Espace-vie n°307 | Juillet 2022 : Ces réhabilitations qui favorisent le réemploi des matériaux

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BW 2030, l’union sacrée

Après Mélin, Saint-Remy Geest

Gares : adieu guichets, bonjour projets

espace

La revue qui décode les enjeux territoriaux du Brabant wallon

Construction circulaire

Ces réhabilitations qui favorisent le réemploi des matériaux

307

Juillet 2022 Bimestriel


sommaire

4 en bref

Bénédicte Dawance rejoint l’équipe

découvrir 14 Saint-Remy-Geest, plus apprendre 6 L’union fait le Brabant

wallon (de 2030)

découvrir 10 Une réhabilitation

beau village de Wallonie

respirer 19 Prendre soin

des vieilles pierres

qui ne casse pas de briques

13 respirer

Tisser des liens

apprendre 20 Gares : adieu guichets,

bonjour projets

rencontrer 12 Cédric Harmant ou

l’ascension d’un fidèle bras droit

agenda 24 Midi de l’urbanisme :

Comment rafraîchir nos quartiers ?

Cette architecte-urbaniste a rejoint la Maison de l’urbanisme du Brabant wallon début juillet pour y occuper le poste de coordinatrice. Elle travaillait auparavant au Centre de Recherches et d’Études pour l’Action Territoriale (CREAT) de l’UCLouvain et connait donc bien les enjeux territoriaux du Brabant wallon. Elle remplace Karima Haoudy.

Espace-vie reprend son rythme Comme vous l’aurez constaté, il n’y a exceptionnellement pas eu de parution de numéros d’Espace-vie en mars et en mai. La revue reprend désormais sa marche en avant et son rythme habituel de parution. Des numéros sont encore prévus cette année en septembre et en novembre.

Votre abonnement, papier ou en ligne ? Espace-Vie compte 6 000 abonnés à la version papier et 1 100 à la version numérique (ce qui comprend également les articles publiés sur espacevie.be). Pour tout changement dans votre formule d’abonnement, notamment le passage du papier au numérique par souci écologique, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse info@espacevie.be

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Espace-vie est la revue bimestrielle de la Maison de l’urbanisme – Centre culturel du Brabant wallon ( janvier, mars, mai, juillet, septembre et novembre). Elle traite de sujets relatifs à l’aménagement du territoire, à l’urbanisme et aux enjeux culturels en Brabant wallon. Créée en 1989, Espace-vie est indépendante de tout parti politique et dispose d’une entière liberté éditoriale.

Éditeur responsable : Nicolas Van der Maren - Rédacteur en chef : Xavier Attout (x.attout@ccbw.be) - Rédactrice : Caroline Dunski (c.dunski@ccbw.be) - Avec la contribution de : Agnès Chevalier et Maureen Schmetz - Équipe de la Maison de l’urbanisme : X. Attout, A. Chevalier, B. Dawance, M. Schmetz - Présidente de la Maison de l'urbanisme : Sophie Keymolen - Maquette : Louise Laurent (www.louiselaurent.be) - Mise en page : Louise Laurent - Dessins : Marco Paulo - Imprimeur : Artoos Group - IPM Printing - Tirage : 6 000 exemplaires - Adresse : 3, rue Belotte, 1490 Court-Saint-Étienne - Contact : 010 62 10 30 ou m.urbanisme@ccbw.be www.mubw.be - www.ccbw.be - Photo de couverture : Redev - Atelier Chantrenne, Nivelles Espace-vie est publiée avec le soutien de la Wallonie et du Brabant wallon. La revue est envoyée sur demande et gratuitement aux habitants du Brabant wallon, abonnement de 12 euros/an hors Brabant wallon. Ne peut être vendu. Si vous préférez recevoir Espace-vie en version numérique, n’hésitez pas à nous le signaler. Toute reproduction partielle ou totale nécessite une autorisation préalable de l’éditeur responsable. La clôture de ce numéro s’est déroulée le 5 juillet. Espace-vie est imprimée sur du papier recyclé dans une imprimerie climatiquement neutre. Les émissions de CO2 sont neutralisées à 100 % par le biais de plantations d’arbres. L’emballage qui entoure la revue lors de l’envoi est en maïs.


avant-propos

La fin des passoires énergétiques C’était l’une des phrases de l’année en 2020. Elle a à nouveau été plébiscitée en 2021. On verra si elle suivra la même voie en 2022. « Le Covid a été un accélérateur de changement » a été de tous les discours ces derniers temps. Avec du bon et du moins bon, bien évidemment. Parmi les éléments intéressants, la prise de conscience de plus en plus importante de l’impact de la performance énergétique (PEB) sur le cout et la qualité d’un logement est indéniable. Une problématique poussée dans le dos par la crise énergétique et dont les conséquences s’annoncent multiples. Car peu se rendent encore bien compte de l’immensité des enjeux qui nous attendent : le parc immobilier belge est aujourd’hui une vraie passoire énergétique. Près de 95 % du parc résidentiel devra être rénové d’ici 2050 pour satisfaire aux objectifs européens (atteindre le PEB A). Soit 4,5 millions de logements à rénover. Le cout d’une telle mise à niveau s’annonce également gigantesque : BNP Paribas Fortis l’a chiffré à 284,5 milliards (dont 103 milliards pour la Wallonie). La situation est moins pire en Brabant wallon que dans les autres provinces wallonnes. Mais pas de quoi fanfaronner : on y relève que 35 % des logements ont un PEB compris entre A et C, 37,8 % entre D et E, et 26,4 % entre F et G.

L’enjeu est aussi économique : selon une étude de l’UGent, un ménage sur deux ne dispose pas des moyens suffisants pour effectuer ces travaux énergétiques. Soutien des pouvoirs publics et créativité seront donc obligatoires. L’industrialisation de la rénovation – une rue ou un quartier en un coup – devrait notamment permettre de diminuer les couts via des économies d’échelle. Il faudra en tout cas trouver le bon équilibre entre le maniement du bâton pour obliger certains propriétaires à rénover leur bien et la carotte pour ceux qui n’ont pas les moyens d’y parvenir. Enfin, il y a l’enjeu territorial. Cette obligation de rénover son bien pourrait être un important vecteur pour redessiner le territoire. Elle pourrait permettre d’accentuer encore davantage la centralisation de l’habitat et la densification. Autant de défis qui, s’ils peuvent paraitre encore lointains pour certains, s’imposeront à eux indubitablement au fil des prochaines années, d’autant qu’ils toucheront directement leur portefeuille. Xavier Attout

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La durabilité des biens immobiliers est donc désormais au centre des attentions. Et c’est une très bonne chose même si les impacts seront nombreux : à la fois environnementaux, économiques et territoriaux. À court terme, cette situation va créer un marché immobilier à deux vitesses. Les biens qui possèdent une PEB catastrophique (F ou G) vont voir leur valeur chuter car les couts de rénovation seront désormais intégrés dans les calculs financiers des futurs acquéreurs. Les bons élèves verront par contre la valeur de leur bien grimper.


en bref

Waterloo balise son avenir Waterloo a lancé l’élaboration d’un Schéma de développement communal. Une manière pour la commune de prendre davantage la main sur son développement urbanistique et de pouvoir mieux réguler la pression urbanistique qu’elle subit. Après une phase de diagnostic, elle a sollicité l’avis de ses habitants. Le document sera ensuite adapté en fonction de ces différents retours. Pour rappel, le SDC est un document d'aménagement destiné à définir les grandes orientations en matière de structure de territoire.

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Deux corridors cyclables vers Bruxelles

Le gouvernement wallon vient de valider la mise en place des deux corridors cyclables devant faciliter les trajets des Brabançons wallons vers Bruxelles. Le premier ira d’Ottignies à Boitsfort en suivant le tracé de la N275. Le second suivra le tracé le long de N4 et de la E411 en partant de Louvain-laNeuve. Les deux chantiers ­– 14 km au total - devraient être terminés fin 2025. Le budget s’élève à 15 millions, financés par le Plan national pour la reprise et la résilience.

© Ladrière Architecture

Une place de la gare repensée à Chastre Huit immeubles comprenant 103 logements et une crèche de 28 places pourraient être aménagés sur une ancienne friche située sur le site de la gare de Chastre. Une enquête publique est en cours pour ce projet baptisé « Résidence Sucrery ». C’est la société Eckelmans qui est à la manœuvre. La commune financera quant à elle l’aménagement d’une nouvelle place publique.

Futur de L’esplanade : rien n’avance Toujours pas de fumée blanche pour le Schéma d'Orientation Locale (SOL) du quartier de la gare à Louvain-la-Neuve. La Ville tente de le finaliser depuis… cinq ans (!), de manière à déterminer la nouvelle affectation des lieux. Aucun délai précis quant à son aboutissement n’est annoncé. Pour le reste, cela avance quand même un peu en coulisses. On sait que le projet d’extension de L’Esplanade est enterré. Le propriétaire Klépierre cherche d’ailleurs à vendre l’option qu’il possède pour bâtir au-dessus des voies. Une destination mixte (commerce, logement et bureau) est plus que probable. Des promoteurs sont déjà sur la balle. Eaglestone et Eckelmans se sont retirés du dossier, mais d’autres restent encore à l’affut.

À titre personnel, si on devait proposer un outil pour agir sur le territoire, ce ne serait pas le plan de secteur. Ni le schéma de développement communal. Ce serait la fiscalité : c’est ce qu’il y a de plus efficace pour induire des changements de comportements. Jacques Teller, professeur d’urbanisme à l’ULiège


Le nombre de logements refusés par la commune de Waterloo depuis fin 2018. Le résultat d’une nouvelle stratégie locale mise en place vis-à-vis des demandeurs.

Un nouveau directeur chez in BW

Un village d’entreprises à Nivelles La société BVI.EU multiplie les projets de parcs d’entreprises en Brabant wallon. Après Wavre (sud et nord), Tubize et Mont-Saint-Guibert, la voilà qui met à nouveau le cap sur Nivelles. Elle souhaite aménager un village d’entreprises entre le contournement Sud, la rue du Panier Vert, le Ravel et l’autoroute E-19. Les terrains achetés s’étendent sur plus de 7 hectares, à proximité immédiate du shopping de Nivelles. Ils se situent en zone d’activité d’économie mixte. Les TPE (Très petites entreprises) et les PME (Petites et moyennes entreprises) sont visées. L’idée est de construire 33 000 m2 de bâtiments. Un quart du site sera dédié aux espaces verts.

Laurent Dauge deviendra le nouveau directeur de l’Intercommunale du Brabant wallon le 15 juillet. Il succèdera à Baudouin le Hardy de Beaulieu, à la tête de l’institution depuis douze ans. Ce dernier quittera ses fonctions en aout, le temps d’assurer une passation de pouvoir en douceur. Laurent Dauge (53 ans), ingénieur civil des mines de formation, était directeur général de la région sud du groupe Renewi Belgium (fusion des sociétés Shanks et Van Ganswinkel).

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Nivelles-Sud @BVI

Un lotissement de 332 logements prévu à Wavre Un nouveau quartier résidentiel de 332 logements, dont 32 maisons, est à l’étude dans le centre de Wavre. Il pourrait s’implanter sur une ancienne friche industrielle située à l’arrière du Delhaize, sur un site de 6 ha bordé par la Dyle. Le groupe Liégeois est à la manœuvre. Le dossier est au stade de l’avant-projet et de l’étude d’incidences.

Permis obtenu pour la piscine de LLN Le fonctionnaire délégué vient d’octroyer le permis (sous conditions) pour la piscine olympique de LLN (50x25), trois mois après le dépôt de la demande. Un investissement de 14 millions. Début des travaux à l’automne et premier plongeon deux ans plus tard. Retrouvez tout le contenu d'Espace-vie, de nouvelles informations, des vidéos et autres infographies sur notre site internet espacevie.be.

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apprendre

L'union sacrée autour du Brabant wallon de 2030

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Gérer l'arrivée de 30 000 nouveaux habitants ne sera pas une mince affaire.


Texte : Xavier Attout – Photos : Asymétrie et M. Schmetz

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n quatuor de choc. Ils ont lancé les opérations sur la Croisette de Cannes en mars dernier, lors du salon international des professionnels de l’immobilier. Avant d’ensuite détailler leurs ambitions mi-mai lors d’un grand colloque à l’Aula Magna. La Province du Brabant wallon, in BW, Invest.BW et l’UCLouvain ont décidé de se rassembler autour d’une démarche commune baptisée « BW 2030 ». Une première. Avec un objectif plutôt simple : démultiplier les forces pour relever les différents défis auxquels le Brabant wallon sera confronté dans les prochaines années et favoriser l’atterrissage de 35 grands projets. « BW 2030 est une dynamique qui permet un alignement stratégique fort entre les acteurs du territoire autour de projets majeurs qui permettront au Brabant wallon de poursuivre son rôle de moteur de l’économie wallonne, belge et européenne et d’y maintenir une qualité de vie unique », lance Tanguy Stuckens, président du Collège provincial du Brabant wallon. Et Baudouin le Hardÿ de Beaulieu, directeur général d’in BW, d’ajouter : « Pour in BW, la stratégie "BW 2030" permet de renforcer la cohérence entre les différents partenaires du territoire provincial afin de stimuler l’innovation, la création d’emplois et mettre à profit les atouts de chacun visant à accroitre l’attractivité du Brabant wallon. Cette alliance permet aussi d'identifier et de fédérer différents partenaires autour de projets collaboratifs innovants. »

11 000 logements à créer d’ici 2030 Ce n’est pas un secret, ces quatre acteurs se connaissent bien et travaillent déjà régulièrement ensemble. Reste que ces collaborations se faisaient jusqu’à présent de manière ponctuelle et aléatoire. L’idée est de formaliser cette nouvelle dynamique territoriale. Delégende quoi, en théorie, faciliter la vie de tous les acteurs du Brabant wallon. « Le Brabant

D’ici 2030, il faudra gérer l’arrivée de 30 000 nouveaux habitants, la construction de 11 000 logements, le lancement de 8 000 entreprises et l’aménagement de 215 kilomètres de corridors cyclables.

wallon accueille le plus haut taux de personnes diplômées d’Europe et sa croissance économique est l’une des plus fulgurantes du continent européen, rappelle Vincent Blondel, le recteur de l’UCLouvain. Le secret de ce succès ? La présence de l’UCLouvain, l’action de son parc scientifique créateur d’entreprises et l’innovation, issue de la valorisation des recherches de l’UCLouvain. Son implication au sein de BW 2030 se nourrira de sa recherche, de son enseignement et de son activité de services à la société. » Les attentes sont en tout cas grandes. Les quatre acteurs ont compilé leurs chiffres pour fixer leurs ambitions. D’ici 2030, parmi les nombreux défis, il faudra notamment gérer l’arrivée de 30 000 nouveaux habitants, la création de 11 000 logements, le lancement de 8 000 entreprises, l’aménagement de 215 kilomètres de corridors cyclables, la création de 22 500 emplois directs ou encore l’aménagement de près de 215 hectares d’espaces dédiés à de l’activité économique. Des chiffres qui donnent le tournis et qui peuvent laisser l’impression d’être disproportionnés mais qui se basent sur des perspectives fiables. « La mobilité, la fluidité des déplacements ou encore le développement du foncier pour de l’activité économique sont des enjeux auxquels il faut répondre maintenant », lance le quatuor. Un des objectifs majeurs est notamment de pouvoir vivre et travailler à une distance de 20 minutes à vélo maximum des différents écosystèmes qui composeront le Brabant wallon. Plusieurs projets structurants ont donc été identifiés et seront lancés d’ici peu. Que ce soit au centre, à l’est ou à l’ouest de la province. De quoi définir de nouveaux modèles d’urbanisation.

L’est jouera la carte de la proximité C’est le territoire le plus rural du Brabant wallon. Celui où le développement d’une mobilité attractive et d’un environnement entrepreneurial favorable semble le plus compliqué. Et pourtant, c’est sur ce territoire qu’est prévu la plus forte croissance démographique avec près de 7 500 nouveaux habitants attendus. Plus de 3 500 logements sont à créer, de même que des zones dédiées à de l’activité économique. Parmi les projets concrets mis en place, citons le projet du Bosquet à Jodoigne, en plein centre-ville. Il vise à développer du logement, du commerce et de

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Quatre des principaux acteurs du Brabant wallon se sont fédérés autour d’une démarche commune pour mieux relever les défis de demain. Avec une feuille de route comprenant 35 projets, les ambitions sont hautes. Reste à voir si les chiffres évoqués pourront être atteints.


apprendre

l’activité économique sur 11 ha. La rénovation de la gare de Ramillies devrait être quant à elle la tête de pont des New Places of Working, ces espaces consacrés « à de l’activité économique nomade et connectée à proximité immédiate de lieux d’habitat ancrés sur un maillage de mobilité douce, dans un rayon de 20 minutes à vélo. » L’ensemble s’étendra sur 3,6 ha le long des corridors cyclables. Par la suite, le projet pourrait encore s’étendre de 11 ha. Ces NPoW devraient en tout cas essaimer dans tout le Brabant wallon. Enfin, le Parc d’activités d’Hélécine, soit 50 hectares dédiés à de l’activité économique, est en route.

Les grands enjeux du centre du BW

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Le tripôle Wavre, Ottignies et Louvain-la-Neuve est le poumon économique de la province. Rayon urbanisation, c’est la région la plus avancée. Et cela va encore s’accentuer, vu la localisation idéale. Plus de 5 700 habitants supplémentaires sont attendus à l’horizon 2030, soit 2 000 nouveaux logements (Court-Village, Béton Lemaire, Samaya, Athéna). Le site de la clinique Saint-Pierre (6 ha) sera quant à lui transformé en centre de référence de la silver économie (économie des séniors). À Wavre Nord, un nouveau Biopôle de 17 ha va se développer. Celui-ci comportera 45 000 m² dédiés aux entreprises actives dans les sciences vivantes de même qu’un pôle de services. Un peu plus loin, la nouvelle clinique Saint-Pierre est prévue sur les hauteurs de Wavre (75 000 m2). Des liaisons cyclables seront aménagées (Court-SaintÉtienne – Ottignies – Wavre de même que le long de la E411 jusqu’à Louvain-la-Neuve) pour relier les principaux sites. À Louvain-la-Neuve, l’extension du Parc Monnet (17 ha) doit amener 850 emplois alors que la création d’un PoD (Place of Digital) sur 15 000 m2 va entrainer la mise en place d’un quartier du numérique. À Mont-Saint-Guibert, la transformation de la sablière en zone d’activité économique dédiée à l’énergie et à la revalorisation des matériaux (16 ha) est dans les cartons. Juste à côté, la ferme « Sur le Champ » accueillera dès cet automne des projets en agriculture durable sur 21 ha.

L’ouest sur la voie du renouveau À l’ouest, on retrouve trois pôles aux caractéristiques bien différentes : Nivelles/Braine-l'Alleud,

La mobilité, la fluidité des déplacements ou encore le développement du foncier pour de l’activité économique sont des enjeux auxquels il faut répondre maintenant. Waterloo et Tubize. La croissance de la population va être majeure avec l’arrivée de 15 000 habitants, ce qui entrainera l’obligation de créer 5 000 logements en 2030. À elle seule, Tubize concentrera la création de 2 500 logements dans le quartier des Confluents (Forges de Clabecq). S’y ajouteront 12 000 m2 de commerces et 20 ha de zone d’activités économiques. Plusieurs infrastructures seront créées pour améliorer la mobilité, comme un corridor cyclable reliant Braine-l’Alleud à Tubize (N27 et ligne 115), une nouvelle gare RER à Braine-Alliance, le contournement sud de la Butte du Lion à Braine-l’Alleud ou encore une nouvelle liaison express de bus entre Tubize et Braine-l’Alleud.


De nombreux nouveaux quartiers vont encore se créer, comme ici à Genval.

interview

« Augmenter notre force de frappe » Sophie Keymolen, députée provinciale en charge de l’Aménagement du territoire Propos recueillis par X. A.

En quoi cette alliance permettra d’être plus fort et d’aller plus vite dans la concrétisation des projets sélectionnés ?

Pour aller plus loin in BW est l’Intercommunale du Brabant wallon et œuvre dans les domaines du développement économique, de la gestion des déchets et des eaux, et du crématorium du Champ de Court. L’UCLouvain est la plus grande université belge francophone. Invest.BW est l'Invest régional du Brabant wallon.

Retrouvez le détail des 35 projets sur le site bw2030.be

Voici une petite sélection des projets mis en avant par l’alliance BW 2030 : - Création d’un quartier du Numérique - Un Centre de Technologies Avancées (CTA) en matière numérique - Des projets pilotes en livraisons autonomes - Le renforcement du Smart Building - La création d’une Communauté d’énergie renouvelable (CER) dans les parcs d’activité économiques - La mise en place d’un Parc d’activité thématique « New way of caring » - La création d’un Centre de référence en Silver Economy - La mise en place d’un Repair Center BW - La création d’une Plateforme de l’Économie circulaire en Brabant wallon - Lancement d’une plateforme logistique de commercialisation et de distribution de la production alimentaire locale - Cartographie des financements citoyens des projets « Agriculture Durable » - Renforcement du réseau Green Deal Cuisines de collectivités - Zone d’activité économique Agriculture Durable à Mont-Saint-Guibert « Sur le Champ » - Création de 215 km de corridors cyclables - Croix de Hesbaye, création de nouveaux lieux de résidences économiques dans l’est - Mise en place d’une Place of Digital, quartier du numérique

Cette union permet surtout de dialoguer davantage et plus aisément. Allier les ressources de chacun permet d’aller bien plus loin et de dégager des idées nouvelles. Chacun dispose d’un important vivier de connaissances qu’il est important de valoriser. Et puis, le second élément concerne la visibilité du Brabant wallon : elle peut encore être davantage exploitée. À ce titre, travailler sur le marketing territorial est important. Il faut reconnaitre que nous sommes encore peu soutenus par certains niveaux de pouvoir contrairement à d’autres provinces. Cette alliance inédite permet donc d’augmenter notre force de frappe.

Les défis territoriaux s’annoncent importants. Le Brabant wallon a-t-il encore les capacités d’accueillir 11 000 logements et 30 000 habitants supplémentaires ?

Mais nous n’avons pas le choix. Ces chiffres ne tombent pas de nulle part : ils font partie des scénarios étudiés par le Contrat de développement territorial. Il est donc important d’anticiper ces évolutions pour pouvoir se préparer au mieux. Car cette augmentation de logements entrainera des obligations en termes d’équipements. Ces informations permettront également de mieux cibler le type de logements à développer.

Avec de nouveaux modèles d’urbanisation également…

En effet, les New Places of Working deviendront un modèle transposable partout en Brabant wallon. Ils débutent dans l’est car c’est dans cette région que les perspectives de développement sont les plus importantes.

Qui va financer tous ces projets ?

Certains seront développés sur fonds propres par l’un des quatre acteurs, d’autres le seront pas d’autres structures publiques ou par le privé. Nous jouerons en tout cas le rôle de facilitateur.

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35 PROJETS ONT ÉTÉ CIBLÉS


découvrir

Une réhabilitation qui ne casse pas de briques À Nivelles, le site industriel des Ateliers Chantrenne est en voie de démolition pour être transformé en un intérieur d’ilot comprenant 66 logements neufs. La particularité du projet tient en sa circularité et au réemploi de matériaux, procédé encore inédit en Brabant wallon. Toutes les briques des anciens halls seront par exemple préservées pour être réutilisées comme parement des nouveaux immeubles. Texte : Xavier Attout - Photos : A2M, DDS+ et X.A.

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u bout d’une petite allée partant de la rue Delfosse, on aperçoit au loin les pelleteuses. Les tas de gravats également. À gauche, des hangars industriels qui vacillent, défigurés à moitié. Ils vivent leurs dernières heures. À droite, entre les ouvriers, des amas de briques plus ou moins triés. L’ancien site industriel des Ateliers Chantrenne, situé à quelques dizaines de mètres du centre de Nivelles, est en voie de disparition. Il est bien loin le temps où la manufacture « Edmond Chantrenne », construite à la fin du XIXe siècle, y fabriquait des machines destinées aux papeteries. Un projet immobilier est désormais en cours pour transformer ce site de 71 ares en un ensemble de 61 appartements, 5 maisons et 3 espaces pour professions libérales. Sa situation en cœur d’ilot, à l’intersection des rue Roblet et Delfosse, devrait lui conférer un caractère particulier où la mobilité douce règne en maitre. Un symbole de plus, en tout cas, de la politique locale qui vise à combler les « dents creuses », ces anciens sites industriels qui figurent en haut de la pile des priorités urbanistiques. Si le descriptif laisse entrevoir l’érection d’un énième projet immobilier en Brabant wallon, celui-ci mérite toutefois une attention particulière. Il s’agit du premier (avec un projet en cours à

Louvain-la-Neuve, lire en page 12) projet qui met en application les principes de construction circulaire. De nombreux matériaux seront récupérés pour être intégrés dans le nouveau projet. « Il m’était inconcevable de ne pas travailler de cette manière, explique Benjamin Piret-Gérard, fondateur et CEO du promoteur immobilier Redev. Il est plus que temps de mieux réfléchir en amont au réemploi des matériaux. Quand j’ai découvert ce site en 2019, je l’ai directement trouvé magnifique. Les halls industriels avaient un vrai cachet et une âme particulière. Il me paraissait évident de vouloir les garder. Reste que si tous les murs n’ont pu être maintenus pour des questions énergétiques, les murs mitoyens ont été préservés et rabaissés. Je souhaitais également garder la belle tour centrale pour en faire une sorte de totem. Mais la commune a souhaité que la nouvelle voirie passe à cet endroit. Il faudra donc la démolir. »

1 200 trajets de camions économisés L’une des principales spécificités du projet réside dans la récupération des briques anciennes pour les utiliser à nouveau comme parement de façades pour l’ensemble des nouveaux immeubles. Et ce, afin de conserver le caractère et l’identité du lieu. Les ouvriers s’affairent donc en ce moment à les trier dès que les pelleteuses font tomber les murs.


600 palettes de briques seront récupérées pour le nouveau projet.

Elles seront ensuite nettoyées et stockées sur le site. « Un travail considérable mais essentiel. Cela donnera un cachet unique aux immeubles. 70 % des briques seront récupérées, cela équivaut à 600 palettes. Seul le bâtiment central sera recouvert d’un enduit. Travailler en récupérant les briques ne coute pas plus cher que recouvrir l’ensemble des façades d’un crépi. Cela s’équilibre car si des économies sont réalisées sur les matériaux, le prix de la pose est plus élevé. Mais surtout, en travaillant comme cela, on évite le ballet incessant de camions. Près de 1 000 à 1 200 trajets seront ainsi économisés ! Tout ce qui peut être broyé – comme le béton – sera concassé et réutilisé. » Des matériaux qui seront stockés sur site pendant le chantier de démolition et de dépollution, ce qui ressemblera à un bon jeu de Tetris pour les ouvriers… « Des poutres en chêne seront installées dans la salle des fêtes communautaire. L’ancienne cuisine sera également réinstallée

Près de 70 moules de forge ont également été sauvés. Ils seront transformés en lampe et chaque résident en recevra une. L’objectif est vraiment d’essayer de transmettre l’âme de l’ancien dans le neuf. Benjamin Piret-Gérard, fondateur de Redev

comme cuisine commune. Elle est magnifique. J’ai aussi gardé un millier de plans techniques qui ont été dessinés de 1898 à 1908. Il y en avait plein, je ne garde que 5 % de ce que nous avons trouvés. Ils serviront de décoration pour les espaces communs. Près de 70 moules de forge ont également été sauvés. Ils seront transformés en lampe et chaque résident en recevra une. L’objectif est vraiment d’essayer de transmettre l’âme de l’ancien dans le neuf. »


découvrir

Les Ateliers Chantrenne seront construits en intéreur d'ilot, dans le centre de Nivelles.

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Bricolage, cinéma, cuisine : le partage au centre Ce promoteur atypique a décidé de ne pas mettre uniquement le curseur sur le volet financier, même s’il cherche bien évidemment à obtenir une rentabilité. Outre le volet recyclabilité et durabilité, son projet se veut également communautaire. Une réflexion a été entamée pour favoriser au maximum les échanges. Si on retrouve des

potagers partagés ou une salle communautaire, comme cela se fait de plus en plus, il a toutefois souhaité accentuer les contacts potentiels. Dans la salle communautaire, on retrouvera cuisine, espace projection cinéma, canapé et tables pour coworking. Un espace bricolage partagé (avec tondeuse, foreuse, visseuse, diverses quincailleries, ampoules, peinture,…) sera à libre disposition des résidents, de même que deux voitures. « Le partage sera le maitre mot. J’ai également souhaité qu’il n’y ait que trois accès aux 74 places de parking souterrain pour que les gens se croisent davantage. Même chose pour les 220 places de parking à vélo. Un nombre important mais qui anticipe le changement modal que l’on peut espérer à Nivelles, d’autant plus que nous sommes à côté du centre-ville. D’une manière générale, nous entendons redonner une nouvelle âme au site en l’aménageant d’une manière remarquable en termes de qualité de vie et qui sera aussi avant-gardiste pour Nivelles. » Les démolitions sont en cours. Le chantier de construction devrait débuter en 2023 pour se terminer à l’automne 2025. À moins que les importantes hausses de prix compliquent quelque peu la donne et n'obligent Benjamin Piret-Gérard à revoir sa copie pour ne pas devoir proposer des logements impayables.

MUNDO-LAB SE VEUT EXEMPLAIRE À LOUVAIN-LA-NEUVE Un chantier particulier est en cours à Louvain-la-Neuve. À l’entrée de la ville, le long du boulevard qui permet de rejoindre le centre commercial, Mundo-lab est en train de construire son sixième centre de bureaux (2 300 m2). Ils sont destinés, comme à chaque fois, à des associations, ONG et entreprises d’économie sociale. La philosophie mise en place ne varie pas non plus et vise à réduire les impacts environnementaux tout en favorisant le réemploi de matériaux. Dans ce cas-ci, il s’agit de la transformation de la Ferme de l’Épine, à l’abandon depuis quelques années. Parmi les matériaux réutilisés, on relèvera 75 tonnes de poutrelles d’acier dénichées aux Pays-Bas pour former la structure porteuse. De quoi diviser par vingt l’impact environnemental par rapport à une ossature en acier neuf. La

circularité sera marquée par le recours à d’autres matériaux réutilisés tels que des portes, des luminaires, des cloisons vitrées de même que le mobilier. La livraison est prévue mi-2023. Douze

associations ont déjà manifesté leur intérêt pour s’installer dans ces nouveaux bureaux. Le projet a remporté le prix « Chantiers & Services circulaires » de la Région wallonne.

Photo


respirer

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© X. A.

© Mathen

Tisser du lien Intégrer une trentaine de nouveaux logements au sein d’un quartier existant requiert une attention particulière pour les inscrire dans la vie locale. C’est ce qu'a toutefois tenté de réaliser le bureau d’architecture

Mathen, à Ottignies, le long de la rue du Bauloy. « Cet immeuble double qui présente une composition unifiée permet d’imprimer un rapport de proximité, une échelle humaine, lance l’architecte Jean-Christophe Mathen. Que ce soit par la disposition des jardins situés au rez-de-chaussée ou par le jeu

de retraits séquencés pour répondre à la courbure de la voirie, il centralise. » L’objectif ayant été de compléter le développement d’un quartier qui connaissait auparavant une cassure, plutôt que de le diviser à nouveau. On retrouve dans ce bâtiment de l’habitat unifamilial et un immeuble collectif.


rencontrer

Cédric Harmant ou l’ascension d’un fidèle bras droit Le Walhinois est le nouveau Fonctionnaire délégué du Brabant wallon. Il succède à Nathalie Smoes. L’homme connait la maison. Il œuvre dans l’ombre depuis plus de 15 ans. Sa mise en lumière ne devrait toutefois pas faire évoluer sa vision du Brabant wallon. Texte et photo : Xavier Attout

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e calme après la tempête. Après douze mois pour le moins mouvementés, les services du fonctionnaire délégué du Brabant wallon ont un nouvel homme fort. Cédric Harmant prend le relais de Nathalie Smoes, absente depuis le 3 juin 2021 pour cause de maladie et visée dans le même temps par une procédure disciplinaire. Si le poste est occupé ad interim, Willy Borsus a bien confirmé officiellement le Walhinois dans ses fonctions. De quoi donner une certaine légitimité autour de sa personne et lui permettre de tenter de restaurer plus aisément un climat de confiance. « La fonction n’a jamais été vacante car le CoDT prévoit la continuité, lance-t-il. Cette dernière année ne fut pas facile pour l’ensemble du service, partagé entre les incertitudes liées à l’absence de la Fonctionnaire déléguée en titre, et l’image parfois injustement négative relayée dans les médias. Je tiens donc à remercier chaleureusement mes collègues pour avoir continué à remplir nos missions. »

BERTHET, RADELET, SMOES, … À 44 ans, Cédric Harmant accède à une fonction qui n’a jamais été un objectif de carrière. « Je n’y pensais pas en effet chaque matin en me rasant », sourit-il. Architecte de formation (La Cambre), il fait un bref passage dans un petit bureau d’architectes avant de prendre la route de Wavre et de la fonction publique. Il y fait son entrée en 2006. Thierry Berthet est alors aux commandes. Il ne le croisera que quelques mois. Christian Radelet prendra ensuite le relais. Les deux hommes se côtoieront pendant 13 ans avec, pour Cédric Harmant, un rôle de fidèle bras droit. « Il nous a laissé beaucoup d'autonomie dans notre travail, ce qui était une belle marque de confiance, et nous a permis de gagner en compétence. » La collaboration avec Nathalie Smoes fut par contre bien plus éphémère. La suite est à tracer. « Lorsque la nomination pour ce poste s’ouvrira, je postulerai bien évidemment. Mais je vois surtout ma fonction actuelle comme la poursuite du travail entamé depuis longtemps. Je ne vais pas radicalement changer suite à cette promotion. J’ai surtout eu un coup de foudre pour l’aménagement du territoire et l’urbanisme avant d’avoir l’idée d’y faire une grande carrière. »

CENTRALITÉ ET CHANGEMENT CLIMATIQUE La fonction de fonctionnaire délégué a perdu de sa splendeur depuis les années 90 où elle était toute puissante. Une évolution qui s’est encore accentuée avec le CoDT. « Cette nouvelle orientation ne me dérange pas. Nous avons désormais davantage un rôle de conseil par rapport aux communes (NDLR : 11 communes peuvent ou vont bientôt pouvoir prendre des décisions en toute autonomie via la décentralisation). Cela nous permet de remettre des avis plus tranchés. » L’urbanisation du Brabant wallon est un fait indéniable. Et elle est loin d’être terminée. « La pression foncière reste importante, y compris sur les zones non urbanisables. L’enjeu, davantage encore avec la perspective du Stop au béton, est de renforcer les projets dans les centres. La densification est encore trop souvent vue négativement. Alors qu’elle peut vraiment être porteuse d’une meilleure qualité de vie. La mobilité doit également nettement évoluer. On ne peut pas se passer de voiture dans certaines parties du Brabant wallon, mais on peut par contre faire évoluer la mobilité et diminuer la dépendance à la voiture. L’amélioration de la qualité des espaces publics et l’attention portée aux effets du changement climatique sur le territoire (dont les inondations et ilots de chaleur) sont deux autres points sur lesquels je serai particulièrement attentif. »


UNE FONCTION PEU VALORISÉE Cédric Harmant n’est pas un novice. Il est bien connu en Brabant wallon. Et possède donc bien évidemment son lot de détracteurs. « Il faut faire avec. Quand nous refusons un permis, le demandeur n’est pas content. Quand nous l’octroyons, c’est son voisin qui nous en veut. Notre mission est donc souvent celle d’un équilibriste. Ce que je souhaite avant tout, c’est être transparent dans mes avis et que mes décisions soient bien comprises, ce qui est essentiel si on veut les faire accepter. L’urbanisme est une matière compliquée, avec des enjeux financiers et une charge émotionnelle, tant pour les demandeurs que les riverains. » Une fonction qui attire peu néanmoins, si on observe les difficultés de recrutement dans toute la Wallonie. À Wavre, il manque encore sept employés pour remplir le cadre. « Des engagements sont prévus à court terme, dont un spécialiste en aménagement du territoire. Lorsqu’ils se concrétiseront, nous pourrions il est vrai exercer encore mieux nos missions. »

UN CYCLISTE À LA FIBRE SOCIALE Marié, père de trois enfants, Cédric Harmant vit dans un habitat groupé à Walhain, à deux pas de la nationale 4. Une voirie qu’il emprunte chaque matin à vélo pour rejoindre son lieu de travail dans le centre de Wavre. « J’y vais pratiquement tous les jours à vélo électrique. Notre déménagement en septembre au zoning nord m’obligera à faire quelques kilomètres supplémentaires… » Si ce cinéphile se détend aujourd’hui aussi en lisant des BD et des romans graphiques, il a longtemps donné de son temps dans l’aide à la personne. Dont notamment celles qui étaient porteuses d’un handicap. « J’ai moins de temps aujourd’hui pour me consacrer à ces activités mais, pendant de longues années, j’ai aidé des associations à améliorer le quotidien de ces personnes. J’ai toujours eu une fibre sociale. C’est notamment cela qui m’a motivé à entrer dans la fonction publique, pour œuvrer dans l’intérêt général. »

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découvrir

« L’idée est de ne pas permettre de faire n’importe quoi » 16 Après Mélin, Saint-Remy-Geest est le second village du Brabant wallon à être labellisé « Plus beau village de Wallonie ». De quoi permettre une préservation urbanistique, paysagère et architecturale de l’entité. Un label qui entraine également quelques contraintes sur le plan règlementaire pour les futurs demandeurs. Texte : Xavier Attout – Photos : Rita Photographie

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écouvert sous le soleil, il ressemble à un paisible petit village du sud de la France. Deux rues principales, une église, un espace pavé qui fait office de place de village, une petite école, aucun commerce et, surtout, des dizaines de maisons assemblées à la pierre de Gobertange. Se plonger dans les rues de Saint-Remy-Geest, un petit village situé à deux pas de Jodoigne, c’est partir à la découverte d’un monde où le temps semble s’être figé. Des caractéristiques particulières qui en font depuis le mois de mai l’un des trente-et-un « Plus beaux villages de Wallonie ». Le second du Brabant wallon, après Mélin, le village voisin construit dans le même moule. Le « pays blanc » se voit ainsi récompensé de la beauté de son bâti. « C’est

une belle satisfaction, explique Frédéric Jacoby, président de Vivre à Saint-Remy, l’association qui a déposé le dossier de candidature, en concertation avec les autorités communales. L’objectif de cette candidature était en quelque sorte de se protéger contre une évolution du village qui pourrait nuire à son avenir. Nous sommes maintenant soulagés que la préservation urbanistique, paysagère et architecturale soit officiellement reconnue. » Installé sur le flanc de la colline, Saint-RemyGeest compte précisément 222 bâtisses et 524 habitants. « Le recensement a été réalisé l’an dernier lors de la rédaction du dossier de candidature que nous avons rentré. Il est donc à jour. » Dans le village, on remarque assez rapidement que la majorité des maisons ont été construites avant 1750.


LA WALLONIE SUR SON 31

La couleur beige, caractéristique singulière des pierres de Gobertange, tapisse le moindre recoin de l’entité. Et si les pierres ont parfois été recouvertes d’un enduit, toutes les maisons ont aujourd’hui réparé les erreurs du passé.

L’objectif était de se protéger contre une évolution du village qui pourrait nuire à son avenir. Nous sommes maintenant soulagés que la préservation urbanistique, paysagère et architecturale soit officiellement reconnue. Frédéric Jacoby, président de Vivre à Saint-Remy

Une culture urbanistique bien définie Quand on se balade dans le village, il ne faut pas marcher bien longtemps pour découvrir l’édifice le plus emblématique, à savoir l’église Saint-Remy, qui domine le village. Elle a été entièrement bâtie au XVIIIe siècle, empilant les pierres de Gobertange. Autre élément singulier : le moulin de Genville, l’unique bâtiment classé. « On perçoit clairement la grande linéarité du bâti de ce village, explique Frédéric Jacoby, qui a construit sa maison il y a 15 ans sans être au courant de la culture urbanistique des lieux, ce qu’il souhaite désormais

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La Cense Bivort et son jardin. Cette ferme en U du XVIIIe siècle est posée en contrebas de l’église.

Le club ne cesse de s’agrandir. On recense désormais trente-et-un villages labellisés « Plus Beaux Villages de Wallonie ». « Ils sont le reflet des richesses patrimoniales, paysagères et touristiques de notre Wallonie rurale, lance Mark Rossignol, coordinateur de l’asbl « Les Plus Beaux Villages de Wallonie ». Chacun possède sa propre identité, son histoire, son ambiance, sa chaleur, son charme qui le rend unique pour celui qui y habite autant que pour celui qui le visite. » Un ou deux villages s'ajoutent chaque année à la liste. Alors qu’un « bilan de santé » effectué tous les six ans pour analyser l’évolution architecturale, paysagère et urbanistique permet de prolonger ou de retirer la labellisation. « Nous avons déjà écumé la Wallonie de long en large, poursuit Mark Rossignol. Et je pense qu’il est envisageable de se dire qu’un maximum de 35 villages pourront être labellisés. Il n’y en aura donc plus beaucoup. » Les candidatures sont déposées par des associations ou des communes. Elles doivent respecter les critères d’éligibilité de la Charte Qualité du Réseau. L’objectif est le plus souvent le même, à savoir le maintien du cadre de vie et du cadre bâti. « Il y a aussi la volonté de recréer une dynamique autour d’un projet mobilisateur. La qualité du patrimoine est obligatoire tout comme la dynamique touristique potentielle. » La candidature de Saint-Remy-Geest a clairement séduit le jury. « Que ce soit le moulin de Genville, la vallée de Gobertange, la variété des espaces et du bâti, la variété d’implantations (ferme en U), les ruelles pavées, la qualité des matériaux ou encore la dynamique associative, tous ces éléments ont été particulièrement remarqués. »


découvrir

Au loin, l'église locale.

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inculquer aux nouveaux habitants. Il faut la préserver car c’est très rare. Toutes les maisons doivent suivre un cadre bien précis. » Comme cette maison en cours de construction découverte lors de notre balade dans le village. On y aperçoit clairement que les pierres de façade en cours de maçonnerie sont de Gobertange. Ou encore cette extension qui s’est inscrite dans la lignée du parement local. « Il serait en effet très inopportun qu’un nouvel habitant arrive et construise une bâtisse qui irait à contre-courant du bâti actuel. Ce ne serait pas la meilleure manière de se faire bien voir et de recevoir un bon accueil (sourire). »

QUELS RÈGLEMENTS SPÉCIFIQUES S’APPLIQUENT ? Être labellisé « Plus beau village de Wallonie » ne fait pas passer tout demandeur d’un permis d’urbanisme dans une nouvelle dimension. Il reste soumis aux mêmes règles que tout autre demandeur de la commune. Seule différence : toutes les demandes de permis sont envoyées pour demande d’avis à une commission des Plus beaux villages de Wallonie. « De quoi lui permettre d’être au courant de tous les projets et de pouvoir faire des remarques », précise Stéphanie Louis, conseillère en aménagement du territoire à la Ville de Jodoigne. À Saint-Remy-Geest, le Guide régional d’urbanisme s’applique, tout comme le Règlement général sur les bâtisses en site rural (RGBSR). La Ville de Jodoigne est en train de réviser un Guide communal d’urbanisme qui pourrait à l’avenir donner un nouveau cadre urbanistique au village. « Le Collège communal est très attentif au maintien des caractéristiques paysagères, urbanistiques et architecturales du village, précise Stéphanie Louis. Ce qui explique la grande homogénéité du bâti. Nous avons travaillé de la même manière à Mélin.»

Car ceux qui construisent leur maison doivent respecter quelques règles, le Guide communal d’urbanisme jodoignois étant le plus élevé. Il n’y a pas de règlement spécifique pour Saint-RemyGeest. « Cette labellisation nous a toutefois permis de créer un groupement local qui étudiera les demandes de permis d’urbanisme qui concernent Saint-Remy-Geest. Elles sont également envoyées à l’asbl des Plus Beaux Villages de Wallonie. Le but n’est pas de faire office de second service d’urbanisme, à côté de celui de Jodoigne, ni de se substituer à ses prérogatives mais bien de permettre aux habitants de préciser leurs sensibilités sur un projet et d’être au courant. » Village voisin de Mélin, Saint-Remy Geest entend profiter de son expérience pour favoriser les événements communs, de manière à renforcer la mise en lumière des deux villages. « Ils sont tous les deux très proches. Même si, par rapport à Mélin, notre village a une structure plus concentrée du bâti. » Les bâtisses sont en effet principalement disposées le long de deux rues parallèles, coupées par une troisième voie transversale qui ouvre la vue vers un magnifique fond de vallée. Parmi les découvertes à effectuer, on peut signaler un « Porche-colombier » qui marque l’entrée d’une ferme du XVIIIe siècle dans la rue de la Vanne, une ancienne grange en colombage, d’anciennes fermes en L ou tri cellulaire, ou encore « La Cense Bivort » et son jardin. Il s’agit d’une ferme en U du XVIIIe siècle qui est posée en contrebas de l’église.

L’ouverture au contemporain Des maisons contemporaines sont parvenues à se glisser, avec succès, dans le bâti ancien. Comme cette maison en brique rouge dont les appuis de fenêtre en pierre font office de rappel ou encore cette maison en bois dont les murs d’enceinte sont construits en pierre de Gobertange, de quoi leur permettre de s’insérer parfaitement dans le village. « Cela démontre que nous avons également une certaine ouverture, poursuit Frédéric Jacoby. Ces petits rappels sont autant de témoignages qui permettent de maintenir l’histoire du village. » Une Maison de Village destinée à accueillir les visiteurs sera bientôt créée. Un point relais qui leur permettra d’être davantage sensibilisés à l’architecture des lieux. Et de voir la légende perdurer.


cultures

d'un territoire

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© Joëlle Rigaux

Prendre soin des vieilles pierres Chaque année, la Commune de Genappe réalise un chantier de rénovation de son patrimoine et lance un appel d’offres à une douzaine d’artisans susceptibles de réaliser les travaux. Arnaud Fontaine, tailleur de pierre ayant relancé l’entreprise familiale de Jodoigne, y répond chaque fois. Cette année, c’est la petite

chapelle Saint-Roch à Ways qui a fait l’objet de ses soins. « Pour la Commune de Genappe, j’ai déjà rénové deux potales, un monument funéraire adossé contre l’église de Bousval et le Calvaire du Vieux Genappe. La restauration représente 100% de mes activités. Nous sommes une petite dizaine de tailleurs de pierre en Belgique. J’ai d’abord suivi une formation

d’ébéniste, puis j’ai fait le tour de la France pour apprendre les métiers de la pierre avec les Compagnons du devoir. » Laurent Lachèze, président de l'Union des Artisans du Patrimoine, constate que « depuis une dizaine d’années, il y a de moins en moins de jeunes intéressés par nos métiers, et le manque de main d'œuvre se fait sentir de plus en plus ». C. Du.


apprendre

Gares : adieu guichets, bonjour projets Elles sont nombreuses les gares qui jalonnent des voies ferrées, désaffectées ou non, visibles ou disparues. En Brabant wallon, quelques-unes ont trouvé une seconde vie dans des projets divers, dont culture et liens sociaux forment la trame. Texte : Caroline Dunski - Photos : Jean Moulin, Farène

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Est en Ouest et du Nord au Sud, le territoire brabançon est parcouru de nombreuses voies ferroviaires dont certaines sont désormais désaffectées. Le tram, lui aussi, circulait en Brabant wallon et d’anciennes lignes vicinales se rappellent également aux souvenirs de mordus de patrimoine dans des traces plus ou moins discrètes. Désaffectées ou non, visibles ou disparues, ces voies ferrées sont encore jalonnées de petits bâtiments qui fournissent un abri tant aux usagers de la SNCB qu’aux amateurs de mobilité douce ou aux habitants du quartier. À la fin des années 90, la SNCB et la Région wallonne signaient un accord-cadre réservant les anciennes lignes aux voies vertes. L’asbl Chemins du Rail à l’origine de cet accord souhaite que les bâtiments puissent, selon la même philosophie, être réservés à un usage public, afin de rester des lieux de rencontre et de convivialité. Dans un article consacré aux gares en péril, Gilbert Perrin, spécialiste du patrimoine au sein de l’association, rappelle que « en termes ferroviaires, la gare c’est l’ensemble des installations comprenant les bâtiments et les voies où se font l’embarquement et le débarquement tant des voyageurs que des marchandises ». Le bâtiment que l’on affuble généralement du nom de « gare » est en fait le « bâtiment des voyageurs » (BV). En 2013, avec Anne Daubechies

Le projet est de transformer et agrandir l’ancienne gare pour y faire un centre des arts, sorte de coworking d’artistes, où des ateliers pourront être loués pour y créer ensemble ou y donner des cours. Julie Peeters-Cardon, échevine à Lasne

du Service public de Wallonie, il cosignait Le dictionnaire du patrimoine ferroviaire publié par ce qui s’appelait encore l’Institut du Patrimoine wallon. L’ouvrage porte sur les traces tangibles de l’histoire ferroviaire de Belgique : ponts, tunnels, remblais, signaux lumineux, patrimoine bâti… C’est ce dernier qui nous intéresse ici. En Brabant wallon, que les voies qui les desservent soient encore en fonction ou non, les bâtiments des voyageurs sont relativement nombreux, mais les guichets ont généralement définitivement baissé les volets. Sept de ces BV et un hangar aux marchandises situé à Perwez sont aujourd’hui réhabilités en tiers-lieux. Espace-vie a rencontré quelques citoyens et citoyennes qui ont imaginé une nouvelle destinée pour ces lieux.

Suranné, le vicinal ? En plus des traces bien visibles du réseau ferroviaire, les Brabançons peuvent encore découvrir ici et là les vestiges du réseau des Chemins de fer vicinaux autrefois regroupés au sein de la Société nationale des Chemins de fer vicinaux (SNCV), ancêtre des TEC, notamment. Jusqu’en 1964, la ligne vicinale 917, surnommée le WaWa, transportait les voyageurs brabançons entre Wavre et Waterloo, en passant sur le territoire de Brainel’Alleud, Lasne et Rixensart. Le tram assurait aussi le transport économique des produits agricoles et des marchandises locales telles que les betteraves sucrières cultivées principalement dans les champs de Plancenoit et de Maransart, et transportées vers la sucrerie Naveau à Bierges, ainsi que du sable provenant de la sablonnière Wery à Maransart. Créées en 1904 et victimes de faillite en 1930, les soieries de Maransart ont employé jusqu’à 800 personnes qu’il fallait bien aussi véhiculer jusqu’à l’usine. Le tram a donc été installé dans les zones mal desservies par le train, là où le secteur privé avait jugé le trajet peu ou pas rentable.


L’ancienne gare de Maransart bientôt centre des arts ?

MOBILITÉ DOUCE ET MAILLAGE TOURISTIQUE

Pendant 66 ans, les Lasnois ont pu voir le tram traverser la campagne. Certains habitants se souviennent l’avoir emprunté pour aller à l’école, au marché de Wavre ou à Bruxelles. Aujourd’hui sur cette ligne subsistent les gares de Lasne et d’Aywiers-Maransart qu’une poignée de passionnés s’évertuent à faire vivre sur une page Facebook dédiée au vicinal et en organisant des expositions photographiques. En avril dernier, la commune votait l’affectation de 805 000 euros de son budget extraordinaire à la rénovation de la gare de Maransart qu’elle a rachetée par bail emphytéotique. « Le projet est de transformer et agrandir l’ancienne gare pour y faire un centre des arts, sorte de coworking d’artistes, où des ateliers pourront être loués pour y créer ensemble ou y donner des cours, se réjouit Julie Peeters-Cardon, échevine de la Culture. Un nouvel espace sous forme d’orangeraie servira aussi de lieu de détente et de rencontre ouvert sur le parc voisin. Le projet bénéficiera d’un subside conséquent de 400 000 euros de la Province. »

Roland Zanasi, ancien président de la CCATM de Lasne, s’est longtemps battu pour sauvegarder le patrimoine du vicinal et rêve de voir une mobilité alternative se développer sur l’assiette de l’ancienne ligne vicinale 917. Il insiste sur le fait que la démarche est strictement apolitique et souligne la pertinence historique et touristique d’un tel projet. « Historiquement, une partie du parcours du WaWa longe la nationale 5 qui relie Waterloo à Charleroi. Cela aurait tout son sens de reconstituer cet ancien circuit, de conserver l’attrait touristique du vicinal et de créer une boucle historique entre Waterloo et Rixensart. D’autant plus que la Province développe un projet de location de vélos. » En réalité, c’est l’intercommunale in BW qui, avec son projet « Smart Mobility BW », voulait assurer la mise à disposition de 1760 vélos à assistance électrique (VAE) au grand public des 27 communes du Brabant wallon. Le projet est toutefois en suspens parce qu’il y a eu un recours sur le marché public. En 2018, Raymond Betz, Denis Boswell et Roland Zanasi du Cercle de Généalogie et d’Histoire de Lasne (CGHL) créaient la page Facebook Le Vicinal à Lasne et, en 2019, ils entrainaient les visiteurs des Journées du Patrimoine dans une Balade-découverte sur les traces de l’ancien vicinal.


apprendre SUR LE TERRAIN

Micro-boulangerie, méga-lien

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epuis l’automne 2021, la gare de Chastre abrite Farène, la micro-boulangerie de Géraldine Derave, Cécile Lecharlier et Laurence Fonsny. Les parcours professionnels extrêmement différents de ces trois femmes se sont croisés par hasard. Géraldine est spécialiste de l’analyse des scènes de crime dans la Police fédérale. « C’est un boulot passionnant, mais dévorant, et j’avais besoin de faire quelque chose de mes dix doigts, de développer ma créativité. J’ai alors suivi une formation en boulangerie. À l’occasion d’un stage effectué à Wavre, j’ai appris énormément de choses, mais j’ai aussi découvert un milieu assez tristounet où beaucoup de gens avaient perdu la passion. » C’est lors de cette formation que Géraldine et Cécile, ancienne échevine à Ottignies et bibliothécaire retraitée, font connaissance. Toutes deux savent qu’elles veulent continuer leurs parcours dans la boulangerie, mais autrement. « Il y a quantité de petites entreprises qui fonctionnent sur base d’un équilibre vie professionnelle/vie privée et sur une économie tournée vers les gens, tant en ce qui concerne la clientèle que les travailleurs et travailleuses, explique Géraldine. Nous sommes aussi toutes les deux très attachées à la qualité des produits, au geste, à l’expérience et à l’artisanat. Toutes les petites choses que nous avons apprises en cours de formation ont nourri notre réflexion. Et puis, en cherchant un lieu où faire vivre notre projet, nous avons rencontré Laurence qui nous a rejointes. Artiste, elle était déjà boulangère depuis longtemps dans le milieu associatif du handicap. Elle est aussi une des trois fondatrices du projet Quatre Quarts à Court-Saint-Étienne. » Ensemble, elles cherchent un lieu de vie, de passage ou de rendez-vous, proche des transports en commun, avec une mixité des populations, et répondent à un appel à projets de la SNCB. Leur boulangerie, baptisée « Farène », ce qui signifie « farine » en wallon, ouvre ses portes en novembre 2021 dans la gare de Chastre, sur

La micro-boulangerie et la SNCB sont des mondes complètement opposés. On les bouscule assez souvent, parce que la SNCB fonctionne sur un modèle très formel, mais on a rencontré des gens intéressés et passionnés. Géraldine Derave, une des trois fondatrices

base d’une convention d’occupation signée pour neuf ans avec l’entreprise publique. L’espace est à la fois atelier et magasin. « La micro-boulangerie et la SNCB sont des mondes complètement opposés. On les bouscule assez souvent, parce que la SNCB fonctionne sur un modèle très formel, mais on a rencontré des gens intéressés et passionnés. Tout le mobilier est monté sur roulotte pour transformer le lieu aisément en mode atelier ou boutique. Cela engendre la discussion avec les clients. On peut leur montrer ce que l’on fait. Bientôt, on produira et on vendra en même temps. Nous avons de très bon retours sur la qualité de nos pains et petites gourmandises fabriqués exclusivement avec des produits locaux. Les personnes plus âgées retrouvent le gout de leur enfance. Et des personnes qui avaient un à priori défavorable sur le levain apprécient nos pains faits avec trois levains et farines différents. » Petit à petit, la clientèle de Farène se constitue. Le bouche-à-oreille et la curiosité ont fait leur œuvre. Géraldine, Cécile et Laurence essayent de s’insérer de plus en plus dans la vie du village et de prendre part à d’autres initiatives locales. Lorsque l’asbl Jardin’âges, qui associe personnes âgées et personnes porteuses de handicap dans du jardinage collectif, a organisé une marche de soutien, Farène a fourni les pains pour le petit-déjeuner. Quant au modèle de gouvernance adopté par les associées, il diffère fondamentalement du fonctionnement du milieu policier très hiérarchisé dans lequel évolue Géraldine.


interview

« Le partenariat avec les communes est vraiment important » « La vie en gare » est le programme stratégique avec lequel la SNCB vise à développer des initiatives locales dans les espaces inutilisés. Entretien avec Cédric Blanckaert, responsable des activités commerciales et valorisation immobilière. Propos recueillis par C.DU.

Actuellement, la SNCB est encore propriétaire de 27 gares, mais la mise en service d’une gare RER à Braine-Alliance, sur le site de Kinepolis, est prévue pour 2024. Treize bâtiments voyageurs de ces 27 gares sont encore accessibles aujourd’hui et cinq de ceux-ci disposent encore de guichets. Certains de ces bâtiments servent uniquement de salle d’attente pour les voyageurs, d’autres font l’objet de concessions de type cafés, sandwicheries, librairies…

Comme la gare de Court-Saint-Étienne, par exemple ?

Court-Saint-Étienne, c’est une location par le Quatre Quarts, une coopérative à finalité sociale. À Genval, il y a de la restauration, cela s’appelle « Au Pachira ». À Ottignies, il y a toute une série de concessions, mais c’est moins un « tiers-lieu ». À Chastre il y a une micro-boulangerie, à Rixensart, il y a un atelier de peinture et à La Hulpe, on est en pourparlers avec bpost pour y installer le bureau de poste. À Waterloo, la commune avait d’abord envisagé d’installer une antenne de l’Office du tourisme, mais finalement ce qui manquait à cet endroit-là, c’est un distributeur de billets, en particulier les jours de marché. On a un contrat-cadre avec Batopin, le consortium de quatre grandes banques, qui a décidé d’installer des distributeurs dans les gares, qu’elles soient grandes ou petites.

Et qu’en est-il de Nivelles ?

À Nivelles, on vient d’ouvrir la toute nouvelle gare et l’ancienne va être mise en vente. La Commune a indiqué qu’elle n’avait pas d’intérêt pour le rachat, mais par contre elle a imposé des prescriptions et il n’est pas question de l’abattre, mais bien de lui donner une nouvelle vie. Le partenariat avec les communes est vraiment important. Pour qu’une gare vivante s’intègre bien dans son environnement, il est essentiel de communiquer avec les autorités locales qui connaissent mieux les besoins locaux.

Quel est le potentiel de réaffectation de ces gares ?

On a un programme stratégique qui s’appelle « La vie en gare » et qui vise à développer dans ces espaces inutilisés des initiatives locales. Il faut savoir que ce n’est pas parce que la SNCB n’utilise plus les lieux qu’il y a moins de voyageurs qui les fréquentent. Pour nous, une gare s’intègre aussi dans son environnement et il est donc important que ce soit un lieu qui puisse être utilisé par la communauté locale. On s’aperçoit que le voyageur apprécie de pouvoir prendre un café ou acheter un journal avant de prendre le train ou quand il revient. D’un autre côté, nous souhaitons aussi que la gare vive en dehors des heures d’affluence des voyageurs. À Court-SaintÉtienne, par exemple, avec la coopérative Quatre Quarts, il y a des voyageurs, mais aussi des non-voyageurs qui viennent et il y a des synergies qui se créent.

Comment cela se passe concrètement ?

Nous lançons des appels à idées afin de déterminer quel est le potentiel et, à partir de là, on lance un appel d’offres et chacun peut remettre un projet. Ce sont les personnes qui ont un projet qui fixent elles-mêmes la redevance qu’elles payeront pour l’occupation des lieux sur base de leur business plan. La SNCB retient les projets en fonction de leur qualité. Nous cherchons des partenariats à long terme. Ce sont des contrats de huit années. Quatre Quarts en est déjà à son deuxième contrat. Il y a chaque fois un appel d’offres, parce qu’en tant qu’entreprise publique, on doit respecter les règles des marchés publics et permettre à la concurrence de jouer. On peut aussi vendre les gares ou envisager des emphytéoses et là on est parti pour 27 ou 50 ans. Quand il y a des investissements plus lourds, ça permet de pérenniser les choses. Dans la stratégie de « La vie en gare » il est important pour nous de pouvoir continuer à offrir une salle d’attente.

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Combien y a-t-il de gares sur le territoire du Brabant wallon ?


agenda MIDI DE L’URBANISME

Urbanisation et îlots de chaleur : comment rafraîchir nos villes ? Vendredi 16 septembre de 12h à 14h à Louvain-la-Neuve Avec le dérèglement climatique, les épisodes de fortes chaleurs vont se multiplier. Les centres urbains et les espaces publics seront particulièrement impactés par ces phénomènes de surchauffe appelés « îlots de chaleur urbains ». Or, dans les villes où la densité de population est importante et où tout le monde n’a pas accès à un espace extérieur privatif, l’excès de chaleur peut être source de réelles nuisances. Le Brabant wallon n’y échappe pas. Comment concilier ces enjeux avec la multiplication des projets immobiliers dans les centres et la densification qui l’accompagne ? Comment redonner de la place aux espaces verts dans ce contexte ? Comment verduriser la ville et réduire la surchauffe des espaces déjà urbanisés ? Autant de questions auxquelles tenteront de répondre nos trois orateurs.

Avec Sébastien Hendrickx

Chargé de recherche au Lepur, ULiège

Guillaume van der Vaeren Administrateur-délégué de JNC International

Sabine Desmedt

Échevine de l’Aménagement du territoire à Tubize

Inscriptions obligatoires avant le 12 septembre via m.urbanisme@ccbw.be ou mubw.be Tarif : 5 euros 12h : accueil 12h15 : début de la conférence Adresse : Ferme du Biéreau Avenue du Jardin Botanique 1348 Ottignies-Louvain-la-Neuve

La ville dans la Dyle et la Dyle dans la ville

Les réhabilitations à l'heure du réemploi de matériaux

Le zéro artificialisation expliqué aux ados

VISITE GUIDÉE 24 septembre de 9h à 16h Louvain (Réservé aux CCATM)

MIDI DE L’URBANISME 14 octobre de 12h à 14h Ferme du Biéreau Louvain-la-Neuve

SENSIBILISATION Automne 2022 (Réservé aux conseils communaux de la jeunesse)


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