NORDIC MAGAZINE n°22

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••• pas le laisser prendre la main sur nous. Il faut l’évaluer en permanence. Marie-Laure Brunet Je perçois désormais mieux le doute émotionnel et celui de l’âme. J’étais performante quand mon doute s’arrêtait aux émotions. Dès que j’ai commencé à avoir le doute sur le reste, donc à m’ouvrir au monde, je n’avais plus rien à faire dans le sport. Loïc Gouzerh Oui car vous aviez trouvé vos réponses ! Marie-Laure Brunet Un bon athlète doit être suffisamment clair dans ce qu’il

de vous quittant le relais olympique sur une civière, victime d’un malaise. Avec le recul, imaginiezvous que votre corps allait dire stop d’une manière aussi violente ? Marie-Laure Brunet : Ça faisait longtemps que les signaux d’urgence clignotaient chez moi, mais je n’ai pas voulu voir ces alertes car je n’avais pas de réponse à leur apporter. Avec le recul, si j’avais eu un accompagnement à ce moment-là, j’aurais oser regarder en face mes peurs et mes barrières, les verbaliser. Sans ce parcours, je ne m’intéresserais peut-être pas autant à l’accompagnement aujourd’hui [Marie-Laure suit une formation à l’Insep, N.D.L.R.]. Désormais, je n’ai plus peur de l’inconnu.

L’exemple de Marie-Laure pose une question : les sportifs doivent-ils écouter leur corps ou leur tête ?

REGARDS CROISÉS

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« Le doute est comme un voyant orange qui s'allume dans la voiture », décrit Loïc Gouzerh.

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Loïc Gouzerh Je crois que l’intuition, le ressenti profond, le fait d’être à l’écoute de notre nature profonde, ce qu’on appelle le langage de l’âme, est l’une des clés. Je dis souvent que le foncier de l’entraînement mental, c’est la méditation. C’est difficile car ce n’est pas notre culture. Descartes dit : “Je pense donc je suis”. Il parle de la pensée créatrice, de notre capacité à imaginer, conceptualiser des idées.

fait, ce qu’il prépare et ce qu’il est. D’où l’intérêt d’un accompagnement pour travailler sur le long terme. Loïc Gouzerh On voit bien là que le doute peut être constructif ou destructeur, cela dépendra de sa durée. Le doute est comme un voyant orange qui s’allume sur la voiture : il va activer en nous une ressource profonde. Nous mettons alors en œuvre une action adéquate. En fait, le doute nous alerte avant une prise de décision lors d’une période de tension. Et finalement, il nous préserve et nous rassure, car on sait ensuite où on va !

Marie-Laure, vous dites que le « haut niveau, c’est la réussite d’un athlète appuyé par toute une équipe. » Comment l’entourage peut aider un sportif en plein questionnement ? Marie-Laure Brunet L’entourage doit être sensibilisé à cette problématique. Les coaches répètent : “la performance,

Janvier 2016. Le sauteur autrichien Gregor Schlierenzauer, bien que riche de 53 victoires, s'est mis à douter. Pendant un an, il a mis sa carrière entre parenthèses. « Je pense que le temps a été salvateur », XXXX confie-t-il. Plus récemment, c'est le fondeur français Robin Duvillard qui a eu besoin d'appuyer sur pause.

les personnes les plus proches des athlètes. Dans les faits, c’est un sujet délicat qui doit tenir compte des caractères, des tempéraments des athlètes. Je forme des entraîneurs pour répondre à ce besoin. Marie-Laure Brunet C’est aussi une question de génération : l’idée fait son chemin petit à petit en France avec un

LE DOUTE EST LE PRÉCURSEUR DE LA PEUR. Loïc Gouzerh

Marie-Laure Brunet, on se souvient

c’est 80 % de mental”, mais ensuite, on en fait quoi ? Les entraîneurs doivent être sensibilisés et avoir des clés pour accompagner les athlètes. Loïc Gouzerh Il y a deux ans, Fabien Saguez [DTN de la FFS, N.D.L.R.] a proposé cette idée, car les entraîneurs sont

trio regroupant “athlète, préparateur mental et entraîneur”.

Comment gérer la pression et les attentes de la famille d’un sportif qui peuvent parfois empirer cette situation ?

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