QU’EN D ITE S VOUS Noélie Coudurier
Julien Sorreau
Émissaire des temps modernes pour le climat, Julien Sorreau s’accorde encore six mois pour arpenter le vieux continent à la recherche de retours d’expériences, mais aussi et surtout de clés de compréhension. Imaginé à l’origine pour répertorier les différentes approches territoriales face au changement climatique, le « road book » de Julien s’est façonné au gré des rencontres.
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Voilà deux ans et demi que votre voyage vous entraîne sur les routes du continent américain. Et déjà, que retenez-vous en matière d’environnement ? Idéalisme, fatalisme, crédulité ? Je suis parti avec une approche très française, empruntée à l’Ademe, qui consistait à porter toute mon attention sur la manière dont les États s’attellent à réduire les gaz à effet de serre. Or je me suis rapidement aperçu, dès le Canada et les États-Unis, que j’avais occulté le volet « adaptation » : adaptation à un contexte politique, une situation économique, une culture, un fonctionnement éducatif et même une situation géographique. Les enjeux du changement climatique sont donc complexes car multiples, tous les pays n’étant pas au même stade de développement. Ce constat m’a donc incité à réorienter le but même de mon étude.
qu’elles s’infligent en brûlant leurs déchets plastiques dans leur champ, celui-là même qui leur sert à nourrir leur famille. Et du fait d’une grande pauvreté, de nombreuses familles n’hésitent pas à vendre leurs terres, conduisant à un étalement urbain anarchique et surtout à une malnutrition de la population. Par ailleurs, les régimes politiques sont disparates en Amérique du Sud, l’échelon institutionnel est très peu structurant et la fonction publique de carrière n’existe pas. Difficile donc d’inscrire une véritable politique environnementale dans la durée. La réalité de tous les jours consiste donc à survivre, non à se questionner sur son empreinte environnementale. Et la tempête tropicale E12 qui s’est abattue en Amérique centrale en octobre dernier en a été un malheureux exemple.
L’aspect social, voire sociétal, est omniprésent dans votre voyage. En aviez-vous mesuré l’importance à votre départ ? Au contact des populations et des institutions, je me suis aperçu qu’il était indispensable de prendre en compte la problématique du changement climatique à travers le spectre socio-éducatif. De manière générale, la mauvaise qualité du système éducatif explique une défaillance dans la façon d’appréhender les enjeux environnementaux. Par manque de sensibilisation, les populations ne se rendent pas compte du mal
Un choc des cultures ? L’accès à l’eau et à l’énergie est très inégal d’un pays à l’autre. En revanche, l’influence du capitalisme – avec tout ce qu’il propose de téléphones portables, de grosses cylindrées et de télévisions – est considérable. Il faut également se faire à l’idée que chaque pays avance selon sa propre culture. Au Guatemala par exemple, il n’y a pas de cadastre. Si un permis de construire avait été donné pour une maison d’habitation à deux étages et qu’il s’agit en réalité de la construction d’un hôpital, ce n’est pas grave. Le bâtiment est conservé. Les contrastes sont saisissants.
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L’adaptation au changement climatique, une dimension sous-estimée
Julien Sorreau Ingénieur en disponibilité de la FPT et « reporter climat »
Votre méthode d’enquête a-t-elle évolué au fil du temps ? Au départ, je planifiais l’ensemble de mes rendez-vous pour optimiser mes déplacements. Mais à partir du Mexique, la disponibilité des personnes rencontrées m’a permis d’organiser une semaine de rendez-vous en une seule journée ! Certes, les gens sont moins fiables, mais j’apprécie cette souplesse. Comment envisagez-vous de tirer profit de tous ces enseignements ? Je pensais initialement n’être qu’observateur, pour rapporter mes découvertes en France. Puis j’ai été sollicité pour réaliser quelques interventions, étant considéré comme un « sachant ». Sur le terrain, on attend finalement beaucoup de moi, de mon expertise. Je m’aperçois que j’ai donc vocation à être utile sur place notamment en développant des projets pédagogiques. J’envisage d’ailleurs de mettre sur pied un programme éducatif « croisé » grâce à des « duplex climatiques ». Les collectivités françaises qui le souhaitent pourront, dès septembre, organiser des échanges par visioconférences entre leurs habitants, mes contacts locaux et moimême, sur les problématiques énergieclimat. Échanges qui s’inscriront dans le cadre de la participation citoyenne aux agendas 21 et Plans climat. Contact : http://econergytour.com Julien Sorreau animera l’atelier 3 « Econergy Tour : dynamique environnementale, énergie et climat des villes d’Amérique » le mercredi 30 mai de 14 heures à 16 heures lors des Assises nationales de l’ingénierie territoriale à Lille.
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