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Les embarras de Tana

Par Mamy Nohatrarivo

« Qui frappe l’air, bon Dieu ! de ces lugubres cris ? » (Nicolas Boileau, Les Embarras de Paris)

« Cinq heures. Paris s’éveille ! » Le chanteur aurait pu ajouter « Tana aussi ». Cinq heures, ce sont les premières litanies de taxis-be qui préviennent que dans moins de deux heures, les artères de la capitale ne seront plus faites pour circuler…

inq heures donc, c’est l’heure du coup de feu pour les deux millions d’habitants d’Antananarivo et périphérie. Véhiculé C ou non, tout un beau monde, depuis le Pédégé jusqu’au planton en passant par les petites mains des zones franches, doit être lève-tôt, soumis au même maître, Sieur Embouteillage. Il est le maître du Temps, le décideur de votre journée et le logiciel de vos rendez-vous, mais il y a quelques règles de conduite à observer. Primo, il ne faut pas s’énerver. Secundo, il ne faut pas s’énerver. La banlieue est réputée l’antistress idéal. Mais le doux souvenir de l’air pur, de la verdure ou du calme ne résiste pas au premier choc des embouteillages, aux portes d’entrée de Tana. Habiter en banlieue pour échapper au stress des bouchons ne fait donc que déplacer le problème d’une vingtaine de kilomètres : il faut bien rentrer dans la ville. L’on attribue à tort aux seuls taxisbe, à leur nombre et à leur indiscipline, la cause principale des embouteillages de la capitale. Une autre piste serait la curieuse impression que toute la banlieue semble s’être donné le mot


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