Le Palais d'Ahmed BEY, l'Agonie de la Noblesse

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1


2


REMERCIEMENTS C’est avec grand plaisir que je saisis cette occasion pour présenter mes remerciements à tous mes enseignants qui ont fait de moi l’étudiante passionnée que je suis aujourd’hui et en particulier mon encadrante pédagogique Mme. Hanène BEN SLAMA, pour ses conseils précieux, sa disponibilité ainsi que sa façon de nous rendre de meilleures personnes.

J’adresse mes sincères remerciements au cadre enseignant et aux membres de l’administration de l’Université Ibn Khaldoun pour leur bienveillance ainsi qu’à tous les professeurs, intervenants et toutes les personnes qui, par leurs paroles, leurs écrits, leurs conseils et leurs critiques ont guidé mes réflexions et ont accepté à me rencontrer et répondre à mes questions durant mes recherches. Mes remerciements vont également à mes parents Benaissa et Syhèm, qui ont tout sacrifié pour mon éducation n’épargnant ni santé ni efforts. « Vous m’avez donné un magnifique modèle de labeur et de persévérance. Je

suis redevable d’une éducation dont je suis fière ». Rien n’aurait pu être pareil sans l’aide et le soutien de ma chère mère, qui a tout fait pour m’offrir un cadre confortable de travail et d’amusement. « Merci Maman » Je remercie aussi le reste de ma famille qui m’a soutenue pendant toutes ces années et en particulier celle-ci, ma sœur Amira pour ses encouragements, à mon grand-père Mohamed Salah CHAKROUN qui a toujours cru en moi ainsi qu’à ma tante Lamia CHAKROUN – MIMOUNI et mon oncle Sami CHAKROUN pour leur réconfort et assistance.

Je tiens aussi à exprimer toute ma reconnaissance et ma gratitude envers mon âme sœur, Anis, qui a subi tout mon stress et m’a aidée à y voir clair. Etant un pilier dans tout ce que j’entreprends, rien n’aurait pu voir le jour sans sa présence, son aide et son dévouement. À tous ces intervenants, je présente mes remerciements, mon respect et ma gratitude. 3


0. 4


P LAN DE

1.

TRAVAIL

0.

Avant-propos

Introduction

Problématique

Méthodologie d’approche

Objectifs

APPROCHE THEORIQUE 1. Les palais Beylicaux en Tunisie 1.1. 1.2. 1.3. 1.3. 1.4.

Mémoires Beylicales Epannelage géographique Epannelage historique Etat des lieux Synthèse

2. Le palais Ahmed BEY, entre noblesse et agonie. 2.1. Présentation 2.2. Diagnostic 3. Stratégie d’approche

2.

 5


2.

APPROCHE EXPERIMENTALE 1.

Enquêtes « in situ » 1.1.1. Observations in situ 1.1.2. Investigations 1.1.3. Réactivation photographique

2.

Méthodes d’analyse des enquêtes

3.

Résultats 3.1.1. Recueil d’anecdotes

3.1.2. Cartes mentales synthétiques 4.

3.

Synthèse

APPROCHE ANALYTIQUE 1.

Analyse de projets de référence 1.1.1. Palazzo Zen 1.1.2. Kolumba Kunstmuseum

2.

Notions et concepts retenus 6


4.

APPROCHE CONCEPTUELLE 1.

Analyse du site 1.1.

A l’échelle urbaine 1.1.1. 1.1.2. 1.1.3. 1.1.4. 1.1.5. 1.1.6.

1.2.

5.

6.

2. 3. 4.

P.A.U de la zone Accès Relief Ensoleillement Lecture séquentielle Ambiance sonore

A l’échelle du palais

Le parti architectural Le programme urbain et architectural L’évolution du projet

BIBLIOGRAPHIE • • • • • •

Ouvrages Mémoires et thèses Articles en ligne Revues Dictionnaires Sites web

ANNEXES Témoignages Résumé

. 7


Ruines du cœur

Mon cœur était jadis comme un palais romain, Tout construit de granits choisis, de marbres rares. Bientôt les passions, comme un flot de barbares, L'envahirent, la hache ou la torche à la main. Ce fut une ruine alors. Nul bruit humain. Vipères et hiboux. Terrains de fleurs avares. Partout gisaient, brisés, porphyres et carrares ; Et les ronces avaient effacé le chemin. Je suis resté longtemps, seul, devant mon désastre. Des midis sans soleil, des minuits sans un astre, Passèrent, et j'ai, là, vécu d'horribles jours ; Mais tu parus enfin, blanche dans la lumière, Et, bravement, afin de loger nos amours, Des débris du palais j'ai bâti ma chaumière.

François COPPÉE Recueil : L'arrière-saison

8


I NTRODUCTION

Le patrimoine architectural, héritage culturel que nous a transmis le passé, a une grande valeur spirituelle et transcrit de la manière la plus expressive l'histoire de la civilisation humaine. Ce patrimoine constitue une partie essentielle de la mémoire des hommes d'aujourd'hui. Nous ne devons pas oublier que chaque époque a ses réussites. L’important c’est de découvrir et apprécier ces réussites afin de les sauvegarder, de les mettre en valeur pour les intégrer harmonieusement au cadre de vie contemporain. 1 La situation dans notre cadre spatial étroit, la Tunisie, demeure de plus en plus répréhensible. En effet, malgré le vaste gisement culturel riche de plus d’un millier de monuments classés, de vingt musées historiques archéologiques, de dix musées des arts et traditions populaires, deux musées d’histoire contemporaine et des centaines, voire des milliers d’autres sites ignorés ou méconnus attendent toujours d’être mis en valeur. D’ailleurs, depuis le début de la dynastie Husseinite en 1705, les Beys de Tunisie avaient de somptueux palais, en plus de ceux qui appartiennent au « domaine de la couronne ».

Ils changeaient de résidences au rythme des saisons. Le sort de ces palais est malheureusement en décadence, dû à un phénomène de négligence mais aussi de déculturation. 1 ICOMOS : ROLE DU PATRIMOINE ARCHITECTURAL DANS L'URBANISME CONTEMPORAIN

9


P ROBLÉMATIQUE Le patrimoine ? Tout le monde en parle. Dans les pays

occidentaux,

on

souhaite

protéger,

conserver, restaurer, réhabiliter, on cherche son identité, ses racines dans les témoignages du passé.

On

craint

que

la

civilisation

contemporaine, avide de rentabilité, ne laisse disparaître définitivement les traces des sociétés qui nous ont précédés.

La prise de conscience très tardive de la

recherches ont été menées pour mieux

valeur du patrimoine Beylical n'a pu

faire connaître l’architecture palatiale

sauver

qu'une

partie

locale. Les palais Beylicaux, miraculés,

foncier

et les

restaurations

de

l'héritage se

sont

concentrées au niveau de la médina de

fermés depuis des lustres, restaurés, habités, pillés ou abandonnés,

Tunis ou au Bardo. Depuis les travaux de Jacques

REVAULT,

très

peu

« vivent cachés. »

de

Le palais d’Ahmed Bey, à La

Mais

Marsa n'a pas été épargné.

plusieurs parties de la résidence

Compte tenu d’une urbanisation

ont

excessive,

bâtiments

pillé, détruit et squatté par des

sont venus s’ajouter à l’ossature

familles qui en ont occupé les

principale,

pièces

plusieurs

complètement

le

rendant

dénaturé

et

invisible à la plupart des citadins.

depuis été

menacé

l’Indépendance,

détruites.

Vandalisé,

vides,

le

palais

par

la

spéculation

immobilière.

10

est


Cette redoutable situation n’est que le témoignage d’un manque déroutant de la conscience collective quant à la valeur du patrimoine architectural ainsi qu’une insensibilité par rapport à la perception architecturale du citadin.

Ce constat est dû certes à un phénomène qui se répète : -

Le premier, à l’indépendance, où on a malheureusement

assisté à un refoulement de l’histoire, du patrimoine matériel et immatériel. Evénement suite auquel on a uniquement voulu avancer, en oubliant le passé. Des édifices ont été démolis, des bijoux vendus, des preuves détruites, tout ceci pour faire en sorte que l’ancien n’existe plus, sous prétexte que cela « dérange ». -

Le second s’est manifesté juste après la dite « Révolution du

printemps Arabe » en 2011, où on a eu l’impudence de changer les noms de rues, de boulevards, de places et d’édifices publics.

«

Lorsqu’une société ‘patrimonialise’ un morceau de son histoire, cela signifie qu’elle change d’histoire au sens où elle ouvre une nouvelle ère, une nouvelle époque. Le fait que des chercheurs en Algérie, Tunisie et Maroc travaillent sur l’architecture de l’époque coloniale comme un fait patrimonial de ces pays, signifie que ces sociétés assument leurs histoires récentes. Cette patrimonialisation est un marqueur de changement d’époque. Ils tournent la page de la colonisation puisqu’ils considèrent la production architecturale de cette époque comme appartenant à leurs patrimoines ; ce n’est pas l’architecture de l’autre mais l’architecture d’une partie de leurs histoires.

»

Professeur et Architecte Fakher KHARRAT

Réflexion de M. Fakher KHARRAT, lors d’un colloque sur le patrimoine architectural. Discours rapporté (au cours des recherches de l’auteur) de la part d’un de ses étudiants

11


«

On aurait dû s’accrocher à ces choses-là … Pourquoi ? Parce que ça nous rappelle quand même notre passé, qu’on le veuille ou pas, quels que soient les jugements que l’on peut porter sur telle ou telle dynastie, on ne peut jamais effacer le fait que cette dynastie ait régné plus de deux siècles et demi … M. Mokhtar BEY – Petits fils d’Ahmed BEY 2

Quelle serait le moyen le plus adéquat qui permettrait de valoriser au mieux notre patrimoine culturel et architectural ?

Comment l’actualisation du patrimoine, en faisant dialoguer architecture d’hier et d’aujourd’hui, pourrait-elle contribuer à la sensibilisation du citadin à la culture architecturale, tout en mettant des bases pour les perspectives d’avenir ?

Quelle voie, notre intervention, devrait-elle adopter pour protéger le palais de la spéculation immobilière ?

Comment l’architecture procure (ou pas) des émotions à partir d’une intention ? L’architecture serait-elle associée à l’émotion ?

Témoignage de M.Mokhtar BEY, l’un des rares héritiers du Bey en Tunisie. (Lors d’un entretien le 13-11-2015) 12

»


HYPOTHÈSES

Afin de sensibiliser le Tunisien à la dimension historique, à la richesse de son patrimoine architectural, à la somptuosité de l’architecture et l’importance du rôle de l’architecte dans la société, il serait judicieux de réhabiliter et reconvertir le Palais d’Ahmed Bey, en un édifice en l’honneur de l’architecture, un espace contemporain, répondant aux exigences actuelles, favorisant la réflexion, la créativité et la création architecturale.

REFLEXION CREATIVITE CREATION « Témoignage

Comment se fait-il que cet édifice qui appartenait au Bey n’est pas propriété de l’état pour en faire un musée

»

Beylical ? La dégradation du bâtiment s’accentue de jour en jour. Honteux. Témoignage de M. Mondher Chadi, citoyen de la Marsa. (Effectué lors d’un entretien le 04-04-2016) 13


M ÉTHODOLOGIE D ’ APPROCHE UN TERRITOIRE VÉCU, ABANDONNÉ Notre problématique se base sur un sujet d’actualité, par rapport à l’insensibilité au patrimoine et l’absence de culture architecturale chez la majorité des citadins. Nous avons donc choisi de commencer par un état de l’art des monuments historiques, entre autres les palais Beylicaux. Notre intérêt se portera sur les causes et les conséquences de leur état actuel, ainsi que leur évolution au fil des années.

Rappelons que notre étude est particulièrement centrée sur le palais d’Ahmed Bey ainsi que sur la place Saf-Saf à la Marsa. Afin de s’imprégner de l’âme du lieu, nous allons donc aborder cet

espace par le biais d’une recherche exploratoire et expérimentale qui nous permettra de tester des

[Vivre l’urbain

dans tous ses états … ]

méthodes d’enquête.

VERS UNE DÉMARCHE COMPRÉHENSIVE Pour

notre

étude,

nous

développerons

?

des

approches in situ afin de rester le plus proche possible du citadin et de sa pratique de l’espace public,

de

ses

conduites

sociales

et

de

l’organisation de sa perception lorsqu’il est en mouvement.*

* Thèse Mme. Hanène BEN SLAMA, « Parcours urbains quotidiens. L'habitude

dans la perception des ambiances » Réflexion sur la méthodologie d’approche, TOME 1, p 54.

14


M ÉTHODOLOGIE D ’ APPROCHE Cette

phase

se

caractérise

par

un

aller-retour

et

un

chevauchement entre la théorie et la pratique. La particularité de cette étape est qu’elle se base sur des faits historiques tout en tenant compte des récits de vie et des témoignages des ressortissants. Ces expérimentations urbaines comprennent des interviews, des réactivations photographiques, des cartes mentales, des récits de vie, des réflexions tout en observant les parcours quotidiens, les ambiances de l’espace public, le vécu des habitués, la mémoire du lieu. Nous procèderons à des méthodes d’analyse quant aux résultats de nos expérimentations, à travers une lecture sensible de la place et du palais. Croquis, schémas auditifs, olfactifs, ambiances et parcours, nous aideront à comprendre et à percevoir les pratiques culturelles qui maintiennent cet espace vivant. Nous nous intéresserons alors à la configuration spatiale de ce lieu, ce dialogue entre place publique et palais en décadence ; cherchant à déceler les problèmes sociaux, architecturaux et urbains.

Nous essayerons alors de trouver des solutions par rapport à ces anomalies, en cherchant des démarches similaires concernant la réhabilitation et la reconversion d’édifices, par le biais d’analyses de projets de référence, cherchant la mise en abyme de concepts contemporains. Nous dresserons alors une démarche synthétique d’intervention urbaine et architecturale, afin de revaloriser ce patrimoine matériel et immatériel que nous ont légué nos ancêtres.

15


O BJECTIFS Nos objectifs dans ce mémoire se présentent suivant ces deux volets

A l’échelle urbaine

A l’échelle architecturale

La prise en charge du quartier sur le plan de l’aménagement urbain, dans le but d’améliorer le vécu urbain et l’échange entre les citadins, ainsi que l’intérêt qu’accorde la ville à la

La

réhabilitation

reconversion d’Ahmed

et

du BEY,

la

palais afin

de

sensibiliser le grand public à l’importance du patrimoine et à la culture architecturale.

présence du palais.

Vers une sensibilisation du citadin quant aux richesses architecturales conservées de notre passé. L’architecture permet à chacun d'affirmer sa sensibilité, tout en accédant à une culture plus large et plus vivante. L'espace tient lieu de langage, de communication. Cet échange entre soi et l’espace, est déterminé également par la sensorialité. L'exercice de la vue, de la perception est un apprentissage. Redonner vie au palais en le

Créer un espace qui va accueillir

réinsérant

contexte

le grand public (du professionnel

et

au profane) afin de le sensibiliser à

dans

un

socioéconomique socioculturel contemporain.

la culture architecturale.

* Photo prise par l’auteur – Ambiances au Saf-Saf – Février 2016 16


v

E N BREF ► L'enjeu se situe donc dans la capacité que nous développerons pour créer un équipement culturel de proximité ayant pour objectif la sensibilisation,

l’information

et

la

formation

du

grand

public

à

l’architecture et au patrimoine de la ville et de notre pays, en articulation avec les autres équipements culturels de la collectivité territoriale. Cet espace contribuera à compléter le maillage culturel du pays. 1 Lieu d’information et de pédagogie, il s’adressera en priorité aux

habitants de la ville et de la région, mais également aux intéressés et aux touristes. Notre but sera tout d’abord la valorisation de l’architecture au quotidien, afin de susciter et inciter donc le « désir d'architecture ». Ce désir se manifeste s'il existe un certain plaisir à partager avec les siens un espace, une culture, une histoire, avec la volonté d'apprendre mutuellement les uns des autres et sur l’histoire de notre pays. 1C

I A P: CENTRE D’INTERPRETATION DE L’ARCHITECTURE ET DU PATRIMOINE – MODE D’EMPLOI

17


1. 18


M ÉMOIRES B EYLICALES Nous ne pouvons aborder le sujet des palais Beylicaux en Tunisie, qu’après avoir rafraichi notre mémoire par rapport à leur dynastie. Le tricentenaire de la dynastie Husseinite est

une date importante dans l'histoire de la Tunisie. Les Husseinites sont une dynastie Tunisienne qui est la dernière à régner sur son pays avant l’instauration du régime républicain. Instaurée le 15 juillet 1705 par Hussein Ben Ali, qui prend le titre de Bey et possesseur de la Régence de Tunis, elle gouverne le pays jusqu’à la proclamation du régime républicain le 25 juillet 1957, ce qui la place au deuxième rang

dans la liste des dynasties, derrière celle des Hafsides quant à la durée de maintien au pouvoir. Il est utile de rappeler ici que le Bey de Tunis est à l’origine un simple préfet représentant l’Empire Ottoman à Tunis. C’est à partir du 18ème siècle, que les Beys issus de la

dynastie

autonomie

des de

Husseinites fait,

acquièrent

c’est-à-dire

une

une quasi-

indépendance, vis-à-vis de leur suzerain :

le Sultan Ottoman. Le régime Beylical, qui met fin à l’épisode d’Ibrahim Cherif qui suit la dynastie des Mouradites, se transforme rapidement en monarchie dont le Bey

Période Précoloniale

est le souverain.

Période Coloniale

19


R ÉTROSPECTIVE SUR LA D YNASTIE H USSEINITE Bien que son pouvoir effectif ait été affaibli par le protectorat Français à partir de 1881, ce n’est qu’après l’indépendance de la Tunisie, en 1956, que les Beys perdent définitivement leur pouvoir qui est déjà passé de fait dans les mains du parti du Néo-Destour d’Habib Bourguiba. Un éphémère Royaume de Tunisie est proclamé en 1956, bientôt chassé par la république, proclamée à son tour le 25 juillet 1957 qui abolit ainsi tout pouvoir monarchique.

5.

6.

BIBLIOGRAPHIE • • • • • •

Ouvrages Mémoires et thèses Articles en ligne Revues Dictionnaires Sites web

ANNEXES Questionnaires / Interpretations Tables des illustrations Résumé

. 20


V OYAGE AU CŒUR DU VÉCU DES B EYS Etant à la tête du trône, l’usage voulait qu’on soit doté, en plus du palais ou la grande demeure à la Médina, au moins, d’une résidence aux alentours de Tunis. La villégiature d’été se passait dans la Banlieue Nord : de la Goulette à Gammarth, en passant par La Marsa et Sidi Bou Saïd. Au printemps, ils partaient à la Mannouba et à l’Ariana pour profiter du parfum des roses. Certaines familles fréquentaient Hammam-Lif l’hiver, pour ses thermes.

Mohamed Bey, se baignant à la plage de Carthage - Extrait d’un documentaire intitulé : Les beys de Tunis, une monarchie dans la tourmente coloniale]

Naissance des pratiques balnéaires Les demeures à la Médina de Tunis étaient majoritairement occupées pendant la période la plus rude de l’hiver, à savoir entre Novembre et Janvier. A partir de Février, début du printemps d’après le calendrier arabe, on changeait d’espace de vie. Le standing de l’époque se manifestait non seulement par le palais dont on était propriétaire mais aussi par cette mobilité dans les environs de Tunis. Il faut rappeler que les villégiatures d’été n’étaient pas axées sur les bains de mer. Les gens choisissaient des endroits qui bénéficiaient de l’air marin sans obligatoirement être en front de mer, comme le palais « Ben Achour » à la Marsa, ou encore le palais « Ben Ayed », (actuelle résidence de l’ambassadeur de Grande Bretagne). *

• Revue Archibat – N°17 – Palais de Tunisie, richesse et diversité, Interview avec Mohamed El Aziz BEN ACHOUR, propos recueillis par Olfa BENHASSINE, journaliste. 21


V OYAGE

AU CŒUR DU VÉCU DES B EYS

Depuis l’époque hafside, (1207 – 1574) on cherchait surtout la fraicheur

des

vergers,

jardins

et

qui

économiquement

des

étaient exploités

et

permettaient surtout aux femmes de profiter du plein air. Mais pour

Modèle traditionnel

les hommes aussi, plus on montait dans l’échelle sociale plus leurs

déplacements étaient codifiés. Grâce au rythme des saisons, ces dignitaires un

peu

politiques prenaient plus

de

liberté

de

mouvements Ces

bâtiments

somptueux

Modèle importé

construits par les autocrates de l’époque,

témoignent

d’un

héritage précieux, du point de vue historique et architectural. Ce patrimoine étant difficile à entretenir restaurer,

et

trop

cher

à

tombe

malheureusement dans l’oubli.

Modèle Beylical familial

.

Schémas de synthèse des différents modèles urbains des lieux de villégiature balnéaire aux XIXe et XXe siècles dans la région de Tunis

Essai intitulé : Évolution des modèles d'implantation de la villégiature sur le littoral tunisois Par Sondès Zaïer, Hichem Rejeb et Pierre Donadieu Publié le 09/10/2012

22


Mohammedia

E PANNELAGE

GÉOGRAPHIQUE

La majorité des palais Beylicaux qui subsistent jusqu’à ce jour, sont généralement situés au Nord-Est du pays, sans doute grâce au climat doux de cette zone, ou encore à l’emplacement stratégique et historique du lieu. Que deviennent ces palais de nos jours ? Sont-ils Restaurés ? Rénovés ? Réhabilités ou reconvertis ? Sont-ils entretenus comme nous entretenons notre corps ? Ou est ce qu’ils sont tout simplement rejetés et oubliés allant vers une décadence que nous ne pouvons tout simplement pas ignorer ? Dans ce cas, une étude critique s’impose afin d’avoir une idée plus ample sur l’état des lieux des palais Beylicaux en Tunisie. [ Epannelage de quelques palais Beylicaux existants à ce jour au Nord-Est de Tunisie ]

23


24

E PANNELAGE H ISTORIQUE


25


LE PALAIS DU BARDO ème 15 siècle

Situation : Le Bardo Etat actuel :

Entretenu, restauré, rénové

Le Bardo est d'abord un palais élevé sous le règne du sultan Hafside Abou Faris Abd el-Aziz el-Mutawakkil (1394-1434). C’est un ensemble de bâtiments dont le premier fut édifié à partir du 15ème siècle. Comme les autres palais des souverains de Tunis, ce palais a été construit à environ 4 kilomètres en dehors de la médina de Tunis, au

milieu d’une grande plaine. Il emprunte son nom au mot espagnol « Prado » qui signifie pré ou jardin. Le palais a bénéficié de plusieurs restaurations et extensions durant le règne des Beys Mouradites. À partir du 18ème siècle, les Beys Husseinites successifs font agrandir et embellir leurs possessions du Bardo.

Travaux de rénovation et extension (achevés en 2012)

26


LE PALAIS DU BARDO [ Galerie Photos ]

27


LE PALAIS DU BARDO

Plan projeté de la rénovation du Palais

Coupe longitudinale sur le Palais + extension

Façade Palais + extension 28


Situation : La Kasba, Tunis. Etat actuel :

Dar el bey ème 17 siècle

Entretenu, restauré La fondation du palais est attribuée à Hammouda Pacha, le Mouradite. Il n’est cependant pas exclu que celui-ci ait ordonné l’agrandissement et l’embellissement d’une résidence déjà existante. Quant à l’extension du palais et l’édification de l’étage, elle est l’œuvre de son homonyme et lointain successeur Hammouda pacha le Husseïnite. Plus tard, des travaux de restauration et d’agrandissement furent entrepris sous les règnes des beys Ahmed

et Sadok au XIXe

siècle. Dar el Bey est conçu selon le modèle traditionnel des demeures Tunisoises dont les éléments essentiels sont la Driba, les vestibules en chicane, le (ou les patios selon l’importance de l’édifice) et les salles de plan cruciforme. Le décor

était, à l’origine, conforme au style en

vigueur dans la Tunisie des XVIIe et XVIIIe siècles, c’est-à-dire élégant et sobre : emploi de matériaux locaux comme le calcaire (notamment dans le patio à double portique) et de céramique fabriquée par les artisans potiers de Tunis, plafonds sculptés conformément aux canons de l’art islamique classique tels que les motifs à dominante géométrique connus en Andalousie,

la sculpture sur plâtre ou les

incrustations de céramique ou de pierre couvrant les murs.*

*Source : Article en ligne de la revue Leaders, intitulé « Voyage au cœur du Dar el Bey Palais du gouvernement, la Kasbah Tunis », publié le 20.08.2015.

29


Dar el bey ème 17

siècle

Plus tard, à l’initiative des beys Hussein II, Ahmed et Sadok, une décoration plus RICHE et davantage marquée par les influences européennes fut

réalisée à l’intérieur du palais comme l’attestent les plafonds peints à décor floral et végétal, ou bien encore les carreaux de céramique de facture italienne

ou espagnole, par exemple. Ces

modifications correspondaient à une évolution du goût de l’aristocratie tunisienne

du XIXe siècle,

séduite, comme à Istanbul, par le modèle italien. La même évolution toucha le mobilier de Dar el Bey, tout comme celui du Bardo et des résidences de Tunis et de ses environs.

Photos :

Article Leaders, Archibat N°17. 30


31


Le palais d’hammam-lif

1747

Situation : Hammam-Lif. Etat actuel :

Délabré, menaçant ruine. En dehors de leurs résidences officielles, les monarques de la dynastie husseinite prennent progressivement l'habitude, dès le XVIIIe siècle, de séjourner de plus en plus souvent à Hammam Lif durant l'hiver. Au milieu de ce siècle, c'est l'intérêt qu'ils portent aux bains de Hammam Lif qui poussent les beys à y élever une résidence pérenne. Le premier pavillon voit le jour sous le règne de Ali Ier Pacha grâce aux eaux thermales qui surgissent au pied du Djebel Boukornine. En 1826, Hussein II Bey décide de construire un palais à côté d'un caravansérail

;

la

majeure

partie

de

cet

édifice

subsiste

actuellement. L'édifice comprend, à l'achèvement des travaux, un Lamine bey au Palais beylical d'hammam-Lif ! C'est une photo qui nous donne également une idée sur la décoration intérieure du palais à l'époque.

corps de bâtiment avec rez-de-chaussée massif et deux étages, percés de vingt fenêtres avec auvents donnant sur la mer. À l'angle nord-ouest du palais, Hussein II Bey fait édifier un kiosque, Bit el-Makaaad, une sorte de galerie couverte mais non fermée, où il passe ses heures de repos. Il construit également des bains privés, accessibles de l’extérieur ; réservés au seul usage des femmes, ces bains sont complétés par un second bain ouvert aux hommes, dans la partie opposée du palais. Mohammed Bey agrandit d'un troisième étage le palais d'Husein II Bey; il modifie, également Bit el-Makaaad. Sous le règne de Naceur Bey, le troisième étage, qui menaçait ruine, est supprimé. Cependant, il restaure et aménage plusieurs salles, ainsi que les appartements de service. Depuis Hussein II Bey, et à l'exception de Ali III Bey et de son fils Hédi Bey tous les souverains ont séjourné au palais jusqu'à l'abolition de la monarchie en 1957.

Photos d’archives recueillies auprès de l’Association des Amis du Palais Beylical à Hammam-Lif 32


LE PALAIS D’hammam-lif [ Galerie Photos ] Avant

Après

33


LE PALAIS D’hammam-lif [ Galerie Photos ] Avant

Après Dans les années 70, la Municipalité n'a pas trouvé mieux que de murer complètement ce" kiosque de Musique" qui se trouve dans la cour extérieure du Palais (El batha.), le défigurant ainsi complètement et irréversiblement. C'est ainsi que ce local a abrité au début un "Club culturel" pour devenir par la suite une "Hanout Sahharas " pour les notables de la ville. Quel mépris pour le patrimoine historique de la ville, car ce kiosque où se produisait la clique musicale du Bey, fait partie intégrante du palais.

Témoignage de Kadhem BACCAR, Historien - diplomate. Entretien le 03 – 03 - 2016 34


LE PALAIS D’hammam-lif [ Galerie Photos ]

35


«

Ce palais beylical qui tombe en ruines, qu'évoque-t-il en vous ? - Mustapha Sahab Tabaa, le Premier ministre, était mon aïeul. Il a construit le hammam de Dar el bey pour une princesse nommée Dalila. En venant prendre ses bains en calèche, elle avait un jour attrapé froid. Alors, il a proposé au bey, "qui était par ailleurs son beau-père" de construire cette aile qu'on a détruite comme on a démoli l'ancien théâtre qui était derrière le Casino. On n'a pas le droit de détruire la mémoire. On aurait pu en faire des musées ou des bibliothèques.

»

Témoignage de Rached Dali Un homme Hammam-Lifois, né en 1926

Depuis des décennies, la ville beylicale ne cesse de vivre une malheureuse déchéance. L’époque fastueuse où Hammam-Lif faisait encore la fierté de la banlieue Sud semble être renvoyée aux calendes grecques. Mais le plus grave et le plus inquiétant reste l’état des monuments historiques et emblématiques. Les fleurons de la ville, à l’instar du Palais Beylical, du Casino, qui faisaient jadis la fierté de la ville, ont continué leur décadence. Les nombreux appels lancés à travers les médias et sur Internet et les nombreuses pétitions signées pour les sauver, sont demeurés sans réponse devant la passivité étonnante et complice des autorités locales. Après l’abandon du Palais Beylical aux familles qui l’ont squatté et qui l’ont transformé en « Oukala », bien qu’il soit classé monument national, Hammam-Lif a vécu, dans l’indifférence totale, dans un état de délabrement avancé.

36


Kobbet ennhas

1756

Situation : La Mannouba Etat actuel :

Entretenu, restauré, reconverti

Un des beaux exemples de l'éclectisme de l'architecture palatiale tunisienne, durant la période des Beys husseinites (1705-1957), est représenté par le palais Kobbet Ennhas (littéralement "coupole de cuivre") situé à La Manouba, à six kilomètres du centre-ville de Tunis. L'édifice tire son nom d'un kiosque de plaisance qui se trouvait dans ses jardins ; ce dernier, flanqué de huit colonnes graciles en marbre blanc, était couvert d'une petite coupole nervurée en cuivre. Le monument, dont l'aspect actuel date essentiellement de la seconde moitié du XVIIIe siècle et du premier tiers du XIXe siècle, fut construit

à

l'origine

par

Mohamed

Rachid

Bey

(1756-1759).

Hammouda Pacha (1782-1814), qui résidait plus souvent dans un palais voisin Qsar el Ward (littéralement "palais de la rose"), y apporta des agrandissements ainsi que plusieurs embellissements. Par la suite, Mustapha Bey (1835-1837) fut le dernier monarque

husseinite à l'habiter durant quelques séjours. Plus tard, il devint successivement la résidence de deux personnages importants de la cour de Sadok Bey (1859-1882) : d'abord le général Farhat, assassiné lors de l’insurrection de 1864, puis le général Rachid. Si l'édifice présente des extérieurs typiques de l'architecture traditionnelle tunisienne, notamment ses façades blanches rythmées par des arcades et des arcatures aveugles, l’intérieur en revanche offre au regard une plus grande diversité ornementale, se traduisant par la présence de décors tant de style autochtone, enrichi de motifs araboandalous et ottomans, que de style italianisant. Le palais Kobbet Ennhas, actuellement en mains privées, a eu la chance d’être restauré et remeublé ; il accueille de nos jours réceptions, séminaires et diverses manifestations culturelles.

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Kobbet ennhas [ Galerie Photos ]

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LE PALAIS De la rose

1793

Situation : La Mannouba Etat actuel :

Entretenu, restauré, reconverti

Le palais a été édifié sur ordre de Hammouda Pacha comme sa résidence d'été. Il est utilisé plus tard comme résidence des hôtes illustres de la Tunisie. À partir de 1839, il devient un quartier de commandement militaire, d'artillerie puis de cavalerie sous l'ordre du général Kheireddine Pacha, un centre réservé aux instructeurs militaires étrangers, puis le quartier général des troupes d'occupation françaises à partir de 1881. Par la suite, le bâtiment est occupé par plusieurs corps militaires et menacé de destruction, notamment lors de la 2ème guerre mondiale. Après l'indépendance, des travaux de restauration sont entrepris par le ministère de la Défense, permettant au monument de retrouver sa splendeur initiale. Il est alors décidé de l'aménager pour abriter le musée militaire national, inauguré le 25 juin 1984 et ouvert au public le 24 juin 1989.

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Dar El Kamila 1800

Situation : La Marsa Etat actuel :

Très bien entretenu

Dar El Kamila est un palais Tunisien situé à La Marsa et qui abrite la résidence de l'ambassadeur de France.

La

résidence

d'été

construite en 1800 est d'abord appelée Borj Monastiri, le caïd Ahmed al-Munastiri, qui y apporte des

aménagements

importants

pour ses visites estivales. Le Borj Monastiri lui est offert par son beau-père, le souverain Mahmoud Bey, vers 1822. Après avoir été occupée par des princes, dignitaires et notables de Tunis, cette maison de plaisance est attribuée en 1857 par les autorités Beylicales au consul de France, Léon Roches, qui la rebaptise Dar El Kamila, un nom qui évoque la perfection. Elle devient la résidence de l'ambassadeur de France en Tunisie après l'indépendance du pays. Ce palais est d'une très grande importance architecturale.

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LE PALAIS De Mohammedia

1846*

Situation : La Mohammedia Etat actuel : En ruines

Originellement voulu par Moustapha Bey comme un lieu de villégiature et de repos à l'écart de la capitale, il se transforme sous Ahmed 1er Bey en un complexe ambitieux de diverses constructions.

Impressionné par le faste du château de Versailles, lors de sa visite en France à l'invitation du roi Louis-Philippe, Ahmed 1er Bey conçoit, à son retour, l'idée d'un Versailles Tunisien. Sur les pentes choisies à cet effet, se succèdent les habitations des fonctionnaires et des commerçants ainsi que les casernes de l'armée, les nouveaux souks proches de la mosquée et du hammam, les palais du général Mrabet et des principaux ministres dont Mustapha Khaznadar. Plus haut, le palais d'Ahmed 1er Bey domine l'ensemble de la nouvelle cité. À sa mort, en 1855, son successeur Mohammed Bey transporte non seulement le mobilier de la Mohammedia mais aussi tous les matériaux ( marbres, faïences et boiseries ) vers son nouveau palais de La Marsa. Aujourd'hui abandonné et presque oublié, ne subsistent du palais et de ses structures environnantes que de gigantesques ruines dans un état avancé de délabrement.

Aperçu du palais de la Mohamedia en 1878

Ibn Abi Dhiaf, Présent des hommes de notre temps. Chroniques des rois de Tunis et du pacte fondamental, vol. IV, éd. Maison tunisienne de l'édition, Tunis, 1990.

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LE PALAIS De la mohammedia [ Galerie Photos ]

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LE PALAIS De KORBOUS

1846

Situation : Korbous Etat actuel : Menacé

Erigé en 1846 sous Ahmed 1er Bey, le palais de Korbous, tout comme le palais de Hammam-Lif, avait des vertus thérapeutiques (cures, tisanes « Mdabech », bains rectangulaires … etc.). D’après les

recueils historiques, on a pu savoir que Ahmed BEY avait consacré un pavillon à son usage personnel et aux invités, néanmoins, il n’y a pas résidé. En 1856, soit 10 ans après sa construction, on reporte que le palais était déjà dans un état de délabrement (chambres délaissées, espace inoccupé), c’est donc avec la colonisation qu’une volonté de restaurer le palais a été remarquée. Réfection sommaire selon les besoins futurs, soit un espace d’accueil et une administration. Lors de cette rénovation, une volonté de garder un aspect oriental s’est manifestée au niveau de la façade suite à la construction d’un minaret. Le palais a plusieurs fois été réhabilité et reconverti, néanmoins, de nos jours, on arrive toujours à voir les vestiges de son histoire, il demeure menacé suite à son inoccupation.

Informations recueillies lors d’une journée d’étude sous le thème : « Jardins et résidences princières au Maghreb XVIè – XXe siècles » , le 29 Avril 2016, à l’Institut Supérieur de l’Histoire de la Tunisie Contemporaine. Intervention : Mme. Beya Abidi, Dr. En sciences de l’archéologie, spécialiste des palais beylicaux de la dynastie Husseinite.

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44


Le palais d'Ahmed bey Situation : La Marsa Etat actuel :

1847

Très dégradé

Il est à rappeler que ce palais est

l’objet

de

cette

recherche, donc nous allons brièvement présenter l’édifice

à ce niveau avant de nous approfondir d’avantage dans le chapitre suivant.

Station balnéaire de Ahmed Bey 1er, le palais n’a pas du tout été entretenu depuis l’indépendance. Il représente une mémoire, un trait du passé qui mérite d’être préservé. Malheureusement, il se trouve de nos jours écrasé par une urbanisation croissante. Une reconversion bien

adaptée viserait à l’intégrer dans son contexte urbain, social, et économique et ce, en se servant de la structure existante du palais. C’est un palais véhiculant une histoire, mais nécessitant également une prise en charge immédiate, pour qu’il ne soit pas pris dans le gouffre de l’oubli.

Vues sur le patio central du palais.

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Le palais kheireddine Situation : Le Kram Etat actuel :

1857

Très dégradé, menace ruine

À son retour en Tunisie en provenance de Paris, Kheireddine Pacha Bey permet d'accéder à la tête du ministère de la Marine en 1857. Responsable de ports en pleine expansion, Tunis, La Goulette et Sfax, il engage des travaux pour améliorer les installations portuaires afin de gérer le trafic commercial accru, le commerce méditerranéen s'étant sensiblement développé. Il s’installe donc dans un très grand palais en bord de mer, entre La Goulette et La Marsa, au Kram actuel. Ce palais

est aujourd’hui occupé par des familles n’ayant nulle part où aller, qui se sont approprié l’endroit, tout comme le palais du Saf-Saf et d’Hammam-Lif, il tombe silencieusement en ruines. Photos prises par l’auteur. © Meryem ATHIMNI

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LE PALAIS De Kheireddine [ Galerie Photos ]

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LE PALAIS De Kheireddine [ Galerie Photos ]

Etat de l’intérieur du palais, escaliers et plafond, en ruines.

Photos prises par l’auteur. © Meryem ATHIMNI 49


LE PALAIS Naceur bey

1858

Situation : Sidi Bou Saïd Etat actuel : Dégradé

Le palais de Naceur BEY, maison de plaisance située à Sidi Bou Saïd,

a été édifié par Cheikh Tahar BEN ACHOUR, aux alentours de la fontaine Sbil Bach Hamba, dans la partie basse du village historique et traditionnel de Sidi Bou Saïd, au milieu des orangers, oliviers et cyprès. Ce palais typique de ceux implantés dans les villégiatures Beylicales, a su garder les éléments caractéristiques de l’époque à savoir: - L’accès signalé par un portail en fer entre deux piliers massifs donnant sur la cour d’honneur, sur un bassin rond en marbre au centre. - Le RDC et son entrée marqués par un portique de forme circulaire surmonté d’un balcon et d’une galerie. Certes, ce palais demeure menacé, de nos jours, le palais est une propriété privée dans l’indivision.

Photos prises par l’auteur. © Meryem ATHIMNI

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LE PALAIS De Naceur bey [ Galerie Photos ]

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Beit el hikma Situation : Carthage Etat actuel :

Assez dégradé de l’extérieur Entretenu de l’intérieur

1860 L’ancien

palais

beylical

de

Carthage, l’actuelle Académie tunisienne des sciences, des lettres

et

des

arts,

était

la

résidence officielle du dernier monarque Tunisien.

Le palais de Carthage présente une architecture et des décors datant aussi bien de la seconde moitié du XIXe siècle, que de la première moitié du XXe siècle. Lamine Bey contribua à l’agrandissement et l’embellissement du palais qui demeura sa résidence principale jusqu’à la chute de la monarchie husseinite en 1957. Ce palais connut l’un des évènements les plus importants de l’histoire tunisienne au XXe siècle, car c’est en ce lieu que le chef du gouvernement français, Pierre Mendes France, prononça devant le Bey son “discours de Carthage” le 31 juillet 1954 au cours duquel il reconnut une totale autonomie interne à la Tunisie.

Photos prises par l’auteur. © Meryem ATHIMNI

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Beit el hikma [ Galerie Photos ] Avant

Après

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Beit el hikma [ Galerie Photos ]

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Dar ben Achour Situation : La Marsa Etat actuel :

1860

Entretenu

Cette demeure italianisante, entourée d’un grand jardin aux quatre fontaines en marbre blanc et meublée d’objets datant du 19ème siècle a de tous temps abrité des histoires de vie d’éminents intellectuels et d’hommes liés à la culture du pays et à son histoire. Le palais Ben ACHOUR appartenait à un ministre du temps des BEYS. Aujourd’hui, c’est l’un des rares à avoir conservé la typologie du modèle Beylical familial ( Implantation au milieu de villégiature d’orangers). Le palais est bien entretenu, néanmoins, le propriétaire actuel partage le terrain de 2Ha avec les membres de sa grande famille. Risque de morcellement ? Seul le temps sera témoin.

Photos prises par l’auteur. © Meryem ATHIMNI

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Dar ben Achour [ Galerie Photos ]

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LE PALAIS ESSAADA

1862

Situation : La Marsa Etat actuel :

Entretenu, mal préservé.

Le palais Essaâda est construit par le souverain Naceur Bey à l’intention de son épouse Lalla Kmar. L’architecture et l’ornementation

sont

un

mélange

de

styles

hispano-

mauresque, italien et français. À la mort de Naceur Bey, le palais reste la propriété de sa femme, qui s’en occupe grâce à l’héritage que lui a laissé son époux. Comme elle n’a jamais eu d’enfants, elle offre tous ses biens dont le palais au Cheikh El Médina, Chedly Haïder, et à son épouse, qui deviennent propriétaires en 1942.

Au décès de Lalla Kmar, en 1953, le couple le cède à l’État Tunisien car ils ne peuvent plus s’en occuper ni le préserver. De nos jours, le palais abrite le siège de la municipalité, il est donc entretenu, mais son adaptation aux besoins contemporains commence petit à petit à le défigurer de son image originelle (morcèlement du terrain, fils électriques et condenseurs sur les façades … etc..)

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Palais kheireddine Situation : La Médina, Tunis

1860-1870

Etat actuel :

Réhabilité, Reconverti

Le Musée de la Ville de Tunis (Palais Kheireddine) superbe monument historique est situé au cœur de la médina de Tunis. Il répond aux normes internationales de sécurité et de conservation des œuvres. C’est un exemple à retenir quant à la réhabilitation et la reconversion des palais Beylicaux. Le Palais Kheireddine accueille , régulièrement, des expositions d'arts plastiques de haut niveau. Construit entre 1860 et 1870 par le Ministre Kheïreddine, le palais combinait une

organisation

traditionnelle

avec

des

innovations

européennes : façade à larges ouvertures sur la place du Tribunal, décor intérieur italianisant avec moulures dorées à la feuille. De nos jours, il n'a subsisté de cette splendeur que la partie modifiée de la façade et le décor d'un salon avec sa cheminée en fonte.

Photos : © Zoubeir MOUHLI

© Ambre COURBOT © Pol GUILLARD

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Palais kheireddine [ Galerie Photos ]


Palais kheireddine [ Galerie Photos ]

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S YNTHÈSE Etat

Palais

Photos

Le palais Al Kamila

Nous remarquons ici qu’il existe 3 catégories de palais Beylicaux :

Le palais de Naceur Bey

Les palais habités Le palais Ben Achour

Le palais du Bardo

Dar El Bey, Tunis

Le palais Kobbet Ennhas

Les palais restaurés, réhabilités, rénovés et reconvertis

Le palais de la Rose

Le palais de Carthage

Le palais Essaada

Le palais de Kheireddine Pacha, La Médina

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S YNTHÈSE Nous remarquons ici qu’il existe 3 catégories de palais Beylicaux :

Etat

Palais

Photos

Le palais de Kheireddine Pacha, La Médina

Le palais d’Hammam-Lif

Le palais de Mohammedia

Les palais menacés Le palais de Korbous

Le palais du Saf-Saf

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S YNTHÈSE Nous ne pouvons pas nier qu’il y a eu une volonté d’entretenir quelques palais Beylicaux en Tunisie, néanmoins, rares sont ceux voués à la

culture, à l’art, à l’éducation

et encore moins à

l’architecture. La plupart des palais réhabilités demeurent assignés au hommes politiques, aux ambassadeurs, «

interdits » au grand public, tandis

que le palais Kheireddine-Pacha au Kram, le palais Beylical d’Hammam-Lif et le palais d’Ahmed-Bey au Saf-Saf sont et

squattés.

vandalisés

Les palais Beylicaux ont perdu leur aura d’antan,

symboles d’un passé fastueux, ils ne sont plus que l’ombre d’euxmêmes, offrant un bien triste spectacle. Livrés à l’abandon, ils tombent en ruine et ressemblent à des

fantômes.

La valeur

historique, architecturale et patrimoniale de ces monuments, témoins d’une partie de l’histoire, impose, aujourd’hui, de les conserver et les entretenir jalousement, à l’instar de pays comme la France, la Turquie ou l’Egypte qui ont si bien su préserver leurs monuments historiques, en les entretenant à merveille.

65


1.2 66


Le palais Ahmed BEY, entre noblesse et agonie. La banlieue de la Marsa, a toujours été réputée pour la douceur de son climat, le charme de sa campagne et sa belle plage, ce qui a fait d’elle un centre de plaisance qui amena les Beys et les plus fortunés des Tunisois à se faire construire dans cette banlieue de très belles maisons où ils pouvaient s’évader à l’approche des chaleurs de l’été.

Alors que le Bardo représentait toujours le palais officiel principal, certains Beys furent tentés d’y ajouter d’autres palais secondaires, édifiés à proximité, sinon sur le littoral. En faisant appel à des architectes et artistes étrangers et locaux, les Beys de la fin du 19ème siècle pensent atteindre la majesté et l’éclat des cours de l’orient et de l’occident. Ainsi, en adoptant l’architecture européenne dans la construction de leurs palais, ils se plaisaient à vivre et recevoir dans un nouveau cadre occidental. Boudant le palais d’El Abdellayia, qui était la résidence d’été officielle de ses prédécesseurs, Ahmed BEY (1835 – 1855) acquiert le « Ksar Saf-Saf » édifié sur l’emplacement de la petite Abdellayia, par Guiseppe Maria Raffo dans le goût italianisant cher à cette époque. Ce comte génois qui appartenait à une famille d’horloger installée depuis longtemps dans la régence, était connu pour sa richesse qui lui permit de posséder un palais à l’Ariana et un autre à la Marsa. Il dut sa fortune à la faveur dont il jouissait auprès d’Ahmed BEY (son beau-frère) qui en fit son ministre des affaires étrangères. Photo d’archive fournie par Aziz Bey (filleul des beys) : Villégiatures d’été à La Marsa (dont le Palais d’Ahmed Bey, le palais Essaada, Dar Tej …etc..) Informations selon l’architecte Sonia SLIM

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Le palais Ahmed BEY, entre noblesse et agonie. Le palais d’Ahmed BEY n’était séparé de la mer que par les jardins de son ministre Mohamed KHAZNADAR. Le conte Raffo l’aurait tout d’abord édifié pour en faire sa résidence personnelle. Devenue propriété Beylicale, le palais ne cessa de s’agrandir avec la construction de nouveaux bâtiments ajoutés les uns aux autres sans ordre préétabli et selon les caprices du moment, aboutissant à un ensemble hétéroclite entremêlé de jardins. Au séjour du palais Saf-Saf s’ajoutait aussi l’agrément d’un pavillon balnéaire (Kobbet Lahoua) réservé aux plus fortes chaleurs de l’été. De récentes démolitions ont diminué l’importance de la résidence avec la suppression d‘une partie de la façade à encorbellements et moucharabiehs, ainsi que la cour d’honneur de la salle du trône qui dominait la place du Saf-Saf. Ces démolitions auraient été provoquées par un nouvel aménagement de la place et la construction d’une mosquée sur les lieux mêmes de l’ancienne édifiée par Ali lll. La partie qui subsiste est constituée des appartements privés d’Ahmed BEY, distribués entre deux étages au dessus des communs. On y accède depuis la cour d’entrée par un grand hall voûté suivi d’un escalier de marbre. Le patio couvert, répondant à un soucis de modernisation qui ne cessa de s’amplifier, ne manqua pas avec les chambres et les salons qu’il dessert, de bénéficier de l’ornementation de faïences espagnoles pour les égayer reflétant l’engouement généralisé du XlXe siècle pour toute ornementation d’origine européenne. Photo d’archive : carte postale du palais d’Ahmed BEY et de la place Saf-Saf Informations selon l’architecte Sonia SLIM

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Ce grand patio dallé de marbre blanc s’éclaire, sur son pourtour, de grandes fenêtres hautes. Le décor de faux plafond en stuc est composé d’éléments géométriques simples et floraux qui se répètent et se combinent entre eux. En effet, au XVllle et XlXe siècles, l’influence artistique, turque et italienne, prédominante durant la période husseinite se manifeste par l’introduction d’éléments nouveaux qui étonnent surtout par leurs proportions inhabituelles : étoile, médaillon, cyprès, vase et bouquet à rinceaux. D’ailleurs, on sent tout de suite la richesse ornementale par la profusion des marbres, faïences et stucs. De part et d’autres de l’entée, deux salles d’apparat se font face, montrant un mélange de fidélité à des formes traditionnelles – disposition en T, des pièces voûtées - et d’innovation baroque – arcs d’alcôve à lourdes stalactites -.

Photos prises par l’auteur. © Meryem ATHIMNI Informations selon l’architecte Sonia SLIM

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Bien qu’on ait cherché à concilier certains éléments architectoniques de l’architecture traditionnelle avec les innovations modernes, il n’en résulte pas moins une uniformité inévitable autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de cette demeure. En façade, autour de la porte d’entrée à arc cintré et panneaux sculptés à l’italienne, se répètent plusieurs rangées semblables de fenêtres à persiennes, qu’interrompt seulement un large balcon à moucharabieh de bois peint ou une loggia. Sur le coté, un balcon en fer relie entre eux les appartements du second étage. De nos jours, le palais parait être composé d’un noyau central ancien et de plusieurs bâtiments annexes récents.

Photos prises par l’auteur. © Meryem ATHIMNI Informations selon l’architecte Sonia SLIM

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Le palais Ahmed BEY, un palais menacé Le Palais du Bey est aujourd’hui menacé et fait l’objet de vandalisme « volontaire » croissant, visant à lui effacer ses caractéristiques architecturales et à montrer un état de dégradation avancé, nécessitant sa démolition et excluant toute possibilité de restauration (trace claire de décollement volontaire des revêtements du sol et des murs ainsi que les marches et contre marches en marbre).

Ce palais représente une mémoire, un trait du passé qui mérite d’être préservé, mais malheureusement, il se trouve actuellement écrasé par une urbanisation croissante, perçu comme en marge de notre temps dépassé par le modernisme d’aujourd’hui. En effet, la spéculation foncière et la pression urbaine constituent la menace principale pour le patrimoine. La restitution de l’organisation spatiale originelle du palais est possible après suppression des rajouts parasitaires effectués lors du morcellement du bâtiment en vue de son occupation par des familles non apparentées. Le gros œuvre du palais ne présente pas de dégradations majeures irrécupérables. Seul le plancher du 2ème étage est en état de ruine et pourrait être réhabilité. Les quatre façades peuvent être restituées et restaurées dans leur état originel. Malgré l’acte de vandalisme qu’elles ont subi, tous les éléments décoratifs et architectoniques peuvent également être restaurés à l’identique. Croquis réalisé par l’auteur. © Meryem ATHIMNI Informations selon l’architecte Sonia SLIM

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Le palais Ahmed BEY, un palais menacé Le palais d’Ahmed Bey traduit une situation de grande désolation. Il faudrait souligner, de prime abord, que ce palais historique est affligé d’une disgrâce majeure consistant en la carence de la protection juridique, car, contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’est pas encore inscrit sur la liste des monuments historiques et archéologiques protégés et classés de Tunisie. Des travaux urgents de consolidation, prélude à une véritable restauration ou une réhabilitation, sont

«

plus que nécessaires pour lui éviter l’effondrement total. Seule une prise de conscience collective pourra sauver ces palais de l’oubli. L’Institut national du patrimoine ne peut pas à lui seul protéger ces palais. Il faut que la société civile se mobilise et entreprenne des actions citoyennes afin de sensibiliser les citoyens à la nécessité de protéger ces sites de notre patrimoine. Les promoteurs qui font l’acquisition de ces palais doivent veiller à en préserver le contenu. Le mécénat culturel pourrait également sauver ces palais. Des privés

»

peuvent, à titre d’exemple, financer des opérations visant à restaurer ces monuments et à les reconvertir soit en espaces culturels, soit de loisirs.

Témoignage de Sonia SLIM, architecte.

Croquis réalisé par l’auteur. © Meryem ATHIMNI

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A NALYSE H ISTORIQUE Le palais d’été d’Ahmed BEY se caractérise par un éclectisme entre un style arabisant et un autre italianisant. Il se constitue majoritairement de 4 parties distinctes:

Dar El Kebira

Dar El Dhiaf

Dar Essaghira

C’est le seuil de la maison ou le hall d’entrée

C’est l’habitation du prince et de sa famille, elle s’articule autour d’un patio central couvert

Habitation réservée aux invités

- La partie réservée aux services et aux domestiques

Style Italianisant construit par Raffo

Style Arabisant ajouté par Ahmed Bey

La Driba

Façade Nord-Est du palais

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Façade Sud-Est du palais


Fonctions des espaces [ Selon le modèle Beylical ]

Plan du RDC

Légende Driba

Dar el Dhiaf

Dar el Sghira

Dar el Kebira

Circulation

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Plan 1er étage

Plan 2ème étage

Légende Driba

Dar el Dhiaf

Dar el Sghira

Dar el Kebira

Circulation

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Diagnostic général [ RDC ] Localisation

Photo

Constats • Fissures au niveau des voutes en arêtes et des voutes en plein cintre – Problème de surcharge + adhérence des matériaux briques/pierres  Décollement de l’enduit – Problème d’humidité

Entrée

• • • •

Présence d’un lanterneau rare dans les palais Beylicaux Plancher et faux plafond en très mauvais état du à l’humidité Décollement presque complet de l’enduit Décollement des faïences italianisantes

• Escalier en marbre - bon état • Présence d’un second lanterneau • Décollement de quelques faïences • Fissure verticale profonde

• Présence de cloisons ayant dénaturé le palais • Problème d’humidité très grave (voutes + évacuation des eaux usées à l’intérieur du palais) • Décollement de l’enduit • Revêtement au sol très usé

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Diagnostic général [ Localisation

Photo

er 1

étage ] Constats

• Anomalies :

• Décollement volontaire de marbre et faïences. • Décollement de l’enduit – Problème d’humidité

• Transformation de l’espace. • Pièce victime de vandalisme : • Décollement des faïences et du marbre.

Absence totale de revêtements (muraux + au sol) Plancher en très mauvais état (traces des IPN). Espace faisant office de sanitaires aujourd’hui dans un état d’insalubrité alarmante

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Diagnostic général [ Localisation

Photo

er 1

étage ] Constats

• Ce patio est la pièce maitresse du palais, autour de laquelle s’articule la plupart des alcôves « Mkasser ». Constituant le noyau central de l’édifice, il dessert deux grands appartements et trois petites pièces. • Couvert d’un plancher en IPN, il est éclairé par de larges fenêtres placées en hauteur. • Cette salle est celle qui a le plus été victime de vandalisme étant donné son riche ornement d’antan (les faïences espagnoles décollées, le revêtement au sol, probablement en marbre, fut pillé, encadrements en marbre des portes volés). • Le faux plafond revêtu de sculptures sur stuc à motifs de rosaces de style italianisant, tombe également en ruines, à cause de l’humidité. On y entrevoit les traces des IPN rouillées ainsi que des briques pleines formant des voûtains.

L’accès au 2ème étage est malheureusement impossible étant donné que les escaliers y menant ont été démolis. Néanmoins, nous pouvons percevoir à travers la lecture de la façade Sud-Est qu’une grande partie du toit est en état de ruines. 78


Diagnostic détaillé Suite au diagnostic général et afin d’approfondir notre connaissance de l’état des lieux du bâtiment, nous avons choisi de faire le diagnostic détaillé de trois pièces que nous estimons caractéristiques du palais :

A] La Driba : Ou encore le Hall d’accueil étant donné qu’il présente le premier espace visitable et accessible de l’édifice. B] Deux salles au 1er étage : Elles se caractérisent par leur typologie ainsi que la présence d’un arc en stuc de type arabisant. C] Le patio : Considéré comme pièce centrale autour de laquelle s’articulent toutes les fonctions du palais, c’est l’une des pièces les plus importantes de l’édifice suscitant donc un intérêt particulier.

Ce diagnostic a été fait à main levée sur les lieux et ce, durant les journées du 28 Mai 2016 et le 29 Mai 2016.

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Diagnostic détaillé [A]

La Driba - Plan RDC

80


Diagnostic détaillé [A]

P.T.A (Sans désordres)

Décollement d’enduit

P.T.A’

Fissures structurelles – Problème de surcharge

Décollement du marbre

Entrée

P.S.A 81


Diagnostic détaillé [A]

F.1.A (Sans désordres)

Fissure structurelle (Surcharge) Microfissures

(Problème d’adhésion pierre / brique)

Décollement d’enduit

F.1.A’

Décrochement des faïences

Décollement d’enduit (Pierres apparentes) (Humidité, condensation liée au manque de lumière)

Fissure structurelle (Surcharge) 82


Diagnostic détaillé [A]

F.2.A (Sans désordres)

Décollement d’enduit

F.2.A’ Décrochement des faïences

Décollement d’enduit (Pierres apparentes)

83


Diagnostic détaillé [A]

F.4.A (Sans désordres)

F.3.A (Sans désordres)

Décollement d’enduit

Fissures d’adhésion

F.4.A’ Fissures d’adhésion + surcharge

F.3.A’ Fissures structurelles

Décrochement de faïence

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Diagnostic détaillé [A]

Faïences blanches unies

Fresque

Motifs floraux italianisants

Marbre 85


synthèse • Fissures

obliques

ou

verticales partant des angles

CONSTATS

des baies (en moustache) • Microfissures

ou

fissures

horizontales ou verticales •Décollement d’enduit

• Problème de structure Surcharge • Mauvaise adhérence entre

CAUSES

les matériaux • Problème d’humidité (Condensation liée au manque de lumière)

•Décapage •Déjointage

SOLUTION

•Brossage •Rejointage avec enduit à la chaux

86


Diagnostic dĂŠtaillĂŠ [b]

B

87


Diagnostic détaillé [b] Fissure structurelle

Décollement d’enduit

Arc en stuc séparant les 2 pièces

Décollement du marbre

P.S.B (Sans désordres)

P.S.B’ P.S.B’ 88


Diagnostic détaillé [b] Fissure structurelle

Décollement d’enduit

Microfissures d’adhérence Décollement des faïences

F.1.B

89


Diagnostic détaillé [b]

Décollement d’enduit

Microfissures

Décollement des faïences + enduit

F.2.B

90


Diagnostic détaillé [b] Effritement du stuc

Décollement de l’enduit Décollement des faïences + enduit

F.3.B

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Synthèse •Décollement d’enduit •Décollement du revêtement

CONSTATS

mural – Faïences •Décollement du revêtement au sol - Marbre

• Vandalisme

CAUSES

• Mauvaise adhérence entre les matériaux • Problème d’humidité

• Décapage • Déjointage •Brossage

SOLUTION

• Rejointage avec enduit à la chaux

• Combler les vides de faïences et de marbre

92


Diagnostic dĂŠtaillĂŠ [C]

C

93


Diagnostic détaillé [C]

Le patio : Débarras (Vêtements, meubles, déchets …) Etat insalubre

P.S.C

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Diagnostic détaillé [C]

Plancher en très mauvais état : - Décollement du faux plafond - Poutrelles en IPN rouillées

Faux plafond en plâtre Briques pleines qui forment des voutains

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Diagnostic détaillé [C] Effritement de l’enduit

Décollement total du revêtement mural

Porte bloquée

Décollement des faïences Décollement des encadrements en marbre

96


Diagnostic détaillé [C] Larges fenêtres obstruées de briques rouges

Tout le mur est dénudé de son revêtement + décollement de l’enduit – Pierres apparentes

97


Diagnostic détaillé [C] Passerelle rouillée

Tout le mur est dénudé de son revêtement + décollement de l’enduit – Pierres apparentes

98


Synthèse •Décollement d’enduit •Décollement du revêtement mural – Faïences

CONSTATS

•Décollement du revêtement au sol – Marbre • Le patio joue le rôle de « Dépotoir »

• Vandalisme • Problème d’humidité

CAUSES

• Négligence de la pièce de

la part des habitants du palais

•Remplacer le plancher qui menace ruine

SOLUTION

•Revêtir les murs et le sol avec des matériaux contemporains

99


Stratégie d’intervention [ Vers la renaissance d’un patrimoine architectural en décadence ] Dans le but de redonner vie à un patrimoine architectural agonisant, plusieurs paramètres entrent en jeu, à savoir la valeur historique de l’édifice, le vécu urbain de la place et du palais, la valeur architecturale du bâtiment, son occupation actuelle par des clandestins, l’axe économique, c’est pourquoi il serait plus adéquat de ne pas oublier le contexte contemporain dans lequel

sera projeté le dessein du palais.

Quelle serait la meilleure approche pour intégrer un palais du XlXe siècle dans un contexte contemporain avec plus d’un siècle et demi de différence ? Plusieurs méthodes existent pour offrir une seconde vie à un bâtiment, entre autres, la restauration, la rénovation, la réhabilitation ainsi que la reconversion. Nous allons essayer de définir ces notion savant de développer notre étude expérimentale relative au palais et à son environnement.

La restauration :

Elle est réservée aux bâtiments ayant une valeur historique certaine qu'il s'agit de remettre en état à l'identique.

La rénovation :

Elle concerne les opérations qui commencent par une démolition. Elles sont similaires aux opérations de travaux neufs si ce n'est la phase de démolition et de libération des emprises foncières.

La réhabilitation :

Elle concerne l'amélioration de l'habitat existant. Elle peut être légère (installation de l'équipement sanitaire, électricité, chauffage), moyenne, ou lourde.

La reconversion :

Par "Reconversion" on entend l'introduction d'une fonction nouvelle dans un bâtiment désaffecté. Source des définitions : Cours de 4ème année – Patrimoine bâti 100


Stratégie d’intervention La réhabilitation du palais, son assainissement, puis sa reconversion est une alternative qui va de pair avec notre approche. La restauration du palais est peut être nécessaire pour certains, néanmoins, à elle seule, elle ne serait peut être pas suffisante pour réinsérer le palais dans un contexte socioculturel et socioéconomique contemporain ainsi que susciter l’intérêt du citadin et développer en lui la culture architecturale qu’on cherche tant. Quant aux occupants de l’espace un programme de délogement serait éventuellement possible comme cela a déjà été à maintes reprises, vu l’état très délabré du palais, cette alternative est même avantageuse en ce qui les concerne.

Intervenir sur le palais ? Oui, mais qu’en est-il de son environnement immédiat? Chaque projet architectural est en perpétuel dialogue avec son environnement immédiat. Dans notre cas précis, il s’agit de la place Saf-Saf à la Marsa, ainsi que le terrain dégagé adjacent au palais, qui fait office de fourrière municipale de nos jours. Nous entamerons alors une approche expérimentale et analytique visant à percevoir les lieux comme tout habitué ou non habitué le perçoit, tout ceci dans le but de proposer à travers notre intervention, un meilleur aménagement de l’espace et par conséquent, un meilleur cadre de vie.

Croquis de la place Saf-Saf effectué par l’auteur le 03-03-2016 101


2. 102


APPROCHE EXPERIMENTALE

N

2 3 1

Au cours de cette étude, nous avons cherché à percevoir l’âme du lieu, par le biais d’observations in situ et ce, suivant 3 secteurs définis: Le premier séparant le palais de la mosquée Al

1

2

Ahmadi, soit, une vision précise sur la fourrière municipale ainsi que la partie Sud-Est du palais.

Le second au niveau de la partie Nord du palais ainsi que le marché municipal.

Le troisième concerne plutôt la place Saf-Saf, hors

3

et pendant les événements culturels et sociaux qui s’y organisent.

103


1

Zone 1 Au

niveau

de

la

Zone

1

de

notre

expérimentation urbaine, nous avons fait la connaissance de plusieurs passants, (le flâneur, le pressé, l’angoissé, l’historien, le désintéressé*, ou encore l’habitué) ainsi que des habitants mêmes du palais.

Cartes mentales reconstituées (selon le témoignage)

Malgré la méfiance de certains, nous avons quand même eu droit à quelques anecdotes

et témoignages intéressants. Notre premier témoin, fut - à notre grand hasard - M. Slim TURKI, l’arrière petit fils du caléchier du Bey, un habitué, natif de la Marsa, quelques courses

Avant (vers la fin du XlXe siècle)

à la main, il se dirigea vers nous, nous voyant dessiner un croquis du palais : « … Les palais Beylicaux étaient majoritairement concentrés à la Banlieue Nord de Tunis à l’époque, en particulier à la Marsa et à la Corniche. Vous n’avez pas idée à quel point l’espace était vaste,

Après (de nos jours, en 2016)

maintenant tout est malheureusement construit … »

Thèse Mme. Hanène BEN SLAMA, Parcours urbains quotidiens. L'habitude dans la perception des ambiances C H A P I T R E IV : L’incarnation des habitudes, p 160.

104


1 Toujours au niveau de la Zone 1, nous avons par la

suite, fait la connaissance de Mme. Hamida, une habitante au palais. Avez-vous une idée sur comment était cet endroit avant ? « Ce palais appartenait à Ahmed Bey, c’est ce qu’on a lu dans les cours d’histoire, mais apparemment il a été vendu à une société privée. Je viens du sud, mais j’habite ici depuis 15 ans … Je n’ai que deux pièces dont le séjour et la cuisine, mais si jamais vous aviez

l’intention de monter là haut (au palais) je vous le déconseille fortement, moi-même je n’irais pas … »

Méfiante, puis conciliante, elle nous a fait le plaisir de nous inviter chez elle. [Nous étions au séjour]: « … Regardez, ce sont encore les mêmes faïences de l’époque du Bey dans l’autre partie du palais, on a tout

Faïences authentiques au séjour

volé, le marbre, les faïences, même le mobilier … Saviez vous qu’à l’époque, au patio central du palais,

s’organisaient des spectacles en l’honneur du Bey, même ‘Oum Kolthoum’ y a chanté … »

[Nous nous sommes dirigés ensuite vers sa cuisine] « Là aussi, ce sont les faïences authentiques du palais d’antan, je m’excuse de l’état de la cuisine - qui était dans un état insalubre - mais c’est la seule chose qui subsiste. »

Faïences authentiques à la cuisine 105


Zone 2

2

C’est au niveau de ce secteur d’investigation que nous avons remarqué une très grande méfiance des habitants du palais à notre égard (refus de collaborer, de nous laisser entrer, ou même de prendre des photos). Quant aux

passants, ils avaient un tout autre comportement. La plupart des tunisiens, passaient sans même jeter un coup d’œil ou si cela a été fait, c’était plutôt très bref et avec une certaine amertume. Par contre, un certain intérêt au palais fut remarqué avec les touristes. Leur comportement était totalement différent des tunisiens, ils prenaient des photos, discutaient entre eux,

essayaient même d’entrer vers la « Driba », soit le hall d’entrée. C’est alors que nous avons aperçu un couple tunisien, qui observait le palais avec remords. Il s’agissait d’une femme, la quarantaine, travaillant dans le domaine juridique, ainsi que son mari, la soixantaine qui enseignait à l’école des beaux arts. Après avoir exposé notre sujet nous étions surpris par la remarque de Mme. Souad, qui a fait une analogie entre le bâtiment

«

et le corps humain : Lorsque nous étions petits nous avions l’habitude de passer devant ce genre de bâtiments, tels que ce palais ou Tourbet el Bey, ils étaient en bon état. Nous, être humains, nous faisons des efforts pour nous entretenir et être en bonne santé. On

»

oublie parfois que ces édifices, vivent avec nous, mais ne peuvent pas s’entretenir par eux-mêmes, ils tendent vers la mort tandis que nous, tendons vers la vie. 106


Intérêt pour le palais des touristes

107 Intérêt pour le palais du couple interviewé


3

Zone 3 Vu l’importance de son volet historique et social, nous avons à maintes reprises observé la place

Saf-Saf.

Pendant

les

weekends, les jours de semaines, les événements culturels … etc.. Cette zone a été la plus sujette aux

recherches

et

aux

investigations. Nous

allons

commencer

Le palais d’Ahmed BEY La galerie El Marsa

tout

d’abord

par redéfinir

les

espaces actuels occupant la

Le café Saf-Saf Le café de Houas Les espaces verts

place, afin d’étudier par la suite quels

types

de

générateurs

d’ambiances y existent .

108


Portrait de M. Houas dans son café.

Reconstitution des ambiances de la place SafSaf d’antan, selon le témoignage de M. Houas.

Zone 3 Au cours de nos enquêtes, nous nous sommes rendus compte que le café de Houas avait un historique

très

riche.

C’est

pourquoi nous avons eu une entrevue avec le propriétaire, un natif de la Marsa, ayant vécu au temps des Beys. « J’aurais aimé que la jeunesse actuelle

aie

pu

voir

le

palais

d’antan ainsi que le mode de vie de ce temps là ... Cette place a tellement d’histoire, on y exposait les délices de la vie, de bons fruits, du bon poisson … C’était l’espace

Palais Beylicaux Le café de Houas Le café Saf-Saf

où tout le monde se rencontrait,

Produits exposés

parlait,

Villégiature

échangeait

maintenant n’existent

des

les rapports plus,

nous

idées, sociaux sommes

confrontés à une aire glaciale »

Reconstitution d’une carte mentale de la place Saf-Saf d’antan, selon le témoignage de M. Houas. 109


La journée amazigh Toujours au niveau de la zone 3, nous nous sommes déplacés sur les lieux lors d’une journée spéciale : La journée amazigh, le 06-03-2016. Premier constat : Le Saf-Saf (présumé café) devient un espace polyvalent d’exposition et d’événements artistiques et artisanaux. Nous avons alors

effectué un bilan quant aux catégories d’usagers de la place.

ÂGE

TRANSPORTS

CONSTATS

Enfants

Piétons

Touristes

Lycéens

Voitures

Personnes AMR

Etudiants

Vélos

Animaux

Adultes

Camions

+ 60 ans 110


synthèse Suite à cette expérimentation urbaine, nous avons constaté que la place Saf-Saf est certes toujours animée, grâce à des générateurs d’ambiances particuliers. Le café Saf-Saf Un puits, une chamelle, un arbre gigantesque et un restaurant. Ce sont là, les seules caractéristiques qu’on reconnaisse au Café le Saf Saf. Il a derrière lui une histoire de trois cents ans. Le café Houas

Café culturel Café maure Alimentation Événements

Ayant été une taverne, puis une grande épicerie, sous le nom de « L’épicerie Beylicale », ensuite « Le grand café de France », ce café a évolué avec le Palais Beylical, s’est approprié une grande partie de la place et garde jusqu’à aujourd’hui son riche vécu historique. Les marchands de « Bambalouni » et de « Fricassé » Ces marchands d’alimentation de rue, sont très sollicités par les nostalgiques et les passionnés par les délices Tunisiens. Les événements culturels

Les événements culturels commencent à voir le jour au niveau de la place, que ce soit au café Saf-Saf, à la galerie ou même en plein air, un besoin de s’exprimer est de nos jours présent.

Néanmoins, le manque de présence de jeunes (lycéens, étudiants) suggère que la raison majeure de la visite de la place, est principalement la nostalgie. Les personnes natives du XXle siècle n’en comprennent pas la valeur, elles l’utilisent comme point de passage. La place vit de l’énergie cinétique d’antan, grâce à son vécu historique, mais cette énergie est limitée dans le temps et sera bientôt éteinte. Il faudrait donc penser à une

solution plus durable, de réadaptation de la place aux besoins actuels. 111


Carte mentale

A la manière de Kevin A. Lynch, urbaniste.

112


Réactivation photographique

Le processus de la réactivation photographique s’est tenu du 25 Mai 2016 au 29 Mai 2016 au Saf-Saf. (Ci-dessus l’affiche de l’événement. ) FRAYJYA ou bien « ceux qui regardent » est un euphémisme de la passivité, spécificité Tunisienne, et c’est en provoquant un éventuel sourire, qu’il nous oriente vers le spectateur, maillon principal de cette initiative. En effet, c’est à travers cet événement que l’organisatrice Myriam Kallal, peintre autodidacte, tente d’établir un dialogue entre l’artiste et le spectateur à travers l’exposition d’œuvres incitant à la profonde réflexion mais surtout par des conférences, workshops et performances interactives s’étalant sur tout le long de l’exposition.

113


Réactivation photographique

FRAYJYA est donc là non pas pour poser des questions au public mais de faire que ce public pose des questions à l’art, qui viendrait à travers cette aventure humaine, visuelle et sensorielle, secouer le Frayji (celui qui regarde) et le bousculer vers

des

interrogations

alimentées

par

sa

curiosité.

Le public sera donc embarqué notamment grâce à des activités tels que « Urban Sketchers » , un atelier animé par Rached Triki (architecte) et Tarek Souissi (enseignant aux beaux arts de Nabeul) qui réunirait les personnes amatrices de

dessin urbain, architectural ou tout simplement désireux des nouvelles

expériences,

sous

le

thème

du

«

Patrimoine

architectural de la Marsa » .

114


Réactivation photographique

Notre intervention a donc commencé le jour même de l’événement (bien que les observations étaient fréquentes tout au long de l’année).

Notre stratégie consistait à

exposer des croquis faits par l’auteur, dans un espace public et fréquenté (qui est le café Saf-Saf) pour analyser le comportement des visiteurs face à cette initiative. Seront-ils sensibles quant à l’état du palais de nos jours ? Pourront-ils reconnaitre de quel édifice il s’agit ? Quelles seraient leurs différentes réactions suite à cette réactivation ?

115


Réactivation photographique Durant cette analyse, nous avons eu à faire à différents types de visiteurs. L’intéressé,

le

pressé,

le

confus,

l’indifférent ou encore l’amusé. Les intéressés : Les profils de personnes intéressées se manifestaient par des actions telles que prises en photo des croquis, discussions autour du sujet et même prise de contact avec l’auteur pour exprimer leur profonde désolation et tristesse face au palais.

Les pressés : Les personnes pressées n’ont

même

pas

accordé

une

importance à ce qui était affiché, mais elles étaient en minorité.

Les confus : Bien qu’ils étaient intéressés, les

confus

regardaient

les

croquis

pendant de longues minutes, de quoi susciter notre intérêt, il s’est avéré alors qu’ils n’ont même pas reconnu le palais bien qu’il soit à quelques mètres de l’exposition.

116


Réactivation photographique Les indifférents : Les profils de personnes indifférentes

se

caractérisaient

du

passage d’une ou deux personnes (seule ou en groupe) sans omettre aucune réaction visible.

Les amusés: Les personnes amusées ont généralement été des artistes présents sur place, qui ont sans doutes compris de quoi il s’agissait mais qui ont quand même joué le jeu et ont réagi face aux croquis.

Toutes ces personnes font partie de la société et pourtant chacun a sa manière d’interpréter ce qu’il perçoit. Nous avons remarqué qu’un simple obstacle visuel durant le parcours a suffit pour qu’on ne reconnaisse plus le

palais. Ce qui était le cas d’une intervenante : « Je reconnais ce palais, il est juste là, mais il y’a un autre un peu plus loin, il est aussi dans un état insalubre » - Il s’agissait du même palais mais une différente façade.

117


Recueil d’anecdotes Durant nos expérimentations et nos entretiens, nous avons eu à faire à plusieurs profils de personnes. Les habitués, les professionnels, les visiteurs occasionnels, ainsi que les personnes n’ayant jamais visité l’endroit.

Je n’ai même pas remarqué le palais. Si tu ne me l’avais pas montré du doigt, toute seule je ne me retournerai pas pour le voir, il ne m’interpelle pas. Peut être à cause de l’environnement immédiat ? Je ne sais pas. En tout cas, sans toi, je passerai sans me retourner. Syhèm Chakroun – Ma propre mère

J’ai visité le palais de nombreuses fois. Il y’a une grande salle en haut qui est en bon état. Je l’imagine très bien en atelier. Ces personnes ce sont approprié l’espace, alors pourquoi pas moi ? J’en ferais bien mon propre atelier, cet espace m’inspire beaucoup. Reem Saad – Chercheur enseignante en Arts Visuels

Si j’étais riche, j’achèterai sans aucun doute ce palais. Le voir ainsi me fend le cœur. Il véhicule une histoire qu’ils veulent effacer et ça se voit rien qu’à son aspect. ? – Sportif

Il y a 3 ans, on m’a confisqué ma voiture et j’ai du aller la récupérer de la fourrière municipale adjacente au palais. En tant qu’étudiante en Architecture, j’aurais tout de suite du le remarquer, maintenant que j’y pense je me dis qu’il vit vraiment caché, par ce que je ne l’ai même pas vu. On aurait dit qu’il y avait un filtre qui le cachait. Meryem Athimni – Etudiante en Architecture

118


synthèse

Suite à nos expérimentations urbaines in situ, nos enquêtes et entretiens, ainsi que la réactivation photographique, nous avons relevé certains points importants.

La place

Nostalgie Animation Encombrement

Le palais

Extrême méfiance des occupants Connu par la majorité des habitués Vit caché – Invisible (Pour les visiteurs)

119


3. 120


ANALYSE DES PROJETS DE Référence Après avoir soulevé les anomalies et les désordres présents au niveau de la place Saf-Saf ainsi que le palais d’Ahmed Bey, nous allons essayer de réfléchir à des solutions. Pour ce faire, nous allons nous référer à des exemples similaires, de par leurs interventions (lourdes ou minimes) sur un patrimoine architectural, le rapport entre édifice patrimonial et

environnement immédiat, ou encore leur programmes fonctionnels semblables au notre. NB : Si nous évaluons les interventions sur le Palais Du Bardo et le Palais de Kheireddine Pacha à la Médina nous estimons que ce sont des exemples intéressants. Nous allons dans ce chapitre aborder d’autres exemples qui vont de paire avec notre stratégie d’approche. Archeological Museum Of “Praça Nova Do Castelo De São Jorge” Lisbon, Portugal 2010

121


Palazzo Zen Réhabilitation d’un monument historique, Venise, 2014

La Fondation EMGdotArt à Venise est située au rez-de-chaussée du Palazzo Zen, un bâtiment historique de 1537, situé le long d'un canal typique de la ville de la lagune italienne. Faisant face à la rénovation et (ré) adaptation, l'espace a été transformé en une galerie d'art, avec des salles d'expositions, de conférences et réunions, y compris un espace de travail pour la Fondation. Les murs porteurs du projet définissent les trois principaux espaces qui sont programmés pour les activités publiques et privées. Comment restaurer et inclure les éléments historiques dispersés présents sur le site? Comme un plancher vénitien d'origine ancienne du XVI siècle, les vieilles décorations de plafond, les vieilles portes du Palazzo Zen, les différents types de sols et la façade; la conception a été un défi très intéressant. (Selon les architectes Jianxiang HE & Ying JIANG)

Une des multiples manières de mettre en valeur l’existant, telle une œuvre d’art dans un cadre. Le matériaux même est un témoin qu’on observe qu’on admire et qu’on peut toucher.

122


Palazzo zen Le projet relie tous ces espaces et objets grâce à de nouvelles installations métalliques - que nous appelons l'architecture miniature - qui relient la multitude des éléments de construction historiques comprenant la galerie. Conçu comme un couloir hybride, l'installation de métal apporte les visiteurs du hall d'entrée vers d'autres pièces. Au lieu de portes, des boîtes métalliques noires agissent comme une interface entre les différents environnements spatiaux et tectoniques, ce qui rend les transitions d'un espace / temps à l'autre. La zone d'exposition centrale est la pierre terrassée par une pierre blanche typique provenant d'Istrie (Croatie). Ce type dense caractéristique de calcaire istrienne imperméable a été utilisé dans l'architecture de Venise depuis ses débuts. Affichage d'une continuité historique, la zone d'exposition centrale - un espace "archéologique" contemporain - montre comment la pierre ancienne locale a été récemment appareillée pour le travail

quotidien de la Fondation, apportant ainsi une nouvelle vie à la galerie, la construction et la tradition de la pierre locale.

123


Palazzo Zen [ Suite ] La conception spatiale de l'exposition a été menée suivant le thème de la conception de la « mémoire et flottant » dans Palazzo Zen. Diverses formes de médias exposés ont été présentées dans différents espaces. Un mur de composition d'images urbaines imprimées et des éléments de construction est pendu sur le mur de maçonnerie de la salle d'entrée, symbolisant la complexité des villes contemporaines et de l’architecture. Cinq tables circulaires transparentes sont suspendues dans la salle latérale avec un sol en marbre médiéval, présentant les modèles de travail de cinq architectes différents et dessin et images pertinentes. Cette scène surréaliste est censée être une métaphore des efforts individuels des architectes dans le vaste océan de l'urbanisation. D'autres éléments, tels que la vidéo et le mobilier, sont également affichés pour mettre en valeur la diversité de l'expérience et la pratique des architectes.

124


Palazzo zen Une attention particulière fut accordée à la légèreté de la structure métallique. Surélevée du sol, elle n’agresse pas l’existant, mais l’épouse. L’intervention matériaux

est

très

subtile

contemporains

mariant

(acier),

à

des des

matériaux anciens. Afin de ne pas agresser le bâtiment, tout ce qui est exposé est fixé à des câbles métalliques, légèrement éloignés du mur. Un fort contraste intéresserait il le grand public ?

125


Palazzo zen [ éléments graphiques ]

Intervention :

Parcours en structure métallique

Plan RDC

Diagramme de l’intervention

126


Palazzo zen [ éléments graphiques ]

Perspective non aménagée

Perspective aménagée 127


Concepts • Palais réhabilité et non restauré à l’image originelle • Intégration de matériaux contemporains • Très fort contraste entre l’existant et l’intervention • L’usure du palais est exposée (témoin) • L’aménagement est modeste et dynamique


Kolumba Museum, Allemagne, 2010. Situé à Cologne, en Allemagne, une ville qui a été presque complètement détruite dans la Seconde Guerre mondiale, le musée abrite la collection de l'archidiocèse catholique de l'art qui couvre plus de mille ans. La conception de Zumthor monte délicatement sur les ruines d'une église de style gothique tardif, dans le respect de l'histoire du site et la préservation de son essence. « Ils croient aux profondes valeurs de l’art, sa capacité à nous faire penser et de sentir, ses valeurs spirituelles. Ce projet est né de l'intérieur, et de la place ", a expliqué Zumthor à l'ouverture du musée. La façade de briques grises intègre les restes de la façade de l'église dans un nouveau visage pour le musée contemporain. Articulé avec des perforations, le travail de la brique permet à la lumière diffuse de remplir des espaces spécifiques du musée. Comme le changement des saisons, « les changements et les jeux de lumière chinés à travers les ruines, » la création d'un environnement en constante évolution pacifique. 129


Kolumba Museum Intervention contemporaine sur une église Allemagne, 2010 Le musée comprend 16 pièces d'exposition et, au cœur de l'édifice, une placette ou un jardin secret, un endroit calme et isolé pour la réflexion. La matérialité joue un rôle important dans la conception globale, et Zumthor, a longtemps cherché le matériau parfait. Les briques ont été spécifiquement développées pour ce projet, car elles ont été tirées avec du charbon pour imprégner une teinte chaude.

Source photos : Archdaily

130


Kolumba Museum [ éléments graphiques ]

Placette

Plan RDC

Création d’un parcours en structure légère

Plan 1er étage 131


Kolumba Museum [ éléments graphiques ]

Plan 2ème étage

Coupe tridimensionnelle 132


concepts

• L’utilisation de matériaux contemporains sur un

édifice

patrimonial

peut

ne

pas

obligatoirement être en verre. • Contraste

au

niveau

de

la

façade,

placette

publique

dialoguant avec l’urbain.

• La

présence

d’une

aménagée. • Une sensibilité à la lumière, génératrice d’ambiances. •La création d’un parcours moyennant une structure polygonale.


Notions et concepts retenus Dans notre cas précis, après nous être imprégnés de qu’on fait ailleurs, nous retiendrons pour notre projet les concepts suivants : • Le

dialogue entre l’architectural et l’urbain moyennant une placette publique

• Le

contraste : Une intervention contemporaine marquant notre époque

• Le

parcours architectural, sensoriel

• L’impact de la • Le

lumière

minimalisme de l’aménagement (mettant ainsi en valeur l’existant) 134


4. 135


136


Analyse du site

Avant d’entamer une analyse personnelle du site, nous allons commencer par présenter le P.A.U de la zone. Notre site d’intervention se trouve être dans une Zone UBZ3 – Qui est selon la légende, une zone polyfonctionnelle en R+3. Ici, le palais se confond avec son environnement immédiat, par contre dans plusieurs autres P.A.U, on remarque qu’on le présente comme monument historique.

137


Les accès

138


139


Lecture sĂŠquentielle

140


Le parti architectural Le rôle fondamental de l’architecte est de concevoir un meilleur cadre de vie, un meilleur aménagement de l’espace pour tout occupant, en répondant à ses besoins. De ce fait, il va sans dire qu’il marquera alors son époque.

ARCHITECTURAL URBAIN

Notre intervention se fera donc suivant deux volets : - Le premier, urbain, où nous allons mettre en valeur le palais, en le débarrassant de toutes constructions anarchiques parasitaires qui lui sont

accolées.

L’intervention

prendra

en

considération

tout

l’environnement immédiat du palais, puisque, vu son histoire très riche, il ne peut être dissocié de la place Saf-Saf, du café de Houas, du café du Saf-Saf, de la mosquée Al Ahmadi … Par conséquent, un réaménagement de tout le contexte urbain dans lequel se trouve le palais, s’avère intéressant, toujours dans le but de le mettre en valeur. (Recul, parcours urbain, mobilier urbain, textures au sol …) - Le second, architectural et donc, au niveau du palais même. Une

rénovation suggère la réhabilitation du palais, sa reconversion mais aussi une possibilité d’extension. Nombreux sont les exemples où l’architecture en elle-même sensibilise le visiteur jusqu’à son éveil. Si l’on en réfère à notre expérience immédiate, à partir de notre vécu corporel, on observe que l’architecture, sans doute plus que d’autres formes d’art, engage et assemble un très grand nombre de dimensions sensorielles. La lumière et l’ombre, les transparences et les profondeurs, les phénomènes colorés, le jeu des matières et des textures, la présence de volumes parfois plein, parfois vides, le jeu des dimensions, les relations d’échelles, le dialogue avec la taille de notre corps, les jeux d’ouverture et de fermeture, de compression spatiale, la relation entre l’horizon et le proche sont autant d’éléments qui participent

de

manière

simultanée

à

la

découverte

et

à

l’appréciation d’un lieu. Un parcours sensoriel et émotif commencera à partir de la dimension urbaine jusqu’au détail à l’intérieur du palais.

141


PROGRAMME URBAIN

- Place piétonne Réaménagement de la place

•Mobilier urbain •Miroir d’eau •Axes et percées

Accueil Exposition Sanitaires

ARCHITECTURAL Ateliers

Consommation

Médiathèque

142


Evolution du projet Jury / pré jurys précédents

143


144


145


146


147


148


149


150


151


152


recommandations Suite au pré jury passé le 23 Mai 2015, les recommandations des

professeurs étaient les suivantes : - Établir un diagnostic plus détaillé ✓ - Mettre en valeur d’avantage les concepts retenus ✓ - Choisir une stratégie d’intervention claire ✓ (Soit la charte ICOMOS pour l’interprétation et la présentation des sites culturels patrimoniaux - Ratifiée par la 16ème Assemblée Générale de l’ICOMOS, Québec (Canada), le 4 octobre 2008 )

- Penser à une greffe – extension ✓ 153


5. 154


BIBLIOGRAPHIE OUVRAGES

Revault Jacques. Palais et demeures de Tunis (XVIe et XVIIe siècles) Paris : Éditions du Centre National de la Recherche Scientifique, 1967. 542 p.

Revault Jacques. Palais et demeures de Tunis, XVIIIe et XIXe siècles. Paris : Éditions du Centre National de la Recherche Scientifique, 1971. 648 p.

Revault Jacques. Palais et résidences d’été de la région de Tunis (XVIe-XIXe siècles) Paris : Éditions du Centre National de la Recherche Scientifique, 1974. 628 p.

Revault Jacques. L’habitation tunisoise. Pierre, marbre et fer dans la construction et le décor. Paris : Éditions du Centre National de la Recherche Scientifique, 1978. 490 p.

Cahiers d'Histoire Tunisienne, n° 1, Tunis, 1940. Anciens palais tunisiens : les palais Ben Ayed de Gamarth, Vie Tunisienne Illustrée, 1924, pp. 12-16

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Arts Traditionnels en Tunisie, Paris, 1967. 155


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Pierre Olivier.Tunisorama – collection esthétique et civilisation

Art & Patrimoine – Salon du livre d’art et du patrimoine Tunisien

Villes maghrébine en situation coloniale

V. Valensi – Habitation Tunisienne

Tunis 1800 – 1950 – Sous la direction de Samia Akrout Yaiche, Zoubeir Mouhli & Justin Mcguinnless - Elyzad

Tunis – Architectures 1860 – 1960 – Sous la direction de Juliette Hueber & Claudine Piaton – Honoré Clair – Elyzad

Tunisie 1910 – 1960 – Victor Sebag – Ed. Cérès

Entr’temps – Image de Tunisie 1850 – 1950 – Nirvana

- 1957 - 1705 ‫ قصور البيات باألحواز الشمالية لمدينة تونس خالل الفترة الحسينية‬Beya Abidi – Doctorante en sciences du patrimoine – Publications universitaires, Tunis 2013.

M.A Ben Achour, « La Marsa terre d’histoire » - La Marsa d’hier et d’aujourd’hui, ouvrage collectif, Tunis, 1996.

Ch. Lallemand, Tunis et ses environs, Paris, 1892.

REVUES •

Archibat – N°17 : Palais De Tunisie

L’année Du Patrimoine – 1992 – Éducation, Culture.

Recuperare L’edilizia 24

Monuments Historiques – Les Tuileries – Edition De La Caisse Nationale Des Monuments Historiques Et Des Sites, 62, Rue StAntoine, 75004 Paris.

a • Local Contemporain – Ville Invisible – Ed. Le Bec En L’air •

Revue Saisons Tunisiennes - Pérégrinations Au Cap Bon Décembre 2012

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BIBLIOGRAPHIE THÈSES ET MÉMOIRES • •

Hanene Ben Slama. Parcours Urbains Quotidiens. L'habitude Dans La Perception Des Ambiances. Humanities And Social Sciences. Universite Pierre Mendes-france Grenoble II, 2007. French.

Centre De L’image Et Des Médias – Un Troisième Lieu À Monte Carlo – Mémoire De Diplôme, Romain Alarcon, Insa De Strasbourg, Architecture, Oct 2012.

Extension Et Restructuration Du Palais Des Festivals Et Des Congrès De Cannes - Mathieu Breton-ortuno Mémoire De Diplôme 2009-2010 - Sous La Direction De Julien Rouby

Une Maison D’artistes Ouverte Sur La Ville - Un Équipement De Quartier Permettant Rencontres Et Échanges Autour De La Création Artistique À Lille - COCQUEREZ Henri-loup - Mémoire De Diplôme Une Maison D’artistes Ouverte Sur La Ville - INSA 2011

Syrine Sialla – Vers Une Tunisie Contemporaine - 2015

Bazarurbain – Place Du Marché À Djebel Lahmer – Opération De Requalification Urbaine – Mohamed Radhouani – Juiillet 2011

ARTICLES EN LIGNE •

Guide : Transmettre l’architecture en milieu scolaire – Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble.

INTERVENIR SUR LE BATI ANCIEN - Rivalités entre réhabilitation, restauration et rénovation.

Les univers sensoriels de l’architecture contemporaine - Xavier Bonnaud, Professeur à l’ ENSA de Clermont-Ferrand

Design et muséographie - Une recherche pluridisciplinaire de l’École cantonale d’art de Lausanne (ECAL) et de la Haute école d’art et de design de Genève (HEAD Genève) © ECAL et HEAD Genève, janvier 2009

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témoignages Témoignage de Kadhem BACCAR, historien et diplomate, natif à la Marsa, un fidèle témoin lors des expérimentations urbaines.

La Marsa fut, de 1855, année de construction de "Ksar Al-Tej" (ou Palais de la Couronne), jusqu'à l'avènement de la République en juillet 1957, la banlieue beylicale par excellence. Cette empreinte beylicale que porta la ville durant près d'un siècle (1855/1957) se traduit à travers notamment les palais des souverains husseinites et des résidences princières qui y ont été érigés. Deux palais beylicaux subsistent encore, échappant à la frénésie destructrice du patrimoine beylical menée par la jeune république au lendemain de l'indépendance , à savoir : "Ksar Essaada", reconverti en nouveau siège de la Municipalité de La Marsa, et "Ksar Ahmed Bey" où logent illégalement aujourd'hui des familles entières. Dans ce cadre , fallait il rappeler que "Ksa Al-Tej" a été démoli entre 1958 et 1960, dans le cadre , selon les dires des autorités locales de l'époque, d'ne "opération de modernisation du tissu urbain de la ville" menée par la Municipalité au début des années 1960. "KSAR AHMED BEY" , érigé à la fin du XIXe siècle, est situé dans un espace urbain central au cœur de la ville de La Marsa en donnant sur la "Place du Saf-Saf", lieu public mythique qui abritait des festivités organisées sous l'égide du Palais. D'autres éléments patrimoniaux donnaient également sur ladite place et qui étaient en symbiose avec le Palais beylical, et dont on cite : le "Café du SafSaf" fréquenté par le Bey, le Café Haouas" qui lui fait face , fréquenté par la suite du Bey et la Mosquée Al-Ahmadi érigée en 1937 par le souverain , à qui il a donné son nom et dans lequel il faisait sa prière du vendredi.

Autrement dit , après les démolitions au début des années 60 de "Ksar Al-Tej" et du Souk qui lui est attenant , il ne restait plus de La Marsa d'antan que cette "Place Saf-Saf" avec ses éléments patrimoniaux tout autour et notamment "Dar Ahmed Bey", considérée comme la composante essentielle de cet ensemble. D''un point de vue historique ce Palais est indissociable de son voisinage composé de lieux publiques à haute valeur sociale et historique. En effet , les Marsois sont très attachés sentimentalement à cet espace central dont l'amputation d'une seule de ses composantes ferait perdre à la ville son âme et son atmosphère particulière un brin nostalgique. (juste quelques réflexions d'historien que je suis au delà des considérations techniques de sa réhabilitation!) S'agissant des menaces qui pèsent aujourd'hui sur le "Palais Ahmed Bey", il faut d'abord rappeler les péripéties par lesquelles il est passé pour mesurer la teneur de ces menaces. Il faut rappeler dans ce cadre que le "Palais Ahmed Bey" est la seule résidence beylicale "privée" contrairement aux autres résidences qui appartiennent au domaine public de l'Etat. A ce titre , à la mort de Ahmed Bey en avril 1942, ce Palais a été hérité par ses descendants qui l'ont habité jusqu'à la fin des années 1990.

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témoignages Il est à signaler que l'entretien et la maintenance de cette résidence en bon état nécessitait beaucoup de moyens financiers que les familles beylicales héritières étaient incapables de mobiliser pour les besoins de la cause. Et c'est ainsi qu'elles étaient contraintes de vendre ce Palais à la Banque Tuniso-Koweitienne (Groupe BPCM), qui a confié sa gestion à sa filiale TUNIS-CITY ( la société qui gère le centre commercial du Palmarium.) Après que les familles héritières aient quitté les lieux, et faute de gardiennage, des familles entières de condition précaire, ont sauté sur l'occasion pour "squatter" ce palais avec tous les risques que cela comporte compte tenu de l'état de ruine avancée de l'édifice. En 2006 , les nouveaux acquéreurs du Palais, ont demandé l'obtention un permis de démolition auprès de la Municipalité qui leur a été refusé suite à l'opposition de l'Institut National du Patrimoine (INP). Ils voulaient ériger à la place du Palais un espace commercial flambant neuf.....rien que ça ! Et il a fallu attendre juillet 2013 pour voir ce Palais classé comme "monument historique national" par la Commission Nationale du Patrimoine (issue de l'Institut National du Patrimoine.) Or, au lieu que ce classement aurait dû sauver définitivement l'édifice , on assista au contraire à la défiguration pure et simple des façades avant (EST) arrière (OUEST) de ce Palais. C'est ainsi qu'au RDC de la façade principale du Palais et à 20 mètres du portail extérieur se sont incrustés deux magasins, un d'électroménager et l'autre une petite quincaillerie. On assiste également à la construction illégale et sans permis de bâtir de deux villas (une achevée de deux étages, et la seconde en cours de construction) dans le jardin à l'arrière du Palais face à l'aile latérale de La poste.

CONCLUSION : Jusqu'à aujourd'hui on ne connait pas le sort qui va être réservé à un patrimoine emblématique de la ville qui a atteint le summum de sa déchéance physique. Il est impensable qu'on fasse du "social" avec le logement des démunis ou de "l'économique" en permettant le développement du commerce , le tout sur le dos d'un patrimoine historique de la ville qui , plus est, est classé ! En définitive on assiste à une négligence des autorités locales et nationales ainsi qu'à une insouciance de la banque propriétaire des lieux. Il est urgent qu'un processus de négociation s'instaure entre les autorités (locales et nationales) , la banque propriétaire de l'édifice et la société civile afin de sauver le palais et de penser à sa reconversion, en essayant d'impliquer des organisations internationales et régionales telles que l'UNESCO et l'ALECSO (l'Unesco arabe). Certes la société acquéreuse peut reconvertir le palais comme elle l'entend. néanmoins elle est tenue de respecter et la configuration générale des lieux et les façades extérieurs. C'est normal qu'elle cherchera à rentabiliser son acquisition en lui donnant un caractère commercial ou hôtelier ;mais vu l'immensité de l'espace occupé par le palais , une partie peut en revêtir une vocation culturelle. Certes, La Marsa passe par une période de "NON DROIT" , mais il faut essayer de limiter les dégâts en matière culturelle et patrimoniale afin que la situation ne devienne irréversible en attendant l'installation d'une autorité locale disposant de ses moyens et prérogatives, et qui sera capable de sauver sa richesse patrimoniale qui fait sa gloire en tant que ville . Donc il faut commencer par porter secours au plus vite à "Ksar Ahmed Bey" avant qu'il ne soit trop tard et qu'on le perde à jamais , et surtout ne répétons pas "l’hérésie républicaine" de la démolition en 1958 du Palais beylical de "Ksar Al-Tej" que la majorité des Marsois regrettent aujourd'hui amèrement.

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témoignages Afin de nous assurer que le programme fonctionnel projeté convienne aux habitants du quartier et étant donné que le projet est un équipement culturel de proximité, nous avons lancé un appel à propositions sur un réseau social. Voici les commentaires des personnes impliquées :

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Table des matières Remerciements …………………………………………………………………………. 2 Plan de travail …………………………………………………………………………… 4

0.

Introduction ……………………………………………………………………. 8 Problématique ………………………………………………………………… 9 Hypothèses …………………………………………………………………….. 12 Méthodologie d’approche…………………………………………………. 13 Objectifs ………………………………………………………………………... 15 En bref………………………………………………………………………...... 16

1. APPROCHE THEORIQUE

Mémoires beylicales………………………………………………………….. 18 Rétrospective sur la dynastie husseinite…………………………………... 19 Voyage au cœur du vécu des Beys……………………………………..... 20 Epannelage géographique…………………………………………………. 22 Epannelage historique …………………………………………………….…. 23 Etat des lieux Le Palais du Bardo………………………………..……………….…. 25 Dar El Bey………………………………..……………….……………. 28 Le Palais d’Hammam-Lif……………………………….………….... 31 Le Palais Kobbet Ennhas……………………………….…………... 36 Le Palais de la Rose………………………………………………..... 38 Dar El Kamila………………………………………………...………... 39 Le palais de Mohammedia………………………………………... 40 Le palais de korbous………………………………………………… 42 Le palais du saf-saf………………………………………………….. 44 Le palais de Kheireddine…………………………………………… 46 Le palais de Sidi Bou Said ………………………………................ 49 Le palais de Carthage……………………………………………… 51 Dar Ben Achour………………………………………………………. 55 Le palais Essaada……………………………………………………. 57 Le palais de Khaireddine PACHA………………………………… 59 Synthèse…………………………………………………….…………………... 62

1,2. LE PALAIS D’AHMED BEY

Le palais d’Ahmed bey entre noblesse et agonie……………………… 66 Le palais d’Ahmed bey, un palais menacé……………………………… 70 Analyse historique……………………………………………………………… 72 Fonctions des espaces………………………………………………………... 73 Diagnostic général…………………………………………………………….. 75 Diagnostic détaillé……………………………………………………………... 78 Diag [A]…………………………………………………………………. 79 Synthèse……………………………………………………………....... 85 Diag [B]…………………………………………………………………. 86 Synthèse………………………………………………………………… 91 Diag [C]…………………………………………………………………. 92 Synthèse………………………………………………………………… 98 Stratégie d’intervention……………………………………………………….. 99

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Table des matières

2. APPROCHE EXPERIMENTALE

Approche expérimentale………………………………………………….102 Zone 1……………………………………………………………….. 103 Zone 2……………………………………………………………….. 105 Zone 3……………………………………………………………….. 107 La journée Amazigh………………………………………………………... 109 Synthèse………………………………………………………………………. 110 Carte mentale………………………………………………………………. 111 Réactivation photographique…………………………………………… 112 Recueil d’anecdotes………………………………………………………. 117 Synthèse………………………………………………………………………. 118

3. APPROCHE ANALYTIQUE

Analyse des projets de référence……………………………………….. 120 Palazzo ZEN…………………………………………………………. 121 Concepts………………………………………………...... 127 Kulumbia Museum……………………………………………........ 128 Concepts…………………………………………............. 132 Notions et concepts retenus……………………………………………… 133

4. ANALYSE DU SITE

P.A.U de la zone…………………………………………………………….. 136 Les accès…………………………………………………………………….. 137 Climat…………………………………………………………………………. 138 Environnement immédiat…………………………………………............ 138 Lecture séquentielle……………………………………………………….. 139 Le parti architectural……………………………………………………..... 140 Le programme urbain / architectural………………………………….. 141 Évolution du projet………………………………………………………..... 142 Recommandations…………………………………………………………. 152

5. BIBLIOGRAPHIE

Bibliographie………………………………………………………………..... 154 Ouvrages…………………………………………………………………....... 154 Revues…………………………………………………………………............ 155 Thèses et mémoires………………………………………………………..... 156 Articles en ligne………………………………………………………………. 156

6. ANNEXES

Témoignage de Kadhem Baccar………………………………………... 158 Témoignages sur un réseau social……………………………………….. 160 Charte de l’ICOMOS………………………………………………………... 164 Table des matières…………………………………………………………… 172

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