Techni.Cités#279
16
janvier 2015
ENTRETIEN
« Nous courons un marathon permanent » Propos recueillis par Noélie Coudurier
ÉRICK BARBAROSSA
© ATTF
DST ET CHARGÉ DE MISSION CARRIÈRE-STATUT AU SEIN DE L’ATTF
Pour demeurer un cadre d’emplois visible et audible, les techniciens territoriaux ont récemment interpellé le ministère de la Fonction publique sur leur avenir : fragilité de leur statut et de leurs acquis, avalanche de réglementations émergentes, accroissement des responsabilités et compétences, incertitudes sur les besoins liés à cette France à treize régions, etc. (1). Aucun engagement, un encouragement à vous satisfaire des réformes passées : la réponse de Marylise Lebranchu vous a-t-elle étonnée ? Non, pas du tout. Le contexte est très contraint, et nous avons conscience de ne pas être les plus mal lotis. Cependant, nos revendications restent les mêmes. Tout d’abord, nous constatons d’importantes disparités avec nos collègues du privé. Un technicien entre dans le secteur public avec un salaire de 1 514 euros bruts, quand un collègue du privé perçoit un peu plus de 2000 euros bruts. De plus, au cœur même de la FPT, il n’y a que 30 euros d’écart par mois entre un agent qui rentre au bas de l’échelle, et celui qui dispose d’un Bac + 2 ou Bac + 3. Le rapport Pêcheur (2) notait déjà une érosion de la grille des rémunérations, un resserrement des écarts hiérarchiques, et préconisait la création d’un minima indemnitaire. Rien de tout cela n’a, pour l’instant, été pris en compte.
Quelles aspirations avez-vous pour votre cadre d’emplois ? Nous œuvrons pour que notre cadre d’emplois conserve son attractivité, et que l’expertise technique demeure de qualité. Pour cela, nous devons absolument anticiper l’important turnover dans nos métiers – lié à une moyenne d’âge élevée –, former le personnel et donc accepter qu’il quitte son poste de travail pour cela, mieux accompagner les agents pour leur permettre de devenir de meilleurs
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généralistes (DST) ou spécialistes (chaufferie, fibre optique, entretien des terrains de sport, etc.), et enfin offrir des perspectives d’évolution de carrière alléchantes (revalorisation des indices d’entrée et de fin de carrière, création d’un 12e et d’un 13e échelon avec un indice brut terminal porté à 750, mise en place d’un examen professionnel par an afin de fluidifier le déroulement de carrière, etc.). Il s’agit d’ailleurs de vœux portés par l’Union des techniciens des trois fonctions publiques (UT3FP).
Gemapi, agendas d’accessibilité partagée, zéro phyto, etc. : le personnel technique se sent-il prêt à endosser les nouvelles responsabilités qui en découlent ? Les techniciens ont des secteurs d’activité très différents, et des responsabilités protéiformes, selon s’ils évoluent dans une petite, moyenne ou grande collectivité, et selon s’ils pratiquent en territoire rural ou urbain. Par conséquent, nos attentes respectives ne sont pas les mêmes. Cependant, nous avons tous un point commun : confrontés aux normes et décrets qui pleuvent de toutes parts, les techniciens se montrent tous très réactifs, ce qui est la face cachée de nos métiers. Les nouvelles évolutions réglementaires viennent chasser les précédentes, et avec elles, les responsabilités et compétences qui étaient associées et parvenaient tout juste à se stabiliser. Nous sommes donc loin de l’image du fonctionnaire « plan-plan » ! Notre association, en leur offrant un espace d’expression et de l’information qualifiée, les aide à remplir leurs nouvelles missions.
Dans sa réponse, Marylise Lebranchu termine sur une note positive, en laissant entrevoir l’ouverture de nouvelles négociations. Êtes-vous confiant ? La ministre a ouvert l’agenda social il y a quelques mois avec les partenaires sociaux. En mars prochain, les réunions seront terminées, puis laisseront place au relevé des conclusions. Nous pouvons espérer des propositions début 2016. Si le dialogue est encore ouvert auprès du ministère, de la DGAFP, de la DGCL, du CSFPT, des centrales syndicales, cela prouve que nos questions sont pertinentes et méritent d’être entendues. Notre démarche ne vise aucun corporatisme mais aspire à être constructive, cohérente. En espérant qu’elle porte ses fruits. (1) QE n° 10408 et réponse du 9 octobre 2014 à retrouver sur www.clubtechnique.fr/307764. (2) Rapport Pêcheur, publié le 29 octobre 2013.
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