Nouvelles N° 2299

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Jeudi 21 mars 2019 - N° 2299 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

UNE PUISSANTE JOURNÉE D’ACTION POUR UNE JUSTE RÉPARTITION DES RICHESSES ET DES SERVICES PUBLICS P.3

ÉLYSÉE La surenchère sécuritaire P.2

« Blanquer t’es foutu, les profs

GRAND DÉBAT

sont dans la rue »

Et après ?

P.3

P.4-5


ACTUALITÉ FINANCEMENTS EUROPÉENS

MOBILISATIONS

Gâchis hollando-européens

Printemps climatique et social

Il y a 5 ans, 687 millions d’euros ont été attribués à la France par l’Europe pour le développement de 340 territoires ruraux, une aide pour améliorer la cohésion sociale là où nombre de commerces, de services publics ont disparu. À ce jour, seulement 28 millions d’euros soit 4 % des fonds ont été distribués. Si les fonds ne sont pas utilisés d’ici 2020, la France devra rendre à l’Europe les sommes non dépensées soit aujourd’hui plus de 650 millions d’euros ! Les Régions se sont vues confier la gestion de la sélection des dossiers dans le droit fil de la conception des grandes régions voulues par l’Europe, conception dans laquelle s’est coulée la loi NOTRe votée en 2015 pendant le désastreux quinquennat Hollande. Cette loi a transféré nombre de compétences et de personnels des Départements vers des Régions démesurément étendues, beaucoup plus éloignées des réalités locales que ne l’étaient les Départements. Résultat : plus de 5 000 porteurs de projets, déjà réalisés, attendent toujours de toucher les aides européennes, près de 7 000 dossiers sont bloqués. Un gâchis. Evidement, la présidence de la Région, en la personne de Mr Rousset, refuse de reconnaitre ses responsabilités. C’est ce qu’il fait le mieux, il préfère se défausser sur un logiciel informatique ou la lenteur de l’Administration française, et il faut entendre la fonction publique. Isabelle Boudineau, vice-présidente du Conseil régional de la NouvelleAquitaine, en charge de l’Europe, pourtant lâche le morceau : « (…) En outre, quand des personnes, qui instruisaient ces dossiers dans les Directions départementales des territoires (DTT), sont parties à la retraite, elles n’ont pas été remplacées. Or ce sont des dossiers très techniques… ». Mme Boudineau prendrait-elle conscience que la folie de l’Europe de la Finance et l’obstination des derniers gouvernements à vouloir à tout prix diminuer les dépenses publiques en diminuant à marche forcée le nombre de fonctionnaires, et éloigner toujours plus les lieux de décisions ne permet plus aux services publics de fonctionner efficacement ? On aimerait le croire. D’autant qu’elle rajoute que ces fonds aideraient « à combler les inégalités et à faire en sorte que leurs habitants ne se sentent plus à l’écart de notre société ». Pour la croire, il faudrait une remise en cause de la loi NOTRe commise sous le gouvernement Hollande et des traités européens qui placent cette Europe sous la coupe du dogme de l’argent roi. Pierre Bordas

PCF-ÉLECTIONS EUROPÉENNES

Table ronde sur l’ESS Le PCF organise une table ronde sur l’Économie sociale et solidaire le samedi 6 avril, de 9h30 à 12h30, salle des conférences de Saint-Symphorien, en présence de : - Arthur Hay, fondateur du premier syndicat des livreurs à vélo, créateur d’une SCOP de coursiers, candidat sur la liste PCF avec Ian Brossat ; - David Hellak, délégué régional de l’Union régionale des SCOP d’Aquitaine - Bruno Fontan, PDG de la SCOP Aquabio – Vice Pt de l’UR des SCOP Aquitaine - Sylvie Mayer, responsable du secteur Économie Sociale et Solidaire du PCF - Sébastien LABORDE, secrétaire départemental et membre du comité exécutif du PCF

PCF MÉRIGNAC

Grand loto La section PCF de Mérignac organise un grand loto le vendredi 29 mars à 20h30, salle des fêtes de Capeyron : bons d’achat, jambons, poulets fermiers, paniers garnis, corbeilles de fruits, cartons de vins. Cartons : 1=3 €, 2=5€, 3=8 €, 4=10 €, 8=15 €, 10=18 €, 12=20 €. Bourriche, crêpes, gâteaux, boissons. Section du Parti Communiste de Mérignac - 14 avenue de BELFORT - 33700 – Mérignac 09 73 51 32 31 / section.pcf.merignac@gmail.com / facebook.com/ PCF-Mérignac 2 • Les Nouvelles 21 mars 2019

En France, les marches qui se sont tenues samedi ont réuni près de 350 000 personnes. À Paris, un cortège historique a rassemblé plusieurs dizaines de milliers de manifestants à l’appel d’organisations syndicales, environnementales et citoyennes. Une unité qui dessine un nouveau profil de bataille. On parle, selon qu’on soit de la police ou des manifestants, de 35 000 à 107 000 personnes à Paris samedi dernier, de près de 350 000 à travers toute la France, environ 6 000 à Bordeaux. Peu importe le décompte que les autorités préféreront retenir, l’histoire, sur le fond, restera la même : cent quarante organisations appelaient à faire de cette nouvelle marche pour le climat – la quatrième du genre depuis septembre – une journée d’action globale, revendiquant dans un même souffle la justice climatique et la justice sociale, brocardant

d’un même vent l’idée d’une fin du monde chaotique et de fins de mois inéluctablement difficiles. Fustigeant, aussi, les brutalités réservées par l’État à ceux qui s’opposent au système ou en sont les exclus. À Bordeaux, le cortège répondant à l’appel de la « Marche du siècle » a longtemps suivi la manifestation des Gilets jaunes, un peu moins nombreux que de coutume. Cela n’a pas empêché l’acte 18 d’être marqué par le saccage d’une banque près de la gare qui a donné lieu à 25 interpellations et entraîné des heurts avec la police au Quai des sports. Plus tôt dans la journée, c’est une action pacifique qui a été sévèrement réprimée. 37 militants d’Attac 33 et ANV COP21 Gironde, dans le cadre de leur campagne « Fin du monde, fin du mois, même combat », ont recouvert la façade de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) à Bordeaux de savon noir pour symboliser « le pétrole

et les énergies fossiles extraites grâce à l’épargne populaire ». Elles dénoncent l’opacité des investissements sur les marchés financiers des 100 milliards d’euros d’épargne des Français placés sur les livrets de développement durable et solidaire (LDDS), et dont au moins 60% sont collectés par la CDC. La police est intervenue et a arrêté 7 militants dont 6 ne sont sortis de garde à vue que le lendemain. « Cette répression d’une action symbolique est une injustice criante : la police enferme les lanceurs d’alerte alors que le gouvernement cautionne la destruction du climat », se sont indignées les organisations. Les organisations appelant à la « Marche du siècle » comptaient sur le week-end dernier pour déclencher un printemps climatique et social. C’est ce qu’on retiendra des deux jours de manifestation, les 15 et 16 mars. Dans la manifestation bordelaise du samedi, les slogans « capitalisme = écocide », « fin du monde, fin de mois, même combat », ou encore « pour un peu d’argent, ils tueraient terre et mer », jalonnaient le parcours. La veille, des milliers de jeunes lycéens répondaient à l’appel mondial « Fridays for futur » avec des slogans moins politiques, si ce n’est « capitalism is not an idealism », toujours le fameux « pour l’argent, ils tueraient terre et mer » et « si le climat était une banque, on l’aurait déjà sauvé »… La saison semble lancée… Avec L’Humanité du 18/03/19

ÉLYSÉE

Macron dans le piège de la surenchère sécuritaire Pour gagner les suffrages de l’électorat conservateur, le chef de l’État accentue les mesures répressives visant les manifestations des gilets jaunes. Le déroulement des faits samedi à Paris sur les Champs-Élysées, avec des policiers vite débordés, oblige l’exécutif à reprendre la main, tandis que l’achèvement du grand débat national devait sonner le glas d’une mobilisation des gilets jaunes de dix-huit semaines. Une douzaine de personnes parmi les plus importants personnages de l’État étaient réunies à l’Élysée lundi matin autour du chef de l’État : le premier ministre, ses trois ministres chargés de l’intérieur et de la justice avec leur directeur de cabinet, le secrétaire général de l’Élysée, le directeur de cabinet du chef de l’État. Aucune prise de parole de l’Élysée à l’issue de cette réunion de crise, c’est Édouard Philippe qui en fin d’après-midi annonce « la dispersion immédiate » de tout attroupement sur les Champs-Élysées et sur les places à Bordeaux et Toulouse. « Dès samedi prochain, et chaque fois qu’il le faudra, nous interdirons les manifestations se revendiquant des gilets jaunes dans les quartiers qui ont été les plus touchés, dès

lors que nous aurons connaissance de la présence d’éléments ultras et de leur volonté de casser », précise le premier ministre. Pour lui, la doctrine de maintien de l’ordre reste la bonne, c’est son exécution qui a failli. En conséquence, la tête du préfet de police de Paris, Michel Delpuech, tombe, remplacé par Didier Lallement, actuel préfet de Nouvelle-Aquitaine. Il s’était illustré récemment en soutenant vigoureusement les policiers après l’agression dont s’était plaint le député Loïc Prud’homme (FI) lors d’une manifestation des gilets jaunes, le 2 mars 2019. Alors que des voix à droite s’élèvent pour réclamer carrément l’interdiction de manifestation, le gouvernement demeure dans le cadre constitutionnel du droit garanti. (…) Les images de destruction « extrêmement spectaculaires », car c’est là « le résultat du choix de l’épreuve de force », selon le spécialiste Sébastian Roché, ne sont pas seulement un problème de maintien de l’ordre public, elles sont aussi un problème politique désormais. (…) À chercher des soutiens dans une droite attachée à l’ordre, là où le président Macron puise son récent regain de popularité dans les sondages, l’Élysée s’est

enfermé dans une stratégie délicate. Si les débordements lors des « actes » passés pouvaient favoriser une réponse autoritaire, ceux de samedi dernier peuvent semer le doute dans l’électorat conservateur. Il ne suffit pas de montrer que le pouvoir est ferme, il faut démontrer qu’il obtient des résultats. Ce ne fut pas le cas samedi, où le pillage de magasins a contraint le président à écourter son séjour pyrénéen. Dans cette course derrière la droite, le gouvernement perd sans cesse du terrain. C’est déjà un projet issu de la droite sénatoriale qui a récemment inspiré la énième loi anticasseurs. LR a bien compris l’intérêt à pousser son avantage, et le Sénat, à majorité de droite, n’a pas tardé à convoquer Christophe Castaner et son homologue pour l’économie, Bruno Le Maire, pour s’expliquer, aujourd’hui, devant les commissions des Lois et des Affaires économiques. Sembler dicter l’agenda du pouvoir n’est pas pour déplaire à une droite qui peine à se reconstruire à deux mois des élections européennes. Lionel Venturini, L’Humanité du 19/03/19


ACTUALITÉ

Editorial

SALAIRES, JUSTICE FISCALE, SERVICES PUBLICS

Elles-ils veulent des réponses

À l’heure où le « grand débat » se termine, les syndicats, hormis la CFDT, veulent peser pour avoir des réponses sur l’augmentation des salaires, retraites et minimas sociaux, sur la justice fiscale et les services publics. Les manifestations de mardi ont été importantes et particulièrement soutenues par l’opinion. Parmi les fonctionnaires bien mobilisés, les enseignants ont été particulièrement remarqués. Comme partout en France, Bordeaux a connu une belle manifestation mardi (15 000 d’après la CGT), à l’initiative de la CGT, FO, Solidaires, la FSU… Quelques gilets jaunes ont pris la tête du cortège juste devant la banderole intersyndicale qui affiche l’exigence d’une meilleure répartition des richesses, l’augmentation des salaires, pensions et minimas sociaux et des moyens pour les services publics. Il fait beau et un sondage Odoxa annonce que 73 % des Français-es soutiennent cette

journée nationale de grève. Les troupes ont répondu à l’appel, celles de la CGT en particulier. Dans ses rangs, l’AIA est en tête, en plein conflit sur le pouvoir d’achat, les salariés sont particulièrement mobilisés. « Depuis 2 mois et demi, la grogne ne retombe pas, explique Éric Siharath, secrétaire du syndicat. En ce moment nous débrayons tous les jours et ça risque encore de monter en puissance. » Comme d’autres salariés de la Fonction publique, ces salariés voient leur rémunération diminuer avec le gel du point d’indice et l’augmentation de la CSG et cotisations retraite. Outre la revendication du dégel du point et de l’augmentation des salaires, ils ont des propositions locales : « l’alignement du “coût de la vie” de la ville de BORDEAUX sur la zone 1 (Paris, IDF, Toulon, Hyères…) pour obtenir une augmentation de 3 % sur les indemnités de résidence (fonctionnaires et contractuels) et 0 % d’abattement de zone (ouvriers d’état) ». Sans doute inquiets des conséquences que pourrait avoir sur l’activité et l’emploi la régionalisation des ports, les salariés du port de Bordeaux sont également venus en nombre. Sous toutes les bannières syndicales et du privé comme du public, des 4 coins du département, les personnels de santé sont eux aussi nombreux tant le ras-le-bol est grand des effectifs insuffisants et des salaires au rabais. Mais pour les agents publics le projet de loi de réforme de la fonction publique, qui va inciter aux départs volontaires, accentuer le recours aux contractuels et généraliser les entretiens d’évaluation, en rajoute. La colère des fonctionnaires était donc bien perceptible dans le cortège,

avec un sommet pas atteint depuis longtemps dans les rangs de la FSU qui constituaient le gros des troupes. « Blanquer t’es foutu les profs sont dans la rue »

Le nom du ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, est sur toutes les pancartes et son « école de la confiance » transformée en « école de la méfiance », « école de la finance »… Au micro, le « Blanquer t’es foutu les profs sont dans la rue » résonne. Déjà échaudés par des évaluations répétitives, une remise en cause de leur professionnalité, les enseignants du 1er degré s’opposent au projet de fusion du collège avec les écoles qui va entraîner la supression de postes de directeurs-trices d’écoles et fermetures d’écoles de proximité en milieu rural notamment. Le SNUipp-FSU appelle, avec d’autres organisations syndicales, à un rassemblement parents-enseignants le samedi 30 mars à Bordeaux à ce sujet. Des lycées professionnels dont le niveau d’enseignement est remis en question sont aussi présents, des enseignants de SEGPA, de lycées généraux qui, avec la réforme du bac, vont perdre des options et des postes. « 7 postes vont être supprimés à Élie Faure à Lormont et 7 à Montesquieu, explique Émilie, enseignante de lettre classique. » Et tout cela en plus de Parcoursup… Alors foutu le ministre Blanquer et son « école de la confiance » ? En tout cas, il peut s’inquiéter car visiblement les enseignants sont remontés comme ils ne l’ont pas été depuis longtemps. Christelle Danglot

BORDEAUX

Attention mon collège va craquer !

Une trentaine de parents d’élèves et quelques enseignants se sont rassemblés aux portes du collège Aliénor d’Aquitaine jeudi 14 avril au matin pour alerter sur la croissance des effectifs qui risque de mettre rapidement le collège en surchauffe. « Nous sommes inquiets, explique Agnès Doherty, vice-présidente FCPE du collège. Les enfants sont ici déjà plus de 800, ce qui correspond à la capacité maximale de l’établissement, alors que sont construits partout de nouveaux logements et que le prochain nouveau collège, il ne sera pas livré

avant 2022-2023. Nous savons que le Conseil départemental cherche des solutions, mais nous attendons des réponses rapidement. » De par les quartiers qu’il concerne et les options qu’il propose, le collège Aliénor d’Aquitaine accueille une certaine mixité sociale que les parents ne veulent pas voir remise en question par une dégradation des conditions d’enseignements. « Il y a ici une équipe pédagogique dynamique grâce à laquelle il y a un certain équilibre que nous voulons garder. Mais le rectorat n’a même pas reçu les profs qui s’inquiètent eux aussi de la croissance des effectifs ».

Isabelle Delatour, enseignante et représentant du personnel confirme. « Nous nous associons à l’inquiétude des parents quant aux prévisions d’effectifs. On est passé de 730 à 800 élèves à la dernière rentrée, on risque de monter à 900 - 1 000 or même la cour risque d’être saturée, il n’y a déjà plus une seule salle de libre. C’est pourquoi nous avons demandé une audience au DASEN et au Conseil départemental ». Comme il n’est pas possible de pousser les murs, il faudra bien que des propositions soient faites avant la prochaine rentrée sur lesquelles parents et enseignants seront vigilants. Mais lorsqu’on voit le manque d’anticipation des pouvoirs publics quant à la densification de certains quartiers, on peut sérieusement se demander si, finalement, ils ne comptent pas sur le privé pour répondre aux besoins qui ne vont pas manquer…

Une nouvelle période politique La fin de la période du Grand débat national ouvre une nouvelle période politique, avec les élections européennes : si l’actualité semble être dans la même continuité chaque semaine, violences et répression le samedi, loi de criminalisation du mouvement social votée en catimini, cession au marché des entreprises publiques (privatisation aéroport de paris, FDJ,…), la bataille idéologique se structure sur plusieurs champs. L’interprétation des contributions recueillies lors du grand débat national montre la césure dans le pays sur le rapport aux institutions, aux espaces de revendications et sur les moyens de les mettre en oeuvre. Pour Jérôme Fourquet (IFOP), concernant les contributions spontanées sur internet, « la France qui a participé à cette enquête est celle qui a voté Macron au premier tour de la présidentielle. La crise des Gilets jaunes a remobilisé son électorat, il a sans doute perdu un peu de celui qui était le plus à gauche, mais a gagné sur sa droite ». Il ajoute : « la carte de la participation qui se dessine ressemble à la France descendue dans la rue après l’attentat de « Charlie Hebdo ». Une France intégrée qui a un sens civique bien ancré. La carte des non-contributeurs correspond à celle du non à Maastricht ». Un nouveau front politique s’ouvre avec toujours des objectifs de recomposition (déclarations de Rafarin, Ségolène Royal, de l’écologiste Pascal Durand qui rejoint la liste LREM/Modem) qui permet de continuer à faire mouvement tout en retrouvant un socle électoral pour un nouveau “mano à mano” macronistes/lepénistes. Une question politique va inévitablement grandir au cours des prochains mois : comment construire une alternative à ce face à face programmé entre le parti macroniste, ses alliés et le rassemblement national, avec Marine Le Pen, ou avec une option Marion Maréchal pouvant faire basculer une part non négligeable de l’électorat conservateur. L’écologie, l’autre sujet qui va rythmer la séquence électorale Le « Pacte social et écologique » pour « donner à chacun les moyens de vivre » —présenté par 19 organisations et promu par Le Monde dans une interview de N. Hulot et L. Berger — a le mérite d’affirmer l’impérieuse nécessité d’allier social et écologie. Mais ce pacte passe sous silence l’exigence absolue de changer le rôle des entreprises et des banques, et le rôle central de l’utilisation de l’argent. Il y a un vaste terrain de confrontation constructive entre ces propositions qui cherchent à répondre au défi écologique et social dans le cadre du capitalisme, et la cohérence des propositions du PCF pour s’attaquer au coût du capital en réorientant le crédit bancaire en faveur de l’emploi, de la formation, de la création de valeur ajoutée dans les territoires, du développement de ces biens communs que sont le climat, la biodiversité, la qualité de l’environnement.

Olivier Fondriest membre de l’exécutif du PCF 33

C.D. Les Nouvelles 21 mars 2019 • 3


GRAND DÉBAT 10 PROPOSITIONS POUR LA FRANCE

Des mesures d’urgence, de progrès, de justice Les manifestations du week-end dernier le montrent, le mouvement des gilets jaunes n’est pas près de s’éteindre. L’aspiration à la justice sociale, la justice fiscale ne sont pas près de s’éteindre. Il y a profondément ancré dans notre peuple un besoin de justice, d’être respecté, de vivre dignement de son travail. Face à ce mouvement, aux mobilisations populaires, le président de la République a dû ouvrir un grand débat national qui s’est clos ce weekend. Des centaines de milliers de contributions, des milliers de réunions où se sont exprimées les attentes populaires, parfois dévoyées, parfois engagées dans des impasses populistes, parfois travaillées par l’idéologie réactionnaire. Mais s’est exprimée aussi et même surtout l’exigence de justice sociale, le besoin de services publics, la justice fiscale, la lutte contre l’évasion fiscale, une autre utilisation de l’argent, de nouveaux pouvoirs au peuple, engager véritablement la transition écologique pour lutter contre le réchauffement climatique. Celles et ceux qui se sont exprimés y ont porté un message clair. Ils disent vouloir vivre dignement et

être respectés. Ils disent que le travail doit payer. Ils disent que les injustices sociales et fiscales sont une honte. Ils disent, à l’échelle de leurs quartiers, de leurs lieux de travail, qu’ils veulent pouvoir décider. Ils disent que la fin du mois ne doit pas être opposée à la fin du monde. Ils attendent des réponses fortes et ambitieuses. Avec cet objectif, le Parti communiste français présente 10 grandes propositions pour l’avenir de la France. Ce sont des mesures d’urgence, de progrès, de justice. En lien avec la campagne de Ian Brossat pour les élections européennes, le 26 mai prochain, ces mesures affrontent les logiques d’austérité et ultra-libérales mises en œuvre par le gouvernement et le Président de la République. Les communistes vont, dans les prochaines semaines, les mettre entre les mains du plus grand nombre : gilets jaunes, stylos rouges, blouses blanches, cols bleus de l’industrie, robes noires de la justice, salariés, retraités.

Pas d’annonces au terme de cette phase de « grand débat national », lancée il y a deux mois, si ce n’est pour surenchérir dans le sécuritaire et engager des « conférences régionales ». L’exécutif se donne jusqu’à la mi-avril pour voir ce qu’il va faire de tout ce qui s’est exprimé car, même s’il a verrouillé le cadre, ça a bien débordé et de partout. Là où les débats organisés par les municipalités ont été assez souples, les discussions sont riches et les propositions audacieuses comme en témoignent les élus communistes Claude Mellier et Christine Texier. Que pourra en faire Macron alors qu’il est bien décidé à ne pas changer sa politique de cap ? Qu’apportera Macron comme réponse à l’exigence d’une vie digne qui s’exprime depuis 4 mois, presque sans faiblir, dans le mouvement des gilets jaunes, comme dans les permanences d’accueil du Secours populaire ou dans le mouvement syndical ? Quelque chose s’est engagé dans le pays qui ne s’arrêtera pas avec la stratégie macroniste de campagne permanente, notamment en vue des européennes. Convaincus de cela, les communistes ont décidé de faire « 10 propositions pour la France », pour répondre au besoin de justice, de respect et de dignité exprimé dans le pays, et qu’ils souhaitent « mettre dans les mains du plus grand nombre ».

C.D. PCF

10 propositions social et écologique. Cela passe par une effective priorité aux transports collectifs publics, décarbonés et accessibles à toutes et tous. Il faut en finir avec les politiques qui encouragent le transport routier au détriment de l’exigence écologique.

Sébastien Laborde, secrétaire départemental et membre de l’exécutif national du PCF

Pour une vie digne et épanouie

DÉMOCRATIE

La dérive technocratique des conférences régionales Faire produire de l’eau tiède à une usine à gaz : la réunion marseillaise, censée clore le grand débat, n’augure rien de bon sur son atterrissage. « Il fallait être vigilant dès la première minute pour ne pas perdre le fil de la méthode, raconte Christophe Deroubaix dans L’Humanité de lundi. Vendredi après-midi, les 84 citoyens tirés au sort pour participer à la “conférence citoyenne régionale ” sont répartis en douze tables : trois pour chacun des grands thèmes retenus (l’organisation de l’État et des services publics, la transition écologique, la fiscalité et les dépenses publiques, la démocratie et la citoyenneté). Quelques participants râlent. “Je n’y connais rien à ce thème”, se désespère Sylvie. On commence par un questionnaire long et dense. Puis place aux Post-it de quatre couleurs (un par thème) sur lesquels chaque participant doit écrire un mot, un seul, que lui évoque chacun des thèmes. Vous suivez ? Cela donnera le lendemain une restitution à travers un “nuage” de mots : liberté, respect, égalité et référendum pour la thématique “ démocratie” ; impôts, justice, équité sur la fiscalité ; planète, avenir et urgence concernant la transition écologique ; décentralisation, millefeuille et services publics 4 • Les Nouvelles 21 mars 2019

pour le dernier thème. Voilà la base de départ qu’il va falloir transformer en douze propositions. La discussion s’engage en soirée, table par table. » Le journaliste déroule ainsi le processus. « Les propositions les plus “clivantes” ne se retrouvent pas majoritaires, qu’il s’agisse de la suppression des régimes spéciaux de retraite ou de l’imposition plus importante des hauts revenus et du capital. Aucune des revendications phares portées dans le cadre du mouvement des gilets jaunes – rétablissement de l’ISF et instauration du RIC – n’a trouvé son chemin ». Voulant vérifier si cela tient à la sociologie de l’assemblée constituée par le hasard du tirage au sort, Christophe Deroubaix n’a pu obtenir de données précises, celles-ci n’étaient pas encore “consolidées”. « De nombreux participants ont, en effet, été recrutés au dernier moment en raison de multiples refus », explique-til. « Une constante des sciences sociales veut que les catégories populaires, se considérant comme moins légitimes, participent peu à ce type de processus. Faute de statistiques irréfutables, nous en resterons à notre ressenti subjectif : le public phosphorant dans le sous-sol de l’hôtel de ville de Marseille nous semblait plus monocolore, moins jeune et plus CSP+ que le public lézardant, en surface, sur les terrasses du Vieux-Port », conclue-t-il.

1-Hausser le Smic (20 %), augmenter les salaires et les minima sociaux. Contraindre les entreprises à l’égalité professionnelle femmes-hommes. Porter les retraites à 1 400 euros minimum. La France est devenue un pays de bas salaires et de contrats précaires. Les femmes en sont les premières victimes. Et trop de jeunes se débattent avec des petits boulots sous-payés. Il est temps que l’État réunisse une conférence nationale pour les salaires, la reconnaissance des qualifications, l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, le pouvoir d’achat des retraités. 2-Organiser un plan de lutte contre l’exclusion et la grande pauvreté. Rembourser les soins à 100 %, indexer les retraites sur le salaire moyen À la Libération, dans un pays dévasté, les Français ont conquis la Sécurité sociale et cela a contribué au redressement national. Aujourd’hui, quand quelques actionnaires et banquiers confisquent les richesses, la Sécu peut être consolidée et étendue. Et le système solidaire de retraites, fondé sur la répartition, doit être pérennisé et garanti. Pour la relance et pour l’égalité

3-Lancer un grand plan

d’urgence pour la reconstruction des services publics Éducation nationale, hôpitaux, transports, petite enfance, énergie… : les services publics ne sont pas une « charge » mais un investissement pour l’avenir. Il faut en finir avec le dogme de la libre concurrence qui les détruit et fait de beaucoup de nos territoires des déserts. Il est urgent de les reconstruire au plus près des citoyens, et de recruter massivement des agents pour les faire fonctionner. 4-Nationaliser une grande banque privée, au service de l’emploi, de la renaissance industrielle, de la transition écologique Les banques financent massivement la spéculation, les délocalisations, l’évasion fiscale, les investissements polluants. Les crédits doivent au contraire aller, avec des taux très bas, aux investissements qui créent des richesses et des emplois, qui développent les biens communs. La nationalisation d’une grande banque privée serait un levier important en ce sens. Pour la planète et le climat

5-Prioriser les transports collectifs publics, avec extension de la gratuité pour les transports locaux. Doubler la part du fret ferroviaire, contre le tout-route L’humanité est en péril. La production et les services doivent donc être réorientés vers un développement

6-Rénover énergétiquement un million de logements et les bâtiments publics Pour lutter contre le dérèglement climatique, il ne suffit pas de signer les accords de Paris puis de passer à autre chose. Il faut s’en donner les moyens. Une grande politique publique en faveur de la rénovation énergétique des logements et établissements publics serait une première avancée. Ce serait aussi un levier pour l’emploi et la relance de l’économie. Pour la justice fiscale

7-Supprimer la TVA sur les produits de première nécessité, rendre l’impôt plus juste et progressif Les impôts non progressifs (TVA, TICPE, CSG) représentent 67 % des recettes fiscales. Les petits paient plus que les gros. Il faut les supprimer (TVA sur les produits de première nécessité) ou les abaisser fortement. L’impôt sur le revenu doit être calculé sur 9 tranches (contre 5 actuellement). L’impôt sur les sociétés doit devenir plus progressif, et être modulé selon les politiques d’emploi et d’investissement des entreprises. 8-Rétablir l’ISF, taxer les dividendes. Atteindre le zéro fraude fiscale. Supprimer le CICE et réorienter cet argent vers les PME et TPE Une redistribution juste et efficace des richesses, c’est possible. En rétablissant l’ISF (4 milliards d’euros), en taxant les revenus purement financiers des entreprises et des banques (47 milliards), en agissant enfin contre l’évasion fiscale (80 mil- liards). Le CICE, qui ne crée pas d’emplois et est accaparé par les actionnaires, doit être supprimé et son montant (40 milliards en 2019) affecté à des prêts aux PME et entreprises qui investissent et créent des emplois.


T : ET APRÈS ? Pour une république d’intervention citoyenne

9-Rendre le pouvoir au Parlement contre la monarchie présidentielle. Instaurer un référendum d’initiative populaire. Mettre en place des pouvoirs décisionnels des salariés à l’entreprise Les citoyens veulent pouvoir décider. Diminuer les pouvoirs présidentiels, c’est doter le Parlement de nouveaux pouvoirs pour représenter mieux le peuple, et c’est aussi restituer aux collectivités locales les moyens d’agir. 500 000 électeurs doivent pouvoir faire soumettre à référendum des lois sur l’organisation des pouvoirs publics ou la politique économique et sociale. Les salariés ont besoin de nouveaux moyens d’intervention sur les choix

des entreprises, à commencer par un droit de véto et de contre-propositions face aux plans de licenciements. Pour en finir avec l’austérité européenne

10-Sortir du pacte budgétaire européen : priorité aux dépenses sociales et écologiques Les besoins vitaux des peuples et les impératifs écologiques ne peuvent plus être corsetés par un pacte antidémocratique, obsédé par l’équilibre budgétaire à n’importe quel prix et la réduction des dépenses publiques. C’est de coopération pour des dépenses d’avenir, socialement et écologiquement utiles, dont nous avons besoin, avec une Banque centrale européenne finançant à 0 % un fonds européen de développement solidaire.

TÉMOIGNAGE DE CLAUDE MELLIER

TÉMOIGNAGE DE CHRISTINE TEXIER

Du local à l’Europe en passant par le national : des propositions pour que cesse l’injustice Fiscalité, démocratie et citoyenneté, organisation de l’État et des services publics, environnement … Le 15 février à Bègles, ces thèmes étaient l’ossature du débat initié par la ville, à partir des cahiers de doléances ouverts en mairie depuis novembre 2018. Quelque 300 personnes y participaient dont une bonne moitié plutôt impliquée dans la vie associative et les quartiers. Seul un groupe de 5 ou 6 personnes arborait un gilet jaune, même si dans la salle des militante-s politiques et syndicaux étaient partie prenante des manifestations du samedi à Bordeaux. Un modérateur organisait le débat avec des interventions minutées et

la salle pouvait donner son avis en brandissant des cartons : vert, rouge ou jaune. Ce que ne se sont pas privés de faire les participants. Les communistes béglais avaient décidé de participer à ce débat et plusieurs sont intervenus : sur une réforme de la fiscalité, sur l’augmentation du pouvoir d’achat, particulièrement pour les retraités. Sur les services publics, alors que les fonctionnaires sont vécus par une intervenante comme privilégiés par rapport aux travailleurs du privé, un camarade soulignait les milliards détournés par les grands groupes en évasion fiscale et dividendes versés à leurs actionnaires au détriment des salariés, les cadeaux fiscaux de l’État par le CICE sans créer d’emplois… Une intervention qui a recueilli

beaucoup de cartons verts. Beaucoup de propositions ont émergé du débat, le local s’entrecroisant avec le national, jusqu’au niveau européen : en finir avec la défiscalisation, pour que les banques prêtent à taux zéro pour les projets d’intérêt général, pour un revenu universel de base, exonération de TVA sur les produits de première nécessité, rétablir l’ISF au profit, notamment, l’économie sociale et solidaire, une taxe carbone qui soit redistribuée en aide écologique… Et dans la balance, beaucoup d’injustices identifiées et de justice sociale réclamée. Christine Texier, membre de l’exécutif du PCF 33, élue à Bègles

Sorties de la gangue du discours libéral, que de richesses dans ces rencontres Le grand débat souhaité par le pouvoir pour étouffer la contestation populaire sous un flot de paroles macronniennes n’y a pas mis fin. Plusieurs débats se sont déroulés à Mérignac : pas de mise en scène, les langues se sont déliées et les masques commencent à tomber. Le 28 janvier 2019, 300 personnes se sont rassemblées. Le débat est ouvert par le maire : dénonciation de la fiscalité, demande du retour de l’ISF, dénonciation de la fraude fiscale ; puis, débat autour de la démocratie : des tâtonnements sur le rôle des institutions, de l’État, du gouvernement. La transition écologique, de son côté, aurait mérité plus de temps pour approfondir les échanges. Échanges à 300 dans une salle de 19h à 22h30 où Gilets jaunes, salariés, retraités sont intervenus pour la défense du pouvoir d’achat. Les communistes présents sont intervenus, souvent applaudis, mais pas qu’eux. Des applaudissements ponctuant des accords mais aussi la parole libérée, trop souvent confisquée. D’autres rencontres débats se sont tenues, pour l’une à l’initiative des associations de handicapés et pour l’autre, les jeunes d’un foyer de jeunes travailleurs. Face au handicap, les demandes sont fortes : manque de structures d’accueil pour les enfants handicapés, manque de personnel accompagnant dans les écoles, lycées, absence de statut des aidants. Le pouvoir d’achat, là encore, avec la revalorisation de l’allocation adulte handicapé, les inquiétudes autour de la loi ELAN qui réduit le pourcentage de logements pour handicapés dans les projets immobiliers. La parole est calme mais ferme et révèle la profondeur des difficultés que vivent les familles, les femmes et les jeunes, tous en appellent à responsabilité de l’Etat et des institutions.

Un aide-soignant travaillant en EHPAD intervient sur ses difficiles conditions de travail et propose de réduire le nombre de résidents pour alléger la dureté de son travail. Je suis intervenue en soulignant que d’autres solutions peuvent être prises : construire davantage de maisons de retraite médicalisées, embaucher du personnel et le former. L’argent existe : référence les 57 milliards de dividendes versés aux actionnaires en 2017 (vifs applaudissements). Le dernier débat s’est tenu au foyer des jeunes travailleurs de Mérignac « Foyer Jean Ferrat ». Première initiative du genre pour une vingtaine de jeunes souvent étudiants-salariés, elle avait été préparée par l’organisation d’atelier tournant autour des questions de l’emploi, du logement, du numérique, de la mobilité. Nous étions une quarantaine, toutes générations confondues avec la présence de forces politiques de gauche, surtout les Verts et nous. Les points soulevés les plus sensibles : la précarité, la difficulté de trouver à se loger, la gratuité des transports. Le numérique est-ce vital ? De 20h à 22h30 des échanges de qualité ont nourri l’idée qu’il fallait continuer à réfléchir avec d’autres associations, formations politiques. Le mouvement des gilets jaunes était bien présent dans les têtes. Les communistes de Mérignac ont essayé d’être présents et actifs dans ces débats, porteurs d’une autre vision de l’utilisation de l’argent, de la démocratie, du sens du travail. Quelle richesse que ces rencontres, nous étions loin de la gangue du discours libéral. Il faut continuer sur tous les terrains à débattre. Claude Mellier, membre de l’exécutif du PCF 33, élue à Mérignac et vice-présidente de la Métropole

SECOURS POPULAIRE

Donner la parole aux sans voix Comme d’autres grandes associations qui travaillent auprès des plus démunis (réseau URIOPSUNIOPSS, Armée du Salut, etc.), le Secours populaire a voulu porter sa contribution au grand débat national en portant la parole « de ceux qui ne la prennent jamais alors qu’ils ont tant à dire ». Pour l’association de solidarité, la démarche n’est pas nouvelle. En 1989, lors du bicentenaire de la Révolution française, le Secours populaire avait permis à près de 700 000 personnes de s’exprimer grâce aux nouveaux cahiers de Doléances qu’il avait édité. Dans le contexte du Grand débat national, le SPF a décidé d’inviter tous ses bénévoles à transmettre la parole des plus pauvres. « Un jour j’avais tellement faim que maman m’a donné son assiette et je n’ai pas voulu. Je sais que maman se prive de manger pour nous ». Ce témoignage de Mathéo, 12 ans n’est malheureusement pas unique. Avec 3,5 millions de personnes soutenues

chaque année par le Secours populaire en France et dans le monde, les bénévoles de l’association sont régulièrement confrontés à ce type de situation. Cette réalité, ils ont décidé de la rendre publique lors de leur participation aux grands débats nationaux organisés sur tout le territoire. Le 5 février, lors du Grand débat organisé à Evry-Courcouronnes, dans l’Essonne, Olivier Grignon, secrétaire général de la fédération du Secours populaire a souhaité rappeler « que dans son département le Secours populaire avait aidé 37 000 personnes en 2018. Dirigeant de l’association depuis 35 ans, j’ai pu voir que la pauvreté changeait de visage ces dernières années. Aujourd’ hui, travailler et avoir un CDI ne préserve plus de la pauvreté. Je constate que la pauvreté augmente, les étudiants par exemple ne constituent pas une classe privilégiée. Les étudiants d’Orsay et d’Evry frappent régulièrement à nos portes. Ils étaient une centaine l’année dernière à être reçus par nos bénévoles. ». Il a souligné le rôle des associations comme rempart de la

pauvreté tout en soulignant que pour que celles-ci puissent poursuivre leur travail, il leur fallait des moyens. Il a également alerté sur les menaces qui pèsent actuellement sur l’avenir de l’aide alimentaire européenne. En Bretagne, depuis plusieurs semaines, les cahiers « Le dire pour agir » circulent dans les antennes et comités. L’occasion de recueillir les témoignages des personnes aidées. Sur une feuille, deux thèmes sont posés : « mes difficultés quotidiennes » et « mes souhaits ». Frédéric, de Brest et sans emploi, décrit ainsi son quotidien en quelques mots, « C’est difficile de payer les factures et de faire plaisir à ses enfants. Il faut toujours compter ». Quant à ses rêves, ils se résument aussi à quelques mots « Pouvoir travailler, remplir son frigo et offrir des loisirs à ma famille ». Le Secours populaire a décidé d’associer les enfants à cette démarche citoyenne. Alors que l’année 2019 marque les 30 ans de la Convention internationale des droits de l’enfant, il était inconcevable que les enfants ne participent pas à ce débat national destiné à recueillir la parole de tous. Les Nouvelles 21 mars 2019 • 5


INTERNATIONAL À BORDEAUX

TERRORISME

Des rassemblements en soutien au peuple syrien et au peuple algérien

La nébuleuse fasciste du tueur de Christchurch

A l’occasion du 8e anniversaire de la Révolution syrienne, l’association Syrie Démocratie 33 organisait un rassemblement, dimanche 17 mars après-midi, place de la victoire à Bordeaux, afin « de saluer le courage du peuple syrien, honorer la mémoire des centaines de milliers de disparus, demander la libération des détenus innocents qui souffrent dans les prisons du dictateur et soutenir leurs familles qui ne savent s’ ils sont vivants ou morts… » L’association demande la fin de l’impunité en Syrie, elle condamne « la dictature du clan Assad et de ses alliés et l’occupation du pays par des milices et forces étrangères ». « Nous faisons appel à tous les démocrates afin d’affirmer les droits du peuple syrien à la liberté, à la dignité, à l’autodétermination, au respect de son

territoire et à la justice pour les crimes contre l’Humanité commis depuis 8 ans. » L’association a aussi salué le peuple algérien « dans sa lutte pour la liberté et le respect des droits de l’Homme ». Des Algériens de Bordeaux et des soutiens du peuple algérien en lutte étaient d’ailleurs également rassemblés sur la place de la Victoire contre le régime Bouteflika. En Algérie, le quatrième vendredi de mobilisation massive contre le régime d’Abdelaziz Bouteflika a à nouveau rassemblé des millions de personnes qui attendent d’être enfin entendus et espèrent la démission du chef de l’État, un gouvernement de transition, une révision constitutionnelle et des élections transparentes pour une autre Algérie « libre et démocratique ».

Dans un manifeste, l’auteur des terribles attaques contre des mosquées néo-zélandaises qui ont fait au moins cinquante morts explique s’être radicalisé sur Internet et laisse entrevoir ses références idéologiques géopolitiques. La première ministre néo-zélandaise a révélé dimanche dernier avoir reçu, à l’instar de soixante-dix autres personnalités politiques et des médias, le manifeste du terroriste australien d’extrême droite neuf minutes avant l’attaque qui a fait au moins cinquante morts, vendredi 15 mars, dans deux mosquées de Christchurch. « Il n’incluait aucun lieu ni aucun détail spécifique » permettant de parer au double attentat, a précisé Jacinda Ardern, dont l’administration a transmis le document aux services de sécurité moins de deux minutes après sa réception. La lecture de ce texte de soixantequatorze pages de Brenton Tarrant, inculpé et incarcéré depuis samedi, laisse néanmoins entrevoir l’idéologie du tueur et ses ramifications à l’échelle internationale. (…) le manifeste intitulé « Le grand remplacement » revendique une filiation directe avec l’écrivain antisémite Renaud Camus, qui a remis au goût du jour l’expression, dont on trouve

les premières traces durant l’entredeux-guerres. Le tueur de Christchurch, qui a requis, au même titre que le tueur norvégien d’extrême droite Anders Breivik, la « bénédiction » des chevaliers du Temple revenus (évangéliques) pour mener son attaque, fait référence à la présumée substitution de populations immigrées aux « peuples européens » (…). Tarrant se définit comme un « ethno-nationaliste », un « éco-fasciste », désireux de protéger l’environnement de la surpopulation, et qui fait du refus de l’impôt un dogme tant que « nos nations » sont dirigées par « des anti-Blancs ». En voyage en Europe à cette époque, le suprémaciste australien fait de la défaite de Marine Le Pen contre le « mondialiste Emmanuel Macron » au second tour de la présidentielle de 2017, et de l’attentat au camion-bélier perpétré par un ressortissant ouzbek à Stockholm, des moments clés de sa radicalisation. (…) Des références au nazisme avec la roue solaire à douze branches

(…) Le tueur de Christchurch assume également les références au nazisme avec la présence de la roue solaire, à douze branches, connue au sein des cercles d’extrême droite pour

figurer sur le château de Wewelsburg (Allemagne), antre de la SS à compter de la prise de pouvoir d’Hitler. Dans ce texte, Brenton Tarrant, 28 ans, explique être issu d’une famille modeste et son parcours scolaire ne lui a pas permis d’accéder à l’université. C’est sur Internet qu’il bâtit son socle idéologique, comme c’est le cas de nombreux djihadistes : « Vous ne trouverez la vérité nulle part ailleurs », assure-t-il. (…) Dans la vidéo diffusée en direct sur les réseaux sociaux où Tarrant se filme en chemin vers les mosquées de Christchurch, une chanson à la gloire de l’ancien chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, est audible. Mercredi, ce négationniste saura si sa peine de quarante ans de prison pour les 100 000 morts de la guerre de 1992-1995 est confirmée par le Tribunal de La Haye. « Il y a eu des projets d’attentat inspirés par Breivik et plus ou moins avancés en Pologne, en République tchèque, en France et aux États-Unis », rappelle le chercheur Tore Bjørgo, du Centre de recherche sur l’extrémisme. Le manifeste de Brenton Tarrant semble clairement conçu pour susciter à son tour des vocations à l’extrême droite. Lina Sankari, L’Humanité du 18/03/19

POUR LE CLIMAT

Des jeunes du monde entier dans la rue De l’Australie à l’Europe en passant par l’Ouganda, des dizaines de milliers de jeunes du monde entier ont séché l’école vendredi pour demander à leurs dirigeants d’agir vraiment contre le dérèglement du climat. PAYS-BAS

Meurtrière fusillade dans un tramway à Utrecht À deux jours d’élections locales qui détermineront la composition du Sénat, la campagne a été immédiatement suspendue. Sauf par l’extrême droite… Trois morts et cinq blessés, dont trois grièvement. C’est le sinistre bilan d’une fusillade survenue, lundi en fin de matinée, dans un tramway sur la place du 24-Octobre, en bordure du centre-ville d’Utrecht, aux Pays-Bas. En fin d’après-midi, une opération de police de grande envergure a permis d’arrêter le principal suspect, un homme de 37 ans originaire de Turquie, identifié par le biais de la vidéosurveillance dans les transports en commun. Mardi, les autorités privilégiaient la piste d’un 6 • Les Nouvelles 21 mars 2019

acte terroriste isolé même si des témoignages évoquaient plutôt l’acte d’un déséquilibré. À deux jours d’élections provinciales qui détermineront la composition future du Sénat néerlandais et à deux mois des élections européennes, un débat télévisé entre les leaders des différentes formations en lice a été annulé et tous les partis politiques ont suspendu immédiatement la campagne. Seul le Forum pour la démocratie (FVD), une nouvelle formation à la droite de la droite en concurrence avec Geert Wilders et son parti (PVV), allié de Marine Le Pen à l’échelle européenne, a décidé de maintenir un meeting « pour parler entre nous ».

« 123 pays ! » a tweeté la jeune Suédoise Greta Thunberg, une des icônes du mouvement avec sa grève hebdomadaire de l’école. « Nous faisons grève pour dire à nos gouvernements de faire leurs devoirs et de nous montrer des preuves ! » explique l’appel publié sur Facebook. Des preuves que le monde prend les mesures nécessaires pour limiter le réchauffement à +2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, comme prévu par l’Accord de Paris. Rendez-vous était donné dans plus de 2 000 lieux, selon le site du mouvement, FridaysforFuture. Vendredi, Greta Thunberg relayait sur Twitter des images de cortèges au Japon, à Helsinki, Venise, Luxembourg ou, plus modeste, au Vanuatu. A Bangkok et Hong Kong, des milliers de jeunes ont aussi défilé. « Si vous n’agissez pas comme des adultes, nous le ferons »,

scandaient-ils. « Mes yeux souffrent de la pollution », a expliqué Shagun Kumari, 13 ans, à Delhi (environ 200 participants). À Sydney, Charles Rickwood, 18 ans, pointait le danger couru par la Grande Barrière de corail: « Si la tendance se poursuit, on va avoir une hausse d’1 ou 2°C dans l’océan, cela deviendra insoutenable ». Quelque 500 jeunes Mauriciens ont défilé à Port Louis, scandant « la planète chauffe, la jeunesse se lève ». À Varsovie, c’est au ministère de l’Énergie qu’a fini la marche d’environ 2 000 jeunes protestataires. À Bratislava, ils étaient un millier. De nombreuses villes allemandes étaient concernées, avec des milliers de participants notamment à Berlin et Munich. Idem à Londres, avec plusieurs milliers de jeunes massés devant le palais de Buckingham après un passage par Downing street. À Paris, une centaine de jeunes ont bloqué pendant trois heures l’entrée du siège de la Société Générale, dénonçant ses financements de projets nocifs. En Ouganda, à Kampala, de nombreux élèves ont fait la grève de l’école pour manifester, décrivant la recrudescence des glissements de terrain et crues soudaines dans

le pays… Greta Thunberg s’est fait connaître en brandissant seule tous les vendredis une pancarte « grève de l’école pour le climat » devant le Parlement de Stockholm. Peu à peu, l’action a fait tache d’huile. Vendredi matin, Greta, qui a été proposée pour le Nobel de la paix 2019, était de retour devant le Parlement suédois avec plusieurs centaines de jeunes grévistes à ses côtés. « Nous venons de naître au monde, cette crise nous allons devoir vivre avec, et nos enfants et nos petits-enfants et les générations futures. Nous ne l’accepterons pas », a-t-elle prévenu. La communauté internationale s’est engagée à garder le monde sous 2°C, mais les émissions de gaz à effet de serre, issues d’abord des énergies fossiles, continuent à grimper, plaçant la planète sur une trajectoire de plus de 3°C porteuse d’impacts majeurs. La mobilisation de la jeunesse s’inscrit dans un mouvement citoyen plus large, incluant des actions de désobéissance civile, un boom des recours en justice et des manifestations, comme celles qui se sont déroulées partout en France samedi.


PCF FÉDÉRATION DE LA GIRONDE DU PCF

RÉUNION PUBLIQUE À LANTON

Un nouvel exécutif

Ouvrons l’espoir pour VIVRE et TRAVAILLER dignement !

Le comité départemental du PCF en Gironde, élu au dernier congrès (novembre 2018) avait décidé de se donner le temps de la réflexion sur l’exécutif dont il voulait se doter pour animer l’activité du PCF en Gironde. C’est chose faite depuis le 9 mars. En voici la liste avec le-s secteur-s de responsabilité de chacun-e :

thématiques, santé, secrétaire de section Rives de Dordogne ; Fred Mellier, élections, entreprises, bataille des idées ; MC Gonzalez, féminisme, discriminations ; Pierre Vignau, secrétaire de section Rive droite ; Claude Mellier, élus, institutions, Métropole ; Olivier Fondriest, initiatives, administration, communication ; Jean-Jacques Bordes, section de Bordeaux ; Danielle Trannoy, retraités, paix, secrétaire de section du Bassin et Val de Leyre ; Dominique Belougne, section universités, formation ; Véronique Lavaud, élus, ruralité, Nord Gironde ; David Plagès, section Cheminots ; Bernard Sengayrac, culture,

section St Symphorien Invités : Patrick Alvarez, Association départementale des élus communistes et républicain (ADECR) ; Théo Kececioglu, secrétaire de la jeunesse communiste ; Pierre Cléaz, président de l’amicale des vétérans Un nouveau président et un nouveau bureau pour l’amicale des vétérans du PCF Président : Pierre Cléaz ; Vice-président : Jacques Lesbats ; Secrétaire : Marie-Paule Dambrain ; Secrétaire adjoint : Christian Brassié ; Trésorier : Christian Darriet

Jeunes, gilets jaunes et rouges, syndicalistes, retraités… Et communistes… Ouvrons le dialogue pour faire plier Macron et le Medef ! Réunion publique samedi 30 mars à 14h30 à Lanton, Maison de Quartier de Taussat (angle rue de la Gare et rue Elisabeth). En présence de Arthur Hay, candidat avec Ian Brossat #EuropeDesGens

PROJECTION DÉBAT

La bombe et nous

DÉBAT À SAINT-PIERRE-D’AURILLAC

Les sections de Coutras et de Libourne organisent le vendredi 29 mars 2019, à partir de 18h30, à Saint-Denis de Pile, salle de l’Accordeur (15 route de Paris), une projection du film La bombe et nous, suivie d’un débat en présence de Roland Nivet , dirigeant du Mouvement de la Paix (Comité de la gironde : mdpgironde@ yahoo.com ). L’arme nucléaire a-t-elle encore un sens aujourd’hui ? La bombe et nous apporte un éclairage nouveau, sans donner de réponse définitive à des questions qui resteront inévitablement ouvertes. Des stands seront également installés avec la vente d’huile de Palestine, thé et tisanes 1336 de la scoop de Marseille, miel bio du camarade Alexandre Pillet, ainsi que les Amis de la librairie Renaissance.

Un « territoire laboratoire »

ANNIE TRÉLY

Sébastien Laborde, secrétaire départemental, initiatives fédérales et visibilité fédérale ; Sophie Elorri, trésorière ; Vincent Boivinet, vie du Parti, secrétaire de section de Bègles ; Maryse Montangon, commissions

Intervention de Jean Mouzat, candidat PCF aux élections européennes.

Soirée riche en échanges, samedi à Saint-Pierre-D’Aurillac, dans le cadre de la campagne du PCF. En venant au débat sur l’agriculture et le ruralité, samedi soir à Saint-Pierred’Aurillac, Ixchel Delaporte a croisé, au rond-point de Saint-Macaire, Angelina, en train de vendre des paniers en osier sur le bord de la route. Angelina, une de ces rencontres que l’on retrouve dans « Les raisins de la misère, une enquête sur la face cachée des châteaux bordelais ». « Je me demandais si je la croiserais pour lui donner le livre », raconte l’auteure, journaliste à L’Humanité. « Mais ce livre, elle se demande ce qu’elle va en faire, parce qu’elle ne sait ni lire ni écrire. Peut-être que sa fille ou sa petite-fille lui en lira des passages ».

C’est par cette illustration incarnée qu’a commencé la soirée, à laquelle participait également Jean Mouzat, élu corrézien, président du MODEF et candidat PCF aux élections européennes. Une soirée riche en échanges, avec des interventions expertes, venant compléter le récit livré par Ixchel Delaporte, dans les vignobles de du couloir de la pauvreté, qui court du Médoc jusqu’à Villeneuve-sur-Lot. Parmi les prises de paroles, des élus, des syndicalistes, des viticulteurs, des bénévoles associatifs, pour la plupart enfants du pays, qui racontent quelques facettes de ce qu’Ixchel Delaporte qualifie de « territoire laboratoire », où l’extrême richesse côtoie l’extrême pauvreté. Un territoire empreint de d’un paternalisme histo-

rique, qui pousse même les exploités au déni, face à leurs conditions de travail ou leur exposition aux produits phytosanitaires. « J’ai vu des cas où un ouvrier agricole recevant un courrier avec un logo syndical prenait une faute lourde », raconte une retraitée. L’expertise locale de la soixantaine de personnes présentes au débat a permis de décrire les mécanismes en œuvre dans ce « laboratoire » girondin, avec le rôle des négociants, la disparition des coopératives, la concurrence entre les ouvriers, avec toujours plus d’exploitation, renforcée par le travail détaché et par des prestataires aux « pratiques esclavagistes ». Des constats qui ont aussi donné des pistes de mobilisation, comme celle d’imposer une clause sociale aux châteaux viticoles, et celle de « mener des luttes communes face à toutes les exploitations ». Ce fut aussi l’occasion pour Jean Mouzat d’insister sur quelques-unes des propositions du PCF sur l’agriculture européenne (lire le dossier central des Nouvelles du 14 mars 2019). Il y a urgence là aussi face aux ravages du libéralisme mis en œuvre traité après traité. Une anecdote du candidat illustre la dégradation de la condition agricole. « En 1982, à la foire à Uzerche, j’étais content car j’avais vendu 25 agneaux. Avec cet argent, j’avais pu m’acheter une voiture neuve. Aujourd’hui, pour acheter une voiture, il faudrait en vendre 200, en comptant en plus sur les aides de la PAC ». Cette réunion-débat était le premier des temps forts de campagne mis en œuvre de manière concertée entre les différentes sections du PCF présentes sur le territoire du Sud Gironde et de l’Entre-deux-Mers. Le prochain rendez-vous prendra la forme d’une table ronde sur l’économie sociale et solidaire, le samedi 6 avril de 9h30 à 12h30 à la salle des conférences de Saint-Symphorien, en présence d’Arthur Hay, candidat sur liste PCF de Ian Brossat. O.E.

D’Ombre et de Lumière Annie Trély a repris la diffusion du livre paru en 1992, qui conte l’épopée de la lutte menée par « Les Saint-JO » pour les emplois industriels de l’usine textile de la maille et du prêt à porter - haute couture, de Gradignan (ZI-Chanteloiseau). Elle témoigne car, pour elle, les combats dans la vie professionnelle ouvrière, et les combats vitaux quand la maladie la prend « par surprise », comme elle dit, sont tout un. Ainsi au sortir d’une chimio éprouvante, Annie choisit d’aller le vendredi suivant au concert de la chorale des Amis de l’Ormée en partage avec les Choraleurs. Bonheur de retrouver des amis, des camarades. Une sorte de manif quand on ne peut pas battre le pavé avec les copains. Aussi, oser fêter ses 71 ans le 16 Février : dans la rue ! C’est si petit chez elle ! Et puis dans la rue et avec le soleil, oui, on a été heureux ensemble. Choisir la vie, sans baisser les bras, au cœur des relations solidaires, avec au plus près toute sa grande famille si proche depuis toujours : ceux qui animent les luttes dans le combat quotidien, ce combat qui passe d’habitude aussi pour Annie par le Comité Asso Ford, Les Nouvelles à la Fédé, l’UL à Bègles, les Archives de l’IHS à la Bourse, le Comité de défense Robert Picqué/Bagatelle, j’en oublie… Et aussi les amis en ACO. Tous ensemble, aussi, parce que « Lutter, c’est aimer », comme le dit l’Action Catholique Ouvrière depuis 1976, ayant pris conscience que « la lutte des classes » est d’abord fondée sur le vital qui nécessite l’engagement fondamental, un amour en profondeur et rassembleur. Avec Annie, on continue ! Marithou Flipo (personne de confiance dans le cadre du dossier de soin MSP Bagatelle) - 06 76 91 66 50 - marithou.flipo@gmail.com Le message d’Annie : « Mes Camarades, je ne trouve que ce moyen, pour vous remercier de toutes vos marques de sympathie, de soutien pour m’aider dans ce combat qui m’a pris par surprise. Ce soutien m’a été très utile au cours de ma vie St Jo et professionnelle par la suite, jusqu’à ce jour. Je n’ai pas pu certainement répondre à plusieurs d’entre vous, c’est parce que je suis très nulle dans le fonctionnement de mon téléphone portable, et je perds souvent les données de l’appel correspondant. Soyez tous remerciés du fond du cœur, car j’ai retrouvé en même temps dans ce soutien les valeurs qui nous rassemblent : HumanitéSolidarité dans notre combat quotidien. Fraternellement, Annie Trély », le 16/03/2019. SOUSCRIPTION

Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera efficacement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. Les versements sont à envoyer à la fédération de Gironde du PCF - 15 rue Furtado - 33800 Bordeaux, à l’ordre de l’ADF PCF 33

ILS ONT DONNÉ 770 euros : M. RAYMOND Yannick, Mérignac ; M. GAI Christian, Yvrac ; M. AUTIER Jean, La Roche Chalais ; M. ESCOTS Olivier, Bordeaux ; M. VINCENT Denis, Ste Eulalie ; M. TACHON Gérard, Ste Eulalie ; M. DENGUILHEM Michel, Ste Eulalie ; M. & Mme FITTE Alain, Soussans

Les Nouvelles 21 mars 2019 • 7


CULTURE & SOLIDARITÉ

NOUVELLES IDÉES REÇUES

BIENVENUE

par Gérard Loustalet Sens www.nir-33.fr

Mobilisation pour les réfugiés

Cette année, BIENVENUE s’engage à nouveau, sur une période plus courte et plus dense, du 4 au 16 avril, « pour réaffirmer l’urgente nécessité d’une réelle solidarité avec

les plus démunis ». L’an passé, pour sa première édition, BIENVENUE avait collecté près de 10 000 euros au profit de l’ONG

SOS Méditerranée qui recueille les migrants naufragés au large de la Libye. Avec l’ensemble des associations qui interviennent localement auprès des réfugiés et l’engagement de nombreux artistes et structures culturelles, les organisateurs ont pu mesurer l’importance de la mobilisation citoyenne sur une question qui interpelle notre humanité. Une avant-première est proposée le 29 mars, à 20h30 au Rocher de Palmer (Cenon) avec Afro social club, dans le cadre de La Semaine des Afriques. Programme complet la semaine prochaine

2 AVRIL À BLANQUEFORT

Projection des Triangles rouges à Buchenwald Le film Triangles rouges à Buchenwald est sorti l’an dernier. Il sera présenté le 2 avril aux Colonnes à Blanquefort grâce à l’AFMD 33 (1), soutenue par d’autres associations mémorielles (2). C’est le constat de la disparition inéluctable des témoins qui a conduit l’Association Française BuchenwaldDora et Kommandos à prendre l’initiative d’un documentaire qui rassemble de nombreux témoignages sur la résistance des Français dans le camp de Buchenwald. Les interviews des derniers survivants français de ce camp ont été réalisées de janvier 2014 et septembre 2016. C’est Dominique Durand (voir plus bas) qui en a assuré la nécessaire contextualisation. La réalisatrice Anice Clément a pu mener à bien ce projet grâce à une campagne de financement participatif. Triangles rouges à Buchenwald est sorti l’an dernier. Il sera présenté le 2 avril aux Colonnes à Blanquefort grâce à l’AFMD 33 et le soutien d’autres associations mémorielles. Cette projection se situe dans le droit fil du travail de mémoire engagé

depuis longtemps à Blanquefort notamment au Lycée Jean Monnet. Cet établissement a accueilli à plusieurs reprises des témoignages de déportés, comme ceux de Guy Chataigné et Jo Durou, déportés à Sachsenhausen, et il participe toujours activement au Concours de la Résistance et de la Déportation où il a été souvent primé. Ainsi, la séance du matin sera réservée aux lycéens accompagnés de leurs professeurs ; une autre projection tout public aura lieu en soirée. Débat et échanges suivront à chaque étape, animés par un intervenant particulièrement au fait de l’histoire du camp et de la Déportation : Dominique Durand. Fils de Pierre Durand, déporté à Buchenwald et auteur d’ouvrages de référence (3), il a écrit lui aussi plusieurs livres et de nombreux articles sur le système concentrationnaire. Actuellement il préside le Comité international Buchenwald-Dora et kommandos après avoir été président de l’Association française Buchenwald-Dora et kommandos. Il a été aussi membre du bureau national des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la

LIRE, PENSER, AGIR

Rencontre avec Hervé Le Corre Les Amis de la Renaissance vous invitent à une rencontre débat et dédicace avec Hervé Le Corre à l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage, Dans l’ombre du brasier lundi 25 mars à partir de 17h30, salle de conférences de la fédération du PCF (15.17 rue Furtado à Bordeaux). Le récit est construit en dix chapitres et autant de jours, soit du 18 au 28 mai, de cette année 1871 durant laquelle se déroula la Commune de Paris et sa « semaine sanglante ». C’est au cœur de cet état de siège que se situe Dans l’ombre du brasier, roman tout à la fois historique et noir, qui chemine à travers Paris. Un récit puissant, au milieu du chaos et de figures humaines inoubliables.

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932

8 • Les Nouvelles 21 mars 2019

CHRONIQUE

Déportation. Le Serment de Buchenwald lu le 19 avril 1945 devant l’immense place d’appel où s’étaient rassemblés 21 000 survivants affirmait : « Notre idéal est la construction d’un monde nouveau dans la paix et la liberté ». En ces temps troublés, il est utile de rappeler qu’en nombre, des femmes, des hommes, des jeunes, personnes ordinaires ou plus connues, ont refusé de se soumettre à l’intolérable et qu’au milieu de la nuit de la déportation, elles et ils n’ont pas abdiqué leur part d’humanité. Au-delà de l’Histoire, ce film est aussi une leçon d’avenir. Jean-Jacques Crespo (1) AFMD 33 : délégation girondine des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation. (2) Association pour la mémoire des Martyrs de l’aéronautique, Association du Souvenir des Fusillés de Souge, Section de Bègles de la FNDIRP. (3) « La Résistance des Français à Buchenwald et à Dora » (1991), réédition (abrégée) du livre « Les Français à Buchenwald et à Dora », (Editions sociales 1977).

ANNONCES LÉGALES AVIS DE SAISINE DE LEGATAIRE UNIVERSEL – DELAI D’OPPOSITION

Article 1007 du Code civil Article 1378-1 Code de procédure civile Loi n°2016-1547du 28 novembre 2016 Suivant testament olographe en date du 10 septembre 2007, Madame Jeannine Andrée TISSERAND, en son vivant retraitée, veuve de Monsieur Jean-Claude PREZAT, demeurant à BORDEAUX (33000) 4 Rue Boulan. Née à REMOMEIX (88100), le 12 octobre 1930. Décédée à PESSAC (33600), le 24 septembre 2018. A consenti un legs universel. Consécutivement à son décès, ce testament a fait l’objet d’un dépôt aux termes du procès-verbal d’ouverture et de description de testament reçu par Maître Sandra GINDEIN-MASSEROLI, Notaire de la Société d’Exercice à Responsabilité Limitée «Sandra GINDEIN-MASSEROLI», Notaire, titulaire d’un Office Notarial à SAINT-DIEDESVOSGES, 6 Quai Sadi Carnot, le 8 mars 2019, duquel il résulte que le légataire remplit les conditions de sa saisine. Opposition à l’exercice de ses droits pourra être formée par tout intéressé auprès du notaire chargé du règlement de la succession : Maître Sandra GINDEIN-MASSEROLI, notaire à SAINT-DIE-DES-VOSGES (88100), référence CRPCEN : 88048, dans le mois suivant la réception par le greffe du tribunal de grande instance de BORDEAUX de l’expédition du procès-verbal d’ouverture du testament et copie de ce testament. En cas d’opposition, le légataire sera soumis à la procédure d’envoi en possession.

L’esprit du macronisme (III) Le bourgeois macronien déteste les enfants des pauvres. D’ailleurs, pour plusieurs commentaires (voir chroniques précédentes) ce ne sont pas des enfants mais des « lardons », des « mouflets », une « progéniture », une « smala » que des inconscients « pondent » sans s’arrêter. L’humanisme du lecteur du Monde a ses limites et, vraiment, « marre des gens qui pondent des gosses comme des lapins sans réfléchir ». Il faut bien le dire on a ici affaire à un déchaînement d’agressions verbales où le vulgaire le dispute à l’odieux, une stigmatisation haineuse et ricanante de ces gens qui « ont fait leurs gosses comme on va au MacDo ». Pire : « mieux vaut éviter d’avoir quatre enfants quand on n’a pas une thune… Quatre enfants avec un seul salaire, c’est de l’inconscience… Pourquoi avoir quatre enfants quand on ne peut pas les élever… Quatre enfants, je leur en conseille un de plus pour s’enfoncer encore plus dans la misère… Quand on est dans une situation financière délicate, on n’est pas obligé d’avoir quatre enfants, ça coûte cher les enfants », etc., etc. Une vraie litanie, jusqu’à cette élégante appréciation : « Deux détronchés… Et quatre futurs détronchés » (sic). Bien entendu, « ils font des enfants pour toucher des allocs, pour consommer. Voilà où ce système d’allocations familiales nous a mené ». Dire que cette prose suscite un certain écoeurement est faible. Mais, on va le voir, il y a pire. Notons auparavant la curieuse conception macronienne de la démographie selon laquelle, finalement, le nombre d’enfants, dans une famille, devrait être proportionnel au revenu. Il faut être riche pour avoir des enfants ! La conclusion va de soi : pour parvenir à l’extinction du paupérisme, il suffirait d’interdire aux pauvres de se reproduire. Au XIXe siècle, cet objectif a été pris au sérieux sous le nom d’eugénisme et même, au XXe siècle, des stérilisations de masse de populations « déshéritées » ont été pratiquées aux Etats-Unis, en Suède, etc. Le bourgeois macronien n’y songe peut-être pas encore, il lui reste le vieux fantasme bourgeois repéré par Michel Foucault dans Surveiller et punir : le contrôle de la sexualité des pauvres. C’est ici que le lecteur du Monde, réputé raffiné et courtois, va se vautrer dans l’obscénité et la bassesse. Les plus aimables enjoignent au jeune couple – de quel droit ? – de s’informer sur la contraception et de consulter au planing familial. Un ton en dessous, on recommande l’usage des préservatifs qui « sont remboursés par la Sécu ». Et puis « la pilule, ça existe » et « l’IVG n’est pas illégale ». Sans doute « la dame ne comprend pas la contraception » et il faut « offrir aux intéressés une boîte de pilules contraceptives pour madame ou de préservatifs pour monsieur entièrement pris en charge par vous et moi » (?). Encore plus bas, un prescripteur éclairé conseille : « une ligature des trompes pour madame et une vasectomie pour monsieur seraient nécessaires ». On n’est plus très loin de la stérilisation évoquée plus haut. Mais on va toucher le fond. L’un se demande si Macron devrait « se rendre chaque jour à Sens (où habite la famille) pour veiller à ce que Jessica prenne bien sa pilule ». Un autre se propose de « distribuer des capotes au prochain rond-point ». Jusqu’à l’abjection : « ils devraient b… avec plus de discernement » et Arnaud « ne devrait pas enfiler un gilet jaune mais des capotes… des jaunes » ou « faire un nœud à sa bite ». Et ces infamies – permises par l’anonymat : le bourgeois macronien est prudent – ont été jugées publiables par le modérateur du site lemonde.fr ! Cela révèle le peu de considération accordé aux victimes de ces insultes. À part ça, le bourgeois macronien aime se présenter comme un modèle de vertu civique, sociale et humaine. Il ne supporte pas qu’une famille pauvre puisse disposer de deux forfaits téléphoniques et prétende acheter des « vêtements de marque » à ses enfants. Alors, il se donne en exemple : « Moi mon forfait est 11,99 €… Moi je paye 10 €… Moi je n’ai pas le dernier smartphone à la mode… » Ces gueux ont certainement « un téléphone haut de gamme, marqueur d’un statut social qu’ils n’ont pas ». Et « je n’achète jamais de marques à mes enfants ados. Ils en sont fiers… Mes trois enfants n’ont pas porté de vêtements de marque, ils n’en ont pas été traumatisés… Les habits de marque ne sont pas possibles quand on n’a pas les moyens. Il faut l’entendre… Je n’ai pas eu de vêtements de marque, j’ai fini d’user ceux de mes soeurs », etc. C’est ainsi que les opulents bourgeois macroniens osent faire la morale aux démunis, les vouant à l’austérité et l’abstinence.


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