Comment vivez-vous le dérèglement climatique?

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Techni.Cités#287

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novembre 2015

DÉCRYPTAGE

Comment vivez-vous le dérèglement climatique ? Par Noélie Coudurier

Quelques semaines avant la grande convention pour le climat, où négocieront 195 États, un baromètre spécial COP21 initié par « Le Courrier des maires » pour sonder les collectivités sur leurs moyens, leurs actes et leurs attentes, a permis à « Techni.Cités » de se concentrer sur les réponses apportées par les cadres techniques territoriaux (1). Inquiétudes, actions, détermination des priorités, leviers de développement. Voici un aperçu de la façon dont vous vivez le dérèglement climatique sur votre territoire.

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n isolant la population des cadres techniques s’étant prêtés à l’exercice (directeurs des services techniques, ingénieurs et techniciens territoriaux), ce baromètre vient confirmer certaines hypothèses, et apporte également quelques éléments de réponse plus inattendus. Tout d’abord, nombreux sont ceux à avoir été confrontés à plusieurs événements climatiques majeurs ces dix dernières années : des épisodes de chaleur prolongée et des épisodes de sécheresse et restriction d’eau l’été pour 58,5 % des répondants, ou encore des épisodes pluvieux accrus entraînant des inondations (54,7 % des répondants). En revanche, des événements du type apparition ou disparition d’espèces ou encore des caprices répétés de la météo engendrant des pertes significatives de la production agricole ont été plus modérés. Ils n’ont respectivement concerné « que » 15,09 % des collectivités des cadres techniques ayant répondu. Ces événements ont eu des conséquences diverses. Pour 30 % des techniciens ayant répondu, ils ont contribué à une prise de conscience sur la nécessité d’engager la transition énergétique, et pour 28 % sur le besoin de modifier la politique de prévention des inondations. Un certain immobilisme est toutefois à relever, puisque 32 % d’entre eux ont reconnu qu’aucune action particulière n’a été engagée suite à ces événements. Une divergence entre les domaines d’action actuels et les priorités à venir semble se dessiner dans les réponses.

DOMAINES D’ACTION Quand on les interroge sur les domaines dans lesquels leur collectivité est intervenue en priorité pour lutter contre le changement climatique (avec la possibilité d’un choix multiple), 62,2 % des cadres techniques s’étant prêtés à l’exercice invoquent la gestion économe de l’énergie dans les bâtiments en priorité. Viennent ensuite la réintroduction de la nature et la protection de la biodiversité (41,5 %), le développement des transports « doux » (32 %) et la maîtrise de l’urbanisme et de la planification urbaine (24,5 %). Or, ces résultats sont un peu différents des domaines dans lesquels ils jugent désormais nécessaire de produire des efforts. Ils mettent ainsi en priorité, pour les années à venir, la maîtrise de l’urbanisme et de la planification urbaine (30,1 %), le développement des énergies renouvelables (30,1 %). Puis on retrouve la gestion économe de l’énergie dans les bâtiments (26,4 %), la gestion raisonnée de l’eau (22,6 %), la rénovation thermique des logements (22,6 %) Arrivent plus loin dans le classement la nature et la biodiversité, le développement d’une croissance verte ou encore les transports doux. Est-ce à dire que les efforts faits ont été suffisamment encourageants et qu’il faut désormais se concentrer sur des axes négligés ? Est-ce que les changements induits par le dérèglement climatique ont mis le doigt sur de nouvelles priorités ?

Sur les outils utilisés pour mener à bien ces politiques, 57,1 % des cadres techniques ayant répondu ont indiqué utiliser le plan local d’urbanisme, 40,8 % un agenda 21 et 32,6 % un schéma de cohérence territoriale. Le Plan climat énergie territorial et le schéma régional de cohérence écologique arrivent plus loin dans les réponses.

MOBILISATION Par ailleurs, dans l’ensemble, les cadres techniques considèrent que les efforts faits par leur collectivité pour atténuer le changement climatique sont insuffisants : à la fois sur l’implication citoyenne locale (54,9 % la jugent insuffisante, et 27,4 % significativement insuffisante), sur la mobilisation des acteurs économiques (50,9 % insuffisante, et 27,4 % significativement insuffisante), sur le budget attribué (47 % insuffisant et 31,3 % significativement insuffisant) et enfin sur les ressources humaines dédiées (43,1 % insuffisantes et 31,3 % significativement insuffisantes). La formation des élus et leur mobilisation arrivant ensuite. Enfin, les avis sont partagés sur le bon niveau de gouvernance pour organiser la lutte contre le changement climatique. Si 33,9 % des répondants considèrent que l’intercommunalité doit être la tête de pont, 22,6 % attribuent ce rôle à la région, 16,9 % à l’Europe et 15 % à l’État. (1) Étude menée sur 28 août au 29 septembre 2015, sur un panel de 757 personnes interviewées.

Spécial é i COP21 •TEC287.indb 22

03/11/15 10:33


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