49 REGARDS ÉCRITURES
PARTAGÉES SUR LES COLLECTIONS


Notre appel aux participant·e·s a été relayé avec enthousiasme par :
- Article 27
Association mettant en place des actions pour élargir l’accès à l’offre artistique et à la participation culturelle des publics
- Le Bivouac (Uccle)
Hôpital psychiatrique de jour
- BiblioXL (Ixelles)
Club ados
- Centre urbain d’Expression et de Création (Ixelles)
Centre d’expression et de création pour les jeunes
- Cliniques de l’Europe - Saint-Michel (Etterbeek)
Hôpital de jour
- CPAS (Ixelles)
Comité culturel d’usagers
- Creapass (Ixelles)
Service animation des aîné·e·s à Ixelles
- Créahmbxl (Ixelles)
Création et Handicap Mental - Laboratoire d’expérimentation artistique
- Maison de quartier Ambiorix (Bruxelles)
Espace d’animation sociale, de rencontre et de loisirs
Les ateliers d’écriture ont été proposés par Anita Van Belle & Laurence Kahn en collaboration avec l’asbl XL’Art.
En quatrième de couverture, retrouvez quelques mots de Laurence sur cette belle expérience.
En décembre 2023, le Musée d’Ixelles lançait un défi : offrir des regards variés sur les œuvres des collections en proposant des textes où émotions, sensations, interprétations personnelles viendraient stimuler l’imaginaire.
Vous êtes quarante-neuf plumes téméraires à avoir répondu chaleureusement à l’appel relayé par une dizaine d’associations bruxelloises.
Réunis en petits groupes lors de sept d’ateliers d’écriture orchestrés de main de maître par Anita et Laurence, vous avez donné vie aux œuvres par vos poèmes, des histoires tendres ou burlesques, des dialogues, ou parfois même, un simple mot ou une question…
C’est un plaisir de prolonger ces beaux moments d’échange à travers ce recueil de textes.
Guidés par vos mots, anonymes ou signés, nous redécouvrons les collections sous un autre jour et vous nous inspirez pour faire du Musée d’Ixelles un espace vivant de partage et de rencontre dès sa réouverture.
Nous avons de la chance d’être si bien entourés. Merci de votre complicité.
L’équipe du Musée d’Ixelles
« Les mains qui lire. Les yeux qui lire. »
« Je rentre dans le tableau… Je suis dans le jardin… Je ressens un moment de quiétude. J’ai envie de m’y promener… J’écoute les enfants lire… »
« Il fait très doux, j’entends les oiseaux et le vent qui souffle dans les roseaux, je sens l’odeur des fruits et du café, il fait paisible, calme et reposant, j’écoute l’histoire que Jean lit sous le regard attentif de mon fils Paul. » Véronique
« Quand je suis dans le tableau, j’entends les oiseaux, l’air, les grenouilles qui sont dans la mer. Je sens le café, les fleurs juste à côté et je me concentre sur les feuilles devant moi. »
« Immortaliser un des rares moments de complicité et de bienveillance entre deux frangins pour que, plus tard, quand la mémoire s’effacera petit à petit, on garde de beaux souvenirs de cette époque. »
Lora
« L’enfant est appliqué dans son travail, les tournesols sont une invitation à sortir au jardin. » Albert
« Il y a des couleurs. Il y a de la tristesse. Il y a de la vie. Il y a de la couleur. Il y a de la tristesse. » Meriem
« Les enfants se soutiennent, apprennent en regardant un livre. Des tournesols garnissent la table. En les fixant, on dirait presque qu’ils tournent et s’inclinent pour lire le livre avec l’enfant. Que voient-ils ?
Que regardent-ils ? Ou est-ce le fruit du hasard ? » Olivier
Michel Mazzoni, Inv_Sado, 2014, impression et jet d’encre sur papier
© SABAM Belgique, 2024
« Suite à l’avalanche déclenchée par les feux d’artifice du 31/12, les chiens ont pu être envoyés car plusieurs « signatures » thermiques ont permis de déterminer l’endroit où se trouvaient les survivants. »
« Y a-t-il quelqu’un ? Non, il n’y a personne et personne ne viendra, c’est trop haut, trop loin de tout, il fait trop froid. Et c’est trop dangereux. » Pacôme
« Quel jour est-on ? Au premier jour de la création du monde par dieu, juste avant la création de la lumière. » Medhi
« Fait-il nuit ou jour ? Il fait nuit, le calme s’abat sur la montagne. À l’exception de quelques oiseaux chasseurs de crépuscule, peu à peu, chaque élément de vie ralentit son rythme dans la forêt, se fige patiemment sur les rochers, se fond dans l’immobilité le long de sa paroi de glace. Même les arbres, soudain, posent pour la photographie, sans trembler et avec le sourire. » Marie
« Pourquoi le noir et blanc ? Le gris de la roche, le blanc de la glace. Atmosphère onirique, en filigrane. Serait-ce le pays des yétis ? Inaccessibles sommets. L’envie d’y aller, la peur de l’inconnu. »
« Cette photographie à effet blanc et noir m’invite à vouloir à nouveau faire des voyages – direction mer – avec son eau et ses vagues. Voyageant sur un bateau, rencontrant des glaces. » Nicole
« L’immensité du vide et la force de la roche l’entouraient. Il n’y avait aucune trace de vie autour d’elle. Seule face à ce paysage froid et austère, elle se sentit pourtant rassurée et soulagée. Elle était enfin en sécurité. » Christine
« C’est les vacances. Il fait chaud, je nage et je cherche une perle dans les huîtres. »
« L’eau est tiède, elle glisse sur ma peau, je flotte à sa surface. Dans mes oreilles, le clapotement parfois mêlé de cris d’oiseaux, quelque part sur les arbres qui entourent la berge. »
« Est-ce dans l’air ou dans l’eau ?
L’eau a coulé en l’air. L’air a soufflé dans l’eau. Les poissons volent, les oiseaux nagent. À l’envers ou à l’endroit, il y a quiproquo ? » Chloé
« Pourquoi une flèche dans l’eau ? Une flèche viking débarqua sur les côtes normandes à l’aube d’une fraîche matinée du XVe siècle. Dès que le premier pied fut posé sur le sable, une bataille éclata. Du haut de leur bateau, les Vikings lancèrent une nuée de flèches enflammées. Le ciel s’éclaira d’un millier de pointes chaudes. Certaines s’enfoncèrent au plus profond de l’océan. » Marie
« Une méditation, une promenade en fin de journée à l’heure où le ciel s’embrase est à l’origine du tableau. Une promenade avec un changement de luminosité. »
« Une biologiste se penche sur une extraordinaire découverte : celle d’une cellule qui, mise au contact de toute personne curieuse, aurait le pouvoir d’émerveiller. » Virginie
« Une fleur légère a volé jusque dans un cours d’eau traversant une forêt lumineuse et fraîche. Sur son parcours, elle rencontra des rochers, des algues, des branchages. Il se met à pleuvoir, les gouttes dessinent des ronds dans l’eau. » Camille
« Et l’huître mangea l’algue, et le crabe mangea l’huître et l’enfant pêcha le crabe pour le ramener chez lui pour le manger. »
Catherine
« Je te protège avec tristesse et tendresse. Il y a un tel silence, mais je dois me concentrer. Je te garde précieusement. C’est si paisible et triste, ça m’aide à penser. » Mia
« Cette femme est mystérieuse, pensive. Elle vit seule, elle a été abandonnée par la société. Elle est dans son jardin en Belgique. Elle a trouvé ces tulipes dans un champ en se baladant près de chez elle. »
Wivine
« C’est l’histoire d’une femme seule après une rupture. Elle avait le souhait d’être mère. L’ayant peut-être réalisé, elle s’est mise dans la jardinerie et a noyé ses soucis dans cette activité pour combattre l’état dans lequel elle se trouvait. Les plantes donnent, c’est la vie, et les mamans la donnent. À suivre… » Youssef
« Il était une fois une dame qui cherchait un cadeau pour sa grand-mère. Le jardinage étant sa passion, elle trouva rapidement l’idée de lui offrir des tulipes de son jardin. Elle cueillit donc ses tulipes pour les mettre dans un pot de fleurs rempli de terre. Satisfaite de son cadeau, elle n’attendait qu’une chose, c’était de pouvoir observer le visage de sa grand-mère en le découvrant. » Elena
« Ouverture de rideau sur la vie d’une femme, une femme que l’on ne connaît pas et que l’on ne connaîtra pas. Seule dans sa chambre, elle a enfilé ses vêtements pour aller se coucher, mais on sent qu’elle n’en a pas envie. » Chloé
« Une impression de vieux, ça sent la poussière et la nostalgie, il y a quelque chose de simple, de rapide, dans les gestes. Un rideau, un coin sombre, la tête penchée, un lit, un œil ? » Stéphanie
« Derrière cette tenture ou dessin. Simple et beau. Je voudrais dormir et rêver. Dans ce cocon aux couleurs apaisantes. »
Hélène
« Le lit est vide. Elle avait changé les draps. Elle attend, elle désire. Mais il ne viendra pas. » Monique
« Le rideau tombera bientôt…sur ma vie, sur la sienne… Je vois ses épaules affaissées. Les mains dans les poches, elle me regarde avec tendresse. On ne dormira pas ce soir. Elle le sait. On profitera du moment, avant que le rideau ne tombe… »
Elisa
« Combien sont-ils, que se racontent-ils, que font-ils là ? Quelle sorte de nouvelles semblent-ils se partager ? Cela reste mystérieux. Je m’interroge sur ce carré de lumière. » Fouad
« Par une belle journée d’été, la foule attend avec impatience l’arrivée du chef des commerçants. Tout le monde a hâte de découvrir les différentes marchandises importées d’Europe. » Aziza
« La douce chaleur du soir, bienvenue après une journée étouffante. Les hommes discutent entre eux dans une langue qui m’est inconnue. La place regorge d’odeurs, d’épices, de tabacs, et aussi de signatures olfactives laissées par les ânes. »
« Malgré le soleil, il fait froid, et je tremble. Un petit vent vicieux soulève les jellabas. C’est la fin de l’après-midi. Une odeur de jasmin s’exhale délicieusement en arrièrefond car le torréfacteur de café fait griller ses grains et envahit tout l’espace. » Judith
« Les gens viennent dans ce village pour la poésie. » Gaëtan
« L’ouverture à la profondeur de la mer nous invite ici à descendre dans les profondeurs de notre âme. L’évocation de l’infini nous rappelle que nous sommes tout petits face à l’immensité de l’océan et du ciel, face à la grandeur de la nature. Face à cette absence de vie, nous avons deux questions : ressentir la peur du vide, ou se livrer à la richesse de la vie intérieure. »
Constance
« Qu’il est frappant ce soleil noir ! Timide et envoûtant à la fois. Bercé comme une lune sur l’océan. » Maria-Antonia
« Ils marchent, le ciel est bleu, il fait beau, ils sont joyeux. Mais une baleine sombre, coincée, coule, triste. Vert sombre le ciel, les vagues ondulent, un motif, une barre verte. Le ciel manque de couler. » Virginie
« Masse informe, je me dissimule dans les fonds abyssaux. Cétacé ou astre immergé, en ma présence sous-marine, toute autre vie s’arrête. » Stéphanie
« C’est un soir d’éclipse. J’allais nager et je me retrouve face à une montagne d’eau. Prête à engloutir le monde, elle me toise. Serviable, elle m’ouvre la porte. » Julia
« C’est une vie dans la splendeur de la nature, une rencontre amitié. Une naissance dans un nouveau monde. Une vue éclairée. » Corentin
« Il attend, le regard lointain. Toujours le même passant dans sa norme routine, comme compagnie. Il persévère dans sa rêverie de prairies plus vertes. Prisonnier, solitaire de son pâturage, il rêve, espère. Il dépérit. » Lisa
« Pourquoi le ciel est-il si partagé ? C’est le Yin et le Yang et c’est peut-être la vie qui veut cela. Il a les moments sombres et puis les moments clairs. Même le cheval qui veut mourir regarde vers le ciel plus clair. »
« Les temps sont sombres, mes flancs sont vides, mes sabots de géant collent à la terre. Que me dit-il ? Je le regarde, sa main ouverte en proposition. Il croit, moi pas. Il travaille, moi j’attends. » Dominique
« Ambiance étrange comme une parenthèse, le calme avant la tempête. On se trouve à un moment de balbutiement entre la vie et la mort, entre le terrestre et le céleste. » Violette
« Le cheval est-il Dieu ? Le cheval a un regard de sage. Il sait et a vu beaucoup de choses, de situations et il regarde le moine avec condescendance et patience. »
Pascale
« L’homme invite le cheval, mais l’inviter où, à quoi ? Celui-ci demeure immobile, fin et fragile à la fois, résigné peut-être. »
À l’initiative du Bourgmestre, de l’Échevin de la Culture et du Musée et des membres du Collège des Bourgmestre et Échevin·e·s de la Commune d’Ixelles.
Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Commission communautaire française.
© Tous droits réservés – Musée d’Ixelles
Édité en Août 2024
Cette brochure est éditée à des fins non commerciales. Elle ne peut être vendue.
Toute reproduction ou adaptation d’un extrait quelconque, par quelque procédé que ce soit, est interdite.
É. R. : Patricia van der Lijn, Chaussée d’Ixelles, 168 – 1050 Bruxelles
Texte quatrième de couverture : Laurence Kahn
Image quatrième de couverture : Gustave De Smet, Femme aux tulipes, 1932, huile sur toile (détail)
© Collection Musée d’Ixelles
« Elle tient un pot de tulipes.
- Il ou elle ?
- Ses mains sont si grandes ! - Il ou elle a l’air triste.
- Méditative, je dirais.
- Elle réfléchit à son plan d’assassiner la maîtresse des lieux d’un coup de pot de fleurs… »
Rassemblé·es pour un atelier d’écriture face à quatre tableaux du Musée d’Ixelles posés sur des chevalets, nous prenons le temps. De regarder. De près, de loin. D’écrire. De lire à voix haute. D’écouter. Sentir. Imaginer. Agrandir notre vision au contact d’autres regards.