Espace-vie n°308 - Septembre 2022

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308 Septembre 2022 Bimestriel La revue qui décode les enjeux territoriaux du Brabant wallon espace APPRENDRE Les domaines privés, un urbanisme de l’entre-soi RENCONTRER Laurent Dauge, directeur d’in BW Le plan de secteur à la loupe Pourquoi le Brabant wallon  a autant de terres à bâtirAPPRENDRE Arts et culture durables, un défi à relever

Des propositions d’articles ?

sommaire

La énergétiquestratégie

10 respirer décaléeL’architecture

Suivez-nous sur les réseaux sociaux de-l-urbanisme-du-brabant-wallonLinkedin.com/company/la-maison-maisonurbanismebwMUBW

14 apprendre

Espace-Vie compte 6 000 abonnés à la version papier et 1 100 à la version numérique ( ce qui comprend également les articles publiés sur espacevie.be). Pour tout changement dans votre formule d’abonnement, notamment le passage du papier au numérique par souci écologique, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse info@espacevie.be

Espace-vie est imprimée dans une imprimerie climatiquement neutre. Les émissions de CO2 sont neutralisées à 100 % par le biais de plantations d’arbres. L’emballage qui entoure la revue lors de l’envoi est en maïs.

4 en bref

11 répondre

Les domaines privés, un urbanisme de l'entre-soi

Une idée d’article, un projet innovant à dévoiler, un sujet intéressant à nous proposer ? N’hésitez pas à nous contacter et à nous envoyer vos propositions à l’adresse info@espacevie.be

1 2 rencontrer Laurent directeurDauge,d’inBW

Pourquoi le Brabant wallon a autant de terres à bâtir

Éditeur responsable : Nicolas Van der Maren - Rédacteur en chef : Xavier Attout (x.attout@ccbw.be) - Rédactrices : Bénédicte Dawance (b.dawance@ccbw.be), Caroline Dunski (c.dunski@ccbw.be) - Avec la contribution de : Agnès Chevalier et Maureen Schmetz - Équipe de la Maison de l’urbanisme : X. Attout, A. Chevalier, B. Dawance, M. Schmetz - Présidente de la Maison de l'urbanisme : Sophie Keymolen Maquette : Louise Laurent (www.louiselaurent.be) - Mise en page : Louise Laurent - Dessins : Marco Paulo - Imprimeur : Artoos Group IPM Printing - Tirage : 6 000 exemplaires - Adresse : 3, rue Belotte, 1490 Court-Saint-Étienne - Contact : 010 62 10 30 ou m.urbanisme@ccbw.be - www.mubw.be - www.ccbw.be - Photo de couverture : Maureen Schmetz

Dans les sabots d'un agent d'inclusion

16 découvrir

20 apprendre

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Arts et culture durables, un défi à relever

Espace-vie est la revue bimestrielle de la Maison de l’urbanisme – Centre culturel du Brabant wallon (janvier, mars, mai, juillet, septembre et novembre). Elle traite de sujets relatifs à l’aménagement du territoire, à l’urbanisme et aux enjeux culturels en Brabant wallon. Créée en 1989, Espace-vie est indépendante de tout parti politique et dispose d’une entière liberté éditoriale.

1 9 respirer

Espace-vie est publiée avec le soutien de la Wallonie et du Brabant wallon. La revue est envoyée sur demande et gratuitement aux habitants du Brabant wallon, abonnement de 12 euros/an hors Brabant wallon. Ne peut être vendu. Si vous préférez recevoir Espace-vie en version numérique, n’hésitez pas à nous le signaler. Toute reproduction partielle ou totale nécessite une autorisation préalable de l’éditeur responsable. La clôture de ce numéro s’est déroulée le 19 septembre.

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Le réemploi des matériaux, l'avenir de nos chantiers ?

Se mettre au vert pour rafraichir nos villes

3 avant-propos

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Résilier, c’est peut être avant tout habiter un territoire de liens : liens aux autres, liens au territoire, liens au terroir. C’est entretenir et tisser les liens de voisinage et de solidarité. Et si toutes ces clés étaient dans chacune de nos poches, vous et moi ?

Envisageonsrévolu.leBrabant

Comment ? Un rapide tour d’horizon nous donne un aperçu des points sur lesquels la résilience prend racine, à l’échelle de notre territoire et de nos moyens. Ainsi, regardons le Brabant Wallon et considérons le comme territoire de ressources ; un vaste espace où la protection des terres agricoles et forestières de l’urbanisation en rationalisant l’artificialisation peut devenir une évidence au profit d’une terre nourri cière pérennisée et valorisée localement, de paysages ménagés, ou encore de maillages écologiques

Wallon comme territoire d’échanges et de mouvements « raisonnés », où la mobilité et les échanges de biens sont organisés de manière écoresponsable.

Bénédicte Dawance

Aujourd’hui, la presse entière s’est emparée du concept de « résilience ». Résilier est une question de survie pour les uns, une question d’adaptation, voire d’évolution pour les autres. Quelle que soit la posture que l’on adopte, agir individuellement et collectivement pour s’adapter à notre territoire en évolution et adapter notre territoire en mutation devient essentiel. Tentons d’y voir les opportunités qui se dégagent. Nous pouvons considérer l'aménagement du territoire et l’urbanisme comme un « couteau suisse » apte à nous offrir des clés pour rentrer dans la mécanique du changement.

L’actualité ne nous aura pas épargnée. Hier, la pandémie et les inondations. Cet été, la sécheresse. Sans oublier les cris d’alarme qui retentissent au sujet de l’énergie. Si les motifs de ces bouleversements trouvent des fondements variés, tous ont un impact direct sur nos vies, sur notre quotidien, sur notre territoire et notre avenir. Le Brabant wallon ne fait pas exception.

Apprécions le Brabant Wallon comme territoire d’activités où la proximité et la valorisation des ressources endogènes constituent les forces vives de l’action.

Considéronsconsolidés.leBrabant

Les clés de la résilience

Wallon comme territoire d’histoire et de patrimoine , un terri toire où la culture du « déjà là » peut s’ancrer au travers de la rénovation de l’ensemble du parc bâti existant, y compris les passoires énergétiques et les biens représentatifs d’un style

C’est inédit. La station d'épuration de Pinchart – inaugurée début octobre par in BW – est la première en Brabant wallon à fonctionner à l’aide de filtres plantés de roseaux. Située à Ottignies, rue des Prairies, cette station fonctionne selon le principe du lagunage. Les eaux usées des maisons (une soixantaine, pour 230 équivalents-ha bitants) se déversent dans plusieurs bassins successifs pendant plusieurs jours, avant d’être traitées par des organismes par décantation dans des piscines végétales. On parle ici de bassins de roseaux. L’idée est que la pollution descende au fond de l’eau et se dégrade écologiquement. in BW en a profité pour réaménager le site de la Cressonnière.Untéléphérique à l’étude à Tubize

Première : une épuration par filtres de roseaux à Ottignies

© in BW

L’abbaye cistercienne de La Ramée, déjà classée patrimoine exceptionnel de Wallonie, a vu son périmètre de protec tion élargi au printemps dernier. Le nouveau classement concerne deux bâtiments situés dans l’ancienne partie conventuelle, à savoir le quartier latin et le château. L’investissement relatif à la rénovation des lieux s’élève à 14,5 millions, dont trois millions subsidiés par la Région wallonne. Pour finaliser la réhabilitation des lieux, il restera à s’attaquer dans les deux prochaines années à la rénovation du couvent situé à l’arrière de la ferme de même qu’aux toitures. Autre reconnaissance : l’ASBL Parcs et Jardins de Wallonie vient de labelliser les jardins du site.

Le périmètre de protection de la Ramée s’étend

Mathieu Michel, secrétaire d’État en charge de la Régie des Bâtiments

Une anti-inondationsprime pour les Wavriens

Les Wavriens qui habitent en zone inondable ou qui ont subi une inondation en 2021 pourront bénéfi cier d’une prime anti-inondations. La prime vise à encourager les habitants et les commerçants qui réalisent des aménagements, des travaux ou des installations permettant de freiner l’intrusion des eaux dans leur bâtiment. Travaux de maconnerie et d’égouttage, plantation de haies ou pose de fascines sont notamment concernés. Le montant maximum de la prime s’élève à 1 000 euros (budget total de 50 000 euros). En juillet 2021, les inondations avaient touchés plus de 2 000 biens immobiliers, dans 60 rues et places wavriennes.

Cela fait des dizaines d’années qu’il y a un souhait de voir les fonctions de Justice rapatriées sur un seul site. Ce sera enfin le cas, sur le site du nouveau Palais de Justice de Nivelles. Un projet de près de 30 millions qui devrait débuter en 2024.

L’idée a été reportée dans un premier temps mais n’est pas définitivement écartée. La commune de Tubize a songé à installer un téléphérique pour relier le centre-ville aux Confluents, le nouveau quartier en construction sur le site des anciennes Forges de Clabecq. La crainte de voir se déplacer le centre de gravité de la commune vers ce nouvel ensemble est réel. D’où l’idée de faciliter les déplacements entre les deux deux pôles séparés de 700 mètres. Le bourgmestre a reporté l’idée pour des raisons financières mais elle n'est pas enterrée. Une liaison cyclable sera aménagée dans un premier temps.

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Le vrai départ pour le CBTC ?

de Courbevoie enfin ouvert au public

Retrouvez tout le contenu d'Espace-vie, de nouvelles infor mations, des vidéos et autres infographies sur notre site internet espacevie.be.

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Le dernier pronostic pour la mise en service du RER entre Bruxelles et Louvain-la-Neuve (ligne 161), selon Infrabel. Pour la ligne Bruxelles-Nivelles (124), les travaux ont pris un important retard puisque tous les permis ne sont pas encore obtenus.

LeCBTC.parc

2026

La fin d’un mauvais feuilleton. Les barrières qui entouraient le parc de Courbevoie à Louvain-la-Neuve ont enfin été enlevées. Ce parc est situé juste à côté du nouveau quartier du même nom qui comptera à terme 450 logements et des bureaux. Et même si les premiers habitants ont emménagé il y a près de deux ans, cet espace vert de 1,6 ha restait inaccessible suite à un conflit entre l’UCLouvain, le promoteur et la Ville. Cette dernière ne mettant pas le plus d’entrain à finaliser le dossier. Le parc devrait offrir aux promeneurs une respiration similaire à celles du lac et du parc de la Source.

© X. A.

Les immeubles de bureaux du China Belgium Technology Center à Louvain-la-Neuve ont été proches d’être classés parmi les grands travaux inutiles wallons. La pandémie a semé le trouble sur le devenir du projet. L’ensemble, qui fera 120 000 m2 à terme, commence toutefois à se commercialiser (très) doucement. Le laboratoire d’analyses médicales Lims a décidé de louer une tour complète (4 500 m2). Un second locataire finalise les aménagements, avant installation. Il s’agit d’United Investment Europe, le gestionnaire du

© X. A.

Des promoteurs prêts à reconstruire le Douaire

Inauguré en 1974, rénové en 2006, ce centre commercial de 10 000 m2 situé au cœur d’Ottignies ressemble actuellement à un grand bloc de béton entouré de parking et planté au cœur de la vallée de la Dyle. Cet ensemble, de même que les 576 places de parking qui l’entourent, pourrait faire l’objet d’une importante reconfiguration. L’idée sur la table étant de le démolir et d’y construire à la place un nouvel ensemble comprenant des parkings semi-enterrés, des commerces au rez-de-chaussée et 350 logements aux étages. De quoi aérer et verduriser les lieux pour en faire un vrai centre-ville. Un Plan communal d’aménagement révisionnel (PCAR), qui était à l’enquête publique jusque fin septembre, doit valider cette option. Si la Ville soutient activement le projet, les clés du dossier sont surtout entre les mains d’un seul acteur : Axa, le propriétaire de la galerie commerciale du Douaire. Précisons que la Ville possède par contre l’emphytéose sur les grandes surfaces. Il nous revient que des promoteurs immobiliers sont déjà sur la balle et souhaiteraient acquérir l’ensemble. De quoi valider l’option.

apprendre

Les nombreux terrains à bâtir du Brabant wallon sont aujourd'hui pointés du doigt.

Yves Hanin, sociologue et urbaniste

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ourquoi Waterloo est une commune ultra urbanisée alors que Genappe a été épargnée ? Pourquoi l’activité économique se concentre à Wavre et non pas à Ottignies ? Pourquoi Ittre et Ramillies sont les communes les plus préservées de toute urbanisa tion ? Pour répondre à ces quelques questions, il faut remonter bien loin. À la fin des années 1960, la Région wallonne décide qu’il serait opportun de mettre un peu d’ordre sur son territoire, dont l’aménagement prenait une mauvaise tournure suite à l’avènement de la voiture. Et surtout de déterminer les zones à développer en leur attribuant certaines fonctions. À l’époque, pour rappel, quiconque pouvait construire sa maison du moment qu’elle était située le long d’une voirie équipée, de quoi créer une certaine anarchie. Des bureaux d’études vont alors plancher, pour chaque province, sur l’élaboration d’une carte qui dessinera le devenir de telle ou telle commune. Cet outil s’appellera le plan de secteur. Il est toujours d’actualité aujourd’hui – même si régulièrement décrié. En Brabant wallon, c’est le CREAT (Centre d’études en aménagement du territoire de l’UCLouvain) qui a été chargé de remplir cette mission. Elle s’étendra sur plus de dix ans à partir de 1967. « Un travail colossal, se souvient l’ancien directeur du CREAT Pierre Govaerts, qui a piloté ce chantier. La loi de 1962 (ndlr : la loi organique de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme) fixait la nécessité d’avoir des plans. Mais nous

P

Texte : Xavier Attout – Photos : Maureen Schmetz

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Cet outil d’aménagement du territoire a déterminé quel terrain est à bâtir ou ne l’est pas en Brabant wallon. Il a donc donné une valeur à chaque parcelle du territoire. Critiqué de longue date, il n’en reste pas moins incontournable, faute de mieux. Retour sur une conception qui impacte notre quotidien.

« Sans plan de secteur, on courait à la catastrophe »

partions pratiquement de zéro. Les données et les connaissances étaient extrêmement limitées. Nous travaillions sur base de cartes militaires à l’échelle 1/10 000 et de photos aériennes en noir et blanc. Elles permettaient de relever les espaces agricoles, les forêts, les espaces verts, les ressources en minerais. Des cartes relatives à la qualité des sols et des paysages existaient aussi. De même que certains plans communaux. À partir de là, nous nous sommes lancés dans une bonne répartition des fonctions et leurs possibilités d’extension. Mais nous avons aussi et surtout confirmé des situations existantes. Pour la zone d’habitat, beaucoup de terrains étaient déjà occupés par des lotissements. Wavre avait par exemple déjà réalisé un plan d’aménagement duquel il fallait partir, même s’il était surdimensionné en matière de zones à bâtir. »

L’influence des grands propriétaires fonciers

L’avantage qu’a eu le bureau d’études est que peu de monde ne comprenait vraiment l’intérêt et les enjeux futurs qu’engendrait la définition de l’affectation du sol et de son étendue. Alors que ce procédé déterminait tout simplement la valeur de chaque terrain. « Le plan de secteur a le mérite de protéger les fonctions faibles (écoles, équipements publics, etc.) en déterminant leur implantation, lance le sociologue et urbaniste Yves Hanin, actuel directeur du CREAT. C’est aussi un outil de régulation de l’affectation du sol, c’est-à-dire des fonctions, ce qui va indirectement influencer le prix des terrains. » Un champ inscrit en zone à bâtir plutôt qu’en terre agricole, et c’était le pactole assuré. Mais l’idée que de grands arrangements ont été actés en coulisse voire que les grands propriétaires fonciers du Brabant wallon (Boël, de Merode, Solvay, Janssen, Goblet d’Alviella, Dumont de Chassart, de Dorlodot, etc.) ont pu avoir une influence manifeste sur le plan de secteur reste de l’ordre du grand fantasme. « Pas à ma connaissance

Je d’exister.grandparfaitévidemmentn’esturbain.l’étalementIlplanwallondudéveloppementquelimaginern’oseseraitleBrabantsansledesecteur.acadréL’outilbienpasmaissonmériteest

À QUOI SERT UN PLAN DE SECTEUR ?

On l’a compris, ceux qui se plaignent aujourd’hui de l’ultra-urbanisation du Brabant wallon doivent principalement s’en prendre au plan de secteur. Et un peu moins aux responsables politiques actuels, même si c’est aux élus communaux d’octroyer un

Le plan de secteur est divisé en zones destinées à l'urbanisation (zone d'habitat, de loisirs, d'activité économique, etc.) et en zones non destinées à l'urbanisation (zones agricoles, forestières, espaces verts, etc.).

Yves Hanin, sociologue et urbaniste

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La responsabilité des élus communaux

en tout cas, lance Pierre Govaerts. Certains, comme la famille Dumont de Chassart, ont même explicite ment demandé que leurs terres gardent leur fonction agricole. » Reste que, bien évidemment, certains petits arrangements ont été validés. Même si personne ne le dira tout haut. « Les anecdotes sont multiples mais les jeux d’influence ont été peu nombreux », poursuit Pierre Govaerts. Reste que chaque bourgmestre espérait à l’époque obtenir le plus de terres à bâtir. « Il est évident que le plan de secteur a été trop généreux par rapport aux zones à bâtir, lance Yves Hanin. Mais les auteurs se basaient sur les perspectives économiques et démographiques de l’époque – surestimées pour ces dernières – et sur les principes d’alors, à savoir que la qualité de vie était meilleure à la campagne qu’en ville. Mais cela n’impliquait toutefois pas de n’avoir que des quatre façades, ce vers quoi nous sommes arrivés. Et puis les auteurs pensaient que les communes allaient prendre le relai en déterminant plus précisément l’orientation de leur territoire (ndlr : via les schémas de structure communaux). Mais ce n’est jamais vraiment arrivé. »

Critiqué par certains, il n’en reste pas moins incontournable. Il ne peut être supprimé. Et repartir d’une page blanche parait inconcevable. Dédommager les propriétaires fonciers qui

permis ou de cadrer le développement d’une zone. Car si le plan de secteur détermine ce que l’on peut construire, il ne dit pas comment construire. Il faut donc éviter de croire que le plan de secteur fournit toutes les règles ou orientations. « D’autant que la manière d’urbaniser les terres à fortement évolué, fait remarquer Yves Hanin. Et c’est sans doute cela qui pose le plus de problème d’incompréhension. Auparavant, le plan de secteur était largement mis en œuvre par les permis de lotir qui prévoyaient par exemple une surface commercialisable de parcelles selon les moyens des acheteurs (entre 7 et 15 ares ou beaucoup plus comme à Lasne). L’idée était que le lotissement n’était qu’un ensemble de parcelles (villa et jardin) avec peu d’espaces publics, et l’autopromotion était la règle. Aujourd’hui, ce modèle a largement laissé la place à une prise en charge par la promotion où la surface dépend plus d’un projet global vendu par des promoteurs. Le bonheur n’est plus uniquement dans le jardin mais dans la proximité des services. Le développement urbain est dorénavant pensé par quartier. Donc, si le plan de secteur est un outil d’aménagement du territoire, ce qui fait surtout défaut, c’est le débat sur la forme urbaine avec ses espaces bâtis, ses espaces verts et ses espaces ouverts. »

Quel avenir aujourd’hui pour le plan de secteur ?

Il s’agit d’un outil règlementaire d'aménage ment du territoire. Il organise le territoire wallon et en définit les différentes affectations afin d'assurer, comme le détaille la Région wallonne, « le développement des activités humaines de manière harmonieuse et d'éviter la consommation abusive d'espace. » La Wallonie est couverte par 23 plans de secteur, adoptés entre 1977 et 1987.

Si le plan de secteur est un d’aménagementoutil du territoire, ce qui fait surtout défaut, c’est le débat sur la sesurbaineformeavecespaces bâtis, ses espaces verts et ses ouverts.espaces

Propos recueillis par X. A.

Non. Ce serait rouvrir la boite de Pandore. Il vaut mieux corriger ce qui a été fait. Pour le reste, tout environnement évolue. On ne peut arrêter toute construction si elle respecte les règles.

75 % DU BRABANT WALLON

N’EST PAS URBANISABLE

Une bonne idée ?

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Pas très beau à voir, mais essentiel pour comprendre la répartition des fonctions.

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur l’outil Plan de secteur ?

J’ai un regard très positif. 87 % du territoire de la Région wallonne est en zone non urbanisable, c’est assez extraordinaire. On peut bien évidemment encore discuter sur les 13 % restant. Mais un travail remarquable a été réalisé à l’époque.

seraient lésés par un changement d’affectation est tout aussi irréaliste financièrement. « Je n’ose imaginer quel serait le développement du Brabant wallon sans le plan de secteur, observe Yves Hanin. Il a cadré l’étalement urbain. L’outil n’est bien évidemment pas parfait mais son grand mérite est d’exister. Une des modalités pour cadrer l'étalement l’urbanisation serait de déterminer des temporalités avant d’actionner certaines réserves foncières. » Et Pierre Govaerts de conclure : « Sans plan de secteur, cela aurait été une catastrophe. Mais aujourd’hui, il aurait été impossible de réaliser un plan de secteur vu les intérêts divergents. Tout le monde aurait voulu avoir son mot à dire. »

En Brabant wallon, les trois quarts du territoire sont en zones non urbanisables, dont 62 % sont en zones agricoles. En ce qui concerne les autres affectations (forêts, espaces verts, zones naturelles et parcs), elles concernent principalement des territoires localisés dans le centre de la province.

Ajoutons qu’un peu moins de 30 km² n’ont pas d’affectation précise. En effet, 25 km² du territoire sont en zones d’aménagement communal concerté (ZACC). Cela signifie que ces territoires pourraient, s’ils sont activés par les élus communaux et la Wallonie, être affectés aussi bien en zones urbanisables qu’en zones non urbanisables en fonction des besoins.

Pour aller plus loin

Il existe la règle de la compensation : c’est-à-dire que l’on retire une zone à bâtir à un endroit pour la déplacer ailleurs, avec indemnisation si moins-value. C’est un mécanisme très intéressant qui devrait être davantage utilisé. Je plaide depuis longtemps pour la mise en place d’une banque foncière de compensation. Elle n’a malheureusement pas encore pu voir le jour.

La révision ou la suppression des plans de secteur revient régulièrement sur la table.

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« Ne rouvrons pas la boite de Pandore » Francis d’avocatfondateurHaumont,ducabinetHSP

Peut-on encore rectifier le tir aujourd’hui ?

Avec le recul des années, ont-ils été bien conçus il y a 40 ans ?

interview

La multiplication de l’urbanisation en ruban le long des voiries a été une erreur. Beaucoup de terrains ont également été prévus en ZACC (zone d’aména gement communal concerté), histoire de contenter tout le monde. Ce qui n’était pas une bonne idée. Ces décisions étaient basées sur un taux de consom mation du sol par habitant bien trop élevé. Ce qui fait que nous nous retrouvons aujourd’hui avec des zones inadéquates par rapport à la consommation d’énergie, la mobilité ou l’aménagement du territoire. D’une manière générale, l’espace dédié aux zones à bâtir a été bien trop généreux.

Pour des infos plus précises sur l’urbanisation de la province, n’hésitez pas à relire le Contrat de brabantwallon.beTerritorialDéveloppementvia

Le Brabant wallon a une superficie totale d’environ 1 100 km² mais seulement 206 km² sont urbanisés (18,9 % du territoire). Et parmi les terres urbanisées, 140 km² sont dédiés à la fonction résidentielle (soit 68,5 %).

Innovation pour le bureau d’archi tecture XVDH Architecture, basé à Ottignies-Louvain-la-Neuve. Il a dessiné une maison aux volumes décalés et construite en CLT (structure en panneaux de bois massif lamellés-croisés), ce qui reste encore relativement rare en Brabant wallon.

respirer

© Dwelling

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une espace vie totalement ouvert sur le jardin tout en préservant son intimité par rapport à l’espace public, explique l’architecte Xavier Van der Heyden. Le décalage des volumes permet de diminuer la sensation de hauteur côté rue et de créer des protections solaires et une terrasse couverte côté sud. »

L’architecture décalée

Un mode de construction rapide et écologique que les architectes ont utilisé dans le cadre de la construction d’une maison située à Jauchelette (Jodoigne).

« Le terrain présentant un talus important, la première intention du projet a été de créer un volume pour accueillir le visiteur au niveau de la rue et d’avoir

X. A.

Tous les futurs projets devront donc dorénavant tenir compte de cette volonté de diminuer l’impact énergétique. Une vision d’ailleurs inscrite dans le dernier plan d’investissement qui comprend notamment la construction d’un nouveau bâtiment à l’IPET de Nivelles, la rénovation du bâtiment du Quai aux Huîtres à l’IPES de Wavre ou encore la construction d’une nouvelle infrastructure d’accueil et d’hébergement à l’IMP d’Hévillers. « Le défi est important mais il faut commencer à le relever dès maintenant », précise Marc Bastin. La part d’énergie décarbonnée utilisée est actuellement de 24 %. Elle doit atteindre 100 % en 2050.

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Une réponse de Marc Bastin

L’UCLouvain revoit ses ambitions À Louvain-la-Neuve, le parc immobilier de l’UCLouvain fait aussi l’objet d’une attention particulière. La plupart des bâtiments construits dans les années 1970 sont des gouffres énergétiques qu’il faut remettre aux normes. Chaque année, 20 millions sont investis à cet effet dans une stratégie de rénovation. Le chantier le plus emblématique est celui des Halles universitaires, actuellement en cours (7 millions). Le standard basse énergie est visé plutôt que le standard passif, difficile à atteindre pour les 500 000 m2 de bâtiments répartis sur les sites wallons et bruxellois.

En termes d’ambitions, puisque l’objectif de 2020 a été accompli et même dépassé (diminuer de 20% les émissions de CO2 de l’Université par rapport à 1990), elles ont été revues à la hausse. L’objectif est désormais de baisser de 60 % d’ici 2030 les émissions de CO2 et d’atteindre la neutralité carbone en 2035 en migrant le solde énergétique nécessaire vers du renouvelable.

La Province du Brabant wallon est propriétaire de 174 bâtiments répartis sur 35 sites. Les trois quarts sont des bâtiments scolaires, qui accueillent près de 5 000 élèves. 15 % concernent des bureaux. L’ensemble du parc immobilier s’étend sur 174 911 m2. Soit l’un des principaux propriétaires immobiliers du Brabant wallon, derrière notamment l’UCLouvain.Unparcqui est également particulièrement énergivore. Une problématique qui s’est accentuée avec l’explosion des couts de l’énergie suite à la guerre en Ukraine. D’où l’obligation de changer son fusil d’épaule pour s’inscrire dans la neutralité carbone exigée d’ici 2050. « Nous voulons tendre vers un parc immobilier efficace en énergie finale et neutre en carbone pour le chauffage, l’eau chaude sanitaire, le refroidissement et l’éclairage en 2050, lance Marc Bastin. Pour y parvenir, une stratégie de rénovation et d’investissement a été mise en place. Cela passera par une amélioration de l’efficacité énergétique, une certaine sobriété dans les projets et une électrification de notre parc. »

député provincial en charge du Cadre de vie et des Bâtiments

Quelle stratégie les grands acteurs privés et publics actionnent-ils pour rénover leur parc immobilier ? répondre

UNE VIE ENTRE MONS ET CHARLEROI

Né à Mons avant de prendre à l’âge de six mois la direction de Charleroi pour suivre la destinée professionnelle de son père, ingénieur métallurgiste, Laurent Dauge (53 ans) a passé son enfance dans la cité carolo. Ses études le poussent à revenir dans la cité du Doudou pour y suivre son cursus d’ingénieur civil des mines à Polytech. Il ne quittera alors plus Mons, où ce père de deux (grands) enfants habite toujours.

« J’ai la chance de connaitre Charleroi, Mons et le centre du Brabant wallon comme ma poche. Mes amis d’enfance vivent toujours à Charleroi, mon réseau professionnel est en Brabant wallon et à Mons se croisent famille et amis. J’ai toutefois une grande connaissance du Brabant wallon et de ses enjeux. »

UN QUART DE SIÈCLE DANS LA SABLIÈRE

La carrière de Laurent Dauge est assez linéaire. Il termine ses études en 1993 avant d’être engagé chez Page Group, une filiale de Cockerill Sambre, pour s’occuper du volet environ nement et énergie. Il passe ensuite pendant deux ans dans un bureau d’études à Gosselies, travaillant sur des programmes de production d’énergie renouvelable. Son client, CETEM, qui est basé dans la sablière de Mont-Saint-Guibert, le choisira ensuite pour appliquer sur le terrain le fruit de son travail. « Cela concer nait la production d’énergie renouvelable et la mise en place d’une centrale de biomasse. Prendre la tête de cette société à 27 ans était un beau défi. Je suis finalement resté pendant 29 ans et ce malgré les rachats, fusions et changements d’actionnariat. » C’est notamment là-bas qu’il développe ses capacités de management prenant la tête des départements régionaux de Shanks et de Renewi. « Postuler à la direction d’in BW représentait un beau défi. J’ai collaboré à de nombreuses reprises avec l’intercommunale. La diversité des métiers était un volet qui m’intéressait au plus haut point. Je prends la tête d’une structure parfaitement en place, avec une équipe de directeurs et un personnel très expérimentés. C’est rassurant. »

A

près Léon André, Marcel de Meurichy, Claude Pasture et Baudouin le Hardÿ de Beaulieu, Laurent Dauge est depuis mi-juillet le cinquième directeur de l’intercom munale in BW. Il pilote un paquebot désormais actif sur plusieurs terrains de jeu (développement économique et territorial de même que gestion des déchets, des eaux et d’un crématorium) et dont les défis restent nombreux. Une structure qui est également l’un des acteurs majeurs du Brabant wallon. Influent. Puissant. Incontournable. Reste à voir si Laurent Dauge s’inspirera, comme ses deux derniers prédécesseurs, de la méthode forte pour se faire entendre et respecter ou s’il choisira une autre voie. Cet ancien directeur de la branche wallonne de Renewi Belgium (Mont-SaintGuibert) dispose en tout cas d’un important réseau en Brabant wallon. Un atout qu’il entend faire fructifier rapidement.

« Je souhaiterais que l’on davantageexpliquel’utilité de nos actions »

Laurent Dauge est le nouveau directeur de l’intercommunale in BW. Spécialiste en gestion de l’environnement et bien connu dans certains cercles de la province, il entend s’inscrire dans la continuité d’une machine bien huilée.

rencontrer

Texte : Xavier Attout - Photo : in BW

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Développement économique et territorial de même que gestion des déchets, des eaux et d’un crématorium : les métiers historiques d’in BW sont connus. Avec une expertise reconnue dans chacun de ces domaines d’action. Un nouveau plan stratégique est en cours d’élaboration pour la période 2023-2025. L’occasion pour Laurent Dauge d’y apporter déjà sa vision et sa manière de travailler, qu’il veut avant tout transversale. « Nos métiers sont différents mais il est nécessaire de déployer une vision globale. Nos fondamentaux devront tourner autour de trois volets : climat, énergie et ressource. Notre rôle sera de poursuivre dans l’innovation. Utiliser les déchets pour créer de l’énergie sera par exemple incontournable. Trouver des nouvelles ressources en eau – nous y travaillons déjà – pour garantir les besoins. On peut aussi évoquer le fait d’adapter nos parcs d’activités économiques à la transi tion durable, de favoriser le rachat de sites désaffectés pour lutter contre la raréfaction du foncier économique ou encore d’étudier la thermographie pour favoriser la rénovation du bâti. Sans oublier l’assistance aux communes qui sera renforcée. Nous ne pourrons être actifs sur tous les plans. Il faudra donc déterminer notre champ d’actions. » Et la touche personnelle ? « J’aimerais bien que l’on apporte davantage de vulgarisation dans nos actions. Il est important d’expliquer au plus grand nombre le sens de nos démarches et l’utilité de nos actions. »

APPORTER SA TOUCHE PERSONNELLE

TENNIS ET MARCHE EN MONTAGNE

S’il court après la forme suite à une vilaine blessure à la cheville encourue l’an dernier, Laurent Dauge reste un grand sportif. « Et ce malgré les apparences », sourit-il. Il a arpenté les terrains de football durant toute sa jeunesse avant de se tourner vers le tennis, où il grimpera à un niveau plus que correct (B2). « Je joue encore les interclubs mais ne fais plus de tournoi, ce qui me fait descendre d’un classement chaque année », sourit-il. Une passion qu’il pourra en tout cas partager avec son président Christophe Dister (B0), toujours particulièrement affuté sur ce plan.

Pour le reste, c’est un grand amateur de city trip, de lecture – romans historiques et ouvrages scientifiques –de même que de marche en montagne. « Le défi sportif est exaltant. Et puis cela permet de se vider la tête. »

Cédric fonctionnaireHarmant,délégué

Texte et photo : Xavier Attout «

Si certains mettent le cap sur le Brabant wallon pour profiter d’un jardin et d’une certaine quiétude, d’autres souhaitent aller encore un cran plus loin. Soit profiter d’un jardin mais également

D'une manière générale, ces espaces se retrouvent plutôt dans des communes privilégiées, en intérieur d'îlot ou dans des nouveaux lotisse ments haut de gamme qui ne rétrocèdent pas la voirie à la commune. L’objectif étant le plus souvent d'écarter ceux qui ne font pas partie de la rue pour garantir calme et sécurité. L’entretien est alors géré par la copropriété.

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Si le repli sur soi est une tendance souhaitée par certains habitants, la Région wallonne entend bien freiner tout développement de ce type. D’autant qu’il suscite de nombreux débats, que ce soit sur la priva tisation des espaces, la ségrégation sociale, le lien social ou encore l’accent sécuritaire. Les permis pour les promoteurs qui ont cette ambition sont donc le plus souvent refusés. « Nous sommes plutôt partisans des voiries publiques et d’éviter les clos privés qui ne participent pas au maillage public des voiries, n’apportent aucune plus-value aux habitants déjà présents et ne permettent pas une bonne intégration de ces nouvelles habitations aux tissus existants, estime Cédric Harmant, le fonctionnaire délégué du Brabant wallon. Dans le même ordre d’idées, nous sommes généralement peu favorables aux voiries en cul-de-sac, même si elles deviennent publiques, car dans les faits, cela mène à leur privatisation. On essaie donc toujours d’avoir au moins un maillage piéton (sentier) au bout de ces voiries en cul de sac. »

omaine de Beauséant ». Un nom en lettres d’or inscrit à l’entrée, juste à côté d’un emblème à l’effigie des lieux. Un petit muret entoure de part et d’autre la barrière automatique blanche. Derrière, une longue allée dégagée qui s’étend sur 250 mètres avant de pouvoir rejoindre la trentaine de maisons que compte ce domaine privé. Un ensemble haut de gamme qui s’étend sur 7,88 hectares avec conciergerie, piscine et tennis. Situé à Rosières, non loin de l’autoroute E411, il est l’un des plus emblématiques du Brabant wallon. Il donne même l’impression de venir en droite ligne des ÉtatsUnis, où des milliers de « gated communities » de ce type ont été aménagés. « Ce domaine date des années 1970, du temps où Joseph Moreau de Melen était bourgmestre de la commune de Rosières, se souvient Christophe Hanin, échevin de l’Urbanisme de Rixensart. Il est totalement privé. Les propriétaires gèrent toutes les voiries eux-mêmes et sont très heureux de vivre là. Nous n’avons jamais eu de problèmes avec les habitants. Ce type d’aménagement ne serait toutefois plus accepté aujourd’hui, vu les nouvelles tendances d’aménagement du territoire. »

Un domaine, un clos ou une rue : le Brabant wallon n’échappe pas à la privatisation de l’espace public apparu ces dernières années. Le volet sécuritaire et la quiétude sont les principales motivations de ce repli sur soi et sur ses voisins. Les politiques et urbanistes y sont toutefois peu favorables.

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Les domaines privés, un urbanisme de l'entre-soi

tissushabitationsdeintégrationpasnedéjàauxaucunen'apportentclosd’éviterplutôtsommesNouspartisanslesprivésquiplus-valuehabitantsprésentsetpermettentunebonnecesnouvellesauxexistants.

Des couts pour la collectivité

D

vivre à l’abri des regards et dans un espace entièrement sécurisé. Un modèle à l’américaine de copropriété, plus horizontal que vertical. On en dénombre l’un ou l’autre en Brabant wallon. Le Domaine du Bercuit (Grez-Doiceau) est le plus connu. À côté de cela, on avoit également apparaitre d'autres modèles de privatisation, comme des voiries entièrement reservées aux habitants. Un modèle bien plus développé que les quelques domaines qui existent.

Le cas classique aujourd’hui concerne une ouvertures de voirie, soit l’aménagement d’une nouvelle rue à partir d’une rue existante de manière à pouvoir y construire de nouvelles maisons. « Dans pratiquement tous les projets, les promoteurs rétrocèdent les voiries à la commune, explique Christophe Hanin, échevin de l’Urba nisme à Rixensart. Cela leur enlève une épine hors du pied en matière d’entretien et de gestion des déchets voire des impétrants. La commune subit alors les frais d’entretien ou de collectes de déchets, ce qui augmente la charge de travail. » Un constat négatif partagé par Cédric Harmant : « Remettre une nouvelle voirie dans le domaine public, cela veut dire que, même si elle est à la base réalisée et payée par le développeur, il faut à terme l’entretenir, et y faire arriver les services publics. Ce qui coute cher aux communes, et ce parfois pour quelques habitants supplémentaires seulement. Outre l’aspect urbanistique, l’enjeu est donc également financier. »

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À Lasne, un panneau explicite pour démontrer la privatisation de l'espace public.

LE BERCUIT, MODÈLE À L’AMÉRICAINE

Le Domaine du Bercuit est connu pour être l’un des plus importants domaines privés en Brabant wallon. Il faut toutefois préciser que cet espace de 160 hectares est en fait semi-privé. L’accès est autorisé pour une partie du domaine. Rappelons que son urbanisation est d’inspiration américaine où des villas de standing entourent un golf de 18 trous. Des caméras de sécurité contrôlent les lieux, de même qu’un garde à l’entrée. L’accès reste accessible par ses deux entrées principales, même si le fondateur, le baron Frédéric Rolin, imaginait les lieux entièrement clôturés. « Le domaine, qui a la forme juridique d'une SPRL, compte 366 lots, allant d'un appartement dans une des résidences à un terrain d'un hectare, expliquait il y a peu dans La Libre Michel Desaive, gérant du vaste domaine. Une vingtaine de lots doivent encore être construits. Ces dernières années, la Commission d'aménagement, garante de l'esthétique de l'ensemble, a reçu 14 demandes pour de nouvelles constructions. Il ne s'agit pas d'une copropriété classique, mais bien d'une association de fait, qui est une collectivité de propriétaires. »

Le domaine compte 12,8 kilomètres de routes, dont 60 % sont privées et à 40 % communales. « Avoir une voirie privée garantit moins de passage et plus de tranquillité, c'est d'autant plus important pour les nombreux animaux vivant dans le domaine. C'est aussi une plus-value pour les propriétaires. Si le domaine n'est pas fermé physiquement, nous avons peut-être un projet de ce type dans les cartons. »

sont ouverts vers l’extérieur et que les voiries sont publiques, y pénétrer peut être sujet à hésitation et freiner le promeneur qui s’imagine entrer dans un espace réservé. Le développement d’un important volet commercial permet toutefois de gommer en partie ce frein, comme on peut le voir à Genval et Court-Saint-Étienne.

La multiplication de nouveaux quartiers en Brabant wallon a également été un risque de voir se développer des « gates communities » d’un genre nouveau. Que ce soit à Bella Vita (Waterloo), Val Vena (Wavre), I-Dyle (Genappe), Papeteries de Genval ou encore Court-Village, ces nouveaux quartiers qui comprennent plusieurs centaines de logements ont surtout l’objectif de multiplier les services pour une communauté précise. S’ils

« Les ilots de chaleur favorisent l’étalement urbain »

Les épisodes de fortes chaleurs vont se multiplier à l’avenir. Rafraichir les villes pour éviter les phénomènes de surchauffe dans les centres urbains devient essentiel. Les pistes de solution sont connues. Reste à les appliquer sur le terrain.

Texte : Xavier Attout – Photo : D.R.

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Les fortes chaleurs qui sont apparues cet été ont rappelé l’impact de la bétonisation des villes sur la qualité de vie des habitants. Ceux du Brabant wallon n’y ont bien évidemment pas été épargnés, même si ce phénomène est moins marqué du fait de la taille plus réduite des grandes villes braban çonnes. « La bétonisation augmente la tempé rature en ville, a expliqué Sébastien Hendrickx, chargé de recherche au Lepur à l’ULiège, lors d’un Midi de l’urbanisme consacré à cette thématique et organisé mi-septembre à Louvain-la-Neuve. Et ceux qui vivent en appartement ressentent d’une manière encore plus forte le phénomène des ilots de chaleur. On définit ces derniers par la différence de température observée entre les milieux urbains et les zones rurales environnantes. L’îlot de chaleur urbain est plus élevé la nuit vu que l’inertie thermique est plus élevée en ville. Et il est aussi plus élevé en été vu que le rayonnement solaire est plus important. » Le différentiel de température est en moyenne de 2,5 degrés entre la ville et la périphérie. Mais il peut aisément grimper à plus de 10 degrés. Même chose entre l’intérieur et l’extérieur d’un parc, où le différentiel de chaleur peut être aisément de 5 degrés. « Si le phénomène des inondations frappe les esprits, il faut bien se rendre que ces épisodes seront bien moins répétitifs que les vagues de chaleur que nous allons connaitre dans le futur, lance Guillaume van der Vaeren, administrateur délégué de JNC International, un bureau d’études spécialisé dans l’étude du paysage, de l’environnement, de l’urbanisme et de l’aménagement de l’espace. Il faut donc s’y préparer. »

De son côté, Guillaume van der Vaeren évoque également des stratégies d’aménagement du terri toire : « Souvent, dans les réflexions urbanistiques, on oublie l’importance du cheminement de l’eau. Or, c’est un facteur majeur pour rafraichir les villes. Il faut

En fait, s’il fait plus chaud en ville, c’est surtout car la chaleur accumulée le jour est restituée la nuit.

Des solutions pour l’espace public

« Il y a aujourd’hui en ville une multiplication des surfaces, qu’elles soient verticales ou horizontales, qui collectent l’énergie du rayonnement solaire et la restituent sous forme de chaleur », lance Sébastien Hendrickx. L’impact des rayons du soleil dépend bien évidemment du type de surface sur lesquelles ils vont réfléchir. Il peut par exemple y avoir une différence de 30 degrés entre un caoutchouc EPDM aux teintes claires plutôt qu’un revêtement noir. Même chose pour les graviers ou si le bitume est lisse plutôt qu’en granulé. « Le vrai problème, c’est qu’il y a moins de sources de fraîcheur en ville, regrette Sébastien Hendrickx. Or, elles sont essentielles. L'eau et la végétation constituent des moyens de rafraîchissement. Par évaporation et évapotranspiration, elles rafraîchissent l'air dans la journée. Cependant, l'eau ruisselle tellement rapidement vers les égouts à cause de l'imperméabi lité du sol qu'elle n'a pratiquement pas le temps de s'évaporer. Or, l'évaporation entraîne un rafraîchis sement de l'air car le passage de l'état liquide à l'état gazeux consomme des calories. »

l’eau. Or, c’est un facteur majeur pour rafraichir les villes. Il faut renforcer la présence de l’eau dans les espaces publics.

JNC International relève également que le réaménagement urbain est essentiel pour l’avenir des villes, d’autant plus que la concentration de l’habitat ne va faire que s’accentuer. « Les ilots de chaleur sont un vrai problème de territoire puisqu’ils favorisent l’étalement urbain, lance Guillaume van der Vaeren, qui travaille actuellement sur la vision urbanistique de Wavre. Des habitants préfèrent aller habiter en périphérie puisqu’ils suffoquent en ville. Gérer les eaux et la chaleur doit devenir incontour nable lors de la conception de projets. Les arbres, et plus généralement la végétation, peuvent en ce sens jouer un rôle essentiel. »

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Guillaume Van der Vaeren, JNC International

18 Souvent, dans les urbanistiques,réflexions on l’importanceoublie cheminementdude

Tubize vient de dévoiler son plan d’action en faveur de l’énergie durable et du climat. Parmi les 84 propositions, une série vise à aménager le territoire de manière à atténuer les dérèglements climatiques. « Nous recevons peu de plaintes d’habitants par rapport aux ilots de chaleur, explique Sabine Desmedt, échevine de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement de Tubize. C’est peut être lié au fait que nous disposons d’un grand parc à proximité du centre de la commune. Dans les demandes de permis que nous recevons, nous exigeons dorénavant que des arbres soient replantés si d’autres doivent être abattus. On relève aussi une prise de conscience des promoteurs sur ces questions. Nous demandons des aménagements et des arbres qui n’exigent pas trop de temps d’entretien pour nos services. Les promoteurs sont compréhensifs. »

© Lepur

Les solutions pour éviter la surchauffe dans l’espace public sont multiples. De plus en plus de communes établissent un Plan Climat ou un Plan d'action énergie durable et climat pour lutter contre ce phénomène d’ilots de chaleur. Wavre, Jodoigne, Rixensart, Genappe, Lasne, Grez-Doiceau, Perwez, Braine-l’Alleud, Waterloo ou encore Ittre ont notamment embrayé dans cette direction. Une des idées principales est de créer des ilots de fraîcheur. Cela passe par la création de parcs, la plantation d’arbres ou encore l’aménagement de plans d’eau. « Il faut avant tout déminéraliser la ville et la végétaliser, précise Sébastien Hendrickx. Les cours de récréation dans les écoles sont un bon exemple. Améliorer la mobilité et l’efficacité énergétique des bâtiments, en réduisant les besoins de climatisation l’été, sont d’autres points d’attention. »

UN PLAN D’ACTION À TUBIZE

Le manque de sources de fraîcheur

renforcer la présence de l’eau dans les espaces publics. Cela peut se faire en combinant la présence de l’eau et de la végétation urbaine pour rafraichir la ville par effet d’évapotranspiration. Il faut sortir l’eau des canalisations. C’est essentiel. Il faut aussi renforcer la présence de la végétation en ville ou en périphérie. Cela passe notamment par la réintégration des habitats naturels en milieu urbain. »

En 2008, l’asbl La Cordiante ouvrait à Villers-la-Ville un service d’accueil de jour destiné aux personnes handicapées mentales adultes, avant de s’installer dans la Ferme de l’Abbaye, en 2014. Aujourd’hui, une dizaine de personnes participent chaque jour à des activités conçues dans une logique d’inclusion et pariant sur leur potentiel à prendre une

© La Cordiante

d'un territoire cultures

place active au sein de la société. Une de ces multiples activités consiste à accompagner le cheval de trait Quinoa. Le long du Ravel sur les territoires de Genappe et Court-Saint-Étienne, animal et êtres humains emportent le contenu des poubelles publiques et les déchets sauvages abandonnés par des usagers inciviques. En été, les sabots

Dans les sabots d'un agent d'inclusion

de Quinoa battent aussi les pavés de Louvain-la-Neuve et les rues pentues de Mont-Saint-Guibert, tandis que ses accompagnateurs assurent l’arrosage des fleurs et le ramassage des poubelles. La présence de l’équidé est sans doute aussi un excellent moyen de permettre aux personnes porteuses d’un handicap d’établir un contact avec les personnes croisées sur le parcours. C. Du.

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pour les spectateurs, mais aussi pour les travailleurs du secteur et les artistes accueillis, la difficulté d’aller au théâtre et de retourner chez soi en transports en commun, les programmateurs sont conscients que leur prise sur ces questions est limitée. À défaut d’obtenir des sociétés de transports en commun qu’elles retardent l’heure des derniers bus ou trains, les théâtres et autres centres culturels pourraient changer les horaires de spectacle.

À Louvain-la-Neuve, le Vilar et la Ferme du Biéreau, désormais simplement appelée La Ferme!, connaissent bien ces préoccupations et

Gabriel Alloing, La Ferme!

ondée en 2018, la Fédération des employeurs des arts de la scène (FEAS) réunit aujourd’hui plus de soixante opérateurs culturels reconnus par la Fédération Wallonie-Bruxelles : centres scéniques, compa gnies théâtrales, ensembles musicaux ou vocaux, lieux d’accueil… Fin mars dernier, bien que consciente que tout ce que ses membres pourront faire en matière d’écoconception ne représentera qu’une « goutte d’eau dans l’océan de la montée des périls », la FEAS les réunissait pour construire un « Plan d’action concret » en faveur de meil leures pratiques du secteur des arts de la scène en matière d’énergie, d’alimentation, de numérisation, de mobilité, de partage des ressources.

L’offre de transports en commun relève des pouvoirs publics. Nous pourrions réfléchir à mettre en place un système de covoiturage, mais cela nécessiterait un suivi très chronophage.

Textes et photos : Caroline Dunski

En octobre 2021, un réseau de projets culturels en mobilité douce naissait à Veynes, dans les Hautes Alpes françaises sous le nom d’Armodo. Devant le nombre grandissant de spectacles qui se déplacent à modes doux – à pied, à vélo, à cheval, en roulote ou en voilier – des équipes artistiques ont eu envie de se rencontrer pour réfléchir à la façon de réduire l’empreinte écologique du spectacle vivant et de faire évoluer leur relation aux territoires. La deuxième rencontre, organisée en mars à Larmoteau, en Gaume belge, a permis au réseau de réfléchir à sa structuration, à la mise en place d’outils de mutualisation de contacts entre ses membres, à la rencontre des publics et à l’approche particulière des spectacles en mobilités douces… En Brabant wallon, les artistes et animateurs qui portent La Marche des philosophes sont particulièrement sensibles à ces questions (lire page Concernant,23).

En matière de mobilité, d’emblée, trois questions se posent concernant les types de déplacements. Comment les spectateurs, les spectatrices et le personnel se rendent-ils dans les lieux de travail et de diffusion ? Comment les programmateurs et programmatrices prospectent-ils pour construire leurs saisons ? Et, enfin, comment diffuser des œuvres, organiser la mobilité des artistes, des équipes et du matériel ? Les participants au colloque de la FEAS se sont notamment demandé comment ralentir les pratiques culturelles et les déplacements des artistes. Il a été question de revoir les longues tournées, de repenser le long séjour des artistes sur le territoire.

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Focus sur la mobilité.

Le dernier printemps a vu fleurir des initiatives visant à instaurer des pratiques de diffusion culturelle plus écologiques. De l’écoconception aux déplacements en modes doux en passant par la mutualisation des ressources, les enjeux et leviers sont nombreux.

Arts et culture durables, un défi à relever

F

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RÉNOVATION ÉNERGÉTIQUE DE BÂTIMENTS CULTURELS

pompe à chaleur. Avec les subsides obtenus, le Centre culturel du Brabant wallon, installé à Court-Saint-Étienne, pourra entamer la rénovation énergétique du Foyer populaire et aménager l’arrière-scène en vue de créer une nouvelle salle de résidence pour les artistes, qui sera également mise à disposition des associations locales et bénéficiera aux artistes, qu’ils soient professionnels ou amateurs.

Chaque matin, artistes et accompagnateurs de la Marche des philosophes repèrent le trajet qui les mènera d’une étape à l’autre.

À Ottignies-Louvain-la-Neuve, c'est la Commune qui a introduit la demande de subsides pour la rénovation énergétique du Centre culturel. « Le projet est porté par la Ville depuis deux ans dans le cadre de Rénowatt, souligne Étienne Struyff, directeur du CCO. Nous allons d'abord rénover la toiture, placer des panneaux photovoltaïques, remplacer les châssis et installer une chaudière à bois qui alimentera plusieurs bâtiments communaux. La rénovation et l'isolation de la façade suivront. Obtenir la subvention dans le cadre de l'appel à projets permet de garantir que le projet pourra se faire. »

les directeurs de ces deux institutions culturelles déplorent tous deux le retard pris par le Réseau Express Régional (RER) qui ne devrait être opérationnel que fin 2026. Devenu directeur du Vilar le 1er septembre 2021, le metteur en scène Emmanuel Dekoninck n’a pas obtenu de réponses positives de la part de la SNCB qui avançait l’argument de la sécurité pour ne pas prolonger l’offre en soirée. Du côté de La Ferme!, Gabriel Alloing souligne que « si on est bien connecté avec le Conforto qui relie Louvain-la-Neuve à Delta, il ne fonctionne ni en soirée ni le week-end. L’offre de transports en commun relève des pouvoirs publics. Nous pourrions réfléchir à mettre en place un système de covoiturage, mais cela nécessiterait un suivi très chronophage. »

En Brabant wallon, trois dossiers ont été retenus pour un montant total de 2,1 millions d’euros. Le Théâtre des 4 mains à Beauvechain investira près de 60.000 euros dans l’installation d’une cinquantaine de panneaux photovoltaïques et d’une

De nombreuses alternatives ont aussi été évoquées lors du colloque de la FEAS : offrir la gratuité des transports en commun aux spectateurs, aller vers le public afin d’éviter qu’il ne se déplace, organiser des mutualisations, repenser le transport des décors par le réseau ferré ou la voie fluviale, imaginer des relais logistiques…

Une alternative : aller vers le public

Les bâtiments culturels sont également très énergivores. La ministre de la Culture Bénédicte Linard (Ecolo) et le gouver nement de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont débloqué un budget de 31,7 millions d’euros pour la rénovation énergétique d'une série d’infrastructures culturelles de Wallonie. Deux types de projets pouvaient bénéficier d’une intervention dans le cadre d'un appel à projets adressé aux pouvoirs locaux et aux opérateurs culturels : les travaux de rénovation globale, permettant une économie d’énergie primaire d’au moins 30 %, et les travaux ponctuels d’économie d’énergie. Après analyses des candidatures déposées, 27 dossiers de travaux ponctuels et 37 dossiers de rénovation globale ont été sélectionnés dans le cadre du Plan de relance et de résilience européen.

Au démarrage de la Cop 27 le 7 novembre prochain, en collaboration avec le WWF et l'ASBL Lézards Cyniques, La Ferme! lancera le « Radio des bois tour 2022 ». Ce projet de sensibilisation interactive s’adresse aux enfants de 7 à 12 ans et

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À pied, à vélo ou en roulotte, pour retrouver le contactC’humain

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est la Compagnie des Chemins de terre qui a lancé le concept de Marche des philosophes en 2006, pour retrouver le goût du pavé et de l’agora, le cœur de la ville et les chemins de traverse, en parcourant à pied le parcours champêtre ou citadin qui mène d’un endroit de représentation au suivant.

porte sur des thèmes aussi brûlants que la défores tation, le réchauffement climatique, la biodiversité, la disparition de nombreuses espèces animales, la pollution… Deux chanteurs-comédiens-anima teurs se déplacent dans les écoles pour assurer des séances musicales de sensibilisation à ces thématiques. En plus d’interpréter les chansons, ils interagissent avec les enfants à l’aide d’un système de vote interactif, de manière amusante et dynamique. À l'issue des séances, le « Radio des bois tour » entend donner des clefs d'actions concrètes aux enfants, de manière positive et constructive, sans être anxiogènes. « On va dans les écoles pour éviter la question du déplacement des élèves. Alors évidemment, les deux artistes se déplacent, mais surtout, c’est moins compliqué que de déplacer 200 gamins. C’est une réflexion environnementale, mais aussi pratico-pratique et financière. Il y aura à peu près 50 séances étalées sur 25 jours et on va essayer de toucher 5000 enfants des six provinces francophones, jusque fin décembre, et puis on verra si ça continue. On a déjà beaucoup de demandes, mais il faut atteindre une taille suffisante pour que le déplacement en vaille la peine. Il y a beaucoup d’écoles intéressées, mais il n’y a pas toujours le nombre d’élèves suffisants. Il faudra alors soit qu’on trouve dans l’entité d’autres écoles intéressées et d’accord de se déplacer jusque-là, idéalement à pied ou, sur de courts trajets, avec des bus communaux. »

Cet été, du 5 au 16 juillet, la tournée se déroulait en Brabant wallon pour la troisième fois, à l’initiative du Centre culturel du Brabant wallon.

« Le concept date d’avant le confinement, explique Christophe Rolin, coordinateur du projet. Il s’agit de contrer les tournées classiques dans lesquelles les artistes arrivent en camionnette, passent par la porte de derrière et croisent l’organisateur s’ils ont de la chance et l’accompagne au restaurant, par exemple. Timotéo a mis le système en place pour retrouver le

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En ce qui concerne l’accueil de grands spectacles internationaux comme ceux du Ballet de Marseille qui nécessitent deux semi-remorques pour le transport de la technique et des décors, pour lisser l’impact d’un tel déplacement, le jeune directeur du Vilar a mené une collaboration avec d’autres structures belges, telle que le Théâtre National à Bruxelles et C’est Central, à La Louvière. « Cela ne fait pas encore partie des habitudes du secteur et cela nécessite de renoncer à certaines exclusivités qui étaient parfois désirées. Une autre solution est de rallonger les séries et d’accueillir plus longtemps. »

Emmanuel Dekoninck souligne aussi l’initiative de certaines compagnies qui invitent les program mateurs d’un même pays à se coordonner pour fluidifier les tournées et éviter les allers-retours intempestifs.

Une remorque bien visible pour transporter le matériel d’une étape à l’autre… et attirer l’attention de publics potentiels.

Rationaliser les déplacements, coordonner la diffusion

Revenir à une authenticité dans la relation

Cette année, la conteuse Valérie Bienfaisant et le chanteur Bernard Massuir ont pris la relève de Timotéo et Chris, avec un spectacle ayant évolué en cours de tournée. Pour la conteuse, c’était une première expérience et elle fut marquante. « Marcher d'un lieu à un autre, un spectacle en “poche” ou presque – celui-ci s'est construit pas à pas avec Bernard et les imprévus de l'aventure –ancre le spectacle dans le vivant. Tout et tout le monde prend part à la tournée, le public venu à vélo ou avec sa chaise de spectateur, y compris. Les déplacements sont plus lents, les perceptions se transforment et notre être hume l'humanité dans

Dans une telle configuration, la posture de l’or ganisateur change également. Comme il est aussi en tournée, ses relations avec les artistes, les hôtes d’un jour et les publics sont différentes. En allant chez l’habitant ou dans des tiers-lieux, l’opérateur culturel touche parfois des personnes qui ne vont jamais au théâtre où qui vont à Bruxelles pour voir des spectacles, mais ne poussent jamais les portes du centre culturel de leur commune.

l'air. L'art ne répond plus qu'à un seul impératif, l'art de la relation. Revenir à l'itinérance, c'est revenir aux sources du théâtre, être en lien avec la mémoire des saltimbanques. Cela fait un bien fou, et, il n'y a pas de doute, ce sentiment est partagé par toutes et tous. Cette marche “d'êtres en marche” touche le cœur plus qu'on ne l'imagine, peut-être parce que la rencontre s'inscrit dans la lenteur, la durée, tant avec la nature qu'avec le public, les hôtes, les organisateurs. En vérité, cela m’a donné envie de continuer dans ce sens, de créer des spectacles en les pensant “mobilité douce”. C’est un concept généreux, convivial, enthousiasmant. Ce n'est pas rien d'accueillir toute cette petite troupe que nous formions et à chaque étape, nous avons été reçus, chez l'habitant, comme des rois, des reines, par des reines et des rois. Comment le dire autrement ? C'était vrai, simple, magnifique. La rencontre et les surprises gustatives nous ont chaque jour, égayés différemment. Chaque jour un plaisir neuf nous attendait. Le mot hospitalité me vient sur le bout des lèvres et le sentiment que cette noblesse du cœur diffuse de la paix alentours, crée de la bonne humeur, ne me quitte pas. Peut-être est-ce parce que nous ne sommes pas au théâtre, entre ses quatre murs et que nous jouons chez l'habitant, que tout semble plus évident, plus relié et tellement jubilatoire. Peut-être. »

contact humain. Cela implique de prendre le temps de vivre pleinement la tournée. »

Quand on se déplace à pied ou à vélo, on prend conscience du territoire parcouru. On voit d’où on part et où on arrive avec une plus grande acuité. On perçoit mieux les paysages, les gens, les lieux, les habitats groupés, les dynamiques locales...

Le soir de l’avant-dernière étape, à la Chapelle de Verre de Fauquez, Valérie a retrouvé une connaissance, qui s'est jointe à la marche le lendemain. « Claire connaissait le coin comme sa poche et avait plaisir à nous parler de la forêt que nous avons traversé ce jour-là, de son village aussi. Moments précieux. D'autres marcheurs nous ont rejoints à différentes étapes de la Marche et ont participé à l'aventure en offrant une occasion unique de partages, d'échanges, sans fards, sans costume, dans le décor le plus grandiose qui soit, la nature. »

Timotéo Sergoi, alias Stéphane Georis, est l’auteur du spectacle Ni cage ni nid, découvert lors des deux premières éditions brabançonnes. Il l’in terprétait en compagnie de Chris Devleeschouwer. Depuis l’été 2021, le Centre culturel du Brabant wallon a ajouté la dimension zéro carbone au projet. Parce que si, lors de la première édition, les artistes se déplaçaient bien à pied d’un lieu de représentation chez l’habitant au lieu d’accueil suivant, leur matériel et la scénographie, eux, étaient toujours transportés en camionnette. Désormais, les artistes continuent de se déplacer à pied, et deux personnes travaillant au Centre culturel du Brabant wallon les précèdent à vélo avec remorque. « Quand on se déplace à pied ou à vélo, confie Christophe Rolin, on prend conscience du territoire parcouru. On voit d’où on part et où on arrive avec une plus grande acuité. On perçoit mieux les paysages, les gens, les lieux, les habitats groupés, les dynamiques locales... La Marche des philosophes, comme le projet Scène de villages, recréent l’esprit place ou café de village. Il y a aussi les échanges avec les gens qui nous accompagnent ou nous croisent. »

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Christophe Rolin, Coordinateur de la Marche des philosophes

business developer chez BC Materials

Les Arènes du territoire À la demande du SPW-territoire, la MUBW organisera cet automne un moment d’échanges autour des adaptations face aux changements climatiques et singulièrement aux inondations. La sensibilisation sur les démarches collectives à inciter, les mesures de planification, ainsi que les réflexions sur l’opérationnalité des projets seront à l’ordre du jour.

Emilie Gobbo

Architecte, docteure en art de bâtir et urbanisme et chargée de recherche à l’UCLouvain

Inscriptions obligatoires avant le 11 octobre via m.urbanisme@ccbw.be ou mubw.be Tarif : 5 euros (comprend boissons et sandwichs)

Benjamin Piret-Gérard

À L’AGENDA DE CET AUTOMNE

Adresse : Ferme du Biéreau Avenue du Jardin Botanique 1348 Ottignies-Louvain-la-Neuve

Le réemploi des matériaux, l'avenir de nos chantiers ?

12h : 12h15 :accueildébut de la conférence 14h : fin de la conférénce

Le réemploi de matériaux de construction lors de la rénovation ou la trans formation d’un immeuble devient une tendance de plus en plus importante. Il vise à diminuer les impacts environnementaux dans le cadre de projets immobiliers. Comment s’y prendre, quels sont les freins, un particulier peut-il y avoir un recours ? Nos quatre orateurs viendront détailler les perspectives de développement de la construction circulaire et évoqueront plusieurs expériences de terrain via des cas concrets. Comme BC Materials qui transforme les terres de déblai en brique de terre. Redev qui récupère, à Nivelles, les briques d’anciens halls industriels pour les réutiliser comme parement de ses nouveaux immeubles. Ou Mundo-Lab qui utilise des matériaux de réemploi pour la construction de son nouveau siège à Louvain-la-Neuve. De quoi passer de la théorie à la pratique en un Midi de l’urbanisme.

MIDI DE L’URBANISME

Avec

Anton Maertens

Vendredi 14 octobre de 12h à 14h à Louvain-la-Neuve

agenda

Plan d’actions des droits de l’enfant Questionner les jeunes (12-18 ans) sur les enjeux relatifs à la réduction de l’étalement urbain et porter une réflexion sur le futur de notre territoire est le défi que nous relèverons cet automne, à la demande du SPW-territoire. Les Maisons de l’Urbanisme de la Wallonie combinent leurs énergies pour organiser des débats et animations variées.

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