Nouvelles N° 2303

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Jeudi 18 avril 2019 - N° 2303 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

Europe :

QUELLE POLITIQUE INDUSTRIELLE ? P. 4-5

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NDE

VILLENAVE D’ORNON COURRÉJEAN

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ACTUALITÉ INCENDIE DE LA CATHÉDRALE NOTRE DAME

NOUVELLE CONVENTION TER

Émotion et parenthèse politique

Manifestation à Bordeaux le jour de l’adoption au Conseil régional

Un terrible incendie a failli détruire la cathédrale Notre-Dame. Ni les guerres, ni les incendies ne l’avaient atteinte. Au-delà des catholiques, elle symbolise Paris aux yeux de la France et du monde, comme un témoin de notre histoire, de sa résistance à l’usure du temps. Après une immense vague d’émotion, c’est sa reconstruction qui mobilise les esprits, ceux qui croient au ciel et ceux qui n’y croient pas (lire les pages consacrées de l’Humanité du mercredi 17 avril). Nombre de candidats aux élections européennes ont suspendu leur campagne, comme cela avait été fait pour les régionales, après les attentats de Paris en 2015. Le soir de l’incendie, Emmanuel Macron devait faire une annonce sur les mesures qu’il envisage après la synthèse du grand débat national. Il avait convoqué une conférence de presse à l’Élysée mercredi. Les deux ont été reportées « le temps nécessaire ». Mardi, l’AFP, RTL et Le Monde affirmaient connaître le contenu des mesures qui devait être annoncées, sans confirmation de l’Élysée. Parmi ces mesures : la réduction du nombre de parlementaires, l’allègement des règles permettant de lancer un Référendum d’initiative partagée, la suppression de l’ENA, une dose de proportionnelle aux législatives, un moratoire sur la fermeture d’écoles et d’hôpitaux d’ici à la fin du quinquennat, la baisse des impôts sur les revenus pour les salariés et indépendants, la ré-indexation des retraites en dessous de 2 000 euros sur l’inflation… De quoi éteindre la colère sociale ? En milieu de semaine, l’acte XXIII était en tout cas toujours programmé.

HISTOIRE

Bordeaux renoue avec Cuba

Le Conseil régional de Nouvelle Aquitaine a adopté la nouvelle convention TER, vendredi 12 avril. Ce jour-là, des centaines de cheminots, avec les organisations syndicales CGT, UNSA et SUDRAIL, des usagers des associations et collectifs Train d’Enfer, COBARTEC et Bordeaux-Le Verdon ainsi que les militants et élus de Génération.S, d’Ensemble !, du Parti Communiste Français, du Parti de Gauche et le député LFI Loïc Prudhomme dénonçaient un avenir ferroviaire « passé au prisme de l’austérité ». Le Conseil régional a adopté, vendredi 12 avril, la nouvelle convention TER dont nous avons, à plusieurs reprises expliqué les enjeux et sur laquelle nous aurons l’occasion de revenir. Le jour du vote, le Comité régional de vigilance ferroviaire battait à nouveau le pavé, de la gare de Bordeaux au Conseil régional de la Nouvelle Aquitaine parce qu’ils n’acceptent

Bordeaux commémore, un peu à l’avance, le bicentenaire de la fondation de Cienfuegos (Cuba). Bordeaux a un lien historique avec Cuba, notamment quand il y a deux siècles, 46 migrants partis du port de Bordeaux vont participer à la fondation d’une colonie qui va devenir la ville cubaine de Cienfuegos*. Le bicentenaire de la fondation de Cienfuegos, qui va être célébré le 22 avril dans cette ville, en présence d’une délégation de Bordeaux, a donné lieu dans la capitale de l’Aquitaine, et dans le lieu symbolique du musée d’Aquitaine, à une commémoration anticipée de cet évènement le vendredi 12 avril. Elio Rodriguez Perdomo, ambassadeur de Cuba en France, a honoré de sa présence cette cérémonie commémorative du bicentenaire de la ville de Cienfuegos, aux côtés d’Alain Cazabonne, adjoint au Maire, Laurent Vedrine, directeur du musée d’Aquitaine et Jean Querbes, président de l’association Bordeaux-Cienfuegos. Les intervenants, en rappelant cette réalité historique, ont souhaité qu’elle s’enrichisse de nouveaux liens de coopération. Jean Querbes citait à ce propos la volonté exprimée par l’Union européenne dans son accord politique et historique avec la République de Cuba : « Face à ceux qui lèvent des murs et ferment des portes nous autres européens voulons construire des ponts et ouvrir des portes par la coopération et le dialogue ». À l’occasion de cette soirée, Bernard Bonnin et Francis Lambert ont projeté leur magnifique documentaire « De Bordeaux à Cuba une aventure oubliée » retraçant cette histoire à travers des témoignages et des images de Bordeaux, Cienfuegos et La Havane. Le duo Kolingo a clôturé la soirée avec des notes de musique cubaine, en avant-première de la soirée du 29 mai « rencontres cubaines », organisée par l’association Bordeaux Cienfuegos, salle Pierre Tachou à Bacalan. Cette soirée, organisée à l’occasion de la semaine de l’Amérique latine à Bordeaux, donnera lieu à exposition, débats… et bien sûr musique et danse. * bordeaux200cienfuegos@orange.fr

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pas que « les usagers et cheminots paient les conséquences néfastes de la dernière réforme du ferroviaire ». Ils demandaient à l’exécutif régional de porter au vote définitif un amendement visant à retirer la baisse de la ressource publique ainsi que la non mise en concurrence de la SNCF dans la convention TER NouvelleAquitaine et à la SNCF, l’État et la Région de se remettre autour de la table sur la question essentielle du financement du réseau régional, pour lequel il manque 1,143 Mds d’euros d’ici 2030. « Réduction de la contribution publique au financement du ferroviaire, mise en concurrence des TER et TET, transformation du statut juridique de la SNCF, fermeture des lignes “dites” non rentables, la réforme purement libérale du Gouvernement Philippe se traduit concrètement, ont déclaré les organisations syndicales de cheminots, les associations et collectifs d’usagers et les organisations politiques. Pourtant afin de rassurer l’opinion publique,

le pouvoir accusait les cheminots en lutte d’agiter les peurs et garantissait que la future loi LOM intégrerait les légitimes préoccupations autour de la pérennisation et du développement de notre réseau national. Alors que la crise en cours des Gilets Jaunes démontre combien les enjeux de mobilités sont prédominants pour nos concitoyens, faire du train une alternative crédible au tout routier nécessite le dépassement de la simple notion de contrainte budgétaire ». « Les choix opérés, concernant la nouvelle convention TER par la Région Nouvelle-Aquitaine, sont en adéquation avec ceux du Gouvernement. La baisse de la contribution publique de 35 millions d’euros entraine déjà la fermeture de nombreuses gares dans notre région ainsi que la disparition progressive des contrôleurs dans les trains au détriment de la sécurité ferroviaire, de la sûreté ainsi que de la lutte antifraude. Pourtant, lors des comités de lignes organisés par le Conseil Régional, les usagers et élus de proximité ont systématiquement pointé leur attachement à un service qualitatif et humanisé. Prôner les bienfaits de l’ouverture à la concurrence, alors que nous assistons à une dégradation du service en raison de la vétusté du réseau, est dénué de sens. Lorsqu’une ligne fait l’objet d’une restriction de vitesse par mesure de sécurité, les trains privés roulent à la même vitesse que les trains de la SNCF. » C.D.

EN DÉBAT

Pourquoi un métro à Bordeaux ? Jeudi 11 avril, salle Nansouty à Bordeaux, l’Association Métro de Bordeaux organisait une réunion publique pour promouvoir l’idée d’un métro à Bordeaux avec la participation de Claude Mellier, vice présente de la Métropole en charge des infrastructures. Les différents intervenants ont donné, chacun à leur manière, un blanc-seing à cette proposition. L’objet de l’association est de promouvoir la construction de lignes de métro au sein de l’aire urbaine bordelaise, de penser l’intégration du réseau de métro dans un plan de mobilité global à l’échelle de l’aire urbaine bordelaise et du département de la Gironde (TER/RER/cars…) et dans un plan de mobilité métropolitain, de promouvoir les politiques d’urbanisme compatibles avec la mise en place d’un réseau de métro au sein de l’aire urbaine bordelaise. Mickaël Beaubonne, président de l’association, montre à quel point le contexte appelle à de grandes décisions, tant le trafic s’accroit (+ 50 % d’ici 2030) alors que le tramway, victime de son succès, montre des

signes évidents de saturation et de dégradation de ses performances et que sa conception même (réseau de surface) multiplie les conflits d’usage (véhicules, piétons, cyclistes…). Jean Piraud, ingénieur, ancien chargé d’étude du projet de métro à Bordeaux en 1990 s’est attaché à démontrer que, si techniquement un métro était prématuré en 1994, les évolutions technologiques enregistrées depuis lui rendent toutes possibilités (évolution des techniques de creusement, de mesure des impacts en surface…). Creuser à 20 mètres pour passer en dessous de sols instables ne pose plus de difficultés à ce jour (cf. Kuala Lumpur). Hervé Lefevre, directeur général de Kéolis Bordeaux Métropole, souhaitait avant tout défendre le tramway et ses capacités d’amélioration encore existantes, sans rejeter l’idée du métro. Claude Mellier a constaté la saturation du réseau de surface et considère que la population est prête au débat, alors qu’il n’a pas encore été vraiment lancé dans l’hémicycle politique métropolitain, même si les responsables n’y opposent plus de résistance.

Elle l’affirme, le métro peut être une solution. Une évidence s’impose tout de même : tout projet de transport dans la métropole doit s’insérer dans la notion de pluri-modalité : train, tram, bus, vélo, voiture, marche à pied, voire téléphérique, d’où la nécessité de développer la ligne de ceinture, projet que les communistes portent depuis trente ans. « Il va falloir inventer de nouveaux modes de financement » selon Claude Mellier, à l’image de ce qui se fait à Paris sur la taxe sur les bureaux, car les enjeux sont importants. L’ensemble des projets pourrait avoisiner les 5/6 milliards d’euros sur 8 à 10 ans (une ligne de métro = 1.6 Mds€). « Pourquoi ne pas solliciter des fonds de la BCE ? » interrogeait C. Mellier, puisqu’il s’agit d’investissements publics s’inscrivant dans le respect de l’environnement. Un constat partagé : il va falloir effacer les traces de l’abandon de 1994, époque où la moitié des bordelais était persuadée que le sous-sol ne s’y prêtait pas. J.J.B.


ACTUALITÉ

Editorial

RIVE DROITE

Un collectif mobilise et rassemble contre les réformes Blanquer

Une occupation du Lycée Elie Faure à Lormont, de l’école maternelle Condorcet à Lormont, de l’école René Cassagne à Cenon, apéritif citoyen à la maison des associations de Cenon pour discuter éducation… Les derniers jours avant les vacances scolaires ne se sont pas déroulés dans la sérénité dans les établissements scolaires de la rive droite : la faute aux réformes Blanquer qui inquiètent particulièrement dans ces milieux populaires et à un collectif qui travaille à informer et à rassembler. Vincent Couturier Lopez, gilet jaune, enseignant et désigné par ses collègues comme cheville ouvrière du mouvement, nous raconte. « Un jour j’ai décidé d’envoyer un mail à tous les collègues de Cenon, en mode gilet jaune, c’est-à-dire hors des cadres habituels, pour parler de la loi Blanquer. Ça a pris. Nous nous sommes réunis à une quarantaine un midi. Il y a eu une première phase d’information sur la loi, c’était long mais indispensable. Maintenant nous sommes dans une phase de convergence avec les parents et nous réfléchissons aux modalités d’action. Nous étions en contact avec des collègues du second degré de Lormont et Floirac. Il y a d’abord eu des rencontres par degrés puis entre les degrés et la création du collectif “Ensemble pour l’Éducation 33” qui rassemble tous les acteurs de l’Éducation : personnels, parents, citoyens, élus… Sur Floirac et surtout Lormont, il y a une action plus syndicale avec des réunions d’information où ils ont réuni petit à petit les collègues. Même si les formes sont différentes, nous avons tous le même point de vue sur ce qui se passe, c’est ce qui a fait que le collectif s’est créé. L’information était importante car cette loi est complexe et comme on dit : “quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup”. Sur la question des directeurs et des maternelles, par exemple, Blanquer a affirmé que nous diffusions des “bobards” auprès des parents et que ni les uns ni les autres n’allaient disparaître. En effet, pour le moment. Mais la mise en œuvre de cette loi va faire, qu’à terme, ils vont disparaître. Scolariser tous les enfants à partir

de 3 ans, cela veut dire qu’avec le même budget qui ne finançait que le public avant 6 ans, on va financer le public et le privé. De plus, il y a eu un amendement pour permettre aux jardins d’enfants d’enseigner. C’est clairement de la concurrence déloyale. On va se retrouver avec des maternelles publiques qui auront moins de financement, vu qu’il faudra aussi financer les maternelles privées, à 30 enfants par classes, en concurrence avec des jardins d’enfants, à 20 enfants par classe et plus de moyens puisque, en plus, ils recevront des fonds privés. Donc, à terme, nous craignons en effet que la maternelle publique disparaisse. Sur la question des directeurs aussi c’est flou. En gros, ils vont créer les Établissements publics des savoirs fondamentaux (EPSF), entité administrative qui regroupera les enfants de la maternelle jusqu’au collège. Il va y avoir deux formes dont l’une sera plutôt physique, dans le rural notamment, où ils fermeront les petites écoles et regrouperont tout ce beau monde dans le collège de secteur. À Cenon, ce n’est pas ce qui va se passer, il y a 18 écoles, ils ne peuvent pas les fermer. Par contre, ils peuvent créer un EPSF, où le collège de secteur, donc le principal avec un adjoint, gèrera les écoles. C’est la disparition des directeurs d’école, avec toutes les conséquences que ça entraînerait sur le rapport entre l’école et les parents, la gestion des emplois du temps des Atsem, les réunions de conseil… Bref, tout cela n’est pas clair, donc nous proposons au ministre de tout reprendre depuis le début. Par contre ce qui est clair, c’est la question des contractuels, liée à la casse du

statut dans la Fonction publique. Sous couvert de former, on va envoyer des contractuels dans les classes : des étudiants dès le début de leur deuxième année de licence, quel que soit leur cursus. Les portes-flingues de la République en marche ont fait des contreattaques médiatiques en affirmant que c’était faux, que c’était pour l’aide aux devoirs, etc. C’est un mensonge par omission car, en effet, ils vont faire de l’aide aux devoirs mais ils vont aussi avoir le droit d’enseigner et de nous remplacer. Qui va les former ? Nous. J’ai l’exemple d’une contractuelle qui est venue, a fait un CP en REP toute l’année, a été formée par une collègue, elle a eu l’écrit du concours mais pas l’oral et, summum de l’hypocrisie, ils l’ont quand même appelée pour qu’elle reprenne à la rentrée. L’Éducation nationale est déjà un fruit bien entamé, malgré le travail que nous fournissons car le privé, avec plus de moyens et en sélectionnant les gamins, a de plus mauvais résultats. Mais il faut convaincre les gens du contraire, les convaincre qu’avec la mise en concurrence, il y aura de meilleurs résultats. On le voit avec la “culture de l’évaluation” que veut faire passer Blanquer et qui n’a qu’un but : servir une idéologie de casse de l’école et faire dire que 25 % des élèves ne savent pas lire et qu’on est naze en maths. Sinon, évaluer, moi je le fais tous les jours. Mais cette évaluation-là va mettre en concurrence les élèves, les collègues qui vont être payés au mérite et les établissements. Par contre, monsieur Blanquer fait disparaître le dispositif d’évaluation des politiques scolaires pour le remplacer par un conseil dont la plupart des membres vont être nommés par le ministre et qui va évaluer les écoles. Nous ne disons pas que tout va bien dans ce qui se faisait jusque-là, ça va même de moins en moins bien depuis longtemps. En France, on est les champions du monde du creusement de l’inégalité à cause de l’école, de la reproduction sociale, toutes les statistiques le disent. Mais cette loi va accélérer de manière exponentielle la casse de l’école publique. C’est ce qui nous inquiète. » Propos recueillis par Christelle Danglot

ROBERT PICQUÉ

Le comité de défense mobilisé Une enquête publique prévue en Novembre 2018 est ouverte sur la mise en compatibilité du Plan Local d’Urbanisme avec le projet BAHIA. Le Comité Robert Picqué appelle ses militants à y participer. Le comité dénonce la disparition du département de l’HRP « Santé Voyages Vaccinations » ou encore la suppression de l’héliport dans le nouvel établissement, il propose que les

terrains de Robert Picqué servent au développement d’un service public de santé, « dont les usagers de plus en plus nombreux dans ce territoire ont besoin », en complémentarité avec Bagatelle. Le comité sera présent à la Mairie de Villenave d’Ornon, le 7 mai à partir de 10h et prévoit un rassemblement le 24 mai à partir de 10h à Bordeaux Métropole.

À 5 semaines des européennes, rien n’est joué Beaucoup de Français sont en colère et il y en a des raisons d’être en colère : les services publics qui ferment, les pensions baissent, les salaires stagnent, les conditions de travail qui se détériorent… Mais aussi les riches sont toujours de plus en plus riches et paient de moins en moins d’impôts. Qu’ils portent un gilet jaune tous les samedis dans la rue ou sur les ronds-points, qu’ils portent une robe noire, un col bleu ou une blouse blanche, qu’ils brandissent un stylo rouge ou une paire de bottes, les français sont en colère et n’en peuvent plus. Cependant, les mobilisations ne s’amalgament pas. Les gilets jaunes en sont à leur 23e samedi de mobilisation, les enseignants s’organisent contre la loi Blanquer. Mais, dans ce paysage de lutte et de colère, un débouché peine à émerger. Bien évidemment, tous ceux qui ont intérêt à ce que rien ne change (le gouvernement, le grand capital…) font tout pour discréditer ceux qui luttent et caricaturer leurs revendications : les enseignants sont des corporatistes accrochés à leurs « privilèges », les gilets jaunes des beaufs à la Cabu, aux revendications totalement illégitimes… Le gouvernement essaie de continuer de nous dire toujours les mêmes choses, que les services publics coûtent cher et qu’il va falloir choisir ceux qui peuvent être conservés, que ce ne sont pas les salaires qui sont trop bas mais le travail qui est trop cher et les impôts qui sont trop élevés. Ces discours portent de moins en moins, tellement ils sont usés mais le gouvernement fait le sourd et gouverne avec des œillères. Nous sommes à 5 semaines du 26 mai, jour de l’élection européenne et rien n’est joué dans les urnes. Pour beaucoup de nos concitoyens, cette échéance est plus que lointaine. Mais, dans ce chaos organisé, la liste proposée par les communistes et conduite par Ian Brossat peut faire valoir ses spécificités. Elle est la seule à être composée de 50 % d’ouvriers et de salariés. Elle est proposée par le seul parti de gauche à s’être opposé à tous les traités européens qui ont précipité les peuples européens dans la situation d’austérité dans laquelle ils se trouvent aujourd’hui. Elle ne dit pas « votez communiste et demain tout ira mieux ». Elle ne nous promet pas le « dégagisme ». Mais ce que nous pouvons affirmer c’est que les communistes, partout où ils sont élus, disent ce qu’ils font et font ce qu’ils disent ! Avec un maximum de députés communistes et leurs alliés au parlement européen, le peuple de France et d’Europe se donne non pas des champions qui se battraient et décideraient à sa place, mais de véritables alliés, des portes voix de leurs luttes et de leurs espoirs pour qu’enfin, face à l’Europe du fric, on puisse faire triompher l’Europe de l’humanité et de la solidarité, l’Europe des gens !

Vincent Boivinet membre de l’exécutif du PCF 33 et du Conseil national

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INDUS EUROPE

Quelle politique industrielle ? l’Industrie est le secteur leader dans deux éléments clés de l’économie européenne : elle porte 80 % des exportations européennes et rassemble également 80 % des dépenses de Recherche et d’innovation dans l’UE. C’est un secteur d’abord porté par un maillage important de PME. Des écarts importants d’un État à l’autre

L’échec de la fusion entre Alstom et Siemens a ravivé le débat sur la politique industrielle à l’échelle du continent. Absence de politique ou politique qui ne nous convient pas ? Constatons d’abord (1) que l’industrie européenne occupe une place non négligeable dans l’économie européenne, particulièrement importante dans les domaines à haute valeur ajoutée (80 % des dépenses de Recherche et d’innovation dans l’UE). Selon Eurostat, en 2014, la production industrielle pesait 19,3 % de la valeur ajoutée de l’UE. Elle se classait devant les activités « Administration publique, défense, enseignement, santé humaine et action sociale » (19.1 %) et « Commerce, transports, hébergement et restauration » (18,9 %). 2,1 millions d’entreprises manufacturières ont généré 1 710 milliards d’euros de valeur ajoutée (26 % du total), employant 29,9 millions de personnes (22,1 %). Elle est le deuxième pourvoyeur d’emploi au sein de l’économie non-financière, après le secteur du commerce. Selon la Commission européenne,

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Le poids de l’industriel dans l’économie n’est pas le même d’un État à l’autre. En terme de part de l’industrie dans l’emploi total, la République tchèque apparaît première avec près de 29 %, suivie par la Slovaquie (24 %) et la Pologne (23 %). La France n’est que 23e, avec moins de 11 % d’emplois industriels. De grand écarts existent également en termes de poids économique : l’Allemagne enregistre une part de l’industrie dans le PIB de près de 26 %, l’Autriche de 22 %, l’Italie de 24 %, tandis que la France n’est plus qu’à 14 % du PIB, tout comme le Royaume-Uni avec 13,3 %, au même niveau que la Grèce. Même constat au sujet du poids de la R&D : en 2016, les dépenses de R&D les plus élevées se situaient en Suède (3,25 % du PIB) et Autriche (3,09 %), précédant l’Allemagne (2,94 %), le Danemark (2,87 %) et la Finlande (2,75 %), la Belgique (2,49 %), la France (2,22 % en 2015) et les Pays-Bas (2,03 %). Une place non négligeable mais un mouvement de recul important

Si l’industrie occupe toujours une place non négligeable en Europe, elle fait pourtant face à un mouvement de recul important particulièrement

renforcé par l’émergence de puissances industrielles, à l’image de la Chine. Sur une longue période, la part de l’industrie dans l’économie européenne enregistre d’importants reculs. Pour reprendre l’étude d’Eurostat, en termes d’emplois industriels, entre 1995 et 2015, l’Union européenne a subi une perte de plus de 26 % de l’emploi industriel : • La France a subi une perte de 32 %, • L’Allemagne, a vu son emploi industriel décroître de 19 %, • Le Royaume-Uni a enregistré une décrue de plus de 44 %, • Le pays le moins impacté est la République Tchèque avec une perte de 4 %. Même constat d’hétérogénéité, sur la même période 1995-2015, en termes de part du PIB réservée à l’industrie ; l’Union européenne a subi une perte de plus de 17 % de la part de l’industrie dans la valeur ajoutée : • Un groupe de cinq pays enregistrent une variation positive : l’Irlande, la Hongrie, la Pologne, la Bulgarie et la République Tchèque, • L’Allemagne entretient une stabilité relative avec une variation de - 0,8 %, • La France, en revanche, enregistre une baisse de plus de 26 %, • L’Italie, perd, elle, 21 % de part industrielle du PIB, • Et au sein des « grands Etats membres », c’est le Royaume-Uni qui souffre du recul le plus sévère avec une baisse de 40 %. Deux éléments statistiques interrogent pour comprendre la place occupée par l’industrie européenne dans le monde contemporain. La Chine a dépassé les États-Unis en production de valeur ajoutée industrielle dès 2010, ces deux puissances occupant les deux premiers rangs. La montée en puissance des tigres asiatiques, des pays moyens comme le Mexique, l’Indonésie, le Nigeria ou la Turquie constitue également un signe décisif. L’ensemble des classements relatifs au PIB des pays placent désormais la Chine en tête, tandis que des pays comme la France et le Royaume-Uni reculent. Selon la Banque mondiale, certaines grandes puissances conservent un poids important de l’industrie dans leur économie nationale. Ainsi, en Chine, la part de l’industrie dans la valeur ajoutée est de 40 %, elle atteint 26,3 % en Inde, 40 % en Indonésie, 33 % au Vietnam, 30 % au Mexique ou en Russie. Le traité de Maastricht établit la compétitivité comme objectif premier de politique industrielle de l’Union. Le recul de la production industrielle en Europe n’est pas le résultat d’une absence d’intérêt des institutions européennes pour ce secteur, il s’agit du résultat d’une stratégie bien ancrée historiquement basée

sur la volonté de mettre le marché intérieur au service des entreprises et de la concurrence. La stratégie de la Commission de 1990, prise dans la perspective de l’entrée en vigueur du traité de Maastricht établissait clairement la compétitivité comme objectif premier de politique industrielle de l’Union et l’apport, relativement à cet objectif, du droit de la concurrence dans la garantie d’un fonctionnement effectif des marchés. En France, également, les gouvernements et acteurs de la filière industrielle ont fait les mêmes choix : • Rejet de principe de l’intervention publique, contrairement à des grandes puissances émergentes comme la Chine qui investit plus de 3 000 milliards d’euros dans leur développement industriel. • Renvoi à l’Etat du financement des projets les plus risqués. • Recherche de rentabilité des investissements publics en matière industrielle à l’image de ceux d’un actionnaire privé. Rompre avec ses logiques et se donner les moyens

C’est bien l’ensemble du logiciel européen de politique économique qu’il s’agit de refonder. À l’inverse de ce qui est prôné par la Commission européenne, il faudrait donner à l’Europe et à ses Etats membres les moyens réels de développer

l’industrie. Aussi, en rupture avec les logiques européennes le PCF formule des propositions : • Créer un fonds européen de développement social et écologique financé par la BCE, permettant une réponse aux besoins des populations. • Imposer des visas écologiques et sociaux aux importations de pays tiers, • Développer les échanges industriels internationaux plutôt que les logiques de concurrence. • Développer une entreprise commune européenne de développement numérique permettant d’accompagner la transition, particulièrement pour ce qui concerne les réseaux 5G. • Imposer, dans les marchés publics, des clauses de production européenne. • Abonder le fonds de développement industriel par les recettes tirées de la lutte contre l’exil fiscal. • Renationaliser les infrastructures essentielles au développement industriel, de même que les banques d’investissement, plutôt que de parier sur le capital privé. • Utiliser les règles de concurrence pour sanctionner les entreprises qui trichent, et non les États membres. Jean-Jacques Bordes (1) Les données citées sont issues d’une étude Eurostat publiée en 2016.

L’INDUSTRIE EN VILLE C’EST POSSIBLE

L’exemple du refit à Bordeaux

Le développement du refit, activité industrielle navale, à Bordeaux a été rendue possible, même si la bataille n’est pas finie, par l’opiniâtreté et de la clairvoyance des élus et militants communistes ainsi que du tissu associatif. Ils ont su démontrer l’opportunité économique de cette activité et sa coexistence possible avec la densification du quartier Bacalan, plutôt destiné alors à se tourner vers le tourisme.

Et il ne manque plus désormais qu’un premier grand yacht dans les formes de radoub pour que le projet de refit (transformation et maintenance) se concrétise aux Bassins à flot. C’est l’étape la plus cruciale, la dernière marche peut-être à la plus haute avant que ce projet ne trouve un véritable aboutissement. Et c’est de loin la plus évidente pour le cluster d’entreprises Bordeaux Superyachts Refit, malgré la promotion assurée auprès des donneurs d’ordres potentiels, jusque dans


STRIE les salons monégasques. Ce cluster, qui a été constitué en 2012, regroupe une quarantaine d’entreprises girondines afin de développer l’activité de refit et maintenance de superyachts et mégayachts sur la façade atlantique. Cette activité s’est jusque-là développée en Méditerranée, au plus près des clients. Au vu de la saturation du secteur méditerranéen et d’une distance à relativiser avec la durée des travaux (un chantier dure plusieurs mois), une opportunité était à saisir. La Rochelle a eu la même idée et s’est aussi lancée dans la course. Même si le site rochelais a eu un temps d’avance et que les deux pôles peuvent apparaître en concurrence, ils partagent le même objectif, faire de la façade atlantique une destination crédible pour cette activité pouvant potentiellement générer plusieurs centaines d’emplois. À Bordeaux, la partie n’était pas gagnée quand le cluster s’est lancé. Les deux formes de raboub du bassin numéro 1 étaient alors menacées, quand Alain Juppé voulait faire des bassins à flot une marina dépourvue de toute activité industrielle. Les communistes, notamment dans le cadre de leur représentation d’alors au conseil municipal et par la voix de Vincent Maurin, furent les premiers à défendre le maintien de cet outil. À Bacalan, le tissu associatif, notam-

ment l’association Vie et Travail, s’est également mobilisé. La bascule ne s’est d’ailleurs faite que sous pression, au moment de la campagne des municipales 2014. Si les formes de radoub n’ont pas encore accueilli de superyacht, elles ont rappelé toute leur utilité ces deux dernières années avec une activité correspondant à celle de la navigation sur le fleuve et l’estuaire. Le bac Vauban, des bateaux de croisières fluviales, la barge de l’A380 y sont passés en maintenance. Dernièrement, c’est l’I-Boat qui a traversé le bassin numéro un pour s’y retrouver quelques semaines en cale sèche. L’avenir de cette activité industrielle passera par un maintien et un renforcement des outils disponibles en Gironde : les deux formes de radoub des bassins à flot, le slipway (1) de Bacalan et la grande forme de Bassens. Cette dernière, utilisée ces dernières années pour le démantèlement du Jeanned’Arc et du Colbert, peut aussi être mobilisée en matière de maintenance. L’avenir passe aussi par une volonté politique forte de développement de l’activité sur le fleuve, tant en matière de transports de marchandises que de transports publics. O.E. (1) Plan incliné permettant de sortir les bateaux hors de l’eau

GETRAG FORD TRANSMISSIONS BLANQUEFORT

NOUVELLE AQUITAINE ET GIRONDE

Visualisation de l’affaiblissement de l’Industrie La DIRRECTE Nouvelle Aquitaine publie régulièrement des statistiques sur l’emploi et l’activité économique dans la région. Sa dernière livraison « Chiffres clés de la Nouvelle Aquitaine 2017 » montre un poids assez identique à la moyenne nationale de l’emploi industriel dans l’emploi total (salarié et non salarié), autour de 12 %, et un nombre d’établissements légèrement au-dessus (6 % contre 5,2 % en France). Probablement la visualisation de la présence de TPE et PME autour des industries « phares » comme l’aéronautique et l’automobile.

(31,6 % contre 33,2 % en Région avec une pointe à 40 % en Creuse). Néanmoins, d’après l’observatoire de Pôle emploi, dans la métallurgie le nombre de postes salariés a progressé au cours des 10 dernières années (+3,4 %), notamment dans la fabrication de matériel de transport, hors aéronautique et spatial. Le bassin

d’emploi de Bordeaux concentre 86 % de ces emplois. De ces données, on retirera que l’affaiblissement de l’Industrie est marqué, ce qui renvoie aux données publiées par Eurostat, plaçant la France sous la moyenne européenne. *Administrations, services publics

En 2015, la Nouvelle Aquitaine comptait 279 800 emplois industriels dans 37 100 établissements Mais dans ce panorama, la Gironde fait office de parent pauvre avec des parts d’emplois et d’établissements nettement inférieures. Et les risques qui pèsent sur Ford et Getrag n’éclaircissent pas l’horizon. En 2015, la Gironde comptait 62 500 emplois industriels dans un peu moins de 8 100 établissements. L’emploi en Gironde, selon l’INSEE, est très marqué par le tertiaire marchand (49 % des emplois contre 43,8 % dans la Région) et un peu moins dans le non marchand*

Un avenir incertain

Jacques Padie et Max Guichard avec les syndicalistes CGT de Getrag

Faute de ne pouvoir lancer un droit d’alerte officiel dans l’entreprise, n’ayant que 2 sièges sur 7 au CE, la CGT de Getrag Ford Transmissions a décidé de lancer l’alerte aux collectivités locales pour ne pas revivre le drame humain de Ford. Le groupe communiste de Bordeaux Métropole est allé les rencontrer le vendredi 12 avril au siège de leur CE et les ont assurés de leur soutien. Getrag Ford Transmissions est une entreprise de 1 200 salariés (840 CDI,

88 CDD, 56 FAI et 219 intérimaires) qui produit 550 000 boîtes de vitesse par an pour Ford, son client unique. Des boîtes de vitesse manuelles destinées essentiellement à la « Fiesta » et à la « Focus » essence. Getrag est détenu par Ford pour 50 % et par Magna, pour les 50 % restants. Les salariés appréhendent le retrait de Ford de l’actionnariat qui devrait intervenir à l’été prochain et sont dans le flou quant aux intentions de Magna. La CGT GFT a demandé à un cabinet extérieur l’analyse de la situation

financière et stratégique de l’usine, et les sources d’inquiétude sont très nombreuses. Tout d’abord l’entreprise accuse de lourdes pertes financières (54 millions en 2017 et 28 millions attendus en 2018) et les coûts fixes que devra assumer GFT seul, après le départ de FAI (Ford Aquitaine Industrie), comme la centrale électrique et le traitement des eaux, ne vont pas aider à réduire les pertes. La stratégie industrielle de Ford, qui se retire du marché européen réduisant ses effectifs de 22 000 emplois sur 55 000 sur toute l’Europe (5 000 licenciements en Allemagne dernièrement) inquiète sur la pérennité de l’activité industrielle de GFT centrée sur de la boîte de vitesse manuelle pour le marché européen. De plus Magna a racheté les parts de Ford à Kechnec en Slovaquie et a décidé d’investir 170 millions d’euros pour lancer une nouvelle génération de transmission à double embrayage et sa version hybride. Qu’en sera-t-il pour Getrag Blanquefort quand Magna rachètera les parts de Ford ? Aujourd’hui le carnet de commande est assuré jusqu’à fin 2020 mais après ? Ford a prévu de sortir ses modèles de voitures hybrides et comment va s’inscrire l’usine de Blanquefort dans cette nouvelle production ? Le risque est de voir la production de l’usine de Kechnec se développer tandis que celle de

Blanquefort sera en perte de vitesse avec la boîte manuelle s’il n’y a pas de nouveaux investissements vers de nouveaux produits au-delà de 2020. Les responsables de la CGT veulent des réponses et font valoir le droit d’alerte.

Ils ont fait part également de leur souffrance au travail, d’un management au « fouet ». L’entreprise a connu de nombreux départs en retraite mais aussi des démissions, et fait face à un fort absentéisme dans certains services, en raison des conditions de travail et des salaires très bas, 1 280 euros pour faire les 2x8 ! Les salariés aiment leur travail et veulent le faire bien mais n’ont pas les moyens de faire de l’excellence. Les représentants syndicaux ont ainsi pointé la perte de savoir-faire. « Aujourd’hui on recrute des presse-boutons qui n’ont pas le bagage technique et l’esprit métallo » regrettent les salariés « on leur donne une formation rudimentaire de 3 jours avec un tuteur avant de les lâcher seul sur les machines. » La qualité de la production s’en ressent puisqu’ à la sortie seule 1 pièce sur 3 est bonne, et c’est 600 000 euros par mois de « scrap » (rebus industriel) que jette l’entreprise. Les représentants CGT pointent le manque de personnels, « parfois il n’y a qu’un opérateur pour 3 machines », le manque de formation, le manque

d’entretien des machines et un encadrement qui passe outre les procédures de contrôle perçues comme une « perte de temps ». Aujourd’hui ces militants syndicaux appréhendent fortement le départ de Ford cet été et de se retrouver face à Magna dont le seul but, comme fonds de pension, est de faire de l’argent. Ce n’est pas un industriel automobile. Max Guichard, président du groupe communiste à la Métropole et Jacques Padie, adjoint au maire de Blanquefort ont assuré les salariés de Getrag de leur entier soutien et de faire entendre leur alerte dans l’enceinte de l’assemblée métropolitaine. Ils ont rappelé que les élus communistes portent une autre politique industrielle basée sur l’innovation et s’appuyant sur les compétences des salariés qui doivent avoir un droit de regard sur la gestion de l’entreprise. Depuis plusieurs années, ils revendiquent la création d’un pôle industriel autour des véhicules de demain, électriques et hydrogènes. Le site de Blanquefort a les ressources et le savoir-faire dans ces domaines et ne doit pas être abandonné aux appétits financiers de Magna mais être à la pointe, comme acteur industriel, pour porter les transports propres de demain auxquels aspirent toutes les collectivités locales et qu’exigent les bouleversements climatiques que nous connaissons. Stéphane Le Bot Les Nouvelles 18 avril 2019 • 5


PCF MEETING À BOULAZAC

Pour une Europe plus humaine

Mardi soir (9 avril), le meeting de Fabien Roussel dans le cadre de la campagne des Européennes en présence de deux membres de la liste « L’Europe des gens, pas celle de l’argent », Nathalie Fabre, maire de Montferrand du Périgord et Arthur Hay, de Bordeaux, a attiré environ 500 personnes à la salle Jean Jaurès de Boulazac, dans une belle ambiance. L’affluence à la salle Jean Jaurès de Boulazac a démontré l’engouement suscité par la liste menée par Ian Brossat pour les Européennes. Après un accueil par Jacques Auzou, maire de Boulazac et Julien Chouet, le secrétaire départemental du PCF. Arthur Hay a pris la parole faisant part de son parcours de livreur à vélo et de son combat pour créer un syndicat dans ce métier où tous sont auto-entrepreneurs et exploités par les plateformes de type Uber. Nathalie Fabre a pris la parole, faisant part de son expérience de maire d’une commune de moins de 200 habitants et de dirigeante d’un club de rugby associatif. Un mode rural qui souffre des politiques libérales qui poussent aux fusions de communes mais aussi des politiques d’austérité qui étouffent les collectivités comme le monde associatif. Elle a témoigné de son expérience avec les Gilets jaunes,

étant une des premières mairies de Dordogne à ouvrir des cahiers de doléances. C’est enfin Fabien Roussel qui a pris la parole rappelant que « ici comme ailleurs les mêmes faux remèdes nourrissent les crises démocratiques, le dépeçage des services publics, la guerre contre les fonctionnaires, les délocalisations et l’austérité ». Il a dénoncé la fermeture des écoles, des bureaux de poste ou des lignes ferroviaires, saluant au passage le combat des cheminots, les fermetures de maternités : « deux tiers en moins en 40 ans soit moins de 500 restantes en France. Voilà à quoi ça mène la casse du service public ». Il a dénoncé les fusions de communes à marche forcée : « en Europe, il y a 72 000 communes dont 36 000 en France. Pour eux, c’est une anomalie sauf qu’elles sont notre histoire celle de la révolution. Les communes c’est la République et on se battra pour les défendre ». Il a ensuite dénoncé les projets du président de supprimer un grand nombre de députés alors que le « problème ce n’est pas la quantité des députés mais la qualité. Il faut plus d’ouvriers, de

salariés, d’infirmiers, de retraités, de gens issus du peuple ». Puis il a abordé le sujet des politiques d’austérité dont « les 3 % de déficit imposés par l’Europe sont l’alpha et l’oméga. À cause de cela, on coupe dans les budgets et on privatise les services publics. On nous promettait au prix de ces sacrifices la prospérité. Au lieu de ça, 15 % des moins de 25 ans sont au chômage en Europe, 17 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté soit 87 millions de personnes. (…) La précarité touche davantage les femmes qui sont 38 % à subir des temps partiels (…). Sans oublier l’augmentation des travailleurs pauvres, ou les agriculteurs que l’on soumet à une concurrence sauvage et les millions de retraités dont les retraites sont tellement indignes qu’elles poussent certains d’entre eux à trouver des petits boulots pour survivre. En plus du gel des pension, on leur augmente la CSG ce qui fait que 16 millions d’entre eux ont vu baisser leur pension avec une perte nette de 450 euros par an, du jamais vu ! Cette colère nous la portons avec eux pour demander le droit de vivre

dignement après avoir cotisé toute une vie. Tout comme la colère des salariés dont les salaires sont toujours tirés vers le bas. Que ce soit dans le privé comme dans le public avec les catégories C (…). Comment élever dignement ses enfants et avoir des loisirs ? C’est pourquoi nous demandons 200 euros d’augmentation nette pour tous et immédiatement ». Fabien Roussel a ensuite salué la mobilisation des Gilets jaunes : « 21 semaines de mobilisation et de colère sincère et profonde ». Il a rappelé les autres mobilisations, « les blouses blanches ou roses, les enseignants, etc., nous serons aussi auprès d’eux ». Puis il est revenu sur l’Europe de la finance, « ce qui tue l’Europe ce sont les financiers, les affairistes, le capitalisme, soutenus par toutes les droites et même certaines formations de gauche. Cette Europe a tourné le dos à l’union des peuples pour créer un espace continental dévolu à la concurrence libre et non faussée. Elle a créé des règles pour que l’argent aille à l’argent. 1 000 milliards d’euros échappent chaque année aux budgets des pays Européens. C’est l’Europe des paradis fiscaux. Pas seulement pour les GAFA mais aussi Starbuck, Mc Do, Engie, Renault, la BNP ou la Société générale. Ils vont en Irlande où le taux d’ imposition est de 0,003 % avant de mettre leur argent aux Bermudes où le taux est de zéro. On va vous parler dans les jours à venir de la taxe GAFA sur les géants d’internet, nous la surnommons “Grande Arnaque Fiscale Annoncée” ou “taxe Peanuts” car elle rapportera des cacahuètes : 300 millions d’euros contre 15 milliards d’évasion fiscale. Face à ces inégalités l’extrême droite a toujours la même réponse. Mais ce

ne sont pas les migrants qui sont responsables de l’évasion fiscale, des délocalisations, de la fermeture des bureaux de poste ou que les gens meurent dans les Ehpad. Les responsables ce sont les financiers, il faut les nommer. Nous sommes pour la souveraineté nationale mais pas au sens où l’entend l’extrême droite, nous voulons pouvoir voter notre budget, subventionner nos services publics, soutenir nos industries et avoir une Sécu à 100 %. Nous voulons une Europe de la coopération contre le réchauffement climatique et pour le développement du rail, le doublement du fret en cinq ans, la gratuité des transports partout où c’est possible et la création de 500 000 logements neufs moins énergivores par an. » Et pour financer ces mesures, il faut remettre la BCE au service des États. « Elle a distribué 3 000 milliards d’euros aux banques privées qui prêtent aux collectivités avec des intérêts. Nous voulons que ce soit à zéro % pour financer ce qui est nécessaire. » Fabien Roussel ne pouvait parler d’Europe sans parler de paix et de sortie de l’OTAN, « il y a une pression des USA pour que nous augmentions notre part de financement de l’OTAN. En France d’ici 2023 le budget pour la dissuasion nucléaire va passer de 36 à 50 milliards. Nous disons que nous n’avons pas besoin d’ogives nucléaires mais d’écoles et d’hôpitaux ».

Viol (CFCV), est une association créée en 1985, pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles faites aux femmes, en leur apportant notamment un soutien moral, matériel et juridique, dans le cadre de leurs démarches. « Les mouvements récents de libération de la parole des victimes de violences sexistes et sexuelles, doivent naturellement être portés et soutenus par le PCF dans la société, mais aussi au sein même de son organisation », a déclaré celle-ci. Pour rappel, des adhérentes du MJCF avaient dénoncé des agressions sexuelles dont elles ont été victimes. Le PCF a exprimé son soutien sans faille à ces jeunes femmes et à l’ensemble des victimes. Il a salué le

courage qui les anime dans le prolongement du mouvement de libération de la parole des femmes victimes de violences sexistes et sexuelles. Le PCF et le MJCF se sont alors engagés à agir et à signer une convention avec un organisme externe d’alerte et d’aide aux victimes.

Le secrétaire départemental du PCF a enfin appelé à une mobilisation massive le 26 mai. « Pour redonner de l’espoir il y a besoin du vote communiste car on ne mène pas la même politique avec un PC à 15 % qu’avec un PC inexistant. Et n’attendez pas le second tour il n’y en a pas. On vote à la proportionnelle, si nous faisons 5 %, nous envoyons quatre députés d’un coup ». avec l’article de Philippe Jolivet sur l-echo.indo, 10/04/19

VIOLENCES SEXUELLES ET SEXISTES

Le PCF et le MJCF signent une convention avec le CFCV Le 10 avril, le Parti Communiste Français (PCF), le Mouvement Jeunes Communistes de France (MJCF) et le Collectif Féministe Contre le Viol (CFCV) ont signé une convention pour la mise en place d’une cellule d’écoute indépendante afin de recueillir la parole des victimes, leur apporter un soutien et combattre les violences sexuelles et sexistes dans leurs organisations.

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, Hélène Bidard, responsable de la commission féministe et droits des femmes au PCF et Camille Lainé, secrétaire générale du MJCF

6 • Les Nouvelles 18 avril 2019

Le 10 avril, le PCF et le MJCF ont signé une convention avec le CFCV pour mettre en place une cellule d’écoute indépendante, externe au PCF, afin de recueillir la parole des victimes, en tout indépendance. Le Collectif Féministe Contre le


PCF DÉBAT À SAINT-SYMPHORIEN

TOMBOLA

La démocratie, une culture à partager… dans l’entreprise aussi

Soutenez la Fête de l’Humanité Gironde !

Le 6 avril à Saint-Symphorien, une cinquantaine de personnes a participé au débat sur l’Économie sociale et solidaire (ESS), initié par la section du PCF de Haute Lande, dans le cadre des « rencontres rurales ». Un moment riche en information qui invitait à se mêler d’économie pour libérer le travail. Bernard Sengayrac, secrétaire de la section de Haute-Lande a rappelé les objectifs de la rencontre et présenté les intervenants du débat, le samedi 6 avril à Saint-Symphorien : Sylvie Mayer, responsable du secteur Économie Sociale et Solidaire du PCF, David Hellak, délégué régional de l’Union régionale des SCOP d’Aquitaine, Bruno Fontan, PDG de la SCOP Aquabio, vice-président de l’UR des SCOP Aquitaine, Arthur Hay, créateur d’une SCOP de coursiers à vélo et candidat sur la liste de Ian Brossat aux européennes et Frédéric Mellier pour la fédération du PCF. Sylvie Mayer expose, dans les grandes lignes, ce qu’est l’économie sociale et solidaire (lire notre dossier du 4 avril dernier). Pour caractériser d’abord le système économique dans lequel nous vivons tou-te-s, elle cite Patrick Artus, directeur de recherche chez Natixis et Marie-Paule Virard, rédactrice en chef d’Enjeux les Échos, décrivant la globalisation (Globalisation, le pire est à venir) : « une machine inégalitaire qui mine les tissus sociaux ; un chaudron qui brûle les ressources rares, encourage les accaparements et accélère le réchauffement de la planète ; une machine à inonder le monde de liquidités et à encourager l’irresponsabilité bancaire ; un casino où s’expriment tous les excès du capitalisme financier ; une centrifugeuse qui peut faire exploser l’Europe… » Pour sortir de cette société capitaliste mortifère, Louise Gaxie et Alain Obadia (Nous avons le choix, 2013) proposent 5 concepts : Le progrès humain comme finalité, la démocratie comme matrice, la durabilité comme logique, la coopération comme démarche et l’appropriation populaire. Pour Sylvie Mayer,

chacun de ces points renvoie aux caractéristiques de l’ESS qui n’est « pas un secteur mais un mode d’entreprendre », « une économie de la transformation qui peut contribuer à aller vers un autre modèle de société ». L’ESS comprend donc toutes les formes de coopératives (SCOP, SCIC, CAE, coopératives agricoles, de pêche, de commerçants, de consommateurs, coopératives scolaires, bancaires…) ; les associations (des plus petites aux plus grandes dans le domaine de la santé ou du service à la personne, par exemple) ; les mutuelles d’assurance et de santé ; les fondations et les comités d’entreprises ; certains acteurs du commerce équitable et les monnaies locales. Et tout cela ne fonctionne pas au mieux dans le meilleur des mondes. La responsable du PCF a notamment évoqué la volonté du gouvernement de tirer l’ESS vers l’innovation commerciale (« social business », « french impact ») plutôt que l’innovation sociale. Après une présentation des SCOP dans la région et de leur encadrement légal par David Hellac, Bruno Fontan est revenu sur son choix d’avoir développé son activité en coopérative (lire aussi notre dossier du 4 avril) mais il a insisté sur les difficultés rencontrées lorsque l’environnement reste, lui, capitaliste donc concurrentiel : pour être concurrentiel lorsque les marchés publics n’ont pas de clauses sociales, pour faire des choix de croissance lorsque les risques reposent sur tous, pour recruter des salariés qualifiés à des salaires pas toujours attractifs, pour faire partager les valeurs de l’ESS à des salariés qui deviennent également, au bout de 2 ans, des associés de l’entreprise mais ne mesurent pas toujours l’engagement que cela implique… Des difficultés dont certaines ont déjà pu être vérifiées par Arthur Hay

qui a choisi de créer une coopérative de livraison à vélo pour rompre avec l’exploitation des plateformes numériques et explique comment ce modèle économique apparaît comme une alternative même à l’échelle internationale, et dans un premier temps à l’échelle européenne, pour ces autoentrepreneurs qui veulent se libérer. « Mais nous avons constaté que pour qu’il y ait démocratie, il faut que chacun maîtrise les tâches et les enjeux de gestion, cela demande de la formation. C’est un vrai travail supplémentaire quand, de leur côté les plateformes paient de moins en moins cher les autoentrepreneurs. Mais nous en sortons par l’éthique, la réactivité, l’honnêteté. Une entreprise où tout le monde est patron, ça crée des avantages perceptibles par les clients. » Fred Mellier a rappelé que les communistes avaient été fer de lance dans la création des coopératives agricoles et les mutuelles. Et si, aujourd’hui, « le sujet revient c’est que les conditions de travail très dures, la perte de sens du travail, la fermeture d’entreprises et la prise de conscience environnementale font qu’il n’y a plus de perspectives dans l’entreprise privée. Il y a des atouts extraordinaires dans l’ESS avec l’idée d’appropriation collective, de donner du sens à la production et au travail. En faire l’expérience, c’est déjà changer la société. » Pour Fred Mellier, si les questions de démocratie s’y posent, c’est qu’il n’y a pas de réelle culture démocratique dans notre société et que celle-ci s’acquiert, se partage, avec du temps. Il a rappelé la bataille des élus communistes pour la multiplication des critères pour les marchés publics, où il manque toujours les critères sociaux et de traitement des salariés. Même si, à l’échelle d’une petite commune, sur certains budgets, il est possible de faire avancer des choses, comme le rappellera, dans le débat, le maire de Saint-Pierre d’Aurillac, Stéphane Denoyelle. Les questions de démocratie, de pouvoir dans l’entreprise et du sens donné au travail font écho dans la salle. Mais toutes les questions, pour Fred Mellier, ramènent à celle du financement de l’économie. « Nous devons arriver à construire une culture de l’appropriation collective de l’argent car c’est un enjeu central. C’est la proposition que fait le PCF pour l’Europe à travers une réorientation de la BCE qui permettrait de créer un fonds social et environnemental pour financer toutes les activités utiles à la société, aux critères sociaux et environnementaux. » Christelle Danglot

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La Fête de l’Humanité Gironde se déroulera, cette année, les samedi 11 et dimanche 12 mai 2019. Pour soutenir l’événement, la Tombola et sa vente militante sont de retour. Les carnets de 5 tickets à 2 € chacun (donc 10 € le carnet) sont disponibles à la fédération du PCF (15 rue Furtado à Bordeaux) et auprès des militants communistes. En achetant un carnet votre entrée sur la fête est offerte. De nombreux lots solidaires sont à gagner !

MARDI 30 AVRIL 2019 20H, CRÉON salle citoyenne de la mairie

la section du pCf des 2 rives (Cadillac-Créon-Langoiran-Targon)

vous invite à une réunion débat :

Urgence pour nos services publics EN PRÉSENCE DE

Marie-pierre vieu, députée européenne communiste, et candidate sur la liste de Ian Brossat aux Européennes 2019

15 rue Furtado, 33800 Bordeaux // 05 56 91 45 06 // gironde.pcf@gmail.com

L’EUROPE DES GENS, PAS DE L’ARGENT

@pcfgironde

Rencontre à Lormont avec Arthur Hay et Jean Querbes L’EUROPE DES GENS PAS L’EUROPE L’ARGENT Lors de la rencontre publique avec leDE candidat Arthur Hay nous avons pu apprécier sa fraîcheur etVOTEZ son dynamisme. Les explications sur son LE 26 MAI, POUR IAN BROSSAT travail directement connecté aux exploitations d’aujourd’hui l’ont amené à montrer l’importance#EUROPEDESGENS d’avoir un combat clair contre le système et l’importance du vote pour la liste conduite par Ian Brossat très représentative de la grande diversité de la population de l’ouvrière à l’écrivain, de l’enseignant au médecin… De son côté Jean Querbes nous a permis de bien apprécier tous les rouages du parlement européen, et surtout d’avoir des élus pouvant modifier les rapports de force en s’appuyant sur les différents mouvements d’opinion. L’importance donc de voter et faire voter massivement pour la liste conduite par Ian Brossat en s’adressant dans cette campagne à nos familles, nos connaissances… La campagne commence, les sondages bougent favorablement. Il faut y aller confiants et déterminés. Pierre Vignau

SOUSCRIPTION

Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera efficacement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. Les versements sont à envoyer à la fédération de Gironde du PCF - 15 rue Furtado - 33800 Bordeaux, à l’ordre de l’ADF PCF 33

ILS ONT DONNÉ 580 euros : Mme HENRIOUX Marie José, Eysines ; Mme Moison Françoise, Gradignan ; M. DAYGUESPERSE Jean, Bassens ; M. NEVES DE ALMEIDA Joaquin, Ambarès ; M. HUNOT Jacques, Mérignac ; LEROUX E VASQUEZ, Le Haillan ; M. BAILANGER Stéphane, Mérignac

Les Nouvelles 18 avril 2019 • 7


CHRONIQUE

CULTURE & SOLIDARITÉ

NOUVELLES IDÉES REÇUES

BORDEAUX

par Gérard Loustalet Sens www.nir-33.fr

Une école Anne-Sylvestre pour rêver bien haut

La chanteuse était à Bacalan vendredi 12 avril, pour inaugurer le nouveau nom de l’école Labarde. Une belle reconnaissance et de belles chansons à apprendre pour les enfants de ces quartiers populaires de Bordeaux. Ils sont suffisamment rares les mo-

ments où la poésie s’empare d’une institution, pour qu’on s’y attarde un peu. Car c’est une poétesse qui vient de donner son nom à l’école Labarde, dans les quartiers Nord de Bordeaux. Une école de quartier très populaire, sur laquelle s’était plaquée « une difficile renommée », explique la directrice devant les élus et l’équipe pédagogique réunis. Pas question, assure-t-elle, de renier l’histoire de cette école où « les élèves faisaient l’expérience d’une vie dans une sorte de tour de Babel, chacun arrivant avec ses origines et ses bagages petits ou grands, rencontrait les autres dans un chaleureux bain multiculture ». Mais il fallait un nouvel élan… L’équipe pédagogique a donc choisit la maman de la petite Josette et des Fabulettes pour écrire ce nouvel envol. Ce qui permit aux enfants du réseau RASED d’entonner la « maison pleine de fenêtres » et à toute l’école de fredonner le « Vol haut » d’un drôle d’oiseau qui apprend à voler « à l’école, Dessus le grand ormeau ».

« Il y a ici des enfants de toutes les couleurs et j’en suis ravie, sourit la chanteuse qui a donné presque 60 fois son nom à une école dans l’hexagone. À travers les fabulettes et autres chansons, poursuit-elle, les enfants chantent aussi des valeurs de tolérance, d’amour et de respect des filles. Et quoi de mieux qu’une chanson pour les intégrer ? » Présent en voisin, puisque directeur de l’école Charles-Martin, le communiste Vincent Maurin formulait le vœu que « puisse ce bref moment de chaleur émancipatrice ouvrir un chantier de fond posant les bases d’une véritable quête de mixité sociale et scolaire dans ce quartier nord de Bordeaux ». Pas tout à fait la ligne du nouveau maire de Bordeaux, aussi présent. Mais ce sont les chansons d’Anne Sylvestre que les enfants de Bacalan apprendront et dans ces chansons, on apprend à rêver et à « voler bien haut ». VB.

SECOURS POPULAIRE FRANÇAIS

Solidarité mondiale au parc Mussonville

Dans le cadre de son Printemps de la solidarité mondiale, la fédération de Gironde organise le 25 avril prochain une grande journée d’animations au parc Mussonville, à Bègles avec une grande chasse aux œufs dès 10h.

Le Secours populaire français entame son « Printemps de la solidarité mondiale ». « Dans un contexte planétaire où les fléaux du racisme, de la xénophobie, de la haine de l’autre font rage, il est indispensable d’agir au développement de la solidarité partout dans le monde », déclare l’association.

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932

8 • Les Nouvelles 18 avril 2019

Celle-ci mène plus de 200 actions d’urgence et programmes de développement dans une soixantaine de pays, à l’aide d’un réseau de 150 partenaires locaux qui imaginent, construisent et mettent en œuvre les projets. En Gironde, les actions sont nombreuses, elles impliquent les enfants « Copain du Monde » qui deviennent auteurs et acteurs de ces projets de solidarité. Au Burkina Faso, la fédération du SPF a participé au financement de panneaux solaires pour trois salles de classe et s’est engagée dans un projet de construction d’un orphelinat à Saaba ; au Maroc, elle a livré un bus pour le ramassage scolaire et s’est engagée dans la construction d’une salle de classe dans une école maternelle ; au Mali, elle finance une cantine scolaire. C’est pour aider à financer ces actions, et pour leur donner de la visibilité que le Secours populaire de Gironde organise cette année encore une grande journée d’animation ouverte à tous. Journée ludique et conviviale, elle permettra aux petits de s’amuser et aux grands de découvrir les actions de solidarité. Des animations sportives, culturelles, ludiques seront proposées dès 10h au parc Mussonville de Bègles : chasse aux œufs (3-6 ans), maquillage, contes, initiation au rugby avec Ovale citoyen, théâtre avec les enfants Copains du Monde, slackline, musique avec la fanfare Grasse-Band, braderie de jouets, librairie solidaire… Participation : 3€ par enfant. Goûter offert.

Archéologie du macronisme Mépris de classe, arrogance, cupidité sont des comportements de dominants aussi anciens que la bourgeoisie. C’est dire que le macronisme qui les pratique avec ardeur n’a vraiment rien d’un « nouveau monde ». Avatar crépusculaire d’un demi-siècle de néo-libéralisme, Macron a parmi ses ancêtres des spécimens aussi affriolants que des Pompidou, des Reagan… Qui se souvient de cette sidérante allocution télévisée, en 1967, d’un Pompidou obsédé par la « concurrence » et les exigences de « sacrifices », une « thématique de Père Fouettard », comme dit Serge Halimi qui le cite dans son irremplaçable ouvrage publié en 2004 chez Fayard, Le grand bond en arrière. Comment l’ordre libéral s’est imposé au monde. Selon Pompidou, « vous avez pendant cinquante ans vécu à l’abri de protections inadmissibles (…). Il n’y avait aucune concurrence (…). La liberté de concurrence cela veut dire que ceux qui produisent le mieux et le meilleur marché gagnent (…). Il faut prendre des risques (…), vivre désormais dans la préoccupation permanente (…), toujours menacés par la concurrence (…). La loi de la concurrence (est) la seule raison d’être du libéralisme ». Conclusion : « créer de nouvelles protections », ce serait « inviter les gens à la paresse » (pp. 359-360). Ce credo est celui de Macron. Par une étrange coïncidence, Pompidou, comme Macron, ont été banquiers chez Rothschild. L’argent est leur domaine. Une forme de terrorisme intellectuel interdirait aujourd’hui d’évoquer la banque Rothschild sous la suspicion insidieuse d’antisémitisme. C’est insupportable. La banque protestante est puissante et les dynasties des Schlumberger, des Neuflize, des Mallet n’ont rien à envier aux Rothschild ou aux Lazard… L’origine et la religion ne font rien à l’affaire. Mais il y a pire. Mettre en cause le capitalisme, c’est s’attaquer à l’argent et s’attaquer à l’argent ce serait s’en prendre aux Juifs. Conclusion de cet intolérable amalgame, tout anticapitaliste est un antisémite ! On notera avec intérêt que de prétendus philosémites reprennent ici sans se gêner un des poncifs les plus éculés de l’antisémitisme. Cette infamie rejoint une offensive idéologique en cours, insinuante, sournoise et mensongère, accusant la gauche dite radicale de complaisance pour l’antisémitisme, inventant un improbable ramassis « islamo-gauchiste » sans contenu ni doctrine ! Il faut résister à l’intimidation et proclamer que l’on peut être « en même temps » révulsé par l’antisémitisme et révolté par l’oppression que le gouvernement de l’Etat d’ Israël inflige au peuple palestinien. Revenons à l’archéologie du macronisme et donc aux mânes de Reagan. Certes celui-ci est à peu près à Macron ce que homo erectus fut à homo sapiens… On le sait, ce n’était pas une lumière. Il n’avait que deux idées (et encore les lui avait-on soufflées) : il faut baisser les impôts des riches et, dans l’idéal, les éliminer (les impôts, pas les riches) ; il faut baisser les aides sociales aux pauvres et, au besoin, les supprimer (les aides…). A peine dépoussiérés, ces articles de foi du catéchisme libéral sont au fondement du néo-libéralisme macronien. On a vu avec quelle précipitation, Macron, à peine élu, s’est empressé, de toute urgence, de tordre le cou à l’ISF et avec quelle obstination quasi irrationnelle il s’oppose à son retour ! Depuis quarante ans, l’idéologie dominante a bien tenté de donner un prétendu contenu scientifique à la fruste philosophie reaganienne. Le projet macronien n’en est qu’un pâle surgeon. C’est toujours la même fable de « l’entrepreneur » héroïque mais psychologiquent si fragile qu’il est « découragé » par les impôts qu’on lui inflige et du pauvre qui se prélasse cyniquement dans l’inactivité grâce à la manne des aides sociales… Et cela fait quarante ans que ce qu’on appelle le modèle social français est attaqué, tantôt amputé, tantôt grignoté, tantôt par la droite réactionnaire, tantôt par une social-démocratie convertie assez vite au sociallibéralisme. Pour Rocard, en 1997, le « projet historique (des socialistes) est de promouvoir la libre-entreprise » et il n’a plus qu’en conclure, en 2003, que « le capitalisme a gagné » (Cité par Serge Halimi, p.486 et p.290). L’entreprise macronienne est de détruire définitivement dans toutes ses dimensions le compromis social de 1944-1947, cette protection sociale et ces services publics qui sont autant de défis à la vision libérale de la société et à la soi-disant implacable « loi du marché ». La loi de la jungle comme art de vivre, le chacun pour soi comme morale… C’est le monde à Macron !


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