisation d’ADP ». Elle rappelle que le syndicat CGT d’ADP s’est battu « des mois et des mois » contre cette privatisation, les restructurations avec une perte d’emploi, la dégradation des conditions de travail, etc. « ADP rapporte 4 milliards d’euros par an à l’État. C’est notre patrimoine que ce dernier a décidé de vendre ». La responsable de la CGT met la situation d’ADP en parallèle avec

celle de la SNCF. « ADP a été passée en société anonyme, qui, depuis, ce sont 1470 emplois qui ont été supprimés. C’est la première étape avant de vendre un fleuron aux appétits financiers qui vont se faire un max de pognon ». L’organisation entend impliquer ses 17 000 syndiqués dans le département et rappelle qu’il n’y a qu’une adresse internet pour signer : www. referendum.interieur.gouv.fr. Bernard Coadou, du collectif « La santé un droit pour tous », rappelle comment en fermant Robert Picqué, on transfère les patients à une structure privée, quelle que soit la qualité de ses services, ou encore comment, à La Réole, par exemple, on casse la proximité du service. Alain Reiller de la FSU33 interpelle sur la nécessité de discuter de « comment on va mobiliser ? ». « On voit bien comme c’est difficile avec les collègues de l’Éducation nationale qui sont pourtant au bord du gouffre, ça ne va pas aller de soi, il faut travailler ». Sylvie, qui participe au mouvement des gilets jaunes, relève qu’au delà de la question économique que pose la privatisation d’ADP, il y a la question démocratique de se réapproprier le pouvoir politique. Elle lit à l’assemblée l’Appel de SaintNazaire pour montrer à quel point cet enjeu intéresse le mouvement des gilets jaunes. Représentants des Verts, du PSMJS, du PCF, de Génération’s, de Nouvelle Donne s’expriment autour de l’enjeu économique, démocratique mais également écologique que représente la maîtrise publique sur les Aéroports comme sur les barrages. « Demain avec Macron, on sera locataire de notre pays », ironise Loïc Prud’homme, LFI, seul parlementaire présent alors que Laurence Harribey, parlementaire socialiste, n’avait pu se déplacer. Après cette soirée, des premières actions ont eu lieu sur les marchés de Talence et Mérignac où encore dans la manifestation des personnels des services d’urgence mardi.

SIGNATURES SUR LE SITE OFFICIEL

La barre des 10 % est franchie Le Conseil constitutionnel a annoncé mardi que 480 300 noms ont été enregistrés sur les 4,7 millions exigés. « 480 300 soutiens ont été enregistrés sur le site Internet du ministère de l’Intérieur dédié à (la) procédure » ouverte par 248 parlementaires de toute l’opposition, hors RN, contre la privatisation des Aéroports de Paris (ADP), a annoncé hier le Conseil constitutionnel. C’est un peu plus de 10 % des 4 717 396 signatures nécessaires pour ouvrir la voie à un référendum d’initiative partagée (RIP). Pour recueillir assez de soutiens dans le délai imparti de 9 mois,

le recueil doit suivre un rythme de 17 000 signatures quotidiennes jusqu’au 12 mars 2020. Pour l’heure, 26 683 ont été enregistrées chaque jour en moyenne. Depuis l’ouverture de la procédure, le 13 juin, de très nombreuses critiques quant à l’accessibilité du site ou aux conditions faites aux 2 000 communes censées participer à la collecte se font entendre. « Les réclamations dont le Conseil constitutionnel a été saisi à ce jour portent dans une très grande proportion sur le fonctionnement du site Internet dédié », a reconnu celui-ci. Il argue cependant de la mise en ligne d’un tutoriel, d’une « foire aux questions », d’une carte interactive des points

d’accès proposés dans des mairies et consulats, et de précisions apportées sur les informations à mentionner dans le formulaire. Le secrétaire général adjoint du ministère, Alain Espinasse, explique au Monde qu’il a fallu faire le choix de la sécurité au détriment de l’ergonomie. Le délai entre deux annonces du nombre de signataires est également considéré par beaucoup de soutiens au RIP comme un défaut de transparence et un obstacle à la mobilisation. Malgré les multiples demandes d’un décompte plus régulier, hebdomadaire, voire quotidien, le prochain communiqué sur le recueil des soutiens est annoncé pour fin juillet.

Au travail !

Casse sociale, casse de notre potentiel industriel, abandon du savoir-faire, des compétences des hommes et des femmes rythment sans rupture l’acte II du quinquennat. Bien au contraire, elles s’accélèrent et comme le dit Fabien Roussel : « les plans sociaux, les fermetures industrielles, les sauvetages partiels avec dégraissage et salariés laissés au bord du chemin, ne connaissent pas la crise ! » Soumises aux logiques des marchés financiers, des filières entières de notre industrie sont menacées, pour le profit, contre la véritable création de richesses et la réponse au défi écologique. Général Electric, Ascoval, Arjowiggins, Whirpool, Renault… et dans notre région les Fonderies du Poitou dans la Vienne, Ford Blanquefort en Gironde, les Papeteries de Condat en Dordogne, autant de richesses qui ne vont plus irriguer les territoires, autant de millions d’euros d’aides publiques mobilisés en pure perte. Ce sont les capitaux étrangers, les fonds de pensions qui prennent le contrôle de nos fleurons industriels dans la recherche perpétuelle du profit maximum. À chaque fois, le gouvernement qui devrait tenir un rôle décisif, ne fait qu’accompagner la désindustrialisation de notre pays en laissant sur le carreau des centaines de femmes et d’hommes, les plongeant dans la précarité et dans un même temps en durcissant les nouvelles règles d’indemnisation des privés d’emploi, avec la réforme de l’assurance chômage. L’urgence aujourd’hui c’est de s’opposer au pillage de notre tissu industriel national par les grandes multinationales, de s’opposer à la privatisation d’ADP (aéroports de Paris), de la Française des jeux, de développer nos services publics. Comme l’a pointé la conférence régionale du PCF qui s’est tenue le 22 juin à Trélissac : il est urgent de réinterroger notre aménagement du territoire en matière industrielle autour de filières porteuses d’emplois, garantissant la possibilité de produire au plus proche, à l’heure où les enjeux climatiques n’ont jamais été aussi importants. En ce sens, le PCF va organiser dès cet été un tour de France du travail et des entreprises avec son secrétaire national Fabien Roussel et avec l’objectif de rencontrer le salariat dans sa diversité, le monde du travail tel qu’il est aujourd’hui. Ce tour de France doit nous permettre de débattre en direct avec tous les salarié·es, sans exclusive, et il devrait débuter pour tenir compte de l’actualité industrielle et sociale par Général Electric à Belfort. Proposer de nouveaux critères de gestion, une nouvelle culture de valorisation des capacités humaines, de nouveaux droits pour les salarié·es, s’appuyer sur les compétences des femmes et des hommes, sur les atouts considérables des banques et de l’État, sur la nationalisation qu’on doit mettre en balance, opposer un contre-projet industriel, c’est l’objectif de ce tour de France alors : AU TRAVAIL !

Maryse Montangon membre de l’exécutif départemental et national du PCF

Les Nouvelles 4 juillet 2019 • 3


MOUVEMEN SERVICES À LA PERSONNE

Salarié-e-s dévoué-e-s mais pas bénévoles ! en place et l’accompagnement des services chez les particuliers, personnes âgées et/ou handicapées. « Le Département donne de moins en moins d’argent alors on doit rogner sur les salaires, les kilomètres, les équipements… Poursuit Céline. Le coût de revient du service au domicile est plus élevé que ce que verse le Département. Dans ces conditions, difficile de recruter

Jeudi 27 juin, plusieurs dizaines de salarié·es d’associations d’aide à domicile de la Gironde ont manifesté en criant « on n’est pas des bénévoles » et se sont rassemblées pour exiger la revalorisation de leurs salaires et des indemnités de remboursement de frais kilométriques. Dans le cadre d’une journée nationale pour la défense des services publics, ce mouvement a été initié dans le département par le syndicat CGT SAP 33 (service à la personne). « Beaucoup en ont plein le dos et voulaient faire quelque chose avant les vacances », explique Annie Pascaud, responsable du CGT SAP 33. Christine, elle aussi de la CGT, salariée d’une association d’aide à la personne et de soin à domicile qui emploie plus de 300 salarié-e-s en Haute Gironde explique que depuis plus de 10 ans, il n’y pas eu d’augmentation salariale ni d’augmentation des indemnités de frais kilométriques alors qu’elles (ce sont surtout des femmes) utilisent leurs propres véhicules pour travailler. L’indemnité de remboursement des frais kilométriques n’a pas bougé depuis 10 ans

« Nous sommes dédommagées de 0,35 centimes du kilomètre, ce qui est très peu par rapport au prix du carburant, l’entretien du véhicule, les assurances. On transporte les personnes dans nos propres véhicules. Donc nous demandons une revalorisation des salaires et une revalorisation de l’indemnité kilométrique, sachant que les trois quarts des salarié·es des associations d’aide à domicile sont à temps partiel subi avec des salaires moyens qui tournent autour de 1 000 euros, pour certaines beaucoup moins et sans aucune perspective de revalorisation. Nous devons acheter nos blouses nousmêmes, nous avons des amplitudes horaires de 11h, c’est-à-dire que vous embauchez le matin à 8h, vous débauchez à 19h. Pour les mamans qui ont des enfants en bas âge, c’est des frais de garderies d’école, plus des frais de nounous et de cantine. Elles paient pour travailler… Toutes les associa4 • Les Nouvelles 4 juillet 2019

tions dans le département ont des problèmes pour recruter cet été, donc on va bourrer les plannings des salarié-e-s parce qu’il n’y a pas de remplaçant·es. Il faut dire que pour 1 000 euros par mois il faut travailler un week-end sur trois voire un week-end sur deux, les jours fériés, avec un seul jour de repos dans la semaine. Quand arrive la dernière heure du sixième jour, forcément on fait des erreurs, on fait des bêtises parce qu’on est épuisé. C’est une des professions où il y a le plus d’accident de travail parce qu’on fait des transferts, on soulève des personnes, on a des horaires très fatigants. On se bat en permanence pour faire respecter notre convention collective (Ndlr – qui n’est pas la même que dans le privé) mais il faut que le Conseil départemental augmente les subventions car, d’après nos employeurs, il n’y a pas assez de budget. D’ailleurs nos employeurs devraient être là. Mais eux sont dans leurs bureaux, avec la clim, des horaires normaux et une voiture de fonction. »

« Et encore, nous avons réduit les déplacements pour diminuer les risques sur la santé et les coûts mais cela demande un gros travail sur les plannings », explique Céline, cadre de secteur or, côté administratif, « on est toujours trop ». Dans l’association, elle a en charge le recrutement, la mise

On s’en sortait grâce aux emplois aidés mais en 2018, on a un déficit global de 63 000 euros sur les 4 sites (La Rochelle, Pons et Mirambeau en plus de la Gironde). Pour une association, le déficit c’est la fermeture. C’est un métier tellement peu attractif que nous avons de grandes difficultés à recruter. Nous ne sommes pas sûrs de pouvoir assurer la continuité de service pendant cette période estivale. Pour assurer un passage chez chaque personne, on va être obligé de réduire le temps de passage. Au bout de la chaîne, ce sont les personnes âgées qui subissent

C.D.

VENTE À LA DÉCOUPE

EDF menacée par Hercule

Quand arrive la dernière heure du 6e jour, c’est l’épuisement

Mêmes échos à l’Association Entraide Multiple (AEM) de SaintCiers-sur-Gironde, si ce n’est que les personnels semblent plus entendus au moins à l’interne, ce qui n’empêche pas les conditions de travail de plus en plus difficiles pour des revenus loin d’être à la hauteur. Patricia est auxiliaire de vie sociale depuis plus de 17 ans. Elle est une des rares salarié-e-s à être à temps plein et perçoit donc 1 500 euros de salaire net. Normalement, elle doit faire 151 heures par semaine, « mais il y a des mois à plus de 160, voire 170 heures », dit-elle. « Depuis 2008, on n’a pas eu d’augmentation de l’indemnité de remboursement des frais kilométriques. 0,35 le km, ce n’est plus possible. Je fais deux pleins de gasoil, à 80-90 euros, par mois et si on ajoute l’entretien pour 60 kms par jour, ce n’est pas tenable ». Magalie gagne 1 200 euros net avec 15 ans d’ancienneté, et dépense 280 euros de gasoil par mois. Béatrice qui a le même niveau de salaire a dû changer de voiture, elle se retrouve avec 400 euros de remboursement de crédit par mois…

et les salariés qui ont des conditions de travail de plus en plus difficiles, ce qui provoque de l’absentéisme… » « On ne gagne même pas assez pour partir en vacances, on les passe chez nous, sur notre balcon », s’indigne Katia qui a deux enfants et dont le mari est au chômage. Elles témoignent d’une charge de travail de plus en plus lourde avec des personnes de plus en plus âgées au domicile, de plus en plus dépendantes, qu’il faut accompagner jusqu’à la mort. Alors le manque de reconnaissance de la part du public, « attends, il y a la bonne qui arrive, entend-on parfois », « on nous prend pour le jardinier, la coiffeuse, on m’a même demandé de tuer un lapin », ou de la part des autres personnels soignants est générateur de souffrance. Elles voudraient, qu’au moins, l’institution leur donne les moyens, d’accompagner les publics dignement.

Les salariés d’EDF ne laisseront pas l’État démanteler leur entreprise sans rien faire. L’intersyndicale (CGT, CFDT, FO et CFE-CGC) appelle les agents à la grève le 19 septembre et entend lancer plusieurs actions dès cet été. Dans son collimateur, le projet « Hercule », présenté par le PDG ; Jean-Bernard Lévy, lors du comité de groupe européen le 19 juin. Évoqué dans la presse depuis de nombreux mois, ce projet, voulu par Emmanuel Macron, vise à diviser le groupe en deux entités principales. En amont, la filiale « EDF bleu » regrouperait les activités de production nucléaire et hydraulique d’électricité. En aval, une filiale baptisée « EDF vert » regrouperait la

gestion des réseaux de transport et de distribution, la commercialisation, les énergies et les services. EDF bleu resterait publique tandis qu’à court terme EDF vert pourrait être privatisée partiellement ou totalement. Cette opération permettrait à des acteurs privés de mettre la main sur une part importante des revenus d’EDF au détriment des usagers comme des salariés. La CGT a dénoncé « une opération purement financière ». S’il était mené à son terme, Hercule priverait l’entreprise d’importantes recettes alors même qu’EDF se trouve fragilisée par la crise de la filière nucléaire. L’autorité de sûreté nucléaire a en effet ordonné de refaire des soudures sur l’EPR de Flamanville. L’opération devrait alourdir la facture, qui atteint déjà

10,9 milliards d’euros. Alors que le PDG d’EDF Jean-Bernard Lévy était attendu le vendredi 21 juin à Bordeaux pour inaugurer la nouvelle direction régionale d’EDF, avenue Counord, il avait finalement été retenu en dernière minute par l’Autorité de sûreté nucléaire au sujet de ces fissures. Cent à deux cents salariés aquitains de l’énergie, en grève à l’appel de la CGT, l’attendaient pourtant de pied ferme pour dénoncer cette filialisation de l’entreprise nationale. « C’est clairement la voie vers une privatisation de la seconde », estimait Christophe Garcia, secrétaire général CGT Énergies 33. « C’est vraiment une question politique de savoir si l’énergie est un bien commun ou si c’est une marchandise comme une autre qu’il faut vendre avec une démarche plus libérale, ajoutait Bastien Leymergie, secrétaire syndical. Que ce soit sur le plan social avec les questions de précarité énergétique ou sur le plan de l’écologie, avec toutes les manifestations qui ont lieu pour le devenir de la planète, on voit bien que le secteur de l’énergie représente un enjeu crucial ».


NT SOCIAL HÔPITAUX

Climat en surchauffe dans les services d’urgence ter massivement, la prime forfaitaire de risque de 100 euros net ne répond pas aux attentes en matière de revalorisation salariale exigée à hauteur de 300 euros et Agnès Buzyn ignore toujours l’exigence de la réouverture des lits d’hospitalisation. Dans ce sillage, Martin Hirsch, le directeur général de l’Assistance publiqueHôpitaux de Paris (AP-HP), a mis sur la table le renforcement des primes et la création de 230 postes. De quoi laisser de marbre les vingtdeux services en grève des hôpitaux parisiens, qui appellent à poursuivre la mobilisation. Du national au local, les mêmes difficultés

La journée de mobilisation nationale à l’appel du collectif InterUrgences et de l’intersyndicale CGT, FO, SUD a confirmé que la contestation sociale a atteint un niveau sans précédent dans les services d’urgences et les salarié·es semblent déterminés à ne plus rien lâcher. Sur l’ensemble du territoire, ont fleuri des grèves emmenées par les infirmières et les aides-soignants, en première ligne des dysfonctionnements en cascade dans les urgences. 154 services d’urgences ont rejoint l’appel du collectif Inter-Urgences et des syndicats. « Tous les jours, des

préavis de grève sont déposés, relève Mireille Stivala, la secrétaire générale CGT de la fédération santé et action sociale. Le mouvement va crescendo. » Pour Christophe Le Tallec, vice-président du collectif Inter-Urgences, « la ministre Agnès Buzyn se trompe en pensant éteindre le conflit durant l’ été. Le gouvernement n’a pas pris la mesure de ce qui est en train de se passer. Une chose est sûre, nous allons tenir pour la dignité. Le personnel est remonté à bloc ». Longtemps ignorées et invisibilisées, les colères des soignants redoublent depuis les récentes annonces du ministère de la Santé, les millions promis ne permettront pas de recru-

Signe de la montée en puissance de la contestation, le mouvement s’accélère dans les territoires. Si des disparités locales existent, les grévistes reprennent les revendications nationales. Dans la manifestation à Bordeaux, mardi, Stéphanie, déléguée du personnel aux urgences de l’hôpital de Libourne et membre du collectif inter-urgences, raconte d’abord la situation dans son service en grève depuis un mois : 20 à 25 patients par infirmière aux urgences, quand le diagnostic n’est pas posé et peut donc évoluer vers un caractère vital, ce sont forcément des vies en jeu. « À l’accueil, on a souvent 30 patients pour une infirmière, 30 patients qui n’ont pas encore été vus par des médecins. On travaille dans une insécurité permanente qui engendre de l’épuisement. On nous demande de faire toujours plus avec toujours moins de moyens. Depuis qu’on s’est mis en grève début juin, on est en négociation avec la direction et pour l’instant ça n’aboutit pas. La majorité des médecins nous soutient car eux aussi subissent. Concrètement sur 27 postes de médecins à l’hôpital de Libourne, en septembre il n’y en aura plus de 13

AIA

« Depuis des années, les agents publics sont les grands oubliés de toutes mesures salariales pouvant améliorer leur quotidien, rappelle la CGT. Par contre, ils connaissent le gel du point d’indice, l’augmentation des cotisations retraites, la hausse de la CSG, pas de prime exceptionnelle, etc. » Sans compter

que « la loi de transformation de la F.P en débat au Sénat (…) mettrait notamment en avant le salaire au mérite ce qui, mis en parallèle avec la disparition des CAP d’avancement, est potentiellement explosif » et entraînera des inégalités salariales. Les syndicats CGT et FO ont donc adressé une nouvelle motion au ministère des Armées et au directeur de l’AIA qui rappelle que : depuis 2010, le décrochage entre la valeur du point et l’indice des prix à la consommation est de l’ordre de 10 %, la perte de pouvoir d’achat s’élève à 20 % depuis 2000, les cotisations de retraites de 7,85 % en 2010 vont arriver à 11,10 % en 2020, la CSG a été augmentée de 1,7 % en janvier, les taux d’avancement pour les agents diminuent alors que les effectifs

c’est de plus en plus courant mais il faut que ça cesse ! Pour nous, ce gouvernement est aux abonnés absents, il nous donne une prime de 100 euros, bien sûr que nous voulons une revalorisation de nos revenus mais c’est surtout tout le système de santé qui s’écroule, avec son aide. Si on arrête le mouvement maintenant, on n’a rien compris. Il faut aller au bout pour pouvoir faire ce métier correctement, ce métier qu’on a choisi pour son aspect humain alors qu’on ne nous parle plus que de chiffres ». Le mouvement social s’ancre dans le rejet de la vision purement comptable de la santé. Les syndicats poussent l’idée que les revendications des paramédicaux doivent s’étendre à l’ensemble du secteur public hospitalier. C.D. avec L’Humanité

ENSEIGNANTS

Les ouvriers d’État toujours mobilisés pour leur pouvoir d’achat Dans la continuité du 27 juin, les organisations syndicales de la fonction publique se sont mobilisées le 2 juillet pour un nouveau rendez-vous « salarial ». Une occasion pour les agents publics de l’AIA d’attirer une nouvelle fois l’attention sur leur situation alors qu’ils sont mobilisés depuis 5 mois pour la défense de leur pouvoir d’achat.

d’occupés. On ne sait pas comment les urgences vont tourner. » Les revendications locales sont de deux postes d’infirmier-e-s supplémentaires, un poste d’aide-soignant-e la nuit et sur Sainte-Foy (hôpital jumelé), un poste d’infirmier-e supplémentaire mais les salariés pensent global. « Je pense que le gouvernement n’a pas mesuré la situation, les propositions qui sont faites sont largement insuffisantes. On réclame 10 000 postes supplémentaires au niveau national et ce n’est pas avec les 15 millions alloués pour augmenter les effectifs cet été que ça va s’arranger. Il faut que le ministère le comprenne et il faut agir maintenant car la santé des patients est en jeu, tous les jours ». Dans la manifestation, outre les services d’urgence bordelais, de La Réole-Langon, etc. il y a aussi ceux d’Agen et même de Bayonne. Émeline est infirmière à Haut-Laurent, « un petit service de proximité avec une antenne du Smur ». « Comme nous l’avons écrit sur notre pancarte, on fait du secrétariat, du ménage, de la médiation, de la psychologie, de la pédiatrie et on essaie de soigner. Nous voulons plus de personnel, au moins un-e infirmier-e à temps plein, mais surtout la reconnaissance de tout ce que nous faisons. Nous avons eu le tort d’accepter d’en faire toujours plus, aujourd ’ hui il y a des compteurs d’ heures supplémentaires à 500. En 4 mois, il y a eu 5 départs d’ infirmier·es. On veut aussi plus de lits en aval. Récemment, une dame est restée 4 jours aux urgences,

Grève des notes suivent la même pente, le gouvernement a décidé de rétablir le jour de carence, etc. « À titre d’exemple concret, le salaire d’embauche d’un ouvrier de l’ État était de 1 650 € en 2010 alors qu’il est passé en dessous des 1 600 € en 2019. Vous conviendrez que si on voulait se débarrasser ou faire fuir les agents de l’état, on ne s’y prendrait pas mieux… » Depuis plus de 5 mois, les personnels de l’AIA de Bordeaux revendiquent, en préalable à ce rendez-vous salarial, des indemnités de résidence et abattements de zone, ils veulent également : le dégel du point d’indice avec une revalorisation immédiate de 3 %, la revalorisation de toutes les grilles de salaires, des mesures salariales comptant pour la retraite, l’égalité salariale et la suppression du jour de carence.

Des enseignants se sont déclarés en grève mardi alors qu’ils devaient « entrer » les notes de leurs copies au bac philo et devaient décider de la suite en Assemblée générale. Du jamais vu qui montre le niveau d’exaspération. Alors que les enseignants chargés de corriger les épreuves de philo étaient censés rentrer les notes avant 15h mardi, sur le logiciel Educ’Nat, un « Collectif Aquitaine philosophie » a voté la grève. Les grévistes ne devaient donc pas communiquer leurs notes dans les temps impartis. À l’heure où nous rédigeons ces lignes, nous n’avons pas les résultats mais l’action est suffisamment inédite pour être relevée. Elle avait été décidée le vendredi précédant en assemblée générale girondine à laquelle

participaient une cinquantaine de 50 professeurs. Même pratiquée par quelques uns, cette grève des notes pouvait entraîner des perturbations. Ce n’est pas un hasard si ce sont des enseignants en philosophie qui se mobilisent. La réforme du bac va faire perdre des heures d’enseignement aux ex-littéraires. Quant aux nouveaux programmes, les profs de philo regrettent qu’il n’y ait pas eu de consultation sérieuse et se demandent si ce n’est pas la rivalité des matières induite par le jeu, complexe, des enseignements de spécialité qui motive ces changements de contenu et la rapidité de leur mise en application. Des AG étaient toujours programmées dans la semaine pour envisager la poursuite du mouvement. Les Nouvelles 4 juillet 2019 • 5


INTERNATIONAL DÉPARTEMENT

Quand l’UE et le Mercosur signent le pillage de la planète près de 250 000 tonnes de bœuf vers l’Europe, soit 75 % des importations totales de l’UE. Le nouvel accord, dont tous les aboutissants ne sont pas connus, pourrait dévaster les éleveurs européens. « 74 % des produits phytosanitaires au Brésil sont interdits en Europe »

L’accord conclu entre Bruxelles et les pays du cône sud-américain prévoit de faire sauter les taxes douanières, entraînant des désastres pour les filières agricoles et l’environnement. Il doit encore être ratifié par chaque parlement. Les multinationales et autres investisseurs rêvaient depuis longtemps d’une zone commerciale gigantesque, « libre et non faussée ». L’Union européenne et le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay) se proposent de la leur offrir sur un plateau en or avec une quasi-impunité fiscale, sociale et environnementale aux conséquences désastreuses dans ces domaines de part et d’autre de l’Atlantique. Après vingt ans de tractations et de marchandages pour savoir qui remportera le plus gros morceau de la bête, ces deux blocs de 777 millions d’habitants ont convenus, vendredi 28 juin, de la création d’un accord de libre-échange qui pèsera pour près d’un quart du PIB mondial. « Accord commercial fait ! Un moment historique. Au milieu des tensions commerciales internationales, nous sommes en train d’envoyer un signal fort que nous appuyons le commerce basé sur des normes », a jubilé dans un tweet le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qui entend quitter ses fonctions, en brandissant le texte tel un trophée de guerre. « Tournant historique en faveur de l’ouverture économique »

« Tournant historique (…) en faveur de l’ouverture économique », s’est félicité le Brésil du président d’extrême droite, Jair Bolsonaro, qui offre, avec cet accord, du pain bénit à ses soutiens de l’agrobusiness et aux multinationales qui exploitent les territoires amazoniens. Ces satisfactions ne parviennent pas à étouffer les salves de critiques qui ont accompagné cette nouvelle phase de libéralisation des échanges commerciaux. Car, l’accord UE-Mercosur, c’est une affaire de gros sous aux retombées sociales et économiques asymétriques en raison de la levée des taxes douanières et de l’ouverture de marchés, jusqu’alors réglementés. L’organisme sud-américain exigeait des impôts de l’ordre de 91 % sur les 6 • Les Nouvelles 4 juillet 2019

produits en provenance de l’Europe. En retour, cette dernière éliminera jusqu’à 92 % de ses taxes sur les importations en provenance du cône sud. Le deal conclu n’épargne aucun domaine, mais des secteurs clés sont particulièrement touchés. L’Europe pourrait à l’avenir exporter ses produits industriels, notamment de la filière automobile. Elle serait également avantagée en ce qui concerne l’importation de métaux rares pour les hautes technologies, faisant la part belle aux compagnies extractivistes, au détriment des normes environnementales. Elle sortirait également gagnante sur le terrain des marchés publics – infrastructures, télécommunications – des pays du Mercosur qui avaient jusqu’à présent mis leur veto à ces secteurs stratégiques pour leur propre économie. Les Latino-Américains, quant à eux, ont finalement remporté la palme des négociations en obtenant un feu vert – conditionné à des normes sanitaires et environnementales à la marge – leur permettant d’inonder les Vingt-Huit de produits agricoles et agro-industriels : bœuf, volaille, sucre, éthanol, jus d’orange, café instantané… Depuis l’an 2000, le chapitre agricole a été la pierre d’achoppement des négociateurs au point de faire capoter la trentaine de rounds de pourparlers qui ont eu lieu. Il pourrait d’ailleurs constituer le principal obstacle à la mise en œuvre de l’accord, qui, pour voir le jour, devra encore être ratifié par l’ensemble des parlements des États membres, puis par le Parlement européen, ainsi que par les assemblées nationales des pays latino-américains concernés. Et pour cause, ces derniers constituent à eux seuls une puissance agricole à même de dévaster l’agriculture européenne. Selon l’accord conclu – aux vastes zones d’ombre –, le Mercosur aurait gagné de pouvoir exporter 99 000 tonnes de viande bovine avec des taxes douanières réduites à 7,5 %. Lors de précédentes tractations, les Latino-Américains exigeaient que ses exportations soient libres d’impôts, contre les 70 000 tonnes avancées par l’UE. Le compromis final n’en est pas un, et il risque d’affaiblir à mort une filière de la viande déjà très fragilisée, la Fédération nationale bovine estimant que la baisse du nombre d’élevages bovins a doublé depuis 2017. Pour rappel : le Mercosur exporte déjà

La possible déferlante de produits agricoles et de l’agrobusiness a soulevé une vague de contestation en Europe. Cette « politique commerciale a deux poids et deux mesures » creuse le fossé « entre ce qui est demandé aux agriculteurs européens et ce qui est toléré des producteurs du Mercosur » quant aux normes sanitaires et environnementales, a protesté la Copa Cogeca, la puissante fédération qui regroupe les syndicats agricoles de l’UE. Même tonalité pour le principal syndicat allemand, le Deutscher Bauernverband, qui estime que « beaucoup d’exploitations agricoles familiales » seront en danger si l’accord est ratifié. En France, les réactions à charge n’ont pas manqué, des Jeunes Agriculteurs à la FNSA qui, par la voix de

Christiane Lambert, ont fustigé « un coup dur pour l’agriculture ». « 74 % des produits phytosanitaires utilisés au Brésil sont interdits en Europe », a-t-elle alerté. C’est là l’autre préoccupation majeure qui avait déjà été soulevée par 340 ONG européennes et sudaméricaines concernant l’impact environnemental. Salve de critiques des syndicats agricoles et des partis politiques

« On ne peut pas promouvoir une agriculture durable et faire du climat une priorité, et importer sa viande de l’autre bout de la planète en favorisant un modèle agricole intensif responsable de 80 % de la destruction de la forêt amazonienne », a vivement réagi l’eurodéputé PS Éric Andrieu. Pour Esther Benbassa, d’Europe Écologieles Verts, l’accord est « une catastrophe écologique », tandis que le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, a mis en garde contre « un projet qui va abîmer la planète, notre santé et l’agriculture française ». La France insoumise appelait à un rassemblement, mardi, devant le Parlement

européen, pour dénoncer un « accord opaque » conclu « au cours de la vacance parlementaire et sans transmission de la moindre information aux députés sortants ». Alors que l’eurodéputé LaREM Pascal Durand qualifie la signature du projet de « jour funeste », le président français Emmanuel Macron a évoqué un « bon » texte, tout en parlant de « vigilance » dans sa mise en œuvre. L’hôte de l’Élysée avait pourtant juré sur tous les tons qu’il n’y aurait pas de signature tant que Brasília ne confirmait pas son soutien à l’accord de Paris sur le climat, dont Jair Bolsonaro a menacé de se retirer. Avant de se coucher face aux pressions de ses partenaires européens. À l’issue du sommet du G20 à Osaka au Japon, le locataire du Planalto, climatosceptique par excellence et fossoyeur de l’Amazonie, a griffonné son accord de principe, les promesses n’engageant que ceux qui y croient. Cathy Dos Santos, L’Humanité du 01/07/2019

ITALIE

Solidarité pour la « capitaine Courage »

Carola Rackete, samedi dernier, lors de son arrivée dans le port de l’île de Lampedusa (Italie). Une vingtaine de policiers l’attendaient à sa descente du navire pour l’assigner à résidence.

Carola Rackete, aux commandes du Sea-Watch 3, a été interpellée en Sicile, après quinze jours d’errance forcée en mer, avec 42 migrants à bord de son bateau. « Dévoué, le marin accepte l’incertitude du lendemain, est prêt à affronter le danger et à agir par tous temps et en tous lieux, quelles que soient les circonstances. » Ces mots sont inscrits en première page du Livret des valeurs de la marine française. La capitaine Carola Rackete, aux commandes du navire humanitaire Sea-Watch 3, n’a fait qu’obéir à ces valeurs. Elle force le respect. À son arrivée, samedi (le 29 jullet), dans le port de Lampedusa (Italie), pour y débarquer 42 exilés sauvés des eaux 17 jours plus tôt, la jeune femme a dû faire face à l’attaque d’un navire de guerre, envoyé pour la stopper par le très xénophobe ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini. Mais au final, rien n’aura empêché cette scientifique, spécialisée dans la navigation en Arctique et en Antarctique, de mener jusqu’au bout sa mission de sauvetage. Une vingtaine de policiers l’attendaient à sa descente du navire pour l’assigner à résidence. De

nombreux militants de la solidarité étaient là aussi, venus l’applaudir pour avoir su tenir tête au nouveau « duce » (guide – NDLR) de l’extrême droite européenne et avoir fait revenir de force l’humanité en Europe. Des messages haineux, sexistes et xénophobes…

« Carola, merci d’avoir mis ton corps dans cette bataille de civilisation », a publié sur Twitter l’écrivain antimafia Roberto Saviano, parmi des centaines d’autres messages rendant hommage à la jeune capitaine allemande. « Vous avez obéi à la loi des hommes, les mêmes hommes qui, il y a plus de 70 ans, ont plongé dans le trou noir de l’histoire, ceux qui relèvent encore la tête aujourd’hui. » Ces derniers étaient, pour leur part, une poignée à vociférer sur le quai. « Les menottes ! », « J’espère que tu vas te faire violer par ces nègres », ont-ils aboyé, se plaçant à la même hauteur de langage et de pensée politique que leur mentor, Matteo Salvini, qualifiant, l’avant-veille, Carola Rackete d’« emmerdeuse » qui lui « casse les couilles ». La fachosphère française

également, sur le site de Riposte laïque notamment, diffuse depuis toute une série de messages haineux, sexistes et xénophobes, et qualifiant les naufragés secourus par le bateau humanitaire de « 42 futurs égorgeurs ». La justice italienne doit annoncer aujourd’hui, à l’issue d’un interrogatoire mené par le parquet d’Agrigente, en Sicile, si la capitaine de 31 ans sera effectivement poursuivie. Comme sa consœur Pia Klemp, en attente de son procès depuis 2017, elle est passible de quinze ans de prison. Elle pourrait également être accusée de « résistance à un bateau militaire ». Un délit passible de trois à dix ans de réclusion. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, demande, quant à lui, une « clarification rapide » des accusations. « Sauver des vies est une obligation humanitaire, a-t-il déclaré samedi. Le sauvetage en mer ne doit pas être criminalisé. » La France, elle, se contente d’annoncer qu’elle peut accueillir dix des exilés mis à l’abri par Carola Rackete. « Ni la Commission européenne ni aucun gouvernement européen n’ont trouvé la solution pour le débarquement des 40 survivants, déclare pour sa part l’ONG qui affrète le navire humanitaire. C’est finalement la capitaine Carola Rackete qui, étant à la fois forcée et aussi prête à prendre ses responsabilités, a enfin mis en sécurité ces personnes. » Une cagnotte pour l’aider à financer ses frais de justice atteignait bientôt, hier après-midi, les 400 000 euros tandis que dans plusieurs communes d’Europe se tenaient des rassemblements de soutien à la « capitaine Courage ». Émilien Urbach, L’Humanité du 01/07/2019


PCF RÉTENTION

BASSIN D’ARCACHON ET DU VAL DE L’EYRE

Le PCF dénonce la politique punitive du gouvernement

Fête des Communistes le 6 juillet

22 associations, parmi lesquelles la CIMADE, le GISTI et AMNESTY INTERNATIONAL, ont écrit ce 24 juin à Christophe Castaner pour lui demander de faire cesser la politique du tout enfermement qui conduit à la maltraitance des personnes étrangères placées en centre de rétention. Elles ont reçu le soutien du PCF qui déclare : « Le constat que ces associations dressent est alarmant : Taux d’occupation des centres en très forte hausse, automutilations, émeutes, suicides, pratiques illégales des préfectures, politiques punitives pouvant aller jusqu’à 3 mois derrière les barbelés. Le PCF dénonce la dernière loi Asile

et Immigration qui a permis de doubler, dès septembre 2018, la durée maximale de rétention, qui passe ainsi à 3 mois. Il est pourtant établi qu’une plus longue durée d’enfermement ne permet pas plus d’expulsions. Par contre cette politique, jamais encore appliquée par aucun autre gouvernement, a pour conséquence de maintenir des hommes, des femmes et même des enfants dans des conditions carcérales indignes. La France a d’ailleurs déjà été condamnée pour avoir placé des enfants dans des lieux les privant de liberté. Les associations rappellent que depuis

cette réforme, le taux d’occupation a explosé générant une promiscuité et des tensions insupportables, notamment pour les personnes les plus vulnérables, et les familles. Le PCF exige du gouvernement de faire cesser cette politique punitive. Il s’oppose à l’enfermement des enfants et des personnes les plus vulnérables au sein des centres de rétention. Le PCF demande au gouvernement une large concertation avec l’ensemble des associations de terrain spécialisées dans la défense des étrangers, afin de mettre en œuvre une vraie politique migratoire et humaine, respectueuse de tous. »

Face à l’épisode caniculaire, le gouvernement invente des « saisonniers soignants » Publique qui étend le recours aux contractuels, le Gouvernement n’a pas trouvé mieux que de précariser davantage le statut en faisant adopter un amendement visant à créer des contrats temporaires et saisonniers dans la fonction publique hospitalière. Dans une période de démographie médicale en berne, à qui fera-t-on croire que médecins, infirmières, paramédicaux… vont se porter volontaires pour exercer, en hiver, à la montagne, en été, à la mer ? Non seulement le gouvernement se moque de nous mais en plus il accélère la mise en place des logiques du secteur privé dans la Fonction publique hospitalière : après les contractuels, les « saisonniers » ! Or, le problème que dénoncent les personnels médicaux, administratifs, ou encore les ouvriers qui travaillent dans les établissements publics de

Stand de l’Apéro 2 euros la conso : Ricard, Whisky, vin cuit, soda, assiette d’acras. 12h30 : Repas fraternel Menu complet à 15 euros : • Huîtres du Bassin ou Pâté-crudités • Encornets Boïens ou rôti de Porc-frites • Fromage des Cabanes Tchanquées • Crêpes d’Annie cuites aux pieds de la Dune • Eau, Vin et café compris

TRANSFORMATION DE LA FONCTION PUBLIQUE

Déclaration du groupe Communistes, républicains, citoyens et écologistes (CRCE), le 26 juin 2019. Alors que le pays connait le premier épisode de canicule de l’année, la Ministre de la Santé a promis de débloquer 15 millions d’euros pour que les hôpitaux puissent faire face aux besoins de l’été. Cette enveloppe est largement insuffisante pour recruter le personnel supplémentaire nécessaire et ne résoudra pas le problème des bâtiments vétustes, non dotés de système de climatisation. Dans ce contexte de tension à l’hôpital, où 130 services d’urgences sont touchés par la grève des personnels qui dénoncent la détérioration des conditions de prise en charge des patients et des conditions de travail, le Gouvernement veut faciliter le recrutement de « saisonniers soignants ». Ainsi, lors de la discussion de l’article 9 du Projet de loi de transformation de la Fonction

Samedi 6 juillet, à partir de 10h30, au siège du PCF (61 bis, avenue de la Libération 33380 Biganos) : rendez-vous politique, festif, culturel, culinaire, artistique. En présence de : Mouvement de la Paix - ARAC - ADECR - APEIS - Secours Populaire - Jeunesse communiste - Palestine 33 - Exposition de peinture et de photos. 11h : débat « Ma Commune, j’y tiens ». Avec la participation de Sébastien Laborde, secrétaire départemental du PCF et Patrick Alvarez, président des élus communistes de la Gironde.

santé, c’est la dégradation de leurs conditions de travail du fait du manque d’effectifs, des suppressions de services et des fermetures de lits. Pour y remédier, il faut rendre plus attractives les carrières en milieu hospitalier, comme nous l’avons entendu lors de notre tour de France des hôpitaux. Cela passe, notamment, par une revalorisation des salaires, une amélioration des conditions de travail, le maintien du maillage d’hôpitaux de proximité en lien avec une médecine revitalisée ! Tout le contraire de la loi santé d’Agnès Buzyn qui accélère la casse de notre système de santé public et du projet de loi sur la fonction publique qui précarise toujours plus. C’est pourquoi, les sénatrices et sénateurs du groupe CRCE seront aux côtés des personnels en lutte et de leurs syndicats, le 2 juillet, devant le ministère des Finances.

SOUSCRIPTION DU PCF

Toute la journée : Animation musicale de Laetitia et Francis

BORDEAUX BACALAN

Fête des libertés le samedi 13 juillet La Fête des libertés se tiendra le samedi 13 juillet au parc de Bacalan (tram B, arrêt Brandenburg, derrière la salle Pierre-Tachou). Cette Fête sera l’un des premiers temps forts de débat en vue des élections municipales 2020 à Bordeaux. Elle sera également le support de l’expression de la solidarité du PCF avec Cuba et l’occasion de mobiliser sur les luttes en cours, dont celle contre la privatisation d’ADP. Le programme : 14h30 - concours de boules, ouvert à toutes et tous. Tournoi de belote. 16h - animation aéronautique pour les enfants, dessins, maquettes… avec Georges Gili. 17h30 - débat « Mieux vivre à Bordeaux, enjeu des municipales… », en présence de Claude Mellier, vice-présidente communiste à Bordeaux Métropole et Vincent Maurin, ex-élu municipal, animé par Olivier Escots, secrétaire de la cellule PCF de Bacalan. 19h - Apéro musical en chansons (de lutte bien sûr) et autour des œuvres d’Irène Chollet : sculptures et dessins. 20h - grillades de bœuf de Bazas ; merguez / frites. 21h - soirée de solidarité avec Cuba. Concert de la formation Son Neto (musique cubaine) Inscriptions, renseignements : sectionbordeauxpcf@gmail.com et/ou pcfbacalan@gmail.com

Appel à un effort militant exceptionnel Interview de Sébastien Laborde, secrétaire départemental et membre de l’exécutif national du PCF. Les Nouvelles. Le PCF n’a pas atteint les 3% aux européennes ouvrant droit au remboursement des frais de campagne, quelles sont les incidences pour la fédération ? Sébastien Laborde. Nous avons contribué à hauteur de 13 000 € pour la campagne des européennes et avons pris à notre charge un certain nombre de dépenses inhérentes à la campagne comme, par exemple, le meeting de la fête fédérale et des tirages. En plus de cette somme importante, nous devons contribuer à l’effort de solidarité nationale à hauteur de 7000 € avant le 14 juillet. Il faut rajouter à cela la situation difficile de L’Humanité qui oblige les fédérations à s’acquitter du coût de l’emplacement à la fête de l’Huma, pour notre fédération cela représente plus de 10 000 €. Cela a des conséquences pour la fédération, dont l’intégralité de la souscription est transmise au national et pour qui chaque euro gagné est

engagé dans le collectif. Les Nouvelles. Comment réunir une telle somme ? S.L. En plus de cette somme, la souscription nous permettait d’équilibrer le budget fédéral. Aujourd’hui il est fait appel aux sections du PCF pour contribuer à cet effort de solidarité. Il est également fait appel aux adhérents et plus largement à celles et ceux qui nous soutiennent et ont soutenu la campagne de Ian Brossat pour nous permettre de ne pas avoir de rupture de trésorerie durant l’été et pouvoir tout à la fois répondre à l’exigence de solidarité nationale, tenir un stand à la fête de L’Humanité tout en préservant l’outil collectif qu’est la fédération. Les Nouvelles. Où en sommesnous de cet effort militant ? S.L. Nous avons déjà réuni plus de 16 000 € concernant la souscription. Nous devons faire grandir cette somme en nous adressant très largement aux hommes et aux femmes qui ont soutenu la liste conduite par Ian Brossat, à celles et ceux qui tiennent à la pluralité de la presse et soutiennent

L’Humanité, enfin à celles et ceux qui jugent utile l’existence d’un PCF en capacité d’agir dans le champ politique girondin et national. Nous devrons aussi travailler à des initiatives financières cet automne, repas fédéral, marché de Noël sont organisés depuis 3 ans maintenant, il nous faut réfléchir collectivement à nous donner les moyens de nos ambitions en travaillant ce que nous appelons la « bataille financière ». Ni notre journal, ni notre parti ne peuvent compter sur de grands mécènes issus de la finance et de la sphère capitaliste. Notre originalité sur ce plan tient à notre capacité à vivre des cotisations, de la souscription et du reversement des indemnités de nos élus. Il nous faut renforcer notre lien à chaque adhérent, au travers de la cotisation notamment, et de nos sympathisants, notamment au travers de la souscription. C’est un effort que nous devons fournir collectivement, chaque animateur du parti, chaque responsable de cellule ou de section doit s’y engager.

SOUSCRIPTION EXCEPTIONNELLE

Élections Européennes Malgré une campagne dynamique et offensive la liste conduite par Ian Brossat n’a pas atteint les 3 %, seuil ouvrant droit au remboursement des frais de campagne. Le PCF prolonge donc la souscription lancée pour les européennes, pour laquelle près de 15 000 euros ont déjà été collectés en Gironde. Il faut réunir 7 000 euros supplémentaires pour compenser ces dépenses. Le PCF compte sur vous !

Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera efficacement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. Les versements sont à envoyer à la fédération de Gironde du PCF - 15 rue Furtado - 33800 Bordeaux, à l’ordre de l’ADF PCF 33

ILS ONT DONNÉ 3 160 euros : Mme PAYO Angèle, Castets-en-Dorthe ; Mme CLAVE Catherine, Cenon ; M. FRANCO Francis, Bassens ; M. BRISSET Jacques, Cadillac ; M. LAFON André, Fargues St Hilaire ; Section Rive Droite ; Section Porte du Médoc

Les Nouvelles 4 juillet 2019 • 7


CULTURE & SOLIDARITÉ

www.soireesdeteenluberon.fr migueletrichard@gmail.com

Le Secours populaire agit !

Depuis 70 ans, l’accès aux vacances est, pour le Secours populaire, au cœur de ses actions pour lutter contre l’exclusion. Un enfant sur trois est toujours privé de vacances, ses parents aussi. Pourtant, les vacances sont un droit et elles sont essentielles au bienêtre et à l’équilibre. Et même lorsqu’on vit dans un département touristique comme la Gironde, partir en vacances n’est pas une évidence. En 2018, plus de 1 000 personnes ont eu recours au Secours populaire de Gironde pour partir en vacances. 132 enfants sont ainsi partis en colonies de vacances via différents organismes qui ont pratiqué des tarifs préférentiels (1). 125 personnes dont 80 enfants ont participé à des sorties à la plage. Des journées au cours desquelles les familles ont pu respirer un peu et les enfants profiter des installations sportives de « Drop de béton ». 330 personnes, dont 145 enfants, se sont inscrites en séjour de famille (camping ou village-vacances) sur des périodes où les tarifs sont souvent prohibitifs pour nombre de familles. Et 550 personnes, dont 300

enfants ont participé à la Journée des oubliés des vacances (JOV) au zoo de la Palmyre, le 23 août 2018. L’accès aux vacances, tout un travail d’accompagnement

Au comité du Libournais où l’on se remet tout juste de difficultés de fonctionnement, on s’est très vite attelé à cette tâche-là, car pour les bénévoles, la campagne vacances ça commence en avril, voir même en février. « Il faut collecter les fonds, démarcher les partenaires, les séjours… Explique Noël Marchalant, secrétaire général du comité. Cela se fait surtout au niveau de la fédération. Nous proposons aux familles des départs dans des centres de vacances affiliés à la CAF. Mais partir n’est pas une demande spontanée, nous le proposons aux familles que nous soutenons sur le plan alimentaire, elles ont trop intégré que partir n’était pas pour elles. Alors il faut informer, sensibiliser. Ensuite, elles peuvent choisir parmi un panel de séjours assez large : mer, montagne, campagne. Ensuite il faut monter un dossier, selon le coefficient familial, l’aide de la CAF est plus ou moins importante. Nous complétons avec les chèques vacances que l’ANCV met à disposition du Secours populaire, chargé de les répartir, avec les dons que nous collectons pour les transports, l’alimentation, par exemple, et la participation de la famille en fonction de

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr Les nouvelles de bordeaux @nvlbx nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932

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BORDS DE SCÈNES par Michel Richard

UN ENFANT SUR TROIS EST TOUJOURS PRIVÉ DE VACANCES

Au Secours populaire, la campagne vacances bat son plein. En Gironde, 1200 bénévoles de 33 structures ont décidé de redoubler d’efforts pour permettre aux personnes, en enfants, aux familles de goûter au plaisir des vacances.

CHRONIQUE

ses possibilités ». Des mois de travail administratif, d’accompagnement, d’éducation populaire… « Mais c’est tellement formidable lorsqu’on arrive à faire partir une famille pour la première fois ! Vous pouvez être sûr qu’après, elle en redemandera ! » S’enthousiasme le bénévole. Cette année, le comité a accompagner 7 familles pour des séjours vacances en été, il entend bien faire encore mieux l’année prochaine. « Il y a aussi les colonies de vacances pour les enfants de 6 à 17 ans, sur demande des parents ou des services sociaux. Ce sont souvent des séjours d’une semaine à thème comme le sport ou des chantiers de rénovation d’un château, etc. » Pour la fédération, 150 enfants sont concernés, y compris des jeunes jusqu’à 25 ans. « Fin septembre, on propose une semaine de séjour tout inclus aux séniors, grâce aux chèques vacances, et avec leur participation qu’ils peuvent échelonner. Ils sont en groupe mais en chambres individuelles dans un centre de vacances et font des visites, des balades… » Pas de frontières à la solidarité

« Et d’ici là, il y aura la grande Journée des oubliés des vacances où 500 personnes sont attendues. Nous avons déjà une trentaine d’inscrits, parents et enfants jusque 17 ans qui pourront passer une journée, le 20 août, à Walibi ou Aqualand avec transport, entrée, pique-nique et goûter compris. » « Si l’on peut faire tout cela, c’est grâce aux dons, notamment ceux affectés à la campagne “vacances” qui ne sont jamais suffisants, car plus on en a, plus on peut aider des familles, des enfants, des jeunes, des séniors à partir. » Tout l’été, le SPF avec ses structures locales, propose aussi des journées de loisirs avec ses partenaires et il organise des villages d’enfants « copain du Monde », où des enfants de différentes nationalités se rencontrent et se mobilisent pour développer des actions de solidarité, là où ils vivent et/ ou vers d’autres pays. Depuis plusieurs années, la fédération de Gironde du Secours populaire a construit des projets avec le village de Tiriguioute, au Maroc : acheminement d’un autocar dans ce village où les enfants nomades parcourraient jusqu’à 10km pour se rendre à l’école. Avec l’association locale IFLAN, les copains du Monde girondins poursuivent cet échange. Ils seront 7 français·es à se rendre à Tiriguioute, du 11 au 23 juillet prochain. Ce sera l’occasion d’inaugurer la deuxième classe de maternelle de l’école, en partie financée avec le soutien des fédérations de Gironde et du Lot-etGaronne du Secours populaire. Secours populaire français, Fédération de la Gironde, 95 quai de Paludate, 33800 BORDEAUX contact@spf33.org Téléphone : 05 56 92 79 92 Secours populaire français, Comité du libournais, 1 av du port du Roy, BP 13, 33501 LIBOURNE CEDEX Téléphone : 05 57 31 38 44 (1) Arc en Ciel, VALT 33, Nature pour tous, Amicale laïque de Nérac, Bi-Izarrak, ADVE.

« A (orgueilleusement) : Souvent, jouant aux dés, tout à coup, je me dis : « Avec ce dé, je ferais une ville » et je ne termine pas la partie, tant que je n’ai pas construit une ville. » * « Tu veux que je te dise » qu’il me dit. Je ne peux pas m’empêcher de me dire, en mon fort intérieur, que je ne lui ai rien demandé. Mais je n’ai pas le temps de penser plus loin qu’il enchaine in petto : « Je vais te dire ». Je me dis que ce n’est pas fini. Le voilà qu’il se redresse après avoir bien pris sa respiration et me dit tout fier de lui : « Tu veux que je te dise. Tous des cons ! ». Ne me demande pas ce que je peux répondre à ça, parce qu’on sait comment ça commence par contre on ne sait pas comment cela peut se terminer. « Je dis bien, tous des cons ! » Un silence se glisse Je ne vois pas d’issue pour m’échapper de cette conversation qui ne va être qu’un solo. J’entends d’avance les dires qui vont suivre, tant questionnants qu’interrogatifs. « Ce n’est pas pour dire mais ces élections c’est bidon ! » Evidemment, il me regarde et clairement attend que je réagisse à ses dires. Je ne vais quand même pas lui demander « Mais tu dis quoi là ?! » Je toussote un peu pour m’éclaircir la voix et je m’entends dire « Comment te dire… » Je n’ai pas le temps de continuer que je le vois, comment dire, heureux de ce qu’il interprète. Je sens une bonne franche claque de camaraderie, elle lui permet de clamer : « Je ne te le fais pas dire ! » Nous voilà estomaqués ! Tous les deux ! Nous en sommes donc là ! « On dit quoi, là ?! » me souffle-t-il, les yeux au bord d’être mouillés. Je ne vais quand même pas m’évanouir, que je me dis sauf que, je suis bien obligé de me l’avouer, je ne sais comment et quoi répondre. Certainement pour m’en sortir… parce que j’étouffe dans cette histoire avec ce bougre qui m’est sincèrement sympathique mais qui me plante comme une belle-mère abandonnée sur le bord de l’autoroute sauf qu’à la différence de la belle-mère je ne suis pas seul et tu me diras ce que tu voudras ce n’est pas rien d’être en compagnie d’un mec qui, à dire vrai, me renvoie à moi-même… Dun trait ! Je me lance : « Si tu dis tous des cons c’est donc que tu en fais partie. Parce qu’à te croire au-dessus, s’ils sont tous des cons… il te faut savoir que ce sur quoi tu t’assoies confortablement va s’écrouler ! C’est bien connu, les cons ça ne tient pas la route. Dis, plutôt : Nous sommes tous éparpillés. Nous cherchons des ponts pour, au moins nous parler, nous entendre et comprendre ce que nous cherchons. Nous redécouvrir dans nos besoins de justice, d’idéaux. Nous oser être tels des enfants qui jouent et savent changer les règles lorsque ça tourne mal. Non je n’idéalise pas ! L’enfant, il y croit à son jeu. Non, non il ne s’y laisse pas prendre : Il joue ! Je vais te dire, la question pour répondre à des affirmations balancées à l’emporte-pièce telle que « Tous des cons ! » est, pour moi, la suivante : « Nous sommes des polysémies ! » Tous nous avons plusieurs significations, plusieurs sens. Alors, écoute-moi : Au boulot, camarade ! » Son regard en dit long, je panique, mettez-vous à ma place… Très calme, il enchaine : « Pourquoi ne l’as-tu pas dit plutôt ? » *Henri Michaux. Le drame des constructeurs


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