Planète Paix n°564

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La rencontre européenne et internationale des jeunes

On ne naît pas militant, on le devient La rencontre

formation à la désobéissance civile et à l’action nonviolente que certains ont suivie.

européenne et internationale de jeunes pour la Culture de Paix, cet été dans la Nièvre, a été une école de l’engagement, un apprentissage de la culture de la paix. Témoignages d'Aurélie et Jago.

Aurélie Royon

P

our des participants aux profils très divers du point de vue de leur rapport au militantisme, entre les engagés de longue date et les nouveaux impliqués, j’ai perçu ces Rencontres comme un moment intense. Une école un peu particulière. C’est d’abord une école de l’information, d’initiation à l’Histoire, l’actualité ou le droit international ; nombreux sont les participants à m’avoir confié qu’ils ont appris beaucoup sur des sujets aussi variés que le conflit israelo-palestinien ou les mutilations sexuelles faites aux femmes africaines, par exemple. Ces connaissances deviennent alors pour chacun-e des matériaux permettant de construire sa pensée et son engagement. C’est encore une école où l’échange entre participant-e-s promet d’enrichir les initiatives de chacun-e, à l’image de la

Cette école de la vie collective et du travail à plusieurs mains est une pratique concrète de la Culture de Paix. Mais construire ensemble est loin d’être une évidence, même lorsqu’on est convaincu du potentiel formidable que nous avons en associant nos intelligences, nos expériences et nos savoirs-faire. Les ateliers, le travail sur le journal (publié au cours des Rencontres), la rédaction en goupe de l’Appel pour la culture de paix destiné aux jeunes (cf. extraits*) m’ont stimulé. Toutefois, au regard également de débats parfois houleux et éprouvants que nous avons pu avoir, de notre pratique d’un fonctionnement plutôt classique des prises de paroles qui favorisent souvent les plus éloquent-e-s et les moins timides, il serait intéressant de se pencher sur les questions de fonctionnement collectif, de conduite alternative des discussions. Afin de faire coïncider au mieux nos idées pacifistes et leur application au sein de nos rassemblements, de garantir un fonctionnement le plus horizontal possible avec un plus grand partage des tâches Il nous reste à rechercher de nouvelles méthodes de travail dans cette ‘école’ pour que la Culture de Paix soit aussi bien dans le contenu de nos débats que dans leur forme.

Aurélie Royon, Saint-Étienne

Manifester devant la base d’Avord

Jago Kosolosky,

Tous les membres de la Rencontre Internationale de Jeunes (RIJ) pour la Paix ont décidé de manifester devant la base aérienne d’Avord dans le Cher, non loin de Bourges. Pourquoi cette base ? Pour moi, la réponse va de soi : ce camp militaire teste les armes de l’arsenal français, abrite les avions radars (AWACS) engagés dans la guerre en Libye, et sert de plaque tournante à de nombreux avions militaires. C’est pourquoi on considère qu’Avord est une «base stratégique», presque aussi importante que celle d’Istres. Ce n’est donc pas surprenant que les jeunes qui combattent pour la paix, combattent aussi la base d’Avord. D’ailleurs, nous ne sommes pas isolés. Beaucoup de gens des villes adjacentes se prononcent également contre la base comme le prouve la présence de dizaines de drapeaux arc-en-ciel. Après un happening près d’un monument militaire (un Mirage démobilisé, cf. photo de couve), nous avons traversé le village d’Avord. Puis, nous nous sommes rendus à l’entrée de la base. Là, les militaires ne nous ont pas autorisés à procéder à une inspection civile, comme prévu. Nous avons donc décidé de jouer au foot et de chanter des hymnes à la paix. Je me demande s’ils nous ont compris…Mais notre message est clair, lance Smaïl : « partout où vous mettez des bases, partout où vous déciderez des guerres, il y aura des pacifistes.»

Jago Kosolosky, Belgique N° 564 - Août/Septembre 2011 - Planète PAIX

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