La maison kabyle un modèle à réinventer

Rapport de fin de cycle (Licence) Ecole Nationale Supérieure d'Architecture et de Paysage à Lille

La maison kabyle un modèle à réinventer

Auteur : Nainour NAIT ABDERRAHAMANE 2018/2019

La maison kabyle un modèle à réinventer

Sommaire Introduction ....................................................................................................... 4 I Le paysage du village kabyle entre un aspect vernaculaire et un aspect moderne .................................................................... 6 I.1 La maison kabyle traditionnelle ............................................................ 7 Conclusion partielle .......................................................................... 12

I.2 Les nouvelles constructions ................................................................. 12 Conclusion partielle .......................................................................... 16

I.3 Conclusion 1........................................................................................ 17

II Les principaux facteurs du déclin du village ................................................. 18 II.1 Absence d'une politique planificatrice et réglementaire .......................... 18 Conclusion partielle ............................................................................19

II.2 Prise de conscience de la matérialité du village ..................................... 20 Conclusion partielle ........................................................................... 22

II.3 Conclusion 2 ....................................................................................... 23

III Perspectives sur le devenir des maisons et des villages kabyles .................. 24 III.1 Patrimonialisation du cadre bâti traditionnel ........................................... 24 Conclusion partielle ........................................................................... 26

III.2 Développement d'une culture régionaliste aux sein des architectes ........................................................................................ 26 Conclusion partielle ........................................................................... 29

III.3 Conclusion ........................................................................................ 30

Conclusion .................................................................................................... 31

Introduction : En Kabylie1, la maison traditionnelle est l'une des plus grandes caractéristiques qui identifie la population kabyle. Ainsi l'organisation urbaine de ses villages et l'architecture rustique de ses maisons, notamment avec son mode de construction typiquement vernaculaire, font d'elle un patrimoine incontournable dont ses habitants sont fiers.

Depuis les années 1960-1970 jusqu'a nos jours, les maisons kabyles traditionnelles sont en déclin perpétuel, comme c'est le cas dans mon village natal situé à la wilaya de Tizi Ouzou, dans la commune Illilten, village "Thawrirth iheddaden" qui est en train de perdre son caractère et son paysage architectural traditionnel, et cela au profit de nouvelles constructions qui viennent s'implanter à la place des anciennes maisons. Ainsi, après l'indépendance de l'Algérie, la population kabyle sortie de guerre doit se reloger et elle est donc attirée par un modèle d'habitat moderne et spacieux, ce que les anciennes maisons traditionnelles ne leur offrent pas. Aussi, l'arrivée du béton et de nouveaux matériaux de construction industrielle, permet de construire sur une grande surface et sur plusieurs niveaux. En revanche, ces nouvelles bâtisses sont auto-construites par les habitants euxmêmes sans aucune intégration au contexte local, ni dans le choix des matériaux mis en œuvre, ni dans le décor architectural. En conséquence de cela il en résulte un bâti haut, laid et disproportionné par rapport à la maison traditionnelle, et pose aussi un réel problème en termes d'isolation thermique. Tous ces éléments-là créent l'incohérence des nouvelles maisons par rapport au paysage des bâtis existants, et aussi par rapport aux usagers.

En tant que villageois kabyle, et architecte de formation, je me sens très impliqué, par les problématiques que rencontre mon village et par son avenir. Aujourd'hui il faut penser à revivifier les villages anciens, et de les revitalisés, mais par quels moyens ? Il faut préciser au moins une chose aussi, c'est le fait qu'on a un patrimoine bâti ancien qui pourra servir de référence, autrement dit, un point de départ pour toute nouvelles réflexions sur les futures productions architecturales. De cela, nous tenterons de répondre à cette question : Les maisons traditionnelles kabyles constituent-elles un modèle à réinventer pour les futures productions architecturales dans le village ?

1

La Kabylie est une région montagneuse située au Nord de l'Algérie, et les kabyles l'appellent terre des montagnes en langue kabyle: "Thamurth n leqvayel". Elle fait partie de l'Atlas et se situe en bordure de la méditerranée.

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Ainsi dans ce rapport, je ferai d'abord une analyse des deux modèles de maisons existantes dans le village en déclinant les différences qu'elles entretiennent l'une avec l'autre, notamment sur l'aspect architectural et sur le mode d'implantation urbain. Ensuite, je verrai quels sont les facteurs réels qui ont contribué au déclin du village à la fois vu d'un angle politique et aussi d'un angle sur la matérialité en m'appuyant beaucoup plus sur mes expériences personnelles. Enfin, en se référant aux cours que j'ai eu lors de mon cursus et à des lectures je présenterai quelques perspectives sur le devenir du village notamment sur la nécessité de préserver et de sauvegarder ce patrimoine bâti traditionnel mais aussi sur la façon de le réinventer sous d'autres formes impliquant à la fois tradition et modernité.

(Figure1) (Comité du village), Photo ancienne du village "tawrirt" datant dans le début des année 1960 "guerre de la révolution algérienne", paysage des maisons traditionnelles

(Figure2) Nait Abderrahmane (Abdenour) , Photo récente du village "tawrirth" 2019, paysage mixte entre maisons traditionnelles et nouvelles constructions

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I. Le paysage du village entre un aspect vernaculaire et un aspect moderne : Pendant ma petite enfance, j'ai grandi en ville et je n'ai pas eu la chance de vivre dans une vraie maison kabyle. En revanche pendant les saisons estivales, je passais toujours mes vacances dans notre village ; où je sillonnais ses ruelles étroites, au travers de ses constructions de terres, de pierres et de bois, couronnées de tuiles rouges grisâtre abimées certainement par le temps. Cela a tout d'abord impacté sur mon vécu entre la ville et le village, où ce dernier a suscité en moi des ressentis assez particuliers notamment par les ambiances que générait le village, par ses couleurs chaudes, ses différentes textures qui renvoient à la nature. Enfin, le village était devenu pour moi une représentation architecturale ancienne par rapport aux nouvelles constructions.

Après mon entrée à l'université de Bejaia (Algérie) en tant qu'étudiant en architecture, ma perception du village à changer, notamment sur la perception de l'espace, sur l'organisation des maisons au sein du village, sur l'utilisation des matériaux rustiques et de leurs mises en œuvre. Aussi par rapport aux nouvelles constructions qui juxtaposent les anciennes maisons, qui à mon sens viennent défigurer l'aspect traditionnel du village en lui faisant perdre son identité architecturale, une identité comme l'explique Marion Segaud, où "l'architecture est censée surgir d'un paysage sans relief et contribuer à l'identification de ce paysage, de la même manière qu'une église participe à l'identification de la paroisse."1 Autrement dit, le village par son architecture et par son urbanité ancienne qui le caractérise, contribue à l'identification de la population kabyle. Alors que les nouvelles constructions ont une architecture standardiser et qu'on pourrait trouver dans n'importe quelle région en Algérie.

Par ailleurs, analyser les deux types de maisons qui sont toutes les deux issues d'une architecture auto construite, pour ainsi décliner les caractéristiques et les incohérences de chacune. Cette analyse s'avère importante pour mieux comprendre les raisons pour laquelle les nouvelles constructions ne s'adaptent pas aux usagers actuels.

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Segaud (Marion), Espaces de vie espaces d'architecture, Paris, Ministère du logement, Recherche N° 64, 1975, p.11.

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I.1 La maison Kabyle ancienne La maison traditionnelle kabyle est l'unité d'habitation d'un villageois kabyle. Un habitat très restreint en termes d'emprise surfacique, avec une architecture typiquement vernaculaire. Dans la plupart des cas, chaque grande famille vit dans un ensemble d'habitation appelé "el hara", et qui est constitué de plusieurs unités de maisons.

Ensembles d'habitation El hara : C'est l'espace privé de chaque grande famille, constituant l'unité sur laquelle se trame la structure globale du village. Elle se compose d'un espace collectif libre à ciel ouvert qui est la cour centrale bordé par des unités d'habitations "maisons".

Ainsi, la composition initiale d'el hara (figure3), comprend la maison et la cour, et selon la grandeur de la famille et le nombre des occupants, el hara peut s'étendre d'une maison à plusieurs.

(Figure 3) Nait Abderrahmane (Nainour), Plan schématique de l'organisation d'el hara

La maison Axxam C'est l'unité d'habitation du villageois "la maison kabyle" (Figure 4). Elle est de dimension réduite, Selon Pierre Bourdieu, « l'intérieur de la maison kabyle, présente la forme d'un rectangle qu'un petit mur à claire-voie s'élevant à mi-hauteur divise, au tiers de sa longueur, en deux parties »2. Il distingue finement ces deux parties, une partie haute et une partie basse qui s'oppose l'une à l'autre comme la culture à la nature (Figure 5).

2

Bourdieu (Pierre), Esquisse de la théorie de la pratique : précédé de trois études d'ethnologie kabyle, Genève, Edition points, 1972, p.45.

7

(Figure 4) Nait Abderrahmane (Nainour), Plan schématique de la maison kabyle, 2019 1- Jarres légumes secs / 2- Jarres de grains / 3- Grand jarres de réserve d'eau

(Figure 5) Nait Abderrahmane (Nainour), Coupe schématique de la maison kabyle, 2019

La partie haute Lieu des deux activités proprement culturelles à savoir cuisiner et tisser.

Lumineuse, noble, lieu des humains et en particulier l'inviter3, elle englobe plusieurs éléments : La porte d'entrée Thabourth, le seuil de la maison orienté vers l'est, est matérialisé par une porte à deux battants en bois4 d'une dimension d'environ 1.2 mètre de largeur et de 1.6 3

Bourdieu (Pierre), Esquisse de la théorie de la pratique, Op.cit. p.47.

8

mètre de hauteur. D'après mon père cette faible hauteur de la porte, incite à faire baisser la tête avant d'entrée, un geste de respect envers la hurma qui pour Bourdieu est l'honneur féminin. En été, la porte doit rester ouverte tout le jour pour que la lumière fécondante du soleil puisse pénétrer avec elle la prospérité.5 Aussitôt qu'on a affranchi le seuil on se retrouve sur taqaàt qui occupe plutôt l'équivalent d'une superficie de deux tiers plan du rectangle de la maison. C'est la pièce "la plus grande, exhaussée de 50cm environ et recouverte d'un enduit d'argile noir et de bouse de vache que les femmes polissent avec un galet, est réservée aux humains".6 On retrouve ainsi :

Le foyer du feu ou El kanun, il est soit creusé ou construit en hauteur, le foyer du feu est une cavité circulaire7 d'environ 30 centimètres de diamètre et de 15 centimètres de profondeur ou de hauteur. C'est là où la femme prépare à manger. Le mur du foyer orienté nord, est percé de niches, qui servent au rangement des ustensiles de cuisine.

Le métier à tisser Azetta

Le mur, qui fait face à la porte, est appelé mur du métier à tisser8 (Figure6), Orienté vers l'ouest c'est le plus éclairé de la maison puisque la porte de l'entrée lui fait face. La femme pratique son métier noble de tissage.

(Figure 6 ) Le métier à tisser, [Disponible sur]: https://twitter.com/KABYLIEDZ/status/1040626919677599746

Ainsi, l'importance qui est accordée à l'orientation de chaque élément a une signification pratique aux usagers. Le métier à tisser à l'ouest est éclairé directement par la

4

Ibid. p.45.

Ibid. p.54.

6 Ibid. p.45.

7 Ibid. p.45.

8 Bourdieu (Pierre), Esquisse de la théorie de la pratique, Op.cit. p.46.

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porte d'entrée à l'est devient la lumière du dedans et emprunte la clarté de l'extérieur. Le foyer qui se trouve au nord correspond au sud (et l'été) de l'intérieur.

La partie basse Partie obscure et nocturne de la maison, lieu des animaux, des activités naturelles, de sommeil, lieu du secret le plus intime, c'est-à-dire de tout ce qui concerne la sexualité et la procréation. A peu près vide le jour, où toute l'activité féminine se concentre autour du foyer, cette partie obscure est pleine la nuit, pleine d'humains et aussi de bêtes.9 Elle englobe

aussi

plusieurs

éléments

(Figure7) : (Figure 7) Nait Abderrahmane (Nainour), Croquis sur la partie basse de la maison kabyle, 2019

L'étable Adhaynine Le tiers restant du plan rectangle se retrouve en contrebas par rapport à taqaàt.

Orienté au sud, elle est toujours occupée par les bêtes.10 Dès lors l'étable au sud correspond au nord (et l'hiver) de l'intérieur puisque c'est une partie humide. Et juste au-dessus on trouve la soupente.

La soupente Taàricht Située au-dessus de l'étable, où sont accumulés, à côté d'ustensiles de toute sorte, la paille et le foin destinés à la nourriture des animaux, et aussi où dorment le plus souvent les femmes et les enfants, surtout en hiver.11 Cet espace est plutôt très pratique pour les rangements et il repose sur un petit muret.

Le muret Thadekwant

9

Ibid. p.48.

Bourdieu (Pierre), Esquisse de la théorie de la pratique, Op.ci. p.45.

11 Ibid, p.46.

10

10

C'est le mur à claire-voie12 s'élevant à mi-hauteur qui sépare la partie basse et la partie haute, sur lequel reposent les poutres de la soupente Thaàricht. En soubassement de ce mur du côté de l'étable se trouvent les mangeoires des animaux. De l'autre côté de Taqaàt, sont rangés les petits jarres de terre ou les paniers d'alfa dans lesquels on conserve les provisions destinées à la consommation immédiate "figue, farine et légumineuse".13 Aussi ce muret abrité par des éléments en niches sert de rangement est aussi ornementé de motifs et de symboles kabyle en argile ou en chaux.

L'ornement dans la maison kabyle a une grande place. Etablie par la femme que ce soit dans son métier de tissage, dans les ustensiles qu'elle fabrique avec de la terre crue ou encore sur les murs, (Figure 8-9) l'ornement donne un caractère à la maison.

(Figure 8-9) Ornement et décoration murale de la maison kabyle, [Disponible sur] : http://www.destockmobilier.fr/decoration-maison-kabyle/, 2019

Ainsi la maison kabyle s'organise selon un ensemble d'oppositions homologue, partie haute-partie basse, jour-nuit, lumière-ombre, culture-nature.

L'importance qui est accordée à l'orientation de chaque élément a une signification pratique aux usagers. Selon Bourdieu cette orientation est exactement l'inverse de l'extérieur par une demi-rotation sur le seuil pris comme axe et correspond à l'opposition du travail de l'homme à celui de la femme. L'homme qui travaille toute la journée à l'extérieur s'oppose au travail de la femme qui est toujours à l'intérieur de la maison et qui se voit plus d'espace dédier à elle.

12 13

Ibid, p.45.

Ibid. p.45.

11

Aussi la division de la maison en une partie obscure (Ouest - Nord) et une partie lumineuse (Est - Sud) a une relation avec les espaces de rangements en niches qui ont aussi une signification importante dans la maison (Figure 10). D'une part leurs valeurs de rangement est très pratique et d'autre part leurs orientations correspond aux parties sèches de la maison.

(Figure 10) Nait Abderrahmane (Nainour), La maison kabyle où le monde se renverse selon Pierre Bourdieu

Conclusion partielle De cela, on pourrait dire que la conception de la maison kabyle traditionnelle, est intimement lié aux activités et au travail de l'homme et de la femme. Et elle est plutôt conçu d'une manière à favoriser le travail de la femme. Dès lors il est intéressant de voir maintenant sur quel principe sont conçus les nouvelles maisons.

II. Les nouvelles constructions Depuis l'indépendance jusqu'à aujourd'hui toutes les nouvelles bâtisses sont autos construites par les habitants, sans l'intervention d'un architecte ou d'un organisme de l'état.

Ainsi, les familles qui deviennent de plus en plus nombreuses ont plus besoin d'espace pour s'établir et vivre en groupe. De plus, avec l'avènement du fer et du béton, deux nouveaux matériaux qui permettent de réaliser quelques ouvrages tels que les escaliers et les dalles, permettent ainsi de construire spacieux et en plusieurs niveaux, à l'encontre de la maison kabyle traditionnelle qui est construite juste en rez-de-chaussée et qui n'offrait pas un espace généreux.

Dans cette analyse nous prendrons un exemple d'une nouvelle maison pour ainsi voir son implantation dans l'espace urbain du village et sur son aspect architectural "l'organisation intérieur".

12

L'implantation urbaine Nous avons vu que l'organisation urbaine du village kabyle (Figure11), se composait de la maison kabyle traditionnel alignée sur la ruelle. Ainsi avec le développement des moyens de transport et l'apparition de l'automobile, les ruelles principales s'élargissent pour accueillir la voiture et deviennent des voies larges. Dès lors, les habitants dépendants la voiture préfère construire leurs nouvelles maisons aux bords des voies pour servir leurs garages situer au rez-de-chaussée. Cela se traduit par un changement dans l'organisation urbaine du village, on passe de la ruelle à la voie automobile qui structure le village (Figure12).

(Figure11) Nait Abderrhamane (Nainour ), Structure urbaine du village ancien, 2019

(Figure12) Nait Abderrahmane (Nainour), Structure urbaine du village d'aujourd'hui, 2019

Aussi il faut dire, que sur le plan du confort thermique des nouvelles maisons, le passage de la ruelle qui faisait office d'un tissu très dense et très compacte à des voies plus larges et aéré, permet plus l'exposition des façades au rayonnement solaire augmentant la chaleur dans les maisons en été, et permet la circulation des vents froid hivernal provoquant une chute des températures à l'intérieur des maisons. Ainsi on peut dire aussi que la forme urbaine est déterminante dans le contrôle climatique du village.

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L'organisation spatiale des nouvelles maisons Suite au changement de la structure urbaine du village, el hara n'est plus en vigueur. Les maisons sont plus ou moins éparpillé et sont à plusieurs étages. L'accès à l'intérieur se fait directement de l'espace public. Au rez-de-chaussée, on retrouve un ou deux garages et l'entrée principale.

Ainsi avec l'avènement de la voiture le garage est presque indispensable aux habitants. Il abrite dans la plupart des cas la soupente taaricht qui est toujours un espace voulu par le villageois kabyles (Figure13). Elle permet le stockage de l'approvisionnement des olives et les Chênes. A côté du garage en trouve la porte d'entrée.

(Figure 13) Nait Abderrahmane (Nainour), Garage abritant la soupente, 2019

Une fois le seuil est affranchi, on retrouve un salon et un escalier qui nous conduit vers les étages supérieurs (Figure 14), autrement dit vers les pièces privées, puisque le salon est dédié aux invités et qu’au nom de la hurma "l'honneur féminin" le salon doit être détacher des autres pièces pour mettre à distance l'invité étranger de la femme.

(Figure14) Nait Abderrahmane (Nainour), Plan du RDC, 2019

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L'étage supérieur est divisé en plusieurs pièces avec des fonctionnalités distinctes de chacune (Figure15).

Le hall, la salle à manger, varient d'une maison à une autre, c'est le lieu de rassemblement, de détente, de loisir familiale, d'accueil de visiteurs c'est aussi l'espace où la famille se met à table pour manger. Cet espace reprend partiellement les fonctions de "taqqaat" de la maison traditionnelle, qui a comme fonction de se réunir. C'est l'espace le plus grand et donne accès aux autres pièces telle que "Cuisine - Salle de bain - Chambres.

(Figure15) Nait Abderrahmane (Nainour), Plan étage, 2019

La terrasse, remplace la toiture en tuile de la maison traditionnelle. Aujourd'hui les villageois préfèrent une terrasse qui est à usage multifonctionnelle notamment pour les fêtes et tout autre événement familiale. En revanche elle pose beaucoup de problème d'étanchéité et d'infiltration d'eau.

Pour les matériaux de construction, les nouvelles maisons sont édifié selon une structure poteau - poutre - dalle en béton armé, et une enveloppe avec un remplissage en brique. Il faut préciser aussi que ces matériaux sont transportés de régions très lointaines, impliquant un coût surélever, et un danger aux conducteurs de camions transporteurs puisque les voies dans les montagnes sont très étroites.

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Les nouvelles constructions sont dépourvu d'ornement, l'intérieur comme à l'extérieur les murs sont lisses, la femme d'autre fois qui façonné les murs avec des motifs en argile n'est plus d'actualité. Aujourd'hui les habitudes ont changé, la femme est plus instruite et travail en dehors dans des structures réglementaires et pareil pour l'homme. Les familles se préoccupe plus de leurs situation économique et financière.

Adolf Loose le confirme, pour lui l'ornement est un crime c'est de la force gaspillée, et par là de la santé gaspillée et signifie aussi du matériau gaspillé, et donc du capital gaspillé.14 Le villageois kabyle d'aujourd'hui pense davantage à améliorer sa situation financière et à accroitre ses biens.

Conclusion partielle Ainsi, l'auto-construction des nouvelles maisons

(Figure16)

entièrement inspirer

dans des

le

village

maisons

sont

modernes

d'aujourd'hui à caractère spacieux. Leurs modes d'implantation qui est distancié et plus aérer, ajoutée à cela l'utilisation du béton et le parpaing diminue considérablement l'apport thermique. Sur le plan paysager, leur immensité qui varie de (2 à 3 étages) crée un déséquilibre par rapport aux anciennes maisons et aussi par rapport au site montagnard.

(Figure16) Nait Abderrahmane (Nainour), Nouvelles construction massive, Illilten,2019

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Loose (Adolf), Ornement et Crime, Paris, Editions Payot et Rivages, 2003.P.80

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Conclusion 1 : La production des nouvelles constructions qui juxtapose ou qui s'implante à la place des anciennes maisons kabyles, dénature le paysage vernaculaire du village en réduisant le site à un simple receveur de fondation en béton. Cette production dénonce une architecture et un urbanisme fonctionnellement et esthétiquement aberrante qui se répète à l'infini dans les villages amenant finalement le territoire à sa perte d'identité. Contrairement à nos ancêtres qui pensait et concevait leurs maisons par rapport à leur activité et aussi par rapport au contexte local, nous aujourd'hui, on est plutôt attiré par un modèle d'habitat universel dont il n’est pas compatible aux usagers et au contexte du site.

Ainsi, il

intéressant de voir quels sont les principaux facteurs qui ont amené au déclin du village traditionnel.

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II. Les principaux facteurs du déclin du village Nous avons vu que les nouvelles productions architecturales présentaient des dysfonctionnements en termes de conception, d'isolation thermique et aussi d'esthétique au sein du village. Nous pensons ainsi que l'intervention des structures réglementaires peuvent jouer un rôle important, pour recadrer l'architecture et la réglementation dans la conception et aussi dans l'utilisation des matériaux de construction dans le village.

II.1 Absence d'une politique planificatrice et réglementaire Partant d'un constat personnel, et d'un entretien semi-directif amené auprès des villageois, il s'avère que toutes les nouvelles maisons sont auto-construites par les habitants eux-mêmes. Par ailleurs, dans une démarche de politique quinquennale présidentielle qui a pour objectif d'urbaniser les territoires ruraux, l'état octroie aux habitants désireux de construire une nouvelle maison dans le village, une somme d'argent pour lancer leur projet.

L'état n'intervient en aucun cas pour suivre la réalisation et n'intervient pas non plus dans la réglementation ou dans la planification, ce qui a généré un résultat désastreux dans l'organisation et l'homogénéité des nouvelles constructions au sein du village.

L'intervention d'un architecte n'est pas non plus obligatoire. Autrement dit, on construit comme on peut et comme on veut.

D'un autre côté, pour s'autogérer, les habitants ont créé leur propre système de gestion : "Tajmaât". Le comité de village est toujours d’actualité et c’est lui qui gère les affaires locales. Avec un système d’autogestion qui s'articule autour des problématiques telles la collecte de déchets, l'organisation des fêtes du villages ou encore quelques petits aménagements voiries et réseaux divers, ce sont les habitants qui financent. Mais encore une fois, ce comité de village n'a pas de volet d'intervention sur l'aspect réglementaire dans la conception des maisons ou encore sur l'utilisation des matériaux adéquat au contexte géographique.

Au cours de mes vacances d'été, j'assistais toujours aux grandes réunions des villageois où ils exposent les problèmes et les difficultés qu'ils rencontrent au sein du village, et ce qui a attiré le plus mon attention, c'est que les vieux "les anciens habitants" ont toujours tendance à réclamer sur le changement structurel du village à travers le temps, en d'autres termes l'implantation de nouvelles constructions sur les anciennes maisons 18

traditionnelles, sur la suppression du lieu de rassemblement la place "Thajmaat" et la source d'eau "thala" qui sont des lieux de rencontres dans le village. Pour eux ce sont des lieux de souvenir et de mémoire de l'ancien et d'autrefois. Ainsi ce patrimoine bâti est en train de s'effriter et de disparaitre du paysage du village, emportant avec lui toute une identité kabyle.

Aussi lors de mes stages dans les différents bureaux d'études en Algérie, j'ai constaté que toutes les soumissions de projets ainsi que les cahiers des charges ne comportaient absolument pas la spécificité d'utilisation de matériaux traditionnels dans les régions spécifiques. Que ce soit dans le sud ou le nord, dans les plaines ou les montagnes, le tout est construit d'une manière standardisée en béton. On pourrait dire qu'aujourd'hui, l'architecture en Algérie est pilotée par l'état, c'est-à-dire le politique. Cette dernière impose indirectement l'utilisation des matériaux industriels puisque la demande est de toujours de construire grand et massif. Nous devons préciser au moins un élément important : Dans le village, le patrimoine bâti que nous avons construit avec du béton, est un patrimoine non renouvelable, car toute la production architecturale actuelle ne pourra peut-être pas se patrimonialiser. Tout ce que nous sommes en train de produire aujourd'hui ne deviendra peut-être pas un patrimoine durable dans le temps, puisque ces matériaux industriels sont des matériaux jetables. Le béton a une durée de vie déterminée d'un siècle à un siècle et demi. Passé ce délai, l'ouvrage va être détruit. Plusieurs exemples en Algérie tels que les bâtiments qui datent de la colonisation française ou encore les maisons construites en poteau poutre en Kabylie dans les années 1940-1950, connaissent aujourd'hui une extrême détérioration et doivent être démolis.

Conclusion partielle C'est pourquoi l'idée d'établir un cadre réglementaire pour la planification des nouvelles constructions dans le village et faire intervenir des architectes est primordiale recadrer au mieux les nouvelles productions architecturales dans le village. Il est intéressant aussi de promouvoir la construction avec les matériaux traditionnels, qui est un élément très important parmi d'autres pour bâtir un patrimoine propre à la Kabylie.

19

II.2 Prise de conscience de la matérialité du village En 2015, j'ai effectué une visite à l'école polytechnique d'architecture et d'urbanisme "EPAU" d'el Harrach à Alger, pour ainsi bénéficier du festival «Archi-Terre".

C'est un festival qui reçoit des étudiants en architecture et des professionnels, afin de promouvoir la construction en terre et sa mise en œuvre. La rencontre a été animée par des ateliers de pratique d'initiation technique pour la construction en terre notamment "arc, voûte, dôme, bloc de terre comprimé" (figure17) et aussi un séminaire avec des débats d'experts, sur la question du développement potentiel de la filière "terre" en Algérie, qui est un matériau local et qui s'adapte au climat du pays, notamment en Kabylie. Ces débats

visent

aussi

à

faire

prendre

conscience aux futurs architectes, de leur responsabilité par rapport à la préservation de ce patrimoine national et la nécessité de le prendre en charge eux-mêmes et de le transmettre aux futures générations.

(Figure17) Després (Johan), Festival Archi"terre - Ecole Polytechnique d'Architecture d'Alger, reproduite dans Architecture terre et rénovation pisé, [Disponible sur]: http://www.terre-despres.net/festival-archi-terre-ecolepolytechnique-d-alger/. DR.

Ainsi l'apport de cette visite m'a permis de me questionner sur l'importance de faire revivre cette architecture traditionnelle qui est principalement produite de terre, de pierre et de bois dans la région de la Kabylie. Dès lors, la maison traditionnelle kabyle est construite à base de matériaux issus directement de la nature à savoir : la pierre taillée, la terre "argile", la paille, le bois.

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La pierre est d'abord extraite des rivières et dans l'épierrage des champs à proximité des villages. Des artisans constructeurs la taillent en blocs de pierre équarris pour être placés dans une construction selon une disposition précise. Son caractère poreux et résistant à la compression1 permet d'édifier des murs de soutènement solides et laisse l'écoulement de l'eau des montagnes. (figure18)

(Figure18) Nait Abderrahmane (Nainour), Mur en pierre, Détail sur la mise en œuvre de la pierre, Illilten, 2019.

L'argile sert pour l'édification des murs, sert aussi de liant pour la pierre et en le mélangeant avec de la paille, il devient un revêtement et un enduit compact et résistant avec des performances thermiques remarquables et une faible conductivité qui est due à la grande proportion d'air enfermée dans et entre les fibres. (Figure19).

1

Laurent (Jean-Marc), Pierre de taille Restauration de façades, ajout de lucarnes, Paris, Eyrolles, 2003, p.2122.

21

L'isolation thermique des murs est la principale condition pour assurer une maitrise des énergies de chauffage et obtenir une température des parois agréable.2 Ainsi, lorsque les conditions climatiques varient fortement dans le village, ce matériau joue un rôle crucial pour réduire les fluctuations de température, dues par exemple au rayonnement solaire, à la chaleur du jour, ou encore au rafraichissement nocturne.

Cela permet de maintenir un climat stable.

(Figure19) Nait Abderrahmane (Nainour), Mur en terre, Détail sur la mise en œuvre de l'argile et de la paille, 2019.

Conclusion partielle C'est dans ce sens que la construction en terre, en pierre, et en fibre végétale, est une des rares techniques de construction que l'on peut développer essentiellement dans la région de la Kabylie. En effet, la proximité et la disponibilité des matières premières en grandes quantités, permet d'une part, de réduire considérablement le transport des matériaux industriels qu'on utilise pour les nouvelles constructions comme pour "le ciment, le sable, le gravier, la brique, ..." des endroits lointains et d'autre part, elles n'ont pas besoin d'être soumises à de grandes transformations. L'architecte allemand Franz Volhard, précise que ces matériaux peuvent être réemployés indéfiniment avec très peu d'énergie, sans nuisance pour l'homme ni pour l'environnement. Ajouté à cela, elle offre précisément à chacun la possibilité d'exprimer sa créativité, de préparer lui-même ses matériaux.3 Les matériaux utilisés donnent un aspect bioclimatique aux maisons et réduisent considérablement la consommation énergétique.

2 3

Volhard (Frantz), Construire en terre allégée, Arles, Acte sud, 2016, p.175.

Ibid, p.33.

22

Conclusion 2 : Dès lors, faire intégrer l'aspect réglementaire lors de la conception des nouvelles maisons, qui sera pris en charge par des architectes, urbanistes autrement dit, des intellectuels permettra de cadrer la production architecturale et homogénéiser le cadre bâti dans le village. Ajouté à cela les procédés intelligents et ingénieux tirés du vernaculaire, et la disponibilité abondante des matériaux de construction telle que la pierre, la terre et le bois sont aussi à prendre en considération pour répondre aux contrainte climatiques actuelles et favoriser un développement architectural local.

Ainsi, dans une perspective de développement local nous devons penser sur la façon de préserver et de revivifier les maisons traditionnelles qui sont un patrimoine bâti remarquable et aussi sur la façon de les réinventés sous d'autres formes compatibles aux usagers d'aujourd'hui.

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III Perspectives sur le devenir des maisons et des villages kabyles Après avoir vu que l'intervention des institutions réglementaires sont indispensables pour gérer et organiser les nouvelles constructions dans le village. Ajouté à cela, la prise de conscience des matériaux de constructions et de leurs mises en œuvre tirés des modèles de maisons anciennes. Il faut maintenant penser à préserver et à sauvegarder ce cadre bâti traditionnels et aussi penser à le réinventer sous d'autre formes en prenant en compte le contexte régional et local.

III.1 Patrimonialisation du cadre bâti traditionnel Au cours de mes voyages dans la grande Kabylie, et en visitant plusieurs villages, j'ai pu constater un effet qui se répète : c'est le paysage imposant des nouvelles constructions au détriment des maisons traditionnelles qui apparaissent délaisser et en piteuses état. Et au même titre comme dans mon village, on assiste souvent à des scènes émouvantes, celle de la démolition des vestiges de ces maisons traditionnelles, afin d'en construire de nouvelles, très différentes. Cela a suscité en moi l'envie d'approfondir ma connaissance de la question du patrimoine, car j'ai eu des cours lors de mon master en Algérie sur la thématique du patrimoine et sur le processus de patrimonialisation.

Aujourd'hui, le concept de patrimoine est défini par les documents de l'UNESCO comme étant un héritage légué par une génération précédente à la génération présente, qui doit le transmettre intact aux générations futures.1 Selon Jean GADRAY: « Le patrimoine d'une collectivité est un ensemble ''d'objets et de produits'' auxquels cette collectivité, ou une proportion suffisante de ses membres, attache des valeurs, parce qu'il s'agit de réalités qui témoignent de l'identité de cette collectivité en établissant un lien temporel entre le passé de cette collectivité et son présent (témoignage du passé), et/ou entre son présent et ce qu'elle imagine de son avenir (témoignage projeté).»2

De cela, la maison traditionnelle kabyle est l'un des produits matériels architectural bâti qui nous a été légué par nos ancêtres, et auxquels on attache de la valeur, une "valeur" 1

UNESCO. https://fr.unesco.org/themes/information-preservation/digital-heritage/concept-digital-heritage Gadrey (Jean). Gestion patrimoniale, gestion durable des ressource et évaluation, politique et management public, vol.12, N°04, 1994, p, 32. p. 31-49.

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qui selon GADRAY serait une sélection de produits ou d'objets, effectuée sur la base d'une valorisation particulière par les membres de la collectivité, sous l'angle d'une reconnaissance et une conscience patrimoniale3, où il ne suffit pas de valoriser la maison kabyle pour la transformer en un support patrimonial, mais plutôt en une valeur symbolique qui témoigne de notre identité collective qui s'affirme par rapport à des racines historiques.4 Nous devons aujourd'hui classer, conserver et valoriser la maison traditionnelle afin de la transmettre à nos futurs générations.

Aujourd'hui, peu de villages sont classés au patrimoine, mais n'acquièrent aucun suivi de la part de l'état et des politiques publiques en termes de préservation et de valorisation. Les démolitions qu'on observe en sont la preuve.

Ainsi dans une vision prospective, je m'appuie sur mon expérience lors de mes études de Géographie à l'université d'Orléans sur la création d'une structure associative en la combinant avec mes connaissances dans le domaine du patrimoine. Je projette de créer avec un groupe d'étudiant de mon village une association qui aura un volet d'action sur la préservation et la revivification des maisons traditionnelles dans le village. Selon lequel nous nous référerons sur différentes écoles de pensée notamment sur deux théories ; celle de "Viollet-le-Duc et de John Ruskin".

Dès lors, dans le village il reste un nombre restreint de maisons qui sont en état de vestige et quelques-unes qui sont encore debout mais courent le risque de s'effondrer et de tomber en ruine. Cependant pour celles qui sont en l'état de vestige, le mieux est de se référer à la théorie de Viollet-le-Duc pour qui, la restauration est l'unique possibilité pour l'édifice décidant de revivre et de retrouver sa valeur et sa signification. On peut rétablir l'aspect en reproduisant des parties manquantes dont le témoignage nous est parvenu de façon certaine des anciens du village. Pour lui, "restaurer un édifice, ce n'est pas l'entretenir, le réparer ou le refaire, c'est le rétablir dans un état complet qui peut n'avoir jamais existé à un moment donné."5 Ses interventions de restauration se caractérisèrent donc comme étant stylistiques et artistiques. Pour les quelques maisons qui s'apprête à

3

Gadrey (Jean). Gestion patrimoniale, gestion durable des ressource et évaluation, politique et management public, op.cit. p, 33 4 Ibid. p, 33 5 Choay (Françoise), Le patrimoine en question Anthologie pour un combat, Paris, Edition Seuil, 2009, p,146.

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s'effondrer, on se référera à la théorie de John Ruskin, qui favorise plutôt la consolidation, selon lui ; je cite : "Prenez soin de vos monuments et vous n'aurez pas besoin de restaurer (...).

Veillez d'un œil attentif sur un vieil édifice (...) bardez-le de fer lorsqu'il se désagrège, soutenez-le à l'aide de poutres lorsqu'il s'affaisse, ne vous souciez pas de la laideur du secours que vous lui apportez : il vaut mieux boiter que de perdre une jambe"6

Sa réponse envers la restauration est claire :"Ne touchez pas à l'édifice véritable, sauf dans la mesure où il peut être nécessaire de le consolider ou de le protéger"7 Pour RUSKIN, la valeur des monuments réside surtout dans leur authenticité, c'est pourquoi les maisons traditionnelles qui sont encore debout méritent plutôt d'être consolidée et renforcée pour mieux les préserver ceci dit préserver et conserver leurs authenticités.

Conclusion partielle De cela, les villages et les maisons kabyles traditionnelles présentent un patrimoine matériel majeur pour la société kabyle qu'il faut impérativement préserver, sauvegarder et revivifier. La finalité ne doit pas s'arrêter à la préservation et à la sauvegarde, mais plutôt aller plus loin dans la façon de réinventer un autre patrimoine avec une architecture qui sera propre à la région kabyle et qui se référa à l'ancien et à notre patrimoine vernaculaire local.

III.2 Développement d'une culture régionaliste aux seins des architectes Dans la continuité de l'idée de réinventer un patrimoine local, au cours de mes études au sein de l'ENSAPL et durant le semestre 5, nous avons eu la chance d'aborder un cours d'histoire d'architecture dans lequel j'ai pu distinguer quelques architectes qui se sont

6

https://archiguelma.blogspot.com/2017/12/cours-2-preservation-du-patrimoine.html, Cours 2 Préservation Du Patrimoine : Genèse Et Évolution De La Notion Du Patrimoine Architectural, M.OUARET, licence de documentation libre, Consultable sur le site https://archiguelma.blogspot.com, mise en ligne le 13 décembre 2017, Consulté le : 18/04/2019.

7 Choay (Françoise), Le patrimoine en question Anthologie pour un combat, op.cit. p,135.

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proclamés régionalistes, qui préconisent et mettent en valeur la dimension locale dans leurs principes architecturaux. Cette découverte est une référence assez déterminante pour ma réflexion sur la façon de penser la reconstruction du patrimoine architectural kabyle dans une optique régionale et locale.

Ainsi on avait dit auparavant, par constat, que les nouvelles maisons dans les villages kabyles sont auto-construites par les habitants avec des matériaux industrialisés "Béton, brique, parpaing, ciment". Ceci dit, la dimension locale n'est en aucun cas prise en compte dans ces constructions qui font fi du contexte régional, notamment dans la production architecturale et aussi dans le choix des matériaux et leur mise en œuvre, si on les compare aux maisons traditionnelles qui reflète mieux leur intégration dans le contexte régional.

C'est dans ce contexte, que j'ai découvert et porté une intention à l'architecture de Louis Sullivan, Franck Lloyd Right ou encore Paul Rudolph, qui sont des architectes régionalistes, qui tiennent compte de façon absolue de la spécificité géographique et du climat dans leurs projets.

En effet, Louis Sullivan par ses divers projets, met l'accent sur la nécessité de s'intégrer aux spécificité locales et régionales, ainsi avec son bâtiment Guaranty building à Buffalo (Figure20), il accentue la trame des poteaux et des pilastres pour affirmer le caractère vertical de l'édifice. Pour lui, l'objet gratte-ciel est avant tout vertical et c'est une forme qui est spécifique aux Etats-Unis.

(Figure20) Nait Abderrahmane (Nainour), Louis Sullivan, Croquis du Guaranty building, une construction verticale

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Ajouté à cela, la richesse de l'ornement (Figure21), avec une façade totalement texturée en motifs à la fois géométriques et végétaux en terre cuite, accentue le caractère de l'édifice, puisque ces motifs sont inspirés de la nature américaine. Il s'agit donc d'un ornement propre aux Etats-Unis, une position qui reflète le pays.

(Figure21) Louis Sulivan, Guaranty building, Ornement motif végétale arborisant, reproduite dans FLYMN| BATTAGLIA [disponible sur] : http://flynnbattaglia.com/project/guaranty-building-restoration/, DR.

De l'autre côté, Franck Lloyd Right, a construit

la

maison

des

Jacobs

à

Westmorland (Figure22), pensée avec une logique d'utilisation des matériaux les plus simples possible et disponibles partout, c'est à dire les matériaux locaux notamment dans cette régions la brique et le bois. Elle est considérée comme une maison Usonienne "une maison américaine par excellence".

(Figure22) Franck Lloyd Wright, Jacobs House, reproduite dans dGunning, [Disponible sur] : http://www.dgunning.org/architecture/wisc/jacobsi.html. DR.

Par ailleurs, Paul Rudolph se positionne comme régionaliste critique dans ses textes, et avance que : Les caractéristiques régionales font partie de toute architecture de qualité et doivent être acceptées sans résistance, ni surestimation8. Il revendique le fait qu'il faut

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Rudolph (Paul Marvin). Domin (Christopher). King (Joseph). Paul Rudolph The Florida Houses, New York, NY [u.a.] Princeton Architectural Press c, 2002, p.139.

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s'inscrire dans un contexte local, au point de vue des "matériaux, habitudes, climat, etc... .

Pour Rudolph, la définition et l'utilisation des caractéristiques essentielles d'une région devient un ingrédient essentiel pour problématiser le cadre hérité du mouvement moderne.9 On ne construit pas n'importe où et n'importe comment.

Autrement dit, développer une culture de "régionalisme critique" chez des architectes, des décideurs et des constructeurs serait une approche qui va s’efforcer de contrer la placidité et le manque d’identité du style international qu'on voit dans les nouvelles constructions dans le village. Ce mouvement cherche à fournir une architecture enracinée dans la tradition moderne, mais liée au contexte géographique et culturel, c'est-àdire un médiateur entre les langues d’architecture globales et locales.10 Le terme "régionalisme critique" ne désigne pas l'architecture vernaculaire, car selon K. Frampton, il s'agit d'adopter l’architecture moderne, d’un point de vue critique, pour ses qualités progressives universelles, mais en même temps la valeur devrait être placée sur le contexte géographique du bâtiment "topographie, climat, lumière, ...".11

Conclusion partielle Dès lors, construire sur la base des conceptions globales et universelles d’aujourd’hui tout en se référant aux principes locales et traditionnels, serait une démarche pour réinventer un nouveau modèle de maison. Les maisons traditionnelles vernaculaire Kabyles en sont cet exemple à s'inspirer notamment dans leurs typologies, leur intégration dans le site, leur matérialité et leur mise en œuvre, à examiner et à réinterpréter sous d'autres manières.

9

Ibid, p.139. https://www.hisour.com/fr/critical-regionalism-28195/, Régionalisme Critique, licence de décimation libre, Consultable sur le site https://www.hisour.com/fr/, consulté le : 22/04/2019.

11 https://www.hisour.com/fr/critical-regionalism-28195/, Régionalisme Critique, licence de décimation libre, Consultable sur le site https://www.hisour.com/fr/, consulté le : 22/04/2019 10

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Conclusion 3 Ainsi, patrimonialiser les maisons traditionnelles afin de les sauvegardés et les préservés serait un fait très important à la fois pour garder l'identité du village mais aussi maintenir un cadre bâti traditionnel qui servira de référence pour les nouvelles constructions. Ajouté à cela, s'inscrire dans une dimension régionaliste dans les futures productions architecturales permet de s'inspirer de l'ancien c'est à dire de la maison traditionnelle qui est enraciné dans le contexte local tout en adoptant une architecture moderne propice aux habitants d'aujourd'hui.

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Conclusion Nous avons vu que l'architecture dans les villages kabyles a totalement perdu de son intégrité et de son sens, d'une part à la suite du progrès techniques de productions des nouveaux matériaux de construction, et d'autre part à la suite du changement des habitudes et des activités des familles, ceci dit sur la conception architecturale. Les maisons traditionnelles qui étaient conçues essentiellement en réponse aux activités de l'homme et de la femme kabyle, s'est substitué vers une architecture standardisée, répondant à des désirs universels et global. De plus, le passage de l'utilisation des matériaux de constructions locaux telle que la terre, la pierre et le bois vers des matériaux industrialisés comme le béton et le parpaing qui ne s'intègre pas au contexte du territoire "paysage et climat", pose de réels problèmes en termes d'isolation thermique et sur l'image du village.

Les maisons traditionnelles qui restent encore debout aujourd'hui sont un patrimoine précieux, qui reflète l'identité des kabyles. Nous devons aujourd'hui les sauvegarder, les préserver et aussi de les restaurer afin de les transmettre intacts à nos générations futures. Par leurs principes conceptuels, leurs systèmes constructifs, leurs ornements et décorations, ces modèles de maisons traditionnelles sont une référence déterminante à prendre en considération pour les futures productions architecturales dans le village. Ainsi, pour rebâtir un nouveau patrimoine, nous devons nous inspirer du passé, Bruno ZEVI explique que : "Le retour à la préhistoire se généralise au moment où s'écroule l'optimisme envers le futur de la société technologique et où l'on dénonce les conséquences du désastre écologique d'une massification aliénante, du nivellement bureaucratique, de l'individu conformiste et sans qualité"1.

Dès lors, il faut lutter contre la mondialisation standardisée dans la production architecturale et s'orienter davantage vers l'inspiration des productions antérieures. Le vernaculaire a donné sans cesse le moyen au paysage de se modeler à travers le temps 2. Or avec l'apparition de ces nouvelles constructions standardisées, l'harmonie des paysages ne subsiste plus.

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Zevi (Bruno). Le langage moderne de l'architecture, Paris, Pocket, 2003, p198.

Bizet (Marine). L'architecture vernaculaire et la modernité architecturale : la relation au paysage, Mémoire de master en Architecture, Ecole Nationale Supérieure d'Architecture Paris Val de Seine, Février 2013, p.10.

2

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Comme les architectes qui ont proclamé de s'inscrire dans une optique régionale. La maison kabyle traditionnelle demeure cet exemple à réinventer sous de nouvelles formes adéquates aux populations d'aujourd'hui et cela dans le respect d'intégration dans le paysage, dans l'utilisation des matériaux de construction locaux ou aussi dans la morphologie urbaine du village, en d'autres termes c'est de préserver l'identité locale tout en adoptants les aspirations modernes.

Ainsi, l'apport de ce rapport de cycle m’a permis de mettre en relation mes expériences personnelles en ce qui concerne mon village natal avec ce que j'ai appris durant mon cursus d'étude supérieur. L'idée d'intervenir sur mon village reste à l'instant prospective pour le futur. Les connaissances que j'ai pu acquérir lors de mes recherches à ce sujet, ont besoins plus d'approfondissement et de finesse. Parmi d'autres, la question de la matérialité qu'on a vu dans les maisons traditionnelles kabyles ma suscité beaucoup d'intérêt notamment sur le fait qu'elle s'intègre dans une démarche de développement local et aussi sur sa capacité à isoler thermiquement autrement dit dans une démarche de développement durable. Dans la finalité, mon souhait est de faire un master matérialité pour ainsi m'approfondir et développer d'autre recherche dans ce sujet.

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Bibliographie

Ouvrages Bourdieu (Pierre), Esquisse de la théorie de la pratique: précédé de trois études d'ethnologie kabyle, Genève, Edition Droz, 1972, 267 p.

Choay (Françoise), Le patrimoine en question Anthologie pour un combat, Paris, Edition Seuil, 2009, 215p.

Laurent (Jean-Marc), Pierre de taille Restauration de façades, ajout de lucarnes, Paris, Eyrolles, 2003, 167 p.

Loose (Adolf), Ornement et Crime, Paris, Editions Payot et Rivages, 2003. 275p.

Rudolph (Paul Marvin). Domin (Christopher). King (Joseph). Paul Rudolph The Florida Houses, New York, NY [u.a.] Princeton Architectural Press c, 2005, 237p.

Segaud (Marion), Espaces de vie espaces d'architecture, Paris, Ministère du logement, Recherche N° 64, 1975, 204 p.

Volhard (Frantz), Construire en terre allégée, Arles, Acte sud, 2016, 284p.

Revues Gadrey (Jean). Gestion patrimoniale, gestion durable des ressource et évaluation, politique et management public, vol.12, N°04, 1994, p. 31-49.

Mémoire Bizet (Marine). L'architecture vernaculaire et la modernité architecturale: la relation au paysage, Mémoire de master en Architecture, Ecole Nationale Supérieure d'Architecture Paris Val de Seine, Février 2013, 114p.

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Sites internet https://www.hisour.com/fr/critical-regionalism-28195/, Régionalisme Critique, licence de décimation libre, Consultable sur le site https://www.hisour.com/fr/, consulté le : 22/04/2019. https://archiguelma.blogspot.com/2017/12/cours-2-preservation-du-patrimoine.html, Cours 2 Préservation Du Patrimoine : Genèse Et Évolution De La Notion Du Patrimoine Architectural, M.OUARET, licence de documentation libre, Consultable sur le site https://archiguelma.blogspot.com, mise en ligne le 13 décembre 2017, Consulté le : 18/04/2019.

UNESCO. https://fr.unesco.org/themes/information-preservation/digital-heritage/conceptdigital-heritage

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