Techni.Cités#283
16
mai 2015
CE QU’ILS EN PENSENT
ACTUS
Par Noélie Coudurier
Comment améliorer la gestion des berges et rivières ? O I
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l me paraît nécessaire d’actualiser la servitude de marchepied pour l’ouvrir aux circulations douces, en plus, bien évidemment, de permettre l’accès au personnel d’entretien et aux pêcheurs déjà présents. En apprivoisant ces espaces, la population GÉRAUD devient plus sensible à leur protection et DE SAINTmême un précieux relais d’information. ALBIN En témoignent les succès rencontrés par RESPONSABLE les villes ayant réaménagé leurs berges ! DU SERVICE EAU Autrefois, nous tournions le dos aux ET BIODIVERSITÉ, DIRECTION DE rivières, désormais nous comprenons L’ENVIRONNEMENT, qu’il s’agit d’une richesse. Par exemple, la RÉGION CENTRE VAL DE LOIRE région Centre, après la réussite du programme « La Loire à vélo », travaille sur l’opération « Le Cher à vélo ». L’amendement Peiro va nous permettre de consolider juridiquement certains usages et ainsi nous faciliter la tâche à nous, collectivités, en nous évitant des opérations d’acquisition. Quant à la Gemapi, elle est intéressante, mais encore trop restrictive à mon goût. Sur la gestion de rivière, elle propose aux syndicats d’évoluer en établis« Les rivières sement public d’aménagement et de gestion de l’eau (Epage), à plus ne sont pas de ou moins long terme, et aux intersimples miroirs communalités d’assurer le financed’eau, elles sont ment des quatre grands axes obligatoires, du fait de leur plus grande vivantes ! » solidité financière. Mais ce qui m’effraie, c’est le fait que la Gemapi s’accompagne d’une disparition de la notion de bassin-versant pour la gestion de rivières. Or, dans chaque territoire, le travail va bien au-delà de la rivière, mais consiste à développer la solidarité entre amont et aval pour la restauration du milieu naturel, à réfléchir à l’hydraulique, à assurer le transit sédimentaire, à être attentif aux mouvements de la faune, etc. On voit bien que les missions de technicien de rivière, d’animateur de bassin-versant sont efficaces. La loutre revient sur la Loire jusqu’à Orléans ! Il serait donc dommageable de revenir en arrière sur l’effort de pédagogie qui porte ses fruits. En revanche, c’est vrai que tout cela a un prix : entretenir une rivière est aussi onéreux que d’entretenir une voirie ! Cela ne me choque pas que la puissance publique investisse pour restaurer les rivières et donc la ressource en eau, en se substituant parfois aux propriétaires qu’elle jugera négligents ou insuffisamment précautionneux. À mon sens, c’est plus intelligent que d’avoir à traiter a posteriori une mauvaise gestion ! © Alain CANON
© EPIDOR
n se plaint souvent du désintérêt de la population pour ses lacs et rivières, mais 97 % sont privés ! Puisqu’il nous appartient d’agir sur les 3 % restants, autant mener une action pédagogique et de sensibilisation. C’est tout le sens de l’amendement Peiro GUY au projet de loi sur la transition énergéPUSTELNIK tique qui propose une libre déambulation DIRECTEUR le long des rivières, plans d’eau et lacs D’EPIDOR, domaniaux, en réduisant voire en faisant ÉTABLISSEMENT PUBLIC TERRITORIAL disparaître les appropriations indues du DE DORDOGNE domaine public. Contrairement à ce qu’ont pu prétendre certaines associations, il ne s’agit nullement de voie verte, encore moins d’une voie cyclable, mais plutôt d’une voie plus ou moins sauvage, plutôt naturelle bien qu’accessible. L’État doit s’assurer que la servitude dite « de marchepied » ne soit pas entamée par un obstacle, et soit libre d’accès sur une largeur de 3,25 mètres à partir du point de débordement. Quant à l’aménagement, il peut tout à fait être minimaliste, sans cheminement goudronné ni même signalé. Il faut imaginer les choses simplement, « On a l’eau comme n’importe quel chemin de randonnée puisque l’amendement préconise que l’on d’inscrire les servitudes de marchepied mérite ! » au plan départemental des itinéraires de promenade et de randonnée. Cet amendement a surtout effrayé les riverains qui ont craint de voir débouler sous leurs fenêtres des hordes de promeneurs et des motos ! La gestion des berges et rivières va également être amendée par la Gemapi introduite par la loi Maptam du 27 janvier 2014. Mais les quatre items transférés de façon obligatoire aux communes et EPCI sont mal définis. Que signifie « entretenir des cours d’eau » ? Maintenir en l’état, couper des arbres gênants, intervenir seulement en cas de risque avéré ? La Gemapi ne retire en rien la responsabilité du propriétaire. En revanche, en demandant à la personne publique d’intervenir dès lors qu’elle juge que le propriétaire ne gère pas son cours d’eau « en bon père de famille », le texte pousse à la stigmatisation et à la déresponsabilisation des riverains voire à l’interventionnisme par voie de déclaration d’intérêt général. Pour bien faire, il faudrait, à mon sens, inciter le maire ou ses agents à conseiller les riverains, en leur expliquant leurs droits mais aussi leurs devoirs. Par ailleurs, si les maires prennent conscience qu’ils ont une responsabilité sur la politique de l’eau, dès leurs schéma de cohérence territoriale (Scot) et plan local d’urbanisme (PLU), ils pourront agir et repositionner les projets en matière d’aménagement du territoire. Sinon, tout cela va faire naître des besoins d’ingénierie croissants dans les EPCI.
04/05/15 15:20