Mémoire NP

L’eau : vecteur de structure architecturale, urbanistique et paysagère

"Ô grande" Rio de Janeiro

Nicolas Payan Ecole Spéciale d'architecture

"Ici, ailleurs: par l’architecture"

Filiaire thĂŠmatique

Jean Christophe Quinton & Maria Martinez

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SOMMAIRE

Un voyage initiatique en Amérique du Sud

RIO DE JANEIRO Analyse de la ville Histoire et développement de la ville.

Les Favelas Histoire. Economie. Education et sante. Transport Environnement. Sécurité L’eau de tous les dangers Analyse des risques

L’EAU L’eau dans le monde Les chiffres L’eau et la ville Stratégies

BARRA DA TIJUCA Analyse du territoire La lagune. Ilha da Gigohia. Les mornes. Les favelas La limite eau/ville

FAVELA MATA MACHADO Analyse des problèmes Stratégie Urbaine

SOMMAIRE

PREFACE

"Le voyage est un retour vers l'essentiel."

Proverbe TibĂŠtain

Mon voyage vers le diplôme d'architecte a commencé à mon insu lors de ma première aventure en Amérique du Sud. C'est après avoir contacté un ami, que j’ai décidé de le rejoindre sur un coup de tête à la conquête de « l’Amérique latine ».

Je me suis alors lancé “sac au dos” dans un nouvel univers que je ne connaissais que par les récits, les histoires et les images.

PREFACE

0

Buenos Aires

Mon voyage commence dans la ville de Buenos Aires où je découvre une agglomération occidentale dans son apparence mais où l'espace public est beaucoup plus investi par une population bouillonnante et vivante. Je suis frappé par la vie dans la rue et l’omniprésence d’activtés de tout genre dans tout l’espace urbain.

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4

6 3

1

2

ARGENTINE

1

Montevideo

Une opportunité nous entraîne ensuite à faire un détour dans la ville de Montevideo. Retour en arrière dans les années 1890, Montevideo a un air morphologique de la ville de New York à son commencement . Petites bâtisses en rez-de-chaussée ou R+1 d’aspect abandonné. Nous arpentons à 7 heures du matin une “ville fantôme”. Contrairement à la vie qui existait dans les rues de la Bocca à Buenos Aires, ici il se fait rare de voir du monde dans les rues (en Hiver en tout cas).

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2

URUGUAY

2

Chutes d’Iguazu

Après ce petit détour en Uruguay nous arrivons à une des étapes qui m'a le plus marqué : les Chutes d'Iguazú.

Situées entre l’Argentine (80%) et le Brésil (20%), il ne s’agit pas d’une seule chute mais d'un ensemble de 275 cascades formant alors un front de 3 kilomètres.

Elles déversent la quantité astronomique de 1 756 m³/s c’est à dire plus de 1,7 tonnes par seconde.

5

4

6 3

1

2

IGUAZU

3

Pantanal

Nous passons ensuite par le Pantanal, une des forêt vierges ou plus précisément “une écorégion terrestre d'Amérique du Sud appartenant au biome des prairies et savanes inondables” du Brésil.

Bordé à l’ouest par le Paraguay, il représente environ 1/4 de la superficie de la France.

C'est la plus grande zone humide de la planète submergée à plus de 80 % et noyée sous les eaux pendant quatre mois par an.

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1

2

BRESIL

4

Brazilia

Après un voyage en bus de 24h nous entrons dans la “cité moderne” construite en 1960 par Oscar Neymeyer et Lucio Costa sur les principes de la modernité (Voieries sur-développées : on ne circule quasiment qu’en voiture, monumentalité des institutions représentant le pouvoir...).

5

4

6 3

1

2

Je découvre alors une nouvelle facette du Brésil et suis impressionné de voir comment cette Utopie a pu devenir aussi réelle.

Face à cette ville, je comprends alors la volonté du Brésil de s’affirmer et de montrer au monde qu’il a son mot à dire dans l’histoire contemporaine et qu’il est capable de déployer des forces et des moyens considérables pour arriver à ses fins.

Cependant Brasilia est l’exemple parfait démontrant que l’homme n’a pas été suffisamment pris en compte.

De plus la modernité d’hier n’est plus celle d’aujourd’hui ou de demain.

BRESIL

5

Rio de Janeiro

Mon voyage se termine sur la côte du Brésil dans la surprenante ville de Rio de Janeiro, comprimée par sa géographie saisissante entre ciel et mer.

La ville s’étale dans une succession d’enclaves (vallées ou plaines) couronnées par une impressionnante succession de pics.

Fragmentée, elle fonctionne comme un archipel de quartiers reliés entre eux via un réseau de tunnels et de ponts.

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4

6 3

1

2

BRESIL

6

LA VILLE

Rio de Janeiro

Densité: Superficie: Pop. : Pop. agglomération:

4 836 hab./km2 1 260 km2 6 093 472 hab.

12 620 000 hab.

Densité: Superficie: Pop. : Pop. agglomération:

21 196 hab./km2 105,40 km2 2 234 105 hab.

12 161 542 hab.

Seine-St-Denis Haut de Seine

Paris

Val-de-Marne

20km

RIO DE JA NEIRO

Deuxième plus grande ville après São Paulo, la mégalopole Rio de Janeiro, avec ses 12,62 millions d’habitants dans l’aire urbaine, est une des métropoles les plus importantes du continent américain.

Les Cariocas ou Carioques, habitants de cette cité se répartissent dans deux types de villes bien différentes l’une de l’autre : la ville formelle et la ville informelle.

La ville informelle regroupe les favelas et se situe généralement là ou la ville formelle n’a pas pu s’installer. En terme de population, on y recense plus de 19% de la population dans plus de 1000 favelas.

Magé

Itaborai

Seropédica

Duque de Caxias Nova Iguaçu

São Gonçalo

Zone Nord

Niterói

Maricá

Centre Zone Ouest Zone Sud

5km

Ville Rio de Janeiro

Routes principales

Zoom

Etat de Rio de Janeiro

1

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4 1 3 2

1

3

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4 1 2

2

3 2

1

2 1

1. Pain de Sucre 2. Corcovado 3. Village Olympique

1.

2.

3.

4.

1. Stade Mario Filho 2. Jardin Botanique

1. Favela Pedra Lisa 2. Favela Francisco de Castro 3. Favela Morro da Coroa 4. Favela Bpo./Salgueiro/Sumaré Coréia/ Alexandina 5. Favela Parque Fredia de Sà Favela Rer Saudoso

Ligne de métro

Aeroport International Aeroport Santos Dumont Gare centrale Port

5km

1. Copacabana 2. Ipanema

1. Ilha de Gigoia 2. Favela Mata Machado

Limites entre quartier

UN TERRITOIRE PARTICULIER

Conscientes de cette fragmentation et de la nécessité d'une meilleure connectivité , les autorités de Rio ont commencé un investissement massif dans les infrastructures de transport public. Un système de bus de transport en commun rapide sera implanté dans toute la ville, avec 160 km de lignes irriguant toute la ville . La topographie difficile de Rio exige des investissements d'infrastructure lourds et notamment dans des tunnels et des ponts coûteux.

RIO DE JA NEIRO

La topographie de Rio et les contrastes sociaux aigus en font une ville très fragmentée. Les riches résidents sont concentrés dans la “Zona Sul” : la zone côtière au sud qui comprend Copacabana et Ipanema. Les magnifiques plages de Zona Sul sont une attraction centrale pour les résidents les plus riches et les touristes et ce domaine est en pleine expansion vers l'ouest, le long de la côte de Barra da Tijuca. Quartier de hautes tours et de “gated communities” qui s’apparentent à ceux qu’on trouve à Miami. Le reste de la ville est beaucoup plus pauvre. Les trajets des habitants de la périphérie et des favelas isolées peuvent prendre des heures pour accéder aux services et lieux de travail. Cette situation est aggravée par le système de transport public très limité de Rio et le sousdéveloppement de la vieille ville et de la zone portuaire.

HISTOIRE & DÉVELOPPEMENT DE LA VILLE DE RIO DE JANEIRO

1713

RIO DE JANEIRO

La ville Coloniale

Implantation & Commerce La capitale du royaume portugais fut donc transférée de Lisbonne à Rio de Janeiro (unique capitale européenne située à l'extérieur du continent de l'histoire). Ceci a permis au Brésil d’ouvrir ses ports commerciaux au marché britannique.

1880 - ECHELLE 1:200.000°

La cité Portuguaise

Structuration & Expansion Urbaine La monarchie devint constitutionelle A cette époque, Rio profita de développements majeurs en matière de gaz, de plomberie, de barrages hydroélectriques, de téléphone et de télégraphe.

1889

RIO DE JANEIRO

Les Boulversements

Abolition de l'esclavage & Industrialisation La première favela de Rio fut construite sur les hauteurs du Morro da Providencia.

La libération des esclaves entraîna une importante migration depuis les campagnes vers les villes

1920 La ville moderne L'Étalement Urbain Les propriétaires terriens renversent l'empereur, c’est le début de la République “Café com leite” qui s’appuie sur les riches propriétaires terriens et industriels

- ECHELLE 1:200.000°

RIO DE JANEIRO

1960 - ECHELLE 1:200.000°

La ville Industrielle

Structuration & Grands chantiers La République du Brésil est renversée par un coup d’Etat en 1930 . Getúlio Vargas établit un Etat exécutif fort, plus centralisé et engagea le pays dans le droit de vote universel, le vote des femmes et le vote à bulletin secret.

C’est alors qu’en 1937 il devint Dictateur.

La mégapole brésilienne est alors en plein âge d’or grâce à sa plage, à son carnaval, à ses dieux du football et aux fameuses revues du Copacabana Palace.

RIO DE JANEIRO

2008 Tunnels Voies Rapides Voies secondaire

Planification & Rénovation Urbaine Promesse d’une nouvelle capitale, la ville de Brasilia émerge en 1960 : Utopie, ville vitrine de la modernité de l’époque.

La ville de Rio se développe et attire de plus en plus de touristes, d’immigrants et de travailleurs.

- ECHELLE 1:200.000°

La mégalopole

Favela

DÉVELOPPEMENT DES FAVELAS DE RIO DE JANEIRO ?

100

1314

1500

1897 1904 1910 1920 Après une guerre dans le nord-est du Brésil, les soldats ont eut la permission d’occuper temporairement la partie central de Rio, Santo Antônio and morro da Providência.

573

Entre 1897, période à laquelle les soldats se sont installés sur les “morros” et 1904, environ 1000 abris sont apparus.

La croissance de ce qu’on appelera plus tard les favelas s’explique par l'absence d'une politique gouvernementale visant à résoudre les problèmes de logement des membres les plus pauvres de la société.

608

En 1920, le “Morro Santo Antônio” est composé de 1314 baraquements.

794

Dans les années 1920 les favelas se sont répandues vers d'autres collines de la ville : Morro dos Telégrafos, Mangueira, Morro de São Carlos, Vila Rica (du quartier Copacabana), Pasmado (Botafogo) et Babillônia (Leme).

1200

1933 1994 2010 2014 En 1933 le nombre passe à 1500. Le développement de ces barraquements c’est intensifié dans les collines, là où il y avait un terrain vacant près des lieux de travail. Le même processus a lieu dans les zones proches de transport primaire : chemins de fer et larges avenues.

Le “Favela Bairro Project” est conçu comme un outil de promotion urbaine & sociale et d'intégration ayant pour démarche l’inverssion du processus de déclin urbain.

De 1994 à 2010, le project s’est intégré dans plus 147 favelas. Il implique 253000 résidents dans 73 communautés.

Augmentation du nombre de favelas : 1200.

Shacks Favelas

“QUEL AVENIR DEMAIN, POUR LES FAVELAS D’AUJOURD’HUI ?”

Tunnel Joao Ricardo surplombé de “shacks” - 18ème siècle

L’ONU définie un bidonville comme une habitation dépouvue de l’un des éléments suivants : • Logement durable protégeant contre les conditions climatiques extrêmes • Pas plus de trois personnes partageant une chambre • Facilité d'accès à l'eau potable • Accès à des toilettes & sanitaires • Sécurité d'occupation foncière

Un tiers des habitants de Rio de Janeiro vit aujourd’hui dans des quartiers pauvres composés essentiellement de bidonvilles et d’habitations de fortune.

FAVELAS

Au cours des 10 dernières années, quelques 227 millions de personnes ont vécu dans les bidonvilles à travers le monde, selon un rapport des Nations Unies sur l’état des villes du monde.

Favela - 1970

Santa Marta - 1940

L’origine du nom favela comme quartier d’habitation populaire est apparu après la guerre de Canudos au 19ème siècle quand des soldats de retour de conflit s’installèrent avec leurs familles sur une colline de Rio qu’ils baptisèrent morro da favella du nom de leur ancien lieu de garnison dans l’état de Bahia.

Dès 1909 ce nom de favela devient rapidement synonyme de quartier pauvre et très populaire.

Le plus souvent ces favelas sont implantées sur des terrains à risques et particulièrement insalubres comme par exemple des flancs de collines, des coulées de ravinement, des canyons ou des marécages.

A la date d’aujourd’hui et selon un recensement récent, il existerait plus d’un millier de favelas dans l’agglomération de Rio de Janeiro.

FAVELAS

Ces quartiers, qui se sont développés de manière chaotique et dans des conditions totalement illégales, sont ici au Brésil couramment appelées favelas.

JR, 28 Millimetres : Women Are Heroes in the Favela ” Morro da Providencia”, Rio de Janeiro. August 2008

Au milieu du XIXe siècle de grandes transformations dans la société brésilienne s’annoncent à la fois dans les domaines politiques, économiques et sociaux : chute de l’empire et proclamation de la République, abolition de l’esclavage et déclin de certaines cultures nécessitant une forte main d’œuvre comme celle du café, migration vers les villes et urbanisation chaotique, exode rurale et industrialisation.

Ces changements rapides de la société ouvrent la porte aux premières manifestations de la crise de l’habitat et de l’urbanisme de la ville de Rio de Janeiro. Les pauvres quittent les campagnes et affluent en masse dans les villes à la recherche d’une subsistance souvent aléatoire.

Dans des habitations précaires du centre-ville, les cortiços, 20 à 25 % de la population s’entassent dans des conditions de vie, d’hygiène et de promiscuité déplorables.

Rapidement une première reforme destinée à éliminer les cortiços est mise en l’œuvre. La construction de nouvelles cortiços est interdite. Leur démolition et la substitution par des « cités ouvrières salubres » à loyer modéré sont réalisées.

Mais les loyers restent prohibitifs et exclus les classes populaires. Les pauvres restent confinés dans les cortiços du centre-ville dont ils seront expulsé brutalement par la grande Reforme urbaine de 1902-1906.

ORIGINE

La création des favelas : le fruit d’une transformation urbaine profonde.

Trompe-l’oeil - Boamistura

La rénovation du centre-ville exclus les pauvres qui s’installent de plus en plus nombreux sur des terrains inoccupés sans aucun titre de propriété privé ou public ou encore sans valeur pour les promoteurs immobiliers.

Les favelas se multiplient rapidement en raison de la décadence de l’agriculture, de la désertification des campagnes et de l’industrialisation galopante qui nécessite une main d’œuvre nombreuse et peu payée.

Les années 40 sont celles qui voient la prolifération des favelas. On compte alors 119 favelas regroupant 14% des habitants de la ville. Elles deviennent un sujet d’étude. Cet habitat se caractérise principalement par sa précarité, son insalubrité, son illégalité juridique et son irrégularité sur le plan urbanistique.

ORIGINE

En très peu de temps (moins de quatre ans), l’ancienne ville « esclavagiste » est modernisée. La restructuration du port, l’assainissement d’une partie de la ville ainsi qu’un plan de circulation et de transport redessinent complètement la cité de Rio. Cette nouvelle urbanisation redéfinit le centre ville et les nouvelles zones résidentielles. Les pauvres, incapables de supporter les loyers, sont les premières victimes de la spéculation immobilière et de la restructuration urbaine. Ils n’ont alors comme seule possibilité que de s’installer sur les mornes périphériques qui regroupaient déjà les vestiges des maisons rustiques des premiers habitants de 1860.

En voulant lutter contre l’insalubrité et la misère, la municipalité de Rio à créer ainsi des conditions de vie désastreuses et encourager l’installation d’un nouveau type de quartiers : les favelas.

Favela Painting – Haas & Hahn

L’époque de la dictature militaire (après 1964) est une période noire. La politique urbaine de la ville est très répressive. Certaines favelas sont détruites arbitrairement et leurs occupants relogés dans des ensembles d’habitation modernes mal adaptés aux populations et très éloignées des zones d’activités.

Avec les années 80 et la fin de la dictature, les politiques d’urbanisation deviennent moins autoritaires. Les habitants des favelas ne sont plus considérés comme des « marginaux » mais des travailleurs pauvres. Les favelas sont alors perçues comme le résultat d’un développement urbain et industriel mal planifié et incontrôlé.

Dans les années 80, malgré une démographie stable la population des favelas ne cesse d’augmenter. Ce n’est plus l’exode rural qui remplit les favellas mais la paupérisation des travailleurs urbains.

Les favelas s’installent dans des zones de plus en plus éloignées du centre.

Des « agglomérats » de favelas se créent. Elles s’étendent et finissent par se relier en elles. Des habitations sommaires s’installent de plus en plus sur des terrains sujets aux inondations, aux glissements de terrain, sur d’étroites bandes de terres, le long de voies publiques, de rivières, de canaux, sous des ponts, sous des voies de circulations surélevées…

ORIGINE

Même si les touristes venus du bout du monde trouvent les favelas “pittoresques” et “folkloriques”, leurs existences sont perçues comme dérangeantes et sources de nombreux problèmes.

Favela – Rio de Janeiro

A la fin des années 80, 545 favelas rassemblent environ un million d’habitant.

En 2000, même si les statistiques restent difficiles à évaluer, on estime la population des favelas a environ 2 ou 3 millions de personnes, chiffre à mettre en corrélation avec les 5.6 millions d’habitants de la ville.

En 1994 commence un vaste plan d’urbanisation systématique des favelas avec le programme Favela-Bairro qui marque la fin des démolitions et des déplacements autoritaires des populations.

Aujourd’hui les grands événements sportifs à venir, la Coupe du monde de football en 2014 et les Jeux olympiques en 2016, peuvent être de vraies opportunités pour la ville. En 2008 les autorités ont repris le contrôle de 33 des quelque mille favelas de Rio, pas forcement celles qui sont les plus dangereuses mais celles qui se trouvent sur le chemin des visiteurs des manifestations sportives, celles de la zone Sud et qui souillent la vitrine que le Brésil aimerait présenter au monde entier.

Des études architecturales et urbanistiques ont été menées sur les favelas mais peu de solutions innovantes ont été mise en œuvre à ce jour. La question n’est plus aujourd’hui de savoir s’il faut les démolir ou bien les urbaniser mais plutôt de savoir comment les urbaniser et les restructurer sur de nouveaux principes mais les aspects culturels et sociaux propres aux favelas rendent difficiles l’analyse et la gestion de ces lieux.

ORIGINE

Les habitants les plus pauvres cèdent la place à une classe moyenne qui se paupérise de jour en jour. Les favelas se densifient et commencent à se “verticaliser”.

“ Il n’existe pas d’œuvre architecturale en dehors d’un contexte …. Il faut être observateur, écouter jusqu’à repérer dans le désordre la chose qui fait que tout concorde soudain, que tout devienne juste … »” Patrick Bouchain - architecte

Dystopie - Vertical Favela - Léopold Lambert

L’un des principaux problèmes des favelas réside dans le fait que les occupants ne possèdent aucun titre de propriété sur les terrains. De fait les règlements et les codes d’urbanisme ne s’appliquent pas à ces zones de non droit. Pas de règle de droit ne veut pas dire pas de règle du tout. Chaque favela a créé ses propres règles souvent basées sur l’esprit d’entreprendre, l’autorégulation et surtout la survie.

Paradoxalement les quartiers pauvres participent activement au développement économique de l’agglomération. Les favelas sont d’abord un formidable bassin d’emploi pour la ville surtout dans le domaine des services. Les pauvres travaillent pour les riches.

Les chiffres officiels vont apparaître des taux de chômage très élevés dans les favelas, prés de 75% de la population. La réalité est différente. Ici l’économie informelle est très développée et constitue localement le premier employeur. Les trafics en tout genre prospèrent facilement sur le terreau de la pauvreté et de la corruption.

Mais il ne faut pas réduire l’économie des favelas à celle de la drogue. Des commerces et des activités divers, souvent financées par le trafic de la drogue, fleurissent partout dans les favelas : bars, épiceries, dispensaires, cabinets dentaires, mécaniciens, coiffeurs, moto-taxis…

La création d’activités est souvent basée sur la solidarité et l’aide familiale Depuis quelques années le microcrédit et le prêt-coopératif jouent un rôle moteur dans la création d’activité auto-entrepreneuriale. Ici tout se crée mais en dehors de toutes réglementations.

Malheureusement la limite de la croissance économique reste la faiblesse des infrastructures : distribution électrique, eau potable, assainissement, circulation et connexion avec la ville…

ECONOMIE

Une économie informelle, clé du développement des favelas.

Un demi-million d’habitant vivant dans les favelas est totalement analphabète. Ici le taux d’alphabétisation est souvent inférieur à 50%.

Dans certains quartiers une personne sur deux ne sait ni lire ni écrire ni compter. Pour pallier l’absence d’équipements publics, des pseudos écoles privées se sont développées. L’école est un luxe que peu de familles peuvent payer à leurs enfants. A peine 50% des 15-17 ans de Rio sont aujourd’hui scolarisés même si la loi impose 8 années d’école obligatoire (à peine la moitié des plus de 25 ans n’en a fait que 4).

Les favelas manquent cruellement d’infrastructures adaptées même si des expériences ont été tentées par le passé comme par exemple le projet d’école industrialisée de l’architecte carioca Oscar Niemeyer. Son bâtiment en béton préfabriqué a été reproduit à plus de 250 exemplaires dans les quartiers démunis de Rio.

Même si le Brésil investit 5% de son PIB dans le domaine de la santé tout secteur privé/public confondu, il existe une médecine à deux vitesses. Les populations pauvres sont plus ou moins exclues des soins de qualité. Les équipements sont concentrés dans les grands centres urbains et les favelas sont souvent démunies d’infrastructures hospitalières.

Le gouvernement du président Lula a réalisé une avancée notoire en mettant en place une carte rechargeable d’allocations familiales et sociales exclusivement utilisable par les femmes. Cette mesure d’une grande simplicité a permis aux femmes de disposer de ressources aux bénéfices de l’éducation et de la santé de leurs enfants.

EDUCATION & SANTE

L’éducation et la santé, les meilleurs investissements pour le futur.

Reléguées aux marches de la ville, les favelas sont mal desservies par les transports publics. Les coûts de transport pénalisent fortement les populations sur le plan économique. Les travailleurs qui veulent se rendre en ville pour travailler dépensent une partie importante de leurs salaires et de leur temps en transport.

L’absence de route et le système complexe de labyrinthe, des escaliers et des ruelles rendent les problèmes de logistiques très pénalisants. Acheminer les matériaux de construction dans les favelas triple leurs coûts. Ces coûts impactent drastiquement toute promotion immobilière.

Les modes de transports collectifs classiques restent mal adaptés à la topographie des favelas. Bus, métro et véhicules automobiles sont inadaptés aux déplacements dans les favelas et dans les connections avec le centre-ville. Le développement de systèmes comme les téléphériques ou encore les trains à crémaillère sont sûrement des solutions mieux adaptées et moins onéreuses pour désenclaver et sécuriser efficacement ces quartiers.

CONNEXION

Transports publics et connexion à la ville.

“Construire, c’est collaborer avec la terre: c’est mettre une marque humaine sur un paysage qui en sera modifié à jamais.”

Marguerite Yourcenar - Ecrivain

Dystopie - Vertical Favela - Daniel Docu

Les conditions de vie dans les favelas sont difficiles car, en plus d’un habitat précaire, les populations souffrent d’absence chronique d’infrastructures, d’espaces verts, de commodités et de mauvais réseaux. En 1988 plus de 35% des populations pauvres de la métropole de Rio n’avaient pas accès à l’eau courante. Plus de 30% des habitants ne sont pas raccordés aux systèmes d’égouts. Chaque jour plus de 5000 tonnes d’ordures ménagères sont collectées dont seulement une faible quantité est traitée sans nuisance pour l’environnement. Encore aujourd’hui plus de 50% des habitants n’ont pas d’enlèvement des déchets.

Certains déchets organiques sont séparés et transformés en compost mais beaucoup se concentrent dans des décharges à ciel ouvert et/ou dans les eaux de ruissellement et finissent dans la baie de Rio ou la lagune. Les déchets industriels, souvent très toxiques et provenant de petites et moyennes entreprises, sont une des causes principales de pollution des ruisseaux, des rivières et la mer. Ces problèmes touchent tous les citoyens de la ville mais sont particulièrement prononcés dans les favelas. Mais les habitants de ces favelas ne sont pas exempts d’une part de responsabilité.

Déforestation massive, décharges non contrôlées, installations sauvages ont causés des désastres environnementaux majeurs entraînant glissements de terrain, chutes de pierres, ruissellements incontrôlés, inondations …

ENVIRONEMENT

Un environnement chaotique.

Favela Santa Marta

Une réflexion sur l’aménagement des favelas doit impérativement prendre en compte la gestion des eaux pluviales. Il faut contrôler les flux d’eau, favoriser les surfaces encourageant l’infiltration des pluies, développer des ouvrages permettant de ralentir le ruissellement et de stocker l’eau. Ces stockages intermédiaires peuvent également servir de réserves d’eau pour les services d’incendie. Les incendies sont une autre plaie des favelas présentant une gestion délicate.

ENVIRONEMENT

Le mode de construction des favelas extrêmement dense, le compactage et le bétonnage systématique du sol rendent l’infiltration des eaux pluviales singulièrement impossible. En période de fortes pluies une quantité énorme d’eau déferle à travers les favelas trouvant son chemin sans aucun contrôle sous forme de torrents. Les quantités d’eaux sont telles que certaines parties basses peuvent être inondées avec plus d’un mètre de hauteur.

Police vs Milices - Joãno Pina

Trafics, violence et corruption gouvernent ouvertement les favelas. Rio est une ville dangereuse en particulier pour les enfants et les adolescents (1 mort pour 1000). L’impunité est spectaculaire. A Rio seulement 3% des crimes sont résolus.

Plus de 600 favelas sont sous le contrôle direct des mafieux et en particulier des narcotrafiquants. Ils ont pris la place des instances gouvernementales qui ont désertés depuis longtemps les quartiers pauvres. Les trafiquants sont souvent perçus comme des Robins des Bois modernes. Ils sont respectés et disposent de fortunes considérables. A travers des milices privées ils maintiennent l’ordre et jouent localement un rôle économique et social. Ces milices disposent de véritables arsenaux de guerre dont la force de frappe est souvent équivalente à celle de la police. Mal payée et peu formée, la police reste peu motivée et souvent corrompue.

Pour garder le pouvoir la stratégie des mafias est de refermer les favelas sur elles-mêmes et de contrôler les points d’entrées et de sorties.

Dans ce contexte l’architecture pourrait jouer un rôle dans la lutte contre la criminalité en redessinant le tissu urbain, en insérant de l’espace public et en créant des ouvertures et une certaine transparence dans le quartier.

Depuis quelques années la municipalité de Rio impalnte des postes de sécurité à l’intérieure des favelas pour “pacifier”et générer un contact avec les habitants.

SECURITE

La peur règne sur la ville.

Mais à l’image du dieu indien Shiva, l’eau n’est pas seulement bienfaitrice et source de vie, elle peut être aussi un génie maléfique. Son pouvoir de destruction peut être immense. Rien, aucune construction humaine, ne peut résister à la force, à la puissance et à l’énergie contenue en son sein.

Chaque année, les favelas accrochées aux flancs des mornes entourant Rio de Janeiro subissent des déluges d’eaux sous forme de pluies tropicales. Les différentes parties entourant la ville forment de larges impluviums concentrant les eaux météoriques. Une telle accumulation d’eau localement présente potentiellement des risques majeurs qui peuvent se définir en trois grandes catégories: • Les inondations et les débordements • Les glissements de terrain, les coulées de boues et les effondrements • Les pollutions multiples Ces phénomènes sont cumulables localement. Ils représentent des enjeux humains et économiques considérables et la région de Rio de Janeiro est particulièrement exposée.

Comme toujours les plus pauvres sont les plus exposés. Construites de manière aléatoire et chaotique, les favelas concentrent l’ensemble de ces risques. Une administration raisonnable des favelas doit prendre en compte la gestion de ces dangers et mettre en œuvre des solutions durables.

L’EAU DE TOUS LES DANGERS

Le 27 septembre 2012 quand la NASA annonce la découverte par la sonde Curiosity de la preuve de l’existence d’un ancien cours d’eau sur la surface la planète Mars suggérant “un puissant flux d’eau” , on se met alors à rêver sur la possible existence de la vie sur l’astre rouge et à l’importance de cet élément fondamental dans votre univers. L’eau est à l’origine de la vie.

S’il existe de l’eau sur Mars, c’est que la vie a peut-être pu s’y développer…

Sur Terre, la vie est d’abord apparue dans les eaux chaudes et peu profondes, il y a environ 3,8 milliards d’années, sous la forme de micro-organismes unicellulaires, les cyanobactéries.

Plus tard, c'est-à-dire quelques milliards d’années après, le développement de la vie végétale marine provoque la libération d’oxygène dans l’atmosphère…..

Puis une nouvelle molécule apparaît, l’ozone, capable de filtrer les UV du soleil, rendant ainsi la vie aérienne possible. La machine de la vie se met en marche. La vie s’installe, se développe.

Ruines de la Ville d’Epecuen - Argentina. Prise par les eaux le 3 May 2011.

Inondation ville de Rio de Janeiro - 165 morts

Ville de Rio de Janeiro

INONDATIONS

1 Ces inondations peuvent avoir de nombreuses causes et certaines de ces causes sont quelques fois cumulables. Les causes naturelles sont souvent liées aux aléas météorologiques et climatiques.

Même si certaines de ces causes peuvent être prévisibles et répétitives, comme par exemple le phénomène des pluies de mousson en Inde et en Asie du Sud-est, leurs conséquences restent considérables.

Les causes anthropiques sont liées à mauvaises pratiques humaines sur l’environnement comme par exemple la dégradation des sols, l’urbanisation excessif des villes développant ainsi l’imperméabilisation des sols ou encore la déforestation abusive et sur grande échelle. Certaines pratiques agricoles intensives accélèrent également le ruissellement des eaux de pluies et limitent ainsi l’infiltration dans les sols.

RECURANCE

Les inondations sont les catastrophes naturelles qui produisent aujourd’hui le plus de dégâts dans le monde. Leurs potentiels de destruction est gigantesques. Une inondation est en général le débordement d’un cours d’eau, d’une rivière, d’un fleuve, d’un océan ou d’une étendue d’eau qui submerge les terres avoisinantes.

En 2007, le rapport du GIEC a pointé du doigt les causes humaines indirectes liées aux modifications climatiques et en particulier à l’augmentation des gaz à effet de serre (CO² et méthane) générés par les activités humaines et l’industrie mondiale qui entraîne la fonte des glaciers et provoque la montée irrémédiable du niveau des océans menaçant de manière irréversible des zones très peuplées de faible altitude.

En une année à Rio il pleut deux fois plus qu’à Paris. Situé dans la zone tropicale, la pluviométrie moyenne dans la région de Rio de Janeiro est d’environ 1 200mm par an. Cette pluie est principalement concentrée sur les quatre premiers mois de l'année de janvier à avril.

CLIMAT TROPICAL

Certaines activités humaines et/ou les aménagements des fleuves comme par exemple l’établissement des barrages ou d’écluses facilitant la navigation fluviales, diminuent la pente naturelle des cours d’eau et freinent le débit des eaux favorisant ainsi les débordements

JAN

FEV

MAR

AVR

MAI

JUIN

JUIL

AOU

SEP

OCT

NOV

DEC

154

135

126

117

80

51

52

51

67

89

99

150

Moyenne précipitation Rio de Janeiro (mm)

• Les inondations lentes et étendues survenant après de longues périodes de précipitations • Les crues éclaires et brutales après un orage violent et/ou de très fortes pluies intenses sur un sol sec ne permettant pas la dispersion par infiltration, ruissellement ou écoulement. Ces orages peuvent déverser d’énormes quantités d’eau sur des zones limités pendant des périodes courtes. Ces crues éclaires noient souvent de manières répétitives les vallées et les gorges.

• Les inondations marines ou submersions peuvent être dues à des tsunamis, des tempêtes combinées avec de très fortes dépressions ou des grandes marées. Ces phénomènes s’accompagnent souvent de ruptures de dignes ou d’ouvrages de protections générant des destructions de très grandes ampleurs.

CLIMAT TROPICAL

Les inondations résultent de conditions météorologiques ayant une origine, des caractéristiques et une durée différentes. On peut ainsi distinguer trois grandes typologies d’inondation :

Avril 2010 – Glissements de terrain au Brésil Des pluies diluviennes se sont abattues sur le Brésil au printemps, inondant notamment la ville de Rio de Janeiro. Plusieurs glissements de terrain meurtriers ont tué près entre 300 et 400 habitants des favelas situées sur les collines environnantes.

GLISSEMENTS DE TERRAINS

2 Il s’agit ici d’une manifestation globale selon la terminologie des auteurs anglo-saxons (landslide).

Ces phénomènes appartiennent au genre général des mouvements gravitaires.

Dans ces phénomènes de mise en mouvement, la masse de terre et /ou de roches conserve pleinement sa consistance et sa physionomie contrairement au coulée de boue qui n’ont pas de forme propre.

PREVENTION

Pour les géologues, un glissement de terrain, une coulée de boue, un éboulement sont des événements physiques où une masse de terre et/ou de roches descend sur une pente, c’est à dire un plan de glissement plus ou moins continu.

• Une diminution des résistances du sol souvent due à l’infiltration de l’eau entre des couches géologiques.

• Une augmentation des charges en amont, comme dans le cas de construction d’ouvrage (barrage, plan d’eau…).

• Une diminution des appuis en pied de pente (terrassements mal conçus ou trop raide …).

• Séismes géologiques (volcan, tsunami, avalanches, effondrements ou affaissements géologiques…).

• Des actions dues aux activités humaines (explosion, creusement de galeries, ruptures de cavités souterraines ou de carrières …).

• Gonflements ou retraits des sols, en particulier des sols argileux, en fonction de la température (forte chaleur ou période de gel).

• Des déboisements ou déforestations intempestifs.

Si les causes de ces phénomènes sont multiples et complexes, leurs conséquences sont souvent épouvantables tant sur le plan humain qu’économique. La nature s’associe à l’homme pour créer les conditions d’une catastrophe qui dans certains cas aurait pu être évitée.

PREVENTION

L’origine et les causes de ces phénomènes sont variées et diverses comme par exemple :

des milliers de poissons se sont échoués sur les rives de la lagune de Rodrigo de Freitas à Rio...

POLLUTIONS

3 Même si les pouvoirs publics brésiliens font des efforts en termes d’environnement, les enjeux liés à la protection de l’eau ne sont toujours pas une priorité.

Le premier frein est l’absence de prise de conscience des populations de la nécessité de protéger l’environnement et souvent le manque d’éducation sur ces sujets. Les favelas sont victimes de nombreux comportements irresponsables et en particulier des populations elle-même.

Très peu de favelas sont équipées de station de traitement et d’épuration.

Dans la région de Barra da Tijuca la pollution des eaux se fait inexorablement des sommets vers la mer. Les effluves toxiques se déversent des bidonvilles vers la lagune et finissent par rejoindre la baie et la mer.

QUEL AVENIR ?

Il est courant de parler de la pollution de l’eau mais en fait on devrait parler des pollutions de l’eau, tant elles peuvent prendre des formes et des origines différentes : bactériologique, chimique, minérale, plastique, industrielle, agricole, domestique, privée, public …

L’une des plus importantes pollutions passe souvent inaperçue car elle reste invisible à l’œil nu. Il s’agit de la pollution bactériologique générée par les rejets contenant des germes bactériens d’origine intestinale. L’absence de toilettes publiques et/ou de sanitaires, reliés à un système d’égout municipaux, est l’origine de cette contamination.

Beaucoup de favelas sont dépourvues de systèmes municipaux de collecte d’ordure, ce qui explique que les déchets ménagers et les plastiques se retrouvent systématiquement dans l’espace public.

Les favelas génèrent beaucoup d’autres pollutions. Par exemple, les petites entreprises de mécaniques sont à l’origine de pollutions aux métaux lourds.

Mercure, plomb, chrome, manganèse, arsenic, cadmium sont rejetés dans l’eau et contaminent sans aucun control les nappes phréatiques et l’océan.

Depuis quelques années, nous sommes confrontés à une nouvelle forme de pollution : celle des résidus médicamenteux. Ingéré, le médicament se concentre dans les selles et les urines et fini par se retrouver en partie dans l’eau. Des études scientifiques ont fait le lien entre la présence de résidus médicamenteux dans l’eau potable et des maladies comme la résistance bactérienne, l’hermaphrodisme, certains cancers, certains troubles du comportement… De quoi s’inquiéter très sérieusement sur les maladies de demain.

La liste des pollutions de l’eau ressemble à un inventaire à la Prévert : rejets de pesticide, nitrate, composants chimiques, sels minéraux engrais, sacs plastiques, algues, microbes, agriculture incontrôlée, élevage sauvage …

Les causes sont diverses mais l’origine est souvent la même : une population pauvre, mal éduquée et inconsciente des risques générés et des impacts sur l’environnement. Et une absence de vision globale et d’infrastructures publiques dans le domaine.

QUEL AVENIR ?

Les favelas se sont construites le long des lits de rivières, des rios et des canyons. Sans gestion ou infrastructures, ces rivières sont devenues des égouts à ciel ouvert, de véritables cloaques pestilentiels et des décharges publiques.

JEUDI 13 - MERCREDI 12 JANVIER 2011

Au Brésil, des inondations et des glissements de terrain, provoqués par plusieurs jours de pluies diluviennes, ont fait au moins 257 morts dans une zone montagneuse à une centaine de kilomètres de Rio de Janeiro. La zone la plus touchée est celle de Teresopolis avec 130 morts. Une cinquantaine de personnes sont toujours portées disparues.

Teresopolis, un lieu de villégiature à une centaine de kilomètres de Rio en altitude, où les vacanciers, en cette période d’été au Brésil, étaient venus chercher l’air frais. Mais Teresopolis, c’est aussi une zone montagneuse, difficile d’accès, où les secours ont toujours énormément de mal à se déplacer.

Les ponts et les routes sont coupés ou effondrés, emportés par des coulées de boues gigantesques. Il n’y a pas d’électricité ni d’eau courante. Les habitants qui ont échappé au désastre ont été placés dans des gymnases ou des églises.

Un peu plus loin dans la vallée, deux autres villes, Petropolis et Nova Friburgo, ont elles aussi été touchées par les terribles inondations. Plus de 100 personnes y ont perdu la vie. Dans cette région, il est tombé en 24

heures l’équivalent d’un mois de pluie.

Le gouverneur de l’Etat de Rio a demandé à la marine ses hélicoptères pour permettre aux secouristes d’accéder aux zones les plus reculées. Et la présidente Dilma Rousseff a déjà annoncé une aide de plus de 300 millions d’euros pour la région complètement ravagée.

La pluie a cessé de tomber mais aujourd’hui les habitants, isolés, savent que la terre gorgée d'eau et toujours instable continue de menacer les villages érigés sur des pentes escarpées.

VENDREDI 11 - JEUDI 12 DECEMBRE 2013

Deux morts dans des pluies torrentielles à Rio de Janeiro Deux personnes sont mortes à la suite de fortes pluies ininterrompues qui s'abattent depuis mardi 10 décembre sur Rio de Janeiro.

La ville, placée en état d'alerte depuis mercredi compte près de 2 000 familles qui ont également dû quitter leurs foyers dans plusieurs communes de l'Etat.

Les sirènes ont retenti dans 43 favelas, indiquant aux habitants qu'ils devaient abandonner leur maison par précaution.

Dans l'Etat de Bahia, dans le nord-est, au moins 16 personnes sont mortes à la suite des pluies torrentielles qui se sont abattues sur la municipalité de Lajedinho dans la nuit de dimanche à lundi.

188 MILLIMÈTRES DE PRÉCIPITATIONS DANS LA ZONE NORD

VENDREDI - SAMEDI 04 JANVIER 2014

Inondations et éboulements font 44 morts au Brésil Les fortes pluies qui se sont abattues en décembre sur le sud-est du Brésil se sont déjà soldées par au moins 44 morts et ont fait plus de 60 000 déplacés et sans-abri dans les Etats de l'Espirito Santo et du Minas Gerais.

Les fortes pluies qui se sont abattues en décembre sur le sud-est du Brésil se sont déjà soldées par au moins 44 morts et ont fait plus de 60 000 déplacés et sans-abri dans les Etats de l'Espirito Santo et du Minas Gerais.

Dans le Minas Gerais, où les pluies ont commencé à tomber dès octobre et se sont intensifiées au cours des derniers jours, 17 ont été dénombrés et 4 150 personnes ont dû abandonner leur domicile. Un total de 79 communes de cette province sont touchées et l'état d'urgence a été décrété dans 26 d'entre elles.

2014 - 2016

COUPE DU MONDE 2014 & JEUX OLYMPIQUE 2016 RISQUE MAJEURS ?!

L’EAU

DANS

LE

MONDE

L'eau baigne le monde sous des formes innombrables : la source au flanc d'une montagne, le miroir d'un lac, le fleuve qui glisse vers la mer.

Mais l'eau si bienfaisante, si tranquille et si docile – peut être meurtrière.

En petite quantité, elle n'est guère un problème mais lorsque ce corps grandit et atteint des proportions faramineux, elle devient un réel danger telle une force titanesque qui détruit tout sur son passage.

Surtout dès qu'elle sort des infrastructures créées par l'homme pour la maîtriser : canaux, bassins, etc ... et qu'elle se met en mouvement sous l'effet de la pesanteur. En période de crue, le plus petit ruisseau peut devenir un torrent impétueux. .

Un homme peut être renversé et noyé par de l'eau qui lui monte au genou.

Même les maisons peuvent être arrachées de leur fondations et balayées sous la pression de tonnes d'eau en mouvement.

UBIQUITAIRE

L'eau est un corps d'une grande simplicité chimique : elle se compose de deux atomes d'hydrogène et d'un atome d'oxygène. Les philosophes de l'antiquité en firent le principale élément de l'univers et la source de la vie, et ils ne se trompaient guère.

L'eau est un problème mondial, mais aussi local. Nous oublions souvent que nous vivons dans une hydrosphère et que toutes les ressources en eaux sont connectées les unes aux autres. L’eau qui coule sur le Gange peut aussi finir dans le fleuve Hudson ou bien tomber sur les plaines d’Afrique ou encore être utiliser pour faire du tea dans le “Queen Palace”.

L'eau potable est essentielle à la vie, mais la plupart des gens dans notre “monde développé” ne réfléchissent pas à la façon dont ils utilisent l’eau potable, ou l’eau pour la cuisson ou même l’assainissement de l’eau. Dans les pays en développement par contre l’accessibilité à l’eau n’est pas toujours facile et devient généralement une “crise de tout les jours”. Des millions de personnes meurent chaque année, la plupart des enfants, de maladies causées par un manque d'accès à l'eau potable et d’assainissement adéquat.

Grâce aux efforts spécialisées des gouvernements et des ONG depuis 1992, l'eau potable a été rendu accessible à quelque 1,7 milliard de personnes dans le monde avec des projets allant de la plomberie à la pluie collecté, jusqu’au stockage.

“Une estimation d'environ 880 millions de personnes n'ont toujours pas un accès régulier à l'eau potable et approximativement 2,7 milliards sont sans assainissement.” Source National Geographic.

Environ 5000 enfants meurent chaque jour en raison d’affections diarrhéiques évitables telles que : le choléra et la dysenterie. Ces affections se repandent lorsque des gens utilisent de l’eau contaminée pour boire ou cuire des aliments.

Un manque d’eau pour l’hygiène personnelle conduit à la propagation de maladies aussi évitables comme le trachome qui a aveuglé plus de 6 millions de personnes par le passé.

UBIQUITAIRE

L'eau est un composé chimique ubiquitaire sur la planète Terre, et il est à l'origine de la vie sur celle-ci. « l'eau c'est la vie. Celle qui tombe du ciel aujourd'hui est la même que celle que buvaient les dinosaures il y a des millions d'années.

Mais la demande et la croissance démographique ainsi que les changements climatiques perturbent son cycle. Avec une question à la clé posée par le magasine National Geographic: “allons-nous en manquer ?”.

Radial

Annulaire

Multi-bassins

Parallèle

Contourné

Dendritique

Dans sa typologie établie en 1967, A.D. HOWARD propose de classifier les réseaux hydrographiques selon plusieurs "types de base"

Trellis

FORMES

Classification descriptive & types de base de réseaux hydrographiques

Rectangulaire

97,5% de l’eau de la terre est salée. dont 1% est saumâtre.

Sur toute l'eau douce que nous prenons des rivières, des lacs et du sol ...

2,5% de l’eau est douce. Environ deux-tiers est gelé; le reste de l’eau liquide est sur ou sous terre.

10% se trouve dans les eaux de surface, y compris les lacs et les rivières.

Vallée de la rivière Alatna

Rivières Majeurs Débit moyen annuel HIGH

LOW INTERMITTENT

0km

Sur toute l'eau douce que nous prenons des rivières, des lacs et du sol ...

60% est piégée dans les glaciers et les calottes glaciaires.

Matanuska Glacier Cave - Alaska

Sur toute l'eau douce que nous prenons des rivières, des lacs et du sol ...

70%

22%

8%

est utilisée pour l’agriculture.

est utilisé dans les procédés industriels.

est pompée jusqu’aux villes et maisons pour boire, se laver et l’arrosage

Sur toute l'eau consommée..

90% des eaux d’égoûts & 70% des 1000km

eaux industrielles sont rejetées sans traitement.

Sur toute l'eau douce que nous prenons des rivières, des lacs et du sol ...

30% est stockée dans les eaux souterraines, mais une partie de cette eau est hors de portée.

Pour les Mayas, ce gouffre était l’un des passages pour l’Enfer.

Moyenne usage de l’eau par persone par jour (littres) TOP 5 1. US 2. Australie 3. Italy 4. Japon 5. Mexique Brésil

575 493 386 374 366

BOTTOM 5 26. Ethiopie 27. Haïti 28. Rwanda 29. Uganda 30. Mozamb.

184

80%

40%

des maladies dans les pays en développement sont liée à l’eau.

de la population mondiale vit sans installations sanitaires de base.

Selon une estimation de l’UN, environ 5,3 million de personnes (2/3 de la population mondiale) souffriront des problèmes de pénurie d’eau en 2025 et 1,8 milliard de personnes vivront là où l'eau est rare.

15 15 15 15 4

• 61% du poids des hommes • 51% du poids des femmes • 75% du poids d’un nouveau-né • 70% du poids d’un bébé (2 - 6 mois) • ce qui signifie pour un adulte de 65 kg, 40 à 45 kg d’eau dans le corps • la perte de 10 à 15% de la masse d’eau peut entrainer la mort Les quantités d’eau éliminées varient en fonction des conditions atmosphériques et le corps humains doit compenser ses pertes en buvant et en mangeant pour maintenir l’intégrité de son organisme.

L’être humain absorbe environ 3 litres d’eau par jour: l’eau de boisson 1,5 litre par jour L’eau des aliments 0,9 litre par jour L’eau produite par la combustion des aliments 0’6 litre par jour

Respiration Transpiration Urine et selles

Il rejette : 0,5 litre par jour 0,9 litre par jour 1,6 litre par jour

DANS LE CORPS

Pour les êtres humains, l’eau représente une richesse considérable. Elle est un élément vital dans la nature et dans le corps humain.

Et les chiffres sont éloquents :

L’EAU ET L’ORIGINE DES VILLES

Vestiges de cité lacustre - Palafite

CONDITIONS

L'histoire d’une ville débute souvent par une relation ou une confrontation avec l'eau. Fréquemment sa création et son développement se sont fait à partir d'un contact avec une rivière, d’une accroche aux rives d’un fleuve, d’une connexion à une lagune, un lac ou un ruisseau.

Souvent dans son imaginaire, l’homme a attribué à ces « sources » d’eau des valeurs spirituelles et des dimensions sacrées comme par exemple dans les très antiques cultes chamaniques, romains, celtes ou païens, ou encore dans les rites chrétiens avec ses baptêmes par immersion.

Ainsi, ces éléments physiques, qui marquent un espace ou un territoire, vont devenir les points d’ancrage de la ville en déterminant dans un premier temps ses limites.

Rio de Janeiro (Brésil), linéaire Coissance linéaire etcroissance multipolaire - Rioet demultipolaire Janeiro

Situation : «Manière dont une chose est disposée, située ou orientée»; «Ensemble des circonstances dans lesquelles une personne se trouve»; «contexte et/ ou conditions historiques».

Site : «configuration du lieu, du terrain où s’élève une ville»; «emplacement précis où est localisé une activité »; «positions, conditions physiques».

SITUATION & SITE

Cependant ces limites sont évolutives en fonction du temps et /ou des époques. A la saison des pluies, les mares s’assemblent pour devenir des lacs, les rivières se rejoignent pour se transformer en fleuves, les lacs et les fleuves débordent et se déversent dans la ville... puis lorsque le déluge est passée, ces frontières primitives retournent à leur état initial...ou presque.

La genèse des villes et de leur développement sont dus à de nombreux facteurs mais à l’origine il existe une situation particulière et l’existence d’un «site», point de départ d’un urbanisme ou d’une architecture.

Coissance linéaire et multipolaire - Rio de Janeiro

L’origine des conditions physiques d’un site est définie par: • Les réseaux et les nœuds, les flux et les «perturbations», les concentrations de valeur(s), les relations entre «ville/campagne», entre «ville/territoire», et «les appartenances et dépendances».

• L’eau comme condition première en qualité de ressource, en vecteurs d’échange, mais aussi en potentiels de risques naturels ou encore comme milieu sensible….

• Mais aussi la nature même du site selon la géographie : sites défensifs ou ouverts

SITUATION & SITE

La géographie est un élément majeur de la création architecturale car elle conditionne et détermine ses dimensions, alors que le climat va la limiter.

L'hydrologie est en partie maîtresse de l’espace, donc du territoire ou elle peut occuper plus ou moins d’espace.

La science de la terre s'intéresse au cycle de l'eau, c'est-à-dire aux échanges entre l'atmosphère, la surface terrestre et le sous-sol.

Fatehpur Sikri - Inde

• Son potentiel d’échange: le besoin de relation, redistribution des surplus; du troc aux échanges monétaires, le commerce...

• Son «autorité» : villes capitales, sièges d’un pouvoir et/ou d’une administration; représentation et hiérarchie; valeur des symboles (mystiques, mythiques, religieux, spirituels...)

• Son Identité et son originalité: chaque ville a une place particulière au sein d’un réseau entre complémentarités et rivalités...

Dans cette approche, on peut noter que l’eau est un élément omniprésent qui participe largement à la structuration du territoire, du paysage et de la ville. Dans le site de Rio de Janeiro l’eau n’est par perçue comme un allié mais est subie par les populations.

SITUATION & SITE

L’origine des conditions historiques est définie par: • La subsistance: l’eau, son alimentation, son agriculture, la relation entre la ville et son «arrière-pays»...

• Sa situation de valeur «défensive»: tenir une position, contrôler un passage, protéger une population ou des moyens de production...

"L'eau douce gouttant sur la pierre dure finit par la percer."

Proverbe BrĂŠsilien

Le sujet est immense et capable de remplir des étagères entières d’une vaste bibliothèque. Beaucoup d’auteurs ont déjà abordé ce sujet et tous les thèmes annexes.

Il ne s’agit pas ici pour moi de répéter dans ce mémoire ce que d’autres ont déjà écrit mieux et de manière plus documentée.

Pour moi, il s’agit d’installer quelques marqueurs pouvant baliser ma réflexion dans une approche de la gestion de l’eau, avec ses dangers et ses opportunités, dans les favelas de Rio de Janeiro.

Quelle stratégie mettre en place pour vivre avec l’eau?

Quelle politique l’urbaniste ou l’architecte peut développer pour faire « alliance » avec l’eau pour un meilleur confort des hommes ?

Comment repenser la relation entre l’eau et la ville dans le cadre d’habitats hétéroclites pour plus de sûreté et de développement ?

Comment assurer plus de sécurité aux habitants des favelas pendant les périodes de grandes pluies ?

Comment résoudre un problème d’inondation dans la lagune en proposant « ailleurs » des infrastructures pertinentes ?

Vivre avec l’eau. Des mots viennent naturellement comme porteurs d’idées fortes.

Habiter sur l’eau, Nourrir avec l’eau. Stocker. Lier. Protéger. Créer. Eduquer. Jouer.

Derrière chaque mot se cache une arborescence d’idées, de concepts, de projets ou de réalisations. Chaque mot révèle un kaléidoscope d’images.

Ici il s’agit d’arriver avec une approche intuitive des difficultés.

Ces images, ces mots ne donnent pas de solutions, mais ils ouvrent des passages.

On pourra toujours reprocher qu’ils constituent un catalogue de lieux-communs.

Probablement. Mais ils dégagent des pistes de réflexion et renvoient à des limites.

Certains reprochent à Yan Arthus-Bertrand de nous montrer de belles images.

Peut-être. Mais il nous montre ce que le monde a de plus beau et aussi de plus fragile. Ce qu’il faut protéger à tout prix ! Et c’est déjà une partie de la solution.

VIVRE AVEC L’EAU

Vivre avec l’eau : une stratégie d’alliance

« L’architecture n’existe que si elle est réalisée donc située.

N’importe quel édifice est conditionné par son milieu. » Joseph Belmont - Architecte

En Europe, au Néolithique et à l’âge de bronze, un nouveau type d’habitat s’est répandu dans une vaste région de lacs allant de la Suisse à l’Italie du nord en passant par le sud de l’Allemagne, l’Autriche et une partie du Jura.

Aujourd’hui encore, des vestiges d’importantes cités lacustres, dénommées palafittes, dévoilent une architecture originale d’habitations construites sur pilotis ou sur pontons flottants. Ces constructions reliées entre elles par un jeu de passerelles assuraient à l’homme préhistorique la possibilité de pêcher dans des eaux riches en poisson, de créer un lien social fort et de pratiquer une agriculture et un élevage à proximité immédiate. Ce type d’habitat s’est développé dans l’espace et dans le temps. Aujourd’hui par exemple, les plus beaux hôtels de la Polynésie sont inspirés des habitations traditionnelles tahitiennes (les farés) et des constructions sur pilotis et pontons.

Venise occupe une situation géographique exceptionnelle. La cité des doges a été créée à la fin du VIème siècle par les habitants des régions voisines venus se réfugier en nombre dans les iles de la lagune formée par l’estuaire du Pô. Cette zone marécageuse, difficile d’accès, permettait aux populations de se protéger des invasions des Goths puis des Lombards. Bâtie sur des pieux en chêne et en aulne dans un sol sablonneux, la ville s’est développée, en tirant parti de sa situation sur l’eau. Elle est devenue une puissance politique, financière et économique, leader du monde méditerranéen. Alliée des vénitiens, la lagune est aussi son pire ennemie. L’eau ronge les fondations des palais et les maisons. La ville lutte contre les marées, les vagues de la lagune et les inondations dues à l’acqua alta. Avec l’aide de l’Unesco le pharaonique projet MOISE a pour ambition de sauver Venise en installant un barrage composé de digues mobiles capable d’enrayer la montée des flots.

Dans le monde, beaucoup de villes sont « sorties » de l’eau : Hong Kong, Amsterdam … mais aussi des villes comme Paris ou Londres qui se sont construite au fil de l’eau.

L’histoire des villes construites avec et sur l’eau remplirait des bibliothèques entières. Il n’est donc pas possible d’en faire ici une pleine chronique. Mais certaines relations avec l’eau sont exemplaires comme celle des Pays-Bas avec la mer du nord. Un quart du territoire hollandais est sous le niveau de la mer. De mémoire d’homme le dialogue avec l’eau a toujours prévalu. Ici le territoire s’est construit en bâtissant un gigantesque réseau de digues, de barrages, d’écluses et de canaux. Le vent a donné son énergie aux moulins pour assécher les terres.

HABITER AVEC l’EAU

Habiter avec l’eau, habiter sur l’eau…

HABITER AVEC l’EAU

« La difficulté n'est pas de faire des enfants, mais de les nourrir. » Thomas Malthus - Economiste

Aujourd’hui 60 % des habitants de la planète vivent dans les zones côtières. 3,8 milliards de personnes vivent à moins de 150 km des rivages qui perdent leur rôle de zone tampon entre terre et mer.

Construire sur la mer est devenu pour certains pays un enjeu économique et de prestige. C’est le cas du projet Palm Island à Dubaï ou trois archipels artificiels, sous forme de palmes, doivent accueillir des marinas, 8000 résidences de luxe et des infrastructures. Un projet mégalomaniaque dont la pérennité reste bien aléatoire et qui risque de devenir une contre-référence tant elle ne prend pas en compte le respect de l’environnement.

Nourrir grâce à l’eau L’apprivoisement des villes est devenu rapidement un enjeu majeur de leur croissance. La création de marché ainsi que de zone de jardinage et l’agriculture a joué un rôle important. Pendant longtemps il fallait produire et distribuer les produits alimentaires le plus prés des populations.

L’eau est alors l’élément essentiel du développement de l’agriculture et de l’élevage, ce qui a permis l’autonomie alimentaire des êtres humains sur terre. La pêche s’est développée au néolithique sur les rivages côtiers et est rapidement devenu une activité de subsistance essentielle. L’histoire de la pêche remonte à la préhistoire. Le poisson est devenu alors une source importante de protéine animale pour les populations.

Toutes les civilisations ont développées des techniques de pêches et certains pays en ont fait une ressource essentielle. Il existe de très nombreuses formes de pêche artisanale, industrielle, sportive, fluviales côtière, hauturières, au large, grande pêche … qui se sont adaptées aux modes de vie et aux époques. Devant l’épuisement des ressources halieutiques, de nouveaux procédés d’élevage et de pisciculture se sont développés.

La naissance de l’agriculture est contemporaine d’une révolution survenue au néolithique (entre 14000 et 7000 avant JC) lors du passage d’une économie de chasseur-cueilleur à celle d’agriculteur-éleveur.

NOURRIR

En 1953 une violente tempête associée à des grandes marées a fait céder de nombreuses digues des polders engendrant des morts, des victimes et des dégâts économiques considérables. Pour éviter que de pareilles catastrophes ne se reproduisent, le plan Delta a été mis en œuvre permettant la création de nouvelles barrières protégeant de vastes zones contre la montée brutales des eaux. Les « bataves » sont devenus les champions de la gestion des eaux. Aujourd’hui, la nouvelle politique consiste à redonner les terres à la mer. Ici la stratégie n’est pas de lutter contre l’eau mais de vivre avec intelligence avec elle.

NOURRIR

« La simplicité est la sophistication suprême. » Léonard De Vinci - Architecte

• Le Proche-Orient où s’est développé la culture des céréales (blé, orge) et des légumes secs lentilles, pois et pois-chiche).

• La Méso-Amérique avec la domestication de plantes telles que : le piment, le millet, le mais, les courges. Puis le haricot, la tomate et la pomme de terre, le tabac.

• La Chine où la culture du soja, du millet puis du riz voit le jour.

• L’Afrique avec les cultures du mil, du sorgho puis du riz.

L’histoire de l’agriculture est pleine de révolutions : la culture sur brulis, l’invention de la charrue et le labour, l’emploi des engrais, l’assolement, l’amélioration génétique, l’horticulture, la modernisation de la forêt … La liste est sans fin.

L’agriculture est une activité économique essentielle à l’essor des grandes civilisations.

La création et l’évolution de la capitale khmer d’Angkor au Cambodge est un exemple des plus significatif de la relation de la ville et de l’eau basée sur le développement de l’agriculture. Fondé au IXème siècle, l’empire khmer, entreprend alors de gigantesques travaux d’aménagements hydrauliques qui seront à l’origine de la prospérité de la région.

La civilisation khmère a appris à contrôler les déluges de la mousson saisonnière en stockant l’eau dans d’immenses bassins (les baray) pour éviter les inondations et la restituer en période sèche.

Cette maîtrise de l’eau lui a permis de développer pour la première fois au monde une technique par repiquage de la culture du riz permettant trois récoltes par an.

Cette méthode innovante de culture a assuré la prospérité de la ville, une prospérité qui lui a permis de subventionner sa politique architecturale et de réaliser de gigantesques bâtiments, symbole de la puissance de l’empire. Faute d’entretien de ses installations hydrauliques, Angkor perdit le contrôle de l’eau et l’empire périclita rapidement.

Stocker l’eau Pour approvisionner les villes et permettent à l’agriculture de disposer des quantités d’eau nécessaires à ses besoins, les hommes ont développé depuis longtemps des stratégies pour conditionner et stocker le précieux liquide.

Les barrages existent probablement depuis la préhistoire. Les plus anciens auraient été bâtis en Jordanie et en Egypte il y a environ 6000 ans. Les romains furent de grands constructeurs de retenues d’eau. Le barrage romain de Cornaldo en Espagne est toujours en fonctionnent après deux mille ans. Les techniques utilisées pour bâtir ces ouvrages sont multiples depuis les plus simples au plus sophistiquées : levée de terre, digue en remblais, barrage poids, murs de maçonnerie, barrage-voûte, barrage contreforts ou multivoûtes, déversoir ….

STOCKER & RETENIR

On distingue quatre centres « primaires » de l’organisation structurée de l’agriculture.

STOCKER & RETENIR

« La conception architecturale n’a qu’un but : créer de l’ordre dans la confusion et le désespoir de notre temps. » Mies Van der Rohe - Architecte

Lier Par sa nature fluide et son ambiguïté (amie/ennemie), l’eau peut séparer, diviser ou réunir. Brazzaville et Kinshasa, deux capitales africaines, qui se ressemblent et qui se font face, sont séparées par un même fleuve, le Congo.

Depuis toujours les Palestiniens et les Israéliens se disputent les eaux du Jourdain.

Mais aujourd’hui, dans un projet de gestion des ressources d’eau, les jordaniens, les palestiniens, les syriens et les israéliens vont partager un avenir commun. Un pas vers la Paix.

L’eau a souvent été utilisée sur le territoire pour couper, opposer ou séparer. Mais l’eau possède également un formidable pouvoir de rassemblement. Autrefois dans nos villages, la fontaine publique ou le lavoir étaient des points de rencontre et d’échange.

L’eau est un lien et un liant social car il peut rassembler les populations d’un territoire. L’eau dessine le territoire. Elle définit dans le paysage la largeur et l’espace disponible pour l’habitation et les activités humaines.

Les lacs, les fleuves, les rivières et les mers constituent des axes de communication et de transport. Les hommes et les marchandises circulent à l’infini sur ces voix d’eau. Depuis toujours, en s’appuyant sur la topographie des paysages et les cours d’eau, les hommes ont réécrit leur environnement. Ils ont bâtis des canaux pour relier les fleuves entre eux. Ils ont creusé des passages comme par exemple le canal de Panama permettant une circulation facile entre océans pacifique et atlantique. Ils ont érigé des aqueducs pour l’alimentation en eau les villes et un meilleur partage de cette denrée essentielle. Aujourd’hui ces aqueducs modernes prennent la forme de conduites en acier transportant de l’eau sous pression.

L’utilisation de l’eau pour lier est un formidable enjeu pour les urbanistes, les paysagistes et les architectes.

LIER

Couplé à des usines hydrauliques ils autorisent souvent la production d’énergie sous forme d’électricité.

Fréquemment ces grands travaux de barrages prennent place dans les projets gigantesques comme par exemple la construction du barrage nord-américain Hoover, le barrage d’Assouan en Egypte ou l’aménagement de la Tennessee Valley Authority dans le cadre du New Deal du président Franklin D. Roosevelt.

Au XXème siècle, 800000 barrages ont été construits, dont plus de 50000 classés dans la catégorie « grands barrages ». La Chine (46%), USA (14%) et l’Inde (9%) totalisent les trois quart de ces ouvrages.

L’impact écologique de tels ouvrages n’est jamais neutre : submersion des vallées, déforestation, fragmentation écologique, modification des écosystèmes, déplacements de populations…

Dans le monde, le stockage de l’eau peut prendre des formes très différentes. Un simple bassin dans un village du Rajasthan aux pharaoniques barrages des Trois Gorges en Chine…

LIER

« La seule manière de protéger sa culture, c'est d'accepter de la mettre en danger. » Paul Andreu - Architecte

A l’origine de la vie, l’eau est une déesse qui nous présente deux visages contradictoires. De grandes opportunités de protection mais aussi un potentiel impressionnant de dangers.

Domestiquée et respectée, l’eau apporte aux hommes bien-être, aisance et richesse. Négligée et dépréciée, elle se venge et dévoile violence, chaos et menace.

L’eau est une amie dangereuse. Il est prudent de s’en protéger et de rester vigilent.

La respecter est le premier des bon sens. Depuis des siècles les hommes ont appris à composer avec elle.

Pour se protéger des effets de submersion d’un fleuve, d’un lac ou de la mer, les hommes ont construit des digues, des remblais de terre ou des barrages.

La Hollande possède la digue de fermeture la plus longue du monde, l’Afsluitdijk.

Le Tadjikistan, la digue la plus haute avec celle du barrage de Nourek culminant à plus de 300 mètres.

Il existe de nombreux types de digues. Digues de protection contre les inondations sous forme de levée de terre. Digues de canaux destinées à contenir l’eau d’un canal et l’orienter. Digues portuaires (jetées) faisant office de brise-lame.

Ouvrages de protection contre la mer comme ceux défendant les polders des Pays-Bas. Le réchauffement climatique menace et entraine la dégradation du littoral et des defenses côtières. Dans certains endroits, on décide de rehausser les digues.

Parfois ailleurs, on choisit d’abandonner certaines terres menacées par la mer comme en Hollande.

Tout comme les barrages, les digues ne sont pas exemptes de dangers écologiques. Leurs non-entretiens peuvent générer des catastrophes comme lors de l’ouragan Katrina en Louisiane en 2005. La rupture des digues du lac Pontchartrain et la submersion par l’océan ont entrainé l’inondation de la Nouvelle-Orléans, une ville construite 6 mètres en dessous du niveau de la mer.

L’eau peut devenir une amie fidèle fournissant sécurité et confiance. Le modèle historique reste le château fort du moyen-âge avec ses douves qui témoigne à ses habitants défense et protection.

Le projet de la ville de New-York, « On the Water : Pallisade Bay », piloté par l’Université de Princeton rassemble des architectes, des scientifiques, des ingénieurs et des responsables publics. Son ambition est d’imaginer l’impact et la transformation de New-York et de New Jersay Upper Bay face aux changements climatiques à venir et de proposer des solutions de protection et de sauvegarde.

Amie ou ennemie ? L’eau ne décide pas. C’est notre attitude et notre façon d’agir qui fait la différence.

PROTEGER

Protéger

PROTEGER

« La vie crée l'ordre, mais l'ordre ne crée pas la vie. » Antoine de Saint-Exupéry - Ecrivain

L’eau est un fluide. Elle est capable d’emmagasiner de l’énergie et de la restituer sous forme de travail. Très vite, les hommes ont appris à utiliser l’eau pour ses capacités « énergétiques ».

Les moulins à eau utilisent l’énergie des courants d’eau permettant ainsi une productivité accrue. Une meule couplée à un moulin à eau est capable de moudre 150 kg de blé en une heure, soit l’équivalent du travail de 40 esclaves.

L’énergie fournie par la force hydraulique est considérable Elle peut actionner des pompes comme par exemple dans le projet de la machine de Marly qui monte l’eau de la Seine aux fontaines, cascades et bassins du château de Versailles pour le bon plaisir du roi Louis XIV. Elle fait fonctionner scieries, usines métallurgiques, marteau-pilon, moulins, forges... Elle permet de moudre, de presser, de fouler, de broyer, de couper, de forger, de battre …

Même après avoir été détrôné par la machine à vapeur (ou l’eau joue encore un rôle essentielle), elle propulse les turbines des alternateurs des centrales hydrauliques fournissant de l’électricité à nos villes contemporaines.

L’eau a toujours représenté un atout essentiel pour le développement économique. Les villes, les commerces et les industries s’installent volontiers le long des cours d’eau ou sur le littoral. Les communications empruntent les routes de navigation permettant la circulation des biens et des hommes et la création de valeur.

L’homme, toujours prompt à utiliser les potentialités de l’eau pour le servir, n’est pas toujours respectueux de son usage. L’industrie pollue sans réserve, les villes déversent leurs déchets, les navires dégazent sauvagement en mer….

Cette création de valeur s’accompagne de points négatifs. Les populations locales, surtout dans les pays pauvres, sont aujourd’hui les plus gros pollueurs de l’eau avant même les industries. L’architecture peut devenir un outil de croissance économique et développement urbain.

CREER

Créer

CREER

“L'éducation ne se borne pas à l'enfance et à l'adolescence.

L'enseignement ne se limite pas à l'école. Toute la vie, notre milieu est notre éducation, et un éducateur à la fois sévère et dangereux.”

Paul Valéry - Ecrivain

L’homme est un prédateur né. Sûrement que son passé de chasseur-cueilleur a largement marqué ses gènes et son cerveau. Pendant longtemps, il a considéré la nature comme une réserve illimitée de ressources.

L’eau n’a pas échappé à ce saccage et cette gabegie. Abondante dans certaines parties de la planète, elle est, ou devient, très rare dans d’autres. La pénurie d’eau, qui affecte déjà certaines régions les plus pauvres, va s’amplifier, n’épargnant aucun continent. Il est temps de réagir. Les Nations Unis ont adopté en 2007 une résolution selon laquelle l’accès à l’eau potable et à l’assainissement devaient être reconnu comme un droit fondamental au même titre que ceux figurant déjà dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Même si la notion de « droit à l’eau » reste ambiguë, l’idée fait son chemin dans les instances internationales. Le droit à l’eau commence par l’éducation. Comment faire changer les mentalités sans former les nouvelles générations aux enjeux de l’eau. L’urbanisme et l’architecture peuvent participer à ce challenge. En « traitant » l’eau de manière valorisante sur les plans urbanistique et architecturale, l’architecte peut protéger cette ressource vitale et faire preuve de pédagogie. L’intégration de l’eau dans les projets d’urbanisme doit dépasser aujourd’hui la dimension technique pour rejoindre un rôle sociétal et participer à la formation des populations.

EDUQUER & SENSIBILISER

Éduquer

EDUQUER & SENSIBILISER

« Chaque homme cache en lui un enfant qui veut jouer. » Friedrich Nietzsche - Philosophe

L’eau est sûrement le plus ludique des éléments qui nous entourent. Il suffit de regarder le plaisir des bébés nageurs qui naturellement s’ébattent sans aucune appréhension dans le milieu aquatique pour prendre conscience de la dimension instinctive et du potentiel du plaisir lié à l’eau. Très tôt, l’homme a fait de l’eau un terrain de jeu privilégié. Nombreux sont les sports, exercices ludiques par excellence, qui se pratiquent sur ou dans l’eau. Pas la peine de les énumérer….

Jouer avec l’eau peut devenir également une forme de lien social et permettre d’encourager le respect que l’on doit à cette ressource fondamentale.

JOUER

Jouer avec l’eau

JOUER

ILHA DA GIGÓIA

Ilha da Gigohia & Lagune de Baja da Tijuca

L'île compte environ 3000 habitants. Ici le mode de vie est familiale et beaucoup de résidents sont des artistes qui apprécient l’ambiance décontractée de la vie insulaire. Les accès en bateaux limitent les vols et les cambriolages. L'environnement est une préoccupation des habitants. Mais le traitement des eaux usées et des ordures ménagères restent très problématiques. Même si le commerce n'est pas légalisé, il existe une petite économie informée avec des bars, des restaurants proposant de la cuisine portugaise locale, une épicerie et un coiffeur.

ILHA

Cachée par les grands bâtiments commerciaux de Barra da Tijuca et inconnue de la plupart des habitants de Rio de Janeiro , l'île Gigóia offre un cadre calme et bucolique, qui contraste avec l'agitation du reste de la ville.

L’accès à l’île se fait par bateaux ou par bacs privés.

L'île est petite et ne possède ni route, ni voiture et se traverse en à peine 20 minutes. Les circulations se font à pieds sur des allées ou des simples chemin.

Ambiance & Plan Ilha da Gigohia

ILHA

0

100

BARRA DE TIJUCA

Tunnel Joao Ricardo surplombé de “shacks” - 18ème siècle

QUARTIER

Bordé par l’océan pacifique d’un côté et par la lagune de l’autre, Baja da Tijuca est le résultat de l’étalement urbain de la ville de Rio de Janeiro vers l’Ouest depuis les années 1960.

C’est une succession de quartiers résidentielles basée sur le modèle Américain (style Gate Communities) renfermée sur eux même.

Ce quartier est ouvert vers la mer oubliant totalement sa relation avec la lagune. A Rio de Janeiro, il existe un relation intime entre l’habitant de la ville et l’eau. Ici cette relation a disparu totalement. Baja da Tijura tourne le dos à la lagune qui jour après jour se dégrade. La lagune est alors devenue une “borne” frontière pour la ville.

La lagune draine l'ensemble de la pollution des quartiers riches et des favelas installées sur les mornes enserrant le site. Des millions de tonnes d'eaux usées et de déchets polluées se concentrent chaque année dans la lagune.

Le projet de construction de cinq unités d'assainissement à pris du retard et devait être terminé pour 2013. L'engagement de la municipalité de Rio de pratiquer un drainage de la lagune et des canaux d’écoulement vers la mer reste pour l'instant une vaine promesse.

Avec la pollution, les mangroves dépérissent et l’écosystème de la lagune est mis à mal.

La situation des îles, dont Gigoia, est préoccupante car régulièrement inondées. Beaucoup de résidents de ces îles ne possèdent pas de titre de propriété ou d'occupation. Certains militent même pour une solution radicale : l'expulsion des habitants en situation irrégulière.

Différents types de limite aux alentours de la lagune: Humide

Boueuse

Naturelle

Digue

Batît

Pavée

Jetée/Ponton

Pour Kant, “tandis que les bornes sont des frontières négatives, les limites sont quand à elle positives. Elles indiquent du même coup qu’elle déterminent un espace et ce distingue d’un autre qui lui est adjcent.”

BARRA DE TIJUCA

Tunnel Joao Ricardo surplombé de “shacks” - 18ème siècle

En remontant le long du cours “Rio da Cachoeira”, on bute sur une important favela Mata Machado qui est emblèmatique des enjeux à traiter.

IMPLUVIUM

Pour résoudre les problèmes de la lagune et donc de l'île de Gigoia les solutions ne sont pas locales mais se situe a une autre échelle : celle du territoire.

Vu d’avion le territoire ressemble a un gigantesque impluvium naturel.

Le centre de ce dispositif est la lagune qui voit se déverser l’ensemble des cours d’eaux et des rivières qui parcourent les massifs montagneux alentours.

Pour éviter les inondations des îles (et partiellement du quartier Barra da Tijuca) et assainir l'eau de la lagune qui se déverse dans la mer, il faut intervenir en amont du haut vers le bas, ponctuellement le long des cours d'eaux.

Favela Mata Machado

Lagoa da Tijuca Ilha da Gigoia

Baja da Tijuca

0

ECHELLE

500

1 : 20 000

COURS D’EAU

Rio da Cachoeira

FAVELA

MATA

MACHADO

Vue depuis de la favela Mata Machado depuis le Mont Afloramento Rochoso

Une zone d’étude de 1000m x 800 m comprenant la favela et sa géographie reliées à la lagune.

En conclusion La géopgraphie du térritoire forme un vaste impluvium «non contrôlé». D’ou l’idée que pour régler les problèmes d’innondations de la lagune il faut une restructuration du territoire d’amont en aval. Il faut partir de la «source» de l’eau.

Intention L’eau va structurer le paysage, l’urbanisme et l’architecture.

Règles & Démarche •Sur le site: création d’une maille (trame de 30m x 40m) donnant 676 points utilisé pour créer un outil de simulation de la pluie, permettant d’obtenir le tracé de l’eau sur le site. Cette outil permet aussi de déterminer la quantité d’eau présente en chaque point ainsi que les flux et orientations des cours d’eau.

• Le tracé de l’eau et la géographie déterminent deux types de reliefs : Concaves, qui sont des zones de concentration des fluxs.

Convexes, qui sont des zones de disperssion.

Ces reliefs permettant de déterminer deux structures morphologiques de la ville.

INTENTION

Analyse du Site

FAVELA

MATA

MACHADO

Vue sur le cours d’eau traverssant la Favela

Dans les deux types de reliefs on relie les points du territoire entre eux pour obtenir une continuité du contrôle de l’eau et de la circulation urbaine.

• Les zones de concentrations d’eaux, deviennent des noyaux durs. Ce sont les zones à risque maximum. On va y installer des retennues d’eaux:, «barrages». Ce sont des zones où l’on va créée des infrastructures publiques (celle qui demande le plus d’investissement) : zones d’activitées publiques (agriculture, marché, centre communautaire,...).

• Au dessus de ces zones à risques, des zones «sécurisées» rassemblent les activitées privées et en particulier d’habitations et de logements.

• Les activités et les programmes publics & privés forment une extension ou une greffe de la favela.

Elles s’implantent en fonction de la relation avec la favela existante et de «l’influence» du noyau dur (barrages) dans le paysage.

•L’Etat de l’eau est fonction de l’activité et sa transformation dépend de l’activité dans laquelle elle circule. C’est un passage/transition d’un point A à un point B

URBAINE

• Dans ce projet l’eau est le liant/lien : c’est la colonne vertébrale.

Zone Concave

Zone Convexe

TRACE DES COURS D’EAU

Tracé eau

CONSTAT Fortes Concentrations d’eau en amont de la favela.

Fort risques de glissements de terrain ou de dégradations de l’environement.

Point de surface:

Pluviométrie extrême annuel: - jusqu’à 1200mm

40m 30m 1200 m²

Le Volume annuel moyen d’un point de surface est : V(pt) = 1200 l x 1200 m² = 1.440.000 litres Soit 1.440 m3 par point.

Se concentre sur l’année la quanté d’eau moyenne suivante: 50 pts V3 = 72.000 m3

40 pts V2 = 57.600 m3

26 pts V1 = 37. 440 m3

17 pts V0 = 24.480 m3

La première intervention au niveau urbain consiste à sectionner le tracé de l’eau en plusieurs “arbres indépendants” pour répartir sur de plus grandes surfaces le volume d’eau météorique tombé sur le site.

En redécoupant le tracé de l’eau la répartition de la quantité annuel d’eau est: 13 pts V3 = 18.720 m3

11 pts V2 = 15.800 m3

26 pts V1 = 37. 440 m3

17 pts V0 = 24.480 m3

Volume maximal des barrages:

B3 = 9.073 m3

B2 = 4.575 m3

B1 = 10.445 m3

décembre Pluviométrie (mm)

janvier

février

mars

avril

mai

juin

juillet

août

septembre

octobre

novembre

décembre

janvier

150

154

135

126

117

80

51

52

51

67

89

99

130

130

150

304

439

565

682

762

813

865

916

983

1072

1171

1301

1431

Pluviométrie cumulé

Évaporation (5%)

7,5

11,45

12,475

12,5375

12,0875

10,04375

7,571875

6,3859375

Usage (30%)

45

68,7

74,85

74,85

72,525

60,2625

45,43125 45,43125

38,315625 37,32890625 38,3156625 34,4578125 37,32890625

Trop plein (20%)

30

45,8

49,9

49,9

48,35

40,175

30,2875

25,54375

22,971875 22,971875

75

114,5

124,75

124,75

120,875

100,4375

75,71875

63,859375

57,4296875 62,21484375 75,60742188 87,30371094 108,6518555

229

249,5

250,75

241,75

200,875

151,4375

127,71875

114,859375 124,4296875 151,2148438 174,6074219 217,3037109 238,6518555

Stockage (50%) Quantité d'eau sur les mois

5,74296875 5,74296875 6,221484375

24,8859375

La retennue d’eau doit pouvoir (dans le cas ou il pleuvrait en un jour la quantité d’eau d’un mois) contenir la quantité d’eau météorique tombée sur le site.

Par exemple 156mm d’eau, donc: 1200 x 156 = 187.200 litre soit :187m3 Donc la quantité d’eau sur les différents niveaux est:

B3 = 187 x 13 = 2.431 m3

26%

B2 = 187 x 9 = 1.683 m3

37%

B1 = 187 x 26 pt = 4.862 m3

46%

Agriculture

Elevage

Marché

Sport

Centre Communautaire COURS D’EAU

Etat de l’eau Fragmenté Chaotique “Dangereux”

Sauvage Révoltée Organique

Régulé Contrôlée

Ludique Vive

Confortable Joyeuse

Douce Lente Sécurité

Organigramme de l’état de l’eau

En interprétant ces principes, les bassins deviennent alors des infrastructures publiques construitent par la ville ayant pour rôle de rassembler les populations autour de ces lieux, de proposer des activitées, de développer des commerces ou une économie local et de dégager des espaces publics.

La création de bassins permet de distinguer deux types de zones: les zones protégées non inondables les zones potentiellement inondables Cette répartition permet une restitution des zones potentiellement inondables (zone de stockage/retenue d’eau) en espaces publics ou en espaces naturels accessiblent pendant les périodes “sèche”.

Le flux d’eau devient alors un lien/liant social. C’est la colonne vertébrale qui structure et organise les activités du quartier ou de la ville.

PROGRAMATION

Dans l’une de ces conférences Eduardo Paes, maire de la ville de Rio de Janeiro, pointe du doigt les “ 4 commandements de la ville du futur.

“A city of the future: has to be environmentally friendly. has to deal with mobility and integration of its people. has to be socially integrated. has to use technology to be present.”

Risques

Zones Innondables

++

+

+++

Organigramme des risques

Poste de Sécurité / Education / Santé

Marché / Sport

Agriculture / Elevage

La répartition des activitées le long du “flux d’eau” se détermine dans un premier temps en fonction des risques potentiels et de la proximité avec les populations déjà sur place.

Logement

COURS D’EAU

“Barrage”

Paysage (Jardin / Agriculture)

Stockage

ORGANIGRAMME

La mise en place de programmes publics créent des pôles d’activités attractifs aux populations locals et deviennent ainsi des “noyaux durs” dans la structure urbaine autour desquels vont s’agreger l’espace d’habitation et les activités privés.

Paola Berenstein-Jacques, Les Favelas de Rio – Un enjeu culturel, Collection Les nouvelles études anthropologiques Edition L’Harmattan, Paris 2001

Rudy Ricciotti, L’Architecture est un sport de Combat, Les Editions Textuel, Paris 2013

Clark Champ, Les Inondations, Editions Time-Life, Amsterdam 1982

Direction régionale et interdépartementale de l’Equipement et de l’Aménagement d’Ile-de-France Guide d’élaboration d’un plan de protection contre les inondations à Paris www.driea.ile-de-france.developppement-durable.gouv.fr, 2012

Russell Sackett, Le Littoral Editions Time-Life, Amsterdam 1984

Guy Nordenson, Catherine Seavitt & Adam Yarinsky, On the water I Palisade Bay, Hantje Cantz, MoMa & Princeton University Shool of Architecture, New-York 2010

Laurence Pringle, Fleuves & Lacs, Editions Time-Life, Amsterdam 198(

A.B.C. Whipple, Les Tempêtes, Editions Time-Life, Amsterdam 1983

João Luis Carrilho da Graça, Drawing connections & building guidelines, El Croquis Madrid 2013

Alvaro Siza, Master lessons 2008-2013, El Croquis Madrid 2013

Cynthia E.Smith, Design with the Other 90% Cities Smithsonian Cooper& National Design Museum, New York, 2011

BIBLIOGRAPHIE

Bibliographie Sélective