NO0S Reader #2 quand je parles aux autres, je parles de toi

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R E D A # 2 E R

N0OS

Quand je parl

ea

ux

aut res, je parle de toi



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ED I TO Ces derniers temps j’ai perdu le goût de mes larmes. Elles ne coulent plus le long de mes joues à toute heure du jour et de la nuit comme à l’époque où j’étais enfant ou drogué. Mince… Mes yeux sont secs du coup. Ils ne supportent plus très bien les morceaux d’eau que j’y pose le matin pour voir sans brouillard. C’est des larmes qu’il faudrait y déposer à la place. Et si aucune larmes n’habitent plus en mes yeux, c’est de vos fluides qu’il faudra lubrifier mes globes secs. Rien ne me fait pleurer comme de vous lire. Houra !

Souvenez-vous de notre première édition du No0s Readerxx. Nous l’avions intitulé ‘Quand je parles de moi je parles des autres, quand je parles des autres je parle de moi.’ Il est curieux de découvrir dans les textes qui vont suivre que le je s’est soudé·e au tu, au vous. On ne parle plus de l’autre, on s’adresse directement à lui. Comme un besoin viscéral de renouer le lien que nous formons ensemble. Que l’autre soit l’amant·e ou læ bourreau, il n’y a plus de silence pesant. On avoue, mais non pas la confession honteuse comme on pourrait l’entendre non ; plutôt la confession qui libère la parole. Le Tu s’impose et dérègle le Je. Le tu qui s’entend comme le verbe taire mais le renverse de part et d’autre, et même s’en empare. C'est une suite logique et évolutive que de s'exposer au reste du monde sous le regard approbateur de celleux qui nous sont chèr·es. Ici, les mots semblent effleurer les peaux pourtant ils proviennent du plus profond de nous, à l'intérieur même de nos chairs. A travers ces lectures, j'y ai découvert la

force de la parole, celle qui ne se laisse pas absoudre au moindre coup bas et qui parvient encore à puiser dans la volupté du lien social. Grâce à "la tendresse la plus désarmé, les plus sanglants des pouvoirs ont besoin de confession. De là sans doute une métamorphose dans la littérature : d'un plaisir de raconter et d'entendre, on est passé à une littérature ordonnée à la tâche infinie de faire lever le fond de soi-même, entre les mots, une vérité que la forme même de l'aveu fait miroiter comme l'innaccessible." (Foucault, Histoire de la sexualité - La volonté de savoir) mmmmmmh vos voix qui dégoulinent sur les pages. vos humeurs qui se répandent et laisse comme la mouille qui sort du cul des trainées scintillantes çà-et-là. dans nos boite mail, dans les cartouches de nos imprimantes, dans les fibres du papier sous nos mots ; salive sucré, salé, sueurs gouttes et flaques, foutre et mouille aromates. miam miam miam, ça brille. c’est fou comme ça prend bien la lumière tout ces liquides transparents le mondes est si grand dans vos bras



Partie 1

En attendant ton retour Jules Rouxe

Poèmes

p.7

p.6

ds, Gufo

soupe + pains gourman p.26

l (suite)

Mathilde Chaize p.22

Bavette, Moilesautresarts & anastasia simonin p.27

: come togeth er (sans les p ropriétaires), Martin Grima p.33 opianism ldi cyber.ut 35

soupe froide, Gufo p37

Saphira, Marion Vers a

tile

Paula Supercursi

traduit par fr : Garance Oliveiras russe : Vera Varlamova p39

p38


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here is a poem i rote, simple and calm i did it in your bed susie

I wanna hold you in a soft light Caress your skin of the touch of mine, feeling the simple pressure of our bodies together Looking at your face before mine. Wondering our kisses, my favorite intermission of our desiring senses The back of your lips, that part kept close, on the inside of your mouth That specific country of your body. Humid and fresh the way grass is on the morning when the days are waking up. A moment even longer in the beginning of spring I wanna feel, that, touch Your, tongue. Against the back of my lips, or mine. Though I search for the part of your body that enclose that same fresh glory of morning calm. And I press my lips, on your forehead or cheek. Deposing a glance of cold I can only feel of my body from the contact of yours And I love you. With that exact same calm you, and I, share with some lights, or breeze, or grass Tenderly Without time La peau aussi perle comme la rosé le matin. De sueur, fraîche. Your back a conforting grass i could totally thank you for. As i could thank each grassed and vivid ground below my langering bodies Sweetness Softness The most tender feelings when we sleep together. Which means we wake up together. Which means we have or will make love to each other A gift of pleasure you said you love to make A gift you're so good to give


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une fois, je me suis faite raccompagner chez mes parents par un garçon, dans sa voiture, et quelques mètres avant d’arriver, il s’est arrêté dans la forêt. après l’avoir sucé, nous sommes arrivé·e·s devant ma maison, je lui ai dit au revoir, et ai du rejoindre le dîner familial. je me suis dit après ça, plus jamais de garçon quand je suis là-bas. et pourtant, chaque vacances où j’y reviens, je suis habitée par des rêves érotiques réguliers, au moins une fois tous les deux jours, et j’y pense, et je me rends compte à quel point c’est à ce moment et ici que j’ai le plus envie de faire l’amour. je n’explique pas cette contradiction. c’était la seule fois où il s’est passé quelque chose de concret si près de cette maison. on m’a dit, les vacances d’été, c’est les amours d’été. mais qui pourrait partager des moments intimes avec moi à claix/roullet-saint-estèphe ? un jour, pendant une ballade sur le chemin de la plaine, j’ai croisé un tracteur conduit par un très beau garçon. j’ai supposé qu’il vivait à la ferme qui surplomble la plaine. à chaque fois que je passais par ce chemin, j’imaginais qu’il me voyait de là-haut et qu’un jour il me rejoindrai et que l’on ferait l’amour dans un champ. j’ai abandonné cette idée, mais parfois encore dans mon transat devant la vitre du salon j’imagine ce que ce serait de faire l’amour à claix. ici l’herbe, au début de l’hiver, est d’un vert entier, comme au sommet de sa couleur. quand le soleil éclaire sans nuage et sans concession, elle en est tellement illuminée qu’elle fait mal au yeux, toute fluo. et certains matins, quand on surprend le givre de la nuit, il l’a joliment bleuie. ce sont ces mo-


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ments que je préfère. c’est seulement les jours de soleil, quand je me réveillais chez mes parents, avec l’herbe légèrement humide au dehors qui appelait et appelle encore, que j’osais sortir à ČĔõļõÖ ÕČČõļĔŁŤÖÕ ʰČ²õčļÕč²čļ āʿÖļ²õĴ ČĔõčĴ êİõĆÕŁĴÕʱ Õļ que j’allais le retrouver. Ĵ² Č²õĴĔč Öļ²õļ Õč ÑÖĴĔİÑİÕ Õļ Č²Č²č Ñõݲõļ ʷ˃ ÑÕ Č²Łŕ²õĴ ëĔŅļ˃ ʸʞ Õļ ËʿÕĴļ ŕݲõ įŁÕ čŁĆĆÕ ĭ²İļ āÕ čÕ ļİĔŁŕ²õĴ Łč ËĔčêĔİļ įŁõ ČÕ ê²ĴĴÕ me relâcher et me sentir au chaud, mais c’est ça je crois qui rendait les choses si délicieuses. le carrelage orangé était trouble, comme essuyé par une serpillère déconcentrée/rêveuse, avec une eau grise des sols précédents. les mouchoirs, les vêtements et autres objets y reposaient comme abandonnés, mais avec résignation. et puis toutes les pièces sentaient un peu l’attente, un peu la crainte, je savais que les murs regardaient comme moi les propriétaires, avec une anxiété mal cachée et un soupir de malaise. ÑâĴ įŁÕ āÕ êŁĴ İÕčļİÖÕʞ Õļ įŁʿõĆ ÕŁļ ŕÖİõţÖ Ĵõ ĆÕĴ İÕë²İÑĴ ÑÕĴ ŕĔõĴõčʛÕʛĴ čÕ ĭÕİçaient pas à travers leurs rideaux, il me prit fébrilement la main et m’entraîna à l’intérieur. Et lui aussi n’était pas totalement à l’aise dans les lieux, juste habitué. sa peau sentait légèrement les vêtements mal séchés et ses ongles le nettoyant bon marché. il tremblait toujours un peu, et quand son corps se tendait sous le plaisir, c’est le fond de ses yeux qui continuait cette inţČÕ ĴÕËĔŁĴĴÕʣ Ĕč ĴʿÕČÊݲĴĴ²õļ Łč ĭÕŁ ËĔČČÕ Ĵõ čĔŁĴ čÕ Ĵ²ŕõĔčĴ ĭ²Ĵ ê²õİÕʞ mais je crois que c’était voulu, les rideaux étaient tirés, mais l’hiver avait son plus beau soleil et la pièce était grise et jaune. ses draps étaient à carreaux bariolés, mais épuisés par les lessives, et nos corps dessus créaient un son si désagréable que cela faisait monter mon excitation. dans cette pièce, nous avions honte de nos sexes. ils semblaient se dresser plus haut que nous et que n’importe quelle autre chose, ils devenaient si embarrassants que nous fermions à demi les yeux, ou décidions d’en rire. on les saisissaient avec témérité et le bruit qu’ils faisaient étaient extra-terrestres. je crois que nous étions extra-terrestres, il ressemblait beaucoup à un alien. et puis tenant le pénis l’un de l’autre, on se penchait pour s’embrasser, et ça avait le meilleur goût de l’univers. on n’arrivait pas à s’arrêter, on contičŁ²õļ āŁĴįŁʿà ËÕ įŁʿĔč ĴĔõļ ļİĔĭ ÕČʲİݲĴĴÖʛÕʛĴ ÑÕ čĔļİÕ Ĵ²ĆõŕÕʣ Ĕč Ĵʿ²İİÙļ²õļ alors et on l’essuyait d’un revers de nos mains, je souriais. je me disais, faire l’amour à la campagne, faire l’amour au village, je n’arrivais pas empêcher ČĔč ÕĴĭİõļ ÑÕ ŕ²ë²ÊĔčÑÕİʣ ĆŁõ Öļ²õļ õčţčõČÕčļ ËĔčËÕčļİÖʞ Õļ āÕ ËİĔõĴ įŁÕ ressentir du plaisir lui faisait tout oublier. Ĕč ĭĔŁŕ²õļ ĭ²ĴĴÕİ ÑÕĴ ñÕŁİÕĴ ѲčĴ ĆÕĴ ÊİŁČÕĴ ÑÕ Ćʿ²ĭİâĴ ĴÕŗÕʞ ²ĆĆĔčëÖʛÕʛĴ comme après la plus longue baignade de notre vie. et les bruits des parents qui rentrent ne pouvaient pas nous déranger, on savait que la porte était êÕİČÖÕ Õļ įŁÕ čĔŁĴ ÖļõĔčĴ ĴõĆÕčËõÕŁʛĴÕʛŗʣ Ĕč Öļ²õļ ĭĆŁĴ êĔİļĴ ĆÃʞ ĭĆŁĴ ËĔŁİ²ëÕŁʛĴÕʛŗʞ ĭĆŁĴ ÑõİÕËļĴʣ Ĕč ĴÕ ÑõĴ²õļ ÑÕĴ ËñĔĴÕĴʞ Ĕč ĴÕ ļĔŁËñ²õļ ²ŕÕË ĭĆŁĴ Ñʿ²êţİČ²ļõĔčʣ ČĔõ āÕ čĔŁĴ ĴÕčļ²õĴ ËĔČČÕ ÑÕĴ ļõëİÕĴ ²ÑĔĆÕĴËÕčļĴ ĴŁİ ĆÕŁİĴ ruines bien aimées. oui ce sont celles sur lesquelles je suis depuis toujours, mais je les aime, et je les garde, et je sais que personne ne les convoite, alors elles sont en sécurité. je sais que lui aussi nous voyait comme ça, et puis nous


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ments que je préfère. c’est seulement les jours de soleil, quand je me réveillais chez mes parents, avec l’herbe légèrement humide au dehors qui appelait et appelle encore, que j’osais sortir à ČĔõļõÖ ÕČČõļĔŁŤÖÕ ʰČ²õčļÕč²čļ āʿÖļ²õĴ ČĔõčĴ êİõĆÕŁĴÕʱ Õļ que j’allais le retrouver. Ĵ² Č²õĴĔč Öļ²õļ Õč ÑÖĴĔİÑİÕ Õļ Č²Č²č Ñõݲõļ ʷ˃ ÑÕ Č²Łŕ²õĴ ëĔŅļ˃ ʸʞ Õļ ËʿÕĴļ ŕݲõ įŁÕ čŁĆĆÕ ĭ²İļ āÕ čÕ ļİĔŁŕ²õĴ Łč ËĔčêĔİļ įŁõ ČÕ ê²ĴĴÕ me relâcher et me sentir au chaud, mais c’est ça je crois qui rendait les choses si délicieuses. le carrelage orangé était trouble, comme essuyé par une serpillère déconcentrée/rêveuse, avec une eau grise des sols précédents. les mouchoirs, les vêtements et autres objets y reposaient comme abandonnés, mais avec résignation. et puis toutes les pièces sentaient un peu l’attente, un peu la crainte, je savais que les murs regardaient comme moi les propriétaires, avec une anxiété mal cachée et un soupir de malaise. ÑâĴ įŁÕ āÕ êŁĴ İÕčļİÖÕʞ Õļ įŁʿõĆ ÕŁļ ŕÖİõţÖ Ĵõ ĆÕĴ İÕë²İÑĴ ÑÕĴ ŕĔõĴõčʛÕʛĴ čÕ ĭÕİçaient pas à travers leurs rideaux, il me prit fébrilement la main et m’entraîna à l’intérieur. Et lui aussi n’était pas totalement à l’aise dans les lieux, juste habitué. sa peau sentait légèrement les vêtements mal séchés et ses ongles le nettoyant bon marché. il tremblait toujours un peu, et quand son corps se tendait sous le plaisir, c’est le fond de ses yeux qui continuait cette inţČÕ ĴÕËĔŁĴĴÕʣ Ĕč ĴʿÕČÊݲĴĴ²õļ Łč ĭÕŁ ËĔČČÕ Ĵõ čĔŁĴ čÕ Ĵ²ŕõĔčĴ ĭ²Ĵ ê²õİÕʞ mais je crois que c’était voulu, les rideaux étaient tirés, mais l’hiver avait son plus beau soleil et la pièce était grise et jaune. ses draps étaient à carreaux bariolés, mais épuisés par les lessives, et nos corps dessus créaient un son si désagréable que cela faisait monter mon excitation. dans cette pièce, nous avions honte de nos sexes. ils semblaient se dresser plus haut que nous et que n’importe quelle autre chose, ils devenaient si embarrassants que nous fermions à demi les yeux, ou décidions d’en rire. on les saisissaient avec témérité et le bruit qu’ils faisaient étaient extra-terrestres. je crois que nous étions extra-terrestres, il ressemblait beaucoup à un alien. et puis tenant le pénis l’un de l’autre, on se penchait pour s’embrasser, et ça avait le meilleur goût de l’univers. on n’arrivait pas à s’arrêter, on contičŁ²õļ āŁĴįŁʿà ËÕ įŁʿĔč ĴĔõļ ļİĔĭ ÕČʲİݲĴĴÖʛÕʛĴ ÑÕ čĔļİÕ Ĵ²ĆõŕÕʣ Ĕč Ĵʿ²İİÙļ²õļ alors et on l’essuyait d’un revers de nos mains, je souriais. je me disais, faire l’amour à la campagne, faire l’amour au village, je n’arrivais pas empêcher ČĔč ÕĴĭİõļ ÑÕ ŕ²ë²ÊĔčÑÕİʣ ĆŁõ Öļ²õļ õčţčõČÕčļ ËĔčËÕčļİÖʞ Õļ āÕ ËİĔõĴ įŁÕ ressentir du plaisir lui faisait tout oublier. Ĕč ĭĔŁŕ²õļ ĭ²ĴĴÕİ ÑÕĴ ñÕŁİÕĴ ѲčĴ ĆÕĴ ÊİŁČÕĴ ÑÕ Ćʿ²ĭİâĴ ĴÕŗÕʞ ²ĆĆĔčëÖʛÕʛĴ comme après la plus longue baignade de notre vie. et les bruits des parents qui rentrent ne pouvaient pas nous déranger, on savait que la porte était êÕİČÖÕ Õļ įŁÕ čĔŁĴ ÖļõĔčĴ ĴõĆÕčËõÕŁʛĴÕʛŗʣ Ĕč Öļ²õļ ĭĆŁĴ êĔİļĴ ĆÃʞ ĭĆŁĴ ËĔŁİ²ëÕŁʛĴÕʛŗʞ ĭĆŁĴ ÑõİÕËļĴʣ Ĕč ĴÕ ÑõĴ²õļ ÑÕĴ ËñĔĴÕĴʞ Ĕč ĴÕ ļĔŁËñ²õļ ²ŕÕË ĭĆŁĴ Ñʿ²êţİČ²ļõĔčʣ ČĔõ āÕ čĔŁĴ ĴÕčļ²õĴ ËĔČČÕ ÑÕĴ ļõëİÕĴ ²ÑĔĆÕĴËÕčļĴ ĴŁİ ĆÕŁİĴ ruines bien aimées. oui ce sont celles sur lesquelles je suis depuis toujours, mais je les aime, et je les garde, et je sais que personne ne les convoite, alors elles sont en sécurité. je sais que lui aussi nous voyait comme ça, et puis nous


10 GH ÁHXUV HW TXL GH O·DXWUH SDVVH GHYDQW OH SRUWDLO GHV 3LYHWHDX OD PDLVRQ GH FHOOHX[ FL HVW HQ SOXVLHXUV SDUWLHV FRPPH OD SOXSDUW GHV PDLVRQV GHV HQYLURQV GLIIpUHQWHV EkWLVVHV UHOLpHV DJUDQGLHV DX IXU HW j PHVXUH GHV DQQpHV GHX[ EkWLPHQWV LPEULTXpV GDQV OHVTXHOV LHOOHV KDELWHQW HW XQH DXWUH SRUWLRQ TXL VH WURXYH GX F{Wp RXHVW GH QRWUH PDLVRQ ORXpH OD SOXSDUW GX WHPSV FHSHQGDQW GH OD EDLH YLWUpH RQ YRLW PDMRULWDLUHPHQW OD KDLH TXL HQWRXUH OHXU MDUGLQ j FHUWDLQV HQGURLWV HOOH HVW SOXV ÀQH FODLUHVHPpH HW O·RQ DSHUoRLW OH JULOODJH TXL OD VRXWLHQW GH OD IHUPH GHV &RPPXQV RQ Q·DSHUoRLW SUHVTXH ULHQ /HXU pQRUPH SRUWDLO FRXOLVVDQW HW XQH SDUWLH G·XQH GH OHXUV GpSHQGDQFHV HQ UHYDQFKH RQ OHV YRLW OH SqUH OH ÀOV MDPDLV OD PqUH SDVVHU HQ WUDFWHXU RX DXWUH HQJLQ DJULFROH HQ GLUHFWLRQ GH OHXUV FKDPSV LOV VRQW VL JUDQGV TX·LOV REVWUXHQW SUHVTXH OD WRWDOLWp GH OD YXH UD\pV SDU OHV EDPERXV PDLV FDFKDQW OHV URELQLHUV IDX[ DFDFLDV MH SHX[ UHVWHU GHV MRXUV HQIHUPpH O·HQWLqUHWp GH OD UpJLRQ PH VHPEODQW SRVVLEOHPHQW DSHUFHYDEOH GDQV FHV TXHOTXHV pOpPHQWV GDQV OD EXWWH MH UHFRQQDLV OHV P ULHUV TX·HOOH DQQRQFH OD IRUrW TX·HOOH FDFKH OHV YLJQHV OHV IRXJqUHV OHV URQFHV HW OD GpSDUWHPHQWDOH OD OqJqUH SHQWH GX FKHPLQ FRPPHQFH GHYDQW OH SRUWDLO GHV 3LYHWHDX HW OD OXPLqUH VXU OHXUV IHQrWUHV HVW FHOOH GX FUHX[ GH OD YDOOpH GX KDPHDX OH EUXLW GH OD URXWH DX ORLQ VH UpSHUFXWH DXVVL VXU OHXUV PXUV VL MH IDLVDLV O·DPRXU j FODL[ MH OH IHUDLV VXUHPHQW HQ FDFKHWWH

parfois on faisait l’amour dans sa chambre et je m’arrêtai, ou il m’arrêtait, l’un pour dire à l’autre de tendre l’oreille. son père était jardinier et parfois il rentrait directement du travail dans son tracteur-tondeuse, passait le portail et venait raser le peu d’herbe qui poussait dans leur jardin. l’herbe qui poussait sur l’étroit couloir du côté droit de la maison, et qui passait sous sa fenêtre. Bien que les rideaux soit tirés, il avait toujours peur que son père s’arrête, jette un coup d’oeil et aperçoive un peu trop de chair nue. On resĭõݲõļ õČČĔÊõĆõĴÖʛÕʛĴʞ ËĔČČÕ ÑÕŁŗ ĭĆ²čļÕĴ ÖļݲčëÕČÕčļ ÕčļİÕČÙĆÖÕĴʣ Ĕč ĴÕ rendait compte à ce moment de notre moiteur, de l’odeur du creux de nos mains et de nos lèvres irritées. Parfois il paniquait un peu, me demandait de me cacher dans le coin de la pièce, juste entre son armoire et la fameuse fenêtre. J’avais un peu froid, je trottinais jusqu’au coin où j’attendais patiemment, respirant la bouche entrouverte et contemplant l’ombre des


11 dentelles du rideau qui me chatouillais la hanche. Je le regardais, sous sa couette, ne sachant si il devait continuer à épier la fenêtre où prétendre lire un magazine. ce matin je décidai de sortir marcher, pour caresser de plus près ces herbes givrées auxquelles je pense si souvent. les couleurs se mélangeait, le vert ardent était titillé par les herbes blanchies, et les tiges brunes, un peu rouges créaient le plus beau des mélanges. la route qui part de chez mes parents descend dans la vallée puis remonte au village d’à côté. cette descente se fait aux couleurs des champs, tantôt d’orge, tantôt de blé, tantôt de maïs. au point le plus bas, dans le coude du ŕõݲëÕ ʰļİâĴ ĔÊļŁĴʱ õĆ Ř ² ÑÕĴ ŕõëčÕĴ įŁõ ÖĭĔŁĴÕčļ Ć² êĔİČÕ ÑÕ Ć² ĭÕčļÕ Õļ Ć² suivent docilement. quand j’arrive à ce point, deux choix s’offrent à moi. remonter directement, et atteindre le hameau. ou bien, continuer tout droit, ignorer le virage, pénétrer dans les champs pour remonter plus tard via un chemin de gravier. ËÕļļÕ êĔõĴʴËõʞ ËÕĴ ÑÕŁŗ ĭĔĴĴõÊõĆõļÖĴ ČÕ ţİÕčļ ÑõİÕËļÕČÕčļ ĭÕčĴÕİ Ã ĆŁõʞ İÕĭĔsant, sommeillant dans une chambre, juste derrière la ferme que je voyais depuis le doux creux de la vallée. il dormait, j’en étais sûre, il ne se réveillait pas avant 11 heures, mais nous ne nous voyions jamais le matin de toutes façons. la rencontre de nos corps était une histoire de l’après-midi, de la lumière qui devient orange, une histoire adolescente, qui se love de part et d’autre de l’heure du goûter, une ñõĴļĔõİÕ įŁõ čÕ ţčõļ ĭ²Ĵ ļİĔĭ ļ²İÑʞ Ë²İ Ć² čŁõļ ĆÕĴ ČĔčĴļİÕĴ ²ĭĭ²İ²õĴĴÕčļʣ on ne marchait jamais ensemble, tout notre temps se consumait en intérieur. moi je marchais le matin, songeant qu’il serait agréable d’errer tous les deux, de voir de l’extérieur tout ce qui nous entourait quand nous respirions bouche contre bouche, mais tout de suite je réalisais l’impossibilité de la chose. si il fermait à clé la porte de sa chambre, c’est peut-être pour que les ombres des poteaux électriques ne nous suivent pas jusque là. MXLOOHW M·DL EDLVp j FODL[ M·DYDLV SRXUWDQW SURPLV GH UHQRQFHU j O·LGpH GH QH SDV RXYULU O·DSSOLFDWLRQ GH QH SDV PH WHQWHU HQFRUH XQH IRLV M·DL IDLW GHV UrYHV pURWLTXHV WRXWHV OHV QXLWV VXU JULQGU M·DL GpFLGp GH UHQFRQWUHU GDPLDQ il fallait trouver le bon moment, et le bon enGURLW MH OXL DL SDUOp G·XQ FKDPS FHOXL TXL HVW DSUqV OH FKHPLQ GH OD PDUH F·HVW XQ SHX ULVTXp FDU WURLV FKHPLQV \ PqQHQW HW LO \ D XQH PDLVRQ GDQV OD IRUrW O·DXWUH VROXWLRQ F·pWDLW OH FKHPLQ GH WHUUH DSUqV OH VWDGH LO P·\ D UHWURXYpH MH O·DL VXFp GDQV VD YRLWXUH SXLV RQ HVW VRUWLÃHÃV LO P·D SULVH FRQWUH OD SRUWLqUH SDVVDJHU OH YHQW F·pWDLW WURS ELHQ VD ELWH DXVVL LO D ÀQL GDQV


12 OD FDSRWH OD VHPDLQH G·DSUqV RQ V·HVW UHYXÃHÃV LO P·D JRGp LO P·D ÀOPp FRQWUH OD YRLWXUH VXU OH VLqJH HW LO P·D MRXL GDQV OD ERXFKH OHV GHX[ IRLV MH VXLV UHQWUpH FKH] PHV SDUHQWV VWUHVVpH PDLV EHDXFRXS PRLQV TXH OD SUHPLqUH IRLV est-ce que toi aussi tu éloignes ton téléphone de toi quand tu viens d’envoyer un message brûlant ? et que tu as peur de la réponse. plus le téléphone est loin, moins la réponse t’atteindra

la première fois, c’était dans le salon de Violette. c’est un salon rectangle en profondeur, avec une fenêtre sur un des côtés courts. du parquet vieilli au sol, des canapés recouverts de plaids et des plantes vertes languissant sur des étagères en fer repeint. c’était avec Gilles. il était venu récupérer un livre qu’il avait prêté à Violette, Õļ Ĕč ² ĭİõļ Łč ˲êÖʣ ĆÕ ĆõŕİÕ Ĵʿ²ĭĭÕĆ²õļ ʷ˃Ê²Ć²ÑÕ ĴŁİ Łč ÊĔŁļ ÑÕ ŤÕŁŕÕ˃ʸʞ āÕ ne me souviens plus du nom de l’auteur. je me souviens avoir pensé que ça avait l’air insipide, mais je pense que c’est parce qu’à ce moment j’étais rapide avec tout. j’allais vite de manière excessive et je ne prêtai une digne attention qu’à certaines choses. les chats sur les balcons par exemple, et les gens très grands qui marchent à grandes enjambées. je lui avais tendu, le papier était assez vieux est très jauni sur la tranche, à cause de la lumière et de la poussière des étagères, celle qui revient toujours et qu’on enlève encore jusqu’à céder. je m’étais dit, ça fait longtemps que je n’ai pas lu, mais là encore, je ne m’étais pas attardée sur cette pensée. on savait touste les deux qu’on allait pratiquer du sexe à un moment je pense. moi j’étais dans une autre énergie depuis quelques jours. seulement permise parce que āʿÖļ²õĴ Õč ļݲčĴõļõĔč Õļ Ĵ²čĴ ²ĭĭ²İļ ţŗÕʣ āÕ ŕõŕ²õĴ ËñÕş ¤õĔĆÕļļÕʞ β ŕĔŁĆ²õļ dire tout un tas de choses. je me sentais détachée de tout un tas de responsabilités. mon corps était désuni, d’une certaine manière, du lieu qu’il habitait, alors forcément plus léger. j’avais un appétit de ces relations, et avec Gilles je sentais que nos discussions avait ouvert un champ de possibles. õĆ Čʿ² Ñõļ ʷ˃Ĕč Ř ŕ² ʤ˃ʸ Õļ Ĕč ÕĴļ ²ĆĆÖʛÕʛĴ ѲčĴ ĆÕ Ĵ²ĆĔč õĆ Čʿ² Ñõļ ʷ˃āʿŘ ŕ²õĴ˃ʸʞ āʿ²õ Ñõļ ĔŁõʞ õĆ ² ČõĴ ĴĔč Č²čļÕ²Ł Õļ ĭŁõĴ āÕ ĆŁõ ²õ Ñõļ ʷ˃ļŁ İÕĴļÕĴ įŁÕĆįŁÕĴ ĴÕËĔčÑÕĴ˃ʤ ʸ et il s’est déshabillé, juste son manteau au début éviÑÕČČÕčļ Õļ ĭŁõĴ ČĔõ āÕ Ćʿ²õ ĴŁõŕõʣ Ĕč ĴʿÕĴļ İÕļİĔŁŕÖʛÕʛĴ en chaussettes et on a sauté sur le canapé. il m’a caressé le corps sur le côté, du haut jusqu’en bas en suivant ma silhouette, puis du dos de la main. āÕ čÕ ČÕ ĴĔŁŕõÕčĴ ĭĆŁĴ ËĔČČÕčļ Ĕč Õč ÕĴļ ŕÕčŁʛÕʛĴ là, je n’aurais pas pensé que je ferais ça, et puis j’étais assise et il m’a offert son cul. au début je lui léchais les testicules, mais ma langue s’est rendue compte


13 d’elle-même qu’elle préférait aller plus bas. quand j’ai vraiment commencé, il était presque assis sur ma tête j’imaginais l’image du dessus, c’était trop beau. j’avais les joues rouges, je prenais vraiment du plaisir, j’avais pas trop froid ce qui est étonnant et lui il récitait quelque chose j’ai l’impression. peut-être qu’il me parlait des plantes qui ondulait sous la chaleur de nos émanations. Gilles aura été le premier homme a qui j’ai léché l’anus. on ne s’est pas reŕŁʛÕʛĴʞ Õļ ĭŁõĴ ²ĭİâĴ āʿ²õ ļİĔŁŕÖ Łč ²ĭĭ²İļʣ (W SXLV WRXW G·XQ FRXS LO IDLVDLW VXSHU EHDX /H VROHLO pWDLW SDUWRXW HW F·pWDLW FRPPH VL F·pWDLW OHV YDFDQFHV /HV YDFDQFHV j VWUDVERXUJ j OD ÀQ GX PRLV GH MDQYLHU HQ YUDL OH SUHPLHU PHF j TXL M·DL OpFKp OH WURX F·HVW pWLHQQH PDLV MH Q·DL SOXV HQYLH GH SDUOHU GH OXL FHWWH DSUqV PLGL RQ HVW GDQV OD YLHLOOH YLOOH DVVLVÃHÃV VXU OHV YLHLOOHV SLHUUHV GH OD IRQWDLQH MH VXLV SRVpH VXU OH UHERUG DSSX\pH VXU PRQ EUDV SHQFKpH XQ SHX HQ DUULqUH MH UHJDUGH YHUV OH FLHO XQLIRUPpPHQW EOHX HW M·DL O·LPSUHVVLRQ TXH F·HVW O·pWp WX VDLV M·DL XQ VKRUW XQ W VKLUW XQ SHX FRXUW LO \ D XQ PLQFH HVSDFH GH YHQWUH QX HQWUH OHV GHX[ M·DGRUH VHQWLU OH YHQW OH IDLUH IULVVRQQHU HW DXVVL FHWWH SDUWLH GH PRQ IURQW TXL HVW OD SOXV PRXLOOpH SDUFH TXH PHV FKHYHX[ PH IRQW VXHU OHV FKHYHX[ TXL VH FROOHQW GRXFHPHQW j OD ERUGXUH HW MH SHQVH DX VH[H SDUFH TX·pYLGHPPHQW O·pWp HQ HVW SOHLQ F·HVW FRPPH pYLGHQW TXH F·HVW VD VDLVRQ RQ HVW WRXVWHV EHDX[ EHOOHV SOXV JUDQGÃHÃV DXVVL PDLV DORUV VL LO HQ HVW VL VRXYHUDLQ F·HVW TX·LO HQ GHYLHQW P\VWLTXH DXVVL LO YD GH VRL TXH QRXV VRPPHV VH[XHOÃOHÃV PDLV FRPPH GHV GLHX[ HW GpHVVHV OH VHUDLHQW OH VH[H YpULWDEOH FUX LO VH FDFKH XQ SHX LO HVW Oj VHXOHPHQW TXDQG WX UHQWUHV GDQV WD FKDPEUH VRPEUH SDUFH TXH OHV YROHWV VRQW HQWUHIHUPpV HW TXH WX WH PDVWXUEHV HQ WUDQVSLUDQW LO \ D GHV FRXUDQWV G·DLU WUqV IURLGV TXDQG RQ HVW SUqV GH O·HDX RX VRXV O·RPEUH GHV DUEUHV PDUFKHU GDQV OD QDWXUH TXDQG M·KDELWH j OD YLOOH F·HVW XQH H[SpULHQFH SDUWLFXOLqUH M·DL O·LPSUHVVLRQ G·rWUH FKH] PHV SDUHQWV DORUV TXH MH VDLV WUqV ELHQ TXH MH VXLV j VWUDVERXUJ HW FRPPH FH VRQW GHV VHQVDWLRQV TXH MH Q·DL SDV LFL PRQ FRUSV HVW UDPHQp GDQV XQ pWDW SOXV MHXQH SOXV YXOQpUDEOH PDLV SHXW rWUH TXH F·HVW OD QDWXUH DXVVL TXL IDLW oD SDUFH TX·RQ HVW HQWRXUp GH FKRVHV EHDXFRXS SOXV SDLVLEOHV FKH] PD JUDQGH WDQWH LO \ D SOHLQ GH FKLHQV FH Q·HVW SDV VHXOHPHQW XQH PDLVRQ PDLV WRXWHV OHV PDLVRQV GH OD UXH TXL VH PHWWHQW j DER\HU TXDQG RQ UHQWUH GH OD EDODGH GX VRLU OD EDODGH GX VRLU F·pWDLW SRXU VH SURPHQHU DYHF HOOH 'ROPD OD FKLHQQH TXL KDELWDLW FKH] PD WDQWH -H Q·DL MDPDLV FRPSULV VL PD JUDQGH WDQWH KDELWDLW VHXOH RX DYHF VD YRLVLQH /HXUV GHX[ PDLVRQV pWDLHQW PLWR\HQQHV HW OHXUV MDUGLQV SRVVpGDLHQW GHV RX-


14 YHUWXUHV TXDQG MH MRXDLV GHKRUV MH SRXYDLV SDVVHU GH O·XQ j O·DXWUH VDQV SUREOqPH RQ DOODLW VRXYHQW FKH] -RVHWWH SRXU MRXHU DX[ FDUWHV M·\ DL DSSULV OD EHORWH GH FRPSWRLU HW OH UDPL RX DORUV SRXU UHJDUGHU XQH pPLVVLRQ GH WpOp -RVHWWH P·DYDLW IDLW JR WHU GHV EDLHV GH JRML GH VRQ MDUGLQ MH FURLV TXH F·pWDLW OD SUHPLqUH IRLV TXH M·HQ PDQJHDLV -H PH VRXYLHQV DXVVL FH TXL P·DYDLW PDUTXp F·pWDLW OH OLQJH -RVHWWH HW PD WDQWH V·HQWUDLGDLHQW EHDXFRXS HOOHV IDLVDLHQW GHV FRXUVHV O·XQH SRXU O·DXWUH OD FXLVLQH HW OH OLQJH 8Q MRXU GDQV OH MDUGLQ RQ D HQWHQGX OHV YrWHPHQWV GH -RVHWWH F·pWDLW OHV SOXV JUDQGHV FXORWWHV TXH M·DL MDPDLV YXHV GH PD YLH M·pWDLV LPSUHVVLRQQpH MH FURLV TX·HOOHV GHYDLHQW SDUDvWUH HQFRUH SOXV pQRUPHV SDUFH TXH M·pWDLV WUqV SHWLWH M·DL DSSULV EHDXFRXS SOXV WDUG TXH -RVHWWH HW PD WDQWH DYDLHQW pWp DPDQWHV PDLV TX·HOOH QH O·pWDLHQW SOXV DX PRPHQW R M·\ pWDLV DOOp FHSHQGDQW HOOHV FRQWLQXDLHQW GH YLYUH F{WH j F{WH

mon ventre se tord, je ferme les yeux, je mets ma main sur mon ventre, mes paupières regardent le plafond. tout à l’heure j’ai levé les yeux jusqu’à les retourner, j’ai frémi des cils c’est ce que ça fait de s’envoyer des scénarios érotiques par message. debout ou allongé.e.s ? avec ou sans chaussettes, topless ou fully naked ? dans tous les cas il fait beau ;)

on partait le matin, assez tôt, avec nos sacs de touristes. on ne se parlait ĭ²Ĵ ÊÕ²ŁËĔŁĭʞ ÕčŕÕĆĔĭĭÖʛÕʛĴ ÑÕ čĔļİÕ ĴĔČČÕõĆʞ ÑÕ čĔĴ čŁõļĴ Ëñ²İëÖÕĴ ÑÕ rêves épais, adoucis par la lumière ocre et le calme de la matinée. soit on marchait dans la ville, les yeux toujours un peu en hauteur, ou alors on était en voiture dans les paysages jaunis. lors de ces journées là, on s’arrêtait à ČõÑõ ѲčĴ Łč ĭÕļõļ İÕĴļ²Łİ²čļʣ Ĕč Č²čëÕ²õļ ²ŁĴĴõ Õč ĴõĆÕčËÕ ĭŁõĴ Ĕč ţčõĴĴ²õļ par parler après. il y a eu des jours, au début, où on faisait l’amour la journée. sur la route, dans des endroits publics, entre deux trajets, par passion, par impatience. il ne parlait pas beaucoup et ça me rendait nerveuse. je savais qu’il pensait à plein de choses, tous ses amis me disaient qu’il était tellement intelligent, et il ne partageait rien. il avait ce léger sourire presque ironique qui me rendait âpre. sinon, la plupart du temps on ne faisait plus l’amour la journée. čõ ĆŁõ čõ ČĔõ čʿÕč ÖļõĔčĴ ˲ĭ²ÊĆÕ čĔŁĴ ÖļõĔčĴ ļĔŁļʛÕ ÕčļõÕİʛÕʛĴ õčêŁĴÖʛÕʛĴ ѲčĴ les endroits qui nous accueillaient. parfois, même se toucher était étrange, je détestais quand il était très distant. une fois en descendant du bus, je lui ai posé ma main sur le bras, il s’est dégagé doucement sans me regarder et a dit quelque chose de nonchalant sur la route à emprunter. je crois que ses lèvres étaient faites pour dire des choses de manière nonchalante, avec l’extrême douceur qu’elles avaient et comment tous les mots pouvaient glisser dessus. ils sortaient par un coin de sa bouche, nécessitant seulement que sa lèvre supérieure se relève au coin gauche. il parlait comme si ça


15 lui échappait, comme si ça n’avait pas d’importance. alors mes yeux étaient sombres comme une tempête, car je n’arrivais pas à être plus forte que sa légèreté. seulement quand il parlait une autre langue que sa langue natale, sa bouche devait faire des efforts pour s’ouvrir entière et assumer la parole. il était très beau, j’étais très belle, mais il me faisait sentir que ma beauté était immature, bruyante, instable, jeune alors que lui ne s’en souciait pas le calme des journées arrivaient à faire que je ne me sentais ni triste ni énervée, mais ces sensations devaient se lover quelque part à l’intérieur en attendant un moment plus propice. le soir nous allions dans des petites boîtes, on s’adossait à un mur en buvant des coktails, là on parlait, et il me racontait les nuits où il allait draguer un mec parce qu’il avait deviné qu’il avait une énorme bite. «parfois j’avais la ËÕİļõļŁÑÕ įŁÕ ËʿÖļ²õļ ĆŁõ įŁõ ĭĔĴĴÖѲõļ Ć² ĭĆŁĴ ëİĔĴĴÕ ÊõļÕ ÑÕ Ć² ĴĔõİÖÕʸʣ ĭŁõĴ on rentrait se coucher et on faisait l’amour, déversant nos histoires de la journée dans des gestes pleins de désir et de récits. je m’endormais sur son torse, les jambes repliées sur les côtés, sa main à l’arrière de ma tête. puis je glissais à côté de lui, on restait toujours en contact, par un bras, une main, une cheville. en été j’ai envie de faire l’amour souvent toi aussi je me demande pourquoi j’ai fait du sexe cet hiver si je n’en avais pas envie je l’ai fait plus que je ne le pensais ce n’était pas très bien i just remember you in the bathtub toi qui niques pas très bien mais qui est sexy et la bite de 22cm que j’ai astiquée avec mon anus pendant une heure « j’espère que tu encaisses bien ? j’espère que tu es endurante ? » « euh … je sais pas » finalement, you didn’t do the job on your own and you almost asked me to stop

on a fait une balade de nuit avec violette. la ville était vide. il y avait un léger ĴĔŁêŤÕ ÑÕ ŕÕčļʞ Õļ čĔŁĴ ²ŕõĔčĴ ļĔŁļÕĴ ĆÕĴ ÑÕŁŗ ČõĴ ÑÕĴ ĭ²čļ²ĆĔčĴ ĆÖëÕİĴ et larges, qui ondulaient comme des drapeaux de pirates. sans le savoir, nous nous étions accordées. on s’est assises au bord de l’eau, moi les jambes contre mon torse, les bras passés autour, elle, les jambes étendues devant, ses chevilles se miroitant dans la rivière. je portais des chaussures à talons épais, avec des petites lanières qui enserraient le haut de mes pieds et faiĴ²õÕčļ İÕĴĴĔİļõİ ĆÕĴ ĭÕļõļÕĴ ÊĔĴĴÕĴ ÑÕ ČÕĴ ţÊŁĆ²Ĵʣ ÑÕ ĆʿÕ²Ł ĴʿÖËñ²ĭĭ²õļ ŁčÕ ĆÖëâİÕ ÕêŤŁŕÕ č²ŁĴÖ²ÊĔčÑÕʞ ËĔČČÕ ļĔŁĴ ĆÕĴ ŤÕŁŕÕĴ ÑÕĴ ŕõĆĆÕĴʞ Õļ ĴŁİļĔŁļ Ã


16 l’approche de l’été. quand le soleil harcèle la surface de l’eau et que celle-ci, de fatigue, lâche des fermentations intimes. on appréciait cette odeur, on regardait des lueurs de l’autre côté, à travers des vitres minces, et violette me racontait ses vacances. elle me disait que jamais plus un été ne serait comme avant, qu’elle ne revivrait jamais les mêmes émotions, que le temps avait franchi une barrière pour elle et que maintenant c’était différent. il y avait des bruits de motos au loin, et quand on s’est relevées pour continuer notre marche, le bruits de nos talons a été recouvert par une d’entre elles. on s’est laissées perdre, et violette m’a avoué qu’elle ne faisait plus de lessive, et que le sac de chiffons et torchons était plein, caché derrière la table de la cuisine. elle m’a aussi dit que la machine marchait moins bien, qu’elle avait des à-coups, et qu’il fallait la relancer sans arrêt. je lui ai alors raconté mes journées au lavomatic. comment je me sentais dépassée quand j’attendais sur ma chaise, et que tous les gens autour semblaient savoir le faire avec tant d’élégance et de naturel, lisant des magazines ou s’ennuyant avec perfection. je lui ai dit, moi je ne sais pas faire ça, du coup j’observe, mais même observer je sais que ça ne se fait pas de cette manière dans un lavomatic. ensuite on est repassées au-dessus de l’eau, mais sur un très haut et large pont, sur lequel le jour, les voitures circulent. ça m’a fait pensé à Tom. quand on se voyait, il m’emmenait sur les routes éloignées, là où les arbres sont grands, larges et sombres, et puis on s’embrassait d’abord sous les ponts. ensuite, on grimpait les escaliers, on arrivait en haut, et je le suçais là. il pissait du haut des ponts, on entendait à peine le bruit que ça faisait ĴŁİ ĆʿÕ²Łʞ Õļ Łč āĔŁİʞ ²ĭİâĴ ŁčÕ ĭõĭÕ ĭ²ĴĴõĔččÖÕʞ õĆ ² Öā²ËŁĆÖ Ñ²čĴ ĆÕ ŤÕŁŕÕʣ parfois quand je me promène, je pense encore à ce crachat qui a du se diluer et se réincarner dans les herbes des rives. XQH IRLV M·pWDLV DOOpH OH UHMRLQGUH FKH] OXL HQ VRUWDQW GH FKH] PRL M·DYDLV WUpEXFKp M·pWDLV WRPEpH OD SDXPH GH PD PDLQ GURLWH pWDLW pUDÁpH oD P·DYDLW SLTXp SHQGDQW OH YR\DJH M·HVVD\DLV GH IDLUH HQ VRUWH TXH oD QH WRXFKH SDV WURS OH JXLGRQ HW SXLV TXDQG MH VXLV DUULYpH MH OXL DL HQYR\p XQ PHVVDJH LO P·DYDLW GHPDQGp GH QH SDV VRQQHU SDUFH TX·LO pWDLW HQ FRORF j FKDTXH IRLV MH QH VDYDLV SDV FRPPHQW DWWHQGUH GHYDQW OD SRUWH j TXHOOH GLVWDQFH GDQV TXHOOH SRVLWLRQ LO DYDLW RXYHUW LO DYDLW EX LO UHQWUDLW GH VRLUpH MH VXLV HQWUpH HW RQ V·HVW HPEUDVVpÃHÃV FRQWUH OH PXU LO QH IDLVDLW MDPDLV oD SXLV TXHOTX·XQ HVW UHQWUp GDQV O·LPPHXEOH RQ D DUUrWp JrQpÃHÃV HW RQ D FRPPHQFp j PRQWHU MH PH VRXYLHQV TX·LO P·D DUUrWp SRXU PH PRQWUHU XQ FDIDUG GX GRLJW RQ HVW DUULYpÃHÃV GDQV VD chambre, sa chambre sans meubles avec le matelas au sol et les objets au VRO DXVVL RQ V·HVW UH HPEUDVVpV LO DYDLW XQ JR W WUqV IRUW GH QRXUULWXUH GDQV OD ERXFKH XQ SHX GpVDJUpDEOH PDLV M·DLPDLV ELHQ TXH oD PH GpJRXWH XQ SHX FRPPH LO pWDLW VR O QRV GHQWV V·pWDLHQW HQWUHFKRTXpHV F·pWDLW ELHQ F·pWDLW SDV FRPPH G·KDELWXGH RQ OH IDLVDLW DYHF YLWHVVH DYHF DJUHVVLYLWp M·DYDLV HQYLH TX·RQ FRQWLQXH FRPPH oD PDLV LO V·pWDLW DUUrWp SRXU DOOHU IDLUH DXWUH FKRVH M·pWDLV GpoXH SDUFH TXH MH VDYDLV TXH TXDQG RQ DOODLW UHFRPPHQFHU FH VHUDLW j QRXYHDX FRPPH DYDQW GRX[ FDOPH HW OHQW LO D RXYHUW OD IHQrWUH HW VXU OH UHERUG LO D FKRSp XQH FDVVHUROH GH SkWHV MH PH WHQDLV GHERXW FRPPH G·KDELWXGH HW MH QH VDYDLV SDV TXRL WURS TXRL IDLUH GH PHV EUDV MH SHQVH TXH M·DL


17 HQOHYp PHV FKDXVVXUHV VXU OH ERUG GH VRQ OLW HW FRPPHQFp j UHJDUGHU OHV FKRVHV WRXW DXWRXU SXLV LO D UHQYHUVp OH FRXYHUFOH GH OD FDVVHUROH HQ YHUUH HW LO O·D UHJDUGp VH EULVHU SDU WHUUH RQ V·HVW WRXUQpÃHÃV YHUV VD SRUWH SDUFH TXH oD DYDLW IDLW EHDXFRXS GH EUXLW SXLV LO D IHUPp VD SRUWH TXL JULQoDLW WHUULEOHPHQW M·DYDLV O·LPSUHVVLRQ G·rWUH XQ VHFUHW GDQV FHW DSSDUWHPHQW FHWWH QXLW Oj RQ D IDLW O·DPRXU GHX[ IRLV GH OD PrPH PDQLqUH TXH G·KDELWXGH DXVVL DYHF O·RUGLQDWHXU TXL FKDQWDLW j F{Wp GX OLW OH OHQGHPDLQ MH PH VXLV UHQGXH FRPSWH TXH M·DYDLV WkFKp VRQ OLW DYHF PD PDLQ pUDÁpH M·DYDLV HX XQ PRPHQW G·LQFRPSUpKHQVLRQ DX PDWLQ HQ YR\DQW FHV WUDFHV M·DYDLV HX XQ SHX SHXU SXLV MH P·pWDLV VRXYHQX LO Q·HQ ÀFKDLW SDV pWRQQDQW HW SXLV MH PH VXLV UHQGXH FRPSWH TXH OXL DXVVL P·DYDLW ODLVVp GHV PDUTXHV GHV WkFKHV GH VSHUPH VXU PRQ SDQWDORQ

prendre une bite c’est du travail aussi j’aimerais qu’ils ne voient presque que seulement mes sourcils pendant le sexe ils me donnent l’air de savoir ce que je veux le deuxième scénario c’était nous en voyage, dans un bus ou une voiture ORXpH RQ UHJDUGH DXWRXU FRPPH VL RQ pWDLW RFFXSp H V SXLV RQ VH UHQG compte que la tension entre nous deux est trop forte, alors on baise avec précipitation dans la voiture, dans les toilettes d’un restaurant, ou dans le coin d’une rue, avec nos transpirations qui se mélangent celle du soleil et celle du sexe et on baise comme si on étaient très épuisé.e.s comme si on couinaient les sourcils inclinés vers l’extérieur et quand tu essayes de m’embrasser la joue ça glisse ça aussi c’est la transpiration.


18 Je regardais cet homme dans le train, avec les montagnes derrière la vitre, GHUULqUH VD WrWH LO DYDLW GH WUqV EHDX[ EUDV DYHF EHDXFRXS GH SRLOV SDV VL ORQJV XQ SHX FRXUEpV YUDLPHQW SOHLQ QRPEUHX[ HW WUqV EHDX[ ,O DYDLW GH WUqV JUDQGV pieds dans des sandales brunes et au bout de ses bras des grandes mains GRXFHV DX[ GRLJWV DUURQGLV GHV PDLQV GH garçon ,O DYDLW GHV FKHYHX[ ERXFOpV DXVVL GHV VRXUFLOV LQGLVFLSOLQpV TXL HPSLpWDLHQW GRXFHPHQW VXU OH KDXW GH VRQ QH] -H OH WURXYDLV WUqV EHDX M·DYDLV SUHVTXH HQYLH GH SOHXUHU GH GpVLU oD DXUDLW pWp OD SOXV EHOOH KLVWRLUH GH O·pWp GH IDLUH O·DPRXU DYHF OXL ,O D IDLW XQH QRWH YRFDOH GDQV VRQ SRUWDEOH HQ LWDOLHQ HW DSUqV LO D FURLVp OHV MDPEHV SRVp VRQ EUDV VXU FHOOH GX GHVVXV HW VRQ FRXGH V·HVW DSSX\p VXU FH EUDV SRXU PHWWUH OH SRUWDEOH j OD KDXWHXU GH VHV \HX[ VRQ SRLJQHW pWDLW FDVVp F·pWDLW WUqV VpGXLVDQW ,O DYDLW SOHLQ GH GRXFHXU HQ OXL XQ SHX SDUWRXW VXU VRQ FRUSV HW DXVVL GDQV OH ULUH TX·LO DYDLW PLV GDQV VD QRWH YRFDOH OH FRUSV SHQFKp SRXU OD UHQGUH SULYpH GLVFUqWH -·DL PLV GX WHPSV j PH GHPDQGHU j TXRL UHVVHPEODLW OH UHVWH GH VRQ YLVDJH FDFKp SDU OH PDVTXH -H QH SHQVDLV SDV WDQW j VHV OqYUHV SDUFH TXH OH UHVWH GH VRQ YLVDJH FRUSV" PH WHQDLW GpMj IpEULOH SDU VD EHDXWp PDLV SOXV DX[ PLHQQHV TXL DXUDLHQW DLPp V·\ SRVHU -·DYDLV SHXU GH SHQVHU WURS j QRXV GHX[ SDUFH TXH SHXW rWUH TXH oD QH VH IDLW SDV DORUV MH SHQVDLV VXUWRXW j OXL HW MH OH UHJDUGDLV VRXYHQW PDLV WLPLGHPHQW &H TXH M·DLPDLV OH SOXV F·pWDLW VHV EUDV HW VHV PDLQV LO DYDLW XQ QH] GURLW DXVVL ,O WRXFKDLW OH KDXW GH VRQ QH] HW OH KDXW GH VRQ PDVTXH OH SD\VDJH GpÀODLW GHUULqUH OXL OHV PDLVRQV HW OHV DUEUHV LO FDUHVVDLW DXVVL OH GHVVRXV GH VRQ PHQWRQ 7RXV FHV JHVWHV pWDLHQW WUqV EHDX[ GH PrPH TXH TXDQG LO WDSRWDLW VD ERXFKH j WUDYHUV VRQ PDVTXH RX HQFRUH SLQoDLW OpJqUHPHQW VRQ FRX OH WUDLQ LO IDLVDLW EHDXFRXS GH EUXLW ­ XQ PRPHQW LO D XQ SHX EDLVVp VRQ PDVTXH SRXU JUDWWHU OH EDV GH VRQ QH] HW OH ERXW pWDLW URQG FRPPH VHV GRLJWV PD ERXFKH D IUpPL /H WUDLQ D UDOHQWL SXLV V·HVW VWRSSp -H OXL DL GHPDQGp TXHO DUUrW F·pWDLW TXDQG LO P·D UpSRQGX MH VXLV WRPEp DPRXUHX[ GH OXL MH O·DL UHYX XQ SHX DSUqV TXDQG M·DWWHQGDLV GHYDQW OD JDUH LO DYDLW EHDXFRXS GH EDJDJHV FODULVVH HVW YHQXH j OD PDLVRQ HQ PLOLHX GH VHPDLQH HOOH YRXODLW P·HPPHQHU VH EDLJQHU RQ SDUWLUDLW SRXU OD MRXUQpH RQ LUDLW DX ODF HOOH HQ FRQQDLVVDLW XQ ELHQ XQ SHX ORLQ HOOH YRXODLW TX·RQ DLOOH j FH ODF j FH ODF SUpFLVpPHQW RQ HVW SDUWLHV HQ YRLWXUH OH PDWLQ M·DGRUH TXDQG PHV DPLHV PH FRQGXLVHQW HQ YRLWXUH VXUWRXW FODULVVH M·DYDLV WHOOHPHQW UL GH SODLVLU TXDQG HOOH P·DYDLW GLW TX·HOOH SDVVDLW VRQ SHUPLV OD SUHPLqUH IRLV TX·HOOH P·DYDLW FRQGXLW GH chez moi à chez elle, la nouvelle maison de son SqUH LO \ DYDLW GHV DEULFRWLHUV GDQV OH MDUGLQ GpMj Oj GHV JHQV G·DYDQW LO PH VHPEOH M·DYDLV OH FRUSV OkFKH DEDQGRQQp DX[ EUDV GH PRXVVH GX VLqJH PDLV VXUWRXW DX UHJDUG FRQFHQWUp GH FODULVVH MH MHWWDLV GHV FRXSV G·RHLO j VRQ SURÀO DSSOLTXp HW j VHV PDLQV TXL QDYLJXDLHQW LFL HW Oj


19 DYHF RUGUH OHV RGHXUV GH YRLWXUH PH UHQGHQW QDXVpHXVH PDLV Oj M·pWDLV ELHQ OH VROHLO pWDLW UDVDQW RQ URXODLW UpJXOLqUHPHQW RQ D ORQJp OD IRUrW GH JHUVDF DX IXU HW j PHVXUH TX·RQ DYDQoDLW GDQV OHV WHUUHV OHV FKDPSV pWDLHQW GH SOXV HQ SOXV YDOORQpV HW GH SOXV HQ SOXV HQ ERFDJHV MH PH VXLV GLW M·DLPH ELHQ OHV FKDPSV GH PDwV ÀQDOHPHQW TXDQG LOV QH VRQW SDV SUpGRPLQDQWV LOV RQW XQH SRpVLH XQ SHX WULVWH M·DL UHSHQVp j XQ pSLV GH PDwV YROp HW FURTXp WRXW VHF HW IDULQHX[ MH PH VXLV GLW DXVVL OHV FKDPSV GH WRXUQHVROV MH QH OHV DLPH SDV WURS PDLV GH ORLQ SDUPL GHV FKDPSV YHUWV OH MDXQH TX·LOV DMRXWHQW HVW WUqV MROL M·DL YX XQ DUF HQ FLHO GDQV OHV MHWV G·HDX TXL DUURVHQW OHV FKDPSV FHX[ TXH PDPDQ GpWHVWH MH PH VXLV UHGUHVVpH OpJqUHPHQW HW M·DL UDFRQWp j FODULVVH ©TXDQG RQ pWDLHQW HQIDQWV RQ DLPDLW SDVVHU MXVWH j F{Wp RQ ODLVVDLW OD IHQrWUH RXYHUWH HW VL O·RQ SDVVDLW DX ERQ PRPHQW OH MHW SpQpWUDLW OD YRLWXUH HW YHQDLW QRXV PRXLOOHU ª MH UHJDUGDLV EHDXFRXS SDU OD IHQrWUH MH P·HQGRUPDLV XQ SHX HW SDUIRLV O·RQ SDUODLW GH QRV pFROHV SDU H[HPSOH HOOH P·D UDFRQWp TX·HOOH UHYHQDLW FKH] VHV SDUHQWV j SHX SUqV j OD PrPH IUpTXHQFH TXH PRL HW TX·DORUV HOOH GHYDLW VH UpKDELWXHU j FRQGXLUH OD YRLWXUH SDUFH TX·HOOH DYDLW SDVVp GHV PRLV VDQV OH IDLUH HOOH P·D GLW TX·HOOH DLPDLW ELHQ oD TX·HOOH Q·DYDLW SOXV SHXU GH O·DXWRURXWH HOOH UHGRXWDLW VHXOHPHQW OHV FKDQJHPHQWV G·LWLQpUDLUHV MH PH VXLV VRXYHQX G·XQ DXWUH WUDMHW HQ YRLWXUH DYHF PD PqUH HW PD JUDQG PqUH HQ pWp XQH VHPDLQH SOXV W{W PD PqUH DYDLW GLW OHV SDQFDUWHV GpYLDWLRQ F·HVW OH ORW GH O·pWp O·pWp LO \ D WRXMRXUV GHV WUDYDX[ RQ HQ D UHQFRQWUp XQ TXHOTXHV NLORPqWUHV DSUqV O·XVLQH MROLYDO HW RQ D GX V·DUUrWHU SRXU UHJDUGHU O·LWLQpUDLUH WRXMRXUV HOOH PHWWDLW OH JSV PDLV FHWWH IRLV HOOH FRQQDLVVDLW OD URXWH HOOH YRXODLW TX·RQ DLOOH j FH ODF j FH ODF SUpFLVHPHQW RQ HQ D SURÀWp SRXU IDLUH SLSL F{WH j F{WH RQ pWDLW DX ERUG G·XQH ULYLqUH O·HDX \ pWDLW URXVVH FRPPH PDODGH RX DX FRQWUDLUH WURS YLJRXUHXVH PDLV YpULWDEOHPHQW SDUFH TXH OD WHUUH \ HVW DUJLOHXVH HOOH D WUHPSp VHV SLHGV MH PH VXLV SRVpH VXU OHV FDLOORX[ HW M·DL IHQGX GHV EULQV G·KHUEH HQ WRXW SHWLWV ERXWV HOOH P·D UDFRQWp TX·HOOH Q·pWDLW SOXV DPRXUHXVH TX·HOOH O·DYDLW pWp GHX[ IRLV FHWWH DQQpH TX·HOOH DWWHQGDLW OD SURFKDLQH SRXU XQH KLVWRLUH UpFLSURTXH WX O·DV GLW j WD PqUH " RXL XQ SHX RQ HVW UHSDUWLHV OH VROHLO pWDLW SOXV KDXW RQ DYDLW PLV OH JSV RQ HVW DUULYpHV DX ODF RQ D PDUFKp MXVTX·DX[ WRLOHWWHV HW RQ D PDQJp DSUqV DYRLU UDQJp QRV DIIDLUHV RQ D SULV OD EDOODGH OD SOXV FRXUWH HOOH ORQJHDLW OH ERUG GH O·HDX HQ V·HQIRQFDQW SDUIRLV SOXV RX PRLQV GDQV OD IRUrW HQ PRQWDQW HW HQ GHVFHQGDQW EHDXFRXS OH FKHPLQ FKXFKRWDLW HQWUH OHV SkWXULQV GHV ERLV OHV EUX\qUHV HW OHV MHXQHV VDSLQV j FKDTXH RXYHUWXUH YHUV OD ULYH FODULVVH SURSRVDLW G·DOOHU VH EDLJQHU MH GLVDLV QRQ M·DYDLV HQFRUH XQ SHX IUDLV OH YHQW SOXV OHV VRXV ERLV TXDQG RQ D HX ÀQL M·DYDLV SRUWp OH VDF j GRV SHQGDQW OD GHX[LqPH PRLWLp RQ DYDLW WUDQVSLUp RQ HVW DOOpHV VH PHWWUH j O·HDX WLPLGHPHQW MH Q·DL UHQWUp TXH OD PRLWLp GH PRQ FRUSV PDLV RQ SRXYDLW SDUOHU FRPPH oD SRXU XQH IRLV QRV FKHYHX[ pWDLW VLPLODLUHV OLVVHV SDUFH TXH OHV PLHQV DYDLW pWp DSODWLV SDU PD FDVTXHWWH RQ D GHFLGp GH UHSDUWLU DVVH] YLWH WDQW TX·RQ pWDLW YHQXHV j FH ODF HW SDV XQ DXWUH PLQH GH ULHQ OD URXWH pWDLW XQ SHX ORQJXH RQ D URXOp GDQV O·DXWUH VHQV RQ V·HVW IDLWH OD UHPDUTXH TX·RQ DYDLW HX OH VROHLO HQ IDFH OH PDWLQ HW OH VRLU O·DOOHU HW OH UHWRXU SOHLQ HVW SXLV SOHLQ RXHVW FODULVVH HQ D HX PDUUH HOOH VH IDWLJXDLW XQ SHX RQ V·HVW GLW TX·RQ V·DUUrWHUDLW GqV TX·HQ SDVVDQW GDQV XQ YLOODJH RQ YHUUDLW XQ WURTXHW RQ HVW SDVVp SDU


20 3LHUUH %XIÀqUH GDQV OD PRQWpH G·XQH UXH SDYpH RQ D YX XQ K{WHO LO DYDLW XQH WHUUDVVH GH GHX[ WDEOHV HW TXDWUH FKDLVHV RQ VHVW DUUrWpHV FODULVVH D GHPDQGp VL LHOV VHUYDLHQW RXL RQ V·HVW SRVpHV VXU OHV IDXWHXLOV HQ IDX[ RVLHU j XQH GHV GHX[ WDEOHV FDUUp HQ ERLV DYHF XQ SLHG GH PpWDO HOOH D FRPPDQGp XQ SHUULHU DYHF XQH URQGHOOH HW PRL XQ FDIp DOORQJp HQ DWWHQGDQW QRV ERLVVRQV RQ D pWp DJUHVVpHV SDU XQ ORQJ VRQ PpGLXP DLJX RQ D WRXUQp OD WrWH V UHPHQW VXU OH PXU G·XQH GHV PDLVRQV G·HQ IDFH GHYDLW \ DYRLU XQH DODUPH HOOH D GXUp TXHOTXHV PLQXWHV SXLV V·HVW DUUrWpH RQ D UHoX QRV ERLVVRQV M·DL EX SDU SHWLWHV ODSpHV FODULVVH V·DOWpUDLW GH JUDQGHV UDVDGHV O·DODUPH V·HVW GpFOHQFKpH GH QRXYHDX OD UXH pWDLW DVVH] VLOHQFLHXVH OH EUXLW GH TXHOTXHV SHUVRQQHV SURYHQDLW GH O·LQWpULHXU G·XQH GHV PDLVRQV j JDXFKH GHV PDLVRQV j FRORPEDJHV DYHF GHV IHQrWUHV QHXYHV OH SODVWLTXH EODQF MXUDLW DYHF OH KRXUGDJH WHUQH O·DODUPH DYDLW FHVVp O·K{WHO UHVWDXUDQW pWDLW GDQV XQH UXH HQ SHQWH HW j PD GURLWH OD UXH VH GLYLVDLW HQ GHX[ HQ PRQWDQW XQH SDUWLH SRXU OHV YRLWXUHV O·DXWUH UpVHUYpH DX[ SLpWRQÃQHÃV DX FRLQ LO \ DYDLW XQH SKDUPDFLH RQ D VXUVDXWp WRXWHV OHV GHX[ TXDQG OHV FORFKHV VH VRQW PLVHV j VRQQHU XQ VRQ URQG HW SXLVVDQW TXL ÀW V·HQYROHU TXHOTXHV SLJHRQV O·pJOLVH VH WURXYDLW MXVWH GHUULqUH OHV PDLVRQV G·HQ IDFH RQ DSHUoHYDLW OH FORFKHU TXL SRLQWDLW HW O·HQWUpH GH O·pJOLVH pWDLW FRLQFpH HQWUH OD PDLVRQ j O·DODUPH VXSSRVpH HW XQH DJHQFH G·DVVXUDQFH TXHOTXHV PDUFKHV PHQDLHQW j XQH SRUWH YHUWH VXUSORPEpH SDU XQ ORQJ HW ÀQ YLWUDLO O·DODUPH V·HVW GpFOHQFKpH HQFRUH oD FRPPHQFDLW j GHYHQLU GpVDJUpDEOH HW HQ PrPH WHPSV QRXV QRXV \ KDELWXLRQV oD IDLVDLW SDUWLH GX GpFRU HW GH O·DSUqV PLGL RQ V·HVW GpWHQGXHV XQ SHX SOXV GDQV OHV GRVVLHUV GHV IDXWHXLOV FODULVVH VXVVRWDLW OD WRXLOOHWWH HQ SODVWLTXH YLROHW OHV \HX[ GLVWUDLWV PRL M·DYDLV OH YLVDJH WHQGX YHUV OHV PRLQGUHV ÁXFWXDWLRQV GH O·DLU HW OD PDQLqUH GRQW HOOHV SRXYDLHQW IDLUH IUpPLU OHV SRLOV GH PRQ YLVDJH O·DODUPH D FULp HQFRUH QRXV \ pWLRQV LQGLIIpUHQWHV QRXV DYLRQV GpMj SD\p RQ V·HVW OHYpHV HW RQ D FRPPHQFp j HUUHU GDQV OHV UXHV TXDQG MH PDUFKH DYHF FODULVVH F{WH j F{WH QRXV UHJDUGRQV WRXW OH WHPSV GDQV GHV GLUHFWLRQV GLIIpUHQWHV elle regardait la boulangerie à notre droite, je regardais la boutique de couture j QRWUH JDXFKH RQ D UHPRQWp OD UXH YHUV OD YRLWXUH RQ O·D GpSDVVp HW FRQWLQXp DX ERXW G·XQ PRPHQW RQ HVW DUULYpHV VXU XQH SODFH DYHF XQ SDUF HW j JDXFKH OD URXWH PRQWDLW RQ QH YR\DLW SOXV O·KRUL]RQ F·pWDLW FRPPH VL RQ pWDLW DUULYpÃHÃV DX ERXW GX YLOODJH HW TX·LFL LO FRPPHQoDLW j V·pYDQRXLU SHUGDQW VHV PDLVRQV HW VHV UXHV RQ D IDLW GHPL WRXU HW UHMRLQW OD YRLWXUH LFL OHV FKDWV YRQW FRXULU GDQV OD IRUrW les gens dans leurs voitures se retournent quand iels passent pour voir qui on HVW maintenant j’essaye d’imaginer ce que ta bite dans mon anus ça fait et c’est mon souffle coupé plein de fois jusqu’à ce que je m’habitue à respirer sous l’eau et qu’on nage ensemble et que tu me craches dans la bouche et je te le repasse et tu es surpris et tu jouis d’un coup parfois j’ai envie de jouir devant toute l’école en frottant le haut de mes cuisses, et en levant mon pelvis vers le soleil


21 j’ai fait l’amour avec andres de nouveau sex wasn’t amazing but sex made me feel amazing (c’est vers ça qu’il faut tendre, bientôt le good sex ce sera seulement moi)


123 soleil

t’as fait cramer ma poire d’Adam, elle ét cieux, marquise noyée dans sa peau orph chair il est marron les draps ne sont plu plus d’histoires à te raconter que tu ne penses

on dirait de l’orgueil dans des lames de s ça fait bip bip bip bip bip bip bip bip b bip bip bip bip bip bip au moins il y a u vie?


était dans l’alcool et elle volait jusqu’au pheline tu plonges ton doigt dans sa us blancs appelle la mer les fonds ont

e satin tu décroches mais le fil est coupé bip bip bip bip bip bip bip bip bip bip un son et quand il y a du son y’a de la


Tu brûles mon œsophage, les diamants on tu plonges ton doigts dans la soupe sur g s’écaille elle hurle l’azote. c’est plus un plus froide que les matins en avance ma mets les œillets sur les yeux, les ourlets au rayures de tes paumes, ou de tes os dans Pshiiiiiiit la bisque fait des noeud de travers et pleurer d’un seul œil. on l veste trop grande et se mettre de la bru dessiner sur tes nichons c’est comme ima le sable mouvant celui qui attrape les âm la température monte ça fait exploser m pieds bleus ils sentent le gazon humide en même temps que moi.


ont pris la place du calcaire et lentement, r gaz. c’est dans mes ruches que ta brume n gaz c’est que de la brume une brume mais tu le sais pas encore ça où alors tu au jean. ça marche plus juste ça cache les ns la colonne. uds avec ma langue , c’est comme avaler n le regarde de haut le piéton, vomir sa rume sur le visage, ça donne le vertige, maginer qu’on est plus sur terre et ça sent âmes muettes en passant de l’autre côté. mon chagrin les larmes brûlent sur tes e un chardon qui te pique le pré se noie


◊ soupe + pains gourmands ◊ ◊ soupe + pains gourmands ◊ ◊ soupe + pains gourmands ◊

◊ soupe + pains gourmands ◊ ◊ soupe + pains gourmands ◊ de l’eau pour la soupe. 500 mL pour deux personnes qui ont soif. certainement des épices, et puis de l’huile afin que tout glisse plus facilement. il existe aussi des soupes à l’eau avec de l’alcool, du sirop, du mercure dissout et tout ce qui peut se fluidifier. les larmes comme condiment, pourquoi pas ? c’est iodé comme de l’encre de seiche, et disponible à proximité d’un oignon fraîchement découpé. une fois bien imbibé·e·s de substances liquides, fariner les intestins. on attribue généralement l’invention du pain au levain aux Égyptiens alors que, des siècles plus tard, les Romains se nourrissaient encore de bouillie. grands observateurs de la nature, les Égyptiens avaient compris qu’ils pouvaient fabriquer du pain en mélangeant du grain écrasé, ou moulu, à l’eau du Nil, particulièrement riche en limons, ceuxci renfermant des agents de fermentation utilisés encore trois millénaires plus tard. Cette découverte — laisser la pâte en attente, livrée à l’action des germes, puis oser la cuire —, donna aux habitants de la vallée du Nil un ascendant considérable sur les peuples mangeurs de bouillie et de galette. Ce lâche et froid sous-sol que l’on nomme la mie a son tissu pareil à celui des éponges : feuilles ou fleurs y sont comme des sœurs siamoises soudées par tous les coudes à la fois. Lorsque le pain rassit, ces fleurs fanent et se rétrécissent.

◊ soupe + pains gourmands ◊ ◊ soupe + pains gourmands ◊ ◊ soupe + pains gourmands ◊

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◊ soupe + pains gourmands ◊ ◊ soupe + pains gourmands ◊


Cette bavette est un entretien entre une historienne et yn nourrisseul de pigeols. Dans un contexte où l'humanité a abandonné l'alimentation matérielle pour une alimentation cellulaire, ols s'interrogent sur une possible co-domestication pigeols/blaes/humainls qui aurait eu lieu il y a des milliers d'années dans un monde agriculture.

27

Ce texte utilise la grammaire non binaire : développée par la collective/atelier de création typo.graphique Bye bye binary: aine. ain devient ainl, ée.é devient æ, ente.en devient ol, euse.eur et euse.eux deviennent eul, if.ive devient il, un/une devient yn, il/elle devient ol, le/la devient lo etc. Pour plus d'informations sur Bye bye binary rendez-vous sur le site genderfluid. space.

Claude Oligo : Bonjour Eucaryotes, merciz d'être là si nombreuls! Juste quelques mots pour introduire cette bavette: nous avons l'honneur d'avoir à nos côtés yn nourisseul du groupe Albumen, groupe qui fait un travail de terrain et d'activisme remarquable depuis maintenant 20 ans, concernant la réhabilitation et la revalorisation de certaines espèces compagnes. Et je suis honoræ de vous présenter Nathalie Becquée, enseigneusechercheuse à l'université Flagelle 4. Je n'en dis pas plus, merciz à vous deux d'être là, je vous laisse vous présenter.

Lo nourrisseul : Bonjour! Je voudrais tout d'abord vous préciser que je parle aujourd'hui au nom de mon groupe. Je tiens à rester anonyme pour des raisons qui deviendront évidentes par la suite. Vous m'excuserez donc du port de ce cache-goule. Albumen est un groupe de travail qui s'intéresse à des espèces en voie de disparition et de méconnaissance, en particulier à des espèces qui étaient très présentes dans la culture humaine avant notre cellul'ère, il y a environ 2000 ans. Nous essayons de retisser des liens avec ces espèces méconnues. Ça passe par une action principale: le nourrissage ou le feeding en anglais.

Nathalie Becquée : Pour ma part, comme Claude l'a dit, je suis chercheuse et enseigneuse. Mon domaine c'est l'histoire des écosystèmes, j'étudie comment lo vivanl s'est organisæ au cours de l'histoire, comment les différentes espèces ont interagi à différentes époques. Comme vous le


savez peut-être, nous avions par le passé nombre de relations inter-espèces, contrairement à aujourd'hui, où nous sommes des individuls indépendanls. Peut-être que pour commencer tu peux nous parler des projets récents d'Albumen?

Lo nourisseul : Oui! Récemment, nous nous sommes intéressæs au pigeol, cet oiseau de la famille des Columbidæs. Ce sont des animaux à l'histoire complexe: ols étaient tout d'abord sauvages, vivant dans les forêts du continent eurasien. Ols ont ensuite été domestiquæs par l'humainl pour être ingéræs, mais aussi comme système de messagerie, compagnols et sportixs de haut niveau. Cette domestication a fait d'ols une espèce urbaine, à l'époque on a dit qu'ols envahissaient les humanilières, ols avaient une image très négative. Aujourd'hui il n'en reste pas beaucoup, ols se réfugient dans les arbres les plus hauts des forêts, se posant rarement sur l'humus. Nous avons essayé de nourrir des pigeols aux abords du Rouge cloître. Pour ce faire nous avons fait un travail d'observation très discret pour trouver ce que ces pigeols ingéraient. Nous avons compris que si ols étaient si rares c'est que leur aliment principal l'était aussi. Ols ingèrent principalement une vieille espèce de grain produites par les blæs. Apparemment autour de l'an -1000 avant Zéro Gluten on l'utilisait pour un tas de choses, comme aliment ou substance. En ce moment, nous cherchons à mettre au point des aliments à partir des grains des blæs que nous plaçons dans des mangeoires. Pour l'instant nous n'avons pas vu de pigeols s'approcher de celles-ci. Nous gardons quand même espoir de parvenir à créer une mangeoire et un aliment qui puisse les satisfaire, en lesquels ols puissent avoir foie et qui puissent suffisamment les affriander.

Nathalie Bécquée : Ce qui est très intéressant avec vos observations de l'alimentation des pigeols c'est que nous historiols avons trouvé des preuves matérielles qui prouvent la codomestication blæs/humainls/pigeols. Nos centres de recherche ont estimé cette période de codomestication à -10,000 avant Zéro Gluten. Au cours de cette ère, les interactions entre ces trois espèces ont été riches et nombreuses. Ces interactions ont créé une interdépendance les amenant à se sédentariser. Les blæs se sont installés dans des zones


29 terreuses appelées champs, les humainls dans des bulldines et les pigeols dans les toits de ces bulldines. Entre euls se sont instaurés différents modes d'interactions: les humainls protégeaient les blæs de la sécheresse et de certaines maladies, les pigeols portaient des messages pour les humainls et répandaient les grains issus des blæs via leurs fientes, les blæs nourrissaient les pigeols, etc.

Lo nourrisseul : Oui il semble que les interactions humainls/blaes/ pigeols existent depuis la nuit des temps! Il y a de très vieilles histoires qui le prouvent. Il y a ce récit qui raconte le recouvrement de la terre par de l'eau. Un groupe d'animaux se retrouva sur un navire, bloqué. Les pigeols furent chargæs à maintes reprises d'aller voir si la terre avait séché et était redevenue ferme. Un jour, ols revinrent avec une tige de blæs.

Nathalie Bécquée : Oui, cette histoire nous permet de comprendre que les blæs avaient une place importante dans la société, le pigeol aurait bien pu ramener une autre plante: un tournesol ou une algue... Mais il semblerait que les grains de blæs étaient très utiles. Ols étaient écrasés pour obtenir une poudre blanche. Celle-ci était mélangée à de l'eau. Par un processus de fermentation on obtenait une barbotine qui gonflait. On cuisait celle-ci dans un objet chauffant appelé four. Ça donnait du pain et qui était la base de l'alimentation de nombreuls groupes d'humainls. D'ailleurs, le mot copainl viendrait de cet aliment, car ceuls avec qui on partageait le pain devenaient des amils. Le fait d'ingurgiter un aliment au même moment, d'être traversæs par des blæs, créait une sorte d'union, un évènement important pour des relations amicales.

Lo nourrisseul : Pourquoi avons-nous donc casser nos liens avec les blæs et les pigeols? Il me semble que tu as une hypothèse...

Nathalie

Bécquée

:

Oui,

nous

pensons

que

cette

sédentarisation

interspécifique a entraîné une sélection génétique forte. Les blæs


souffraient de compétitions intensives dès leurs grainages, de mortalité précoce, d'isolement et de surpopulation. Le taux de bore-out dans les champs agricoles a atteint son pic l'été de l'an -2 avant Zéro Gluten. Pigeols et humainls souffraient de fortes diarrhées et constipations, d'extrêmes fatigues liées à cette consommation de graines fatiguæs. Les humainls ont commencé à opérer des abattages de masses de pigeols car leurs déjections abîmaient les bulldines humains, et en plus de ça, leurs fientes étaient suspectées d'être porteuses de maladies. On pense qu'il y avait plus en plus de méfiance entre humainls et pigeols. On a des preuves de stérilisations secrètes réalisées pendant plusieurs années autour de l'an Zéro Gluten par des humainls sur les pigeols. Les humainls ont aussi construit des refuges spécifiquement adressés aux pigeols afin de leur retirer leurs œufs. Différentes formes de résistance, de la part des pigeols, ont émergé, comme par exemple l'appropriation des espaces privés humainls. Mais petit à petit, les habitudes alimentaires des humainls se sont cellularisées, comme nous les connaissons aujourd'hui. Pour faire moins de déchets -car il y avait d'énormes problèmes écologiques à cette période- les industries agroalimentaires ont créé en laboratoire des cellules d'autophagie, qui ont permis aux humainls d'être totalement autodépendanls. C’est ce qui marque la fin de l'ère agroculturelle. C'est à partir de là que les pigeols, les humainls et les blæs n'ont plus été copainls.

Lo nourrisseul : C'est difficile de s'imaginer maintenant ces interactions entre blæs, humainls et pigeols.... Quand nous sommes allæs nourrir des pigeols dans la forêt, ols sont restæs accrochæs à leurs branches, très hauts. Nous n'avons pas réussi à créer un contact, il nous semble qu'ols sont très réticenls. Aussi, les blæs sont tellement rares, on n'en trouve presque jamais au cours de nos balades... Enfin, il faut savoir les reconnaître. C'est pour ça que nous avons mis en place des zones terreuses dans lesquelles nous en semons. C'est aussi pour ça que je garde ce cache-goule, car comme vous le savez c'est complètement illégal! Le combat d'Albumen a toujours été de retrouver une certaine forme d'interdépendance inter-espèces. On a toujours connu la cellul'ère et pourtant, pour nous, la cellule c'est l'isolement, la solitude. On en a assez d'ingurgiter des cellules produites en laboratoire dont on ne sait


31 pas grand-chose et sur lesquelles on a aucun contrôle. On nous dit qu'elles contiennent juste ce qu'il faut en protéines, en vitamines, en minéraux, mais qu'est-ce qu'on en sait?

Nathalie Becquée : Je trouve très intéressante la question de l'alimentation humaine, car au cours de cette transition d'alimentation matérielle à alimentation cellulaire nous avons perdu beaucoup de choses culturellement parlant. Nous savons que l'alimentation de nos ancêtres était ritualisée, des éléments nous amènent à penser que c'était même un art. Des lieux spécifiques étaient dédiés à cela dans l'espace privé, il y avait une pièce dans la maison -la cuisine- qui servait à la préparation de l'alimentation, et pour rebondir sur ce que tu disais, contrairement à l'alimentation cellulaire, l'alimentation matérielle se faisait en groupe. Lo nourrisseul: Oui! Finalement le nourrissage des pigeols nous a amené à nous poser la question de notre alimentation. Depuis quelque temps, nous expérimentons un retour à l'alimentation matérielle et nous intégrons du gluten à celle-ci dans l'idée de partager des moments de nourrissage avec les pigeols. Nathalie Becquée: Nous arrivons à la question tant attendue! Les rumeurs sont vraies? Certainls d'entre vous ont réédifié leur anus?

Lo nourisseul : (rires) Oui les rumeurs sont vraies! Certainls des membres d'Albumen se sont fait opéræs et ont désormais des anus opérationnels. Ols peuvent désormais uniquement s'alimenter matériellement si ols le veulent. Ols font aussi des déjections. Nous travaillons désormais avec l'association italienne Digestione qui lutte pour la légalisation de cette opération et qui, en attendant, opère clandestinement les personnes voulant se convertir à l'alimentation matérielle.

Nathalie Becquée : Fascinant! A quoi ressemble vos déjections?


Lo nourrisseul : Elles ne ressemblent à rien que je connaisse et ce ne sont jamais les mêmes. En général, la matière fécale a une odeur assez forte qui ressemble à celle de l'eau croupie, de la décomposition, de la charogne, mais pas toujours c'est parfois un peu plus floral. Au niveau couleur ça dépend vraiment de comment la personne s'est alimentæ: jaune, vert, brun, orangé, mais toujours plutôt foncé je trouve. Au niveau de l'aspect il y a de tout. Certains étrons sont très lisses et d'autres beaucoup moins. Yn copainl artiste travaille désormais sur cette matière fécale. Ol a installé ses étrons en motifs sur le parquet d'une galerie à Sporange. Le bulldine date de l'art neuf et a une fresque typique au plafond. Il s'opère une sorte d'écho entre la merde et le plafond, c'est très beau.

Nathalie Becquée : Magnifique! C'est très intéressant ce regain d'intérêt pour les matières fécales. Nous assistons à un véritable changement de paradigme dans la perception de nos selles. En effet, celles-ci étaient marquées d'un tabou très fort durant l'ère agroculturelle. Nos aïeuxs avaient même du dédain pour les déjections d'autres espèces. Comme je l'ai dit plus tôt, ols ont abattu en masse des populations de pigeols urbainls à cause de leurs déjections soit disant 'corrosives”.

Lo nourisseul : Et c'est là tout le paradoxe! Au contraire, la fiente de blæs sauvages est particulièrement nutritive pour les zones terreuses. Nous pratiquons d'ailleurs la collecte de fiente pour nourrir nos jeunes cultures. Nous les mélangeons à nos propres déjections pour recréer au mieux une situation de copinage.

Claude Oligo: Mes Eucaryotes, je vois qu'ol est malheureusement déjà la rotat'woir de mettre fin à cette superbe bavette ! Nathalie, nourrisseuls, yn granl merciz à vous d'avoir accepté mon invitation. Je crois ne pas trop me tromper en disant que vos recherches ont su captiver l'écoutience du jour !


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: come together (sans les propriétaires) Nous-les-noyaux n'a pas d'idées. Comme les chiens. Maintenant je passe mes nuits dans les forêts. Je n'ai plus peur des branches qui craquent, ou plutôt si : j'ai peur mais j'aime avoir froid jusqu'aux os. Je n'ai pas toujours peur tu sais. J'ai peur des silhouettes des arbres qui se déplacent à la nuit tombée. C'est fascinant. Je n'ai pas peur. C'est fascinant et terrifiant. Je me sens traqué. Par les humains surtout, ce sont eux qui me font peur. Ils ont de sales idées. Je n'ai pas d'idées. Comme les mouches, comme les pins. Je n'ai pas peur. C'est les autres qui ont des idées, moi je n'ai pas peur. C'est pour lutter contre leur peur qu'ils se sont mis à avoir des idées. Eux, les petits garçons, ce sont les propriétaires. chiffes-molles Mort les idées mords Il est plus important d'être-là que d'avoir des idées. S'ils savaient seulement ; s'ils avaient seulement moins. S'ils avaient moins d'idées, de maisons, de chiens, de maisons de chiens. Les chiennes et les chiens ne possèdent rien. Pourtant on leur donne des jouets et iels finissent pas se bouffer le flanc ou la mâchoire. Les propriétaires en arrivent aux mêmes conclusions : ils se déchiquètent sans états d'âmes. À la limite, pourquoi pas. Ce qui est inacceptable, c'est qu'ils essayent de rêgner sur les choses - c'est à dire sur la réalité, sur tout ce qui ne se définit pas ; c'est à dire sur tout ce qui n'a rien à voir avec la propriété. La terre-pleine elle-même pleure de ces atteintes aux réalités-choses. Maintenant je passe mes nuits dans les forêts. Parfois perché dans un arbre, mais le plus souvent par terre, enroulé à un tronc, une pierre, un creux. Je dors bien car je me suis endurci ; ou plutôt non (je ne suis plus fort de rien), je me suis amolli. Ma peau s'étire, s'étend au flanc des écorces. Les pommes de pins ne percent plus. J'embrasse. J'utilise parfois de la salive pour adoucir le contact. Je lèche les pierres comme ton corps. Petit à petit, la peau prend des couleurs de vie : grisâtre et marronnasse, un peu bleu/vert. À présent, mon épiderme accueille les traces des autres sans être fragilisé. La surprotection l'avait rendu malade (maladif), moribond, trop pâle. Lambeau se frotte un peu trop fort contre la roche, son corps se défait dans le paysage, et perd la boule. : tu te rends compte mon corps est fondu, il est à la fois les genêts et le granit, je ne le reconnais plus, mais seulement est-ce que je le reconnaissais ? Est-ce que c'est triste d'être une paysage ? On est pas obligé pour l'individualité. Ça ne tient pas. On est beaucoup plus choses que ça. Lambeau et N-L. Noyaux engagent une lutte armée contre les propriétaires. Leur plus grande arme, c'est de n'être rien. C'est à dire d'être toute la réalité. Le combat se fait à mains nues. Les odeurs corporelles prennent le dessus. Chiffon et L-N. Pépin terminent dans une jouissance commune. Les propriépères face à une pareille scène d'amour se sentent extrêmement seuls, ils refusent de pleurer. Ils disent : nous sommes fiers/seuls. Tout le monde rigole car ça ne tient plus. Ils repartent la queue entre les jambes.


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Si c'était aussi simple que ça. Rien n'est si simple pour Hélène Pépin. Elle en rêve pourtant. : je ne possède rien, ni les chiens, ni les champs. Je ne possède rien car je n'ai pas d'idées. Je n'ai pas idée de laisse ou de clôture. Ma non-possession et mes non-idées me permettent finalement de ne pas être possédée à mon tour. C'est sûr que si j'avais une laisse pour ma chien, je serais bien obligée d'y être tenue à l'autre bout. le reflet de la chienne puis vient un sentiment de dégoût : une chose est sûre : si je possédais mon chienne, j'en viendrais à la détester car elle ne serait jamais suffisemment proprement à moi. Limbo Chiffon essaye de creuser dans la réflexion d'Haleine P. : La liberté est possible à partir du moment où je ne possède rien. L'empathie est possible car je ne possède pas. L'amour est possible si je ne possède pas. Jouir ensemble est possible quand je ne possède rien. C'est pourquoi la seule révolution possible sera celle de la non-possession, et elle se fera dans la forêt. Les propriépères ont une peur bleue des forêts et de la révolution car, à ce moment, ils perdent leurs possessions. des enfants tenus en laisse Maintenant je passe mes nuits dans les forêts. Je vis en communauté avec des blaireaux, ils ne sont ni propres ni pervers. Ils ne sont pas propriétaires. Les propriépères ramassent leurs dents. Plus rien ne tient pourtant ils essayent avec du scotch. Et ça peut en avoir l'air. C'est avec du carton-pâte qu'ils assoient leur pouvoir. Leur pouvoir de mort et de défiance. Ils arrivent à tenir car ils disent qu'il faut se méfier des autres. Ils disent : votre vie est entre vos mains, il suffit seulement de la gagner. Limo Chichi et Al Noyé entrent dans une colère noire. : ce n'est pas vrai, ils nous crachent à la gueule et nous demandent d'essuyer. baltringues Nous sommes incapables oui, incapables de haine, mais nous sommes en colère. Maintenant je passe mes nuits dans les forêts. Ici, les choses sont fluides et rondes ; il n'y a ni but, ni heure, ni couleur franche. Je caresse tes pieds, ils prennent une odeur de résine. On a les genous imbibés de terre et une limace sur le mollet - nous sommes tout ce qu'il y a autour. Nous sortirons à l'aube pour les effrayer.


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Etherée Elle est apparue. Souvenir subtil me transperce, Peau dorée par le soleil Ma mie je dévore de vous chaque parcelle. Peau salée je m'enivre de vos chairs épicées Les sucs sucrés de vos extases éblouissantes Me délectent au point du jour comme à l'orée crépusculaire. Traversées oniriques en plein éveil, Le vent ne me caresse qu'en echos a ton souffle chaud, J'ai enlevé mon maillot pour laisser la brise se faufiler entre mes cuisses. Mes affaires sont encore humides, Elles n'ont jamais séché. Je retrouve des grains de sable dans les interstices. Comme autant de particules semées par ton corps sur mon fiévreux passage. Autant de souvenirs parsemés dans les coins et recoins, Les plis de mes vêtements, Le fond de ma valise. Vagues et marées submersives, Peut-on changer ses larmes en cyprine? Humeurs et hémoglobine, D'une seule et même source s'écoulent. Nos eaux, mélangées par la houle. Sur le rivage les embruns me caressent, Comme un voyage dans tes abysses. Souvenir subtil me transperce, Comme une envie de boire la tasse.



Partie 2

Je

te croiserais peut-être ce soir om, Proud M es eau Depn42 Juliette B

carpaccio de betterave

, Gufo p43

Les dernières guéri.llèr es, PJ Horny aire p44 ton sexe m'écl Dans la nuit, allart Fanny Lp5 , 0 r' e w in your arms, Lyrics ‘Po y ga n n tal JS Do p56 54



42 On est quatre dans le lit, on attend l’arrivée des vacances. On mange pour éponger la veille et je lance la quadrilogie Twilight sur mon ordinateur. Au dernier volet, l’héroïne soumise et épanouie réussit enfin à établir l’ultime connexion avec son âmesoeur de vampire et tombe enceinte. Après une lune de miel où il manque de lui briser les os tellement il l’aime, elle se rend compte que ses règles ont du retard et sent soudain un coup violent dans son abdomen. Le bébé vampire est là et va donc lui sucer le sang de l’intérieur pendant toute sa grossesse. La naissance a lieu dans le manoir ultra tech de la famille Cullen et la pauvre humaine est en phase terminale quand les premières contraction arrivent. Le bébé mortvivant finit par trouver la sortie et la mère est laissée pour morte dans le beau bureau vitré. À ce moment là son mec vampire désespéré lui injecte une dose de son venin en plein coeur à l’aide d’une seringue géante qui doit servir aux ponctions lombaires, dans l’espoir de la transformer en buveuse de sang et comme il stress il finit par lui percer le corps entier avec ses dents pointues pour augmenter les chances de réussite du projet. Ça me rappelle le texte de Cookie Mueller quand elle raconte son accouchement. «La nuit où Max est né les chiens errant marchaient par meute. La lune était devenue sang et les chiennes affamées lui hurlaient comme des folles. » ou quelque chose comme ça. J’étais tellement absorbé par le film que j’ai à peine remarqué que vous vous êtes toutes les trois habillées pour partir. C’est les vacances. Et prétendre que tout va bien. Jouer aux cartes avec les mêmes règles puis monter me coucher, juste 2mn après toi. Là je te trouves, écroulée sur le lit. Tu réponds pas quand j’appelle ton nom. Tu suces ton pouce. Je m’endors à côté de toi en me demandant à quel point tout ça rapproche nos cauchemars les uns des autres. Et prétendre que tout va bien. Se lever, manger la même nourriture, plaisanter. Plaisanter énormément. Cultiver les blagues les plus longues et bonnes car il faut entretenir ce qu’il nous reste de réactions prévisibles. En moyenne 3h34 sur mon téléphone/jour. J’y ajoute des minutes en écrivant car j’ai pas envie d’écrire sur un carnet. Plus simple de pouvoir rapidement alterner avec insta tiktok, tout ça en même temps. @jessicathivenin et @stephaniedurant sont enceinte jusqu’au cou ça m’angoisse. @jessicathivenin a les seins ultra gonflés de lait et de Botox, ça ne devrait plus tarder. @stephaniedurant elle, est complètement obsédée par la déco de la baraque à Marseille. Je mate des accouchements en gros plans sur la page de @badassbirthgiver. Je pense au stérilet au cuivre je me demande si je peux pas me l’enlever moi même. Tout ce sang c’est improbable. On sort on balade le bébé qui a besoin qu’on l’occupe et on se retrouve au milieu de cet enfer des relations familiales qu’est un parc d’accrobranche. Des centaines de gosses harnachés qui grimpent aux arbres en hurlant « MAMAAAAAAAN » chaque fois que l’arbre est trop haut. Et malgré ça j’ai une espèce de moment intérieur très fort où j’imagine presque l’odeur qu’aurait mon bébé. Il aurait l’odeur des aiguilles de sapin sous mes pieds, en plus tendre, et il aurait surtout l’odeur de mon ventre, du sang, en plus tendre. J’ai jamais eu autant envie de faire un enfant.

Proud Mom


le carpaccio est inventé en 1950 ou 1963 selon les sources, par le chef Giuseppe Cipriani, fondateur du Harry’s Bar sur le Grand Canal, près de la place Saint-Marc, de Venise, pour sa cliente, la comtesse Amalia Nani Mocenigo, à qui son médecin conseillait de manger de la viande crue. oui Amalia, ne perds pas ton temps en cuisson, grillade, bouillon, étuve, mijotée, feu, four, flamme, gaz. économise les dépenses d’énergies. ta bouche est assez chaude pour dorer cette cuisse de boeuf. ton oesophage suffisamment acide et rugueux pour fondre les chairs vives et sanglantes. ta peau sera aussi rayonnante de vie que la fraîcheur à moitié ranimée des vivants que tu croques. ce jus de betterave avec son goût de terre sucrée, remplira ta langue d’intrigues. aimes-tu cette saveur ? sans doute, parce qu’elle te surprend un peu à chaque fois. les betteraves font l’objet d’études poussées de la part des botanistes, notamment quant à leur système de reproduction, les effets de la sélection naturelle ou agricole ou du changement climatique sur la diversité génétique, les liens entre polymorphisme pour l’autofécondation et la diversité génétique. /// carpaccio de betterave /// carpaccio de betterave ///

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Il semblerait que la salive soit devenue un fluide chargé d’un nouveau danger. Je pense tout le temps à la fête et au sexe, aux situations de promiscuité, d’intimité. Bien sûr que le fait de devoir rester à distance des unxes des autres produit une obsessions des peaux qui se touchent. Ces derniers temps les fêtes sont importantes, l’espace entre deux corps est politique. Elles rendent visibles ce qui nous fait tenir. Nos bras, nos mâchoires, nos nuques tendues. Et quand on se retrouve à danser toutxes ensemble, on continue à se rouler des pelles pour voir ce que ça fait. Il y a des soirs comme ça où l’amour circule beaucoup entre nous. Est-ce que tu penses qu’on va réussir à se faire du bien pour toujours ? On pourrait écrire une histoire de l’année qu’on passe à travers une chronologie des fêtes. Celle dans le salon, la cuisine,


51 OH MDUGLQ OD YRLWXUH OD VDOOH GH EDLQ OD FDJH G¶HVFDOLHU &HOOHV GDQV OHV VTXDWV /HV IrWHV GDQV OHV MRXUQDX[ © &HV MHXQHV TXL IRQW OD IrWH ª /D UDYH SDUW\ HQ %UHWDJQH /D UDYH HQ 6DYRLH ,O \ D FH TXH O¶LQWHUGLFWLRQ GH IDLUH OD IrWH IDLW j OD IrWH 7RXV FHV PHFV TXL QRXV GLVHQW TXRL IDLUH j OD WpOp 'HV IDQW{PHV j F{Wp GH QRV FRUSV FKDUQXV HW WUDQVSLUDQWV TXL VH IURWWHQW 3DSD D GLW j OD WpOp /HV FRQWUDLQWHV H[WpULHXUHV j QRXV VRQW WHOOHPHQW IRUWHV HW LQIDQWLOLVDQWHV TXH oD QRXV IDLW YLYUH FROOHFWLYHPHQW XQH GHX[LqPH FULVH G¶DGROHVFHQFH 7X PH GLV TXH FHW pWp W¶DV DQV HQ UpDFWLRQ IDFH j O¶DXWRULWp SDUWHUQDOLVWH 'HV SXWLQV GH IDQW{PHV FRPSDUpV j QRV GHQWV EULOODQWHV HW SRLQWXHV TXL WUDQFKHQW O¶DLU OHV ELWHV OHV JRUJHV -H IDLV GHV UrYHV GH YHQJHDQFH WRXWHV OHV QXLWV &RPPHQW YHX[ WX TX¶RQ UHVWH FDOPHV " -H WH UHJDUGH -H FURLV LPSRUWDQW GH WH GLUH TX¶DYHF OHV SROLFLHUV OHV PLOLWDLUHV OHV JDUGHV IURQWLqUHV OHV DJHQWV GH VpFXULWp IHUURYLDLUH OHV FRQWU{OHXUV OHV JHQGDUPHV OHV EDQTXLHUV OHV SURPRWHXUV OHV UHVSRQVDEOHV PDUNHWLQJ MH Q¶DL MDPDLV IDLW O¶DPRXU 7X WURXYHV oD SUpWHQWLHX[ HW M¶DL HQYLH GH WRL GH WHV PDLQV ¿QHV TXL WULSRWHQW FRPSXOVLYHPHQW OHV pODVWLTXHV GH WRQ PDVTXH &¶HVW OH JHQUH GH JHVWH TXH OHV JHQV IRQW PDLQWHQDQW -H FRPSUHQGV SDV M¶DL FH WUXF TXL PH GRQQH GHV UqJOHV K\SHU DERQGDQWHV XQ ÀX[ KpPRUUDJLTXH VDQV ¿Q /D J\QpFR PH GLW TXH F¶HVW V UHPHQW SDUFH TXH MH VXLV DPRXUHXVH HW TXH M¶DL OHV KRUPRQHV FKDPERXOpHV 2Q VRXV HVWLPH YDFKHPHQW O¶LPSDFW GH O¶DPRXU VXU QRV JODQGHV PRQ FRUSV ERVVH Oj YLGH WRXW FH TX¶LO D j YLGHU HW F¶HVW RN '¶81( %$//( '$16 /$ 7Ç7( (00$18(/ 0$&521 4XDQG RQ HVW SDUWLHV j 'RXDUQHQH] FHW KLYHU LO IDOODLW TX¶RQ DLOOH DX ERXW GH TXHOTXH FKRVH FRPPH RQ HVW DOOpHV DX ERXW GX FRQWLQHQW VXU OD SRLQWH GX 5D] VH IDLUH IRXHWWHU OD JXHXOH SDU OH YHQW /D SODJH HVW OH SRLQW GH FRQWDFW HQWUH XQH WUqV JUDQGH pWHQGXH G¶HDX HW XQH WUqV JUDQGH pWHQGXH GH WHUUH &¶HVW XQ OLHX R OHV JHQV VH UHSRVHQW HQ IDPLOOH QH SDUOHQW SDV SROLWLTXH &H VRLU M¶DL FRPSULV TXH OH VH[H TXH WX DOODLV IDLUH RX QH SDV IDLUH VHUDLW LPSRUWDQW TXDQG M¶DL YX TXH WX QH WRPEDLV WRXMRXUV SDV GH IDWLJXH 2Q D RXYHUW OHV KXvWUHV XQH SDU XQH SDUFH TXH F¶pWDLW PRUW TX¶XQ PHF V¶HQ FKDUJH ,OV pWDLHQW TXDQG PrPH SODQWpV Oj j QRXV UHJDUGHU 3DV XQH VHXOH JRXWWH GH VDQJ Q¶D pWp YHUVpH -¶DL GDQVp DYHF WRL MH UHVVHQWDLV EHDXFRXS G¶DPRXU GH QRVWDOJLH GH WHQGUHVVH WRXW oD ¬ XQ PRPHQW M¶pWDLV YUDLPHQW UDLGH MH VXLV DOOpH P¶DOORQJHU XQ SHX -H PH VHQV ELHQ TXDQG MH VHQV SOXV ULHQ HW TXH YRXV rWHV GDQV OD SLqFH G¶j F{Wp /H JHQUH GH SKUDVH TXL SRXUUDLW LQTXLpWHU PD PqUH /HV SHUVRQQHV TXL HQWUHQW


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53 OH WD] UHGHVFHQGH -¶HVVDLH GH PH GpWHQGUH 3HWLWH M¶pWDLV WHUURULVpH j O¶LGpH TX¶XQH VRXGDLQH PRQWpH GHV HDX[ QRXV SLqJH PRQ IUqUH PD V°XU HW PRL SHQGDQW QRWUH VRPPHLO $OORQJpH GDQV OH QRLU MH PH UpSpWDLV LQODVVDEOHPHQW FH TX¶LO IDXGUDLW IDLUH SRXU VXUYLYUH -¶DYDLV pWDEOL XQ RUGUH SUpFLV GH JHVWHV SRXU TX¶RQ V¶pFKDSSH VXU OH WRLW -H IHUPDLV OHV \HX[ HW SRXU P¶HQGRUPLU MH PH YR\DLV PH OHYHU SUHQGUH OH SUHVVH SDSLHU FKHYDO HQ EURQ]H VXU PRQ EXUHDX FULHU HW UpYHLOOHU PRQ IUqUH HW PD V°XU SUHQGUH O¶HVFDEHDX RXYULU OH JUHQLHU PRQWHU DYHF HOOHX[ FDVVHU OD YLWUH GX YLHX[ YHOX[ DYHF OH SUHVVH SDSLHU QRXV KLVVHU WRXW[HV OHV WURLV VXU OH WRLW VHF HQ VpFXULWp HQWRXUp G¶HDX (QFRUH PDLQWHQDQW MH FKHUFKH GHV IDoRQV GH P¶HQWUDvQHU PHQWDOHPHQW j IDLUH IDFH DX[ FDWDVWURSKHV SRXU WURXYHU OH FDOPH )DXW TX¶RQ VHUW OHV UDQJV Oj RQ OH VDLW WRXWHV HW oD FKDQJH QRWUH IDoRQ GH IDLUH GX VH[H GH WRPEHU DPRXUHXVH GH QRXV OLHU G¶DPLWLp ,O \ D FHWWH PHXI TXH M¶DL FURLVpH TXL HVW SHUVXDGpH TXH ORUVTXH O¶HIIRQGUHPHQW YD DUULYHU RQ YD WRX[WHV V¶HQWUH WXHU 4X¶LO IDXGUD rWUH SUrWHV $YRLU GHV DUPHV HW VDYRLU V¶HQ VHUYLU (OOH LUD GpFURFKHU OHV VDEUHV GHV PXUV GH VRQ FOXEV GH NDUDWp HW SDUWLUD j SLHGV HQ 'RUGRJQH (OOH PH UDFRQWH O¶KLVWRLUH GH FH FRXSOH HQ WUDLQ GH VH VpSDUHU DSUqV DYRLU YpFX XQ WHUULEOH LQFHQGLH GDQV OHXU PDLVRQ XQH QXLW /XL D SDQLTXp HW V¶HVW EDUUp WRXW VHXO HQ ODLVVDQW VD PHXI HW OHXUV HQIDQWV j O¶LQWpULHXU (OOH D UpXVVL j OHV VRUWLU HW LHOV RQW VXUYpFX PDLV HOOH QH SHXW SOXV VXSSRUWHU O¶LGpH GH UHVWHU DYHF OXL (OOH PH GLW &¶HVW O¶LQVWLQFW GH VXUYLH oD WX Q¶HV SDV GDQV WRQ pWDW QRUPDO HQ FH PRPHQW F¶HVW SDUHLO -H FRPSUHQGV ULHQ j OD VLWXDWLRQ ¬ FH TX¶LO IDXGUDLW IDLUH HW GDQV TXHO RUGUH SRXU SDV VH ODLVVHU HQJORXWLU 0DLV TXDQG YRXV SRVH] YRWUH PDLQ VXU PD QXTXH MH PH FRQFHQWUH VXU OH IDLW TXH M¶DLPH oD HW oD PH FDOPH -H VDLV TXH WRXW WLHQW VHXOHPHQW SDUFH TXH MH VXLV HQWRXUpH GH SHUVRQQHV TXL VDYHQW FH TX¶DLPHU YHXW GLUH -H GRUV EHDXFRXS -H PH EUDQOH 6XU OH UHERUG GH PHV GRLJWV GpSDVVH OH YLGH -H OqFKH WRQ YLVDJH FRPPH RQ FUHXVH XQ WURX


54 Power I got I got I got I got A power U got u got u got u got the same power Power of life Power of death Power of death construction Power of love Power of sexe Power of desconstruction

Non gendered biiiiiiiiiiiitch Bitch Bitch Bitch Bitch Bitch Bitch Bitch Bitch I'm a fucking biiiiiiiitch U'r a fucking damn biiiitch Enjoying This This This This Bitch Bitch Bitch Bitch They need to feel it We got we got we got it Fucking yeah we got it


55 Hard discount Givethefuckingmoneyofyourfuckinglunch Givethefuckingmoneyofyourfuckinglunch Givethefuckingmoneyofyourfuckinglunch Givethefuckingmoneyofyourfuckinglunch Looplooplooplooploop Looping Looplooplooplooploop Looping (high) Givethemoneygivethefuckingmoney Givethemoneygivethefuckingmoney Givethemoneygivethefuckingmoney Givethemoneygivethefuckingmoney

Record, Loop n Superpose everything Continue with new sentences if you find nice lines including : money, fucking and a verb (ex: give, steal, grab, burn, fuck etc...)


56


in your arms sakuraxino yuri fan ction femslash, lemon/lime, naruto

- Tu vas le faire ?

Debout sur le tatami, elles sont si proches que leurs respirations se rencontrent et se mélangent déjà. Le feu de leurs yeux bleus est absorbée par la moiteur de la chambre.

- Tu le sauras si tu continues.

Sakura ne tient plus. Elle bondit sur Ino comme une sauvageonne. Elle l’attrape et mord la chair de sa cuisse à l’endroit le plus tendre, dans le creux vulnérable où la jambe se replie. Le cri d’Ino éclate dans la pièce. Sakura se redresse à demi. Un let translucide coule sur ses lèvres. Elle respire fort. La forme de ses incisives est gravée dans la peau de sa rivale de toujours. Son goût a infusé sa salive - c’est un goût de fleur. Sakura l’observe, dans l’expectative, ne pouvant réprimer un sourire de défi. Mais Ino contemple Sakura avec la froideur exemplaire des kunoichis, et, comme le font les dominatrices, sans la regarder. Elle la méprise doucement - comme à l’époque du jardin d’enfant où elle la poussait dans les orties, lui faisait avaler des insectes, et glissait des ronces sous son t-shirt. Ino se lève, abrupte, face à Sakura. Elle s’approche et annule la distance qui les sépare. Elle attrape ses cheveux roses d’une main, et de l’autre fait brutalement ployer sa nuque. Accroupie à sa hauteur, elle susurre à son oreille. -

...Ca te rappelle la forêt de la mort ?

Sakura voudrait qu’elle lui broie la gorge, la brise sans ménagements. Elle jubile de ce pouvoir qu’Ino exerce sur elle, son injustice, son caractère absolu ; c’est bien là la révélation de son désir.


Sakura devient liquide, soupe primordiale qui bouillonne sulfureusement. Dans son transport elle est agitée des mêmes spasmes que, plus petite, elle cachait pendant les exercices de shuriken, quand elle regardait Ino se cambrer, bander l’avant-bras, et toucher la cible. Comme plongée dans un genjutsu voluptueux, Sakura subit dans sa chair la répression de ses pulsions, leur intensité secrète. Et Ino transpire, consumée par le lent brasier qu’elles avivent ensemble. Avec ses mains, elle forme le sceau de la technique de Transposition.

-

Shintenshin no Jutsu.

Au moment où son esprit quitte son corps et se projette dans celui de Sakura, elle plonge dans les méandres de cette psyché qu’elle n’avait su conquérir de force lors de l’examen. Aujourd’hui à sa merci, elle lui ouvre enfin les portes de la perception.

-

Mmh... donc c’est à ça que tu penses quand tu prends cet air contrarié.

En lieu d’amante, Sakura est sa possession, sa propriété. Sakura est son trophée. Et c’est cela que Sakura désire, qu’elle demande sans l’exprimer : la sensation d’avoir perdu tout contrôle sur l’entièreté de sa personne, de se trouver spoliée de son libre arbitre ; ni exactement en danger ni tout à fait en sécurité : la sensation de n’être qu’un objet, un objet obéissant, un outil de facture parfaite. Si le sang de Sakura est à Ino, et il est tout aussi vrai du contraire : c’est à Sakura qu’est son sang. Rien à cet instant ne saurait l’exalter davantage que cette certitude. Et rien ne saurait la libérer plus encore que de l’ébranler, de la briser tout d’un coup ; car c’est à cela et cela uniquement que servent les certitudes. Ino rompt brusquement le sortilège. Elle rapatrie son esprit vers son corps originel, laissant l’autre pantoise, haletante et prosternée.

-

On switche.

Peu importaient leurs rôles. Elles en transcendaient le sens et les limites. Elles voulaient simplement se mesurer l’une à l’autre, se faire violence ; constater le fruit de leurs entraînements. Sakura se repositionne, desserre son harnais. Sous les sangles les longues griffures qui ont marqué sa peau opalescente scintillent encore. Des doigts qui agrippent fermement les racines de ses cheveux roses, elle sent la chaleur crépusculaire. La main d’Ino se perd et s’enfonce. Elle tire, tire à lui brûler


les follicules, l’attire à elle. Puis elle la repousse. Violemment jetée sur le sol de la chambre, Sakura sourit, écume, rampe comme possédée.

-

Malaxe ton chakra, petite pute.

Elle demande à ce qu’Ino l’étrangle, à ce qu’elle la heurte. Mais elle n’est pas sans savoir qu’elle doit mériter sa violence. Aussi rapidement que la température chute et durcit les aréoles sous son harnais, Sakura passe de la proie au prédateur naturel ; Ino passe de la maîtresse à la petite ingénue. Sakura se lève. D’une seule main dont elle retient la force prodigieuse, elle met Ino à genoux et la surplombe dédaigneusement à son tour. En caressant sa joue elle semble réfléchir à toutes les manières dont elle pourrait l’humilier, aux idées de vengeance que son brillant cerveau saurait concevoir ; aux lancinants supplices qu’elle lui ingérait. Elle l’aime assez pour lui tordre la colonne vertébrale.

-

Fais-moi ce que Sasuke-kun ne pourra jamais.

Sakura la plaque sur les tatamis, vindicative. Sur les rectangles s’enfoncent leurs corps musculeux, huilés, pleins d’énergie pure exsudée par tous leurs tenketsus. Le chakra d’Ino brûle ses paumes. Sakura s’allonge sur sa promise. Ses bras s’enroulent et se referment autour d’elle. Il lui suffirait d’un seul geste pour briser ses os, la réduire à une pulpe. Une insoutenable et merveilleuse violence les tient toutes les deux suspendues. Leurs corps fébriles s’épousent et se mélangent avec une sauvagerie sombre, instinctuelle. Sakura despotique s’approche et murmure à l’oreille d’Ino, dont elle voudrait ronger le cartilage,

-

Je passerai chuunin pour toi.

Sa voix est de plus en plus basse, inférieure à la température de la chambre, inférieure à l’ombre que leurs corps projettent ensemble sur le mur, au mouvement que son bassin n’a pas encore fait. Ino ne bouge pas, ne parle pas. Elle sait qu’il n’y a rien à dire, rien de plus délicieux que d’être à sa merci, rien de plus intense que le corps de l’autre comprimant le sien. Mais soudain, un bruit sourd éclate au milieu de leurs respirations synchrones. Les shojis fermés s’ouvrent en coulissant. Quelqu’un vient d’entrer dans la pièce...

~ À suivre


Partie 3

On m'a parlé.e de toi un jour Aurilian

avis, Une vie sansp 62 Lois Boullu

Pour toi j'irais pousser à la salle bébé, Louvi p74

usie b

S Lettres,

p65

p70

ng e to you c i v d ‘a d Lyrics Copelan p76 a g n I ’, girls

mousse à la figue, Gufo p75

Leo, leo p77

pianism o t .u r e b cy 68

Nocturn

p86

e Diurne

: versités , i d t e e niqu trice e électro devient préda u q i s u M ité p87 'inclusiv quand l Victor



62 Une vie sans avis Plusieurs images distinctes me viennent de ma « vie d’avant ». Une vie où il n’était pas rare que je suive mon interlocuteur sur le départ pour l’empêcher de se soustraire à une discussion. Où je ressentais une légère angoisse à l’idée que tel ou tel sujet soit abordé à la cafétéria, parce que je savais que ça allait se terminer par la réalisation que tout le monde était parti par ennui de la discussion que j’entretenais, et que seul un peu d’égo et de bienveillance retenait mon interlocutrice. Où je ne supportais pas l’idée d’avoir un avis, une opinion, sans être capable de convaincre toute personne qui ne serait pas d’accord à ce sujet-là. Ma sensibilité sur ce point-là n’a pas changé : j’ai toujours du mal à avoir un avis si je ne suis pas capable d’en convaincre n’importe qui. Mais j’ai beaucoup moins d’avis. Serrer l’avis En 2015, j’ai rencontré par hasard Jen, une anarcho-capitaliste qui m’a initié immédiatement à la spécialité de ce courant de pensée : le questionnement de la légitimité des ordres et contraintes des sociétés actuelles. L’idée centrale est que si vous voulez imposer quelque chose à quelqu’un, vous devez lui expliquer pourquoi. Sauf qu’en lieu et place des idées courantes (mérite, justice, redistribution), les anarcho-capitalistes n’acceptent qu’un seul type de justification : il n’est légitime d’attenter à la liberté de quelqu’un que si il aurait empiéter la liberté de quelqu’un d’autre sans cela. C’était la première fois que j’avais une vraie opinion, c’est-à-dire la certitude d’avoir raison, la certitude que quiconque était en désaccord avec moi avait forcément cédé à l’irrationnalité. L’avis, hum, trouve toujours un chemin J’aimerais beaucoup discuter avec mon moi d’alors, pour comprendre d’où venait mon enthousiasme à discuter autant. Peut-être que, réfléchissant beaucoup tout seul, il m’était difficile de me retenir de discuter de tel ou tel sujet quand l’occasion se présentait. Il est devenu encore plus difficile de se retenir lorsque je suis passé de sujets préoccupants en principe (ex. les impôts) à des sujets impliquants de vraies


63 souffrances (l’école, l’exploitation animale, les inégalités de richesse). Si je m’agaçais déjà bien que les gens ne soient pas capables de justifier les premiers, je suis devenu presque agressif lorsque j’en suis venu aux seconds. À l’avis, à la mort En regardant en arrière, les désagréments occasionnés sont évidents, et découlent tous du corollaire indispensable de cette posture d’ultra des avis : l’aseptisation des discussions, la mise à l’écart du sensible au profit du « logique ». L’expression d’une opinion sur les dernières élections à la cafétéria n’a certes pas la même solidité que l’énonciation d’un théorème, mais elle n’en a surtout pas les mêmes buts. En particulier, cette expression et les autres ne prétendent en aucun cas être dépourvues d’une composante émotionnelle, et c’est peut-être même ce qui rend les conversations aussi intéressantes. En m’élançant contre les géants de l’irrationnalité, j’avais l’impression d’accomplir un grand destin, alors que je ne faisais guère plus qu’empêcher de tourner pendant quelques dizaines de minutes les moulins de la conversation, pourtant bien inoffensifs. Les moulins amochés sur mon chemin sont nombreux, autant que les tentatives de compréhension qui auraient pu être entamées et qui ne verront surement jamais le jour. Gravé dans ma mémoire, cette soirée anniversaire d’un ami à mes parents, où j’ai occupé une bonne partie de l’attention en argumentant sans relâche pendant plus de deux heures de l’inexistence de la démocratie et de la nocivité de l’école obligatoire. Je me suis vu ne pas être capable de retenir mon besoin d’explications « théorème », même quand il devenait évident que l’ambiance devenait désagréable pour quiconque était assez proche pour m’entendre converser. Un besoin dont je me sentais d’autant plus encombré quand je me suis aperçu du mélange entre gène et incompréhension dans lequel j’avais mis mes parents. L’avis devant soi Il me faudrait une dizaine de paragraphes pour faire le tour des pires situations que j’ai créé avec mon opiniâtreté. Ce qui rend d’autant plus intrigant le fait que je m’en suis plus ou moins débarrassé aujourd’hui. En effet, par une combinaison de mes lectures et conversations sur l’épistémologie et d’une sensibilité grandissante face à mon incapacité flagrante à faire changer d’avis les gens, j’ai doucement glissé vers l’extrême opposé. Je considère à présent que dans presque aucun cas il est pertinent pour moi d’exiger de quelqu’un qu’il justifie son point de vue à partir des seuls principes que j’accepte. D’ailleurs, j’évite toute formulation qui laisserait entendre qu’en dehors de mes principes il n’est pas possible d’être une bonne personne. Ça


64 ne veut pas dire que je ne vais pas en exprimer le souhait, mais je prendrais le soin de présenter cela comme une demande de soin, d’attention, une manière pour mon interlocuteur de manifester une envie de compréhension et de lien. L’avis privé Dans ma vie personnelle et affective, s’il est désagréable de constater un désaccord, j’accorde bien plus d’importance à l’attitude de l’un et de l’autre une fois le désaccord découvert. Le désaccord ne signale « que » une différence des expériences et des observations de chacun. Alors que ce qui suit cette découverte en dit beaucoup sur le soin, l’humilité, la curiosité, et la volonté de créer du lien de chacun. Les désaccords dans les relations posent des problèmes à tout le monde, et par chance la plupart de mes intérêts personnels sont déjà en lien avec l’humilité, la compréhension, l’imagination charitable des sources de désaccord. Ainsi, si quelqu’un semble peu doué pour gérer de manière bienveillante un désaccord interpersonnel, il aura surement peu à m’apporter dans les autres aspects de ma vie : ce ne sera pas une grande perte de le repousser à un niveau plus « superficiel » de ma vie. Si ces traits n’étaient pas aussi importants pour mes intérêts personnels, je ne sais pas comment je réagirais face à un désaccord douloureux. J’imagine manifester une envie de lien resterait ma méthode de choix. Par là, j’en arrive à la conclusion suivante : si les désaccords sont souvent générateurs de moments corrosifs pour les relations, c’est parce que ni la « créativité dans les désaccords » ni la préciosité du lien ne sont suffisamment importantes aux gens pour motiver les efforts nécessaires. Même s’il faut admettre qu'une telle attitude est d’autant plus facile à avoir qu’on ne se trouve pas dans une position de précarité émotionnelle et/ou matérielle. Pour ma part, l’enjeu de « convaincre ou non que j’ai raison » est rarement très important, de telle sorte que je suis prêt à n’obtenir que la moitié de l’accord que je cherchais si cela préserve le lien. Mais si ne pas convaincre avait un grand impact sur ma santé mentale, mon sentiment de sécurité ou encore ma situation financière, je ne sais pas combien de temps je résisterais à faire usage du mépris, de la culpabilisation et du dénigrement. Même si n’ouvrir que « faire autrement c’est irrationnel » et « faire autrement c’est injuste » comme portes de sortie est couteux pour le lien et la connexion, ces portes-là ont l’avantage d’être difficiles à la tête haute : en situation précaire, pas étonnant qu’on évite d’ouvrir celle de « faire autrement c’est ne pas tenir au lien entre nous ». hatedriving.wordpress.com


65

Je me maintiens en haut, haute-conscience, haute-angoisse, haute-excitation, Pourquoi tu veux écraser mon corps. On devient pas addict du jour au lendemain. Moi je m’en fous un peu de ce que je me fais supporter, je reste toujours là, disponible. En fait le comportement des autres c’est leur problème et peut-être ça me fait du mal mais aussi je m’en fous un peu, enfin je veux dire. Je suis là pour ça. Une validation est une validation, jsuis toujours content qu’on s’intéresse à moi, même si parfois ça craint un peu. Souvent il m’apparaît qu’il faut que je fasse plus de sport pour avoir plus de sexe, c’est avant de comprendre que défoncé il y aura toujours quelqu’un pour me valider. Et des fois je me dis qu’il faut que je me reprenne pour faire les choses dont j’avais vraiment envie, au fond. Mais de quel fond je parle. Un autre sentiment de solitude, mais je suis entouré entouré, Je les ai vu ces mecs, écrasés toujours par le poids de leur enfance, se rendre dans des appartements sombrement éclairés avec des esprits similaires, obscures, et assez atrocement des corps similaires, défoncés dans leurs têtes et se défonçant, durement, les uns les autres, en même temps, l’apogée de la réalisation de soi et le cri reconnaissant la capitulation avant même que le combat ne commence. Le combat le combat, J’ai deviné tes mots et ce en quoi tu crois et découvert la pire moitié en moi. J’ai envie de me déplacer et de me faire pousser les ongles, et gratter.


66 On était près de la voiture et il évitait mon regard. J’en ai tellement marre quand les gens font ça, en général je veux dire. Alors, tu vois, il faut que je le dise, je suis désolé. Tout se passe très vite après que j’ai dit ça, alors je regrette, je pense parce que j’aurais aimé que ça prenne plus de temps. Plus d’espace, du coup là c’est déjà parti. Je m’énerve. Le moteur démarre. Il me raconte comment il a brûlé son esprit, du coup impossible de transmettre quoi que ce soit, y a plus que la parole, et nous deux dans la voiture, assis devant, on se raconte des histoires, je me souviens plus de tout, la prochaine fois j’essaierai de raconter moi aussi mais ce sera certainement des conneries. Enfin y a un potentiel là. Je me dis soit il continue de parler, soit je le frappe. De tous les mecs du coin c’est sûrement le plus fou, menteur et pervers. Ça me fait chier mais j’aime bien ça je crois. Je crois aussi qu’il a baisé mon coloc et je pense que c’est lui qui s’est tout pris. Ça me fait aussi chier d’y penser mais j’aime bien ça je crois. Je regarde son jean pendant qu’il parle, je fixe le tissage de la toile au niveau de son entrejambe, et la couture avec la fermeture éclair, une sorte de pièce de métal à actionner. Enfin, ça m’aide à me concentrer, j’entends ce qu’il me raconte, encore une fois j’essaie de tout retenir pour répéter. Ces connaissances-là elles ont une certaine importance car elles portent une mémoire qu’on dit pas trop en dehors de ce cadre-là, le cadre d’un moment seul à deux dans une voiture. Je pense que ma mère elle aimerait pas trop entendre ça, alors je mens moi aussi. Finalement peut-être moi je suis fou et menteur comme lui et c’est pour ça qu’on passe un peu de temps ensemble même si je le déteste et que la plupart du temps j’ai envie de le frapper. Un jour il m’a dit que j’étais la seule personne qui passait du temps avec lui et lui il me déteste aussi mais pas pour les même raisons. Bref, on arrivait pas à ne pas se voir. Alors que la voiture avance les nuages virent au rose total, je trouve ça rassurant que le ciel s’exprime également, mais on ne le comprend toujours pas. Je veux dire, on le voit tous les jours quand même. Les vibrations du moteur entrent dans mon oreille en même temps que ses mots, dont j’essaie toujours de maintenir le sens, au moins pour que ce soit un peu cohérent. Mon regard fixe toujours au loin, à observer ce voile rosé qui se pose sur la totalité de ce que je vois. Soudainement, un flash, le soleil perce brutalement au milieu de


67 deux nuages, aidé par le vent. Une larme sur ma joue. Lui il a fermé sa gueule, aussi choqué que moi. Une fraction de temps que je n’arrive pas à mesurer et il retourne se cacher, tout s’éteint. Le monde entier se colle sur ma rétine, je ne peux plus cligner des yeux. J’observe l’immensité de l’espace au travers de deux globes, qui s’assèchent, le rose devient pourpre, des mouches lumineuses infectent ma perspective. Le bruit de succion entre mon corps et le monde se fait sourd, un souffle encore, et l’atmosphère se détache de ma surface et du fond de mes yeux : je les gratte avec mes doigts. Il me dit qu’il n’avait jamais vu ça. Ça m’a grave énervé. J’essaie de me concentrer, de me souvenir, de graver dans ma tête cet éclat dont je pourrai dire qu’il eût un jour surgit. Je viens du fond des vagues, du souffle au sud de mon coeur, construit sur la fissure créée par mon père. L’eau qui crève, ton corps. Condition de survie pour mon instinct un éclat d’une autre lame. Le front ébahi et j’arrive au matin l’oeil rouge et la larme fière. Essayer d’avoir du cran, de faire partie de la chaîne spirale et résister avec obscurité à la roue. Je viens du souffle au sud de mon coeur, construit sur la fissure créée par mon père. Je pose le poids de mon corps, le maintenir, Je pose mon épaule, ne pas la détruire. OK on joue c’est parti j’espère que t’as rien cru. Comprends-tu la solitude et la culpabilité des corps qui se découpent, et qui parfois s’arrêtent pour reprendre un peu de lumière ? Je viens du souffle au sud de mon coeur, On va se baiser jusqu’à l’épuisement. Et graver, ici, Cet éclat dont je pourrai dire qu’il eût un jour surgit.


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70 Plus besoin du je t’aime Pour te dire mon amour Nous étions amants avant même de se toucher Car notre amour se trouvait dans d’autres gestes

Dimitri, En partant de chez toi la dernière fois, j’ai buté sur le pot à sous. Toutes tes pièces ont roulé sur le sol et ont tinté dans une sorte de cacophonie. J’ai eu peur de te réveiller mais je me suis retournée et tu as à peine bronché. Tu as seulement émis un doux gémissement matinal. Tu roucoules comme ça aussi lorsque le soleil tape sur ton visage au réveil. C’est un beau souvenir que j’ai gardé de toi, ce matin-là. Tu retenais ton coussin dans tes bras comme si tu enlaçais quelqu’un. Tu as toujours dormi comme ça. Le soir, quand je venais me joindre à toi au milieu de la nuit, tu lâchais ton coussin pour me faire de la place. Je venais quand le bruit de la ville me faisait faire des cauchemars parce que je l’entendais comme un grand fracas à l’intérieur du salon et que je me tournais et me retournais dans le lit. Je trouvais finalement la force de me lever et de venir toquer à ta porte pour me glisser dans tes draps, à la recherche de ta chaleur réconfortante. « Dim.. » je murmurais, « Mmh » « J’arrive pas à dormir dans le salon, je peux venir ?… » puis tu soulevais la couette, les yeux encore endormi. Là, mes petits pieds nus se dépêchaient de venir contre toi. Maintenant quand je suis seule, je m’endors d’épuisement très tard la nuit, presque à l’aube. Pourquoi je n’arrives pas à dormir seule, « comme une grande » ? Ah Mimi Ditri ! J’ai l’impression d’être restée une enfant ou une mignonnerie. Parfois dans la rue, je sautille, et je souris bêtement. Tout à l’heure, j’ai couru en sortant du tram après m’être baladée avec Elouan. J’ai couru pour me réchauffer mais aussi pour ressentir physiquement la joie qui se terrait à l’intérieur de mon corps. J’étais pleine d’une tendresse exubérante, je devais trouver un moyen de m’en décharger, alors j’ai couru avec une grande énergie. L’énergie d’une enfant, contente pour rien, l’air un peu bête. Le froid griffait mon visage mais je m’en réjouissais. Maintenant je suis dans ma chambre, j’écoutes les musiques de films de Hal Hartley en t’écrivant. Je voudrais tant que tu découvres ma chambre, que tu t’y loges toi aussi


71 quelques nuits et que tu t’imprègnes de tous les éléments qui la constitue : Tout est au sol sur le grand tapis ; des dessins encadrés posés contre le mur comme accoudés, une paire d’enceinte style année 2000 effet chambre d’adolescent, mes vêtements éparpillés un peu partout, des tas dans l’coin d’la pièce, des tas dans l’grand panier en osier, des tas dans ma valise pas encore défaite, des morceaux de tissus achetés il y a quelques jours, certains pliés, d’autres étalés. Puis il y a mes livres sur une étagère formant un demi-mur entre mon lit et le reste de l’espace. Il y a toujours pleins de verres abandonnés sur cette étagère. À côté de mon lit, un petit tabouret traîne là avec un tas de livres dessus pas encore lus ou à peine entamés et un bouquet d’hortensias que j’ai récupéré hier en me baladant dans un quartier résidentiel. Elles jonchaient sur le sol, devant une maison, au milieu de branchages coupés. Je me suis piquée les doigts par les ronces qui les entouraient. Une lampe de chevet m’éclaire au-dessus de mon lit, posée sur le radiateur qui me réchauffe le dos pendant que je t’écris. Sur le mur d’en face, il y a ma commode en bois où l’on retrouve le tableau papillon que tu m’as donné. Et au-dessus de cette commode, un miroir rond à l’encadrement argenté que m’a offert Thomas à mon arrivée. Un tas de photos trainent au bord de ma fenêtre, on trouve une photo d’Emilia en haut du tas, assise dans les escaliers de son appartement. Ses long cheveux dépassent de son foulard léopard. La lumière de l’appareil photo éclaire son visage et ses bras dénudés. Une manche est tombée de son épaule, ce qui l’a rend délicatement belle. Ce petit détail accompagne l’image que j’ai d’elle, ce glissement du tissu sur sa peau semble être chargé de toute sa suavité. Parfois, je fume dans ma chambre, et elle sent la cigarette mais d’autres fois l’odeur d’un garçon enveloppe la pièce du souvenir de la nuit passée avec lui. Mes coussins s’imbibent de leur parfum et demeure là plusieurs jours. Je voudrais bien y sentir la tienne. Je m’en souviens encore tu sais. Je me souviens toujours des odeurs des autres. Ou alors les deux odeurs s’emmêlent, comme lorsqu’on fume après l’amour et qu’on renverse plusieurs fois le cendrier sur le lit.

Tu sais, la lettre que je t’avais envoyé m’est revenu. C’est étrange cette incommunicabilité n’est-ce pas ? Même par voie postale je n’arrive pas à te parler. Maintenant que je ne peux plus aller vers toi, mon coeur est loin de moi. J’aimerais t’oublier moi aussi. Mais Même dans mes rêves, tu me fuis, tu tournes ton visage, tu es silencieux. Même dans mes rêves, je vais vers toi et tu ne veux pas me voir.


72

n journa de mo t n e m e enc u comm Anais Nin dit ‘A

l, celui-ci n’en

était pas

son tre adressé à un.’ C’était une let

Garance, mon Garance, ah Boby est rentrée à Marseille. Heureux, fatigué, douteuse : elle ressent une certaine légèreté d’être mais avec des questions qui la turlupine pense-t-elle. De là-bas, il lui reste le souvenir du pollen blanc voletant comme des flocons de neige printanier, s’échouant, buttant contre le trottoir et formant une couche cotonneuse. Il lui reste le souvenir bourgeonnant des fleurs qu’elle trouve en abondance dans les rues. Boby chaparde et l’appartement se pare de ses bouquets. Il lui reste le souvenir de la pluie tombante sur sa tête, coulante sur les joues des pétales, les iris de toutes les

couleurs dans le jardin de sa mère d’où son oeil vient s’infiltrer en leur creux ; et puis et puis, parapluie envolé, ciel dégorgé, nuages si bas sur les montagnes qui leur font face, terrasse donnant sur une rue silencieuse qu’on pourrait presque entendre le chat se déplacer sur ses coussinets. Et

puis et puis, des coureurs, des coureuses longeant le fleuve, les herbes hautes, les sportifs qu’ils matent ensemble. Beaucoup de pas, de pieds frappant le bitume, marchant dans la boue glissante, dans des flaques, dans l’herbe mouillé, des pieds qui ne s’arrêtent pas de marcher, qui souffrent de ne jamais s’arrêter mais qui suivent le rythme, qui veulent aller voir toujours plus haut ce qu’il s’y

trouve. Et puis, pour finir, les fleurs entre leur visage, leurs corps dans le lit, les réveils ensoleillés,

l’incohérent désir de ne plus désirer, de ne vouloir répéter ce désir d’une fois, l’incompréhension de son corps avec un autre, le désir finalement, peut-être, d’autres choses : le désir simplement, de sourire, d’un bras tenu, d’un dialogue, d’un temps accordé à un autre, et puis... c’est tout je crois. Ça lui suffit pour aimer. Peut-être, aussi, qui sait, le désir d’autres corps encore inconnus, si peu touché,

des cheveux dans laquelle je pourrais glisser mes doigts, des petites mains que je pourrais empoigner. Et quand je rentre à Marseille, j’embrasse le front de mon amie, j’embrasse sa joue, ses cheveux, je m’adoucis sans soucis.

Quand je rentre à Marseille, je suis un peu perturbé du plaisir passé, de ce qui va se dérouler par la

suite, des retrouvailles avec Gabriel et Madeleine dont j’espère retrouver l’intimité que nous avions créer ensemble, l’intimité de nos moments passés. On s’aime, dit-on. Le corps que nous formons à

trois, dans le lit, dans la nuit, m’enthousiasme. Je me réveille, bouffée de chaleur et mauvais rêve, je grimpe sur leur corps pour atteindre le verre d’eau, puis me rendors. Du moment qu’ils sont là, à côté de moi, qu’en se réveillant le matin, les yeux encore fermés, c’est leur voix que j’entendrais. J’ai aussi cette même énergie insouciante dont tu me parles : la fenêtre reflète le ciel bleu et leur corps sur le balcon. La nuit suivante, il pleut et nous nous mettons à chanter dans sa chambre.

Quand je chante, il dépose des fleurs cueillis dans mes cheveux, nos sourires grimpent jusqu’au plafond, on se murmure des choses dans l’oreille. Il y a les spasmes de Mélancolie dans son

sommeil et les ronflements de. Nous sommes vivant-es. Le matin, quand on se quittera, il nous dira : « Pleins de beautés astrales se sont laissées transparaître. » et tu te souviens quand tu m’écrivais ton aventure triangulaire avec Montse et Patricio ? —Le moment que je préfère, c’est toi sur la banquette arrière de la bagnole qui roule à 120km/h.— Et bien, l’aventure triadique se répète.


ous adressons toujours à quelqu’un, e. Nous n on écrit pour un-e autre. Je n’arrive plus son pèr àé

73 plus à qui je m’adresse, à qui je veux m’ad resser. e sais car je n re,

cr i

A deux, ce sont des lignes parallèles qui ne se touchent pas, ou bien qui se croisent puis s’en vont tracer leur chemin chacun de leur côté. Avec ce triangle, les bouts se rejoignent. Je peux aussi ressentir complicité et tendresse car mon corps n’est pas attendu. Il n’est plus une chose qu’on aimerait posséder, mon corps, ou moi. Le mot ‘posséder’ résonne durement, mais c’est bien ce sentiment de possession qui m’envahit quand quelque chose s’entreprend avec un autre désirédésireux ; je ressens le poids de leur désir, je ne suis plus à l’aise, mon corps me gêne. (Je me dis :

‘non s’il te plais, ne t’approches pas trop de moi, rigolons, sourions, parlons, buvons, mais n’essaye pas de me pénétrer à travers mes yeux. Je rougis, je baisse la tête. Ne touche pas ma peau non plus, s’il te plait ; je t’apprécie, je t’aime, je t’adore, mais ne dérègle pas mon corps en touchant les

mauvais boutons.’) Alors ce dont j’ai besoin, c’est de reprendre possession de mon corps dans ces gestes et non dans le sexe. Tes mots dans ta dernière lettre Garance, racontant vos corps réunis dans des demi-sommeils, ne font que renforcer le désir que j’ai d’un ‘nous’ multiple. Pleins de personnages défilent dans un même espace, dans une sorte de méli-mélo de corps imbriqués, de corps agencés entre eux, comme lorsque tu dis « Ronfler tout bas contre une côte de Guilhem, un

bras de Laura, le dos de Js, une fesse d’Oseille, un tibia de Susie. » Cela me rappelle évidemment nos premiers instants dans l’intimité de mon appartement du Paradis ou alors cette journée qui

s’était allongée jusqu’à la nuit tombée et de nos corps enchevêtrés sur un sol recouvert de matelas. De m’en souvenir, j’en ronronne presque. J’imagine mes petites pattes tâter ton ventre pour m’endormir en boule sur toi. Parce qu’il y a toi aussi, ta présence enfin. Et je te tournes autour,

discrètement, quand il y a du monde dans la pièce et que je ne sais plus comment communiquer. Suffit de ton regard bienveillant pour que je puisse de nouveau respirer, et puis nous nous sourions. Avec toi Evi Eva Evo, je me rend compte de certaines choses. Moi aussi j’ai du mal à accepter

aujourd’hui l’image d’une femme et d’un homme comme réponse à ma vie. Je dois le dire : j’ai ressenti leur regard qui me ratatine, j’ai ressenti mon corps qui se rétrécit entre leur doigt, j’ai ressenti le gouffre d’Ariel et sa voix qui ne peux dire, qui ne peux exprimer ce qu’elle ressent parce qu’on lui a dérobé. Mais malgré cela, je me souviens de leur visage, de leur tendresse aussi, je me souviens de leur voix, de leur bras qui m’enserre. Et si Ariel retrouve sa voix, c’est parce qu’elle est déterminée à aimer.

Il faut coûte que coûte préserver les liens qui nous unissent. Se souvenir de ce qui nous unis. Prendre soin les uns des autres. Les gens s’en vont trop souvent comme ils sont apparu ; furtifs,

virtuels, fantomatiques dans un monde dystopique. Ils construisent qu’à moitié leur empire. Mais nous atteindrons l’immortalité de l’amour seulement en soignant les plaies correctement. A bat les vielles méthodes du pansement arraché d’un coup sec ! Et les maladies qu’on tente d’annihiler à

coup d’antibiotique et de poudres chimiques. Nous prendrons à la place des plantes et des langues dans la bouche : salive régénératrice et liquides sécrétés par nos corps amoureux seront ce qui nous seront prescrits par nos docteur-es.

Amoureusement, B.


74 Ça fait un an. Enfin en réalité ça fait beaucoup plus d’un an. Mais ça fait un an que c’est revenu, que je retourne le problème dans tous les sens. Jamais de ma vie, je pensais rencontrer une meuf qui allait avoir été violée par le même mec que moi. Et du coup, depuis un an j’y repense tout le temps. J’essaie de me rassurer en disant que je pèse le pour et le contre, que je veux être sûr que c’est la bonne décision. Mais c’est un prétexte pour jamais le revoir, parce que la seule chose qui me retient de le texter c’est ma peur de bégayer. Alors j’en parle, j’extériorise mais raconter que tu t’es fait enculer contre ton gré c’est jamais vivifiant. En y mettant le détachement qu’il faut pour faire oublier qu’au delà de ça t’es aussi mindfucké. Mon signe astral c’est Libra, ça me permet de remettre ça Toujours à plus tard Je me souviens de tes muscles, tes poils et presque de ton odeur de transpiration quand tu goûtais sur moi, toi Maintenant c’est mes poils qui sont sexy J’me cambre pour moi, j’me touche pour moi, je bande pour moi Y’a plus de limites entre Kourtney et moi Ce qui m’excite c’est de penser à mes toys, de penser à mes toys et moi Quand je rentre en moi, on est autonome Auto - péné Auto - sexe en automatique On est pareil, tu sais, tu m’baises en te regardant dans le miroir Alors pour toi j’irais pousser à la salle bébé J’ai décidé quand j’serais aussi musclé que toi, on pourra parler. Quand on verra la testo en moi même si elle est pas là Tatouages, viols et musculation Terminator: Dark Fate Bikram Yoga


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Advice to young girls Inga Copeland

*

My advice to young girls would be Go home after school Pretend to go to sleep While your parents argue in the kitchen Put on some makeup and dress up You sneak out of the window And meet your friends in the corner Together you're strong You walk the streets Taste the city Taste the night The city is yours There will be all these places Where you can discover and play Find the #rst bar Go to a club You will see all of the lights Hear all the music It's yours The city is yours The city is yours The city is yours The city is yours (The city is yours)


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Leo

byLeo

Le cri des mouettes la réveilla. De la buée s’était formée sur la fenêtre de la chambre sombre condensée par le froid extérieur et la chaleur moite de la pièce. Elle étira ses longs doigts, fit craquer ses poignets en remuant la main puis se frotta les yeux comme le geste de l’enfant qui pleure sans un bruit. Elle ouvrit les yeux sur Andreas endormi au bout du lit, lui tournant le dos. C’était à son tour de l’observer. Petite souris sourit. C’était Dimitri qui l’appelait ainsi, à cause de ses oreilles qui dépassaient de sa chevelure folle. Il lui disait « ne te caches pas dans les coins de la pièce, tu y as déjà fait tes trous » et au milieu d’eux, Andreas l’attrapait par sa couette la faisant couinait comme l’animal parasite qu’on chope par la queue. Elle souriait donc. Et quand elle sourit, ses yeux se plissent et forment de petites rides sur les côtés. Elle se sentait veinarde de se réveiller auprès d’Andreas. Elle secoua la couette le faisant gémir de désapprobation. Elle monta sur son corps pour regarder son visage caché dans l’oreiller puis se leva. Elle ne pouvait pas rester en place, elle enfila son jean traînant par terre aux bouts noircis et usés par le frottement du denim sur le bitume. Elle mit ensuite ses bottes de pluie pour se parer aux nombreuses flaques qui s’étaient accumulées dans la nuit. — Elle cru même se souvenir du bruit de la pluie venant se mêler à ses rêves. — Pour finir, elle emprunta une veste à Andreas beaucoup trop grande pour elle. Le vêtement pouvant parfois devenir l’apport matériel d’un corps, une partielle de l’autre que l’on peut se procurer. Elle lui tombait jusqu’aux fesses et ses doigts dépassaient à peine des manches, mais elle le mettait pour que son odeur l’accompagne le temps d’une balade. Odeur acidulée, vaporeuse, enivrante, une odeur d’amour qu’elle sentait dès qu’il rentrait dans une pièce. Une odeur forte de transpiration, sueur douce d’une étreinte avec une autre, ou produite par l’effort quotidien qui s’ancre dans la chair de son corps robuste. Elle cherchait toujours à se réfugier dans cet espace odorant, à s’y frotter par de multiples procédés, oubliant sa propre émanation corporelle : en se glissant dans ses vêtements, en soulevant les draps, en se rapprochant de lui et respirant lentement pour ne pas rendre compte du rituel qu’elle avait concocté secrètement. C’était une odeur unique que seul lui émanait. Il y avait des odeurs qu’elle avait retenu comme celle, suante, dans son souvenir de son père, lorsqu’il rentrait de son footing, l’odeur des cheveux de Rubis lorsqu’ils sont encore mouillés après la douche, l’haleine chaude de Dimitri lorsqu’il s’endort à ses côtés,… Il y a des parfums qu’elle pouvait retrouver dans le flux des passants, des odeurs de lessive qui se propageaient et réapparaissait sur le linge d’un autre. Il lui arrivait de se retourner précipitamment en pensant reconnaitre l’odeur d’un ou d’une amie. D’autre fois, lorsqu’elle portait les vêtements des autres, elle les reniflait longuement pour s’imbiber de leur souvenir et les retenir sur sa peau, mais celle d’Andreas s’échappait en permanence. Son odeur était inconsommable. Elle immergeait seulement en sa présence, elle était active sous le creux de ses aisselles, dans sa nuque, sur son torse. Elle parcourait seulement son corps, lui tournait constamment autour. Elle épousait parfaitement ses formes et se glissait dans ses cheveux ébouriffés. Elle rodait sans s’épuiser, sans chercher à s’échapper ou à se reposer sur un quelconque autre individu. C’était une odeur souveraine. Bien que Leo portait son manteau, il lui était hélas difficile de retrouver son odeur mais en le portant, elle se laisser aller à ses rêveries. Il n’y avait que cela qui lui était permis.

L’appartement était comme nu à présent. Il fut chargé d’un profond silence dont habituellement Andreas se complaisait volontiers. Mais ce matin-là, elle avait emporté avec elle toute trace de vie. Cela s’était échappé par les fenêtres, et l’ondoiement des rideaux était comme le bras que l’on agite, comme un dernier geste d’au revoir lointain. Une seule odeur siégeait là, suprême, vivace ; c’était l’odeur fraiche du vent marin qui faisait claquer les portes et marquait que plus le départ de Leo. Kornog souffla une dernière fois sur la maison de papier


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Je suis dans le monde et je suis plein. Je suis dans le monde et je fais semblant d’être plein, de me sentir plein, de ressentir le plein. Je me dépouille. Ce que je cherche n’est pas le vide ou le plein. Je suis dans le monde et je me dépouille. Je dois me dépouiller. Je ne peux pas faire autrement. Couche après couche. Je me dépouille. Je ne suis plus plein. Je ne suis pas vide. Je est dans le monde et Je est plein. Je est dans le monde et Je fait semblant d’être plein, de se sentir plein, de ressentir le plein. Je se dépouille. Ce que Je cherche n’est pas le vide ou le plein. Je est dans le monde et Je se dépouille. Je doit se dépouiller. Je ne peut pas faire autrement. Couche après couche. Je se dépouille. Je n’est pas plein. Je n’est pas vide. On est dans le monde et On est plein. On est dans le monde et On fait semblant d’être plein, de se sentir plein, de ressentir le plein. On se dépouille. Ce qu’On cherche n’est pas le vide ou le plein. On est dans le monde et On se dépouille. On doit se dépouiller. On ne peut pas faire autrement. Couche après couche. On se dépouille. On n’est pas plein. On n’est pas vide. On dépouille le Je. On est en puissance dans Je. On dépouille et fait sentir . On dépouille et fait ressentir. On fait puissance. On multiplie la puissance. On est infini. Je ne tient pas. Je n’est pas solide. Je fait semblant. On tient. On, est dépouillé. Plus On dépouille, plus On voit le sens. Ce qui fait sens. Dépouiller c’est éplucher la vérité. Dépouiller c’est rendre la vérité. Je n’est pas dépouillé, Je est sans intérêt, Je est faux. On, est vrai, il n’y a que le on qui est vrai. On, est dépouillé. On, est vrai. On, est le monde, tout le monde. On, est le vivant, tout le vivant.


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QUAND L’INCLUSIVITE DEVIENT PREDATRICE.

MUSIQUES ELECTRONIQUES ET DIVERSITE : A la fin des années 80, alors que le mouvement rave s’empare des Royaumes Unis, les musiques électroniques afro-américaines - la house, la techno, le garage - quittent leurs communautés d’origines. La House et la garage sont profondément enracinées dans les communautés noires et gay de New York. C’est là bas, dans les années 70 et 80 que naît la culture club, la notion de safe-space, le DJing moderne et la danse en solo, véritable révolution des mœurs. Moins queer, la techno puise dans la musique d’avant garde européene pour renouveler le discours de l’afrofuturisme. L’idée de synthèse sonore est détournée, adaptée à l’héritage d’une ville en ruine, hantée par son passé industriel, ses chaînes de montage et ses machines qui, jadis, rythmaient le quotidien. De l’autre côté de l'Atlantique, leur public est différent. Le mouvement des fêtes sauvages en rase campagne prône l’unité, l’universalité, l’hédonisme. Bien que sincère, cette mixité reste toute relative. Pendant près de 30 ans, à quelques exceptions prés, la culture qui découlera de cette réappropriation sera dominée par une figure quasi unique : celle du DJ mâle cis blanc. Au cours des années 2010 tout change. Sur internet, les marges entrent en réseau. Le bruit grandit. De Ghetto Gothique à Discwoman, de La Créole à Club Chai, les invisibilisé.es de la culture club viennent réclamer leur héritage.

Jaques Attali en était persuadé, le bruit anticipe le devenir des sociétés. La musique est annonciatrice du changement. L’écouter c’est prêter attention à la subversion entrain de se faire. Au début des années 2010, bien avant la frénésie de la twittosphère et des hashtags MeToo et BLM, la club music fait sa révolution. La musique change, son discours aussi. Elle devient monstrueusement belle et hypnotiquement dissonante. Dans une mise en abîme cathartique, sa dystopie vient briser la candeur d’un imaginaire musical depuis longtemps stérile. Le ‘let’s be happy together’ et l’extase dionysiaque de la culture clubbing volent en éclat. “Nous n’avons jamais été ensemble !” Semble-t-elle clamer..

Afin de se réapproprier leurs futurs, les musiques électroniques réaffirment leurs origines. L’histoire est questionnée, réécrite. Plutôt que figer le son, cette quête des essences permet de comprendre les héritages de chacun.e afin de mieux les conjuguer. A l’obscurantisme de l’appropriation s’oppose un désir de syncrétisme éclairé. Comme pour tisser des liens, la musique s’hybride, plus féconde que jamais. Les cloisons tombent, et c’est dans les zones grises de l'intersectionnalité que germent les plus belles graines. Des poèmes-collages de Elysia Crampton aux instruments digito-fantomatiques de Arca, en passant le reggaeton mutant de Naafi, une multitude de désirs musicaux brimés sortent de leur chrysalide. Très vite, les corps suivent les sons. Une communauté émerge, des réseaux indépendants de promoteurs.rice.s, d’artistes, de penseur.euse.s se forment. De Mexico à Shanghai les collectifs se multiplient. Chacun revendique son unicité. Une coalition est en train de se


88 former. Ce qui ne porte pas encore le nom de ‘deconstructed club music’ étend son rhizome. Puis les premières failles apparaissent. Ce qui avait l’air au premier abord d’un réseau décentralisé s’avère n’être que le prolongement de l’histoire. Encore et toujours, Londres et New York, au sommet de la pyramide rayonnent. L’ombre projetée des industries culturelles dessine les contours d’un soft power hégémonique que personne ne veut voir. Tel la façade d’un décor hollywoodien, le discours néolibéral et son projet multiculturel par le haut absorbe la révolte. La devanture bienveillante du capitalisme de surveillance fait illusion. Alors que l’énergie subversive du mouvement vient nourrir la bête, personne ne dit rien. L’utopie du début, celle d’une cyberculture horizontale et libertaire, en certains points similaire à ce qu’imaginait Douglas Rushkoff au début des années 90 lorsqu’il fantasmé ‘Cybéria’ — une société utopique en réseau, ou internet et la technologie permettraient à l’humanité de s’unifier, de s’émanciper, et d’accéder ensemble à un niveau supérieur de conscience et d’existence. — se disloque. Que s’est il passé? À qui la faute ? Certainement pas aux artistes elleux mêmes. La fragilité de ces écosystèmes provient avant tout de leur précarité. Les marginalisé.e.s des capitales mondiales n’ont pas choisi d’y naître. Celleux qui s’y sont déplacé.e.s l’ont fait à la recherche d’un sanctuaire, pas pour la légitimité que cela confère en tant qu’artiste. Celle-ci réside dans l'œil de celui qui regarde et il ne tient qu’à nous de faire tomber le voile sublimant. Pour beaucoup d’artistes issu.e.s des diasporas dans des villes hors de prix, monétiser sa musique n’est pas un choix mais une question de survie. Alors que la classe moyenne éduquée, celle des élites décisionnelles de la culture, fétichise les subalternes, exploiter sa propre identité devient un moyen d’activer l'ascenseur social. Derrière cette apparente opportunité de mobilité se cache à mon sens une stratégie gênante, probablement inconsciente mais tout du moins perverse, de maintien des inégalités. La centralisation du mouvement est le résultat de sa cooptation, de sa récupération. Elle concorde avec une phase de transformation du discours des industries culturelles et des mondes de l’art. Au milieu des années 2010, les identity politics envahissent l’espace médiatique. Les questions adjacentes à la domination et l'oppression sont partout. Quelle est la portée réelle de cette apparente révolution des mœurs ? A la fin de la décennie, le virus s’est transformé en vaccin. La charge virale des discours coloniaux et anti-patriarcaux s’est neutralisée. Détournés par les industries créatives, ces discours émancipateurs sont devenus un outils de manipulation des représentations, de distorsion des réalités. Il ne s’agit pas ici d’être pessimiste ou paranoïaque. Il est indéniable que les discussions engagées ces dernières années ont apporté leur dose de changement et de progrès. Les régimes de représentation médiatique ont changé, les musiques électroniques se sont ouvertes à la diversité, sensibilisées à des questions trop longtemps ignorées, surtout en France. Mais le mouvement est de surface. L’inclusivité, trop souvent, est prédatrice. Alors que la


89 surreprésentation des individus marginalisés dans certains médias et lieux de culture donne l’impression d’un progrès, les travailleurs et décisionnaires des industries créatives n’ont pas changé. A qui profite l’exploitation des cultures et des identités marginales ? Les rouages des mondes de l’art et de la culture sont complexes, sinueux. Retracer les méandres des chaînes de production est presque impossible. Cela n’est pas nécessaire non plus. Combien de jeunes artistes précaires connaissez-vous ? Combien de chefs de projets, de responsables de partenariats, de médiateurs, prescripteurs, créateurs d’agendas culturels et décisionnaires en tout genre gagnent plus qu’eux ? Une chose est certaine, les artistes et leur communautés ne perçoivent qu’une partie infime des profits générés. Cette mise en avant de la diversité sert d’alibi à un pillage. Tendre la main pour mieux vider les poches, mettre en scène le changement afin d’éviter qu’il ne se produise. Un simulacre à la Baudrillard où la surabondance de capital symbolique liée à l’aura médiatique des artistes sert à dissimuler la réalité matérielle. En 1999, Boltanski et Chiapello décrivaient avec justesse la fabuleuse capacité du capitalisme à intégrer la critique afin de se pérenniser. Ainsi, la critique de l’aliénation du travail Fordiste et de ses chaînes de montage par les penseur de mai 68 a donné naissance aux techniques de management modernes, à la valorisation de l’initiative personnelle, à la responsabilisation du travailleur et à la surveillance réciproque des travailleurs dans l’open space. En 2002, William O'Neill, méditant sur la révolution sexuelle des années 1960, affirmait que, plus qu'une réelle perversion de l’ordre social, l’hédonisme associé à la libération des mœurs était avant tout devenu un nouveau moyen de contrôle social via la consommation de masse. A l’heure de la globalisation digitale, le capitalisme de plateforme renouvelle ces anciens schémas. A la fin de la décennie, alors que le terme de ‘musique de club déconstruite’ s’impose pour définir cette musique des marges, plus un disque ne sort sans être accompagné d’un manifeste. La prise de position politique de ces musiques, longtemps restée tacite, s’affirme. Avec les médias comme miroir, le mouvement prend conscience de lui. Et peu à peu l’engagement politique devient une source d’authenticité et de valeur. Les manifestes deviennent des brochures de vente. Dans leur version éduquée et institutionnelle, ces revendications identitaires deviennent pour beaucoup de musiciens un moyen d’intégrer les nouveaux réseaux des musiques électroniques. Ces cinq dernières années, la proximité entre le monde de l’Art — ses galeries, ses écoles, ses fondations — et les musiques électroniques d’avant garde se sont resserrées. Généralement perçu comme la clef de voûte des identités et des politiques queer, noires et métisses, la musique est devenue un médium de choix. Les pratiques musicales et festives de ces communautés s’affichent. Tant qu’elle reste cloisonnée entre les murs blancs des espaces d’arts, la subversivité fascine. Sous l’apparente légitimation de formes culturelles ‘mineures’, au-delà d’un effort d’informer et de sensibiliser à la fois louable et nécessaire, plusieurs choses sont à l'œuvre.


90 Ces cultures ont-elles besoin d’être validées ? Chercher la reconnaissance auprès des institutions ne revient-il pas à reconnaître l’autorité et la légitimité de la culture dominante ? Que se passe-t-il lorsque ces musiques populaires pénètrent ces milieux ? La traduction opérée altère leur substance même. Dire que l’art est une réduction de la culture à sa dimension plastique serait outrancier. Les affects générés par une œuvre valent parfois mieux qu’un long discours. Quand la culture devient Art, sa dimension politique tend à s’esthétiser pour ne devenir qu’une narration accompagnant l'œuvre. Le politique des musiques populaires réside dans le faire et non dans le dire. Leur expérience ne trouve son sens que enraciné dans le quotidien qui les façonne. Hors sol, elles ne sont que des coquilles vides. Si d’un côté la légitimation permet la reconnaissance des identités marginalisées, elle empêche aussi tout changement de fond de se produire. Dans sa version mainstream, celle de la consommation et des marques, les identity politics deviennent un moyen de cartographier et d’atteindre de nouveaux marchés. La logique est simple. Les marques démarchent de jeunes influenceurs.es, leur donne l’opportunité de gagner un peu d’argent remplissant des contrats souvent précaires ou des partenariats. En capitalisant sur leur image, elle suscite de l’engagement et déclenchent l’acte d’achat. La stratégie est bien connue. D’un autre côté, ces influenceurs.es au following organique représentent pour les marques la partie émergée d’un îlot de consommateur.ice.s qui leur est par la suite possible d’étudier. Nos datas sont essentiels et, en ce sens, les identity politics fonctionnent comme des balises. Dans le monde de la musique, ces dernières années ont vu se multiplier le ‘branded content’ ; des collaborations (concerts pour le lancement d’un produit, portraits d’artistes, story telling pour les social media..) entre des multinationales du prêt à porter comme Nike, Adidas, Dr Marteens et les nouveaux médias influents que sont Rinse, Boiler Room ou encore NTS, pour qui ce type de projet est, il semblerait, l’unique modèle économique viable. En 2020, les marques financent les médias. Les stratagèmes de la publicité ont évolués. A l’encart publicitaire qui sait s’annoncer, aux mixages en creux qui signalent le début d’une publicité radiophonique, succèdent un type de publicité insidieuse basée sur le storytelling. Un récit culturel commodifié où l’artiste remplace le commercial en cravate. Une publicité qui n’en a pas l’air, invisible et pourtant omniprésente, qui s'immisce au cœur du quotidien des communautés et discrètement conditionne les usages, norme les valeurs. Voulons-nous vraiment d’une culture servant à donner de l’épaisseur et du sens à notre consommation ? Pendant longtemps, la dimension symbolique des objets de grande consommation tels que les baskets était encore négociée lors de leurs réceptions par les communautés qui s’en emparaient. A la fin des années 90, lors de son lancement, la Nike TN n’avait pas pour vocation d’être un symbole de la banlieue. Elle l’est simplement devenue. C’est ici que repose l’essence même des subcultures telles qu’elles furent théorisées dans les années 70 par les chercheurs du CCCS. C’est parce que face à la massification de la production des objets culturels, il restait possible aux individus de détourner et d’imputer du sens aux


91 marchandises, qu’il fut possible à certains groupes de créer des ensemble cohérent de signes suffisamment forts pour résister à la culture dominante. En capitalisant sur la déviance et les identités minoritaires, en produisant elle même les métarécits, les multinationales assoient leur dispositif de contrôle. La pandémie des deux dernières années semble avoir initié une certaine prise de conscience. Un mouvement de dé/recentralisation est en cours. En France, les monde de la musique sont en ébullition, portés par de nouvelles structures, des festivals, des web radios.. Jamais le local n’a été aussi séduisant. Les circuits courts de la musique se mettent en place, des écosystèmes fleurissent. Au cœur de ce renouveau, Marseille semble tenir une place de choix. Je ne souhaite pas parler ici de cette gentrification dont nous avons tous déjà tant débattu. Nous en connaissons tous les dangers. Heureusement l’exode actuel n’est ni noir ni blanc. Les profils et les projets diffèrent. Là où certains voient en Marseille une nouvelle terre à conquérir, d'autres voient une terre d'asile. Une ville effervescente et préservée, riche et diversifiée, ou certaines utopies sont encore possibles.




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J’aimerais vous proposer mes services de lectrice Je vous propose de venir lire chez vous ou ailleurs, à tout heure. Matin, midi, soir, en pleine nuit, à l’aube. Ce qui vous semble être le temps adéquate à un moment de lecture. Vous pouvez choisir le livre comme me laisser le choix. Celui-ci se portera sur ce que je connais de vous et dans la limite de ma bibliothèque.

Il faut considérer qu’une lecture intervient avec le réel Vous lire un livre, un roman ou un essai, s’accomplit avec la manière dont nous écoutons, dans l’espace où nous nous trouvons, c’est pourquoi décider de l’heure de la lecture à son importance autant que le lieu où nous nous tiendrons. C’est une manière de prendre part au récit. Chacun d’entre vous, qui écoutez ces histoires, êtes dans la compréhension de la lecture mais à la fois dans votre conscience du champs des événements qui vous entourent : la lumiere, les sons, les odeurs, la chaise où vous êtes assis,… Le fait est que cette perception et cette conscience des événements sont toutes deux vraies simultanément et qu’elles contribuent toutes deux à notre vision du monde. Je pense que l’histoire ne s’arrête jamais lorsque le livre est refermé mais se ‘reproduit’ encore et encore car nous sommes sans cesse en train de la décupler par des alternatives à nos propres récits. Ce rapport physique à une lecture permettrait, peut-être, une densité des rapports narratives qui se construisent au quotidien dans notre réel. « Ensemble nous passons notre temps à élaborer des suites parallèles à nos propres récits et nos vies se confondent avec un roman que lui avec moi nous réactivons chaque soir, en transformant nos voix pour en faire des personnages comiques et affolants. » me disait un jour, Eva. C’est une première expérience qui peut être discuter et repenser ensemble Contact : susiebougon@hotmail.fr


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