20110223 Chi Li

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CULTURE

mercredi 23 février 2011

Un plat chinois à manger froid gie des anciens discours moralisateurs. Le père de la romancière, née en 1957 à Wuhan, est issu d'un milieu paysan pauvre alors que sa mère vient d'une famille aisée de propriétaires terriens. Chi Li avoue porter un regard neuf sur la réalité chinoise grâce à sa situation familiale qui est totalement en rupture avec les traditions de l'ancienne Chine selon lesquelles le mariage de ses parents aurait été inconcevable.

Paru récemment en format poche (éd. Babel, Actes Sud), le court roman de l'écrivain Chi Li évoque une période de l'histoire de Chine au travers de passions individuelles. ■ Grandeur et décadence! Tel fut le sort réservé aux Wang, comme le décrit Chi Li au commencement de son récit Préméditation. Le déclin de cette famille chinoise a été mis sur le compte des Ding, qui, contrairement aux Wang, ont vu leur famille prospérer dans la richesse. Jusqu'au jour où le descendant des Wang décide de se venger. Sa haine «qui prenait racine plusieurs générations en arrière» explose lorsque la femme qu'il convoite épouse l'héritier des Ding. Il ne cessera de vouloir éliminer son rival sur le théâtre des rebondissements politiques que connaîtra son pays durant la première moitié du vingtième siècle: la guerre sino-japonaise, les luttes entre nationalistes et communistes, et finalement vers 1950 la république populaire et la réforme agraire. Avec une distance sereine et posée, mais d'une plume tonique et empreinte d'humour, la romancière chinoise replace les

Un roman adaptée au cinéma

passions vengeresses d'un homme au milieu d'un contexte historique bousculé qui lui donne certains avantages. Tout au long du récit, Wang endosse le rôle de l'antihéros, envieux et ingrat, alors que son rival Ding revêt celui du riche, mais généreux propriétaire foncier.

Un regard neuf sur la réalité chinoise Chi Li marque ainsi une transition vers un récit de facture moderne qui ne fait pas de misérabilisme, encore moins l'apolo-

Considérée comme l'une des figures de la littérature chinoise réaliste, Chi Li a participé à la fondation du groupe néo-réaliste dans son pays. «Mon principe consiste à décrire la réalité dans tout ce qu'elle a de vivant et d'attachant. Je m'attache à mettre en images l'existence de certains de mes contemporains et à

offrir ces tableaux au public, il s'établit alors un pont entre les êtres et c'est là tout le but de ma création», confie-t-elle au cours de l'une de ses rares interviews. Après avoir été médecin durant quelques années, Chi Li devient rédactrice dans une revue littéraire, puis vice-présidente de l'Union des Ecrivains de Wuhan, sa ville natale. Jusqu'à présent, neuf de ses romans ont été traduits en français aux éditions Actes Sud parmi lesquels Triste vie, Les sentinelles des blés ou dernièrement encore Le Show de la vie qui fut adapté au cinéma en Chine et connut un grand succès. Préméditation est certainement l'occasion de découvrir Chi Li, une auteur qui dépeint ici comme un conte chinois la réalité des gens de son pays avec une intelligente lucidité, souvent teintée d'ironie. ■ Nathalie Cailteux

Participez à notre jeu-concours, organisé en partenariat avec LIBO, qui chaque mercredi met deux exemplaires du livre de poche sélectionné en jeu. Ce livre est par ailleurs mis en évidence au rayon littérature de la librairie. Pour tenter d'empocher le poche de la semaine, envoyez un SMS au 644 47 avec le code: Voix (espace) Nom (espace) Prénom (espace) Li. Les gagnants tirés au sort seront prévenus par retour de SMS et pourront retirer leur exemplaire à la librairie LIBO au 11, rue du Fort Bourbon à Luxembourg. www.libo.lu

Rue bric-à-brac

Le fado de Coimbra le temps d'un atelier L'INECC (Institut Européen de Chant Choral Luxembourg) propose de découvrir les perles de la culture musicale du Portugal: le fado de la ville de Coimbra et quelques chansons traditionnelles du pays. Dans le cadre d'un stage organisé en partenariat avec la chorale portugaise «Alice», les personnes intéressées seront encadrées par Stephany Ortega et Philippe Partridge. Aucune connaissance ni musicale ni linguistique n'est requise. Dates et horaires: samedi 5 mars de 14 h à 18 h et dimanche 6 mars de 9 h 30 à 15 h 30. Un concert aura lieu dimanche à 16 heures à l'INECC. Tarif: 20 euros. Renseignements par tél. 26 430 481 ou par mail: info@inecc.lu

Soit dit en passant

Lady Rosa de Luxembourg Décidément, quel succès pour notre Gëlle Fra! A Shanghai, les foules chinoises se sont extasiées devant elle; à Bascharage, ils ont été plus de trente mille à connaître le bonheur de la regarder les yeux dans les yeux. Aujourd'hui, elle a retrouvé son piédestal et sa fonction commémorative. Mais celle qui nous intéresse ce matin, c'est sa «jumelle», la controversée Lady Rosa! Alors qu'elle se faisait discrète dans les bâtiments d'une association en rapport avec son «état intéressant», voilà que, grâce à l'escapade de sa sœur, elle se retrouve à nouveau sous les projecteurs. Elle aussi va voyager, mais à New York, invitée à rejoindre, dans le prestigieux MoMa, les autres œuvres de Sanja Ivekovic. Et l'on évoque la possibilité pour elle d'occuper ensuite un emplacement de prestige au MUDAM. De quoi s'interroger à son propos, et de façon plus générale, quant au destin de certaines œuvres. Cette Lady Rosa vaut-elle par les qualités esthétiques du traitement de son «sujet» ou n'a-telle atteint la notoriété que par le scandale qu'elle a suscité? – et il nous faut à ce propos souligner combien les censeurs sont éternellement «maladroits», eux qui mettent sous les projecteurs les œuvres qu'ils voudraient faire disparaître!

Pour justifier sa valeur artistique, on met en évidence la «convocation» à New York. Mais, si nous avons bien compris, il s'agit d'une rétrospective, presque toujours caractérisée donc par un souci d'exhaustivité. Et Lady Rosa aura sans doute un carton plus détaillé que pas mal de ses consœurs, précisant comment elle a «ému», ébranlé, toutes les autorités représentatives d'un petit pays difficile à trouver sur une carte. Quant à son entrée, et par la grande porte, au MUDAM, nous ne pouvons nous empêcher de nous interroger sur la place qui lui y sera réservée. Nous avons lu quelque part que sa monumentalité obligerait à l'installer dans un lieu de passage, de la privilégier donc. Sa réelle valeur artistique justifie-t-elle ce privilège au long cours, cet accaparement qu'elle va faire de l'attention des visiteurs, et nous en revenons à notre première question. Notre réflexion est aussi motivée par la découverte à l'exposition Chefs-d'œuvre? au Centre Pompidou de Metz, et cela en compagnie de quelques-uns des plus grands peintres du XXe siècle, d'un tableau de Séraphine de Senlis. Plutôt ignorée jusqu'au film qui lui a été consacré… Réhabilitation ou air du temps? ■ Stéphane Gilbart

Visions d'autres mondes L'appel des légendes est une nouvelle série d'aventures surnaturelles dans laquelle monstres et magies côtoient le monde réel. Center Lane clôt le troisième cycle des aventures de Sam Lawry, ce héros qui a le don de voir et de prédire la mort. ■ L'appel des légendes. Cathya Mac Findly, spécialiste des contes et légendes celtiques, vient d'être embauchée par le GIC (Groupe d'Intervention Cryptozoologique). Cette agence gouvernementale a pour mission de régler les interactions entre le monde réel et celui de l'invisible, celui des créatures de légendes. Cathya prend alors la tête de l'équipe phoenix, composée de soldats et «d'oreilles d'or», des humains capables d'entendre la présence de ces êtres mythologiques. Sa première mission: récupérer Excalibur, l'épée légendaire des mains d'Arawn le sombre. L'univers créé par les auteurs est original et fait écho à des mythes connus: les faunes, le Graal, Excalibur… Dans ce tome d'introduction, Pailharey met en place les personnages récurrents et un bestiaire mythologique des plus riches. Son scénario énergique fait la part belle à l'action et aux rencontres explosives. Au dessin, Vignaux magnifie les scènes d’action démesurées par un découpage éclaté du plus bel effet. Cette nouvelle série sera

découpée en missions de deux albums. • Sam Lawry. Années 70, en pleine guerre froide. Les Américains ont développé un projet autour des remote viewers, des médiums, qui sont entraînés à découvrir les secrets soviétiques. Sam Lawry est recruté lui aussi pour ses dons particuliers. Pendant ce temps, la CIA interroge le Colonel Slobodin, récent transfuge russe, pour identifier la taupe qui sévit au sein même des services américains. Brad Dexter, directeur du contre-espionnage, a le profil du coupable. Dexter fuit la surveillance des agents américains et convainc Sam Lawry de l'aider à prouver son innocence. Une fois de plus, Richez entraîne son héros au cœur des ennuis, dans une histoire faite de

faux-semblants autour des activités d'espionnage liées à la guerre froide. Alors que le premier tome de ce cycle nous faisait découvrir le héros en bien mauvaise posture, torturé dans un goulag, le scénariste nous révèle ici les événements qui l'y ont conduit, donnant plus d'envergure à son personnage. Ce jeu sur deux périodes donne lieu à un thriller efficace qui tient en haleine. Chetville livre un travail réaliste convaincant tant au niveau des personnages que des décors. ■ Jean-Luc Delorme – Center Lane, tome 6 de la série Sam Lawry par Chetville et Richez aux éditions Bamboo. – Opération Claymore 1, tome 1 de la série L'appel des légendes par Pailharey et Vignaux aux éditions Drugstore.


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