Nouvelles N° 2293 du 7 février

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Jeudi 7 février 2019 - N° 2293 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

T N E M VE MOU CIAL SO

r i o p L’es ous t n u d’ mble e s n e .4-5 P

MÉTROPOLE

EUROPÉENNES

PROGRAMME

50 000 logements, ça ne suffit plus

Le PCF en piste, toujours ouvert au rassemblement

« La classe ouvrière, c’est pas du cinéma »

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ACTUALITÉ LA POSTE :

50 000 LOGEMENTS, ÇA NE SUFFIT PLUS

Mieux répondre aux besoins ou réduire le personnel à tout prix ?

4 pistes pour répondre aux besoins

Si la distribution du courrier connait une baisse de volume, celle des paquets connait, elle, une nette progression notamment grâce à internet. La Poste va donc investir 30 millions d’euros pour y répondre. En modernisant l’actuel centre de tri à Bègles ? « Le site actuel pourrait accueillir de nouvelles machines et davantage de volumes : il n’est pas au maximum de sa production. » avance Sud PTT. Pas du tout ! La direction préfère déplacer le site sur Cadaujac, 5 hectares que l’on va déboiser, une zone humide qui sera massacrée. Le site sera « idéalement » placé près des axes routiers et autoroutiers : « idéalement » c’est-à-dire que seront éloignées les voies ferrées, la gare St Jean et Hourcade, seront rallongées les files de camions sur la rocade, seront détériorées les conditions de circulation et grandie la pollution ! Pour les employés de Bègles, certains venaient au travail en vélo : il va falloir qu’ils s’équipent de machines à réchauffer le climat, des automobiles. Le personnel est de toute façon en baisse constante. La direction a annoncé la suppression de 37 postes de CDI intérimaires. Dans un premier temps…Elle a l’intention de rendre les agents interchangeables : des pions déplacés pour « diminuer les volets de remplacement », dénoncent les syndicats. Le député, Loïc Prud’homme, s’est ému tant de l’impact environnemental que des réductions de personnel. Le maire de Bègles, Clément Rossignol-Puech, prend acte du déplacement de la plate-forme mais est prêt à se mobiliser pour conserver l’emploi avec le développement d’une activité de livraison avec « utilisation d’un mode de transport alternatif plus écologique ». Pierre Bordas

Lors du Conseil de métropole du 25 janvier, Odile Blein pour le groupe communiste, a rapproché les questions de pouvoir d’achat et de justice sociale que pose le mouvement social à la question cruciale de la politique logement de la métropole. Elle a proposé quatre pistes pour répondre aux besoins. Son intervention ci-dessous.

SNCF

Des suppressions d’emplois et des chauffeurs ubérisés En retour d’une table ronde avec la direction de l’établissement de service voyageurs (ESV) du TGV Sud Ouest, les syndicats CGT et Sud Solidaires dénoncent la suppression d’emplois. Les organisations syndicales ont appris que 11 emplois seraient supprimés dans le cadre d’une réorganisation des services de vente, d’accueil et d’information, la vente physique étant la grande perdante, d’après les syndicats. Une « polycompétence » serait mise en place pour faire baisser les coûts. Les syndicats s’attendent par ailleurs à « une nouvelle saignée » avec la création du Nouvel espace Services fin 2020. Et si l’on doute encore de l’orientation libérale de la gestion de la SNCF, il suffit d’apprendre qu’elle va avoir recours à une nouvelle société de taxi – pour l’acheminement de ses agents de conduite sur 5 sites du département – qui emploie des VTC (chauffeurs ubérisés). C’est sans doute moins cher… Les chauffeurs de taxi apprécieront… C.D.

NOUVELLE CONVENTION TER NOUVELLE-AQUITAINE

Pas de caution de la CGT cheminots Dans un communiqué du 30 janvier, le Secteur fédéral CGT des cheminots de Bordeaux dit n’avoir pas répondu à l’invitation « tardive » pour la signature entre le Conseil Régional et SNCF Mobilités concernant la nouvelle convention TER, le 31 janvier à l’Hôtel de Région. L’organisation préfère « se consacrer à la sauvegarde d’un service public ferroviaire accessible pour toutes et tous, quel que soit sa condition sociale ou son territoire ». Le Secteur fédéral CGT des cheminots de Bordeaux regrette, une nouvelle fois, d’avoir été tenu à l’écart des négociations par l’exécutif régional, pour la première fois, alors que le syndicat défend « un projet ambitieux pour le TER régional et la volonté d’aider le Conseil Régional à confronter l’État sur la nécessité absolue de financer un réseau ferroviaire dans un état catastrophique ». Pour le syndicat, l’exécutif régional « démontre ainsi qu’il ne retire rien de la crise actuelle des Gilets jaunes ». Pourtant la mobilité est aussi au centre des préoccupations citoyennes et le choix de baisser de 10 % la ressource publique de cette convention TER constitue une erreur historique pour le développement du mode ferroviaire. »

LA SANTÉ UN DROIT POUR TOUS

Supprimons les dépassements d’honoraires ! L’association « La santé un droit pour tous » organisait un rassemblement, jeudi matin près de la Cité Mondiale-Bordeaux, pour accueillir Mme Agnès BUZYN Ministre des Solidarités et de la Santé, et essayer d’obtenir une réponse claire à cette question : « Allez vous agir, Mme la Ministre, pour la Solidarité ou le chacun-e pour soi ? » L’association lutte, notamment pour la suppression des « taxationssanté » comme les dépassements d’honoraires, forfait hospitalier et franchises diverses. Elle a pour cela mis en ligne une pétition : « Supprimons les dépassements d’honoraires médicaux, taxes-santé scandaleuses » (http://chng.it/wcNvz5XX). 2 • Les Nouvelles 7 février 2019

« L’actualité, ce sont les gilets jaunes, qui nous “disent” que leurs fins de mois sont toujours plus difficiles… Or, la part du budget logement chez nos concitoyens est incontestablement toujours plus importante. C’est le premier poste de dépense des ménages, et qui pèse d’autant plus qu’on est pauvre. Quelques chiffres sont parlants : pour se loger dans le privé, il en coûte environ 40 % de leur budget aux 25 % de familles les plus pauvres, quand cette part passe à environ 20 % de leur budget pour les 25 % des Français les plus riches ! Ce qu’on appelle le “reste à vivre” n’est alors évidemment pas le même ! L’actualité, c’est la part croissante de la population vivant dans des conditions précaires : avec une augmentation de 13 % entre décembre 2017 et juillet 2018, la Gironde est le 4e département parmi les plus concernés, comme le dénonce plus d’une vingtaine d’associations dans une “lettre ouverte”, qui vous a été adressée, Monsieur le Président, ainsi qu’à M. le Préfet, et ainsi qu’au

président du Conseil départemental, le 10 janvier. Cette lettre ouverte y pointe, en parallèle, un nombre important de logements vacants dans la métropole (22 000 recensés en 2015 par l’INSEE). L’actualité, ce sont des chiffres donnés par le quotidien Sud-Ouest du 14 janvier dernier, concernant les demandes de logement dans le privé sur Bordeaux : un T2 de 38 m² se loue 600 euros, pour une offre il est constaté 6,36 demandes (contre 3,12 à Paris). L’article pointe enfin, une augmentation des loyers de + 6,77 % en 2018. L’actualité, c’est une file d’attente pour une première demande de logement social de 24 000 personnes, sur notre métropole quand notre moyenne de production est de 3 500 logements par an… Face à cette actualité, la mise en place de la loi Elan ne va faire qu’aggraver la situation : coupes de recettes aux organismes du logement social, vente des logements qui disparaitront de fait du parc locatif social, dérégulation du modèle social du logement… pour n’évoquer que les mesures qui nous paraissent les plus graves. Localement, face à cette actualité, les reculs de certains maires, que nous avons déjà eu l’occasion de déplorer, les projets de démolition de logements, à La Benauge comme à Saige, nous paraissent aller complètement à l’encontre des besoins de la population.

Si nous avons souvent salué l’évolution de l’effort de la Métropole depuis plusieurs années, que ce soit en termes de programmation, de politique foncière, de travail avec les différents partenaires pour amoindrir les coûts des prix de sortie des logements neufs ou le financement de l’amélioration de l’habitat, sans oublier bien sûr les opérations 50 000 logements, force est de constater qu’aujourd’hui, ces efforts sont devenus trop insuffisants. Nous ne doutons pas que dans cette assemblée, chacun défend le droit au logement comme un droit fondamental. Alors, nous pensons que pour répondre réellement aux besoins, il est temps de passer à la vitesse supérieure. Parmi de nombreuses pistes possibles, nous souhaiterions en retenir essentiellement quatre : • Nous proposons de passer à 50 % de logements sociaux (hors PLS et accession sociale) dans toutes les opérations se déroulant dans les communes déficitaires au regard de la loi. • Nous proposons, de nouveau, un encadrement des loyers, qui permettrait à minima, de stopper leur augmentation qui semble sans fin. • Nous proposons de ne détruire aucun logement, mais de rechercher plutôt, des solutions de réhabilitation (l’exemple très réussi du Grand parc doit nous inspirer !). • Nous proposons la réquisition de logements vacants. »

CONTRAT LOCAL DE SANTÉ

Aucune mesure pour lutter contre les inégalités d’accès à la santé À l’occasion de la signature du Contrat local de santé, JeanClaude Feugas, pour le groupe communiste, est intervenu lors du dernier Conseil de métropole pour regretter que celui-ci ne contienne « aucune mesure concrète et contraignante » « afin de lutter contre les inégalités d’accès à la santé » et soulever, une nouvelle fois, la question de l’avenir de Robert Picqué et Saint-André. Son intervention ci-dessous. « (…) Ce document propose 5 axes thématiques et 21 actions afin de promouvoir la santé publique de proximité et la qualité de vie sur la Métropole. Ces actions prennent la forme de diffusion d’information, de promotion des bonnes pratiques, de réflexions à engager… Cependant, aucune mesure concrète et contraignante n’est proposée afin de lutter contre les inégalités d’accès à la santé. Je citerai quelques exemples. (…) L’action 6 de l’axe 2 (favoriser l’adoption de modes de vie favorables à la santé et au bien-être) consiste à une sensibilisation des professionnels et élus visant l’intégration systéma-

tique des questions de santé dans les politiques d’aménagement et d’urbanisme, mais sans aucun contrôle ni contrainte apparente. L’action 7 promeut l’accessibilité et la sensibilisation à une alimentation saine et durable, mais ne prend pas en compte les réalités économiques des familles précaires et ne mène pas d’action envers l’industrie alimentaire. Dans l’action 17 de l’axe 5, le développement de logements adaptés au public âgé en situation de handicap est considéré comme une nécessité, mais sans prise en compte des conséquences de la loi ELAN, qui limite l’obligation de ces logements à 10 % sur les logements neufs. Enfin, se pose la question de la participation des citoyens de la Métropole à l’élaboration du présent document. De manière générale, même si le constat d’un manque de moyens est partagé et reconnu, aucune mesure ne vient y répondre par le financement de postes médicaux (action 10 de l’axe 3 sur les structures d’accueil d’urgence), de moyens dans les secteurs concernés (action 15 de l’axe 4 sur les Centres médico-psycholo-

giques) ou encore de la création d’un pôle public regroupant des salariés sous statut (action 21 de l’axe 5 sur les auxiliaires de vie). Nous pensons donc que ce contrat, dans sa forme actuelle, ne répond pas aux ambitions que nous devons porter pour assurer la santé des habitants de la métropole et surtout des plus précaires. Je terminerai en posant la question du devenir des hôpitaux Robert Picqué et Saint André. Ne sommesnous pas en contradiction avec nous-même, lorsque nous proposons, d’un côté, un plan de santé qui a pour objectif de permettre à tous les métropolitains de se soigner correctement et que, d’un autre côté, une majorité de notre conseil laisse fermer les infrastructures qui leur permettent, de fait, cet accès au soin ? Notre groupe reste opposé à ces fermetures, car nous estimons que c’est une grave erreur, alors même que la population métropolitaine s’accroit de 10 000 personnes chaque année, c’est une erreur dont nous subissons dès à présent les conséquences. Ces remarques étant faites, notre groupe votera contre ce contrat. »


ACTUALITÉ

Editorial

LES COMMUNISTES AUX EUROPÉENNES

Une liste et, toujours, un appel au rassemblement

Les adhérents du PCF ont approuvé à 95 % leur liste pour les européennes, le week-end dernier. Pour autant, les discussions se poursuivent à gauche en vue d’un rassemblement pour ce scrutin. Un peu plus de 47 000 adhérents du PCF à jour de cotisations étaient invités à se prononcer jusqu’à samedi sur les candidatures pour les élections européennes proposées le 26 janvier par le Conseil national de leur formation. 48,6 % (51,30 % en Gironde) ont pris le chemin des urnes pour dire leur approbation à 95,66 % (91,5 % en Gironde). La proposition de liste comportant 79 candidat-e-s et conduite par Ian Brossat est donc retenue conformément aux statuts du PCF. Elle a été présentée comme « un arc en ciel de luttes, blouses blanches, gilets jaunes, cols bleus, robes noires, bottes vertes et chasubles rouges, avec une très forte représentation du monde du travail ». 50 % d’ouvrières, d’ouvriers et d’employé-e-s la composent, avec des élu-e-s de la ruralité ou de grandes villes : « une liste à l’ image de la France », avec plus de 54 départements représentés. Une liste qui se veut aussi « féministe, antiraciste, écologiste, internationaliste, opposée à l’Europe libérale ». Elle est « coconduite » par Ian Brossat et MarieHélène Bourlard, une ouvrière des Hauts-de-France. « Nous avons constitué une belle liste qui est déjà une liste de rassemblement puisque sur les 15 premiers candidats que nous présentons un tiers ne sont pas adhérents du PCF. C’est une liste très ouverte au mouvement social et aux luttes actuelles. Nous sommes prêts aussi à continuer les discussions avec Génération.s de Benoit Hamon ou avec la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon », commente Ian Brossat qui y figure en première position. Intitulée « L’Europe des gens, pas l’Europe de l’argent », la liste a été lancée par un meeting, mardi aux Docks des suds à Marseille. Mais elle « pourra bouger pour permettre le rassemblement avec des forces de gauche qui remettent en cause la logique des traités », avait prévenu, avant même ce vote, le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel. Dans cette perspective, tandis qu’EELV et la France insoumise sont décidés à mener leur propre

campagne, le PCF et Génération.s multiplient signaux et appel à l’unité. Reste qu’entre le PCF et Génération.s la question de la tête de liste pourrait faire obstacle. « Nous, on propose d’avoir une discussion et de ne pas faire de la désignation de la tête de liste un préalable », explique l’ancien député Pascal Cherki quand les communistes proposent bel et bien Ian Brossat en numéro 1. Sur le fond, le débat doit aussi se poursuivre. « Globalement avec Génération.s, nous avons des convergences importantes, il reste des sujets à clarifier qui ne sont pas négligeables comme le rapport aux traités européens – nous faisons de la rupture avec ces traités une exigence fondamentale – ou l’Europe de la Défense à laquelle nous sommes défavorables », estime l’adjoint communiste à la mairie de Paris. Ci-dessous, les 20 premiers candidats de la liste, et les 10 derniers, pour donner une idée de la diversité des candidatures (à consulter en entier sur www.pcf.fr) :

1. Ian BROSSAT (38 ans), professeur de français, maire adjoint de Paris. 2- Marie-Hélène BOURLARD (61 ans) ouvrière textile pendant 43 ans à Poix du Nord (59) et figure du documentaire Merci Patron !. 3Patrick LE HYARIC (61 ans), directeur du journal L’Humanité, député européen (93). 4-Marie-Pierre VIEU (51 ans) éditrice, députée européenne (61). 5- Mamoudou BASSOUM (35 ans) médaillé d’or aux championnats d’Europe de taekwondo, le 1er décembre dernier, gilet jaune, ingénieur dans le Loiret (45). 6- Julie PONTALBA (40 ans), enseignante au collège à Saint-Leu (La Réunion), membre du PCR et militante pour la paix. 7- Antony GONÇALVES (47 ans), cancérologue et enseignant à la faculté de médecine à Marseille (13), à l’échelle européenne, il plaide pour la création d’un pôle public du médicament. 8- Maryam MADJIDI (38 ans), prix Goncourt du premier roman (2017) et Prix Ouest-France Étonnants Voyageurs (2017) pour « Marx et la Poupée », bénévole dans une association d’apprentissage de la langue française pour les réfugiés. 9- Arthur HAY (28 ans), livreur, il est à l’initiative du premier syndicat de France des coursiers à vélo, face à l’ubérisation de la société, il milite pour une régulation à l’échelle euro-

péenne et une protection des salariés de la nouvelle économie. 10- Barbara FILHOL (45 ans), aide-soignante, secrétaire générale du syndicat des EHPAD du Val-de-Marne (94). 11- Franck SAILLOT, ouvrier de la papeterie Arjowiggins de Wizernes, dans le Pas-de-Calais (62), occupée durant 3 ans pour en éviter la fermeture et délocalisation. Grâce à leur lutte, Franck Saillot et ses collègues ont trouvé un repreneur à l’automne 2018 et sauvé une centaine d’emplois. 12- Claire Cemile RENKLIÇAY, co-présidente du Conseil démocratique kurde de France, militante pour la paix et élue à Grigny (91). 13- Michel JALLAMION (44 ans) président de la Convergence nationale des services publics, conseiller régional d’Ile-de-France, membre du mouvement République et Socialisme. 14- Sophia HOCINI, salariée de l’économie sociale et solidaire à Paris (75), militante associative dans les quartiers populaires. 15- Stanislas BAUGE, chauffeur routier à La Rochelle (17), militant de la défense des conditions de travail des routiers, contre le dumping social et le travail détaché. 16-Manuela DONA (48 ans), douanière et syndicaliste au Havre, militante pour la création d’une Douane européenne (76). 17Michel BRANCHI, économiste, élu à l’Assemblée de Martinique, dirigeant du Parti communiste martiniquais, conseiller territorial de Martinique. 18- Elina DUMONT (50 ans), SDF pendant 15 ans, désormais comédienne et chroniqueuse régulière aux « Grandes Gueules » (RMC), elle soutient le mouvement des gilets jaunes. 19- Benjamin AMAR (42 ans), professeur d’histoire-géographie au lycée Gutenberg de Créteil, responsable syndical dans le Val-de-Marne (94). 20- Sarah CHAUSSY, paysanne, conseillère municipale à Sceautres, petit village de 150 habitants en Ardèche (07) (…). 70- Sandra BLAISE (45 ans), formatrice, syndicaliste (88). 71- Edmond BAUDOIN (76 ans), dessinateur de BD et écrivain (06). 72- Ghislaine NOIRAULT, ouvrière retraitée à Trimouille (86). 73- Florian MONTEIL, ingénieur agronome, syndicaliste agricole du Lot-et-Garonne (47). 74- Nathalie FABRE (45 ans), présidente d’un club de rugby en Dordogne et membre du bureau du Périgord Agenais, maire de Montferrand-duPérigord (24). 75- Frédéric BOULANGER, psychiatre à Nancy (54). 76- Cécile CUKIERMAN (42 ans), professeure d’histoire-géographie, conseillère régionale, sénatrice (42). 77- Gilbert Garrel, cheminot syndicaliste, président de l’Institut d’Histoire Sociale (75). 78- Odette NILÈS (94 ans), grande résistance française, arrêtée par les nazis en août 1941, fiancée de Guy Mocquet. 79- André CHASSAIGNE (68 ans), directeur de collège, président du groupe GDR à l’assemblée nationale (63).

Groupons-nous et demain…

2018 a été une année de luttes, pour les services publics, la bataille du rail et s’est achevée par le mouvement des gilets jaunes. Commencé le 17 novembre, le mouvement est toujours bien présent, sujet quotidien de discussion sur les lieux de travail, dans les lieux publics, etc. Des gens qui, jusqu’ici, n’avaient pas trouvé leur place dans des mouvements sociaux tels que la loi travail, la bataille du rail, les retraites, se sentent légitimes et concernés. Nous soutenons les revendications qui émergent et rejoignent nos combats pour la hausse des salaires, du smic et des pensions, pour une justice fiscale et le rétablissement de l’ISF, pour les services publics et la démocratie. En réaction à ce mouvement, Macron a été contraint d’organiser un grand débat national et cherche aujourd’hui à en maîtriser le cadre et à reprendre la main. Il est entré en campagne, les macron show de 6h en sont la principale illustration. Il n’est pas question de le laisser faire ! En Gironde, comme ailleurs, nous devons créer les conditions pour que les exigences exprimées par le pays envahissent les débats et se traduisent aussi en actes concrets. Les communistes doivent s’y impliquer, déjouer les manipulations présidentielles. Les Cahiers de l’espoir, nouveaux « cahiers de doléances » de ce XXIe siècle, peuvent permettre à chacune et chacun de s’exprimer, de faire état de ses revendications, d’avancer des solutions qui correspondent aux besoins les plus urgents de notre peuple. L’objectif est aussi de nourrir ce processus de nos propres propositions. Il y a urgence puisque le ministère de l’Intérieur annonce dans le JDD du 3 février l’intention d’organiser un référendum sur nos institutions le 26 mai prochain. Cette date n’est pas anodine, il s’agit de la date des élections européennes. Pour peser, il est évident que la campagne des européennes doit être menée conjointement. Mais le peuple n’est pas dupe. C’est en ce sens qu’une intersyndicale, les gilets jaunes et certains partis politiques de gauche, dont le parti communiste, ont décidé de s’unir mardi 5 février. Il s’agit de la meilleure réponse pour peser dans le débat national. Pour contrer les vieux rêves des capitalistes dont Macron est le pantin, nous devons travailler à l’émergence d’un espoir, d’une remontée des valeurs progressistes et de justice sociale. Malgré la colère qui gronde aux portes des palais nationaux, il continue à appliquer une politique au profit des plus riches exacerbant les inégalités et les souffrances sociales ! C’est dans la dynamique d’une mobilisation populaire, majoritaire, à partir d’exigences fortes de rupture avec les logiques capitalistes et libérales, qu’une nouvelle construction politique se fraiera un chemin et fera émerger une majorité politique dans le pays.

Sophie Élorri membre de l’exécutif du PCF 33 et du Conseil national

Les Nouvelles 7 février 2019 • 3


MOUVEMENT SOCIA GRAND DÉBAT À BORDEAUX

Crédit photo Baptiste Giraud

Un écho aux gilets jaunes

400 personnes au grand débat organisé par la Métropole ce vendredi 1er février. Un thème : l’organisation de l’État et des services publics. À l’entrée, un questionnaire qui corsette le débat en l’enfermant dans une sorte d’enquête de satisfaction, sans poser la question des moyens supplémentaires. Malgré les efforts des animateurs pour tenir la ligne du questionnaire, c’est à un réquisitoire contre la dégradation des services publics imposée par les politiques d’austérité, auquel ont dû assister les nombreux représentants politiques présents dans la salle, Alain Juppé en tête. Dans la salle, peu d’habitants des quartiers populaires mais des retraités, des enseignants, des fonction-

naires, des jeunes (étudiants ?), qui ont tour à tour exposé leurs difficultés vécues face à l’appauvrissement des services publics. Des Bordelais, peut-être pas directement impliqués dans les manifestations hebdomadaires, mais à l’évidence en sympathie ou sensibilisés et exprimant eux-aussi les difficultés à vivre dans cette société libéralisée. Et cela ne pouvait mieux commencer : le premier à prendre la parole se revendiquait Gilet Jaune : « Je suis un Gilet jaune et les Gilets jaunes ne sont pas des fainéants, mais des gens qui n’en peuvent plus de voir ce pays foncer dans le mur. De voir la captation des richesses par un nombre de gens de plus en plus petit et les dégâts de la globalisation… ». La deuxième à prendre la parole est la maman d’un enfant autiste qui

ne souhaite à personne de vivre sa galère devant l’indigence de l’offre d’accueil des enfants handicapés. Elle demande à « protéger les parents des licenciements abusifs pour cause d’absences répétées pour s’occuper de son enfant ». Il est plusieurs fois question de supprimer le CICE ou de le réserver aux PME « en arrêtant de financer les grandes entreprises qui ne financent pas l’emploi ». Des cris du cœur qui n’ont pas fait plaisir à la claque bourgeoise mobilisée pour soutenir le pouvoir et probablement pour accueillir le premier ministre, un temps annoncé mais qui n’est finalement pas venu. Florilège : « Les gilets jaunes expriment la souffrance et nous sommes nombreux à souffrir ». « Ce gouvernement accélère l’urgence sociale ». « Comment améliorer les services publics quand on supprime 120.000 fonctionnaires ? ».

« Renforcer les pouvoirs des Départements plutôt que de créer une région grande comme l’Autriche ». « Il faut remettre des services publics dans les chefs-lieux de canton, redonner du pouvoir aux communes qui sont en lien direct avec les citoyens ». « Créez des emplois en revenant à des hôtesses d’accueil et éliminer le tapez 1 ou tapez 2, etc, qui déshumanise les relations et décourage les usagers ! » « La plupart des gens ne connaissent pas leurs droits et ne les réclament pas parce qu’ils ne sont pas informés. » « On ne dit pas assez en quoi les décisions européennes impactent les services publics chez nous. Là aussi, il faudrait un débat ». « On a envie d’intervenir sur plein de sujets, et pas seulement quand le gouvernement nous le demande ». Contrairement à ce que voulait suggérer Macron, le thème lancinant de la soirée n’a pas été « quel service public pour remplacer un autre ? », mais plus de services publics. Les intervenants avaient du mal à conclure leur prise de parole par

Si certains des « grands débats » médiatisés par le président des Riches semblent tout en retenue, d’autres moments forts dans nos communes méritent le détour : la sincérité des colères faisant honneur à notre République. Crédit photo Paguy

Malgré un temps épouvantable, ils étaient plusieurs centaines à défiler dans les rues du centre-ville de Bordeaux, dans le cadre d’un mouvement national et à l’appel d’une très large intersyndicale (1), le mot d’ordre principal était une nouvelle fois la défense d’un pouvoir d’achat dont les retraités dénoncent l’amenuisement d’année en année. Ils rappellent qu’ils et elles ont cotisé, souvent toute une vie, et que leur pouvoir d’achat est 4 • Les Nouvelles 7 février 2019

(1) UCR-CGT, UCR-FO, UNA R-CFTC, UNIR-CFE-CGC, SFR-FSU, UNIR - Solidaires et associations de retraités FGR-FP, LSR, Ensemble&solidaires - UNRPA.

Trois autres Grands débats sont programmés dans la métropole Bordelaise : • le 7 février au Carré de Saint-Médard-en-Jalles : « Fiscalité et dépenses publiques ». • Carbon-Blanc le 23 février : « Démocratie et citoyenneté », • Talence le 5 mars : « Transition écologique ». Jean-Jacques Bordes, Section PCF de Bordeaux

Un « grand débat » offensif

Les retraité-e-s dans la rue

un soutien pour l’économie, pour le monde associatif et souvent pour ceux de leurs proches les plus en difficultés… Une délégation a été reçue en préfecture par la directrice adjointe de cabinet du préfet de Gironde, Françoise Jaffray, à qui elle a remis un cahier de doléances dans lequel chaque manifestant-e était invité-e à s’exprimer. La délégation est sortie de la préfecture une heure et quart plus tard après avoir exposé les revendications, pour la huitième fois depuis un an.

Le mot de la fin à une interpellation venue de la salle : « On a quand même oublié de dire merci aux gilets jaunes car tous ces débats, c’est grâce à qui ? »

MÉRIGNAC

BORDEAUX

À l’appel d’une très large intersyndicale, des centaines de retraité-e-s ont manifesté de la Préfecture au Grand théâtre pour défendre leur pouvoir d’achat, le jeudi 1er février.

des propositions concrètes. Il y avait d’abord le besoin de témoigner. Cela incite donc les communistes à aller à leur rencontre pour proposer un contenu transformateur à ce diagnostic.

Environ 250 personnes ont participé à une réunion publique, animée par le maire de Mérignac, Alain Anziani (PS), dans le cadre du « grand débat », lundi 28 janvier 2019, salle des fêtes de Capeyron. La diversité des positionnements était palpable, du simple anonyme au militant(e) engagé(e) - à l’image de nos camarades du PCF de Mérignac venus en nombre. Les prises de parole de Claude Mellier, Xavier Hirsch et Stéphane Bailanger ont fait écho aux réflexions portées sur la fiscalité, la démocratie et la transition écologique. D’emblée, c’est l’injustice fiscale qui a été soulignée. En effet, les premiers intervenants ont mis l’accent sur « la nécessité du rétablissement de l’ISF » et sur « le scandale de l’évasion fiscale ».

Si certains ont tenté timidement de minimiser la réalité, de défendre les bienfaits de l’enrichissement « source d’ investissements et d’emplois », ils furent moins nombreux que ceux qui décrièrent une situation où prime le sacrifice du Travail sur l’autel du Capital. S’il n’est pas surprenant d’entendre un communiste exiger « que l’on mette les multinationales au PAS », « c’est-à-dire au prélèvement à la source » avant que leurs profits « ne s’envolent vers les îles Caïman », il est en revanche plus significatif d’entendre un jeune préciser que « la richesse des 28 plus grandes fortunes mondiales est désormais égale à la richesse cumulée de la moitié des habitants de la planète ». La démesure était patente, elle est désormais insupportable. Alors, les revendications fusent, certaines offensives comme « taxer les transactions financières » ou « imposer à la hauteur de 50 % les dividendes des actionnaires », d’autres plus modérées proposent de « conditionner la suppression de l’ISF à une participation à l’effort d’investissement dans l’économie réelle » ou un

« retour aux 14 tranches d’imposition avec une imposition à 65 % pour la tranche supérieure ». Il suffit de lire les Cahiers de doléances ouverts par la commune pour retrouver ces mots. Autant de revendications éparses, parfois contradictoires mais qui font écho au cri d’alarme des Gilets jaunes dont quelques représentants étaient dans la salle. L’un d’eux a souligné les violences policières virulentes sur Bordeaux. En revanche, l’absence du député LREM - pourtant invité - a été remarquée et si la présence d’un de ses collaborateurs a été mentionnée, force est de constater qu’il a préféré se faire discret. L’intervention du président du Relais des solidarités de Mérignac est venue rappeler le « dur de la vie » quand, dans nos quartiers, la pauvreté augmente et le cancer de la précarité se calcifie. Alors, si les débats sur la démocratie et la transition écologique furent repoussés en fin de réunion, ce n’est pas par manque d’intérêt mais bien parce qu’il y avait tant à dire ce soir-là. Au-delà des constats, il est un fait nouveau : la pensée unique ultralibérale ne convainc plus grand monde. Le veau d’or a vécu, la crise de 2011 a rompu l’enchantement. Nous marquons des points dans le combat des idées. Mais ce qu’il manque pour transformer l’essai, c’est la conviction qu’un autre monde est possible et qu’il ne faut pas avoir peur de prononcer son nom : le Communisme. Stéphane Bailanger (Section PCF de Mérignac)


AL ET GRAND DÉBAT MARDI 5 FÉVRIER

SCIENCES PO BORDEAUX

Un jour d’espoir

Présentation d’une étude sociologique sur les gilets jaunes

Plus de 5 000 manifestants, à l’appel de la CGT et de la FSU, rejoints par Solidaires et FO, ont défilé dans les rues de Bordeaux, le 5 février. La diversité des secteurs professionnels et géographiques représentés a marqué ce cortège animé du plaisir d’être ensemble. Ce mardi était le premier acte d’un « tous ensemble » officiel entre syndicats et Gilets jaunes. Un jour d’espoir.. La manifestation à Bordeaux est l’une des 160 manifestations organisées dans le pays et qui aurait rassemblé 300 000 personnes, d’après la CGT. Aux côtés de l’organisation : la FSU, Solidaires, FO, des organisations de jeunesse comme l’Unef et la FIDL mais aussi des partis de gauche comme le PCF, la France insoumise, le NPA, LO… et des associations comme le planning familial et, pour la première fois en semaine, les Gilets jaunes. Depuis quelques temps déjà, des militants s’invitaient dans les manifestations du samedi. Comme ces communistes qui s’étaient laissés convaincre de s’immerger dans le flot jaune hebdomadaire du 2 février. Elles et ils n’ont pas été déçus. Outre qu’arborer un badge CGT, ou PCF, ou autre d’ailleurs, ne posait aucun problème,

c’est également un outil de communication : « ouah, le PCF, content de vous voir ! ». Au fil des kilomètres, les militants syndicaux et politiques sont ravis de retrouver d’autres camarades immergés dans ce rassemblement loin d’être triste. Cet acte XII s’inscrivait dans une évolution certaine

du mouvement, notamment en vue de la convergence du 5 février avec les organisations syndicales. Les représentants de l’extrême droite ont visiblement été exclus des cortèges pour laisser place à des slogans fustigeant le libéralisme : « Macron et les

CAC 40 voleurs » ; « Ne te lasse pas de dire aux riches et puissants … que leur imposture est révélée » ; « + de banquise, - de banquiers » ; « Paradis pour les uns, pas un radis pour les autres ; halte aux terroriches ». Entendre surgir le « Tous ensemble, tous ensemble, ouais ! » ne peut que donner espoir. En renfort du cortège syndical donc, mardi, les revendications ont clairement haussé le ton sur la hausse des salaires, des retraites, la baisse de la TVA, le retour de l’ISF, la justice sociale, fiscale, la répartition des richesses. On a rarement vu cortège fustiger autant les plus riches. La défense des services publics y était également très présente, du côté des salariés comme des usagers. Éducation nationale (de l’école à l’université), Santé, collectivités territoriales, Finances, les cheminots, l’énergie, les postiers, les Ports et Docks mais le privé aussi était au rendez-vous avec la Filpac, la Saft, Sanofi, Ford, Stryker, Ariane, Dassaut… et des manifestants venus de tout le département. Une convergence sur des revendications qu’il serait temps que Macron, le gouvernement et le Medef entendent. J.J.B. et C.D.

RÉFORME DE L’ASSURANCE-CHÔMAGE

Les assistantes maternelles menacées

Les assistantes maternelles sont en colère. Les négociations sur l’Assurance chômage imposées par le gouvernement, mettent en péril leur métier. Gouvernement et Medef à l’unisson cherchent trois milliards d’économies supplémentaires sur le dos des assurés sociaux. En ligne de mire la couverture des salariés en multi-activité (femmes de ménages, assistantes de vie, assistantes maternelles, …). Les assistantes maternelles doivent cumuler plusieurs contrats pour espérer vivre dignement. Pour des raisons de déménagement, perte d’emploi, entrée en scolarité de l’enfant, etc., les parents peuvent être amenés à retirer la garde de leur enfant. Cette

perte de revenu est jusqu’à présent, en partie, compensée par l’Unedic. Ce ne serait plus le cas demain si la proposition du Medef est imposée. Or il faut plusieurs semaines, voire plusieurs mois pour retrouver un contrat. « On fait jusqu’à 50 heures par semaine avec trois enfants, pour 1 000 à 1 500 euros, témoignentelles. Si on perd un contrat à temps plein, soit entre 500 et 600 euros, l’allocation chômage nous permet de tenir le coup quelques mois jusqu’au prochain contrat. » Elles sont près de 11 000 en Gironde et plus de 300 000 en France. Le mouvement des gilets roses - créé récemment pour protester contre la réforme de l’assurance-chômage en cours de négociations - appelait ce samedi matin 2 février, place de la

Victoire à Bordeaux, à un rassemblement pour sensibiliser la population sur les risques encourus de baisse de leurs compléments de revenus en cas d’activité réduite. Car la réforme, si elle passe, conduira beaucoup d’entre elles à laisser tomber ce métier qu’elles aiment, ce qui pénaliserait en conséquence également les parents. Elles étaient plusieurs dizaines rassemblées place de la Victoire, aidées par la CGT, pour alerter la population. Un rassemblement sous la pluie et le froid qui n’a pas entamé leur bonne humeur liée au plaisir de se retrouver. Certaines ont rejoint ensemble, l’après-midi, la manifestation des Gilets Jaunes. J.J.B.

Camille Bedock, Magali Della Sudda et Tinette Schnatterer, trois sociologues du Centre Émile-Durkheim, laboratoire lié à Sciences Po Bordeaux, l’Université de Bordeaux et le CNRS présentait mercredi 30 janvier un travail collectif de recherche, toujours en cours, sur les Gilets jaunes. Un travail colossal, utile pour comprendre qui ils/elles sont, ce qu’ils/elles veulent… Il a fallu quitter la salle du Centre Émile Durkheim prévue et investir un amphi, tant le travail initié par les 3 chercheuses intéresse et parce qu’une partie des 97 chercheur-e-s et étudiant-e-s participant à l’enquête était présente. Camille Bedock, Magali Della Sudda, Tinette Schnatterer et Antoine Bernard De Raymond, chargé de recherche à l’INRA, font la présentation. Depuis le 19 novembre, ce travail d’enquête a demandé des heures passées sur les ronds-points et dans les manifestations pour faire remplir des questionnaires. L’essentiel de ces heures n’est pas, encore, financé, en particulier pour les plus précaires d’entre eux. C’est en ce sens que Magali Della Sudda le décrit comme un travail engagé, mais néanmoins scientifique. Les 3 chercheuses ont fait appel à la communauté scientifique pour un travail collectif qui regroupe une soixantaine de membres actifs ayant rempli 382 questionnaires sur les ronds-points et 304 dans les manifestations à travers 26 communes, de 15 départements. Le travail de dépouillement et d’analyse, comme celui de recueil, est toujours en cours. C’est donc des résultats provisoires qui ont été présentés et qui évolueront probablement avec le mouvement lui-même. Nous passerons sur les éléments de méthodologie qui ont été présentés. Dans le profil qui se dégage, les chercheur-e-s ont relevé qu’il y avait un peu plus d’hommes que de femmes. L’âge moyen est de 47 ans, ce qui correspond environ à celui de la population française. Il y a beaucoup de retraités, d’étudiants, de personnes en situation d’invalidité ou de handicap. 15 % sont au chômage, 16 % sont indépendants. Deux tiers des salariés sont en CDI. Un quart des foyers représentés déclare vivre avec moins de 1200 euros nets par mois, les trois quarts avec moins de 2800 euros. L’enquête en cours montre des différences entre les personnes mobilisées sur les ronds-points et celles mobilisées dans les manifestations du samedi où les cadres et professions intermédiaires sont plus nombreux. « Plus le temps avance, plus on trouve de personnes diplômées dans les manifestations, avec des vécus et des revendications différentes ». Il y a des différences aussi sur le rapport à la politique. Pour beaucoup, le mouvement des Gilets jaunes est la première mobilisation. C’est vrai pour une personne sur deux environ,

sur les ronds-points mais une sur quatre dans les manifestations. 75 % rejettent les partis politiques et 50 % les syndicats, mais c’est plus important sur les ronds-points que dans les manifestations. Un huitième des personnes interrogées a pourtant déjà été membre d’un parti politique et près d’un tiers d’un syndicat ou d’une association. Sur les ronds-points comme dans les manifestations, il y a un capital politique et syndical. Sur une échelle droite/gauche, 40 % refusent de se positionner (43 % sur les ronds-points, 35 % en manifestation) mais s’ils se positionnent c’est plutôt à gauche. Les sociologues étudient aussi les motivations et revendications et sans surprise, c’est la question du pouvoir d’achat qui arrive en tête avec la question des taxes, des retraites, des salaires et du Smic, suivent la question de la redistribution, de la répartition des richesses, la question démocratique avec le RIC et la volonté de lutter contre les privilèges… Pas ou peu de revendications concernent le mode de production, les conditions de travail, l’immigration ou l’Union européenne. Mais les chercheurs proposent une explication à cela : dans ce mouvement, les personnes mobilisées cherchent le plus petit dénominateur commun, ce qui rassemble dans l’intérêt de « ceux d’en bas » contre « ceux d’en haut ». C’est ce qui leur permet de tenir dans le temps malgré leur diversité. Quant à l’écologie, une question qui n’a pas été traitée à travers les questionnaires, les sociologues ont le sentiment que ce n’est pas tant qu’ils/ elles ne s’en soucient pas mais plutôt qu’ils estiment que la responsabilité en incombe aux élites. Occuper pour être vus ou agir pour bloquer l’économie, telle est souvent la question. Se structurer, tenir les places et élargir le mouvement sont les questions au cœur des évolutions possibles du mouvement. Si le nombre de ronds-points occupés et le nombre d’occupants est à la baisse, il y a une évolution des modes d’action vers des collectifs, assemblées générales, réunion intergroupe qui demandent du temps de mise en place, étant donné l’horizontalité du mouvement. De la salle, un chercheur témoigne des interrogations des Gilets jaunes autour des modalités de mobilisation, pour tenir et éviter l’épuisement. Déjà de nouvelles formes d’action ont vu le jour : marche d’une ville à l’autre, chaîne humaine, barrage symbolique… Dans l’échange qui a suivi la présentation, le rapport aux leaders, aux médias, aux réseaux sociaux, aux forces de l’ordre ont été évoqués comme autant de sujets de recherche à approfondir ainsi que cette hypothèse du refus de se faire confisquer la parole, de manière générale. C.D. Les Nouvelles 7 février 2019 • 5


INTERNATIONAL ÉVASION FISCALE

VENEZUELA

825 milliards manquent à l’Europe

Bras de fer

Une étude britannique publie des estimations précises sur l’état de l’évitement illégal de l’impôt dans l’Union européenne et pointe plusieurs pistes pour réduire ce fléau. Une nouvelle enquête, publiée le 23 janvier par Richard Murphy, spécialiste de la fiscalité à l’université de Londres, et commandée par le groupe parlementaire socialiste au Parlement européen, estime qu’en 2015, l’évasion fiscale a représenté entre 750 et 900 milliards d’euros de manque à gagner pour les États membres de l’Union européenne (soit une moyenne de l’estimation à 825 milliards d’euros – Ndlr). Tout le monde n’est pas logé à la même enseigne, l’Italie a perdu 190 milliards d’euros, la France près de 120 milliards, alors que Malte, paradis fiscal notoire, quasiment rien. « J’ai regardé le budget 2019, ces 120 milliards d’euros qui échappent à la France représentent les recettes cumulées de l’impôt sur le revenu, de l’impôt sur les sociétés et de la taxe sur les produits énergétiques, pointe le sénateur communiste Éric Bocquet, coauteur de Sans domicile fisc. C’est énorme ! » poursuit l’élu. La moitié des pays de l’Union européenne ont un manque à gagner lié à l’évasion fiscale dépassant largement leur budget de la santé. Une chape de secret maintenue par de nombreux États

nantes, mais ces montants sont aussi à rapporter à l’économie des pays. Ainsi, de manière relative, le pays qui souffre le moins de l’évasion fiscale est le Luxembourg, celui qui en pâtit le plus est la Roumanie, qui perd 29,51 % de ses recettes potentielles dans l’évasion fiscale. La Grèce, avec plus de 26 %, est aussi une grande perdante. L’étude déplore également la chape de secret maintenue par de nombreux États de l’Union européenne qui empêche des estimations plus précises du coût de l’évasion fiscale en Europe. C’est pourquoi l’exigence de transparence fiscale, sur tous les types d’impôts, est plus que jamais nécessaire. Richard Murphy propose la mise en place d’un registre public et centralisé des multinationales et des trusts, dans tous les États membres de l’UE, capable de fournir à toutes les administrations fiscales les données de comptabilité et de propriété. Une proposition partagée par le PCF qui insiste aussi sur l’importance de la création d’une liste crédible des paradis fiscaux, puisque aucun pays de l’UE n’y figure actuellement. « On propose aussi d’accroître fortement les pouvoirs du Parlement européen sur ces questions car, jusqu’ici, tout est dans les mains de la Commission, et elle est dirigée par Juncker et on peut douter de sa sincérité à lutter contre ce fléau », conclu Éric Bocquet. Avec Pierric Marissal, L’Humanité du 31/01/2019

Les sommes brutes sont impression-

VIOLENCES POLICIÈRES EN FRANCE

Le Conseil de l’Europe « gravement préoccupé » En avant-première d’un mémorandum, la Commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe se disait « gravement préoccupée » par la gravité des blessures provoquées par les armes utilisées par les forces de police au cours des manifestations de gilets jaunes. C’est la première fois depuis le début des manifestations des Gilets jaunes en France que le Conseil de l’Europe réagit officiellement aux violences exercées par les forces de police contre les manifestants. Dans une déclaration faite en début de semaine, et après avoir rencontré toutes les parties concernées, la Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Dunja Mijatovic, a fait part de son inquiétude suite « au grand nombre de personnes blessées, certaines très gravement » dans les manifestations. L’experte bosnienne met particulièrement en cause les projectiles d’armes comme « le lanceur de balles de défense », le LBD 40. Pour elle, le climat d’hostilité qui règne dans certaines manifestations, ou la surcharge de travail des policiers ne sauraient justifier « le nombre et la gravité des 6 • Les Nouvelles 7 février 2019

blessures résultant de l’usage de la force par les forces de l’ordre. » La Commissaire aux droits de l’homme n’hésite pas non plus à déplorer « une formation insuffisante aux techniques de maintien de l’ordre et à l’usage de certaines armes » de certaines unités de force de l’ordre engagées dans les manifestations. Selon le décompte du ministère de l’Intérieur à la mi-janvier, 1 700 à 1 800 manifestants auraient été blessés au cours des manifestations, dont 13 personnes ayant perdu l’usage d’un œil et 3 ayant eu une main arrachée. Dunja Mijatovic s’invite également dans le débat sur la loi « anticasseurs » en prévenant que cette loi ne doit conduire « à aucune restriction des libertés d’expression et de réunion pacifique et au droit à la liberté et à la sûreté qui ne serait ni nécessaire, ni proportionnée », conformément, précise-telle, aux exigences de la Convention européenne des droits de l’homme. Dans quelques jours, la Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe développera de manière plus complète ses constats et ses recommandations sur tous ces points.

Alors que les mobilisations des opposants de droite et les immixtions de Washington ou Paris s’intensifient, des milliers de manifestants défendent les acquis de la révolution. Caracas vit de nouvelles journées sous haute tension. La capitale vénézuélienne a connu le week-end dernier un gigantesque rassemblement des défenseurs des acquis de la révolution bolivarienne, célébrant le 20e anniversaire de l’accession au pouvoir d’Hugo Chavez. Au même moment l’opposition de droite, rassemblée autour du président de l’Assemblée nationale, Juan Guaido, qui s’est autoproclamé chef de l’État, s’était rassemblée dans un autre endroit de la capitale, le quartier huppé de Las Mercedes. Le président élu en 2018, Nicolas Maduro, est réapparu en public pour la première fois depuis six mois. Vêtu d’une chemise rouge, il a pris la parole sur une estrade montée dans une avenue Simon-Bolivar noire de monde, là même où il y a six mois il avait réchappé à un attentat commis à l’aide de drones bourrés

d’explosifs. Maduro a fustigé « le plan macabre des États-Unis », pointant les manœuvres orchestrées depuis plusieurs semaines par Donald Trump et sa garde rapprochée en soutien à la tentative de coup d’État de l’opposition de droite. La détérioration avérée de la situation économique et sociale du pays constitue une aubaine dont la Maison-Blanche tente de se saisir pour se débarrasser d’une révolution bolivarienne honnie et faire régresser le pays vers ce temps béni où le Venezuela fonctionnait, avec le reste de l’Amérique latine, comme une succursale de l’Empire. Des milliers de manifestants ne s’y sont pas trompés, scandant « Gringos hors de ma patrie ». Bon nombre toutefois de ces « bolivariens », s’ils font part de leur détermination sans concession pour la défense de la révolution, ne s’exemptent pas de lucidité sur la dégradation de l’état de leur pays et les besoins de « profonds changements » pour y faire face. (…) Le comportement de l’armée, qui jadis permit l’accession de Chavez au pouvoir, reste au centre de toutes les attentions. Quelques heures avant la manifestation bolivarienne, Fran-

cisco Yanez, un général de division de l’armée de l’air, avait annoncé qu’il se ralliait à Guaido, rejetant, a-t-il déclaré, « l’autorité dictatoriale » de Maduro. Les États-Unis ont aussitôt appelé « tous les membres de l’armée » à suivre son exemple (…). Quoi qu’il en soit, la raison et l’esprit de responsabilité doivent être convoqués pour sortir de cette situation explosive. Maduro avait fait un pas dans cette direction la semaine dernière en proposant l’organisation de législatives anticipées. Mais Washington, Paris, Berlin, Londres, La Haye, Madrid et Lisbonne ne veulent pas de ce type de solution et réclament l’organisation d’une présidentielle, sinon rien. Faute de se soumettre, Caracas s’exposerait à une série de reconnaissances unilatérales de Guaido. Les autres États membres de l’UE apparaissent cependant divisés sur l’approche du cas vénézuélien. L’UE n’en a pas moins lancé la mise en place d’un « groupe de contact » qui comprend des États membres et des pays d’Amérique latine qui est censé servir à mettre en place un processus politique et pacifique permettant aux Vénézuéliens de déterminer leur propre avenir.

ÉQUILIBRES MILITAIRES

Washington relance la course à l’armement nucléaire Le 1er février, les États-Unis ont mis à exécution leur menace de se retirer d’un traité de désarmement avec l’ex-URSS, accusant Moscou de violer ce texte. Les États-Unis viennent de mettre à exécution leur menace de se retirer du traité sur les forces nucléaires intermédiaires (FNI), signé en 1987, faisant craindre le pire quant à l’aggravation de la course aux armements nucléaires. Washington accuse la Russie, depuis plusieurs mois, de violation du traité qui abolit les missiles terrestres d’une portée de 500 à 5 500 km. Les nombreuses discussions entre les deux puissances adversaires, ces deux derniers mois, n’ont permis aucun progrès. Le retrait sera effectif « dans six mois, à moins que la Russie respecte ses obligations en détruisant tous ses missiles, lanceurs et équipements qui violent le texte », affirme Donald Trump. De son côté, la Russie a mis en garde les États-Unis contre un

retrait « extrêmement irresponsable ». L’Otan appuie « pleinement » la « démarche » américaine. La plupart des pays de l’UE font corps avec Washington. Ainsi, le Quai d’Orsay, rejetant toutes les fautes sur la Russie, explique que « la France regrette d’arriver à une situation dans laquelle les États-Unis ont dû notifier leur retrait du traité FNI ». Résultat : la Russie a promis, samedi, de développer de nouveaux types de missiles et de suspendre à son tour sa participation au traité bilatéral. Depuis 1987, bien des choses ont changé. La surenchère a repris depuis des années. Vladimir Poutine a récemment promis de développer de nouveaux missiles balistiques de portée intermédiaire en cas de retrait américain. Mais les Russes font également remarquer que les drones armés développés par les États-Unis sont similaires à des missiles de moyenne portée sans violer le traité puisqu’ils n’existaient pas au moment de la signature !

Modifier les missiles Tomahawk, non nucléaires

La Maison-Blanche cherche en réalité une renégociation du traité qui, cette fois, impliquerait la Chine (en 1987, celle-ci ne pesait pas le même poids militaire) afin de déployer de nouvelles armes et empêcher Pékin de renforcer sa position déjà dominante dans le Pacifique Ouest. Washington veut, in fine, endiguer les prétentions chinoises. Comme le souligne le New York Times, les États-Unis se préparent dès lors à modifier les missiles Tomahawk, jusque-là non nucléaires, et comptent les installer dans le Pacifique, sur la base militaire de l’île de Guam, le territoire américain le plus éloigné du continent, où les 160 000 habitants, bien que citoyens américains, ont des droits limités : ils ne peuvent pas participer aux élections. Pierre Barbancey


PCF EN DÉBAT À BÈGLES

FÉDÉRATION DE LA GIRONDE

Justice fiscale, justice sociale

Le PCF s’adresse aux gilets jaunes, rouges, roses, blouses blanches, robes noires, stylos rouges, cols bleus et bottes vertes

Un débat riche en présence de candidats aux élections européennes a précédé le repas de la section de Bègles, samedi 2 février. Avant leur repas annuel, les communistes béglais ont l’habitude de débattre. Samedi dernier, Vincent Boivinet, en introduction, a présenté les deux animateurs invités cette année, tous deux sur la liste du PCF menée par Ian Brossat aux élections européennes. Arthur Hay, jeune livreur à vélo bordelais et Benjamin Amar, professeur d’histoire et géographie du Val de Marne, porte-parole de la CGT. Arthur habite depuis trois ans à Bordeaux, il vient de Poitiers. Il a commencé une activité d’auto-entrepreneur en faisant des livraisons à domicile de particuliers pour Deliveroo, Uber Eat…Il n’a pas tardé à prendre conscience du manque de couverture sociale. Ces sociétés ne veulent assurer ni les cotisations sociales, ni les impôts bien sûr, seuls les profits les intéressent. Arthur nous a raconté ses contacts avec les communistes bordelais, la mise en place du premier

syndicat (CGT) de livreurs à vélo : en répression, lesdites sociétés l’ont évidemment rayé de leurs listes. Des procès sont en cours. Arthur nous a fait part de son plaisir de mener la lutte politique européenne pour des droits pour les travailleurs. Il nous a dit sa disponibilité pour la campagne. Benjamin Amar nous a fait partager son intérêt pour la lutte des gilets jaunes à propos de la politique fiscale injuste. Car, oui en France, tout le monde paie des impôts, et de la manière la plus injuste qui soit, celle de la TVA frappant les chômeurs de la même manière que les nantis. Alors qu’un impôt juste doit tenir compte des revenus de chacun. Le capitalisme, système où l’homme

est un loup pour l’homme, a fait reculer l’idée de solidarité, et donc d’une juste contribution de chacun en fonction de ses possibilités. Si 86 % de la population a le sentiment d’une perte de pouvoir d’achat, ce sentiment repose sur une réalité : de 2008 à 2016, les classes populaires ont perdu 450 euros de pouvoir d’achat. Un tabou, pesant depuis plusieurs années, est en train de tomber : celui de l’augmentation des salaires. De 2010 à 2017, les entreprises du CAC 40 ont payé 6,5 % d’impôts en moins et ont augmenté leurs bénéfices de 10 %, augmenté les reversements de dividendes de 45 % et diminué les effectifs salariés de 25 %. Ce capitalisme charognard, non seulement, n’assure plus un développement des forces productives mais il vampirise la société, se repait de son déclin. De nombreux participants sont intervenus pour dénoncer les injustices et proposer des solutions. Le débat s’est poursuivi tard avec un couscous livré à table, avec le concours d’Arthur et Benjamin. Pierre Bordas

Communiqué du 31 janvier 2019 de la fédération de la Gironde du Parti communiste français. « Depuis 12 semaines le mouvement des gilets jaunes a permis que les questions du pouvoir d’achat, de la justice fiscale et que la question démocratique soient au cœur du débat politique. Ce mouvement vient en écho de celui des retraités tout au long de l’année passée, des salariés qui se sont mobilisés pour l’emploi et les salaires, des fonctionnaires pour la revalorisation de leur métier, des hospitaliers pour le développement de l’hôpital public, des cheminots pour un service public du rail… Les communistes sont pour certains engagés dans ce mouvement, d’autres sont engagés au travers des stylos rouges de l’Éducation nationale. Les communistes sont de toutes les luttes portées par le mouvement social. Nous nous adressons à l’ensemble des femmes et des hommes qui rejettent la politique du gouvernement et nous versons au débat public nos propositions pour le pouvoir d’achat, pour la justice fiscale et pour des transformations profondes de notre système démocratique. Ces propositions sont contenues dans la pétition que nous faisons signer depuis 10 jours avec déjà 1 000 signatures recueillies en Gironde. Nous les versons aux débats publics qui ont lieu dans les municipalités dans le cadre du grand débat initié par le gouvernement. Nous mettons à disposition nos cahiers de doléances centrés sur les questions sociales, de justice fiscale, démocratiques et écologiques. Nous travaillons à la convergence entre gilets jaunes et le mouvement social autour de mesures de progrès social et démocratique. Ensemble, nous pouvons gagner de grandes avancées, c’est notre conviction et c’est l’ADN des communistes de travailler au rassemblement du monde du travail pour des avancées sociales, démocratiques et écologiques. Mi-février nous irons déposer en préfecture les pétitions recueillies d’ici-là. Mi-mars nous formulerons publiquement des propositions pour répondre à l’urgence sociale, à l’aspiration à la démocratie et à la justice fiscale qui s’exprime dans notre pays. »

SAINT-CAPRAIS DE BORDEAUX

« Le grand débat, qu’en est-il ? » Retour sur le débat du 26 janvier organisé par la section du PCF des 2 Rives. Près de 60 personnes étaient réunies pour débattre, le samedi 26 janvier à Saint Caprais de Bordeaux autour des communistes de la Section des 2 Rives qui organisaient un débat suivi d’un repas pour échanger sur le thème « Le grand débat, qu’en est-il ? ». C’est d’abord le thème de la santé qui est abordé car il est le grand absent de ce « grand débat », les remboursements de soins, la qualité des soins mais aussi le tiers payant généralisé. L’action menée pour la défense des urgences sur La Réole a été soulignée. Pour certains, le débat initié par Macron est tronqué, joué d’avance, il sert de tremplin pour sa campagne des élections européennes. Grand débat ou grosse arnaque, Macron tente de reprendre la main et fait son « show ». Les communistes ont rappelé que cela fait des années qu’ils sont à l’initiative pour engager le débat, nous devons poursuivre en ce sens et apporter dans la discussion notre vision, la question capital-tra-

vail est oubliée alors que c’est le fond de la problématique. Le mouvement des gilets jaunes interroge beaucoup, il apparaît à la fois comme un véritable espoir de mobilisation qui montre notamment que le mouvement social n’est pas au point mort et c’est dans la foulée des nombreuses actions syndicales menées que les gilets jaunes apparaissent. Le contenu des revendications porte sur le pouvoir d’achat, l’ISF, la démocratie. Pour d’autres, c’est un peu l’auberge espagnole, de véritables revendications mais des choses terribles, des idées xénophobes et racistes qui circulent au sein de certains groupements de gilets jaunes inquiètent beaucoup mais il ne faut surtout pas généraliser. Ce mouvement porte le réel ras-le-bol des couches populaires qui souffrent tant dans nos villes que dans nos campagnes. De l’avis quasi général, il faut poursuivre nos échanges, s’inscrire dans le grand débat en gardant notre détermination à faire entrer dans les discussions la question capital-travail, les services publics, les privati-

Carnet sations, le SMIC car ce que Macron a proposé ce n’est pas l’augmentation du SMIC, c’est de « l’enfumage ». Il nous faut raisonner en admettant la contradiction, oui soutenons les revendications, non n’acceptons pas la remise en cause de l’action syndicale ou politique, travaillons aussi à combattre l’abstention car une fois de plus, elle risque d’être le grand vainqueur. Des cahiers de la colère et de l’espoir lancés par le journal L’Humanité, peuvent être des supports, cependant, gardons-nous de n’en faire que des démarches individuelles, nous devons avancer avec l’idée de défendre des acquis du collectif. Bien d’autres sujets ont été abordés et c’est dans l’espoir et la conviction de poursuivre les luttes qui le débat s’est achevé, de nombreuses discussions se sont pourtant poursuivies autour d’un verre et d’un repas préparé par les militants de la section, repas partagé par plus de 80 personnes. Section des 2 Rives

FÉDÉRATION DU PCF. Notre camarade Jean René Mellier nous a quitté lundi. Militant syndical et politique, Jean René aura consacré une part importante de sa vie militante à faire vivre la mémoire des 256 fusillés de Souge et notamment celle de son père René Mellier, fusillé le 21 septembre 1942. Membre actif de l’association des familles de fusillés de Souge, il fera vivre cette mémoire auprès des jeunes notamment, dans les établissements scolaires. Militant syndical et secrétaire de cellule à EDF, il aura été un militant tout au long de sa vie. J’adresse au nom de la fédération à sa famille, à ses amis, à son fils Frédéric et à ses petits enfants, à Claude mes très sincères et fraternelles condoléances ainsi que notre soutien dans ce moment douloureux. Sébastien Laborde

SOUSCRIPTION

Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera efficacement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. Les versements sont à envoyer à la fédération de Gironde du PCF - 15 rue Furtado - 33800 Bordeaux, à l’ordre de l’ADF PCF 33

Les Nouvelles 7 février 2019 • 7


CHRONIQUE

CULTURE & SOLIDARITÉ

NOUVELLES IDÉES REÇUES

« LA CLASSE OUVRIÈRE, C’EST PAS DU CINÉMA »

16e Rencontres du 12 au 17 février Les rencontres cinématographiques « La classe ouvrière, c’est pas du cinéma », organisées par Espace Marx Aquitaine Bordeaux Gironde et le cinéma Utopia de Bordeaux ouvriront mardi 12 avec le film État de siège de Costa Gavras et film et un débat sur Mediapart en présence d’Edwy Plenel, en personne ! Autant dire que ça commence fort. Tout le programme ici et plus de précision sur le site de l’Utopia (http://www.cinemas-utopia.org/ bordeaux/). Mardi 12 février : ouverture 16h30 - État de siege, de Costa-Gavras. France, 1972,1h57. Débat avec Edwy PLENEL 20h15 - Depuis Mediapart, de Naruna Kaplan De Macedo. Documentaire, 2019, 1h40. Présentation et débat avec Edwy Plenel. Mercredi 13 février : Costa-Gavras, le cinéma politique de grande audience 10h - Rencontre du matin à Utopia. Projection du film de Serge Le Péron, Lise et Artur, un couple en résistance. Documentaire, 2004, 1h24. Entrée libre. 14h - L’aveu, de Costa-Gavras. France, 1970, 2h20. Débat avec Jean-Claude Cavignac. 20h15 - Mising (Porté Disparu) de Costa-Gavras. États-Unis, 1982, 1h57, VOSTF. Débat avec JeanClaude Cavignac. Jeudi 14 février : Voyage en utopies ouvrières et patronales 9h30 - Rencontre du matin au Musée d’Aquitaine, animée par Philippe Trouvé, enseignant et chercheur. 14h - Le bonheur au travail, de Martin Meissonnier. Documentaire, 2014, 1h30. Débat avec Philippe Trouvé et Bruno Fontan. 16h30 - Nul homme n’est une île, de

Dominique Marchais. Documentaire, 2018, 1h26. Débat avec JeanPierre Andrien et Thierry Hofer. Intermède par la chorale La volière 20h15 - Si j’étais le patron, de Richard Pottier. Fiction, 1934, 1h42. Débat avec Jean-Pierre Andrien et Philippe Trouvé. Vendredi 15 février : Sport, éducation des filles et cinéma 9h30 : Rencontre du matin au Musée d’Aquitaine, animée par Nicole Abar, footballeuse professionnelle, et Anne Saouter, chercheure. 14h - Moi, Tonya, de Graig Gillepsie. Documentaire, USA 2017, 2h01, VOSTF. 17h - Hors jeu, de Jafar Panahi. Fiction, Iran, 2006, 1h33, VOSTF. 20h30 - Avant-première : Santiago, Italia, de Nanni Moretti. Documentaire, Italie, 2018, 1h20, VOSTF. Débat avec Carmela Maltone-Bonnenfant, enseignante et chercheure. Samedi 16 février : Le Kurdistan à travers le cinéma Présentations et débats avec Kristian Feigelson, enseignant, Raphaël Lebrujah, journaliste et Badia Hassan, du Conseil démocratique kurde. 14h - Le temps dure longtemps, de Ozcan Alper. Turquie/Allemagne/ France, 2011, 1h48, VOSTF. 17h - Commander Arian, de Alba Sotorra. Documentaire, 2018, 52min, VOSTF. Rojava, la révolution par les femmes, de Mylène Sauloy. Documentaire, 2018, 25min. Débat en présence des réalisatrices. 20h30 - Un temps pour l’ivresse des chevaux, de Bahman Gobadhi. Iran, 2000. 1h20, VOSTF. Dimanche 17 février : À la rencontre d’Alain Guiraudie, cinéaste vagabond

Les Chaises, farce tragique de Ionesco

« La difficulté n’est pas mince pour les comédiens, car comment s’y retrouver avec ces dialogues sans queue ni tête ? Ici c’est impeccable, et si on ne sait pas où l’on va, on y va bon train, avec ce rire

qui reste coincé dans la gorge… 100 % ricanant. 100 % Ionesco », Joël Raffier, Sud-Ouest. Mise en Scène de Jacques AlbertCanque et Christiane Destouesse avec Colette Sardet, Michel Allemandou & Eva Diop ; musique : Jean-Michel Rivet ; lumières : Jacques AlbertCanque & Lucas Baruche. Réservations au : 05 56 11 06 11

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932

8 • Les Nouvelles 7 février 2019

Achetez vos places au Cinéma Utopia, 5 place Camille Jullian, à Bordeaux. SOLIDARITÉ

Par et pour le Secours pop’ Le comité de Bègles du Secours populaire français organise une journée « portes ouvertes », dédiées au Don’Action (campagne en cours pour financer le fonctionnement de l’association) : Samedi 16 février 2019 de 10h à 17h. Vêtements, chaussures, livres, bijoux, etc. Secours Populaire Français 15 rue Yvonne et Robert Noutary 33130 Bègles Tel. 05.56.49.58.45 E-mail : spf.begles@sfr.fr ANNONCES LÉGALES

LE GROUPE 33 JOUE :

Théâtre du Pont Tournant (13 rue Charlevoix de Villers 33300 Bordeaux) les 7,8,9 février à 20h30 et le 10 février à 16h.

Projections en présence du réalisateur Alain Guiraudie avec Laurent Lunetta, réalisateur et scénariste, Marguerite Vappereau, enseignante et chercheure, Philippe Bouthier, artiste et enseignant. 14h - Un été viril, de Laurent Lunetta. 2019, 22min. Soutenu par la région Nouvelle Aquitaine et le Conseil départemental des Landes, en partenariat avec le CNC, accompagné par I’ALCA Nouvelle Aquitaine. Du soleil pour les gueux, de Alain Guiraudie. 2001, 55 min. 16h - Le roi de l’évasion, de Alain Guiraudie. 2009, 1h37. 18h - Master class de Alain Guiraudie, avec Laurent Lunetta, Marguerite Vappereau, et Philippe Bouthier. 20h30 - Rester vertical, de Alain Guiraudie. 2016, 1h40. Soutenu par la région Nouvelle Aquitaine en partenariat avec le CNC, accompagné par I’ALCA Nouvelle Aquitaine.

AVIS DE CONSTITUTION

Il a été décidé de constituer une société dont les caractéristiques sont les suivantes : Dénomination : AUX PETITS POIDS Forme juridique : SASU Capital social : 1 000 € Siège social : 260 Cours de la Somme – 33800 Bordeaux Objet : Epicerie, salon de thé, évènementiel. Durée : 99 ans Président : Mme JAUD COLOSIO Isabelle domiciliée 24 rue du doyen Henri Vizioz à 33400 Talence. La société sera immatriculée au Registre du Commerce et des Sociétés de Bordeaux Pour avis, TRANSFERT DE SIEGE SOCIAL

Cabinet THERET & ASSOCIES SCI au capital de 1.200. 000 € Siège social : 12 place Saint Hubert 59000 LILLE 838 004 828 RCS LILLE METROPOLE L’AGE du 01/09/2018 a décidé de transférer, à compter de ce jour le siège social à CAMBLANES ET MEYNAC (33360) 1 Chemin du Cluzeau, et de modifier en conséquence l’article 4 des statuts. La gérante est Mme Isabelle ROZE épouse CHARLEMAGNE, demeurant à La Chardonnaie, 89 route d’Asquines (62850) JOURNY. La société sera désormais immatriculée au RCS de BORDEAUX Pour avis,

par Gérard Loustalet Sens www.nir-33.fr L’esprit versaillais

Avec le vote de la loi travail, malgré de puissantes manifestations syndicales, le pouvoir macronien pensait bien avoir maté le mouvement social. Et le voilà qui resurgit, de manière inédite, avec la révolte des Gilets jaunes, comme un couvercle qui explose. C’en est trop pour les bien pensants et l’ordre établi. Les vieux réflexes de panique et de haine sociale ont très vite refait surface chez les possédants, leurs laquais et leurs obligés. On cultive la peur de ce qui ne saurait être qu’une populace avide de pillage et de chaos, on en appelle aux forces de l’ordre afin de mettre à la raison cette canaille… C’est une conjonction de la propriété, du sabre et du goupillon qui traverse toute l’histoire de France. J’appelle cela l’esprit versaillais. Les Versaillais, c’est le gouvernement, en 1871, dirigé par l’infâme M. Thiers, replié à Versailles devant l’insurrection de la Commune hier condamnée avec les mêmes accents qu’aujourd’hui les GJ. Thiers, profitant de la défaite française face aux Prussiens, va reconstituer une armée, non pas pour combattre les Prussiens mais pour abattre Paris insurgé. Il obtient la collaboration (déjà!) de Bismarck qui lui libère plusieurs dizaines de milliers de prisonniers de guerre et permet aux troupes versaillaises de contourner Paris. Gustave Flaubert, pourtant horrifié par la Commune, remarque ironiquement : « Ah ! Dieu merci, les Prussiens sont là ; c’est le cri universel des bourgeois » (cité dans La Commune de 1871, Jean Bruhat, Jean Dautry et Emile Tersen, Editions sociales, 1960, p.221). C’est une armée de « lignards » (infanterie de ligne), elle apparaît dans le dernier et superbe roman d’Hervé Le Corre, Dans l’ombre du brasier, pour « pulvériser la canaille qui terrorise depuis deux mois les braves gens » (p.84). On connaît la suite, la Semaine sanglante, le massacre des Communards, les déportations… La propriété était sauvée et la IIIème République fondée dans une mare de sang. Les Versaillais de nos jours sont privés de massacre même si certains, semble-t-il, – on l’a entendu – n’y auraient pas répugné… Faute de chassepots, on a le LBD, on cherche à meurtrir, blesser et l’on réussit à estropier, mutiler sous les applaudissements des bons bourgeois apeurés mais rassurés de voir cette « racaille jaunasse » (je l’ai lu!) mise au pas. Près de 10 000 tirs de LBD avec les dégâts que cela peut provoquer, voilà de quoi réjouir les honnêtes gens ! Il y a ainsi une multitude de petits Versaillais qui s’ignorent. Le gros des troupes se trouve dans les classes moyennes supérieures massivement macroniennes. On les reconnaît à leur exécration sordide des pauvres comme à leur déférence envieuse envers les puissants, tout un ethos dont nous reparlerons, celui de ce qu’Alain Accardo appelle de manière savoureuse le petit-bourgeois gentilhomme (Agone, 2009). On sait le ruissellement d’eau tiède libérale que nous infligent en permanence les médias dominants sous forme de pseudo-débats où compères et commères entretiennent une connivence sans cesse renouvelée. Commentateurs tous terrains, experts en tous genres, éditocrates multicartes, sont grassement rémunérés pour, sous couvert d’analyses politiques, nous administrer des opinions personnelles dont on n’a que faire et qui ne font que relayer la communication gouvernementale. Et toujours les mêmes tristes figures, les Jeudy, Saint-Cricq, Weil, Fressoz, etc… Et l’inénarrable Barbier, aussi verbeux qu’inutile, péremptoire et content de lui… Et le Perrineau, politologue officiel, onctueux comme un cardinal… Et le chanoine Apathie qui cultive un vague accent de terroir pour faire débonnaire… Et les inévitables sondeurs qui fabriquent l’opinion officielle sous prétexte de « mesurer » l’opinion générale… Et les chefs de meute : Calvi et son épais « bon sens » qui rejoint toujours l’intérêt des puissants, Pujadas affichant un prétendu professionnalisme qui n’est qu’une servile conformité ! Tous ces gens proclament bien sûr leur totale liberté de parole laquelle n’est due qu’au fait qu’ils ont été choisis pour leur acquiescement sans faille à la doxa libérale. Et l’esprit versaillais n’est jamais loin. « Foutez-les tous en taule ! Rétablissez l’ordre », couine élégamment un certain Brice Couturier, pilier néo-réactionnaire de France-Culture. Tout Versaillais se doit de célébrer les forces de l’ordre. M. Bruno Dive n’y manque pas : « agressées », « molestées », « menacées », elles « ont montré (leur) sang-froid » (Sud-Ouest, 01.02.2019). Sans blague ! Peu importe les centaines de GJ gravement blessés, les mains perdues, les yeux détruits… Des dommages collatéraux négligeables, c’est toujours le prix du retour à « l’ordre républicain » !


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