Livre Sur la piste de nos cervidés - Collection Nature sauvage (extrait)

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Sur la piste de nos cervidés

DANS LA MÊME COLLECTION

OR IGN A L ◊ C ERF DE VI RGI N I E ◊ C ARI BOU

SUR LA PISTE DE NOS CERVIDÉS

Un livre qui saura plaire à la fois aux amants de la nature, aux étudiants en sciences naturelles, aux gestionnaires de la faune et aux chasseurs d’expérience. Une invitation à emprunter la piste de nos cervidés et à partir à leur rencontre.

Jacques Prescott . Jean Ferron . Joëlle Taillon

Sur la piste de nos cervidés

Voici l’ouvrage le plus complet jamais écrit sur les cervidés du Québec. Rédigé par trois biologistes et chercheurs chevronnés − Jacques Prescott, Jean Ferron et Joëlle Taillon −, Sur la piste de nos cervidés est une mine de renseignements sur l’orignal, le cerf de Virginie et le caribou. L’ouvrage, abondamment illustré de croquis et de photos remarquables, traite de la biologie et du cycle de vie de ces grands mammifères, de leurs comportements, de leur écologie et de leur conservation.

Jacques Prescott est professeur associé à la Chaire en éco-conseil de l’Université du Québec à Chicoutimi. Biologiste, spécialiste de la biodiversité et du développement durable, il a conseillé de nombreux gouvernements et entreprises au Canada et à l’étranger et publié plusieurs ouvrages sur ces questions. Il est aussi l’auteur de livres, d’articles et de rapports techniques sur les mammifères du Québec. Intervenant apprécié des médias, il a participé à la production de documentaires, d’expositions muséologiques et collaboré à de nombreuses émissions à la télé et à la radio. Jean Ferron est biologiste et détenteur d’un doctorat en biologie de l’Université de Montréal sur l’éthologie de l’écureuil roux. Professeur retraité de l’Université du Québec à Rimouski, il a publié de nombreux articles scientifiques sur le comportement animal et la gestion intégrée faune-forêt. Il a enseigné l’écologie comportementale, la mammalogie et la gestion de la faune. Il a reçu un prix d’excellence en enseignement du réseau de l’Université du Québec. Il a également été vice-recteur à la formation et à la recherche.

ISBN 978-2-924119-05-1 COLLECTION

COLLECTION

Biologiste spécialiste des grands herbivores, Joëlle Taillon a eu la piqûre pour la recherche scientifique en travaillant, entre autres, sur le cerf de Virginie à l’île d’Anticosti, la chèvre de montagne en Alberta et le caribou migrateur. Elle est détentrice d’une maîtrise sur le comportement du cerf de Virginie et d’un doctorat sur le caribou migrateur du Nord du Québec et du Labrador. Elle collabore régulièrement au magazine Nature sauvage, y signant plusieurs portraits de mammifères. Son but est de chercher, de trouver, mais aussi de partager sa passion.


Table des matières Avant-propos................................................................................................................................................................6 Introduction..................................................................................................................................................................8

L’orignal (Jacques Prescott).......................................................................................................................... 14 CHAPITRE 1.

PORTRAIT DE L’ESPÈCE . . .............................................................................................................. 17 CHAPITRE 2.

RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE, HABITAT ET DOMAINE VITAL ...................................................... 26 CHAPITRE 3.

COMPORTEMENTS . . ....................................................................................................................... 34 CHAPITRE 4.

LA CONSERVATION DE L’ESPÈCE ................................................................................................. 58

Le cerf de Virginie (Jean Ferron).................................................................................................. 84 CHAPITRE 1.

PORTRAIT DE L’ESPÈCE . . .............................................................................................................. 87 CHAPITRE 2.

RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE, HABITAT ET DOMAINE VITAL ..................................................... 106 CHAPITRE 3.

COMPORTEMENTS . . ...................................................................................................................... 124 CHAPITRE 4.

LA CONSERVATION DE L’ESPÈCE ................................................................................................ 144

Le caribou (Joëlle Taillon)....................................................................................................................... 168 CHAPITRE 1.

PORTRAIT DE L’ESPÈCE . . ............................................................................................................. 171 CHAPITRE 2.

RÉPARTITION ET HABITAT ............................................................................................................ 184 CHAPITRE 3.

COMPORTEMENTS . . ...................................................................................................................... 198 CHAPITRE 4.

LA CONSERVATION DE L’ESPÈCE ................................................................................................ 234

Les meilleurs sites d’observation....................................................................................................................246 Glossaire.....................................................................................................................................................................252 Références..................................................................................................................................................................254

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Avant-propos L’orignal, le cerf de Virginie et le caribou sont des bêtes charismatiques, bien connues des amateurs de nature en général, et des chasseurs en particulier. La somme des connaissances scientifiques acquises sur ces espèces est considérable et permet d’en dresser des portraits bien documentés. À la lumière de ces constats, il nous a semblé qu’un livre sur les cervidés du Québec restait à faire. Le magazine Nature sauvage a ainsi pris la balle au bond en réunissant trois biologistes et chercheurs chevronnés, Jacques Prescott, Jean Ferron et Joëlle Taillon, pour leur confier la rédaction de cet ouvrage. À notre connaissance, c’est la toute première fois qu’est publié un ouvrage aussi exhaustif regroupant les trois cervidés qui fréquentent le territoire québécois. Après une introduction générale traitant de la classification et de l’évolution de la famille des cervidés, chaque espèce fait tour à tour l’objet d’une section où est abordé l’ensemble des notions qui touchent de près ou de loin l’animal traité − caractéristiques descriptives et anatomiques, cycle de vie, écologie, domaine vital, répartition, comportements, conservation et rapports avec l’humain. Plusieurs tableaux, graphiques et illustrations viennent supporter les textes. Un soin minutieux a entre autres été apporté à la réalisation des planches, qui sont l’œuvre de Claude Thivierge, un dessinateur de grand talent. Il en va de même pour le choix des photos qui, en plus de rehausser la qualité documentaire du livre, en agrémentent la lecture. Des photographes animaliers de renom, tels Michel Blachas et Carole Piché, Steve Deschênes, Thomas Kitchin et Victoria Hurst ont notamment contribué à l’iconographie de l’ouvrage. Vous tenez entre vos mains − nous en sommes convaincus − l’ouvrage le plus complet jamais écrit sur les cervidés du Québec. Un livre qui saura plaire à la fois aux amants de la nature, aux étudiants en sciences naturelles, aux gestionnaires de la faune et aux chasseurs d’expérience. C’est donc avec fierté que Nature sauvage vous présente le fruit de ce travail collectif admirable et de longue haleine. Rien qu’un livre ? Non, une invitation à emprunter la piste de nos cervidés et à partir à leur rencontre. ◊ Michel Leboeuf, M.Sc. Biol. Rédacteur en chef NATURE SAUVAGE

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L ’ ORI GNA L

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L’

Orignal Jacques Prescott

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FICHE SIGNALÉTIQUE Alces americanus Famille des cervidés Autres noms

Élan d’Amérique Orignac (en usage au XVIIe siècle, d’un mot basque signifiant cerf) ◊◊ Orignal d’Amérique ◊◊ Orignal de Sibérie ◊◊ Moose (de l’amérindien Mush – prononcez mouche – qui signifie «mangeur de branches») ◊◊ Siberian moose ◊◊ ◊◊


L ’ ORI GNA L

Le plus grand des cervidés 16

Originaire des forêts nordiques d’Europe et d’Asie, l’orignal se serait établi en Amérique du Nord par vagues successives, entre 14 000 et 10 000 ans avant aujourd’hui, profitant du très bas niveau de la mer pour passer de la Sibérie à l’Alaska. Le plus grand cervidé du monde est reconnaissable à son profil particulier  : bosse dorsale, barbiche, museau busqué, longues pattes et larges sabots. En Amérique du Nord, on le trouve depuis l’Alaska et le Yukon jusqu’aux provinces maritimes et en Nouvelle-Angleterre, en passant par le nord des États-Unis et des Grands Lacs. Dans l’ouest du continent, l’espèce habite aussi les forêts des montagnes Rocheuses. Dans ce vaste territoire, l’orignal privilégie les forêts mixtes de conifères et de feuillus, de même que les terres basses aux eaux stagnantes à la végétation aquatique abondante. Il se nourrit des feuilles et des ramilles d’une foule d’arbres et d’arbustes ainsi que de plantes aquatiques riches en minéraux. Pour éviter d’être accablé par les températures ambiantes trop élevées, l’orignal s’active aux heures les plus fraîches de la journée. En été, il passe de longues heures dans l’eau et, en hiver, on le trouve dans les forêts denses où le couvert de neige moins épais facilite ses déplacements. Bien qu’il soit d’un tempérament plutôt solitaire, l’orignal communique avec ses semblables par des cris, des postures, des gestes spécifiques et les odeurs sécrétées par ses glandes olfactives. Au moment du rut automnal, les interactions entre les orignaux sont particulièrement spectaculaires. En ce qui a trait à ses ennemis, malgré sa robustesse, le grand cervidé n’est pas à l’abri du danger. Il doit craindre le loup, son principal prédateur, et faire face aux parasites, aux maladies et aux accidents. Au cours des siècles derniers, les activités humaines ont entraîné la disparition de l’orignal dans plusieurs régions. Le contrôle de la chasse et la mise en place de mesures de protection de son habitat naturel ont heureusement renversé la vapeur et l’espèce est aujourd’hui en bonne santé presque partout, au grand plaisir des chasseurs et des naturalistes. En raison de son importance pour l’économie locale, de sa majesté et de sa grandeur, l’orignal occupe une place de choix dans l’imaginaire nord-américain. Découvrons ensemble ce cervidé fascinant.


CHAPITRE 1

PORTRAIT DE L’ESPÈCE 17

Description et caractéristiques physiques L’orignal est sans conteste le plus grand représentant actuel de la famille des cervidés et le deuxième plus grand mammifère terrestre en Amérique du Nord après le bison. Très haut sur pattes, il atteint la taille d’un cheval. C’est d’ailleurs à cet animal familier que l’on pense lorsqu’on voit un orignal pour la première fois. Ses épaules voûtées sont surmontées d’une sorte de bosse ; son menton, orné d’une barbiche nommée fanon, cloche ou pampille. Ce repli cutané, couvert de poils, est plus développé chez les mâles que chez les femelles et constitue un caractère sexuel secondaire. L’orignal a le museau allongé et fortement busqué, le mufle (extrémité du museau) charnu et les lèvres très mobiles. La lèvre supérieure déborde sur la mâchoire inférieure. Équipé de la sorte, il lui est facile de saisir délicatement une brindille ou une plante aquatique immergée. Une crinière de poils plus longs couvre le cou et les épaules. Les pattes antérieures plus grandes que les


LE C E RF DE V I RGI NI E

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FICHE SIGNALÉTIQUE Odocoileus virginianus Famille des cervidés Autres noms

hevreuil (qui réfère plutôt au C chevreuil européen, Capreolus capreolus, roe deer en anglais, un plus petit cousin du Vieux Continent) ◊◊ Chevreuil de Virginie ◊◊ Cariacou ◊◊ Whitetail ◊◊ White-tailed deer ◊◊

Cerf Virginie Le

de

Jean Ferron

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LE C E RF DE V I RGI NI E

L’omniprésent voisin 86

Le cerf de Virginie, Odocoileus virginianus, originaire de l’Amérique du Nord, est une espèce qui s’adapte très facilement, comme en fait foi sa très vaste répartition géographique. Cette espèce fort polyvalente, apparue il y a environ trois millions d’années, a survécu durant son histoire à d’importantes perturbations environnementales, incluant différents épisodes de glaciation et de réchauffement qui ont largement modifié la répartition et la composition des forêts, des savanes et des prairies. Sa présence en Amérique du Nord a largement profité aux peuples autochtones. En effet, le cerf pouvait représenter jusqu’à 25 % de leur alimentation. Les parties de son corps autres que la chair étaient aussi largement utilisées. Les os servaient à la fabrication d’outils, d’ustensiles et d’armes ; les tendons étaient employés pour faire du fil et des cordes pour les arcs ; la fourrure leur procurait vêtements, couvertures et revêtements pour leurs tentes. Les premiers colons européens ont également amplement chassé le cerf pour leur subsistance, ce qui a provoqué une surexploitation de cette espèce. À la fin du XIXe siècle, le cerf avait disparu de plusieurs secteurs de son aire de répartition. Grâce à la mise en place d’une réglementation ayant mis fin à l’exploitation commerciale de l’espèce et encadrant de façon plus rigoureuse la chasse, ainsi qu’à des programmes de réintroduction, les populations de cerfs ont pu atteindre et même dépasser leur nombre antérieur. Le cerf est également devenu une espèce nuisible à certains endroits. Il y aurait actuellement près de 30 millions de cerfs de Virginie au Canada et aux États-Unis. Portrait d’une belle bête qui fait parfois des ravages.


CHAPITRE 1

PORTRAIT DE L’ESPÈCE 87

En raison de sa vaste aire de répartition géographique et du fait qu’il y occupe une variété d’habitats, le cerf de Virginie a connu, au cours de son évolution, différentes adaptations pour faire face aux conditions climatiques et au milieu. Il n’est donc pas surprenant d’observer une certaine variabilité de ses caractéristiques morphologiques et physiologiques.

Taille et mensurations Selon les régions et les sous-espèces de cerfs, on observe une variation importante de taille et de poids. Les individus des populations nordiques ou vivant en plus haute altitude sont de plus grande taille et de poids supérieur à ceux du sud ou habitant en basse altitude. Les mâles sont de plus grandes dimensions que les femelles. La longueur totale oscille entre 1,04 et 2,40 m, la hauteur à l’épaule entre 53 et 107 cm et le poids entre 27 et 136 kg, parfois davantage. La longueur de la queue va de 10 à 37 cm. L’animal le plus lourd connu, abattu au Minnesota, pesait 181 kg éviscéré, ce qui correspond à un poids total d’un peu plus de 225 kg. À l’inverse, un mâle de la sous-espèce des Keys du sud de la Floride (Odocoileus virginianus clavium) ne pèse que 27 kg ou moins. À la naissance, les faons ne pèsent que de 1,5 à 6,7 kg.


LE C A RI BOU

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Caribou

Le

Joëlle Taillon

FICHE SIGNALÉTIQUE Rangifer tarandus Famille des cervidés Autres noms

Renne (en usage en Europe) Reindeer, caribou (anglais) ◊◊ Tuttuk (inuktitut) ◊◊ Atik (innu-montagnais) ◊◊ Atihkw (cri) ◊◊ ◊◊


LE C A RI BOU

L’ongulé circumpolaire 170

Dans les steppes sibériennes et russes, les vastes territoires de l’Arctique canadien, la large ceinture de la forêt boréale, les élévations modestes de la Gaspésie ou celles plus acérées des Rocheuses, une même espèce évolue  : Rangifer tarandus, le caribou ou renne. Rangifer tarandus est l’ongulé présentant la plus vaste aire de répartition circumpolaire, laquelle couvre une bande presque ininterrompue entre 14 degrés de longitude Ouest et 5 degrés de longitude Est, et de 45 à 80 degrés de latitude Nord. La distinction entre les deux appellations est simple  : le renne vit en Europe  ; le caribou, en Amérique du Nord. Le renne et le caribou sont donc une même espèce, pouvant, lorsqu’ils se côtoient, se reproduire et engendrer une descendance viable et fertile. Ayant progressé séparément depuis des millénaires, le renne et le caribou présentent des différences physiques, métaboliques et comportementales parfois frappantes, souvent subtiles. À travers les époques, la répartition du caribou a suivi l’expansion et le retrait des glaciers d’Amérique et d’Europe. Le caribou a ainsi évolué dans un environnement influencé par d’importantes glaciations. En conséquence, il s’est adapté de façon unique, afin de survivre dans un environnement caractérisé par un climat rigoureux et d’abondantes chutes de neige. Il existe différents types de populations de caribous, nommés écotypes, qui présentent chacun des caractéristiques particulières, des préférences écologiques et des comportements qui les distinguent. On compte quatre écotypes principaux : le caribou migrateur (ou toundrique), le caribou forestier, le caribou montagnard et le caribou de Peary. L’ongulé circumpolaire a mille visages.


CHAPITRE 1

PORTRAIT DE L’ESPÈCE 171

Caractéristiques physiques distinctives Le caribou est un cervidé de taille moyenne dont le gabarit se situe entre ceux du cerf de Virginie et de l’orignal. La longueur totale des adultes varie entre 1,70 et 2,50 m ; la hauteur à l’épaule, entre 1,04 et 1,40 m. La masse et la condition corporelle des caribous, tant mâles que femelles, présentent de fortes variations saisonnières. Comme la majorité des cervidés, le caribou présente un dimorphisme sexuel important : les mâles adultes sont plus massifs (ils pèsent entre 120 et 200 kg) et grands (10 à 15 % de plus pour ce qui est de la taille corporelle) que les femelles (entre 80 et 140 kg). Le dimorphisme sexuel découle du système reproductif polygyne du caribou, où un mâle est en mesure de s’accoupler avec plusieurs femelles. Ce mode de reproduction est basé sur la compétition entre les mâles : les caribous mâles massifs ayant accès à un plus grand nombre de femelles. De plus, cette différence de gabarit influence une gamme importante de comportements chez les deux sexes, allant de l’utilisation de l’habitat aux comportements sociaux et de dominance (voir le chapitre 3 à ce sujet).


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