Nouvelles N° 2291

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Jeudi 24 janvier 2019 - N° 2291 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

PCF : « Pour l’Europe des gens, pas pour celle de l’argent »

PROTECTION DE L’ENFANCE

DÉBAT NATIONAL

INTERVIEW

CGT : « Des actes inadmissibles enfin mis en lumière »

S’affranchir des modalités mises en oeuvre à l’Élysée

Jean Querbes, militant communiste, ex-député européen

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ACTUALITÉ DÉCÈS D’UN COURSIER EN LIVRAISON À PESSAC

PROTECTION DE L’ENFANCE, CDEF D’EYSINES

Une marche organisée à Bordeaux ce dimanche

La CGT avait dénoncé les faits révélés par France 3 en 2017

Une marche est organisée ce dimanche 27 janvier en l’honneur du coursier bordelais, Franck Page, décédé lors d’une livraison à Pessac jeudi dernier, autour de la famille qui sera présente afin d’honorer sa mémoire et son souvenir. Ce rassemblement organisé par des coursiers s’adresse aux amis et amies de Franck, aux coursiers et coursières bordelais mais également aux restaurateurs partenaires, utilisateurs des plateformes de livraison, cyclistes de la métropole et personnes se sentant touchées par le départ si précoce et brusque d’un de nos jeunes collègues.

RETRAITÉ-E-S

« Reprenez vos cadeaux, rendez-nous notre pouvoir d’achat ! » Les 9 organisations syndicales et associations mobilisées toute l’année 2018 appellent à un nouveau rassemblement. Pour Bordeaux, ce sera le 31 janvier à 10h devant le Grand théâtre pour une manifestation jusqu’à la préfecture.

« Le président a présenté ses vœux aux Français, commentent dans un tract commun les 9 organisations. Il n’a rien vu, sauf la violence dans certaines manifestations, rien entendu qui le concerne mais il dit avoir tout compris : les Français veulent qu’il poursuive ses réformes. Il fait l’impasse totale sur la violence sociale de ses choix politiques qui conduisent à enrichir les plus riches au détriment du plus grand nombre. Il envisage de grands débats, en précisant qu’il poursuivra son programme de réformes, celles qui provoquent les colères sociales actuelles ! Son propos frise l’irresponsabilité. » « Reprenez vos cadeaux ! », proposent les retraités, « ceux qui aggravent les conditions de vie des retraité-e-s et ceux qui enrichissent les milliardaires de ce pays aux dépens du plus grand nombre d’entre nous. Et rendez-nous notre pouvoir d’achat ! » « Tout au long de l’année 2018, les personnes retraitées ont souvent manifesté à l’appel de nos 9 organisations et elles sont très nombreuses dans les actions menées par les “gilets jaunes”. Toutes les grèves et les actions engagées pour la défense des services publics et l’amélioration du pouvoir d’achat, la colère des gilets jaunes, tout ceci aurait dû vous inciter à changer de politique. Vous avez choisi d’ignorer la colère de toutes les victimes de votre politique, qui fait exploser les inégalités, aggrave l’injustice fiscale, handicape durablement l’économie du pays. » Un débat, « la parole aux retraité-e-s », est également organisé : le mardi, 12 février 2019, 14h30-16h30, à l’amphithéâtre Robert Badinter du Conseil Départemental, 1 rue Corps Franc Pommies à Bordeaux.

BORDEAUX

Des organisations s’inquiètent de la dérive autoritaire du pouvoir Une quinzaine d’organisations* avaient appelé à un rassemblement à Bordeaux, place des Droits de l’Homme le 18 janvier, pour dénoncer la répression qui s’abat sur les manifestants le samedi. « Dans la semaine où le Président Macron et le gouvernement prétendent entamer un Grand Débat National pour sortir de la crise, Bordeaux et la Gironde se réveillent dans la douleur : La manifestation de ce samedi (12 janvier – NDLR) a été violemment réprimée à Bordeaux. Un homme, à notre connaissance, est toujours dans le coma, après avoir reçu de dos un projectile tiré par les policiers à courte distance et un jeune homme a été éborgné par un tir de lanceur de balle de défense. De très nombreux blessés sont ainsi à dénombrer en Gironde du côté des manifestants et des journalistes depuis le début du mouvement dit des “Gilets jaunes”. Parmi ceux-ci, on dénombre pas moins d’une dizaine de personnes victimes de blessures extrêmement graves, irréversibles : outre les deux cas précédemment cités, des défigurations (nez-mâchoire, nez, joue arrachés), l’ablation d’un testicule, des handicaps moteurs permanents, deux mains arrachées. Ce surcroît de violence policière peut correspondre à une triple volonté du gouvernement d’intimider la population pour la décourager de venir manifester, de blesser les manifestants en leur retirant le matériel médical et d’essayer de retourner une opinion publique toujours majoritairement du côté des gilets jaunes. Les organisations syndicales, associatives et politiques bordelaises, inquiètes de la dérive autoritaire du pouvoir, dénoncent le danger d’un tel calcul et rappellent que la solution ne peut être que politique. » Les organisations demande au Préfet de la Gironde, Monsieur Didier Lallement : l’abandon des techniques répressives dangereuses et excessives, qu’il soit mis fin à la confiscation illégale du matériel médical et à l’utilisation de brigades de voltigeurs à moto, pourtant interdites depuis 1986 et la mort de Malik Oussékine, qu’il rappelle aux forces de l’ordre leur obligation d’identification par le port du brassard et du numéro de matricule, que des enquêtes soient systématiquement menées dès lors qu’il y a un blessé ou un signalement et que soient demandées des sanctions contre les policiers coupables de violences. Elles demandent à l’État d’interdire les armes à bases de TNT ainsi que l’utilisation des flashball et lanceurs de balles de défense (LBD) dans le cadre du maintien de l’ordre et de ne pas adopter le projet de loi restreignant le droit de manifester qui doit entrer en discussion à l’Assemblée le 29 janvier et qu’elles jugent liberticide. *FSU33, AC ! Gironde, Mouvement Burkinabe des Droits de l’Homme et des peuples (MBDHP), PCOF, NPA33, LDH, La Clé des Ondes, SNJ-CGT, PG33, ENSEMBLE-Gironde, PCF, Mouvement de la Paix, …

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La CGT organisait une conférence de presse, lundi 21 janvier, suite à la diffusion du film « Les sacrifiés de la République » programmé le mercredi 16 janvier sur France 3 et à la réaction du Président du Conseil départemental. Il est question de faits de violences sur des enfants et adolescents vivants au CDEF (centre départemental de l’enfance et de la famille), géré par le Département. Ces faits avaient été dénoncés par des salariés en 2017, ils avaient été lourdement sanctionnés pour cela. « C’était un reportage éprouvant », a réagi ce jeudi Jean-Luc Gleyze, président du conseil départemental de la Gironde. « Nous avons vu des séquences choquantes et insupportables car elles traduisent le mal-être des enfants et la situation de violence » dans lesquels ils vivent au CDEF à Eysines, géré par le Département. Ces images sont au cœur du documentaire « Enfants placés : les sacrifiés de la République », diffusé mercredi 16 janvier sur France3 dans le cadre de l’émission Pièces à conviction. Elles montrent les agressions verbales entre enfants et adultes, et surtout la « méthode forte » employée par certains agents pour « maîtriser » les enfants. Après la diffusion du documentaire, le département de la Gironde assure que les agents identifiés par le reportage ont été renvoyés. Le parquet a ouvert une enquête. Mais si le journaliste, Sylvain Louvet, s’est ainsi intéressé au CDEF d’Eysines, c’est grâce à la lettre ouverte de salariés, qui avait déjà déclenché une vive polémique il y a deux ans. Ces lanceurs d’alerte, soutenus par la CGT, avaient recensé « 190 évènements graves » entre 2016 et 2017 et révélé des documents confidentiels sur la situation de mineurs, ce qui leur avait valu d’être sanctionnés par leur direction pour manquement au devoir de réserve. D’où la volonté de la CGT d’« enrichir le contenu du reportage » « sur des situations indignes, destructrices que vivent certains de ces enfants, notamment ceux du CDEF d’Eysines

alors même qu’ils sont placés sous la responsabilité du Conseil départemental de la Gironde ». Pour ce faire, Hélène Michaut, Véronique Stevens, Arnaud Lafitte, Martine et Lucien Servin – représentant l’Union départementale CGT, l’union départementale et fédérale de la CGT Santé et Action sociale (USD et UFAS) de la Gironde – recevaient la presse à la Bourse du travail de Bordeaux, lundi dernier. « À la fin 2017 après de multiples signalements des lanceurs d’alerte travaillant au sein du CDEF, syndiqués CGT, acculés face à l’inaction de la direction du centre et du Conseil départemental, n’avaient plus d’autres choix face à la multiplication des agressions que de dénoncer dans une lettre ouverte les actes commis sur des enfants du CDEF, rappelle Arnaud Lafitte. La réplique ne s’est pas fait attendre de la part du Conseil départemental et de la direction du CDEF : sanction disciplinaire lourde pour tous les signataires de la lettre ouverte. Lors d’une réunion avec la représentante du Conseil départemental en charge de la protection de l’enfance, la CGT avait pourtant rappelé l’obligation qui fait loi à tout citoyen de dénoncer tous les crimes portés à sa connaissance ». Alors que Jean-Luc Gleize signale que l’institution a saisi le Parquet de Bordeaux en octobre, lorsqu’il a eu connaissance du documentaire, les responsables CGT interrogent les pouvoirs publics sur les raisons qui les ont amenés à ne pas donner crédit aux lanceurs d’alerte plus d’un an et demi auparavant. La crainte de reconnaître à des salariés de la Fonction publique le statut de lanceurs d’alerte aurait-elle été plus forte que la nécessité d’apporter un cadre apaisé, sécurisé à des enfants déjà malmenés par l’existence ? D’ailleurs, si les salariés avaient choisi d’agir en tant que citoyens, c’est que les discussions entre la CGT (les autres syndicats les ayant désavoués) et la direction, durant un an, n’avaient pas abouti. Aujourd’hui, la CGT rappelle son attachement au service public et demande l’emploi de personnes formées et diplômées, une transparence totale et un contrôle rigoureux des finan-

cements de ce secteur, y compris du secteur associatif. Lucien Servin, qui a travaillé plusieurs dizaines d’années dans ce secteur, insiste sur le fait que les salariés travaillent bien, même avec des publics aux problématiques très lourdes, à condition qu’ils soient formés. Par ailleurs, il rappelle que le CDEF est un accueil d’urgence. « L’objectif est d’observer les enfants pour les réorienter sur des structures adaptées, ils ne sont pas censés rester là plusieurs semaines et encore moins plusieurs mois. Les missions du centre ont dérivé petit à petit, dans l’inaction du Département. » Si manque il y a, pour la CGT, il s’agit d’un manque d’anticipation à ouvrir des structures d’accueil plus petites, certaines sont annoncées depuis 2016 et ne sont toujours pas ouvertes. Le syndicat relève un manque d’assistants familiaux. Mais c’est aussi surtout les manques du secteur de la psychiatrie qui sont pointés. D’ailleurs mardi, établissements de psychiatrie, personnels et patients étaient mobilisés partout en France pour dénoncer le manque général de moyens dans le secteur. « Lors des rencontres entre la CGT, le Conseil départemental et l’ARS nous avions pointé les difficultés de l’aide sociale à l’enfance en général et particulièrement en Gironde. La quasi absence de structures de pédopsychiatrie adaptées à l’accueil d’enfants en difficulté sociale et mentale », ajoute Hélène Michaut. Il n’empêche que lorsque 190 feuilles de signalement, révélant des faits graves, ne sont pas prises en compte, il y a un problème. C’est pourquoi les syndicats CGT demandent la mise en place de structures permanentes et paritaires dans les départements avec les conseils départementaux, l’État et les organisations syndicales, « pour exercer une véritable vigilance et améliorer la prise en charge avec le concours de la pédopsychiatrie des enfants et des adolescents afin que ceux-ci ne soient plus jamais des enfants sacrifiés de la République ». Au-delà du CDEF, le Conseil départemental de la Gironde dispose d’autres structures pour accueillir des mineurs mis sous sa protection, la CGT affirme avoir eu connaissance de faits similaires et qu’elle prendra très prochainement contact avec le Parquet de Bordeaux. Enfin, l’UD, l’USD et l’UFAS CGT « exigent du Conseil départemental de la Gironde et de la direction du CDEF l’annulation des sanctions qu’ont reçu les agents ainsi que le paiement de leurs salaires suspendus ». Ce serait la moindre des choses. Christelle Danglot


ACTUALITÉ

Editorial

« GRAND DÉBAT »

Un questionnaire à choix contraints

De nombreux élus n’avaient pas attendu le « Grand débat national » pour engager le dialogue avec les citoyen-ne-s mobilisé-e-s ou, tout du moins, recueillir leurs revendications. C’est même le cas à Bordeaux où Alain Juppé avait, dès le 8 janvier, après une discussion en bureau municipal, annoncé la mise à disposition de « cahiers de revendications et d’espérance » dans toutes les mairies de quartier et sur le site de la ville. Il faut dire que Bordeaux n’a quasiment pas vu faiblir la mobilisation depuis le début du mouvement.

Le « kit méthodologique » à destination des maires les incite à organiser des débats « neutres et impartiaux »… mais les questions sont biaisées. Les maires sont appelés, dans une lettre du ministre des Collectivités territoriales, Sébastien Lecornu, à organiser leur propre débat « dans des conditions qui garantissent sa neutralité et son impartialité ». En tant que « figure familière de nos concitoyens », estime-t-il, c’est à eux de « créer cette animation démocratique ». Les plus aventuriers peuvent encore « mettre à disposition un cahier ou des formulaires d’expression citoyenne », mais s’ils ne sont pas à l’aise, les technocrates macronistes leur ont concocté un « kit méthodologique ». Un vade-mecum qui, sous couvert de « neutralité », martèle la « pédagogie » néolibérale sur les quatre grands thèmes retenus pour le « grand débat ». Le renouvellement démocratique est un questionnement récurrent des gilets jaunes. Rien dans ce

questionnaire hormis le catéchisme gouvernemental rappelant le projet de loi sur l’interdiction du cumul des mandats, la réduction du nombre de parlementaires et l’introduction d’une dose de proportionnelle. La transition écologique est abordée avec une série de rappels des « mesures mises en place depuis dix-huit mois » : l’aide à l’achat d’un véhicule propre qui « permet de réduire de 30 % la facture de carburant », le « chèque énergie », le crédit d’impôt sur les dépenses d’isolation… ou le covoiturage. La révolution verte attendra. Organisation de l’État et des services publics. Cela commence comme une ode aux « 5 480 202 agents publics (qui) travaillent au service des citoyens » mais, très vite, on demande aux citoyens quels services ils souhaiteraient voir rendus accessibles par Internet en priorité pour éviter des déplacements et des coûts inutiles ! Ou encore : « Pensez-vous qu’ il y a trop d’ échelons administratifs en France ? » Fiscalité et dépenses publiques. Ce

chapitre lie niveau élevé de l’impôt et de la dépense publique : « Malgré le niveau élevé de prélèvements obligatoires, la France est en déficit depuis 1974 », rappelle ainsi le document, détaillant qu’« en 2017, pour 100 euros perçus par les administrations publiques, elles en ont dépensé 105 ». Traduction : l’État coûte trop cher… mais pas le gouvernement et les élus puisque « sur 1 000 euros de dépenses publiques, l’ensemble des dépenses relatives à l’Assemblée nationale, au Sénat et au gouvernement représente un euro ». Pas un mot, en revanche, dans le document, des 100 milliards que coûte l’évasion fiscale chaque année. Par contre dans le genre de questions complètement « neutres », on a : « Afin de financer les dépenses sociales, faut-il selon vous reculer l’âge de la retraite, augmenter le temps de travail, augmenter les impôts ou revoir les conditions d’attribution de certaines aides sociales. Et lesquelles ? » On appelle cela un questionnaire à choix contraints. Mais ni surprise ni déception ne s’entend du côté des gilets jaunes qui ne s’attendaient pas à autre chose, juste de quoi les faire bondir encore un peu plus ou renforcer leur détermination. D’ailleurs si la mobilisation fluctue, elle ne s’effondre pas. Le mouvement est toujours dans une phase de tentative d’organisation et de diversification des actions. Dans plusieurs endroits de Gironde, des salles ont été transformées en lieu de permanence ou d’assemblée citoyenne comme à Langon, Salignac, Aubie, Sainte Eulalie, Castillon… C.D avec l’Humanité

ASSOCIATION NATIONALE DES ÉLUS COMMUNISTES ET RÉPUBLICAINS

Que s’exprime la colère, que se construisent les solutions Dans une déclaration du 15 janvier, Patrice Bessac, président de l’ANECR et maire de Montreuil, appelle les élus communistes et républicains « à continuer de prendre toutes les initiatives nécessaires pour que s’exprime la colère populaire et que se construisent, dans un débat sans tabou, les solutions. » « La formule est juste. La prise de conscience, elle, bien trop tardive de la part d’un Président de la République forcé d’ouvrir les yeux sur une colère sociale qu’il a contribué à attiser mais dont les racines puisent dans l’histoire longue de nos institutions et de choix politiques délétères assumés sans discontinuité ou presque depuis près de 40 ans. » Pour Patrice Bessac, la crise sociale à laquelle est confronté le Chef de l’État est sans précédent, sur la forme comme sur le fond. « C’est l’expression d’un peuple qui ne parvient plus à se

faire entendre et à se faire reconnaître, un peuple qui ne veut pas disparaître, fondu ou absorbé par la “start-up nation” et la compétition métropolitaine européenne. En colère, victime de la raréfaction des services publics, du chômage de masse, de salaires et de pensions toujours plus faibles et menacée dans son quotidien par l’augmentation continue du coût de la vie, une partie du peuple a donc décidé de reprendre la parole et de resurgir au cœur de la scène politique et médiatique. » Le responsable de l’association d’élu-e-s considère que le président de la République ne comprend pas l’exigence démocratique et sociale qui s’exprime et qui ne saurait être résumée « ni aux violences ni à la couleur d’une chasuble ». Ne cessant de désavouer les corps intermédiaires depuis son élection, il se retrouve à court de solutions et « appelle désormais à l’aide celles et ceux dont il entendait jusqu’ à présent se passer ».

C’est le cas notamment des élu-e-s locaux-ales appelés à jouer, écrit Macron dans sa lettre aux Français-e-s “un rôle essentiel” dans le débat national qu’il a décidé de lancer. « Les élu-e-s locaux-ales, en contact direct et permanent avec toutes les populations, avec toutes leurs difficultés et toutes leurs richesses, n’ont pas attendu pour dénoncer les fractures territoriales, s’insurger contre la casse des services publics de proximité et exiger des gouvernements successifs qu’ils répondent à la triple urgence sociale, démocratique et écologique, poursuit Patrice Bessac. Jamais nous n’aurons été aussi peu entendus que depuis deux ans. » Il relève que le débat national lancé « ne se limite pas aux modalités mises en oeuvre depuis les bureaux de l’Élysée » et appelle les élus « à continuer de prendre toutes les initiatives nécessaires pour que s’exprime la colère populaire et que se construisent, dans un débat sans tabou, les solutions. »

« C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches » (Victor Hugo) Les premières étapes du grand débat national n’ont pas affaibli le mouvement. Ceux qui croyaient apaiser la colère à peu de frais en refusant de revenir sur l’ISF ou en annonçant les mesurettes (telles que les taxes sur les GAFAM : 5 % et ne rapportant que 500 millions) : c’est raté ! Dans les mairies, là où les cahiers de doléances sont mis à disposition, les contributions citoyennes rejoignent les revendications des gilets jaunes pour l’augmentation du pouvoir d’achat, du SMIC, des retraites sans oublier la condamnation du mépris présidentiel. Alors que les uns et les autres, dans des formes différentes, demandent des actes pour plus de justice sociale, fiscale, Macron ne bouge pas d’un iota sur sa politique de « protection des riches ». Lundi 21 janvier, il accueillait, sous l’or du château de Versailles, 150 patrons pour le « sommet de l’attractivité de la France » ou comment donner des garanties, des gages de stabilité pour le grand patronat. Quelle indécence ! Quelle violence ! ATTAC et Oxfam viennent de publier un rapport sur les grands groupes du CAC 40, apportant leur contribution pour dénoncer l’inégal partage des richesses au profit des actionnaires : + de 60 % des profits des entreprises du CAC 40 sont versés aux actionnaires sous forme de dividendes ou de rachat d’actions. Le rapporteur d’ATTAC Dominique Philon précise : « cela nuit à l’investissement, à l’avenir des entreprises qui ont baissé de 20 % leurs effectifs ». C’est bien cela l’insupportable du quotidien qui fait réagir et agir ces hommes et ces femmes en gilets jaunes ou pas et fait s’interroger autant de syndicalistes pour trouver des chemins communs dans le respect de chacun. De leur côté, les communistes proposent 4 mesures d’urgence crédibles pour la hausse du SMIC de 200 € net et une augmentation des pensions et retraites, l’ouverture de négociations salariales dans le public comme dans le privé, le rétablissement de l’ISF. A cela s’ajoutent la proposition faite par les députés communistes de la progressivité de l’impôt sur les sociétés, la taxation à la source des bénéfices des multinationales, une véritable liste française des paradis fiscaux. Les communistes girondins se sont donnés comme ambition de collecter 10 000 signatures pour la mi-février qui seront déposées en préfecture. Une démarche efficace pour ouvrir largement le grand débat sur ce qu’attendent les Français. Lors de ses vœux (lire page 7), Fabien Roussel, secrétaire national du PCF appelle à tout faire pour que la voix des citoyens ne soit pas étouffée par le gouvernement ni instrumentalisée par les forces d’extrême droite qui rêvent de faire grandir leurs idées nauséabondes. Les priorités des Français doivent rester au cœur du débat et ces priorités sont le pouvoir d’achat, la justice sociale et l’évasion fiscale.

Claude Mellier membre de l’exécutif du PCF 33

Les Nouvelles 24 janvier 2019 • 3


EUR REPÈRES

70 ans de construction européenne 9 mai 1950 : déclaration de Robert Schuman qui appelle à la mise en commun des productions de charbon et d’acier de la France et de l’Allemagne, au sein d’une organisation ouverte aux autres pays d’Europe pour assurer une paix durable sur le Continent.

18 avril 1951 : création de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA) avec la signature du traité de Paris par six pays : la Belgique, la France, l’Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas et la République fédérale d’Allemagne (ex RFA).

25 mars 1957 : deux traités signés à Rome créant la Communauté économique euro-

péenne CEE (mise en place d’un marché commun) et la Communauté européenne de l’énergie atomique (CEEA) dite EURATOM, par les six pays européens ayant participé à la création de la CECA. À la différence du traité de la CECA créée pour 50 ans, les deux traités de Rome sont conclus pour une durée illimitée.

14 janvier 1962 : adoption des premiers règlements sur la Politique agricole commune (PAC).

1er juillet 1968 : réalisation de l’Union douanière entre les Six. 1er janvier 1973 : élargissement de la CEE avec l’adhésion du Danemark, l’Irlande et le

Royaume-Uni.

1er janvier 1981 : une Europe à Dix avec l’entrée de la Grèce. 14 juin 1985 : signature des accords de Schengen entre la Belgique, la France, le Luxem-

bourg, les Pays-Bas et la RFA pour une suppression progressive des frontières et la libre circulation des personnes. La convention d’application de l’accord est signée le 19 juin 1990 et n’entre en en vigueur que le 26 mars 1995.

1er janvier 1986 : troisième élargissement de la CEE avec l’arrivée de l’Espagne et du Portugal.

17 et 28 février 1986 : les douze membres signent, à Luxembourg et La Haye, l’Acte unique qui modifie le traité de Rome. Celui-ci entre en vigueur le 1er janvier 1993. 7 février 1992 : signature du traité de Maastricht qui crée l’Union européenne (qui devient Communauté européenne – CE). Celle-ci est constituée de 3 piliers : les Communautés (CECA, CE, CEEA), la Politique étrangère et de sécurité commune (PESC), la coopération en matière de Justice et d’affaires intérieures (JAI). Le traité de Maastricht institue une citoyenneté européenne. Les pouvoirs du Parlement européen sont renforcés, et l’Union économique et monétaire (UEM) est lancée.

1er janvier 1995 : entrées de l’Autriche, la Finlande et la Suède. 2 octobre 1997 : les ministres des Affaires étrangères des Quinze signent le traité d’Ams-

terdam qui modifie le traité sur l’Union européenne en instituant la Communauté européenne (TCE). Il entre en vigueur le 1er mai 1999.

1er janvier 1999 : Onze États membres forment la "zone euro" : Autriche, Belgique, Espagne, Finlande, France, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal et RFA. L’euro devient officiellement leur monnaie légale. La Grèce les rejoindra le 1er janvier 2001, la Slovénie le 1er janvier 2007, Chypre et Malte le 1er janvier 2008, la Slovaquie le 1er janvier 2009, l’Estonie le 1er janvier 2011, la Lettonie le 1er janvier 2014 et la Lituanie le 1er janvier 2015. 26 février 2001 : signature du traité de Nice qui vise à modifier le fonctionnement des

institutions européennes en prévision de l’élargissement aux pays d’Europe centrale et orientale. Nouvelle répartition des voix attribuées à chaque État au Conseil ; nouveau calcul de la majorité qualifiée. Le traité de Nice et l'élargissement ont fait l'objet d'un référendum le 9 juin 2001 en Irlande. Les Irlandais disent alors dit « non », mais après un second référendum, ils ratifient finalement le traité.

Octobre 2004 : signature d’un nouveau traité à Rome sur une Constitution pour l’Europe. 1er mai 2004 : entrée en vigueur du traité signé à Athènes le 16 avril 2003. Dix nouveaux États entrent dans l’UE : Chypre, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne, République tchèque, Slovaquie, Slovénie.

29 mai et 1er juin 2005 : Les électeurs français puis néerlandais refusent le projet de consitution européenne par référendum. 1er janvier 2007 : une Europe à 27, avec l’entrée en vigueur du traité d’adhésion signé le 25 avril 2005, de la Roumanie et la Bulgarie.

13 décembre 2007 : Les 27 chefs d’État et de gouvernement signent le traité de Lisbonne.

Celui-ci reprend, en les simplifiant, l’essentiel des dispositions du traité de Rome rejetées par les référendums français et néerlandais. L’ensemble des ratifications se fait par la voie parlementaire, sauf en Irlande. Ce pays rejette le traité par un premier référendum le 12 juin 2008 avant de l’accepter par un second référendum le 2 octobre 2009. Le traité entre alors en vigueur le 1er décembre 2009. En France, une réforme constitutionnelle a été nécessaire pour ratifier le traité ; la loi autorisant la ratification est promulguée le 13 février 2008.

2 mars 2012 : signature du traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG). Interdisant aux États signataires (à l’exclusion du Royaume-Uni et de la République tchèque) un déficit structurel supérieur à 0,5 % du PIB et modifiant les mécanismes de sanction, ce traité constitue un pas en avant vers une gouvernance économique de l’UE et consacre un transfert de souveraineté non négligeable en matière de politique budgétaire.

1er juillet 2013 : entrée en vigueur du traité d’adhésion, signé à Bruxelles le 9 décembre 2011, de la Croatie. 29 mars 2017 : le Royaume-Uni notifie au Conseil européen son intention de quitter l’UE, suite au référendum du 23 juin 2016. 4 • Les Nouvelles 24 janvier 2019

Alors que le Brexit fait l’actualité en Europe (lire page 6), les têtes de listes françaises aux élections européennes – qui auront lieu le 26 mai 2019 – commencent à se faire connaître. Pour le PCF, une proposition de liste sera soumise au vote des adhérents du 31 janvier au 2 février. Nous aurons l’occasion de revenir sur les candidatures et le contenu tout au long de cette campagne mais nous engageons ici un premier dossier pour donner quelques repères historiques et institutionnels sur l’Union européenne. C’était l’occasion d’interroger Jean Querbes, membre de la direction départementale du PCF en Gironde, qui fut député européen. JEAN QUERBES, MILITANT COMMUNISTE, EX-DÉPUTÉ EUROPÉEN

L’Union européenne : un immense gâchis humain et financier mais d’immenses possibilités de coopération Les Nouvelles. Tu as été député européen, peux-tu nous rappeler à quelle période, dans quel contexte ? Jean Querbes. J’ai siégé six mois puis deux ans dans deux mandatures : 1989/1994 et 1994/1999. Les députés français PCF (une dizaine) siégeaient dans le groupe multinational du la Gauche Unitaire Européenne. L’élection était, comme cette année, à la proportionnelle intégrale à l’échelon national. Cette période a été marquée par deux grands mouvements populaires qui ont bousculé la construction institutionnelle de l’Union Européenne et montré ses faiblesses et ses limites. Le premier c’est la puissance du NON au traité de Maastricht, traité qui était une nouvelle étape d’intégration sous le diktat des marchés financiers et contre lequel 49 % des Français se sont prononcés lors d’un référendum. Un rejet seulement soutenu à gauche par le PCF et qui a suscité la grande peur dans les milieux dirigeants de Paris et de Bruxelles. Le second est le tsunami de la révolte populaire générée par la crise de « la vache folle ». Face aux dangers de contamination de cette maladie neurologique bovine transmissible aux être humains, le refus des autorités de l’U.E. de prendre des mesures de protection au nom du sacrosaint principe libéral de la liberté du commerce, a conduit à une révolte des opinions publiques jusqu’à la démission, inimaginable jusqu’alors, de l’organe institutionnel surpuissant et intouchable de la Commission européenne. Les Nouvelles. Que retiens-tu de cette expérience ? J.Q.D’abord l’immense contradiction entre le gâchis humain et financier que génère des politiques dominées par la volonté d’accroitre les profits et la puissance des forces économiques et financières, et les immenses possibilités de la coopération au niveau de l’Union. Quand on voit l’exemple de l’Airbus, d’Ariane, du CERN, qui ne doivent rien à l’U.E., mais tout à la coopération de services et d’entreprises publiques de plusieurs états, on peut imaginer ce que les moyens de l’Union (1 000 milliards de la BCE engloutis dans la spéculation financière) permettraient, comme le proposent les communistes, pour résoudre les défis de notre temps comme les maladies : Alzheimer ou SIDA, le chômage, la transition énergétique en sortant de l’énergie carbonée, la lutte contre la pauvreté, contre la fraude fiscale, le blanchiment de l’argent, la criminalité internationale etc. Le deuxième constat c’est le défi démocratique que nous pose le succès des forces libérales qui ont réussi à écarter du scrutin des élections européennes plus de la moitié des citoyens qui, en s’abstenant, donnent plus de pouvoirs à la

technocratie et aux lobbies au service du capital. Si des millions de travailleurs actifs ou retraités utilisent leur bulletin de vote pour faire retentir l’exigence de l’humain contre le capital, cela changera la face de l’Union européenne. Les Nouvelles. Comment décrirais-tu la relation du Parti communiste français à la construction européenne ? J.Q. D’abord, il faut reconnaitre la grande clairvoyance du PCF. Il a su déceler, sous le gant de velours idéologique de la construction européenne que l’on trouve dans le préambule des Traités : paix, solidarité, générosité, la main de fer des exigences capitalistes qui s’expriment dans le cœur des Traités avec la liberté donnée aux capitaux : la concurrence entre activités, hommes et territoires, la réduction du champ des entreprises et services publics et des politiques publiques. Ainsi, il a été le seul à gauche à s’opposer à toutes les régressions libérales qui sont d’ailleurs cogérées depuis des décennies à Bruxelles et Strasbourg, par les libéraux de droite et de gauche. La difficulté, non seulement pour les communistes mais pour tous les citoyens, c’est de ne pas de « jeter l’enfant avec l’eau du bain » comme nous y invitent les nationalistes bornés, c’est-à-dire rejeter, avec la mainmise du capital, les exigences de la coopération et de la solidarité internationale des peuples. La dimension de plus en plus internationale des défis humains et planétaires doit nous y aider. Les Nouvelles. Comment vois-tu l’avenir de l’Europe et de la France dans l’Europe ? J.Q. C’est une évidence de dire que cet avenir est entre les mains des peuples, et j’ajouterai, de leur capacité à déjouer les pièges qui leur sont tendus pour qu’ils renoncent à imposer leur exigence de l’humain. Les pièges, c’est le repli nationaliste, c’est la peur de l’autre, de l’avenir ou du progrès humain, c’est le dénigrement de l’intérêt collectif et de la solidarité, c’est la division et l’opposition selon l’origine, les croyances, les modes de vie, l’opposition entre les territoires et les nations, l’opposition entre le social et l’environnemental, toutes divisions dont le venin est distillé par l’idéologie capitaliste. Une idéologie qui n’a qu’un objectif : masquer l’opposition qu’il faut taire entre les forces de la création des richesses aujourd’hui dominées et les forces de l’exploitation qui veulent maintenir leur domination sur les institutions européennes. Pour déjouer cet objectif, il n’y a pas d’autres voies que le rassemblement sur la liste et dans les urnes en plaçant l’humain avant tout. C’est ce que propose Ian Brossat. Propos reccueilli par Christelle Danglot


OPE REPÈRES

L’Union Européenne : budget et institutions Le financement de l’UE

L’Union européenne (UE) tire ses revenus des contributions de ses pays membres, des droits à l’importation de produits provenant de l’extérieur de l’UE, ainsi que des amendes imposées aux entreprises qui ne respectent pas la législation européenne. Les pays de l’UE s’accordent sur le montant du budget et ses modalités de financement plusieurs années à l’avance. Le budget de l’UE « soutient la croissance et la création d’emplois ». Au titre de la politique de cohésion, il finance des investissements destinés à réduire les écarts économiques entre les différents pays et régions de l’UE. Il contribue également au développement des régions rurales d’Europe. Le cadre institutionnel :

Dans l’organisation institutionnelle – sans équivalent dans le monde – de l’Union européenne : • les grandes priorités de l’UE sont fixées par le Conseil européen, qui réunit dirigeants nationaux et européens ; • les citoyens de l’UE sont représentés par les députés, élus au suffrage universel direct au Parlement européen ; • les intérêts de l’UE dans son ensemble sont défendus par la Commission européenne, dont les membres sont désignés par les gouvernements nationaux ;

• les intérêts des États membres sont défendus par les gouvernements nationaux au sein du Conseil de l’Union européenne. Établir les priorités Le Conseil européen fixe les orientations politiques globales de l’UE, mais il n’a pas le pouvoir d’adopter la législation. Dirigé par un président – actuellement Donald Tusk –, il se compose des chefs d’État ou de gouvernement des États membres et du président de la Commission. Il se réunit au moins deux fois par semestre, pendant plusieurs jours. Élaborer la législation Trois institutions interviennent dans le processus législatif : • le Parlement européen, composé de députés élus au suffrage universel direct, qui représentent les citoyens européens ; • le Conseil de l’Union européenne, qui représente les gouvernements des États membres. La présidence du Conseil est assurée alternativement par chaque État membre, selon un système de rotation ; • la Commission européenne, qui représente les intérêts de l’Union dans son ensemble. En principe, la Commission présente des propositions de législation, qui sont adoptées par le Parlement et le

Conseil. Une fois adoptés, les actes législatifs sont mis en œuvre par les États membres et la Commission, qui est chargée de veiller à ce qu’ils soient correctement appliqués. Autres institutions et organes de l’UE Deux autres institutions jouent un rôle crucial : • la Cour de justice de l’Union européenne veille au respect de la législation européenne ; • la Cour des comptes contrôle le financement des activités de l’UE. Les compétences et les responsabilités de ces institutions sont définies par les traités, qui constituent le fondement de toutes les activités de l’Union. Les traités définissent également les règles et les procédures que les institutions de l’UE doivent observer. Ils sont adoptés par les présidents et/ou les Premiers ministres de tous les États membres, et sont ratifiés par les parlements nationaux. L’UE possède également un ensemble d’institutions et d’organes interinstitutionnels qui remplissent des missions spécialisées : • La Banque centrale européenne est responsable de la politique monétaire européenne. • Le Service européen pour l’action extérieure (SEAE) assiste le haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de

sécurité. • Le Comité économique et social européen représente la société civile, les employeurs et les salariés. • Le Comité européen des régions représente les autorités régionales et locales. • La Banque européenne d’investissement finance les projets d’investissement européens et aide les PME par l’intermédiaire du Fonds européen d’investissement. • Le Médiateur européen enquête sur les plaintes pour mauvaise administration déposées contre des institutions ou organes de l’Union européenne. • Une série d’agences spécialisées et d’organismes décentralisés remplissent des tâches techniques, scientifiques et de gestion. Le Conseil de l’Europe ne fait pas partie de l’Union européenne. Il

s’agit d’une organisation intergouvernementale qui a pour objectifs, entre autres, de défendre les droits de l’Homme, de promouvoir la diversité culturelle de l’Europe et de lutter contre les problèmes sociaux tels que la discrimination raciale et l’intolérance. Fondé en 1949, l’une de ses premières réalisations a été la rédaction de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales. Par la suite, la Cour européenne des droits de l’Homme a été créée, elle donne aux citoyens les moyens d’exercer leurs droits au titre de cette convention. Une Charte sociale européenne figure également parmi les textes internationaux émanant du Conseil de l’Europe et intéresse, en tout premier lieu, le droit du travail ainsi qu’une Convention européenne sur le statut du travailleur migrant.

Les institutions de l’UE Conseil européen (sommets) Parlement

Conseil des ministres

Commission

européen

(le Conseil)

européenne

Cour de

Cour des

Comité économique

Comité

justice

comptes

et social

des régions

Agences

Banque centrale européenne

Banque européenne d’investissement

Comment l’UE dépense-t-elle son argent ? Budget de l’UE en 2017 : 157,9 milliards d’€ (Soit 1,05 % du revenu national brut) Europe globale : y compris l’aide au développement

6%

Sécurité, citoyenneté et justice

3%

Autre, administration

6% Croissance durable - ressources naturelles : agriculture, environnement

37 %

Croissance intelligente et inclusive : emploi, compétitivité, développement régional

48 % Les Nouvelles 24 janvier 2019 • 5


EUROPE LEÇONS POUR UN BREXIT PAR IAN BROSSAT

ROYAUME-UNI

Changer l’Europe est, comme en France, un combat de classe

Pour retrouver sa majorité, Theresa May joue avec le feu

Ian Brossat, tête de liste des communistes aux élections européennes a réagi au rejet massif des députés britanniques de l’accord de divorce avec l’Union européenne conclu par Theresa May : « Au vu de ces turpitudes, on se dit que l’idée d’une sortie de l’UE serait une folie pour la France ». Un point de vue qu’il avait déjà développé lors d’une tribune publiée par le journal l’Humanité, le 30 novembre 2018. Pour Ian Brossat, ce vote des députés britanniques est « un épisode de plus dans la longue série de difficultés rencontrées par la Grande-Bretagne depuis son vote en faveur du Brexit » et cela montre qu’il n’y a « donc pas d’autre choix qu’une transformation profonde de l’Union européenne, en rupture franche avec les logiques libérales et les traités qui les soutiennent. » C’est le message que les communistes entendent porter dans la campagne des élections européennes qui s’engage. Dans sa tribune du 30 novembre, le candidat communiste tire trois leçons de ce « désastreux exemple britannique ». Premièrement, sortir de l’UE est une voie de garage. « Le Brexit est d’ores et déjà un échec qui a fait mentir ses promoteurs. Il montre que quitter l’Union, même pour un pays aussi peu intégré que le Royaume-Uni, est d’une complexité inouïe, comportant des répercussions politiques et économiques à multiple détente. Pourtant, le gouvernement conservateur de Theresa May n’a aucunement l’intention de rompre avec les politiques d’austérité, il ne vise qu’à revenir à un capitalisme britannique rival de l’UE. On imagine dès lors quelle épreuve serait une sortie d’un membre fondateur comme la France, et qui plus est une sortie progressiste, pour un gouvernement qui tenterait de se séparer de l’UE “par la gauche” en rompant avec le règne de la Finance et des multinationales. Désormais les choses sont claires : les coûts d’un Frexit seraient considérables ; et sortir de l’Union européenne n’est pas sortir du capitalisme. Pire, revenir à un échelon national rendrait moins opérante la lutte contre des problèmes aussi globaux que le réchauffement climatique, la crise de l’accueil des migrants ou la mise au pas des Gafam (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft…). » Deuxièmement, le Brexit est un révélateur puissant du rejet que l’Union européenne suscite parmi les peuples. « Elle est devenue un repoussoir complet. Cette machine à produire de la pauvreté et de la précarité, cette prétendue union qui ne promeut que la guerre économique, cet échelon de gouvernance supranational qui ne fait que détricoter les services publics et les budgets des États dégoûtent les peuples de l’idée même de s’unir pour 6 • Les Nouvelles 24 janvier 2019

mieux affronter les problèmes qui se posent à nous. C’est le bilan implacable de ces gouvernements ultralibéraux et nationalistes qui, main dans la main, appliquent dans la grande majorité des 27 États membres des politiques fort semblables, si besoin par la force, comme l’a montré l’exemple grec. Leur potion amère est toujours la même : un cocktail mêlant privatisations, casse des droits sociaux, réduction des dépenses publiques et baisse de la fiscalité des plus riches… Le résultat est sous nos yeux : les inégalités explosent, les forces d’extrême droite progressent ; elles se présentent partout comme la seule alternative aux libéraux. Quant aux libéraux, ils brandissent ces extrêmes droites comme un épouvantail commode pour obtenir leur reconduction et la perpétuation de leurs politiques économiques injustes… » Troisièmement, puisque la voie de la sortie est bouchée, il faut investir le combat pour transformer l’UE. Il y a bel et bien une issue progressiste à la situation européenne actuelle. Changer l’Europe est – comme en France – un combat de classe. (…) L’actualité le montre, les politiques d’austérité et de compression salariale, exigées par Bruxelles comme par les gouvernements conservateurs, ne créent ni croissance ni emploi et suscitent au contraire de véritables révoltes. La colère des gilets jaunes ne s’étanchera pas sans des mesures de hausse des salaires : nous demandons la revalorisation du Smic de 200 euros et l’ouverture de négociations salariales dans le privé comme dans le public. Pour en finir avec les délocalisations intraeuropéennes, il nous faudra rompre avec les traités européens et interdire tout départ d’une entreprise dans un autre pays de l’UE. Il est également urgent d’abolir le travail détaché, qui met les travailleurs de nos pays en concurrence les uns avec les autres : toute personne qui travaille en France, quelle que soit sa nationalité, doit être protégée par un contrat français. Enfin, la transformation réelle de l’UE passera par une lutte puissante contre l’évasion fiscale massive qu’elle encourage à travers l’existence de paradis fiscaux en son propre sein. Après l’échec du Brexit, il nous appartient de faire de la bataille européenne un champ d’espoir et de progrès social. C’est avec l’ambition de travailler à une nouvelle construction européenne à géométrie choisie que nous allons dès aujourd’hui à la rencontre des Français.

La première ministre britannique tente de convaincre les députés qui ont fait défection dans sa majorité. Pour cela, elle n’écarte plus un Brexit sans accord qui pourrait raviver les cendres de la guerre civile en Irlande du Nord. Theresa May cherche à remettre en selle l’alliance entre les conservateurs et les unionistes nord-irlandais qui constituait sa majorité jusqu’aux déchirures sur son projet d’accord sur le Brexit avec l’Union européenne (UE). Mais, alors qu’elle a présenté lundi en fin d’après-midi, devant la Chambre des communes, des pistes extrêmement limitées d’aménagement de son texte, rien n’indique qu’elle soit en mesure de panser les plaies ouvertes dans son propre camp, d’un côté, et de convaincre des institutions européennes, de l’autre. Des dizaines de députés tories, partisans du maintien dans l’UE, s’affichent régulièrement ces derniers jours avec leurs homologues travaillistes, issus de la tendance blairiste du parti, pour imaginer des scénarios permettant de repousser toute décision de sortie de l’UE et d’organiser

un second référendum. Alors que la direction du Labour, autour de Jeremy Corbyn, continue, elle, d’écarter cette perspective, privilégiant sa revendication d’élections anticipées, Theresa May prend également soin de poser en défenseur de la seule option respectant strictement le résultat du référendum de 2016 : la sortie du Royaume-Uni de l’UE. Mais dans le même geste, elle n’hésite pas à flatter plus encore les ressorts ultralibéraux et xénophobes qui, loin des discussions connues en France, par exemple, lors du référendum sur le traité constitutionnel en 2005, avaient dominé les débats, il y a deux ans et demi, outre-Manche. Mieux vaut « un Brexit sans accord que pas de Brexit du tout »

Lundi, ses conseillers ont laissé entendre, pour la première fois, explicitement qu’il vaut mieux « un Brexit sans accord que pas de Brexit du tout ». C’est sur cette ligne que Theresa May espère convaincre ceux qui, dans sa majorité, veulent profiter d’une sortie de l’UE sans accord pour transformer le pays en gigantesque paradis fiscal ou ceux qui, comme les unionistes nordirlandais du DUP, craignent de voir

leur région absorbée en quelque sorte par la République d’Irlande. Pour l’heure, la première ministre britannique propose juste de mettre dans la balance de l’éventuelle renégociation avec Bruxelles l’annulation d’une taxe annuelle de 65 livres sterling (74 euros) sur les permis de séjour et de travail pour les ressortissants de l’UE installés au RoyaumeUni. Pas de quoi défaire, selon toute vraisemblance, le nœud gordien de la crise parlementaire et obtenir des concessions de l’Union européenne sur le « filet de sécurité » (« backstop ») servant, via le maintien au sein d’une union douanière, à conjurer tout rétablissement d’une frontière physique au cœur de l’île d’Irlande. Dans son discours, un peu plus de vingt ans après leur signature, Theresa May promet de s’en tenir aux accords de paix du vendredi saint en Irlande du Nord. Mais dans les faits, le Brexit dur, ou sans accord, qu’elle refuse d’écarter systématiquement, pourrait bien rallumer les flammes de la guerre civile. (…) Dans un entretien à la chaîne publique irlandaise RTE, Michel Barnier, le chef de file de l’UE dans la négociation sur le Brexit, écarte toute renégociation sur le sujet. « C’est maintenant aux dirigeants britanniques de construire une majorité stable et positive pour un accord, donc nous attendons les prochaines étapes de la part du gouvernement britannique », explique-t-il. (…) Thomas Lemahieu, l’Humanité du 22/01/19

TRIBUNE LIBRE

Le Brexit ou le défi d’une autre Europe ? Une tribune publiée dans l’Humanité du lundi, 21 Janvier, 2019. Margaret Thatcher avait été lâchée par ses ministres, Theresa May a été désavouée par le Parlement. Qu’elle ait réussi de justesse (19 voix) à ressusciter sa majorité le temps du rejet d’une motion de censure ne saurait faire illusion. On l’a vue se débattre aux Communes comme une bête traquée, réduite, pour éviter l’humiliation d’une mise en minorité, à retourner négocier à Bruxelles alors que de notoriété publique il n’y a plus rien sur la table. Prolongation de l’article 50, au grand agacement de ceux qui à la Commission européenne souhaiteraient « en finir et passer à autre chose », appel grandiloquent à l’unité nationale : tout ce qu’elle aura réussi à gagner, et c’est vraiment le maximum de ce qu’elle pouvait obtenir, c’est un peu de temps. Elle a tout de même réussi – mais est-ce une victoire ? – à creuser encore un peu plus la division au sein du Parti conservateur : la motion de défiance qui la visait a été sans surprise repoussée en décembre. Les ultralibéraux partisans d’un « no deal »,

c’est-à-dire d’une rupture totale et nette avec l’Union européenne, bien que désavoués et minoritaires dans l’opinion, n’en représentent pas moins une centaine de députés. Theresa May a bien mérité les critiques dont on l’accable : son arrogance, les gages imprudemment donnés aux partisans d’un Brexit « dur », la sous-estimation de la question nord-irlandaise, une incapacité à négocier sérieusement qui a conduit plusieurs ministres, dont celui chargé du Brexit, à claquer la porte, tout cela est vrai et a exaspéré l’opinion. Et l’on comprend que le Labour de Jeremy Corbyn se contente pour le moment de compter les points en attendant les futures échéances électorales. Mais à trop se focaliser sur Theresa May, ce « cadavre ambulant », on oublie l’essentiel. Et l’essentiel, c’est l’expérience que sont en train de faire les Britanniques de l’extrême difficulté, voire de l’impossibilité, de détricoter le réseau d’interdépendance et d’interconnexions entre les économies qu’a tissé, même en l’absence de monnaie commune, près d’un demi-siècle d’appartenance au Marché commun, puis à l’Union

européenne (UE). Dans ce pays où le mysticisme n’est jamais très loin, mais où le pragmatisme est tout aussi fort, la foi aveugle dans le libéralisme et le marché ne cesse de se heurter à la réalité des échanges et à la nécessité des coopérations. La fierté de « l’Anglais né libre », si souvent bafouée par les réglementations et les exigences de Bruxelles, ne peut s’accommoder ni des clauses du divorce actuellement édictées, ni d’un « no deal » catastrophique pour l’économie et qui déchirerait ce pays composé de quatre nations (Angleterre, Écosse, pays de Galles, Irlande du Nord) dont trois sont favorables à l’UE, ni du statu quo. Alors ? Alors on est dans une impasse, dont seul, semble-t-il, un nouveau référendum pourrait permettre de sortir. Mais entre l’Europe telle que le peuple l’a déjà rejetée et un impossible isolement, il faudra bien qu’une tout autre perspective européenne voie le jour. C’est aussi l’enjeu du débat actuel. Jean-Michel Galano, Philosophe et ancien résident français en Irlande du Nord


PCF GAUCHE

BORDEAUX

Le PCF se mobilise « pour les gens, pas pour l’argent »

Rendez-vous convivial des vœux de la fédération

Fabien Roussel a présenté lundi, lors de ses vœux, l’agenda d’un PCF déterminé à « tout faire pour que la voix des citoyens ne soit pas étouffée ». Place du Colonel-Fabien, lundi, la tonalité se voulait offensive. Fabien Roussel y a délivré devant la presse et une série de personnalités – dont l’ambassadeur du Venezuela, des responsables de la CGT, de la FI, de Génération.s ou encore d’associations – ses premiers vœux en tant que secrétaire national du PCF. La politique du « président des ultrariches » en a pris pour son grade. « Notre jeune président semble encore scotché aux vieux dogmes du capitalisme. Sauf que son aveuglement conduit notre pays dans l’impasse et fait monter une colère qui aujourd’hui explose », devait pointer le député du Nord, dont la formation soutient le mouvement des gilets jaunes comme l’appel à la mobilisation lancé par la CGT pour le 5 février. Mi-février, les signatures de la pétition pour le pouvoir d’achat seront déposées. Mais pour les communistes, outre la politique présidentielle, un res-

ponsable est à désigner : le coût du capital. Alors que le dernier rapport annuel d’Oxfam démontre que les 26 personnes les plus riches de la planète détiennent autant d’argent que la moitié la plus pauvre, Fabien Roussel tacle : « Tout le monde s’en offusque, tout le monde trouve ça scandaleux, mais aucun de ceux qui se réuniront à Davos ou des patrons étrangers réunis à Versailles ne proposera d’inverser la tendance ! » Face au refus du gouvernement de revenir sur l’ISF ou aux « mesurettes » telles que la taxe sur les Gafam défendue par Bruno Le Maire, le PCF entend donner de l’écho aux exigences de justice fiscale, sociale et démocratique, propositions concrètes à la clé, a promis son nouveau responsable. Réorientation des aides publiques versées aux entreprises, progressivité de l’impôt sur les sociétés, taxation à la source des bénéfices des multinationales, mise en place d’une véritable liste française des paradis fiscaux, référendum d’initiative populaire, moratoire sur la fermeture des services publics figurent parmi les mesures déjà déposées à l’Assemblée. Et pas question non plus de laisser au gouvernement les conclusions du grand débat.

Le programme des premiers mois de 2019 est d’ores et déjà chargé : dès la mi-février, les signatures de la pétition pour le pouvoir d’achat initiée en novembre seront déposées dans les préfectures, des « cahiers d’espoirs » seront remplis, des rencontres et débat seront organisés. Pour le chef de file des communistes, il s’agit de « tout faire pour que la voix des citoyens ne soit pas étouffée par le gouvernement ni instrumentalisée par des forces d’extrême droite qui rêvent de faire grandir leurs idées nauséabondes. (…) Dans les prochaines semaines, les priorités des Françaises et des Français doivent rester au cœur du débat, et ces priorités ce sont le pouvoir d’achat, l’évasion fiscale, la justice sociale ». Et d’annoncer à la presse : « À la mi-mars, nous vous donnerons rendez-vous pour remettre au gouvernement le compte rendu de ces rencontres, les synthèses de ces cahiers et les propositions de loi qui les accompagneront. » Quant aux élections européennes, « elles doivent être l’occasion de faire monter les mêmes exigences qui s’expriment en France depuis des mois », assure Fabien Roussel, qui devait dévoiler le slogan de campagne du PCF, « Pour l’Europe des gens, pas pour celle de l’argent ». S’il regrette que les discussions à gauche n’aboutissent pas en vue d’une liste commune, l’élu a confirmé que la liste du PCF, présentée à son conseil national ce week-end, sera dévoilée en intégralité lors d’un meeting à Marseille le 5 février. Marie-Hélène Bourlard, syndicaliste ouvrière, figure du film Merci patron !, y apparaîtra juste après la tête de liste Ian Brossat. Julia Hamlaoui

COMITÉ DÉPARTEMENTAL DU PCF

Pétition sur le pouvoir d’achat : 10 000 signatures d’ici le 15 février Le comité départemental du PCF, réuni à Bordeaux le 16 janvier a décidé de faire de la semaine du 21 janvier un temps fort pour engager la campagne sur le pouvoir d’achat avec distributions et signatures et sur les marchés, les gares et au contact des gilets jaunes. L’objectif est d’atteindre 10 000 signatures d’ici le 15 février. Outre l’organisation, la campagne des européennes, la situation de Ford Blanquefort et plus globalement celle de l’industrie en France, il a été beaucoup question du mouvement social et en particulier des « Gilets jaunes ». Dans son rapport d’introduction, après une présentation détaillée de l’analyse du mouvement et de ses revendications, Sébastien Laborde, secrétaire départemental, a encouragé à l’échange, à faire connaître les propositions du PCF sur le pouvoir d’achat, notamment par la pétition, sur la justice fiscale et la question sur le partage des richesses, sur le rétablis-

sement de l’ISF, et la suppression du CICE, la question de l’évasion fiscale, sur la démocratie proposition d’un référendum d’initiative populaire et VIe république). Autant de revendications communes aux communistes et aux gilets jaunes. Le PCF entend aider à la collecte des revendications tout en dénonçant le caractère limité du « grand débat » et à l’élargissement et à la convergence de ce mouvement avec le mouvement social, les forces sociales et politiques car il s’agit d’élargir le mouvement pour gagner. Calendrier et plan de travail :

Vendredi 8 février : Fabien Gay sera présent à Bordeaux pour le repas de section, ce pourrait être l’occasion d’une initiative devant le Apple store de Bordeaux sur le thème de l’évasion fiscale et du CICE comme cela avait été fait en 2015 dans le cadre de la campagne des régionales. Mercredi 13 février : Travail sur l’organisation de la direc-

tion fédérale avec 3 priorités : renforcer le lien et l’aide aux sections ; développer l’activité du parti à l’entreprise ; poursuivre le travail des commissions thématiques et du secteur formation. Travail sur la visibilité et la présence du PCF dans toutes les luttes et les mouvements, les collectifs qui existent en Gironde. Samedi 2 mars au matin : Adopter un budget prévisionnel pour l’année qui devra intégrer la fête fédérale d’une part avec un budget identique à l’année dernière et un budget pour les européennes. D’ici là une réunion du collectif transparence aura lieu pour aborder l’ensemble des questions qui permettront de préparer ce budget. Mercredi 3 avril : contenu politique de la fête fédérale et sa place dans la campagne des européennes. Mercredi 24 avril : la campagne pour les européennes, la popularisation et la réussite de la fête fédérale et le renforcement du PCF.

Mardi 29 janvier à partir de 18h30, au siège départemental du PCF, 15 rue Furtado à Bordeaux (33800). « L’année 2018 aura été agitée et mouvementée. Nous pouvons faire de 2019 une année d’avancées sociales et démocratiques, de batailles politiques victorieuses. Il ne s’agit pas simplement de le souhaiter, mais de le vouloir, et de s’en donner les moyens. Il nous faut pour cela être à l’offensive, en direction de la population, du monde du travail, de la jeunesse, et de celles et ceux qui aujourd’hui se lèvent face à la politique du gouvernement. » Sébastien Laborde, secrétaire départemental du PCF Gironde SECTION DE BORDEAUX

Repas à Bacalan le 8 février Communication de la section. « L’année 2019 commence comme elle l’avait fini, c’est-à-dire avec un pouvoir en grande difficulté pour répondre concrètement aux attentes des « Gilets Jaunes » et plus généralement à celles de l’ensemble de la population. Notre congrès extraordinaire d’Ivry, au-delà de l’élection d’un nouveau secrétaire national (Fabien Roussel) et du renouvellement de l’exécutif national, a fixé une feuille de route ambitieuse et offensive pour les communistes dans la perspective des élections européennes du 26 mai 2019 et plus largement pour lutter contre les politiques libérales du gouvernement et ouvrir une perspective de transformation. Une année riche s’ouvre, c’est pourquoi nous te proposons un moment de fraternité et de convivialité autour du traditionnel repas de section. Relancée en 2016, cette initiative permet de réunir plus de 80 communistes bordelais chaque année. Nous la renouvelons le : vendredi 8 février 2019 à partir de 19h, salle Pierre Tachou (tram Barrêt Brandenbourg) à Bacalan. Cette soirée débutera par une intervention du comité exécutif local qui s’est enrichi de 3 nouveaux camarades. Il fera le point sur l’actualité politique locale et nationale et les enjeux bordelais. Il sera suivi d’un apéritif offert par la section puis d’un repas. » Le prix du repas est fixé à 13 euros (couscous et tarte aux quetsches, café, vin non compris). Réservation (recommandée) : sectionbordeauxpcf@ gmail.com ou 06 88 96 87 03 (Sophie) ou 06 19 85 34 00 (Ludovic). BÈGLES

Grand débat citoyen Évasion fiscale VS Justice fiscale, samedi 2 février 16h30 salle saint maurice. « Qu’ils portent des gilets jaunes, des blouses blanches ou des robes noires, des millions de femmes et d’hommes n’acceptent plus le sort qui leur est fait. Ils le disent haut et fort : “Trop, c’est trop !” On ne peut continuer à vivre avec des salaires de misère, des pensions et des allocations rognées, une protection sociale réduite au minimum. Il est urgent d’augmenter les salaires, les pensions et les minima sociaux. Mais ils disent aussi qu’il faut en finir avec le modèle fiscal que nous imposent les gouvernements depuis des décennies. Ce système qui laisse les 99 % des français payer pour les 1 % plus riches qui échappent chaque jour plus à l’impôt en devenant de plus en plus riches. L’injustice fiscale n’a que trop duré. Ensemble construisons les solutions pour que comme l’écrivent les gilets jaunes : les gros paient gros et les petits paient petit ! » Débat organisé par la section de Bègles du PCF, avec les élus communistes de la ville, en présence de : Benjamin Amar, responsable syndical ; Arthur Hay, responsable du syndicat CGT des coursiers à vélo ; un responsable syndical finances publiques ; ainsi que de nombreux acteurs associatifs et syndicaux. À 19h les communistes et leurs élus adresseront leur vœux à la population béglaise (il n’est jamais trop tard). Puis un grand repas populaire et fraternel ouvert à tous suivra. Prix : 12 €, 7€ pour les enfants. Menu : couscous, fromage et dessert (vin et café non compris) - Réservation indispensable : pcfbegles@gmail.com ou 06 79 83 35 01 LA RÉOLE MONSÉGUR

Repas de section La section La Réole Monségur organise un repas le jeudi 31 janvier à midi, salle de la mairie à Saint Ferme. Le repas sera précédé d’une assemblée des adhérent-e-s à partir de 10h. Au menu Garbure : 15€ // Inscriptions : Pascal Bagnarol 07 88 97 64 65

SOUSCRIPTION

Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera efficacement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. Les versements sont à envoyer à la fédération de Gironde du PCF - 15 rue Furtado - 33800 Bordeaux, à l’ordre de l’ADF PCF 33

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CHRONIQUE

CULTURE & SOLIDARITÉ

NOUVELLES IDÉES REÇUES

DÉAMBULATION LITTÉRAIRE

par Gérard Loustalet Sens www.nir-33.fr

Belcier revit en poésie pas choisi l’abstraction mais l’histoire pour raconter les quartiers Belcier et Saint-Jean en pleine transformation. Samedi 26 janvier, elle invite donc les Bordelais à une déambulation littéraire qui débute en 1852 pour dévoiler Le journal d’Elvire, récit historique, poétique et résolument féministe. Rendez-vous donc en 1852, le 26 janvier (10h30), au 10 rue des Terres de Borde. Les œuvres elles, resteront visibles jusqu’au 31 mars.

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« Saviez-vous qu’une bordelaise, Manon Cormier, est la fondatrice de la section girondine de La Ligue des Droits des Femmes en 1924 ? Que cette même femme est une des premières femmes à suivre des cours de droit à la faculté (alors à Pey-Berland) ? Qu’elle a maintenu son engagement pendant la Seconde Guerre mondiale, dans le Ministère du Ravitaillement à Paris en tant que résistante Francs-Tireurs

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et Partisans ? Auriez-vous aimé assister à des soirées au dernier étage de l’hôtel Le Faisan surplombant la Gare SaintJean pendant les Années Folles ? » Nathalie Man, c’est cette artiste qui a pris pour habitude de coller des poèmes sur les murs de pierre de Bordeaux (et d’ailleurs). Sollicitée par l’établissement public d’aménagement (EPA) Euratlantique, Nathalie M, comme elle signe, n’a

CONCERT ANNIVERSAIRE

Le Josem sur son 31 Après trente et une années à partager la musique en Entre-Deux-Mers et ailleurs, le Josem s’installe encore une fois pour son célèbre week-end anniversaire au centre culturel de Créon. Comme à son habitude, le Josem sous la direction d’Eloi Tembremande vous mettra des étoiles plein les yeux. Laissez-vous envoûter par les mélodies classiques de Mussorgsky, Beethoven, et Vivaldi ou par les airs plus exotiques d’Arturo Marquez et de cumbias endiablées !

Samedi 2 février 20h30 et dimanche 3 février 16h. Tarif plein 10€ / Tarif réduit 7€ / Gratuit -12 ans Billeterie en ligne : www.helloasso. com/associations/jeune-orchestresymphonique-de-l-entre-deux-mersjosem/evenements/concert-anniversaire-josem-31-ans-1 Billetterie physique : Pendant les répétitions du Josem au centre culturel de Créon de 18h30 à 21h

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932

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VB.

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MACHINE À LIRE

Rencontre avec Hervé Le Corre La Machine à Musique accueillera Hervé Le Corre, le jeudi 31 janvier 2019 à 18h30 autour du livre Dans l’ombre du brasier publié récemment aux éditions Rivages. La rencontre sera animée par Yan Lespoux. Avec ce nouveau roman, Hervé Le Corre nous plonge en pleine « semaine sanglante » de la Commune de Paris où la sauvagerie des affrontements entre Communards et Versaillais est à son paroxysme. Au milieu des obus et du chaos, alors que tout l’Ouest parisien est un champ de ruines, un photographe fasciné par la souffrance des jeunes femmes prend des photos « suggestives » afin de les vendre à une clientèle particulière. La fille d’un couple disparait un jour de marché. Une course contre la montre s’engage pour la retrouver. L’auteur croise ici l’histoire tragique des Communards et une passionnante enquête criminelle. Hervé Le Corre a reçu le grand prix de littérature policière en 2009, le Prix Mystère de la Critique 2010 pour Les Cœurs déchiquetés (Rivages, 2009) et les prix Le Point du Polar européen 2014, Prix Landerneau polar 2014 et Prix Michel-Lebrun 2014 pour Après la guerre (Rivages, 2014). Il a publié en 2017 Prendre les loups pour des chiens (Rivages). Les éditions de L’Éveilleur rééditent en janvier 2019 Les effarés, son troisième roman.

Gilets jaunes : où est la violence ? La manœuvre est classique. Pour les tenants de l’ordre établi, toute révolte populaire est illégitime, elle ne peut se fonder que sur le ressentiment et l’ignorance, l’envie et la stupidité. « Foule haineuse », feint de s’affliger Macron ; « factieux », « séditieux », s’offusque Castaner… Il faut donc déconsidérer, dénaturer une protestation populaire, stigmatisée en émeute ou subversion, en la réduisant aux violences qu’elle va inévitablement susciter. C’est toute la tartufferie des télévisions mainstream, en particulier celles dites d’information continue – qui ne sont pas par hasard, dans leur quasi-totalité, propriété des plus gros possédants de ce pays – : pendant des heures on étale complaisamment débordements et dégradations – avec pour bénéfice secondaire une augmentation de l’audience – puis, en suivant, on met en scène les éditocrates de service pour, à l’unisson, s’en indigner vertueusement. Au point qu’on pourrait ajouter une entrée au Dictionnaire des idées reçues de Flaubert, Violence : ne pas manquer de s’en indigner… Comme pour le terrorisme, il n’est pas bien vu de s’interroger sur les origines de la violence. On se rappelle les lamentables arguties de Valls. Précisons donc à nouveau que, pour les sciences sociales, analyser et expliquer, ce n’est ni justifier ni excuser mais connaître et comprendre la réalité. La violence n’est pas unilatérale et il y a des provocateurs dans les deux camps. Depuis l’affaire Benalla, amorce d’une milice présidentielle privée, et les charges policières injustifiables déjà dans les manifestations contre la loi-travail, on peut se demander si le pouvoir ne choisit pas délibérément l’affrontement. D’abord on dramatise à outrance, on criminalise préventivement, et Castaner voit des GJ venus « pour casser et pour tuer » ; en conséquence, on mobilise des moyens démesurés : autant de policiers que de manifestants, des CRS casqués et harnachés comme des robocop, des blindés de la gendarmerie, de la police à cheval et un véritable arsenal, LBD 40 (Flash-ball « amélioré »), lacrymogènes, grenades assourdissantes et dites de désencerclement… Résultat : plus de 5 000 gardes à vue et, pour quelques policiers regrettablement pris à partie, des centaines de manifestants humiliés, frappés, gazés, blessé, mutilés, éborgnés… Tout cela est parfaitement documenté… Jusqu’à l’activisme d’un Pinochet de sous-préfecture qui fait aligner contre un mur des lycéens à genoux, les mains derrière la tête ou menottés dans le dos… Cela a beaucoup fait rire Mme Ségolène Royal qui blague que cela leur fera des souvenirs… Infamie d’une politicienne sur le retour. On sait depuis Max Weber, dans Le Savant et le politique, que tout Etat « revendique le monopole de l’usage légitime de la violence physique sur un territoire donné ». Or la Déclaration des Droits de l’Homme mentionne l’insurrection, si nécessaire, comme un des droits du peuple. Ce sont deux légitimités qui s’affrontent, celle d’un Etat que Macron met au service d’une minorité de privilégiés et celle de ce que Jean-Jacques Rousseau appelle la volonté générale, c’est-à-dire la volonté du peuple fondé sur le bien commun. La violence légitime de l’Etat s’incarne en France dans le concept répété sur tous les tons de « police républicaine ». M. B-H Lévy, bien au chaud dans son riad de Marrakech, clame sa « solidarité pleine et entière avec la police républicaine ». De quoi s’interroger sur les vertus de celle-ci. Ce n’est pas un des moindre mérite des GJ que d’avoir fait surgir des catacombes de l’Histoire une armée de Versaillais en quête de Communards et autre « canaille » à éradiquer. M. Luc Ferry, philosophe de médias, qui n’a jamais élaboré le moindre concept philosophique et qui fut un ministre de l’Education Nationale parfaitement insignifiant, se prenant pour M. Thiers, s’est lâché sur Radio Classique : « Qu’ils (les policiers) se servent de leurs armes une bonne foi contre ces salopards d’extrême-gauche, d’extrême-droite et des quartiers… Que l’armée intervienne… elle est la 4ème du monde… elle est capable de mettre fin à ces saloperies ». Il doit être comblé, un GJ de Bordeaux, Olivier Beziade, a été dans le coma. Quant à la police « républicaine » elle a un passé. C’est bien la police « républicaine » qui a réprimé avec zèle la manifestation des Algériens le 17 octobre 1961, en en massacrant 200… C’est la même police « républicaine » qui s’est acharné sur les manifestants anti-OAS le 8 février 1962, causant la mort de 8 d’entre eux au métro Charonne…


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