Nouvelles N° 2292

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Jeudi 31 janvier 2019 - N° 2292 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

Lettre aux États-Unis sur le Venezuela :

CESSEZ DE VOUS IMMISCER ! P.6

SOUTIEN À


ACTUALITÉ TRIBUNE

BORDEAUX

AVE CesarE : les souvenirs s’estompent, mais je n’oublie pas

Un weekend ordinaire en macronie…

Je n’oublie pas ta présence à Bordeaux lors d’une initiative d’Espaces-Marx autour de l’engagement. Soyons plus précis: il s’agissait d’une initiative de l’actif atelier philo (Discordances), conduite par Dominique Jobard et Philippe Caumières fin octobre 2003, se déroulant dans plusieurs lieux (cinéma Jean Vigo, salle de la Machine à Lire rue du parlement St Pierre), mariant projections et conférences, débats, échanges. De toi, j’ai le souvenir d’un regard perçant, direct, qui n’inspirait la sympathie que parce qu’il refusait toute dérobade. J’ai aussi le souvenir d’une déambulation-discussion rue Porte Dijeaux, au retour d’une projection-débat autour de La Chinoise de J-L Godard, ou de Ciao Bella Ciao de Jorge Amat. Et puis, malgré ton assurance affichée, tu n’as pas manqué d’exprimer ton désarroi en venant me voir avant le débat sur l’engagement. Tu n’avais rien préparé et tu ne savais pas ce que tu allais « pouvoir dire ». Je t’ai rassuré en te demandant de faire part de ton expérience dans ce domaine, et tu l’as fait avec brio et pertinence, en écrivain et en exmilitant d’extrême gauche. Tu n’étais pas homme à faire des cadeaux cajoleurs, tu t’exprimais directement, hors de propos attendus. Quand l’ère Mitterrand (favorable à l’accueil des ex-extrémistes italiens), a laissé la place à la présidence Chirac, tu étais menacé. Fred Vargas (La vérité sur Cesare Battisti-2004) et d’autres se sont alors battus et ont organisé ta défense, puis ont fini par contribuer à ton évasion de France, menacé que tu étais d’être renvoyé en Italie. À Bordeaux, avec l’ami Docteur Gilles Mangard et sa compagne écrivain Stéphanie Benson, nous avons à quelques-uns mis en mouvement un Comité de soutien, mené quelques actions. Dans cette période, la presse affirmait de façon dominante, parfois agressive, que les intellectuels et la gauche française étaient « complètement à la masse ». La preuve en était qu’en Italie il y avait unanimité, particulièrement à gauche, contre Cesare Battisti, ce tueur sanguinaire. Voire ? Quelques grands intellectuels italiens, inaudibles, ne partageaient pas ce point de vue. Au nom de quoi les Français soutenant Battisti auraient-ils été dans l’erreur quand celui-ci avait été condamné par contumace, sur le témoignage d’un chef repenti de son groupe qui avait pu ainsi bénéficier d’une confortable remise de peine ?… Qu’importe, Cesare Battisti s’est rappelé à nous, sans le savoir, quelques années plus tard à Bordeaux. Michel Allemandou, avec son théâtre Le gai Savoir, a mis en scène et joué La cavale de Battisti à Villenave d’Ornon en janvier 2008 (dans un tryptique comportant Eva forever et Le Silence des communistes). Le même a redonné La Cavale de Battisti (avec Le silence des communistes) en novembre 2009 au théâtre du Pont Tournant. Michel Allemandou y proposait une adaptation inventive et frémissante du texte que venait de publier C. Battisti : Ma cavale (Grasset-Rivages 2006). Cette « confession d’innocence », sans concession, était préfacée, il faut le rappeler, par le tonitruant Bernard Henri-Lévy, dont les opinions et les convictions sont totalement opposées à celles de Césarée, des années 70 aux années 2000. La défense des droits, la volonté de justice, permettent parfois, pour un temps ou pour longtemps, de ces rencontres… Et l’ouvrage s’enrichissait aussi d’une post-face de la fidèle Fred Vargas. Depuis, on sait que celui qui passa d’Amérique latine en France, de France en Amérique latine, a finalement été livré par la Bolivie (au nom de quels avantages accordés par le Brésil fasciste ?) à l’Italie de Salvini (Sale boulot), et aboutissement d’une histoire, d’une cavale de dizaines d’années. Les médias, très hostiles à Cesare, et très oublieux du parcours de cet homme et de l’oeuvre de cet écrivain, auront tout de même été un peu déçus… Cesare, à sa descente d’avion et à son arrivée sur son hostile sol natal, n’a prêté le flanc à aucun scandale et n’a donné l’occasion à aucun commentaire désobligeant ou carnassier. Dignité et simplicité, non menotté : chapeau, Cesare, ils t’on eu, mais tu nous a eus. Ton arrestation et ton incarcération, assumées en toute dignité, auront fermé le bec (une fois pour toutes ?) aux viandards et aux charognards. Vincent Taconet - 23 janvier 2019

Une pétition pour exiger l’« Amnistie pour Battisti et pour tous les faits en relation avec les années de plomb » est lancée : www.mesopinions.com/petition/politique/amnistie-battisti/58505 2 • Les Nouvelles 31 janvier 2019

Toujours, le désamour entre citoyens bordelais et le maire sur la question du stationnement et 4 manifs au programme… En fait, le weekend a commencé jeudi soir. C’était les vœux d’Alain Juppé à la Halle des Chartrons. La coordination bordelaise pour une révision du stationnement s’est invitée à la porte pour informer les habitants de ce que signifie une mascarade de concertation avec la Mairie. Pas content le Maire, mais il y a encore d’autres cérémonies de vœux à venir… Quatre manifestations étaient en suite à l’ordre du jour : • Celle des camarades, enseignants et parents d’élèves des collèges Cassignol et Grand Parc en soutien à Anna et Samuel dont la famille est menacée d’expulsion. En France depuis trois ans, la famille est un exemple en matière d’effort d’intégration. Le jugement à venir du 4 février les fait vivre dans l’angoisse. France, terre d’asile !!!!!! • Samedi après-midi, Gilets Jaunes. On a beau ne pas être très fort en calcul, il va falloir donner des tuyaux à la Préfecture. Evidemment, elle ne se trompe pas sur le nombre des forces de l’ordre mais pour ce qui est des manifestants, il y a du progrès à faire. Ce qui déroute la Préfecture, c’est peut-être que ces rassemble-

ments hebdomadaires ne sont pas tristes. Ils sont quand même dans la m… c’est pas normal qu’ils rigolent, chef. Ah mince ! J’ai oublié d’en compter ! Faut dire qu’ils bougent tout le temps. Chef, c’est plus facile avec les, nôtres qui bougent pas, eux ! • Dimanche début d’après-midi : marche pour le climat. La météo est de saison mais ne freine pas les ardeurs. Combien de… marcheurs ? Ce qui importe le plus, c’est la présence de Gilets Jaunes d’un côté et de l’autre les pancartes dénonçant l’incompatibilité entre le climat et le CAC 40. • Dimanche 16h, rassemblement à la Victoire en l’honneur de Frank Page, ce jeune coursier à vélo mort lors d’un accrochage avec un camion alors qu’il effectuait une livraison pour Uber Eat. Famille, amis, coursiers, sympathisants sont là pour témoi-

gner de l’incongruité de cette vie fauchée pour les profits d’Uber. L’arrêt de la marche devant la publicité de la plateforme, place de la Bourse, est un temps fort de ce recueillement. Quatre moments d’un weekend ordinaire en macronie, quatre portes d’entrée différentes pour dénoncer les conséquences d’une société malade de la recherche de plus de profit pour les déjà riches, de l’individualisation des rapports de travail, de l’incitation au rejet de l’autre. Mais ces moments auront démontré la capacité des acteurs à se rassembler autour d’un objectif commun, par-delà leurs différences. Et le mot solidarité a encore du sens. Et si on mettait maintenant tous nos objectifs en commun ? Une occasion se présente : le 5 février. Jean-Jacques Bordes


ACTUALITÉ

Editorial

ÉLECTIONS EUROPÉENNES

Arthur Hay, sur la liste soumise au vote des militants PCF

Jusqu’au 2 février, les militant-e-s communistes sont appelé-e-s à se prononcer sur une liste de 79 noms, candidat-e-s aux élections européennes avec Ian Brossat à leur tête. En 9e place, se trouve un bordelais dont l’action syndicale a souvent été évoquée dans nos colonnes : Arthur Hay. Son engagement au sein des coursiers à vélo et pour trouver des alternatives à l’ubérisation a trouvé « un soutien sincère » auprès des communistes. Il nous raconte. Arthur a 30 ans. Bordelais depuis 3 ans, il est originaire de Poitiers et titulaire d’un master de Gestion de projet humanitaire. Il est engagé dans de grosses associations d’accès aux droits pour les migrants et d’accès aux soins pour les plus démunis. Comme beaucoup de jeunes indépendants et de bonne condition physique, Arthur avait vu dans l’auto-entreprenariat de la livraison à vélo une façon d’être libre. Mais rapidement, il déchante et saisit le lien de subordination entre les plateformes internet de livraison et les livreurs : un salariat qui n’en offre pas les protections. Alors qu’un peu partout, des collectifs de livreurs à vélo s’organisent, c’est auprès de l’Union départementale CGT qu’Arthur et ses collègues trouvent du soutien

et montent le premier syndicat de coursiers. « À ce moment-là, on a fait parler de nous. Des militants du PCF sur Bordeaux sont venus nous voir pour échanger et nous proposer du soutien, sur le plan national aussi. » De débats à la fête de l’Humanité, en manifs, jusqu’à la constitution d’un collectif Pédale et Tais-toi, avec les sénateurs communistes Fabien Gay et Pascal Savoldelli, les liens deviennent réguliers. « On s’est bien entendu et on a bien travaillé ». Avec des gens de Coopcycle (fédération européenne des coopératives de livraison à vélo), Arthur rencontre Ian Brossat, annoncé comme tête de liste du PCF aux européennes, à Paris. « Ayant travaillé à propos de la plateforme Airbnb, il a vite compris de quoi nous parlions car il y a des logiques communes. Mais j’ai quand même été très surpris quand il m’a appelé quelques temps plus tard pour me proposer d’être sur la liste. J’ai pris quelques jours pour réfléchir et puis je me suis dit que c’était un moyen supplémentaire de porter le combat des coursiers. Je trouve aussi que les communistes posent des débats que personne d’autre ne pose. Cette liste regroupe des gens de terrain, en prise avec les luttes, pas des politiciens. » Arthur n’est ni membre du PCF, ni d’une autre organisation politique même si depuis ses premières manifs anti-CPE, il s’est forgé petit à petit

une conscience politique. « Je pense que nous pouvons porter une parole honnête pour faire changer les choses. Quand je vais dans les manifestations des gilets jaunes, quand je parle aux gens, que je regarde les pancartes, que je vais sur les réseaux sociaux, j’ai l’impression que ça rejoint beaucoup des idées du Parti communiste. Quand tu parles de coopérative, d’entreprises où l’outil de production appartient aux travailleurs, mêmes ceux qui se disent ultra-libéraux trouvent ça bien, ils ont conscience d’être exploités. Mais remettre en cause globalement le capitalisme est une étape que tous ne sont pas prêts à franchir mais ça viendra, on y arrivera. » Arthur profite de son métier de livreur pour s’arrêter dans toutes les manifs qu’il croise, pour celles des gilets jaunes, il a mis un peu de temps. « Au début, je me suis méfié à cause de la présence de l’extrême droite. Je suis arrivé dedans vers le 5e ou 6e samedi parce que des amis m’ont raconté ce qui se passait réellement sur les ronds-points, aux péages : l’entraide, la diversité, l’échange... Aujourd’hui j’y vois surtout un terreau fertile à des révoltes justifiées. » Dimanche, Arthur était aussi auprès de la famille de Franck Page, ce jeune étudiant venu de Marmande qui s’est mis à la livraison à vélo pour compléter une bourse insuffisante et qui est décédé dans un accident lors d’une livraison pour Uber Eat (voir ci-contre). Mardi, il participait aux vœux de la fédération du PCF, l’occasion de se présenter aux militants, il sera samedi au débat organisé à Bègles (lire page 7) et le 8 février au débat/repas de la section de Bordeaux avec Fabien Gay (19h, salle Pierre Tachou à Bacalan, tram B arrêt Brandenbourg – voir notre édition précédente, P.7). Christelle Danglot

5 FÉVRIER POUR RÉPONDRE À L’URGENCE SOCIALE

Manifestation intersyndicale à Bordeaux Une manifestation à l’appel de la CGT, FSU, FIDL et UNEF aura lieu à Bordeaux le mardi 5 février 2019. Elle partira à 11h30 de la place de la République. Nationalement, les travailleurs du public et du privé, mais aussi les jeunes et retraités, sont invités à se mobiliser pour dénoncer les « injustices sociales, territoriales et fiscales ». « La CGT n’a cessé d’alerter les pouvoirs publics, déclare le syndicat, de mobiliser dans les entreprises et les services contre des reformes régressives et pour une autre répartition des richesses produites dans le pays. Gouvernement et patronat sont

restés sourds et sont responsables de la crise actuelle. Ce ne sont pas les mesurettes récentes annoncées par le gouvernement en réponse au mouvement des gilets jaunes qui répondent aux urgences sociales. Les 57 milliards d’euros versés aux actionnaires des grandes entreprises démontrent l’ampleur des richesses créées par les travailleurs. Au-delà des mobilisations des citoyen-ne-s depuis de nombreuses semaines, il est indispensable de construire un rapport de force, notamment par la grève, pour imposer au patronat la redistribution des richesses. » La CGT appelle les salarié-e-s, les agent-e-s, les jeunes comme les

retraité-e-s, les privé-e-s d’emploi à se mobiliser pour obtenir : une augmentation du Smic, du point d’indice, de tous les salaires et pensions ainsi que des minimas sociaux ; une réforme de la fiscalité (plus grande progressivité de l’impôt sur le revenu, allègement de l’impôt indirect pénalisant les salariés et les ménages, le paiement des impôts en France de grandes sociétés, imposition plus forte des plus hauts revenus et de la détention de capital) ; la suppression des aides publiques aux entreprises (CICE, et exonérations diverses, etc.) ; le développement des services publics partout avec des moyens suffisants en personnels ; le respect des libertés publiques tel que le droit de manifester.

Le mouvement des gilets jaunes doit grandir Nous vivons, avec la lutte initiée par les gilets jaunes, un moment important, un moment inédit dans la vie politique française. Après des années de reculs sociaux et démocratiques, sous le signe d’une nécessaire acceptation, adaptation et disons-le accompagnement du système capitaliste, des citoyens ont décidé de dire STOP. Assez d’injustices et d’inégalités ! Nous voulons vivre ! Nous voulons l’augmentation des salaires, des retraites, davantage de services publics, etc. Et il faut dans ces conditions taxer les riches, le capital, remettre l’ISF, baisser les taxes. Nous ne sommes plus dans l’acceptation du moindre mal. Nous passons dans une démarche offensive, revendicative, une démarche de reconquête. Le pouvoir de Macron, et le pouvoir de l’argent ne s’y trompent pas. Il y a danger. Ce qui explique leur attitude face aux manifestants (provocations et répression), mais aussi en coulisse : il faut mobiliser pour contrer ce qui monte, renforcer la bataille idéologique, être sur le terrain pour dévoyer les contenus essentiels du mouvement. Les propos de Macron dans sa lettre et les débats initiés pour cela, ceux de Castaner sont à la hauteur. Ils ne lâcheront rien, ce sont eux qui le disent. Le mouvement doit s’élargir, gagner toutes les couches de la population, en particulier les salariés des entreprises, des services publics, des banlieues. Ce qui est au cœur du débat citoyen, ce sont les exigences que portent les Gilets Jaunes depuis le début ; c’est ce qui les unit et les fait durer. C’est aussi ce qui écarte les tentatives de récupération, de division, de dévoiement d’où qu’elles viennent et c’est ce qui pose problème au pouvoir. Les communistes veulent que le mouvement grandisse. Ils veulent que chaque jour les citoyens plus nombreux passent le cap du soutien à celui de l’engagement, celui d’acteur. Si le soutien aux Gilets Jaunes est majoritaire c’est parce qu’il porte les intérêts du plus grand nombre. Les jours qui viennent sont importants. Des mobilisations sont programmées, les cahiers de doléances se remplissent, les réunions doivent nourrir les débats sur les contenus transformateurs du mouvement. Les Gilets Jaunes disent souvent : « J’ai retrouvé une famille, l’envie de vivre, la solidarité, je suis sorti(e) de l’isolement ». Tout ce que le pouvoir de l’argent ne veut pas. Plus nombreux, plus convaincus, faisons changer de camp les peurs et les reculs, faisons grandir la solidarité, l’espoir et nous ferons grandir les possibles.

Pierre Vignau membre de l’exécutif du PCF 33

Les Nouvelles 31 janvier 2019 • 3


SOUTIEN À L RÉSOLUTION AU CN DU PCF

APPEL

Pour que vive et se développe L’Humanité

Mobilisation générale pour L’Humanité.

(…) « L’Humanité, composante historique du pluralisme de la presse française et des combats progressistes, ne peut compter que sur l’engagement de ses équipes, le militantisme, ses lectrices et lecteurs, ses amis, les diffuseurs de L’Humanité et L’Humanité–Dimanche. Elle est toujours discriminée en matière de communication publicitaire et, depuis la fin de l’année 2015, un million d’euros de crédits de l’État, au titre de quotidien à faibles ressources publicitaires, lui ont été ôtés, accroissant d’autant ses difficultés financières. Trop peu de forces politiques, sociales ou associatives réclament des pouvoirs publics qu’ils garantissent les conditions d’un réel pluralisme de la presse, pourtant inscrit dans la Constitution française. Il y va des conditions de l’information et du débat d’idées dans notre pays. Qu’il s’agisse des luttes sociales, de

celles pour la préservation de la planète, des confrontations politiques et culturelles nécessaires en démocratie, de la solidarité internationale et de la paix, dans tous ces domaines, « L’Humanité » joue un rôle original et utile. Tout commande de le revaloriser. (…) C’est pourquoi, le Conseil national du Parti communiste français appelle à un large engagement pour répondre à la campagne d’abonnements de découverte et de parrainage que lance L’Humanité. Des milliers de personnes autour de nous sont susceptibles d’être intéressées par la découverte et la lecture de L’Humanité-Dimanche et de L’Humanité. Il invite les élus progressistes et républicains à faire une juste place à L’Humanité, parmi les bouquets de presse dans les médiathèques et bibliothèques des centres de documentation des lycées et collèges, les lieux d’accueil au public des collectivités territoriales. » (…)

Ils-elles soutiennent L’Humanité Xavier Ridon - 30 ans - journaliste à Rue89 Bordeaux, directeur de la radio La Clé des Ondes Elles sont mon quotidien. Au pied de mon lit, sur mon canapé, avec mon café. Sur mon bureau, dans mes archives, dans mes valises. Elles sont pliées en quatre quand je les sors de mon manteau dans le tramway. Elles sont gribouillées, surtout les mots croisés. Elles s’accumulent dans ma vie au rythme du temps qu’il me manque pour les lire. Quelques fois, elles m’envahissent. Mais, il faut l’avouer, les pages de L’Humanité sont bien moins efficaces que Sud Ouest pour laver mes vitres. L’Humanité est mon quotidien (à part pour les vitres donc). C’est d’ailleurs un joli mot «quotidien» pour un journal, finalement très proche de «courrier intime». Un message à chaque fois différent des autres. La Une pour chaque journal c’est ce qui «viole» l’intimité des personnes pendant un bref instant en leur disant arrêtez toutes vos occupations matérielles, intellectuelles, voici ce qui compte aujourd’hui» comme le définissait le créateur de L’Autre Journal, Michel Butel. La Une de L’Humanité - comme celle de L’Humanité Dimanche - est une interpellation qui sera toute autre que celles des autres quotidiens qui, eux, se plongent dans un même bain tiède idéologiquement. L’Huma offre avec sa première page une autre perspective. J’ai commencé à lire l’Huma lors de mes années d’école de journalisme. Il y a un peu moins de 10 ans. Cette lecture devenait une arme intellectuelle, parfois secrète, pour échapper à la machine idéologique, aux moules, aux formatages qui s’imposent d’euxmêmes dans ces formations. Elle 4 • Les Nouvelles 31 janvier 2019

maintenait ma conscience éveillée. Dans la même veine, il existe bien sûr des hebdos, mensuels, bimestriels, trimestriels. Seulement le matraquage est quotidien, il nous faut donc un autre souffle quotidien - comme le sont aussi la radio et le site internet où je travaille. Patrick De Saint Exupéry, fondateur de la revue XXI et ancien du Figaro, expliquait aux étudiants en journalisme que nous étions que, jeune-homme, il affichait dans ses toilettes les Unes des journaux qui le marquaient et nous demandait : «qui le fait ici ?» Aujourd’hui, dans mes toilettes, sur la porte, il est collé une petite citation mise en exergue dans l’Huma. C’est issu d’un meeting de François Fillon pendant la présidentielle. La chauffeuse de salle hurle : «Je vous demande de faire un triomphe à Pénélope». Un petit bout de papier qui, dans un tel moment solennel, me fait toujours beaucoup rire. Dans mon bureau, j’ai épinglé les discours publiés en dernière page du canard avec Croizat, Jaurès et Taubira. J’ai aussi des souvenirs de reportages forts comme le premier article d’Ixchel Delaporte sur le couloir de la pauvreté en Gironde. Je venais de poser le pied à Bordeaux. Et puis, souvent, avec Tiphaine on se dit : «et tu as lu cet article ?». L’Huma me marque. Ces journaux et articles m’ont permis de comprendre là où je vis, comme les militant-e-s locaux rencontré-e-s qui sont devenu-e-s des ami-e-s. L’Humanité est mon quotidien. Il m’informe, m’apprend, me divertit et des fois, comme n’importe qui, m’ennuie. Mais ce journal est une évidence comme le sont les ami-e-s. Et on ne veut jamais perdre ses ami-e-s alors on les soutient.

Depuis plusieurs mois, nous ne cessons d’alerter sur les lourdes difficultés financières qu’affronte L’Humanité. Nous n’avons ménagé aucun effort pour les surmonter. Les lectrices et les lecteurs se sont levés en masse. En quelques semaines, plus d’un million d’euros ont été collectés grâce à leur si précieux engagement. Une nouvelle fois nous remercions celles et ceux qui y ont déjà participé et ceux qui s’apprêtent à le faire. Cependant, nos actions n’ont pas permis jusque-là d’atteindre nos objectifs. Nous avons continué de nous heurter au refus de la mise en œuvre du plan global élaboré sous l’égide de l’État depuis la fin de l’année 2016. Aucune banque n’a voulu à cette heure s’engager à nos côtés. Dès la fin de la période des « États généraux de la presse » en 2015, un million d’euros ont été retiré à L’Humanité au titre de quotidien à faibles ressources publicitaires quand d’autres y accédaient sans augmentation des budgets du ministère de la culture et de la communication. Ces éléments ont contribué à dégrader la trésorerie de L’Humanité notamment durant l’été dernier, alors que nous continuions à nous battre pour mettre en œuvre ce plan global. Malgré nos tenaces efforts, jusqu’aux premiers jours du mois de janvier, rien ne s’est produit. C’est dans ces conditions que L’Humanité a été placée sous protection du tribunal de commerce la semaine dernière. Celui-ci sta-

tuera sur l’avenir de l’entreprise lors d’une audience qui se tiendra mercredi 30 janvier. Nous plaidons la continuité de l’exploitation de L’Humanité. Il ne s’agit pas d’abord d’un enjeu comptable. C’est une question politique de premier ordre qui interroge une société soucieuse de l’expression du pluralisme des idées, de la démocratie. Au moment où tant de débats et d’inquiétudes s’expriment sur les « fabriques » de « fausses nouvelles », laisser mourir L’Humanité reviendrait à affaiblir la presse de qualité et à assécher encore plus le débat contradictoire. Au moment où les médias connaissent une telle crise de confiance, l’engagement constant de L’Humanité aux côtés des travailleurs, des milieux populaires, des « invisibles », des penseurs qui contestent le système, des créateurs qui portent haut la culture constitue un atout pour le journalisme et un atout pour l’exercice de la citoyen-

Un dessin original offert par Marc Large.

Tiphaine Maurin – 32 ans – Suppléante et attachée parlementaire de Loïc Prud’homme député de Gironde (La France insoumise) « Cela fait 6 ou 7 ans que je lis L’Huma. Occasionnellement au début, puis de plus en plus régulièrement, surtout à la suite de la nouvelle mise en page qui a résolument donné un coup de jeune à ce journal. J’aime lire L’Huma en tant que citoyenne, que militante, mais aussi dans le cadre de mon travail. J’y trouve une information traitée d’un point de vue social que je ne peux lire dans aucun autre titre de la presse quotidienne. Les pages de débat sont également très instructives sur le foisonnement d’idées et de solutions que peut porter la gauche. Aux personnes qui me

disent ne pas avoir le temps de lire un quotidien, je leur conseille toujours la lecture de L’Huma Dimanche, un magazine qui propose des sujets de fond et de qualité sur des thématiques d’actualité ou parfois hors des sentiers battus. Et bien sûr, toujours avec l’esprit de L’Huma, c’est-à-dire d’une presse engagée et qui n’a pas peur de le dire. Ouvrir L’Huma et L’Huma Dimanche, c’est le réflexe de lecture à avoir quand on veut s’informer d’un sujet en dehors de la grille de lecture du gouvernement, du patronat ou du libéralisme, et qu’on veut une information impliquant une vision humaine de notre société. Ces titres sont fondamentaux dans le paysage médiatique et idéologique de la France. Apportons tous ensemble notre soutien ! »

neté. C’est aussi un enjeu de souveraineté pour le pays au moment où plusieurs journaux nationaux viennent ces derniers temps d’être rachetés ou recapitalisés par des groupes industriels et financiers étrangers qui lorgnent sur des activités productives de la France. Il existe un chemin pour que vive et se développe L’Humanité. Durant l’année 2018, le nombre d’abonnés à L’Humanité et L’Humanité Dimanche a progressé et les ventes en kiosques en novembre et décembre sont bonnes. Le nombre d’utilisateurs de la plateforme numérique progresse. La Fête de L’Humanité a été un succès populaire et culturel. Nous appelons aujourd’hui à une mobilisation exceptionnelle pour réussir. Une multiplicité d’actions de solidarité peut être prise dans les villes, et villages, dans les entreprises, dans les universités : collecte de fonds, débats, banquets de soutien, animations de rue, campagne pour faire découvrir nos journaux… Nous lancerons dans les prochains jours une grande campagne d’abonnements, de parrainage sous le thème « À chaque lectrice et lecteur son nouvel abonné » à L’Humanité Dimanche et à L’Humanité des débats du vendredi, pour deux mois au prix de 27 euros. Nous proposons aux élus progressistes et républicains de contribuer à donner sa juste place à nos journaux dans les bouquets de presse des bibliothèques et médiathèques, comme dans les lieux d’accueil au public. Nous appelons l’État à prendre de nouvelles initiatives pour défendre le pluralisme de la presse, à augmenter l’aide aux quotidiens à faibles ressources publicitaires, à ne pas démanteler les fondements de la loi Bichet de distribution de la presse. Dès maintenant nous plaçons L’Humanité sous protection populaire et citoyenne. Dans ce cadre, une grande soirée de mobilisation et de solidarité pour L’Humanité aura lieu le vendredi 22 février à la salle La Bellevilloise à Paris. Une multitude de personnalités ont déjà annoncé leur participation en faveur de cette mobilisation. Une grande bataille pour sauvegarder et développer L’Humanité doit s’engager. Une des composantes historiques de la presse française ne saurait disparaître. Patrick Le Hyaric, directeur de L’Humanité, le 28 janvier 2019


L’HUMANITÉ Karfa Diallo, directeur de l’association bordelaise Mémoires et Partages.

BÈGLES

« L’Humanité est une nécessité ! Pour la démocratie Pour le pluralisme Pour la justice sociale Pour l’égalité Pour les «sans dents», pour ceux que l’esclavage n’a pas réussi à vaincre, pour la mémoire de ceux qui du fond de la mine nous ont permis de gagner des droits, pour ceux qui ne cessent de traverser la rue sans trouver du travail, pour ceux qui s’en inspirent, pour ceux qui luttent, pour ceux qui dansent N’oublions pas d’où nous venons. Que vive L’Humanité ! »

Henry organise la permanence de militants qui permet la diffusion des 5 HD. Denis arrive vers 10h, comme toutes les semaines, le cabas chargé, les poireaux dépassent. Il s’arrête et sort le porte-monnaie pour acheter le journal. « Vous savez que l’Huma est en grandes difficultés ? Il y a des risques de disparition… » lui explique un militant. Après un moment de réflexion (sidération ?) : « Cela ferait un grand vide », répond Denis. La conversation s’engage, il est psychologue dans un institut

Au point de vente place du XIV juillet pour enfants en difficultés. « Mon père était cheminot. Ma jeunesse, c’est la cité du Dorat. Je me rappelle Simone Rossignol, Duhourquet… Je lis l’Huma parce que j’y retrouve un regard sur L’Humain. Pas des chiffres, la rentabilité, mais L’Humain, la subjectivité. L’Huma, c’est l’histoire… de grands noms, Jaurès ». À la semaine prochaine ! Un autre monsieur approche. « Ah oui, l’Huma… ! Je ne le lis pas mais là, je dois l’acheter ! » P.B.

GUY JUILLERAT DE BACALAN :

« Des informations qu’on ne lit pas ailleurs »

SECTION SNJ-CGT HUMANITÉ

Mobilisation pour L’Humanité L’Humanité est un bien précieux. Précieux pour les citoyens pour comprendre le monde et avoir les moyens de le transformer. Précieux pour ceux qui souffrent de l’oppression. Précieux pour ceux qui luttent au quotidien contre les injustices, les inégalités et les discriminations. Un bien précieux qui occupe une place singulière, celle du dernier quotidien indépendant des grands groupes. En 2019, ce bien précieux est en danger comme jamais. Les mutations technologiques dans la presse, le changement des habitudes de lecture mais aussi le besoin d’innovation éditoriale exigent des moyens. Devant l’impossibilité de faire face à d’importantes difficultés financières, L’Humanité s’est placée sous protection du Tribunal de commerce de

Bobigny. Une audience aura lieu le 30 janvier pour décider de l’avenir de l’entreprise et d’une procédure de continuation de l’exploitation. Les salariés de L’Humanité savent ce qu’ils doivent aux lecteurs et à leur soutien indéfectible. Nous sommes résolus pour notre part à nous battre pour que le journal fondé par Jean Jaurès continue de remplir sa mission en 2019. Ce sont de nouveaux défis qu’il nous faut relever. Nous y sommes prêts. Mais le pluralisme de la presse est un enjeu démocratique, et l’État doit prendre ses responsabilités pour l’assurer. Nous sommes convaincus que notre journal joue un rôle singulier dans le paysage médiatique. Chaque jour nous avons à cœur de faire entendre cette voix singulière

et de la faire vivre avec nos lecteurs. Aujourd’hui, L’Humanité a besoin de la mobilisation de tous. Nous appelons tous ceux qui sont attachés aux valeurs démocratiques et républicaines, tous ceux qui portent haut les valeurs de justice sociale à se joindre à nous pour écarter les menaces. Souscrivez, faites un don, abonnezvous ou abonnez vos proches, achetez nos journaux en kiosque, partagez ses articles et vidéos sur les réseaux... Et venez nombreux porter cette voix lors des Six heures pour L’Humanité, le 22 février à la Bellevilloise. Comme toujours, notre nombre fera notre force. Saint Denis, le 26 Janvier 2019

Guy Juillerat, lors du point-rencontre devant la Poste de Bacalan

Le samedi, devant la Poste, ou le dimanche place Maran, lors des points rencontres des communistes bacalanais, Guy Juillerat propose L’Humanité Dimanche aux habitants du quartier. Il y échange avec eux, en s’appuyant sur les acquis de ses lectures quotidiennes. Lors des manifestations, on le voit également arpenter le cortège, une sacoche en bandoulière, pour vendre quelques numéros. Ces derniers temps, l’édition spéciale sur l’évasion fiscale a d’ailleurs son petit succès. Guy, 84 ans, diffuse L’Humanité depuis des décennies désormais, depuis les années 60, quand il travaillait chez Dassault. Pour lui, L’Huma, c’est avant tout la garantie d’avoir des informations qu’il ne lira pas ailleurs. Dans sa famille, son oncle a fait la guerre de 14-18. « Il m’a raconté les atrocités qu’il a vécues. Son fils, mon cousin, s’est tapé les camps de concentration. Mon frère était dans la Résistance. Moi, j’a fait deux ans en Algérie. Je voulais comprendre les raisons de tous ces massacres. Mais les autres journaux ne les expliquaient pas vraiment, et

n’expliquaient pas ce que j’ai pu trouver dans l’Huma. Ils n’avaient rien à voir ». C’est donc pour ça, pour l’information, pour que « les gens aient accès à des choses qu’ils ignorent », qu’il s’est battu. « Et que je me bats encore ». C’est peu après son arrivée chez Dassault, en 1961, « à l’outillage » qu’il a commencé la diffusion… « On avait un copain de haut niveau qui s’occupait de L’Humanité. Mais il est gravement tombé malade, et c’est comme ça que j’ai débuté, pour le remplacer. On avait une dizaine d’Huma Dimanche et une dizaine d’Huma quotidiennes. » Il se lance, malgré les intimidations patronales. « On avait une réunion de bureau une fois par semaine, avec Jean-Pierre Bouge, un copain de Mérignac. C’est lui qui m’a dit de planter un panneau de l’Huma dans l’établi. » Vite disparu, sur ordre de la direction. « Alors on a fait une démarche en tant que communistes auprès de la direction, qui ne voulait pas qu’on fasse de politique, toujours la même rengaine quoi. Alors, j’ai collé une affiche à la machine à café. Dès qu’on nous décollait, on recollait. On s’est bagarré constamment par rapport à l’Huma dans la boîte. » Le combat continue dans le quartier. « Quand je suis tombé à la retraite, en 1992, je suis allé voir Robert Noël, pour demander qui était responsable de l’Huma. Et il m’a dit ‘‘hé ben je crois que ça va être toi’’. J’ai eu d’abord un point rencontre sur les boulevards. Avec les abonnements sur mon secteur, on est monté jusqu’à 18 Huma quotidiennes. » Avec des camarades, il s’appuie sur les invendus pour faire mener des campagnes de promotion, comme il le fait aussi avec Les Nouvelles. « Je crois qu’au moins 50 %, voire plus, des Bacalanais ont pu avoir l’Huma en mains, avec un tract d’explications. » Avec le nouveau quartier des Bassins à flot, Guy a d’ailleurs désormais trouvé un nouveau terrain pour faire la promotion de l’Huma… O.E. Les Nouvelles 31 janvier 2019 • 5


INTERNATIONAL LETTRE OUVERTE AUX ÉTATS-UNIS

Cessez de vous immiscer dans la politique intérieure du Venezuela Si Trump et ses alliés poursuivent leur fuite en avant au Venezuela, le résultat le plus probable sera l’effusion de sang, le chaos et l’instabilité indiquent Noam Chomsky, Laura Carlsen, Miguel Tinker Salas et Greg Grandin dans une lettre ouverte signée par 70 spécialistes de l’Amérique latine et intellectuels (voir L’Humanité du 28 janvier) et publiée par Common Dreams pour s’opposer à l’intervention en cours des États-Unis au Venezuela. « (…) Il est presque certain que les

actions du gouvernement de Donald Trump et de ses alliés dans l’hémisphère Sud ne feront qu’aggraver la situation au Venezuela, entraînant souffrances humaines inutiles, violence et instabilité. La polarisation politique du Venezuela n’est pas nouvelle ; le pays est divisé depuis longtemps par des lignes de fracture raciales et socio-économiques. Mais cette polarisation s’est accentuée ces dernières années. Cela est en partie dû au soutien donné par les États-Unis à une stratégie d’opposition visant à renverser le

TURQUIE

La députée Leyla Güven fait plier Erdogan De retour de Diyarbakir, où elles étaient invitées par le Parti démocratique des peuples, deux militantes françaises étaient présentes à la libération de la parlementaire kurde : Lydia Samarbakhsh, responsable à l’international du PCF, et Sylvie Jan responsable de l’Association Solidarité FranceKurdistan. Ci-dessous leur article paru dans L’Humanité du 28 janvier dernier. Ce 25 janvier, devant le tribunal de Diyarbakir sous très haute surveillance policière, aucun de celles et de ceux rassemblés pour soutenir la députée Leyla Güven ne s’attendait à vivre une telle journée. Aux environs de 10 heures, la nouvelle se répand grâce aux rares journalistes présents : les juges libèrent Leyla Güven ! Placée sous contrôle judiciaire et interdite de sortie du territoire, elle vient de faire plier le président turc Erdogan. Celui qui se rêve en nouveau sultan omnipotent a été incapable de contrer le mouvement de solidarité avec la députée kurde, incarcérée depuis un an pour avoir critiqué, en janvier 2017, l’intervention militaire turque contre la ville d’Afrin et les Forces démocratiques syriennes (FDS). Infatigable militante des droits humains, Leyla Güven a entamé, le 8 novembre 2018, une grève de la faim illimitée, non pour elle-même mais pour alerter l’opinion publique internationale sur le sort d’Abdullah Öcalan, dirigeant du PKK placé en isolement sur l’île d’Imrali, et sur celui des dizaines de milliers de prisonniers politiques en Turquie, depuis la déferlante répressive lancée en juillet 2016. Avec la coprésidente du Parti démocratique des peuples (HDP), Pervin Buldan, plusieurs responsables nationaux et candidates et candidats aux prochaines élections municipales, accompagnant Sabiha Temizkan, sa fille, et ses avocats, c’est avec beaucoup d’émotion que nous avons pu saluer Leyla à son domicile. Elle tenait en effet à voir 6 • Les Nouvelles 31 janvier 2019

toutes celles et tous ceux qui s’étaient déplacés ce matin-là, voisins et proches, camarades, souvent jeunes, à leur exprimer sa reconnaissance et à leur réaffirmer sa détermination à poursuivre sa grève de la faim aux côtés des 300 grévistes de la faim et milliers de détenus dans tout le pays. Leur combat pour la justice et l’égalité est notre combat

Notre devoir est de tout entreprendre pour amplifier la solidarité internationale pour la paix et la démocratie en Turquie. C’est cet engagement, car leur combat pour la justice et l’égalité est notre combat, que nous avons transmis au nom de nos organisations et de nos compatriotes, aussi aux parents, à la sœur et au beau-frère de Selahattin Demirtas que nous avons retrouvés chez eux dans l’après-midi. Les arrestations arbitraires, la torture en prison, les violences, intimidations et délations se multiplient. Erdogan entend régner par la terreur et la haine mais chaque initiative de soutien, parrainage de parlementaires et d’élus, de municipalités, campagne de correspondances avec les prisonniers politiques qu’organise France-Kurdistan, en soutien au livre de Selahattin Demirtas, l’Aurore, trouve un écho retentissant qui affaiblit les islamoconservateurs AKP au pouvoir. Ce même jour, Erdogan faisait bombarder des positions du PKK en Syrie, signifiant par là même un pas de plus dans son nouveau rapprochement avec Bachar Al Assad. La responsabilité de la France et des États membres de l’UE qui ont tout cédé à Erdogan est de s’élever à la hauteur des intérêts des peuples de Turquie et de la région. Car, pendant qu’ils se soumettent lâchement, les grandes manœuvres turques, n’ayant pour ambition que l’anéantissement des Kurdes et le pouvoir absolu, trouvent face à elles la force d’un peuple digne et le courage de femmes et d’hommes libres qu’il sera impossible d’exterminer.

gouvernement de Nicolas Maduro par des moyens extra-électoraux. Alors que l’opposition était divisée sur cette stratégie, le soutien des États-Unis est allé aux tenants de la ligne dure des secteurs de l’opposition dans leur objectif de renverser le gouvernement Maduro par le biais de manifestations souvent violentes, d’un coup d’État militaire ou de toute autre voie permettant d’éviter les urnes. Sous le gouvernement Trump, la rhétorique agressive contre le gouvernement vénézuélien a atteint un niveau encore plus extrême et menaçant, les responsables du gouvernement Trump évoquant l’idée d’une « action militaire » et condamnant le Venezuela, avec Cuba et le Nicaragua, comme partie prenante d’une “ troïka de la tyrannie”. Les problèmes résultant de la politique du gouvernement vénézuélien ont été aggravés par les sanctions économiques états-uniennes, illégales en regard de l’Organisation des États américains (OEA) et des Nations unies, mais aussi du droit états-unien, ainsi que d’autres traités internationaux et conventions. Ces sanctions ont sapé à leur base les moyens par lesquels le gouvernement vénézuélien aurait pu échapper à la récession économique, provoquant une chute dramatique de la production de pétrole, aggravant la crise économique et causant la mort de nombreuses personnes faute d’accès aux médicaments permettant de sauver la vie. Pendant ce temps, les États-Unis et d’autres gouvernements continuent

de blâmer le gouvernement vénézuélien – uniquement – pour les dégâts économiques, même ceux causés par les sanctions des États-Unis. Aujourd’hui, les États-Unis et leurs alliés, dont le secrétaire général de l’OEA, Luis Almagro, et le président d’extrême droite du Brésil, Jair Bolsonaro, ont poussé le Venezuela au bord du précipice. En reconnaissant le président de l’Assemblée nationale Juan Guaido comme le nouveau président du Venezuela – chose illégale en vertu de la charte de l’OEA –, le gouvernement Trump a considérablement accéléré la crise politique au Venezuela dans l’espoir de diviser l’armée vénézuélienne et de polariser davantage la population, l’obligeant à choisir son camp. L’objectif évident, parfois revendiqué, est de pousser Maduro vers la sortie au moyen d’un coup d’État. La réalité est que, malgré l’hyperinflation, les pénuries et une profonde crise économique, le Venezuela reste un pays politiquement polarisé. Les ÉtatsUnis et leurs alliés doivent cesser d’encourager la violence en préconisant un changement de régime violent et extralégal. Si le gouvernement Trump et ses alliés continuent leur téméraire fuite en avant au Venezuela, le résultat le plus probable sera l’effusion de sang, le chaos et l’instabilité. Les États-Unis auraient dû tirer des enseignements de leurs tentatives de changement de régime en Irak, en Syrie et en Libye, ainsi que de leur longue et violente histoire de parrainage de changement

de régime en Amérique latine. Aucune des parties en présence au Venezuela ne peut vaincre l’autre. L’armée, par exemple, compte au moins 235 000 membres actifs et au moins 1,6 million en réserve. Nombre de ces personnes se battront, non seulement pour défendre une souveraineté nationale largement défendue en Amérique latine – face à ce qui semble de plus en plus être une intervention menée par les États-Unis –, mais aussi pour se protéger d’une répression probable si l’opposition renverse le gouvernement par la force. Dans une telle situation, la seule solution est un règlement négocié, comme ce fut le cas par le passé dans les pays d’Amérique latine, lorsque leurs sociétés politiquement polarisées étaient incapables de résoudre leurs différends par des élections. Il y a eu des efforts faits en ce sens avec un fort potentiel, tels que ceux engagés par le Vatican à l’automne 2016, mais ils n’ont reçu aucun soutien de la part de Washington et de ses alliés attachés à l’option d’un changement de régime. Cette stratégie doit changer si l’on veut trouver une solution viable à la crise actuelle au Venezuela. Pour le bien du peuple vénézuélien et de la région ainsi que pour le principe de la souveraineté nationale, ces acteurs internationaux devraient plutôt soutenir les négociations entre le gouvernement vénézuélien et ses opposants, négociations qui permettront au pays de sortir enfin de sa crise politique et économique. »

MOBILISATION

La jeunesse du monde s’échauffe pour le climat

Engagé voilà plusieurs semaines, le mouvement international des lycéens s’étend pour défendre la justice climatique. Point d’orgue annoncé en mars. En Belgique, en Allemagne, en Suisse ou en Australie, depuis plusieurs semaines, de jeunes et même de très jeunes élèves reconduisent grève scolaire et manifestations pour exiger des États qu’ils agissent contre le réchauffement climatique. Maintenant, tant que la marge de manœuvre existe pour pouvoir limiter la hausse

globale des températures à 1,5 °C. On les a vus, le 18 janvier, défiler par milliers en Suisse et en Allemagne pour demander à leur gouvernement des mesures conséquentes. La veille, et pour le deuxième jeudi consécutif, d’autres s’étaient fait entendre en Belgique autour du même message. La police comptait, ce jour-là, 12 500 écoliers dans les rues de Bruxelles. Une semaine plus tard, le 24 janvier, leur nombre avait doublé pour atteindre, toujours selon le décompte des forces de l’ordre, 35 000…

Le mouvement commence à prendre en France, les jeunes étaient très présents lors des marches pour le climat de dimanche dernier, et fait déjà des émules en Californie, en GrandeBretagne ou encore au Japon. « Pourquoi devrions-nous étudier pour un futur qui n’existera bientôt plus ? » interrogent les lycéens, reprenant à l’unisson l’interpellation formulée par Greta Thunberg. Le monde a découvert cette jeune Suédoise de 15 ans en décembre, lorsque, invitée à la tribune de la COP24 sur le climat, à Katowice, en Pologne, elle s’est payé le toupet d’invectiver les nations. Trois minutes trente de colère froide, éloquente. « Vous n’êtes pas assez matures pour dire les choses telles qu’elles sont. Mais moi, je me fiche d’être impopulaire. Je me soucie de la justice climatique et d’avoir une planète vivante. Notre civilisation est en train d’être sacrifiée pour offrir à quelques-unes l’opportunité de continuer à s’enrichir. » Le mouvement est parti pour durer : la jeunesse du monde s’est d’ores et déjà donné rendez-vous pour deux journées internationales d’action, les 15 et 16 mars.


PCF VŒUX DE LA FÉDÉRATION

PCF MÉRIGNAC

Rassemblement du monde du travail et défense des intérêts des peuples au menu

Grand loto

Mardi dernier, au siège départemental du PCF, Sébastien Laborde, secrétaire départemental et membre de l’exécutif national, présentait les vœux de la fédération. C’est sur « la violence de l’ordre établi », « celle du dogme qui impose à toute une société des choix pour la satisfaction des intérêts d’une infime minorité » que Sébastien Laborde a démarré son discours. Et les exemples ne lui ont pas manqué : nouveau Président brésilien d’extrême droite qui dit ouvertement ne pas aimer les homosexuels, détester les communistes, les syndicalistes… ; la France, l’Espagne et l’Allemagne qui soutiennent le coup d’État au Venezuela ; les opposants kurdes au régime d’Erdogan, allié de l’Otan, qui meurent et croupissent en prison ; le cynisme de dirigeants européens qui laissent mourir en mer des milliers de femmes, d’hommes et d’enfants… Violence aussi quand on explique à un jeune qu’il suffirait qu’il se bouge pour aller travailler, à une femme qui élève seule ses enfants et gagne une misère qu’elle ferait mieux d’arrêter de fumer ; à des retraités qu’ils peuvent bien perdre un peu d’argent… alors qu’on supprime l’ISF, qu’on maintient le CICE, alors que jamais les entreprises du CAC40 n’ont versé autant de dividendes… « Oui c’est à cette violence-là que le mouvement des Gilets jaunes répond depuis 2 mois. Et oui cette violence-là nous est insupportable et les communistes sont et seront de tous les combats pour la combattre » ainsi que celle « de casseurs qui n’ont rien à voir avec les luttes qui divise, écarte, empêche, et au final nuit à l’amplification de la lutte et à la construction d’un rapport de forces favorable ». Hisser le niveau de conscience du monde du travail Combats des retraités, des cheminots, mobilisations contre la loi Travail, toutes celles pour la sécu, la défense des services publics… La révolte des gilets jaunes ne part pas de rien mais mobilise aussi, pourtant, des hommes et des femmes qui n’avaient jamais manifesté avant. « Le mouvement est à l’image de ce qu’est le monde du travail aujourd’hui, et notamment les catégories populaires, demandeurs d’emplois, emplois pré-

caires, ouvriers et employés », constate Sébastien Laborde. Le PCF veut s’adresser aux gilets jaunes, aux robes noires, aux blouses blanches, aux stylos rouges, aux cols bleus et aux bottes vertes de la production industrielle et agricole avec 3 objectifs. L’ambition est « de hisser le niveau de conscience du monde du travail, et notamment des gilets jaunes » avec 3 objectifs : - populariser les propositions sur le pouvoir d’achat, la justice fiscale, le partage des richesses et la question démocratique, avec l’ambition d’obtenir 10 000 signatures de la pétition ; - faire gagner ce mouvement et pousser la société vers le progrès, en travaillant à l’élargissement et à la convergence avec le mouvement social, en ouvrant avec les cahiers de doléance et la pétition des espaces de rencontre et d’échange, en contribuant à la réussite du 5 février et à la visibilité du PCF dans cette journée ; - construire une alternative politique en portant une conception large et originale du rassemblement du monde du travail, des salariés autour de contenus qui répondent aux besoins et qui rompent avec les politiques. « Il y a besoin de travailler à l’émergence d’une espérance collective nouvelle, d’une alternative crédible, d’un rassemblement à vocation majoritaire », a développé Sébastien Laborde sur la perspective politique. « La question démocratique, la question sociale, la question écologique poseront à terme celle du débouché politique et nous avons un choix à faire : soit nous considérons que le clivage entre les élites et le peuple est et devient pertinent, soit nous réveillons le clivage gauche droite. C’est-à-dire la confrontation entre des forces de progrès social et démocratique qui portent un projet de transformation de la société et les forces de la réaction, du maintien de l’ordre établi et de la régression. » « Il ne s’agit pas de refaire des alliances aujourd’ hui dépassées, il ne s’agit pas de s’entendre avec tel ou tel pour des positions électives, mais de poser dans le débat des propositions qui ont vocation à devenir majoritaires parce qu’elles répondent aux aspirations du plus grand nombre. Et c’est aussi ce que nous devons faire dans le cadre

des élections municipales. Quels sont les besoins et aspirations des gens, quelles propositions, quels sont les freins ? » Pour une union des nations et des peuples souverains et associés Le secrétaire départemental a ensuite abordé la lutte pour le climat qui n’est pas un combat secondaire et qui rejoint la lutte pour vivre dignement de son travail, une exigence qui « traverse l’ensemble du salariat moderne ». L’occasion d’évoquer ces travailleurs uberisés qui se lèvent, se battent et gagnent des batailles et donc de présenter Arthur Hay, qui figurera sur la liste PCF aux européennes (lire portrait page 3). Après avoir évoqué le Brexit, Sébastien Laborde a une nouvelle fois abordé la question du rassemblement. « Durant des décennies l’union de la gauche a été ce moteur pour faire avancer la société vers des avancées sociales, sociétales et démocratiques. La gauche est aujourd’hui exsangue, divisée, réduite à, à peine, 25 % dans les sondages. Nous ne pouvons nous y résoudre et c’est pourquoi jusqu’au dernier moment nous tendrons la main à celles et ceux, forces politiques et citoyennes qui veulent changer l’Europe, qui veulent construire une nouvelle espérance. » Il a rappelé que le PCF a refusé et combattu tous les traités libéraux « qui conduisent l’Europe aujourd’hui à une crise économique et politique dont elle ne sort pas », que ses députés européens ont œuvré pour le développement des services publics, l’harmonisation sociale par le haut, le contrôle sur la Finance, des pouvoirs nouveaux… « Nous porterons dans cette campagne une vision d’une Europe à géométrie choisie, une union des nations et des peuples souverains et associés. Il faut des députés communistes au parlement européen pour défendre les intérêts non seulement du peuple français mais de tous les peuples européens. » Après avoir développé sur les axes de campagne et la composition de la liste, sur lesquels nous reviendrons, le secrétaire départemental a appelé au soutien à L’Humanité voir notre dossier page 4-5). Christelle Danglot

Apple, rend l’argent ! Apple paye en France autant d’impôts qu’une boulangerie de quartier… Ce n’est pas normal, et le projet de loi de prélèvement à la source pour les entreprises, présenté par les députés communistes au Parlement peut répondre à l’exigence de justice fiscale qui monte dans le pays. Le 8 février prochain, un rassemblement est donc organisé avec Fabien Gay devant l’Apple store de Bordeaux pour réclamer l’argent que doit la société à la France.

Dimanche 3 février, 14h30, gymnase Jean Macé rue Georges Courteline. Bon d’achats, jambons, poulets fermiers, paniers garnis, corbeilles de fruits, cartons de vins Cartons 1 : 3€, 2 : 5€, 3 : 8€, 4 : 10€, 8 : 15€, 10 : 18€ Bourriche, crêpes, gâteaux, boissons BORDEAUX

Galette à Bacalan

PHOTO V.M.

Les actualités du PCF, tant au regard des orientations du Congrès que pour souligner les initiatives de la cellule, les mobilisations du quartier (refit aux Bassins à flot, tramway, services publics, etc) et la question européenne, avec Jean Querbes comme invité : la soirée des vœux des communistes de Bacalan, le 23 janvier, a permis d’aborder de nombreux enjeux, du local à l’international. Cette soirée, conclue par une galette partagée avec des camarades, sympathisants et riverains, fut aussi l’occasion de faire connaître davantage la pétition du PCF pour le pouvoir d’achat. Et de donner d’ores et déjà rendez-vous le 13 juillet au parc de Bacalan, pour la sixième édition de la Fête des libertés. PCF BÈGLES

Galette républicaine Vendredi 25 janvier, à 17h, le collectif Joliot Curie de Bègles organisait une galette républicaine dans une partie du restaurant du quartier gentiment prêté par Nordine. 15 à 20 participants. On connait les clients. On s’invite. Laetitia et Cathy, la secrétaire de cellule et son adjointe, organisent et lancent le débat par un petit discours. La discussion se poursuit… les gilets jaunes, bien sûr, le pouvoir d’achat, les fins de mois, les embouteillages… Un monsieur remplit un formulaire d’adhésion. C’est une reprise de carte, il était adhérent, il y a longtemps, Robert Hue… hésitait avec d’autres… La pétition se remplit. Une dame, la quarantaine, aide à domicile, veuve, revient : « Finalement, moi aussi, je veux ma carte. » SECTION DES 2 RIVES

Débat et repas réussis

90 personnes, dont 4 maires locaux, ont partagé la garbure « maison » des communistes des Deux Rives, à St Caprais de Bordeaux après un débat riche en matinée. En matinée, 67 participant-e-s, militant-e-s, élu-e-s, citoyen-ne-s, avaient débattu, à l’invitation de Jean-Paul Petit, secrétaire de la section, des rassemblements nécessaires à partir des mobilisations en cours, sociales et syndicales, pour gagner des avancées de justice sociale. La participation au « grand débat » national, jugé comme un « enfumage » d’un gouvernement « déconnecté », n’a de sens que pour poser les questions absentes, notamment sur le pouvoir d’achat et la fiscalité. Des occasions de proposer des solutions qui fassent payer le grand patronat, les grands financiers qui pillent le monde du travail, les collectivités et les services publics.

SOUSCRIPTION

Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera efficacement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. Les versements sont à envoyer à la fédération de Gironde du PCF - 15 rue Furtado - 33800 Bordeaux, à l’ordre de l’ADF PCF 33

Les Nouvelles 31 janvier 2019 • 7


CULTURE & SOLIDARITÉ SOLIDARITÉ

par Jeanne R.M.

Six heures pour la Palestine À l’invitation de Palestine 33, 6 heures de solidarité pour la Palestine seront organisées le samedi 9 février 2019, à la Salle Pierre Tachou, 44 rue Joseph Brunet, Bordeaux. « Gaza, territoires occupés, JérusalemEst, Israël : avec les Palestiniens, face à l’apartheid » ! 15 h : accueil, atelier de calligraphie arabe. 16h : conférences/débats avec Bertrand Heilbronn, président de l’AFPS et Ofra Yeshua-Lyth, auteure de Pourquoi un État juif n’est pas une bonne idée : Agir aujourd’hui contre l’apartheid et pour les droits des Palestiniens. 19 h : apéritif-buffet (participation libre). Stands associatifs : Palestine 33 (li-

brairie et artisanat palestinien) • Artisans du monde • Collectif pour la libération de Georges Abdallah • FFIPP-Bordeaux • Médecins du monde • MRAP 33 • Secours popu-

laire français • Union juive française pour la paix. Exposition : La Palestine en dessins Plateforme des ONG françaises pour la Palestine

« Sur l’espoir sans souvenir, j’écris ton nom »

Inaugurée le 10 janvier 2019, la route 4370, au nord de Jérusalem, sépare automobilistes israéliens et palestiniens par un mur central haut de huit mètres. Photo Olivier Fitoussi, Haaretz.

80E ANNIVERSAIRE DE LA « RETIRADA »

Exposition « Rotspanier » et conférence sur ces « Espagnols rouges »

L’association Ay Carmela vous propose l’exposition « Espagnols rouges », sur les travaileurs forcés espagnols durant la Seconde guerre mondiale, conçue et réalisée par les

historiens Peter Gaida et Antonio Munoz Sanchez. Elle sera inaugurée officiellement le vendredi 8 février à 17h30 à l’espace Darwin

(87 quai des Queyries, tram A) et sera visible jusqu’au 8 avril. Les horaires des visites sont les mercredis, sa medis et dimanches de 10h à 17h, et sur rendez-vous pour les scolaires. Le samedi 9 février auront lieu deux conférences, à partir de 16h : - Peter Gaida, historien : « Espagnols rouges, travailleurs forcés oubliés de la Seconde guerre mondiale ». - Bernard Lava llé, historien : « Être Espagnol sous l’Occupation allemande à Bordeaux ». 2E BLACK HISTORY MONTH À BORDEAUX

Goncourt, NewYorkais et Expo pour l’ouverture 225e anniversaire de la première abolition de l’esclavage : samedi 2 février 2019, au Rocher de Palmer, 1 Rue Aristide Briand, 33152 Cenon, Tram A, Palmer.

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932

8 • Les Nouvelles 31 janvier 2019

CHRONIQUE

Programme de l’inauguration : 16h - projection-débat : « Retour à Gorée » de Pierre-Yves Borgeaud 18h-19h - conférence inaugurale : David Diop, auteur de « Frères d’âme », Goncourt des lycéens 19h - inauguration de l’exposition : « On n’est pas monté sans bagages » de Sandra Dessaline 20h30 - concert : Heroes are gang leaders Participation libre & nécessaire (sauf pour le concert : 17 €, billetterie du Rocher de Palmer) Plus d’infos sur : www.memoiresetpartages.com

Vide. Le vent souffle sans emporter une once de poussière. Il souffle dans cette cavité vide, sans entendre le bruit de la mer d’une conque qu’on porte à son oreille. Mon cœur est vide, englouti dans ce silence, dans cette absence de réalité nécessaire. Vacuité musculaire absolue. Il ne se passe rien, il est ce trou stérile de la tombe millénaire qu’un séisme nucléaire assécha. Quand tout s’agite autour de moi, ça piaille, ça couine, ça bipe, ça chuchote. Un marché le dimanche matin, la halle couverte, ses allées de flots, de cris et de harangues. Les draps verts de champs opératoires, les blouses roses et bleues d’un service dédié, des couleurs fruits et légumes dans cet étal hospitalier. Des pas, des bras, des corps, des chaleurs de mouvements, le brouhaha de la vie. Le haut est vide quand le bas est plein. Aussi vide et calme là-haut qu’il est plein, violent, turbulent, qu’il m’écrase en bas. Le haut, ce chef, est ma survie, le bas, cloaque, ma déchéance. L’équilibre est précaire, je dois me concentrer. Il se fige à mesure que l’ouragan me dévaste. Je dois l’expulser, le rendre au monde, le donner à ses bras qui se tendent. Il est venu il y a neuf mois, coucou du fond des bois, oiseau de malheur. Il s’imposait malgré mon refus. J’ai crié, sauté, absorbé, harponné. Il est resté. Vissé à mon ventre comme le coquillage à son rocher, accroché contre la sècheresse et la tempête. Sans autorisation il cherchait un nid. Je lui prêtait à contrecœur ce ventre qui maintenant me lamine, explose et broie le bas de mon corps. Elle lui demanda s’il elle souhaitait le regarder ou le prendre un peu dans ses bras avant son départ. Elle refusa sans détourner la tête de la fenêtre de sa chambre. Il n’était rien pour elle que cette souffrance temporaire de son corps. Il émit alors un petit bruit, ni plainte, ni gémissement, un petit son comme un appel lointain, du fond de sa forêt. Il était ce petit animal voleur qui lui échapperait comme convenu. Mais il était bien élevé, déjà, il lui disait au revoir. Alors leurs yeux se croisèrent, intenses, un regard de corde d’alpiniste. Un sourire discret, fugace sur leurs lèvres qui ne s’étreindrait jamais. Ils se sauvèrent mutuellement, immortelle et résiliante espérance.

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