Nouvelles N° 2313

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Jeudi 27 juin 2019 - N° 2313 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro


ACTUALITÉ TARIFS DE TBM

SAISON CULTURELLE ESTIVALE

Il faut lever les freins à un enjeu écologique incontournable

Bordeaux : amnésie douteuse

Bordeaux Métropole a acté, une nouvelle fois la hausse de 3 % des tarifs des transports en commun bordelais. Une nouvelle fois, les élus communistes on voté contre. Ci-dessous l’intervention de Léna Beaulieu pour le groupe. « Chaque année nous nous sommes imposés une augmentation de tarifs des transports de 3 % en moyenne. Vu les débats en commission, de tous bords politique confondus, chacun convient que contractualiser une telle augmentation chaque année nous lie les mains, et chacun convient qu’au bout de 5 ans de Délégation de service public (DSP) l’augmentation est conséquente pour les ménages dont les salaires n’ont pas suivi une telle progression. Aussi nous nous interrogeons sur la pertinence d’intégrer les tarifs dans le périmètre de la DSP. Nous ne pouvons aussi nous empêcher de nous projeter sur l’avenir proche puisque nous avons entamé la réflexion sur les enjeux concernant nos transports, en vue de choisir le futur mode de gestion de notre réseau, d’ici la fin de cette année. Nous estimons que les transports collectifs sont avant tout un enjeu écologique incontournable et que le tarif ne doit en aucun cas être un frein. Il nous faut réfléchir dans un premier temps à une tarification unique sur tous les modes de transports (RER, bus, tram…) et il nous faut nous engager vers la gratuité comme le font nombre de villes et agglomérations sans compter celles qui y réfléchissent. Bien entendu, parler de gratuité avec une offre de transport à la hauteur des besoins est ce à quoi nous devons nous atteler sans tarder, en étant ambitieux quant aux choix des futurs modes de transports, en privilégiant les réseaux circulaires (comme un transport en site propre sur les boulevards) qui font cruellement défaut sur notre Métropole. Enfin, plus proche de notre quotidien, nous souhaitions relayer ici la saturation de la navette remplaçant le tram C entre Gare st Jean et Quinconces. Les usagers se rabattent sur la ligne 1, au départ de la gare, qui devient elle aussi inaccessible après 3 arrêts en partant de la gare. Nous craignons que la mise en sécurité du parking des Salinières et la réouverture du trafic tram soient un peu plus longues que ce qui a pu être annoncé dans la presse et nous souhaiterions qu’un renfort soit étudié pour faire face aussi à l’arrivée des touristes qui apprécient particulièrement cet axe pour se rendre place de la Bourse et sur les quais. Nous voterons une nouvelle fois contre cette augmentation annuelle de 3 %. »

MEETING AÉRIEN DE CAZAUX

Un stand de l’Association pour la Mémoire des Martyrs de l’Aéronautique Les 29 et 30 juin, Cazaux accueillera le public pour un meeting Aérien. L’Association pour la Mémoire des Martyrs de l’Aéronautique vous y attend à son stand, emplacement HM9, dans l’espace mémoriel. Le meeting aura lieu les samedi et dimanche de 9h à 18h sur la base aérienne de Cazaux. L’entrée au meeting est payante, sauf pour les enfants de moins de 10 ans. Les fonds sont reversés à une fondation qui porte assistance au personnel de l’armée de l’air, de l’aviation civile, de Météo France et à leur famille en cas d’« accident de la vie ». Entrée une journée : 20 € (adultes) et 10 € (10 à 18 ans). Contact : Association pour la Mémoire des Martyrs de l’Aéronautique Maison des Associations 55 Avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny 33700 Mérignac, courriel : martyrsaeronautique33@orange.fr

SANTÉ

Les Urgences toujours en colère Les « efforts » lâchés par la ministre de la santé, 70 millions d’euros, n’ont pas calmé les esprits. Cette rallonge devrait permettre de revaloriser la prime de risque à 100 euros nets mensuels, la généraliser dès juillet à tous les professionnels des services d’urgence, hors médecins, et permettre « aux services d’urgences en tension » de « renforcer leurs effectifs paramédicaux durant la période estivale et de maintenir ainsi un maximum de lits ouverts ». Mais les personnels sont au bout du rouleau, ils ne lâchent pas les revendications d’une prime de 300 euros, d’un plan pour 10000 emplois supplémentaire et zéro « hospitalisation brancard ». La canicule cette semaine ne va probablement pas arranger la situation. Une nouvelle manifestation nationale est prévue le 2 juillet, elle doit être précédée d’actions locales comme en Gironde où les personnels des urgences de Libourne, Saint-André et Pellegrin sont toujours mobilisés. « Ça craque de partout et, malheureusement, épuisement et burn out… ce n’est pas prêt de s’arrêter La période estivale ne fait que débuter ! » déclarait en début de semaine le collectif national Inter-urgences qui dénombrait 141 SAU en grève. 2 • Les Nouvelles 27 juin 2019

La ville de Bordeaux a décidé de « hisser les couleurs de la Liberté » pour sa saison culturelle de l’été. Pourquoi pas ? Mais lorsqu’elle associe cette liberté à l’océan… Le propos fait, bien opportunément, réagir Jean-Michel Lucas qui nous a confié le texte que nous publions ci-dessous. Connu également sous le nom de Doc Kasimir Bisou, ce militant de l’action culturelle fut conseiller technique au cabinet du ministre de la Culture Jack Lang de 1990 à 1992, puis directeur régional des Affaires culturelles d’Aquitaine, il a participé à plusieurs projets sur le devenir des politiques culturelles et sur les légitimités dans lesquelles elles s’inscrivent. Bordeaux a fait de la « Liberté » l’affiche publicitaire de sa saison culturelle, pour attirer encore plus de touristes aux spectacles programmés. Le slogan pourrait être beau : héritière de Montaigne, on nous dit que la ville a engagé depuis longtemps sa liberté contre « les obscurantismes et en faveur du progrès » avec ce slogan glorieux où « le rapport à la liberté s’est établi en réaction à l’oppression en érigeant très tôt des murailles face aux envahisseurs dits barbares ». Belle histoire de liberté à laquelle la saison culturelle ajoute la liberté de surfer sur « l’eau libératrice », comme « dépassement de soi », avant de nous inciter à gagner notre liberté en défiant l’océan comme Christophe Colomb ! Je ne mens pas, c’est écrit, ainsi, dans le fort présomptueux dépliant publicitaire : « De l’océan que défièrent Magellan ou Christophe Colomb, de l’eau symbole de la création, à l’estuaire ou aux rivières que remonte

la vague frondeuse du mascaret, l’eau libératrice, à la fois fluide et puissante, est l’élément-matériau qui structure la saison culturelle 2019. »* Là, on s’étrangle : quelle amnésie insensée ! Comment, à Bordeaux, les organisateurs de la saison culturelle ont-ils pu oublier que cette liberté de traverser l’océan a signé la fin de toute liberté, pour tant d’êtres humains ? Pas un mot ! Alors que Montaigne, lui-même, savait dénoncer les insupportables atteintes à la liberté infligées par les conquistadors défiant les océans : « Quand je regarde cette ardeur indomptable de quoi tant de milliers d’ hommes et de femmes et enfants se présentent et rejettent à tant de fois aux dangers inévitables, pour la défense de leurs dieux et de leur liberté ; cette généreuse obstination de souffrir toutes extrémités et difficultés, et la mort, plus volontiers que de se soumettre à la domination de ceux de qui ils ont été honteusement abusés, et certains choisissant plutôt de se laisser défaillir par faim et par jeûne, étant pris , que d’accepter le vivre des mains de leurs ennemis, si vilement victorieuses, je prévois que, à qui les eût attaqués pair à pair, et d’armes , et d’expérience, et de nombre, il y eût fait aussi dangereux, et plus, qu’en autre guerre que nous voyons. » (« Les coches » dans les Essais). Et voilà que la « liberté » de la saison culturelle bordelaise enterre cette mémoire des libertés bafouées, dans l’accumulation de spectacles à plaisir ! Amnésie insupportable, surtout que Bordeaux nous dit sur son site dédié à la mémoire de l’esclavage : « Le commerce en droiture et la Traite ne vont faire que renforcer l’hégémonie de Bordeaux et de son port, le plus important

du royaume à l’époque. » La liberté de défier l’océan ne fut pas liberté pour tout le monde ; la statue de Modeste Testas, esclave affranchie d’Haïti , récemment inaugurée à Bordeaux, est là pour nous le rappeler, mais les responsables de la saison culturelle n’en ont cure. J’ai écrit au nouveau maire pour l’alerter sur cette amnésie coupable, mais je n’ai eu aucune réponse, pas même de l’élu à la Culture. Comme si la liberté de courir les océans pour découvrir le « Nouveau Monde » n’avait aucun rapport avec la perte des libertés infligées à cet « autre monde ». J’ai proposé de compenser l’amnésie par un acte qui reprendrait l’esprit de Montaigne lorsqu’il lançait son appel pour « dresser entre eux et nous une fraternelle société et intelligence » . Mais je n’ai eu que silence méprisant à ma proposition. L’ancien maire de Bordeaux ne fait plus recette pour le marketing territorial ! Pourtant, il suffisait que le grand banquet de 800 couverts, à 37 euros, qui ouvre le 22 Juin la saison culturelle, réserve 10 euros par convive pour un projet de coopération avec Haïti pour que l’erreur de communication ne soit plus une faute morale et politique. Le projet d’agro-biologie dans un village d’Haïti, auquel je pensais, est opérationnel immédiatement et, s’il est ignoré, je crains que le grand banquet festif n’ait un goût bien amer, d’enterrement de Montaigne comme de la Liberté. Autant dire que la fête serait finie avant même de commencer. Jean-Michel Lucas * libertebordeaux2019.fr/presentation

DÉPARTEMENT

Ça craque chez les assistant·es sociaux Les assistants sociaux du Département de la Gironde étaient en grève le lundi 24 juin avec un rassemblement devant l’Immeuble Solidarité de la Direction générale des Affaires sociales (DGAS) en début d’après-midi pour dénoncer le manque de postes et la mise en place d’un redéploiement, alors que les élus départementaux votaient le budget secondaire. À l’appel d’une intersyndicale CGT, CFDT, SUD, FSU, FA, ont eu lieu, outre le rassemblement à Bordeaux, des mobilisations dans les Maisons Départementales de la Solidarité et de l’Insertion (MDSI) de Teich/ Lanton, La Réole, Eysines… Après plusieurs mois de dialogue social la situation semble bloquée. Le Département propose un redéploiement de 12 postes, rejeté par l’ensemble des organisations représentatives, et la création de 12 postes quand les organisations en demandent 24.

Il y a 36 MDSI en Gironde, avec 370 assitant-e-s sociaux qui accompagnent les Girondin-e-s dans leurs besoins d’aide financière, de protection, de logement, et d’emploi. Cela représente un budget de 1 milliard 700 millions euros pour le Département qui affiche et revendique une politique volontariste dans ce domaine. Pourtant, il aura fallu, en mai et juin 2018, une mobilisation importante pour que 5 postes d’assistants sociaux soit créés, dans toute la Gironde. Un département qui accueille 20 000 habitants supplémentaires, chaque année, « et pas que de riches Parisiens », ironise Manuel Haneuse du syndicat autonome de la Fonction publique territoriale (FA-FPT). « Ils ont déterminé ce qu’ils appellent des indicateurs de charge de travail à partir desquels il décide qu’une MDSI est en excédant ou déficitaire en effectif. Ce sont, en fait, des indicateurs de performance qui ne servent qu’à justifier l’austérité.

Ils considèrent certaines tâches mais pas toutes. C’est une approche gestionnaire et comptable du travail social et comme le dit l’intersyndicale : c’est déshabiller Paul pour habiller Jacques quand Paul est déjà en tenue d’Adam. Derrière la vitrine de la solidarité, ça craque de partout. Ce que les élus de la majorité veulent mettre en place, c’est une machine à risques psychosociaux. Depuis plusieurs mois, l’ensemble des organisations syndicales exprime son opposition mais ils ne veulent rien entendre. » « Nous sommes confrontés à des problématiques de plus en plus lourdes, complète Corinne Normand, secrétaire générale CGT du Département, concernant la protection de l’enfance ou la précarité, avec de moins en moins de moyens pour y répondre, cela entraîne parfois des situations de violence. On nous propose de retirer des postes à Bordeaux où ça fonctionne normalement pour les attribuer à des circonscriptions sous dotées. Certes, il y a du bon travail


ACTUALITÉ de fait sur certaines circonscriptions de Bordeaux mais il y a aussi des quartiers qui grossissent, comme Saint-Jean et Bastide, avec aucun moyen supplémentaire. Quand le Département parle de 57 postes créés, 12 à venir, il oublie de préciser que ce ne sont pas tous des postes d’assistant-e-s sociaux. À la CGT, nous estimons qu’il faudrait au moins 38 postes supplémentaires. Pour faire un travail de qualité, un·e assistant-e peut gérer 25 situations au maximum. Aujourd’hui, on en est entre 50 à 70 pour la polyvalence et 100 à 150 pour les dossiers d’insertion ».

À l’issue du mouvement, lundi, les organisations affirment n’avoir pu négocier sur rien alors qu’elles rencontraient le Vice-Président en charge des Ressources Humaines, le Directeur Général adjoint à la Solidarité et la Directrice Adjointe aux Ressources Humaines. Une motion de soutien du PCF

Les communistes du Bassin d’Arcachon et du Val de l’Eyre apportent « leur total soutien aux personnels de la MDSI du Teich en grève pour exiger des effectifs suffisants leur per-

Editorial mettant de recevoir dignement les usagers. D’autant que ces derniers sont touchés par toutes les politiques d’austérité qui seront aggravées par les réformes annoncées : retraites, baisse des indemnisations du chômage, les augmentations des tarifs EDF, fermetures des entreprises, réforme de la fonction publique, etc… » « Les communistes sont du côté des salariés et fonctionnaires confrontés à la défense de leurs services pour les usagers », rappellent-ils. Christelle Danglot

FÊTE DE LA RURALITÉ À LASSUS

Débattre de la culture au cœur de la forêt landaise

Samedi 22 juin, se déroulait la traditionnelle fête de la ruralité organisée – fin août habituellement – par les communistes de Haute Lande dans la propriété de Raymond Lagardère à Lassus. Le matin le débat sur la Culture, dans le cadre des Rencontres rurales, a rencontré un succès, peut-être inattendu. « Pourquoi la question de la culture ne serait-elle pas abordée en milieu rural ? » Interroge d’emblée Bernard Sengayrac, secrétaire de la section du PCF. À peine un mois après les européennes et à peine un an avant les municipales, la culture n’est sans doute pas le premier sujet qui vient à l’esprit des militants, qui plus est en milieu rural. « Tout d’abord parce qu’ il existe une magistrale fracture des budgets culturels entre la région parisienne et les autres régions et, au cœur de celles-ci, entre les métropoles ou grandes villes et les territoires ruraux ou périurbains, explique Bernard. Il n’empêche qu’une cinquantaine de personnes ont participé au débat. Et la présence de personnalités des milieux culturels comme Patrick Lavaud, directeur artistique du festival des Nuits atypiques* ou Tederic Cahuzac, président de l’Ostau occitan – Institut d’études occitanes de Gironde, montre s’il en était besoin à quel point cela n’avait rien d’incongru d’aborder ce sujet chez Raymond Lagardère, figure militante mais aussi culturelle quant à la forêt landaise, la pratique de la gemme, notamment. Sans difficulté, l’enjeu politique, de classe que représente la culture s’est rapidement dégagé de l’échange en évoquant les fractures territoriales,

les inégalités, la casse des services publics, la domination idéologique… « Ce que nous qualifions, nous, communistes, d’activité émancipatrice est soumise de plus en plus aux lois du marché, avait introduit le secrétaire de section. Le ministère de la culture qui va fêter ses 60 ans, ne parle plus que de biens culturels, de consommation de divertissements ou encore de patrimoine. Il développe une vision marchande de la culture et passéiste, celle d’un âge d’or de périodes glorieuses, une vision figée et qui épuise une grosse partie du budget ». Dans la foulée, Jean-Jacques Barey, responsable de la commission culture du Parti communiste rappelle la longue tradition culturelle et d’activités vivantes du PCF : de l’adhésion des surréalistes à l’influence de Jack Ralite, alors ministre de la santé puis des affaires sociales, de la solidarité et de l’emploi, sur la politique culturelle de Jack Lang, ministre de la culture de 1981 à 1986 (doublement du budget, décentralisation théâtrale et de la danse, etc.) ; en passant par le Front populaire (avec la création du Festival de Cannes) ; la création d’un secrétariat des arts et lettres à la libération ; jusqu’à plus récemment la tenue d’États généraux de la culture… La légitimité du PCF pour parler culture n’est plus à démontrer, d’ailleurs Vincent Taconet, rédacteur en chef de la revue du PCF, L’Ormée, note que « puisqu’on a tendance à parler de la culture en terme de chiffres, je trouve que se trouver à une cinquantaine ici pour parler culture est extraordinaire ». S’il évoque une culture de la classe dominante comme Marx décrivait une idéologie de la classe dominante, il rappelle que, pour les communistes, il ne s’agit pas de mépriser la culture en place mais de faire savoir

À gauche, tout est à (re)construire !

et de montrer « l’immense richesse qu’on trouve partout », qui est « le fruit des luttes, des échanges, des pratiques, de l’expérience et de l’inventivité des groupes sociaux ». « Moi qui suis un intellectuel, un homme de la ville, un passionné de culture, je n’aurais rien su par exemple de la lutte des gemmeurs et de l’incroyable parcours d’un Raymond Lagardère, si je n’avais été un militant syndical et un militant politique ». Toujours est-il qu’une « épaisse porte de verre » éloigne encore « des millions de gens » de la culture, « malgré des efforts souvent sincères, par l’ information, l’ éducation, la diffusion, la gratuité… » Amener la culture aux gens, amener les gens à la culture ? Culture élitiste et culture populaire ? Ne pas opposer et mettre la culture au pluriel… Toujours est-il qu’il faut poser la question des contenus, celle de services publics, notamment pour l’audiovisuel, la radio, celle des la représentation des territoires, des groupes sociaux, de leur parole, de leur culture. Élever le débat, dira Julien, car la question qui nous est posée par la politique menée dans notre pays est anthropologique. « Voulons-nous faire société ensemble ? Ou renvoyer chacun à la responsabilité de sa propre émancipation ? » Dans cette assemblée réunie, pas de doute : la responsabilité est collective et la politique culturelle doit participer – notamment par l’éducation populaire qui permet l’accès à la pratique artistique – à l’émancipation humaine et à la compréhension du monde. C.D. * Patrick Lavaud est aussi passionné par la langue occitane qu’il promeut inlassablement depuis de très nombreuses années à travers la réalisation de documentaires.

Au lendemain des élections européennes, la situation de la gauche est préoccupante : les partis de gauche dépassent péniblement les 32 % des suffrages exprimés. Plutôt que de chercher à qui revient la faute, il y a urgence à (re)construire une alternative de gauche à la politique libérale du gouvernement actuel. Sans une réelle opposition, le Président Macron et sa majorité vont avoir un boulevard pour continuer, et même amplifier, leur politique de destruction du système français. Les projets de Loi Santé, École ont pour but de démanteler nos systèmes de santé et d’éducation. Le projet de privatisation des Aéroports de Paris, validé dans le cadre de la Loi PACTE, annonce toute une série d’autres privatisations. Les projets de réforme de la Fonction publique et du système de retraite s’annoncent particulièrement destructeurs pour les travailleurs. Au vu de ces attaques, il n’y a pas d’autre choix pour la gauche que d’engager un travail commun. Comme l’a indiqué Fabien Roussel, cette gauche ne pourra se reconstruire que dans l’action. Ainsi, elle doit mettre ses forces en commun pour faire aboutir le projet de Referendum d’Initiative Partagée concernant la privatisation d’ADP en construisant une grande campagne populaire. Mais aussi être en appui de la lutte des personnels soignants dans un grand nombre de services hospitaliers dans les hôpitaux publics de toute la France. Ce n’est pas en agissant chacune de leur côté que les forces de gauche arriveront à incarner une alternative crédible à la politique du gouvernement et à créer un rapport de forces permettant de gagner des luttes. La Direction nationale du Parti communiste français, lors de son Conseil National des 15 et 16 juin derniers, a voté une résolution appelant à construire une union populaire qui porte un nouvel espoir pour la France, non seulement avec l’ensemble des forces de gauche et écologistes, les organisations syndicales, associatives, mais aussi toutes les femmes et hommes soucieuses-x d’ouvrir un débouché à la hauteur de leurs aspirations. À moins d’un an des élections municipales, dont Macron veut faire un référendum qui, en cas de victoire de son parti, lui donnerait la légitimité pour continuer sa politique durant un second mandat, les forces de gauche doivent travailler ensemble pour construire des majorités portant un programme résolument de gauche et anti-libéral. Le PCF mettra très bientôt en débat ses dix propositions pour la France et invite toutes les forces de gauche à faire de même pour faire émerger un projet partagé. Face à l’urgence de la situation, afin de ne pas laisser l’extrême-droite et la droite-extrême être la seule opposition au gouvernement et à la majorité, les forces progressistes doivent prendre leurs responsabilités pour recréer l’espoir à gauche.

MC Gonzalez membre de l’exécutif départemental

Les Nouvelles 27 juin 2019 • 3


13-14-15 SEPTEMBRE 2019 - FÊTE BONS DE SOUTIEN

Mobilisation générale pour une Fête décisive Référendum sur ADP, urgence climatique, solidarité internationale, avenir du journal… le menu du premier rendez-vous de mobilisation pour la Fête de l’Humanité 2019 était copieux. La mobilisation pour la Fête de l’Humanité des 13, 14 et 15 septembre à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) est lancée. La réussite de ce rendezvous festif et politique n’attend pas le début de l’été. Après des élections qui ont laissé la gauche exsangue avec un Emmanuel Macron décidé à accélérer encore ses réformes de casse sociale et une extrême droite aux aguets, la Fête sera le lieu de rencontres, d’échanges et d’actions de tous ceux qui sont en quête d’un autre chemin. Pour ne rien manquer, les bons de soutien au journal (28 euros) donnant droit d’y entrer sont dès à présent disponibles. S’en procurer sans attendre et le proposer à ses proches, amis, collègues, c’est contribuer à la préparation de ce qui sera à nouveau « un grand espace de débats et un grand espace culturel », comme l’a promis le directeur de l’Humanité, Patrick Le Hyaric, lors d’un premier rendez-vous national samedi, place du Colonel-Fabien, à Paris, aux côtés du secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, et du sénateur communiste Fabien Gay. Quelques-uns des ingrédients musicaux sont déjà annoncés : Aya Nakamura, Marc Lavoine, Eddy de Pretto, Kassav’, les Négresses Vertes, Soprano, Miossec, Youssou Ndour… La rencontre de samedi, comme le rendez-vous de septembre, sont aussi placés sous le signe des combats à mener. En particulier pour réunir les signatures nécessaires à la tenue du référendum d’initiative partagée sur la privatisation d’Aéroports de Paris (ADP). « La question que nous posons est une question démocratique sur la propriété d’un bien commun qu’on veut transférer au privé », a résumé Patrick

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Le Hyaric. « La route va être longue pour obtenir les 4,7 millions de signatures nécessaires, mais nous pouvons gagner cette bataille », a renchéri Éliane Assassi, présidente du groupe CRCE au Sénat : « À l’heure où le gouvernement s’attaque à la fonction publique, où notre système de santé est particulièrement malade, où la loi Blanquer fragilise l’ éducation, où beaucoup s’interrogent sur la privatisation des autoroutes et se mobilisent contre celle des barrages hydroélectriques, la bataille sur ADP peut être emblématique pour la protection de tous les services publics. » Pour alimenter la machine, la Fête de l’Humanité est tout indiquée : « Nous pourrons mettre à disposition de tous les participants des lieux et des outils dédiés à l’enregistrement de leurs coordonnées sur le site du ministère de l’Intérieur. Cela suppose d’abord de proposer le bon de soutien ! » insiste l’élue de SeineSaint-Denis. À celles et ceux qui refusent un monde brun ou ultralibéral

L’urgence écologique sera aussi l’une des grandes invitées de cette nouvelle édition. « À celles et ceux qui défilent pour le climat, nous allons proposer d’organiser la manifestation du vendredi au sein même de la Fête de l’Humanité », a annoncé Patrick Le Hyaric, articulant ce combat à la solidarité internationale traditionnellement mise à l’honneur à La Courneuve. Et de prendre l’exemple de la lutte pour la libération de Lula, l’ancien président du Brésil : « C’est de moins en moins hors de portée, a-t-il plaidé. Car derrière, il y a non seulement la question de la justice corrompue ou de l’emprise des États-Unis, mais cela rejoint le combat pour le climat. Car, depuis que Bolsonaro est au pouvoir, les milieux d’affaires s’acharnent sur la forêt amazonienne. » De multiples initiatives de solidarité sont aussi au programme avec les peuples algérien, soudanais, kurde, palestinien…

La solidarité avec le journal de Jaurès lui-même est également au menu. Face aux difficultés économiques de l’Humanité, placé en redressement judiciaire depuis février et après un plan de suppression d’emplois qui contraint encore ses moyens, la réussite de la Fête sera, cette année particulièrement, un point d’appui pour en écrire une nouvelle page. « Les vautours seront déçus, a prévenu, samedi, Patrick Le Hyaric, car nous allons porter un projet de renaissance de l’Humanité et une grande bataille tout l’été pour réussir une grande Fête au service de tous les progressistes, des syndicalistes, de toutes celles et ceux qui ne supportent ni le macronisme ni la tache brunâtre qui se répand sur le monde. » Julia Hamlaoui

Programme Sport

10 km de la fête en soutien à l’Humanité !

Grande scène

Aya Nakamura

plus de 700 000 billets de concert pour ce qui fut la plus grosse tournée française en 2017, Soprano sera de retour sur scène avec le « Phoenix Tour » pour une tournée exceptionnelle. Et devinez sur quelle scène il a décidé de poser ses valises le temps d’un concert «à la fraîche» ? À la Fête de l’Humanité bien sûr !

Shaka Ponk

Le 10 km de la Fête de l’Humanité est le premier rendez-vous sportif convivial, populaire et engagé de la rentrée, un événement où l’on peut découvrir la Fête et le parc GeorgesValbon comme personne. Un exploit sportif ! Mais pas que… Grâce à l’inscription, on contribue au soutien à l’Humanité. Le 10 km prend son départ au Village du Sport à 9h15, le dimanche 15 septembre, puis s’en détache pour traverser le parc, avant de revenir pour une arrivée haute en couleurs au cœur de la Fête ! S’offrent aux coureur·ses de manière exceptionnelle, dans le calme du dimanche matin, les étendues vertes du parc, les allées apaisées de la Fête et leurs stands… et surtout la possibilité de courir ensemble entre amis, en famille, ou accompagnés de nouveaux coureurs, tous avec l’Humanité. Une participation de 6€ est demandée, elle peut être achetée sur le site en même temps que le pass 3 jours (il faut avoir un pass ou le bon de soutien pour participer à la course)

Les deux dernières années de carrière d’Aya Nakamura peuvent se résumer en quelques chiffres : 350 millions de vues sur Youtube, dont 160 millions pour le seul Djadja, la Une des journaux télévisés, des singles certifiés platine et même diamant, et une place au sommet des charts dans de nombreux pays d’Europe et d’Afrique, dont celle de numéro 1 aux Pays-Bas cet été, une première pour une artiste française depuis Edith Piaf. Rien que ça ! Aya Nakamura a réussi à créer son style. Bien plus que les certifications, c’est une récompense dont peu d’artistes peuvent se vanter.

Soprano Jusqu’où ira Soprano ? Après avoir écoulé 800 000 exemplaires de son dernier album L’Everest et vendu

Après avoir écumé les Zéniths et les festivals de France, retourné par deux fois l’AccorHotels Arena de Paris et rempli en moins d’une semaine 9 Cigale à Paris, les geeks « survitaminés » de Shaka Ponk reviennent pour le MonkAdelic Tour Part.II ! Un show spectaculaire pour des artistes autant engageants qu’engagés, une énergie fracassante, du punk, du rock et des créations numériques à couper le souffle ! Un concert à ne pas rater pour un spectacle total.


DE L’HUMANITÉ À LA COURNEUVE Eddy de Pretto

la chanson est celui d’un artiste au désir immense d’absolu, de vérité et de retrouvailles avec son public. L’album « Je reviens à toi » et le spectacle l’accompagnant placent son retour sous le signe de l’émotion et de la joie.

À LA COURNEUVE LES 13 - 14 & 15 SEPTEMBRE 2019

L’espace de la fédération du PCF de la Gironde

Les Négresses Vertes

Artiste polymorphe, Eddy de Pretto a commencé sa carrière par le cinéma. Originaire d’Ile de France, il combine astucieusement et avec un phrasé qui lui est propre hip-hop et variété française. Une marque de fabrique lui permettant d’exposer des problèmes de société. « J’ai juste envie de raconter ma vie, ma réalité ». Une écriture personnelle dans laquelle cette génération est libre de se retrouver dans son album Cure, sorti en 2018.

Youssou Ndour

La tribu charismatique et tapageuse se forme dans le Paris populaire des années 80, passe par le cabaret équestre Zingaro, le punk, la musique gitane. Ils donneront naissance aux Négresses Vertes. Véritables électrons libres sur scène, ils collaborent avec Massive Attack ou encore Howie B. Séparés en 2011, toutes les personnes ayant assisté à leurs concerts se souviennent encore de la fusion musicale pleine d’énergie et d‘humanité qui s’en dégageait. Dans ce sens, quoi de plus normal que de les retrouver sur La Grande Scène de la Fête de l’Humanité !

aussi, parce que cet album est le résultat d’un long voyage animé par une envie particulière : que l’on sente l’homme, la femme, derrière chaque son. Les Rescapés vient après près de 4 années de tournée et s’est construit sur trois périodes distinctes. Miossec entend maîtriser de bout en bout le son. On en déduit sa volonté de retrouver les contraintes et les principes des débuts. Cet album est le plus personnel musicalement, depuis Boire (1995). Rescapés de nos erreurs, de nos élans et de nos vertiges dont Miossec a souvent su écrire la bande son, nous voilà donc face à l’urgence et au frisson du présent. Organique.

Aziz Sahmaoui

L’Or du Commun Youssou Ndour affiche une étonnante précocité de carrière. Il a commencé à chanter à 13 ans, au début des années 1970, fondé son orchestre, le Super Etoile de Dakar, en 1979. Repéré au Sénégal par Peter Gabriel, il entre dans le cercle de la world-music avec l’album The Lion. Youssou Ndour évolue désormais dans une ample matrice, dont il écoute les sons, les humeurs, les succès : l’Afrique. Celle de Youssou est un continent vivant, toujours en mouvement. C’est donc un album ouvert et éclairé que l’artiste sénégalais nous offre. Si Dakar est une capitale on-line, si la Medina a pris le virage de l’électro, les griots, les confréries soufies et l’islam éclairé, ont toujours, et peut-être encore plus aujourd’hui, leur place.

Marc Lavoine

En provenance de Bruxelles, l’Or du Commun affole depuis quelques mois la sphère internet à travers des clips léchés et des titres à l’énergie coup de poing et au groove communicatif. Si les trois MC’s du groupe, Swing, Primero et Loxley, étaient encore il y a peu inconnus en hexagone, leur clip « Apollo » en featuring avec Roméo Elvis les a définitivement propulsés en pleine lumière. Entre esprit chill, productions vaporeuses et synthétiques, voire jazz et plus 90’s, l’Or du Commun a trouvé sa marque de fabrique, et prouve s’il le fallait encore, à la suite des Caballero, Jeanjass, Roméo Elvis ou Hamza, que le hip-hop Belge a définitivement voix au chapitre dans la grande assemblée du rap international. Scène Zebrock

Miossec Un artiste qui ne cesse de surprendre et d’émouvoir. Après des rôles marquants sur les planches, les écrans et un premier roman autobiographique plébiscité par le public, son retour à

Miossec a choisi d’intituler son onzième album studio « Les Rescapés ». Un mot évoquant à la fois tristesse et optimisme. Quiconque est arrivé jusque-là, malgré les blessures et les obstacles est l’un d’eux. Peut-être,

Aziz Sahmaoui n’est pas seulement un prodigieux musicien, qui mène l’un des meilleurs groupes de son époque : University of Gnawa, il porte aussi un pan entier de l’histoire méditerranéenne. Né à Marrakech, il est confronté à l’essentiel des musiques populaires du Maghreb, des plus électroniques à celles que l’on sculpte dans le boyau ou la peau tannée. A l’issue de ses études de lettres, il débarque à Paris et y fonde l’un des groupes phares des années 90, l’Orchestre National de Barbès, une machine à effrayer les groupes identitaires et les garde-frontières. Deux albums plus tard il rejoint l’un des pionniers du métissage cosmopolite, le pianiste Joe Zawinul, ancien de chez Miles Davis et fondateur de Weather Report qui n’aimait qu’une seule chose : installer des virtuoses africains dans son ensemble à ciel ouvert. Un hote de marque pour la Fête de l’Humanité.

Plus grande fête populaire de France qui accueille chaque année plus de 600 000 personnes, la Fête de l’Huma marque la rentrée politique à travers sa multitude de débats, de rencontres, d’engagements. C’est un formidable outil de rassemblement et de fraternité. C’est aussi un lieu unique de fête, de musique, de culture, de sport, de convivialité… on y vit des moments inoubliables où les mots solidarité, fraternité, liberté, égalité prennent tout leur sens. Comme chaque année, la fédération du PCF de la Gironde y est présente à travers l’espace qu’elle gère (spécialités gastronomiques du Sud-Ouest), d’intervenants dans les différents espaces thématiques, et par la participation de centaines de militants girondins qui font vivre cet événement unique. Cette présence permet de faire vivre cet événement populaire, politiquement et financièrement, en contribuant à la bataille pour que le journal l’Humanité existe. Cet espace girondin ne peut vivre que grâce à l’implication et l’engagement des militant-e-s, avec l’aide des sections, aussi la fédération les invite à s’inscrire dès à présent pour contribuer à la réussite de cette fête. Quelques informations pratiques

Vignettes (appelées aussi Bons de soutien) : Comme les années précédentes, les vignettes devront être obligatoirement activées via internet avant le jeudi 12 septembre à 23h59 pour accéder à la Fête. Il faut acheter les vignettes avant de partir à la Fête, elles ne seront pas mises à disposition avec les billets de train. Vous pouvez les acheter à la fédération, 15-17 rue Furtado 33800 Bordeaux ou auprès des militant-e-s communistes. Montant : 28 € en prévente // Règlement à faire à l’ordre de L’Humanité. Le transport et l’hébergement qui participeront au fonctionnement de l’espace girondin coûte à la fédération du PCF environ 130 € par personne. Il est demandé à chacun-e une participation à ces frais déclinée ci-dessous qui correspond à environ 1 tiers du coût total. Le reste étant à la charge de la fédération et de certaines sections.

Transport :

La fédération met à disposition des transports et/ou départs collectifs. Ils sont exclusivement mis à disposition des militant-e-s et ami-e-s de la Fête qui aident sur l’espace. Les horaires des départs et moyens de transport (train, covoiturage) sont décidés par le collectif en fonction des besoins de la Fédération et en fonction du nombre de places. Tout est fait pour répondre aux demandes du plus grand nombre. Pour le train : des départs dès le lundi matin pour commencer l’installation, puis le jeudi et vendredi matin et après-midi, samedi matin tôt, retours le dimanche en fin de soirée et le lundi après-midi. Participation pour le transport : 21 € // Règlement à faire à l’ordre de ADF PCF 33 Hébergement et repas :

L’espace de la Gironde situé sur la Fête accueille 150 à 200 personnes. La fédération met à disposition des douches, des structures de couchage collectives (80 places, inscription obligatoire), des toilettes sèches. Un espace de restauration est géré par la section de Coutras. Participation : forfait de 21 €, qui comprend la totalité des repas et petit déjeuner. Cet espace est à l’usage exclusif des camarades girondins qui participent à la présence girondine du PCF // Règlement à faire à l’ordre de ADF PCF 33 Il est de la responsabilité de chacun de s’inscrire, d’amener son duvet et le cas échéant sa tente et son couchage. Votre matériel ne doit être encombrant (petites tentes style pop up). Les tentes et duvets et autres bagages peuvent être acheminés sur la Fête via les camions de matériel. Pour cela ils sont à déposer à la fédération au plus tard le mercredi 4 septembre - 17h. Inscriptions/renseignements :

Les inscriptions se font le plus rapidement possible auprès de Lisa par tél : 05 56 91 45 06 ou en envoyant un mail à gironde.pcf@gmail.com Les Nouvelles 27 juin 2019 • 5


INTERNATIONAL CHYPRE

CONFÉRENCE DE BAHREÏN

Mort de l’ex-président communiste Christofias

Le piège tendu aux Palestiniens

Au pouvoir de 2008 à 2013, l’ancien chef d’État Dimitris Christofias avait œuvré pour l’unité de Chypre. « La réunification de Chypre sera la première priorité du gouvernement. » Au lendemain de son élection à la présidence de la République de Chypre, en février 2008, les mots de Dimitris Christofias jetaient les bases du combat qu’il allait mener pendant cinq ans. Celui qui fut le seul chef d’État communiste d’un pays de l’UE s’est éteint vendredi, à l’âge de 72 ans. Auparavant, il fut, de 1988 à 2009, secrétaire général du Parti progressiste des travailleurs (Akel). Au pouvoir de 2008 à 2013, il entreprend un dégel entre le sud du pays et le nord occupé par la Turquie. Si ses efforts n’ont pas abouti à une réunification, des progrès concrets ont été enregistrés : possibilité pour les ambulances et les travailleurs de traverser la ligne verte, reprise des échanges. Cela a permis un décollage de l’économie qui bénéficia tant aux Chypriotes turcs qu’aux Chypriotes grecs.

Au début de son mandat, Christofias a augmenté le salaire minimum et les pensions. Une politique qui s’est achevée quand les banques chypriotes se sont effondrées à la suite de la crise grecque, en 2012. L’UE n’accepte alors d’accorder un plan d’aide qu’au prix de l’austérité, raison pour laquelle il ne fut jamais signé par Dimitris Christofias. Ce dernier tenta de limiter la casse en obtenant de Moscou un prêt de 2,5 milliards d’euros. Il s’opposa vigoureusement aux privatisations exigées par Berlin. Merkel n’obtiendra gain de cause que lorsque le conservateur Nicos Anastasiadis remplacera Christofias et acceptera le mémorandum de l’UE en mars 2013. Le président communiste, dont le parti Akel ne comptait que 30 % des députés, aura également été freiné par les partis de droite. Ces derniers ont ainsi refusé au Parlement la proposition de Christofias d’augmenter les taxes sur les banques, responsables de la crise. Enora Bizot, L’Humanité du 24/06/2019

TURQUIE

Une victoire

Ekrem Imamoglu, 49 ans, a été élu dimanche maire d’Istanbul avec plus de neuf points d’avance sur le candidat du pouvoir. Il est musulman, mais son parti, le Parti républicain du peuple, est laïc et se réclame de Mustapha Kemal. Ce dernier, dans les années 1920 et 1930, avait inscrit la laïcité dans la Constitution et ouvert le droit de vote aux femmes. Ekrem Imamoglu, 49 ans, élu dimanche maire d’Istanbul avec plus de neuf points d’avance sur le candidat du pouvoir, a remercié les dix millions d’électeurs de la capitale qui se sont rendus aux urnes, en mentionnant particulièrement « les Kurdes, les Arméniens, les Assyriens, les juifs, les jeunes, les femmes ». C’est une victoire contre la fraude et les abus du pouvoir. Le 31 mars dernier, alors que le nouvel élu l’avait emporté de 13 000 voix, le pouvoir aux mains de Recip Erdogan avait réussi à manipuler suffisamment la haute commission électorale pour qu’elle annule le scrutin. C’est une victoire contre la répression. Le coup d’État manqué de 2016, abusivement exploité par les autorités, a été suivi par 55 000 arrestations, le limogeage de 150 000 fonctionnaires. Erdogan pensait qu’il pouvait broyer dans une 6 • Les Nouvelles 27 juin 2019

main de fer le pays qui a résisté. C’est une victoire contre la désinformation, contre les faux procès. Pas plus tard que le 12 juin, le président turc assimilait encore l’opposition au terrorisme ou du moins à ses complices. Hier encore, le quotidien Yeni Akit, proche de lui, voulait voir dans le résultat du scrutin la main de l’étranger, en criant au scandale. C’est une victoire, avec le rassemblement autour du nouveau maire des diverses oppositions, contre les divisions religieuses, communautaristes, qui minent la Turquie, entretenues contre les Kurdes en particulier, dont des dizaines d’élus et de représentants sont toujours emprisonnés. Istanbul n’est pas toute la Turquie, mais elle en est le cœur battant, aux charnières de l’Europe et du MoyenOrient. Le pouvoir totalitaire, assis sur un islamisme régressif mais soutenu par l’Occident, est aujourd’hui sérieusement ébranlé. Ce résultat va au-delà de la Turquie elle-même, quand les forces conservatrices gagnent du terrain dans le monde. On ne sait ce qu’il en sera de l’avenir en Turquie, mais, à Istanbul, la laïcité, la justice et la démocratie l’ont emporté. Maurice Ulrich, éditorial de L’Humanité du 25/06/2019

Washington veut régler la question palestinienne à coups de milliards de dollars, sans évoquer le droit à l’autodétermination et donc à un État. But ultime : rapprocher ses alliés du Golfe et Israël face à l’Iran. Vue de la bande de Gaza, l’ouverture, aujourd’hui (Ndlr – mardi 25 juin), à Bahreïn, de la conférence voulue par les États-Unis, consacrée à la Palestine et intitulée « De la paix à la prospérité », est tout simplement surréaliste. Depuis près de douze ans maintenant, près de deux millions de personnes de ce territoire palestinien subissent un blocus inhumain de la part d’Israël avec un lâche silence international, qui se traduit par une asphyxie de leur économie et un délabrement de leurs conditions de vie, qu’on les enferme comme du bétail, qu’on les bombarde à intervalles réguliers sous prétexte qu’ils refusent cet état de fait ou qu’ils soient sous la surveillance permanente des drones israéliens. Voilà maintenant qu’il leur faudrait découvrir le bon Donald Trump, déguisé en roi mage, apportant son offrande sur un plateau.

Un plateau sur lequel il manque néanmoins l’ingrédient principal sans lequel aucune recette n’est réalisable : l’autodétermination du peuple palestinien. Ce volet économique – dévoilé samedi –, qui voudrait éteindre une fois pour toutes les velléités palestiniennes d’indépendance, promet monts et merveilles. 50 milliards de dollars seraient levés au cours de la prochaine décennie. Le PIB des Palestiniens serait doublé. Un million d’emplois seraient créés… « Il représente l’effort international le plus ambitieux et le plus complet pour le peuple palestinien jusqu’ici », prétend la MaisonBlanche. On peut même lire dans le document qu’« aucune vision pour les Palestiniens ne peut se réaliser sans le soutien total du peuple palestinien et de ses dirigeants » ! Ces derniers ont déjà exprimé leur sentiment sans ambages. Vendredi, en différents points de la bande de Gaza, des milliers de Palestiniens ont participé à la Marche du retour sous une banderole on ne peut plus claire : « La terre n’est pas à vendre ». Comme en réponse, les snipers israéliens, postés tout le long de la frontière, ont appuyé sur la

détente de leurs fusils à lunette. (…) L’ensemble des organisations palestiniennes, pour une fois passant outre leur division, rejettent ce plan et ne feront pas le déplacement à Bahreïn. (…) Alors que la tension monte entre les États-Unis et l’Iran, tout semble indiquer que cette conférence n’est qu’un prétexte pour rapprocher nombre de pays arabes et Israël, unis dans leur combat régional contre Téhéran. Pour rendre cela possible, il convient de faire croire que la question palestinienne peut être réglée grâce à la baguette magique économique. Quitte à faire porter la responsabilité de tout échec sur les Palestiniens comme cela est régulièrement le cas de façon mensongère. Car, en réalité, le volet politique qui est censé suivre, régulièrement annoncé et tout aussi régulièrement reporté, est en train de se mettre en place. Les États-Unis ont fermé le bureau de l’Organisation de libération de la Palestine à Washington, signe que ce n’est pas un partenaire de discussion, ont reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël ainsi que l’annexion du Golan syrien, supprimé leur aide financière à l’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, afin que disparaisse cette question, et des signaux favorables sont envoyés au gouvernement israélien pour une mainmise quasi totale sur la Cisjordanie, où la colonisation se poursuit. La ficelle est grosse et pourtant… C’est un véritable piège qui est tendu au peuple palestinien. Pierre Barbancey, envoyé spécial sur la Bande de Gaza pour L’Humanité

BRÉSIL

Moro droit dans ses bottes Le ministre de la Justice nie toute illégalité quant à la nature de ses messages avec des magistrats durant l’instruction qui a conduit l’ex-président Lula en prison. La meilleure défense reste encore l’attaque. C’est en usant de cette vieille stratégie que l’ex-juge, Sergio Moro, s’est présenté de son propre chef, mercredi, devant une commission du Sénat brésilien afin de donner sa version des faits. L’homme fort de l’opération Lava Jato contre la corruption s’est retrouvé sous les feux des projecteurs à la suite de la divulgation, le 9 juin, par le site The Intercept, de messages privés qu’il a échangés avec des procureurs via la messagerie russe Telegram, confirmant le caractère partial de l’instruction qui a conduit l’ancien président Lula derrière les barreaux d’une prison afin de l’empêcher de se présenter à la présidentielle. Neuf heures durant, le désormais

ministre de la Justice du président d’extrême droite Jair Bolsonaro a cherché à contre-attaquer en martelant l’idée que le contenu des messages n’était pas illégal, ni condamnable. « Je ne dis pas que je reconnais l’authenticité de ces messages, mais des textes que j’ai lus, moi et d’autres personnes, nous n’avons vu aucune infraction », a-t-il déclaré, en soutenant que ce type d’échanges entre magistrats, juges et avocats étaient la norme. Ce que l’association des juristes démocrates a aussitôt démenti. « Il devrait savoir qu’une presse libre est protégée »

Puis Sergio Moro s’en est pris à la fiabilité de la messagerie Telegram, dont les messages ont pu être « totalement ou partiellement altérés » et aux agissements d’un groupe criminel.« La question ici est l’invasion délictueuse de hackers pour empêcher les enquêtes anti-corruption », a-t-il rétorqué.

Enfin, le ministre de la Justice a cru pouvoir tirer à boulets rouges sur le journaliste qui a révélé les conversations, Glenn Greenwald. Selon lui, il aurait dû pouvoir les consulter avant leur mise en ligne. Pis, les informations collectées, si elles constituent « des preuves de fautes graves où des magistrats et des juges sont impliqués » auraient « dû être livrées à une autorité ». Sur son compte Twitter, Glenn Greenwald a pris un malin plaisir à rappeler à Sergio Moro « qu’il n’y a pas un seul pays démocratique au monde où les journalistes livrent » leur matériel journalistique à la police ou aux tribunaux pour inspection avant publication, comme « Moro l’exige ». « En tant que juge, il devrait savoir qu’une presse libre est explicitement protégée dans la Constitution », a poursuivi le journaliste. Cathy Dos Santos, L’Humanité du 21/06/2019


PCF ÉLECTIONS 2020

BORDEAUX BACALAN

Les communistes bordelais mettent le cap sur la Mairie

Fête des libertés le samedi 13 juillet

Les communistes bordelais invitaient la presse, ce samedi 22 juin, pour lancer la bataille des municipales de 2020. À Bordeaux, cette question a été mise à l’ordre du jour après le départ surprise d’Alain Juppé, car ce départ a ouvert le champ des possibles. Servane Crussière, Barbara Seray, Vincent Maurin et Jean-Jacques Bordes (la parité donc) constataient devant les journalistes que lors des points de contact, les militants ressentent que la colère est toujours aussi forte chez les gens et l’espoir que cela change aussi. Les élections

municipales de 2020 seront donc une échéance majeure pour les habitants et usagers de la ville. À Bordeaux comme partout en France, la gauche ressort émiettée des séquences électorales qui se sont succédées depuis 2017. Il s’agit donc de s’inscrire dans l’appel lancé par le Conseil National pour une « Union Populaire qui porte un nouvel espoir pour la France ». D’où la participation aux discussions qui se sont engagées avec les partis de gauche et les Verts (lire notre précédente édition en page 7) pour chercher à offrir une opportunité aux Bordelaises et Bordelais de rompre

avec les choix qui ont transformé la ville, au point où les classes modestes en sont progressivement chassées. Chacune des organisations apporte sa spécificité et notre responsabilité à tous est de converger vers ce qui nous rassemble, plus que sur ce qui nous différencie. Qui prendra la responsabilité de laisser les Bordelais, six ans de plus, face à cette politique municipale dont ils se sentent exclus (45 % d’abstention aux municipales de 2014). Les communistes portent l’objectif, avec le rassemblement, de renverser la table. Deux points d’appui :

• Celui d’une ville solidaire où les services publics, le logement et la culture seraient accessibles à tous. • Celui d’une véritable démocratie communale, ce qui n’a pas été un point fort de la politique menée par Alain Juppé. La bataille est lancée, dont la première étape est celle du rassemblement sur des contenus, partagés avec la population et leurs représentations. Un programme de travail dense, à la hauteur de l’enjeu.

La Fête des libertés se tiendra le samedi 13 juillet au parc de Bacalan (tram B, arrêt Brandenburg, derrière la salle Pierre-Tachou). Cette Fête sera l’un des premiers temps forts de débat en vue des élections municipales 2020 à Bordeaux. Elle sera également le support de l’expression de la solidarité du PCF avec Cuba et l’occasion de mobiliser sur les luttes en cours, dont celle contre la privatisation d’ADP. Le programme : 14h30 - concours de boules, ouvert à toutes et tous. Tournoi de belote. 16h - animation aéronautique pour les enfants, dessins, maquettes… avec Georges Gili. 17h30 - débat « Mieux vivre à Bordeaux, enjeu des municipales… », en présence de Vincent MAURIN, ex-élu municipal, animé par Olivier Escots, secrétaire de la cellule PCF de Bacalan 19h - Apéro musical autour des œuvres d’Irène Chollet : sculptures et dessins. 20h - grillades de bœuf de Bazas ; merguez / frites 21h - soirée de solidarité avec Cuba Concert de la formation Son Neto (musique cubaine) Inscriptions, renseignements : sectionbordeauxpcf@gmail.com et/ou pcfbacalan@gmail.com

RÉSOLUTION DU CONSEIL NATIONAL DU PCF

Les communistes à l’offensive pour les élections municipales de 2020 Brefs extraits du texte issu des la réunion du CN du Parti communiste français, les 15 et 16 juin 2019. Les élections municipales de 2020 seront des échéances majeures pour la vie de nos concitoyen·nes et l’avenir des territoires. (…) Au moment où tant de citoyen·nes portent l’espoir de plus d’égalité face aux politiques libérales du gouvernement, les villes et les villages doivent devenir des lieux de résistance qui construisent des réponses utiles pour changer la vie et porter l’ambition de développement de services publics locaux pour en finir avec la désertification, les inégalités, la confiscation de la démocratie citoyenne. (…) Les communes sont prises en étau : une réduction drastique de leurs moyens et une marche forcée pour imposer des regroupements de collectivités, des métropoles mastodontes pour confisquer les pouvoirs aux citoyen·nes, mettre la main sur les politiques locales et réduire coûte que coûte la dépense publique. Les réformes institutionnelles en cours, ou celle concernant l’action publique, (…) accélèrent cette politique et menacent l’unité de la République. (…) Face au détricotage des politiques locales, pour les élections municipales de 2020, nous voulons contribuer avec les habitant·es à une

triple ambition (…) : 1 - L’enjeu social et écologique au cœur de la ville et des villages de demain. (…) Nous voulons, au cœur des projets, faire du développement de l’emploi de qualité, des services publics, d’un mode de développement humain durable, de l’habitat, de l’égalité sociale le cœur de l’action des communes. Nous voulons le meilleur pour les habitant-e-s : de nouveaux droits pour l’éducation et la culture, la santé, la jeunesse et l’autonomie des personnes âgées, pour la promotion de l’égalité femme-homme dans tous les domaines, le droit à la citoyenneté pour toutes et tous. Nous voulons amplifier les politiques de lutte contre toutes les discriminations. Nous voulons mettre sous contrôle public la maîtrise et l’exploitation des données numériques personnelles. 2 - La démocratie communale. Nous portons une révolution des pouvoirs pour que la défiance populaire se transforme en démocratie communale. (…) Nous voulons faire gagner du pouvoir d’agir aux populations par de nouvelles formes de démocratie directe (Observatoire des politiques publiques locales, charte de la démocratie locale, referendum d’initiative locale, budget participatif pour partager le pouvoir avec les citoyen-ne-s). (…) 3 - La justice fiscale. Nous portons une révolution des moyens financiers pour en finir avec la saignée

budgétaire imposée par l’État et permettre aux habitant-e-s de prendre le pouvoir sur l’argent nécessaire au financement des choix communaux, pour le développement de l’investissement public et des missions de service public. Nous portons l’ambition d’une grande réforme de la fiscalité locale qui redonne des ressources aux communes et crée un nouvel impôt territorial des entreprises. Nous voulons prendre le pouvoir sur les banques par la création de fonds sociaux, solidaires et écologiques pour financer les politiques municipales utiles aux populations. (…) En 2020, au lendemain des européennes, les forces libérales et d’extrême-droite entendent conquérir des pouvoirs locaux. (…) Il n’est pas question de prendre le risque d’un hold-up sur la démocratie locale et de mettre à mal les missions publiques au service des citoyen-ne-s. (…) Nous voulons créer une démarche populaire inédite pour l’élaboration du projet municipal, la conduite de la campagne, les luttes à initier, des candidatures jusqu’à la mise en œuvre collective des engagements de campagne tout au long du mandat. Nous avons la conviction que la conjugaison de cette dynamique populaire avec le large rassemblement des forces de gauche et écologistes est la meilleure garantie de succès des listes que nous présenterons ou auxquelles nous participerons (…).

SOUSCRIPTION EXCEPTIONNELLE

Élections Européennes Malgré une campagne dynamique et offensive la liste conduite par Ian Brossat n’a pas atteint les 3 %, seuil ouvrant droit au remboursement des frais de campagne. Le PCF prolonge donc la souscription lancée pour les européennes, pour laquelle près de 15 000 euros ont déjà été collectés en Gironde. Il faut réunir 7 000 euros supplémentaires pour compenser ces dépenses. Le PCF compte sur vous !

Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera efficacement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. Les versements sont à envoyer à la fédération de Gironde du PCF - 15 rue Furtado - 33800 Bordeaux, à l’ordre de l’ADF PCF 33

Les Nouvelles 27 juin 2019 • 7


CULTURE & SOLIDARITÉ

NOUVELLES IDÉES REÇUES

UTOPIA MARDI 2 JUILLET

Des étrangers dans la ville de, et en présence de Marcel Trillat Dans le cadre de l’Université d’été pluridisciplinaire et internationale, le Centre de recherche en droit comparé du travail et de la sécurité sociale de l’Université de Bordeaux (COMPTRASEC) propose une soirée-débat, le mardi 2 juillet à 20h30 au cinéma Utopia de Bordeaux : Des étrangers dans la ville, de et en présence de Marcel Trillat, accompagné de Marion Blondel, juge à la Cour nationale du droit d’asile, Haoussetou Traoré et Patrice Delmas, Doctorants Comptrasec. Des étrangers dans la ville Marcel Trillat, documentaire France 2014 1h08mn. « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part » (Michel Rocard). « Les immigrés n’ont jamais été un problème pour la France. C’est la France qui a été un problème pour eux » (Marcel Trillat). La nuit de la Saint-Sylvestre 1969, six travailleurs africains mouraient asphyxiés dans un taudis surpeuplé loué par un marchand de sommeil à Saint-Denis. C’est pour leur rendre hommage que Marcel Trillat avait réalisé Étranges étrangers, film sur un peuple en marge de la société fran-

çaise : Portugais fuyant le fascisme et la misère ; Algériens, Africains contraints aux travaux les plus durs et à s’entasser dans les bidonvilles, les cités de transit, les foyers indignes ou les caves de Seine-Saint-Denis. Des prolétaires fantômes pourtant indispensables à l‘économie française. 43 ans plus tard, Marcel Trillat reprend la caméra et retourne à la rencontre des étranges étrangers d’aujourd’hui. Avec la volonté de poser une simple question : Ces Étranger·ères dans la ville, toujours aussi indispensables, sont-ils et sont-elles accueillis plus dignement par la société française en plein XXIe siècle ? Marcel Trillat a filmé quelques-uns et quelques-unes de ces rescapé·es de toutes les misères du monde dans tous les lieux où leur espoir d’une vie meilleure est mis à la rude épreuve des réglementations administratives. Demandeurs d’asile tentant de convaincre des fonctionnaires parfois incrédules, parfois bienveillant-e-s mais eux-mêmes toujours corsetés par les règles très strictes qui leur sont imposées, travailleur·euses sans papiers mais payant leurs impôts, innocent·es privés de liberté dans les centres de rétention et policier·ères chargés de veiller sur eux, tou·tes sont pris au piège de logiques que personne ne semble plus comprendre.

Pour comprendre comment vivent ces étrangers toujours sous la menace d’une expulsion, Marcel Trillat a accompagné ces hommes et ces femmes dans le labyrinthe de l’administration française où ils tentent d’obtenir une carte de séjour, une demande d’asile ou un visa. On accompagne ainsi Hawa, Mamadou ou Mohamed dans leur terrible périple. De la zone d’attente de Roissy à la préfecture des Hauts-de-Seine, en passant par les bureaux d’une agence d’intérim qui fournit des emplois précaires mais pas de certificat de travail, c’est un long combat plein de résignation et d’humiliation que mènent ces immigrés trimbalés de guichet en guichet et démunis face au manque d’infrastructures pour les accueillir. Il y a aussi le tribunal, où les étrangers demandeurs d’asile attendent le verdict des juges. Une loterie. Ici, inutile de plaider sa cause, car neuf demandes sur dix sont refusées. « Cela dépend du président du tribunal et l’on ne sait pas sur quelles bases les décisions sont prises », souligne une avocate, dont le seul espoir est de tomber sur « Annulator », le surnom du seul juge qui annule systématiquement les demandes d’expulsion…

PROJECTION DANS LE CADRE DU WAC#2

Ernest Pignon-Ernest et la figure de Pasolini Dans le cadre du Week-end d’art contemporain (WAC#2), les 3, 4, 8 et 9/07– soirée de lancement le 4 juillet* – quatre projections du film Se Torno sont programmées au Cinéma l’Utopia à Bordeaux,

en partenariat avec MC2a. Se torno (Si je reviens) : Ernest Pignon-Ernest et la figure de Pasolini, Collectif Sikozel - Italie 2016 - 1h vostfr - Avec Ernest Pignon-Ernest…

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr Les nouvelles de bordeaux @nvlbx nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932

8 • Les Nouvelles 27 juin 2019

CHRONIQUE

« Se torno. Un spectre de papier qui se déroule et se répand sur les murs dans la nuit, de Naples à Rome, de Scampia à Ostia. Un visage massacré qui revient dans toute sa beauté, avec, dans les yeux, une pensée que personne - et le temps encore moins - n’a réussi à tuer ». Emilie Chaudet - France Culture Qu’est-ce que nous avons fait de sa mort ? Quarante ans après l’assassinat de Pasolini, Ernest Pignon-Ernest entreprend un voyage en Italie pour poser cette question sur les lieux de la vie, de l’œuvre et de la mort du poète. À Rome, Ostie, Matera et Naples, l’artiste interpelle les habitants et les passants en collant sur les murs une piéta laïque dans laquelle Pasolini, au regard sévère, porte son propre corps sans vie. Si je reviens suit le parcours existentiel de cette image, de sa genèse à son insertion dans la réalité des villes italiennes. En cela, le film interroge la permanence de la pensée de Pasolini dans l’imaginaire collectif et témoigne du déchirement qu’il suscite encore aujourd’hui. Entre fascination et refus chez les personnes rencontrées, l’image de Pasolini apparaît comme une sentinelle, un appel à la lucidité et à l’engagement dans nos sociétés. C’est également un magnifique hommage au poète cinéaste disparu. * www.bordeauxartcontemporain.com/

par Gérard Loustalet Sens www.nir-33.fr Protection sociale et libéralisme

Deuxième pilier du modèle français, la protection sociale solidaire est, pour les libéraux, une dangereuse aberration. La théorie libérale a pour objet de légitimer sur les plans politique, philosophique, anthropologique et même moral ce qu’on appellera le libéralisme économique, plus communément nommé capitalisme, voire, de manière euphémisée, économie de marché. Pour cette théorie, tout individu, en concurrence avec tous les autres, ne doit devoir qu’à luimême sa position sociale et, éventuellement, les revenus qui vont avec. C’est ce qu’ils désignent comme exercice de la « liberté ». Les perdants – connus d’avance – de cet affrontement – qu’il faut bien qualifier de classes bien qu’ils s’en défendent – ne doivent s’en prendre qu’à euxmêmes, se résigner et se convaincre de leur absence de mérite et de talent et/ou de leur défaut de moralité, tout ce qui va constituer l’essence de la pauvreté fustigée comme faute morale. Tout le macronisme s’inspire de cette façon de disqualifier les dominés, du « pognon de dingue » aux « contreparties » scandaleusement -et illégalement- réclamées aux chômeurs. Jusqu’à des dispositions punitives relevant d’une morale frelatée : tout chômeur serait un fraudeur en puissance élaborant des stratégies sophistiquées pour toucher de juteuses indemnités en continuant à se la couler douce ! Il va donc s’agir, comme l’indique la sociologue Claire Vivès, « de rendre les périodes de chômage invivables de sorte que les gens acceptent n’importe quel emploi pour s’en sortir » (l’Humanité, 19.06.2019). Les libéraux ne se désintéressent pas complètement des pauvres, ne serait-ce qu’en raison de leur potentielle dangerosité, mais toute aide sera conditionnelle et fondée sur l’assistance. Toute une propagande gouvernementale est menée sur le thème, martelé par Edouard Philippe, « il faut que le travail paye » (sous-entendu : plus que le chômage). Un soi-disant bon sens… Le plus imbécile qui soit ! Non, le chômage ne « paye » jamais plus que le travail ! On va jusqu’au mensonge éhonté, du genre : pour un chômeur sur cinq, le taux de remplacement du salaire est supérieur à 100% ! Un chiffre inventé qui ne correspond à rien de connu même chez les économistes les mieux disposés à accréditer ce genre de fake news (Mathieu Grégoire, le Monde, 02.04.2019). Dans tous les cas, l’allocation ne peut dépasser 75 % du salaire journalier de référence. Par exemple, un salarié payé habituellement au smic journalier de 70,21 € brut (54,06 net) aura une indemnité journalière d’environ 40 € brut. Où est l’abus ? Mais non, il faut absolument culpabiliser le sans emploi, seul responsable, par son incapacité, de sa situation. Ce qui est en cause, c’est l’esprit même du modèle social français. Il existe deux types de protection sociale. Le système « bismarckien » (du nom du chancelier allemand Bismarck en 1871) est assurantiel (fondé sur le principe de l’assurance), il est appuyé sur les cotisations des assujettis qui gèrent eux-mêmes leur système. Le système « beveridgien » (du nom de l’économiste britannique Beveridge) est assistanciel (fondé sur l’assistance), il est géré par l’Etat et appuyé sur l’impôt, à la merci du gouvernement. Le modèle français est en principe bismarckien . La CGT a ainsi remporté les élections d’administrateurs de la Sécurité sociale en 1947 (59 % des voix). De Gaulle supprimera les élections en 1967 et instituera la « parité » (Michel Etievent l’Humanité, 26/27/28.04.2019). Le doigt est mis dans l’engrenage beveridgien à l’anglo-saxonne : ce sera le financement par l’impôt avec la CSG que l’on doit à Rocard, toujours présent dans les mauvais coups néolibéraux. Et tout ça pour supprimer toujours plus de ces abominables « charges » sociales. Financement par l’impôt, assistance, contreparties, c’est le pire système que le macronisme veut mettre en place. Le principe macronien selon lequel « la protection sociale doit désormais se fonder sur l’individu » n’est qu’une manière d’écarter le concept de solidarité qui irrigue le modèle français. On sait que l’idée même de solidarité entre les dominés, les exploités, a toujours terrifié les possédants… Plus que jamais il va donc s’agir de traquer les chômeurs au lieu de traiter les véritables causes structurelles d’un chômage qui est, on le sait au moins depuis Marx, un rouage essentiel de l’exploitation capitaliste. De la même façon, la culpabilisation des pauvres permet de fermer les yeux sur l’origine de la pauvreté d’aujourd’hui : les monstrueuses inégalités générées par le capitalisme néolibéral.


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