Penser le futur - Novembre 2017

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numéro 12   8€   novembre 2017

Heartfulness FOCUS

soi I relations I travail I inspiration I vitalité I nature I jeunesse

PENSER

LE FUTUR

LE RÉENCHANTEMENT DU MONDE Sortir des dérives de la recherche

UN TERRITOIRE INEXPLORÉ Ram Chandra étend la carte de la conscience humaine

Interview exclusive de

VANDANA SHIVA


Heartfulness Through meditation, peace

Offrez-vous l'expĂŠrience du changement fr.heartfulness.org


L'édito

Penser le futur Qu’est-ce qui vous fait sauter du lit ? Quel est le moteur de vos journées ? Qu’est-ce qui vous inspire et vous pousse en avant ? Vos proches, un travail, un passe-temps, un projet, une vision d'avenir ? Pris dans le filet du quotidien, nous courons tous derrière un train qui va trop vite, happés par un flot d’activités, par nos habitudes, sans plus d’énergie pour faire le point sur ce qui nous anime, sur ce qui nous est essentiel… Où s’échappe notre temps ? Qui n’a pas rêvé d’avoir de l’espace, des respirations, pour laisser émerger ses rêves, renouer avec ses espoirs, son enthousiasme, sa force intérieure ? Que pourrions-nous changer dans nos vies ? Comment devenir un acteur conscient de son propre destin et tisser ensemble notre destin collectif ? Ce sont des questions que se sont posées les contributeurs à ce numéro en envisageant l’avenir, en explorant la pensée au futur. Vandana Shiva sème les graines d'une planète durable étroitement connectée à l’être humain, Rosalind Pearmain témoigne d’un mode de vie où la vérité intérieure est vécue à chaque instant, Upama Rajasekhar nous dévoile des moyens de déverrouiller le potentiel caché du cerveau, Jean Staune nous alerte sur les dérives d’un monde en perte d’éthique et la nécessité de retrouver le mystère en toutes choses, et Daaji nous entraîne vers des territoires inexplorés et éblouissants de la conscience humaine. Laissons-nous inspirer pour réenchanter le monde, donner vie à nos rêves profonds et faire apparaître une nouvelle ère ! La rédaction


Sommaire

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ENTRETIEN

06 Tout est connecté Je crois que l’impératif écologique le plus important de notre temps est de mettre fin à l’illusion que nous sommes séparés de la Nature, que nous sommes les maîtres de la Terre.

06 20

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La connaissance dans l’inconnaissance, fin MYSTICISME

20 focus penser le futur

20 Le réenchantement du monde, 1ère partie Dans notre société, c’est la science, et non plus la religion ou la philosophie, qui détermine notre vision du monde. L’énorme progrès des connaissances, l’amélioration de nos conditions de vie, tout nous incite, consciemment ou pas, à recevoir son message.

26 Déverrouiller nos perceptions 30 La vérité intérieure à chaque instant 26

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MANAGEMENT

Performance et compatibilité

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ÇA CHANGE TOUT

38 Yoga, méditation et expression génétique 40 La paix dans le cœur 42 L’ excellence

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LA SCIENCE DE LA SPIRITUALITÉ

Marcher vers la liberté, 3e partie Le rôle du guru dans ce processus est crucial. Croyezvous que l’un de nous pourrait traverser cela tout seul ? Ce serait comme escalader l’Everest sans être guidé par un sherpa, ou comme si Frodo Bessac jetait l’anneau du pouvoir dans le volcan du Mordor sans l’aide de Gandalf et de Gollum.

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54 PORTFOLIO

Être présent, la photo comme méditation

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YOGA

Le cheminement d’un yogi, fin

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LE GOÛT DE LA VIE

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La lavande Les leçons du jardin : pierre après pierre Les anti-oxydants Gâteau végétalien, curcuma et gingembre

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PLANÈTE KIDS

Smile !

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ACTUALITÉS

Les coups de cœur de la rédaction

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Ont contribué Vandana Shiva Docteur en philosophie des sciences, chercheuse, érudite, Vandana Shiva est une force de la nature ! Militante en faveur de l’environnement, conseillère

DIRECTRICE DE PUBLICATION

auprès de gouvernements

(édition francophone)

du monde entier, elle a

Sylvie Berti Rossi

participé à l’élaboration de lois pour la protection de la

RÉDACTION Anglais : Rishabh Kothari, Elizabeth Denley, Veronique Nicolai (partie pour les enfants ) Français : Sylvie Berti Rossi, Génia Catala, Hélène Camilleri

TRADUCTION Génia Catala, Sylvie Galland, Jean-Pierre Le Grand

Terre et des agriculteurs. Elle est l’auteur de plus de vingt livres, est un des leaders du Forum International sur la Mondialisation et défend les pratiques traditionnelles de l’agriculture durable, la biodiversité et les savoirs indigènes. Elle a créé la Fondation de la recherche pour la science,

GRAPHISME

les technologies et les ressources naturelles, dont est

Hélène Camilleri, Sylvie Berti Rossi

issue l’ONG altermondialiste indienne Navdanya. Son

COUVERTURE Uma Maheswari

PHOTOGRAPHIES Slava Bowman, Michael Podger, Samuel Zeller, Sagar Dani, Gabby Orcutt, Papaioannou Kostas, Julien Laurent, Matthieu A, Gaelle Marcel, Andrew Deslauriers, Josh Bulriss, Kris Chin, Romello Williams, Caroline Attwood, Félicie Toczé

travail incessant et inspirant de plus de 50 ans a été récompensé par de nombreuses distinctions.

Josh Bulriss Le désir fervent et passionné de capter l’essence d’une culture a poussé ce photographe new-yorkais

ILLUSTRATIONS

à parcourir le monde. Il lui

Sylvaine Jenny

tient à cœur d’élargir notre

CONTRIBUTIONS Vandana Shiva, Barbara Sonvilla, Jean Staune, Upama Rajasekhar, Purnima Ramakrishnan, Rosalind Pearmain,

conscience à la beauté que cette terre offre jour après jour et il nous invite à plon-

Nitin Govila, Victor Kannan, Dr Partha Nandi, Srimathi Rathod,

ger dans ses images pour y

Kamlesh Patel, Josh Bulriss, Patrick Fleury, Alanda Greene,

rencontrer l’ âme de ses sujets.

Félicie Toczé, Yves Benhamou

La paix intérieure traverse toute son œuvre, et Josh n’a qu’un mantra : le monde est mon studio.

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à ce numéro Jean Staune Expert en sociologie, en économie, en management, en philosophie et en sciences,

ENVOI DES CONTRIBUTIONS

Jean Staune est un intellectuel

Correspondance avec la rédaction et ligne rédactionnelle

atypique. Ancien collabora-

magazine@unimeo.com

teur scientifique de l’École

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Polytechnique de Lausanne,

magazine@unimeo.com

aujourd'hui chargé de cours à HEC, il est également

ABONNEMENTS

secrétaire général de l’Univer-

www.unimeo.com

sité Interdisciplinaire de Paris. IMPRESSION

Ses compétences pluridisciplinaires lui ont permis de développer une approche inédite pour appréhender l’extraordinaire mutation que connaît

Aumüller Druck GmbH & Co. KG, Weidener Straße 2 D-93057 Regensburg

notre époque. Il livre ses réflexions et sa vision du

PUBLICATION

monde de demain dans deux de ses principaux

Unimeo, 1185 Chemin des Campelières

ouvrages Les clés du futur et Notre existence a-t-elle

06250 Mougins FRANCE

un sens ? Droits d’impression, publication, distribution, vente, sponsoring et perception des recettes réservés à l’éditeur.

Rosalind Pearmain Rosalind vit à Abingdon, près d’Oxford,

2017 © Tous droits réservés à Unimeo

ISSN : 2491-2255 N° CPPAP : 0419 K 93360

au Royaume-Uni. Elle a travaillé

Les termes « Heartfulness, Relaxation Heartfulness, Sahaj Marg

au cours de sa carrière avec

Spirituality Foundation, SMSF », le logo « Learn to Meditate » et

des groupes de tous âges

le logo  « Heartfulness » sont des marques déposées par la Sahaj

et s’est toujours intéressée

Marg Spirituality Foundation. Aucune partie de ce magazine

à la façon dont nous

ne peut être reproduite sous quelque forme ou moyen que

pouvons changer et nous transformer. Depuis

ce soit sans autorisation écrite préalable. Le nom de domaine www.heartfulness.org est également la propriété de la Sahaj Marg Spirituality Foundation.

quelques années elle

Les opinions exprimées dans les articles de ce magazine

enseigne la psychothérapie

ne reflètent pas toujours celles de la rédaction, de l’Institut

et la recherche qualitative. Elle

Heartfulness ou de la Sahaj Marg Spirituality Foundation.

est formatrice Heartfulness depuis les années soixante-dix.

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entretien

TOUT EST conneCTE Kim Hughes est en conversation avec VANDANA SHIVA

Je crois que nous sommes humains dans la mesure où nous donnons sa place à la vie non humaine et reconnaissons à quel point nous dépendons d’elle.

Q

Vandana Shiva, vous avez travaillé sans relâche pendant des années pour susciter des prises de conscience et des changements dans le domaine de l’agriculture durable et de la biodiversité, en Inde et dans le monde entier. Avons-nous progressé ? Quelles sont les réalisations dont vous êtes le plus satisfaite à ce jour ?

VS Une chose est certaine : le caractère sacré de la Terre et l’inviolabilité des droits de tous les êtres sont de mieux en mieux reconnus. C’est ce qui m’a encouragée à consacrer ma vie au service de la Terre et à la défense des droits des gens qui en dépendent. Quant aux réalisations gratifiantes, il y a celle de sauver la vallée où nous nous trouvons, qui est mon

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lieu de naissance. Je suis revenue ici 1 parce que le ministère m’a demandé d’étudier les possibilités de développer l’exploitation minière dans la région, et notre étude a mis fin à l’exploitation en cours. C’est la première fois en Inde que la Cour Suprême ordonne la suppression d’une activité commerciale qui détruit l’écosystème dont des gens dépendent pour vivre. Le travail que j’ai commencé pour sauvegarder les semences a été satisfaisant en soi, mais il l’a été aussi parce que les semences nous transmettent tant de choses : elles nous apprennent que les ressources sont renouvelables, elles nous enseignent la générosité, la diversité. C’est tout cela qui a guidé mon action. Les réussites dans le domaine légal nous ont aussi donné de nombreuses satisfactions. Après que j’ai


pris conscience que les semences étaient menacées et commencé à les sauvegarder, j’ai travaillé sur le plan juridique avec le gouvernement et le Parlement pour édicter des lois qui protègent l’intégrité des semences (article 3J de notre loi sur les brevets). On m’a également demandé de participer à l’élaboration du Plant Variety and Farmers’ Rights Act, pour que les droits des agriculteurs soient écrits noir sur blanc, ainsi qu’à celle du Biodiversity Act qui fait de la protection de la biodiversité une obligation.

Nous avons aussi initié des projets qui font maintenant partie de la politique gouvernementale, tel le Community Biodiversity Register où est répertorié tout ce qui existe. Je peux aller dans le coin le plus perdu du pays et y trouver des gens qui recueillent les connaissances indigènes. Et puis il y a eu nos victoires juridiques contre les géants, notre combat contre le brevetage du neem, par exemple. Nous nous sommes battus onze ans, et nous avons gagné. Une compagnie du Texas avait

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un brevet sur le riz basmati de Dehra Dun, et nous l’avons fait annuler. Monsanto avait un brevet sur le blé d’Inde, et eux aussi ont dû y renoncer. Nous étions en passe d’entrer dans une nouvelle ère de colonialisme où, au lieu de mettre la main sur des territoires en déclarant « c’est à nous », ils s’appropriaient la vie, la biodiversité et les savoirs indigènes en disant « c’est nous qui les avons inventés ». Je pense que nous avons mis un frein à cette épidémie de biopiraterie. Elle sévit encore, mais elle aurait été la norme si nous ne l’avions pas stoppée. C’est maintenant l’exception. Après avoir étudié ce qui s’était passé pendant la révolution verte – les violences au Pendjab, la tragédie de Bhopal – nous avons pu montrer que nous sommes à même de produire davantage de nourriture tout en protégeant la Terre. L’agriculture écologique est capable de nourrir deux Indes. Et

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nos agriculteurs gagnent dix fois plus en n’ayant pas recours aux poisons. Ainsi ces projets ont tous été profondément inspirés par le respect de l’intégrité de la Terre. De plus ils ont permis de battre en brèche les hypothèses les plus nuisibles et dévastatrices de l’agriculture industrielle et la cupidité associée à la mondialisation industrielle.

Q

Merci, Vandana Shiva. Vous êtes très modeste, vous n’avez pas mentionné votre influence au niveau international. Je sais que vous vous rendez souvent à Genève, et que vous travaillez actuellement sur l’écocide et les droits de la planète Terre. Cela nous amène à la question suivante : quels sont les problèmes écologiques les plus urgents aujourd’hui ? Quelles sont les


entretien

quelques actions concrètes que nous pouvons tous faire pour améliorer la situation ?

tant de notre temps est de mettre fin à l’illusion

la planète est due à l’agriculture industrielle et à un système alimentaire mondialisé, et 75% des maladies sont liées à ce système alimentaire. Il nous faut donc changer notre façon de nous nourrir, en étant conscients du fait que nous sommes

que nous sommes séparés de la Nature, que nous sommes les maîtres de la Terre et que nous pouvons manipuler la Terre et les autres êtres à notre guise. Car ce que nous faisons subir à d’autres créatures, quelques humains puissants et privilégiés le font subir à d’autres êtres humains. Nous avons provoqué l’extinction d’autres espèces à un rythme mille fois plus rapide que la normale. Mais nous faisons aussi beaucoup de choses qui provoquent l’extinction de l’espèce humaine, entre autres par les désastres écologiques que nous avons

ce que nous mangeons – ce n’est pas quelque chose de séparé, ce n’est pas une marchandise, ce n’est pas du carburant pour notre corps comme s’il était une machine. Nous sommes des temples vivants, sacrés, et la nourriture est elle-même un don sacré. Nous devons rétablir ce caractère sacré. Notre ancien précepte, anna Brahma, signifie « la nourriture est le créateur ». Le créateur est incarné dans la nourriture. Donc, par le simple acte de manger, nous pouvons commencer à protéger la planète, à inverser le changement climatique, à inverser l’extinction des espèces,

déclenchés. Mais ce n’est pas inévitable. À l’inverse, nous pourrions commencer à fonctionner dans l’idée que nous sommes des membres de la famille Terre. Nous ne sommes pas extérieurs à la Terre, nous en faisons partie, et toute violence envers n’importe quel fil du réseau de la vie est une violence envers nous-mêmes. Ce réveil nous aiderait à reconnaître les limites que nous devons respecter plutôt que de courir après l’illusion d’une croissance illimitée. En consommant moins cela nous amènerait à créer un monde meilleur pour nous et les autres, car ce n’est pas en abusant de la Terre que nous vivrons mieux. La première chose que chacun peut faire est de changer sa façon de manger. Manger correctement est un pas important. Nous mangeons aujourd’hui une nourriture produite par l’agriculture industrielle. Elle n’a pas de valeur nutritive, elle est toxique, uniformisée, et ne répond pas aux besoins de la planète, ni aux nôtres. 75% de la destruction écologique de

nous pouvons résoudre le problème de l’eau, inverser la désertification et améliorer notre santé. Il serait bien stupide de ne pas faire ce petit pas.

VS Je crois que l’impératif écologique le plus impor-

Q

L’Inde est un pays qui émerge rapidement, avec une population jeune. Comment la jeunesse peut-elle participer à un nouveau paradigme pour avoir un espoir, un avenir ?

VS

D’abord nous n’émergeons de rien du tout ! Nous sommes une ancienne nation, et ce mot nous a été attribué par l’économie mondialisée, qui nous a traités comme un marché émergeant pour son profit. Une civilisation vieille de 10'000 ans n’émerge pas, elle évolue. Elle évolue vers le prochain pas. Or le prochain pas pourrait être une mauvaise photocopie du catastrophique paradigme occidental, fait de consumérisme, d’exploitation des ressources,

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entretien

de compétition et d’insatisfaction. Un paradigme qui est conçu pour détruire le travail. La jeunesse n’a aucune place dans ce paradigme parce qu’il ne crée pas de travail. Comment garantir un avenir aux jeunes en Inde ?

ne découle pas de la violence, ni de l’exploitation dont nous sommes capables. Ce n’est pas ça, être humain. Être humain signifie faire partie de la Terre, avoir de la compassion, répandre l’amour. Mon plus grand rêve est de continuer à faire ce que

Je pense qu’il faut tout d’abord qu’ils apprennent les profonds principes de notre civilisation, qui est une civilisation écologique. Qu’ils apprennent de gens comme Gandhi la dignité du travail. Lui qui voyait le filage à la main comme un chemin vers la liberté, qui valait mille fois mieux que la condition de serf dans une gigantesque filature ou une manufacture de vêtements. Il considérait que monter d’un échelon dans l’esclavage n’était pas un progrès, que la libération consistait à sortir d’un système d’esclavage. Nous devons nous réapproprier l’enseignement de Bouddha, qui est aussi né dans ce pays, l’enseignement de la compassion. Le modèle économique actuel nous incite à être cruels et brutaux. Et l’Inde vit cette brutalité, que ce soit dans la violence envers les femmes, le viol de bébés de deux ans ou le meurtre à l’école d’enfants de sept ans. Ce n’est pas l’Inde que je connais. C’est une Inde dénaturée. Elle gâche trop de vies. Il nous faut reconquérir l’Inde. Une Inde où la jeunesse aura sa place.

je fais depuis plus de 50 ans, mais aussi de répondre aux nouveaux défis. Un brillant scientifique comme Stephen Hawking a dit que dans 100 ans ou bien nous aurons disparu, ou bien nous nous serons échappés vers d’autres planètes. Voilà ce que je lui réponds : « Vous les types de l’Occident, vous les Blancs, les hommes puissants, vous vous êtes échappés trop de fois, et vous avez piétiné trop de choses. » Il est irresponsable de détruire cette Terre, d’être violent envers la Terre Mère, et d’entretenir cet orgueil démesuré en voulant coloniser d’autres planètes, en appelant ça civilisation planétaire ! Je dirais plutôt qu’il s’agit de la fiction et de l’illusion d’un impérialisme planétaire. Ce dont nous avons besoin, c’est de connaître les limites qui nous guident sur cette planète et de respecter les frontières planétaires. C’est ainsi que l’on devient plus humain. Plus nous vivrons en respectant les limites de la Terre, les limites posées par la justice sociale, par le respect de tous, plus profonde sera notre humanité. Notre civilisation a connu cet état dans le passé mais elle l’a oublié, et maintenant elle s’en souvient et rejoint d’autres civilisations, y compris celles qui l’ont oublié depuis plus longtemps encore. Nous sommes tous en recherche. Il ne s’agit pas seulement de se demander comment avoir un avenir en tant qu’espèce humaine ; il faut comprendre que notre survie dépend de la reconnaissance que toutes les autres espèces doivent elles aussi avoir un avenir,

Q

Quelle est votre vision de l’humanité ? Vers quoi allons-nous ? Comment y parviendrons-nous ?

VS

Je crois que nous sommes humains dans la mesure où nous donnons sa place à la vie non humaine et reconnaissons à quel point nous dépendons d’elle. Notre humanité ne résulte pas de la séparation. Elle

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grâce à la méditation. Après avoir passé ce dernier mois dans votre ferme, j’ai compris qu’il y a deux voies, car il y a tant de choses que nous avons encore besoin de développer pour vivre en communauté, produire de la nourriture et retrouver notre connexion avec la Terre. Qu’en pensez-vous ? Eh bien nous méditons ici, mais pas tout le temps. Je pense que le matérialisme crasse engendré par la cupidité a provoqué une réaction : la spiritualité a été définie comme n’étant que la vie intérieure. Mais le principe de base de la spiritualité est de reconnaître l’interconnexion – qu’il n’y a pas de séparation entre l’intérieur et l’extérieur. Toute violence exercée contre la Terre provient d’une dégradation de notre être spirituel. Tout aspect de notre être spirituel qui devient plus conscient nous empêche de nuire aux autres. De même qu’il n’y a pas de séparation entre les humains et la Terre, il n’y a pas de séparation entre la vie spirituelle et la vie matérielle. Toute vie est sacrée. Et on le vivra vraiment quand la spiritualité sera reconquise. et que nous n’avons pas le droit de les exterminer ni de les acculer à l’extinction. Il nous faut passer de l’orgueil démesuré à l’humilité. De l’étroitesse d’un mental mécaniste, de la monoculture de l’esprit, à l’écologie de l’esprit, d’un esprit qui fait partie du tout.

Q

La spiritualité a-t-elle un rôle à jouer dans ce paradigme de changement ? Certains pensent qu’on ne peut changer le monde qu’en se changeant soi-même – tout doit venir de l’intérieur,

Navdanya Biodiversity Farm, Shisham Bara, Uttarakhand, Inde

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Pour en savoir plus sur Vandana Shiva vandanashiva.com

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La connaissance dans l'inconnaissance Mystiques chrétiens et réflexions sur la connaissance

1 2 3 Nous poursuivons avec BARBARA SONVILLA l'exploration de quelques pensées clés sur la connaissance et l'ignorance dans les œuvres de trois grands mystiques chrétiens occidentaux. Après Maître Eckhart, nous découvrons aujourd'hui deux autres figures historiques importantes, Nicolas de Cues et Thérèse d'Avila.

N

icolas de Cues (1401-1464), également appelé le Cusain du fait de son lieu de naissance, Cues, sur la Moselle, fut une personnalité ecclésiastique et politique dont l’influence fut très importante dans l’Europe du début de la Renaissance, et un partisan enthousiaste de l’humanisme. Comme ses écrits abondants le manifestent, il fut à la fois un éminent mathématicien, un mystique et un philosophe. Il est l’auteur de cette remarquable métaphore de la Création, brillante dans sa simplicité : « enveloppée en Dieu, et Dieu révélé en elle ».

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Penseur original, il se positionna, du fait de plusieurs de ses théories, en opposition avec la vision cosmologique de son temps. Le système qu’il développa annonce sur plusieurs points la modernité la plus avancée. Cent cinquante ans avant Galilée, il mit en question le géocentrisme en écrivant que « la terre […], qui ne peut être le centre, n’est pas toutefois dépourvue de tout mouvement. En vérité, il est même nécessaire qu’elle soit mue. » Il soutint également l’idée d’un univers infini, hypothèse que la science moderne adoptera.


mysticisme

L'humanité découvrira qu'il y a plusieurs croyances différentes, mais une seule et même foi partout proposée... Il ne peut y avoir qu'une seule sagesse.

Dans une période particulièrement troublée de l’Europe, il défendit sans relâche la tolérance et le dialogue interreligieux. Durant toute sa vie, le Cusain fut préoccupé par un problème qui apparaît dans toutes ses œuvres : comment pouvons-nous, en tant qu’êtres créés finis, concevoir un Dieu infini et transcendant ? C’est vers 1440 que Nicolas de Cues écrivit son œuvre intitulée De docta ignorantia, dans laquelle il définit Dieu comme « l’unité infinie » (unitas infinita). Confronté à l’infinité de Dieu, qu’il appelle « l’absolu maximum », il s’engage dans une réflexion autour de l'idée de la connaissance dans l’ignorance – l’important n’étant pas de savoir, mais de savoir qu’on ne sait pas. « En effet, il n’y a pas de plus grande connaissance pour tout homme, même le plus studieux, que de se découvrir suprêmement savant dans son ignorance ;

une ignorance qui lui est propre. Et plus il se reconnaîtra ignorant, plus il sera savant. » Selon Nicolas de Cues, cette docta ignorantia est une ignorance acquise et qui distingue son possesseur de ceux qui ne sont pas instruits. C’est une ignorance qui fait accéder son possesseur à la sagesse. Ce qui est si nouveau chez le Cusain, et toujours frappant après des siècles écoulés, c’est qu’il développe une méthode valable pour approcher la connaissance des choses finies et de celle du monde. Comme il fait partie d’un monde fini, l’homme ne peut penser l’infini ; il est même limité dans sa pensée de la finitude, dans sa pensée du monde. Tout ce qu’il sait est soumis à cette limitation – donc savoir est avant tout connaître la limitation. Mais l’effort de la connaissance ne se réduit pas à cela.

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S’élever à la simplicité où les opposés coïncident Selon Nicolas de Cues, il y a deux types d’ignorance : l’ignorance ignorante, qui n’est même pas consciente qu’elle ne connaît pas, et la docte ignorance, qui sait ce qu’elle ne connaît pas. Devant l’infini, aucune arrogance n’est possible, il n’y a que l’humilité, et le besoin de l’intellect de s’élever vers « la simplicité où les opposés coïncident ». « La sagesse ne se trouve pas dans l’art de l’oraison, ni dans les grands livres, mais dans le fait de se retirer des choses sensibles et de se tourner vers les formes les plus simples et infinies. Vous apprendrez à la recevoir dans un temple purgé de tout vice, et, par un amour fervent, à vous accrocher à elle jusqu’à ce que vous puissiez la goûter et découvrir à quel point Cela est doux qui est toute douceur. Une fois que vous y aurez goûté, tout ce que vous considérez comme important vous semblera exécrable et vous serez à tel point conduit à l’humilié qu’aucune arrogance ou autre vice ne demeurera en vous. Une fois que vous aurez goûté cette sagesse, vous y adhérerez de manière inséparable avec un cœur chaste et pur. Vous choisirez plutôt d’abandonner ce monde et tout ce qui n’est pas de cette sagesse et, vivant dans un bonheur indescriptible, vous mourrez. » De docta ignorantia.

Qui persiste à voir ta face à travers le concept est loin d’elle. Car tout concept est en-deçà de ta face, Seigneur. […] On ne peut la voir sans voile à moins qu’en dépassant toutes les faces on n’entre dans un secret et profond silence où ne demeure nulle trace du savoir ni du concept de « face » ; dans cette obscurité, ce brouillard, ces ténèbres, ou encore cette ignorance, où entre celui qui cherche ta face quand il dépasse tout savoir et tout concept ! C’est en-deçà que ta face ne se trouve que voilée ! C’est cette obscurité qui révèle que ta face est là, au-dessus de tous ces voiles. De visione Dei

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mysticisme

1 2 3 Sainte Thérèse d'Avila et le chemin de perfection

T

hérèse d'Avila (1515-1582) fut une grande mystique et l’auteur de classiques spirituels. À l’origine de la réforme de l’Ordre du Carmel, dans le but de restaurer et d’accentuer l’austérité et la simplicité de la vie contemplative, elle fonda seize couvents à travers l’Espagne. Première femme à recevoir cet honneur, elle fut élevée au rang de docteur de l’Église par le pape Paul VI, en 1970. Thérèse d’Avila est surtout connue pour son œuvre sur l’oraison chrétienne, Le chemin de perfection (1566). Cet ouvrage, qu’elle avait d’abord appelé « Le livre de la vie », est conçu comme un guide personnel de prière intérieure pour ses sœurs du couvent. « Il est bien regrettable et bien honteux que, par notre faute, nous ne nous comprenions pas nousmêmes, et ne sachions pas qui nous sommes. Celui à qui on demanderait, mes filles, qui il est, et qui ne pourrait pas le dire, qui ne saurait pas qui fut son père,

ni sa mère, ni de quel pays il vient, ne ferait-il pas preuve d’une grande ignorance ? Cela témoignerait d’une profonde bêtise, mais la nôtre est incomparablement plus grande si nous ne cherchons pas à découvrir ce que nous sommes, si nous nous bornons à notre corps et ne savons que vaguement que nous avons une âme, parce que nous en avons entendu parler et que la foi nous le dit. Mais quelles sont les qualités de cette âme, ou qui demeure en elle, ou quelle est sa valeur – ce sont des choses auxquelles nous ne songeons que rarement ; c’est pourquoi on prend si peu soin de conserver la beauté de l’âme. Nous nous intéressons avant tout à la grossière sertissure du diamant, à l’enceinte de ce château, c’est-à-dire notre corps. » Première demeure, chambre 1 Le dernier livre de Thérèse d’Avila et son chefd’œuvre, Le château intérieur (1577), fut écrit à la demande de Jérôme Gratien, l’un de ses plus chers

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mysticisme

Ce qui est extraordinaire à propos de ce château où Dieu vit, c’est qu'il est à l'intérieur de nous. Le voyage vers l'union avec le Bien-aimé est un retour à la maison au centre de nous-mêmes.

amis et un guide spirituel très aimé. Thérèse développe l’image d’un « magnifique château à l’intérieur de notre âme, au centre duquel le Bien-aimé lui-même habite ». Elle décrit le voyage de l’âme vers Dieu, en prenant la métaphore d’un château intérieur en diamant, divisé en sept demeures, chacune comprenant de nombreuses chambres.

Le silence augmente à mesure que la prière mûrit Le portail du château est la prière. La progression de l’âme implique un combat sans fin contre toutes sortes d’obstacles, contre les désirs matériels et les fragilités humaines, qui se tiennent tous aux abords du château, empêchant l’âme de pénétrer à l’intérieur. Les sens et les facultés mentales, intermédiaires entre l’âme et la réalité extérieure, la mettent souvent en danger, car ils sont immergés dans le monde, ses plaisirs et ses vanités. Mais ces facultés peuvent aussi représenter les gardiens du château et offrir une protection à l’âme. En effet, il est naturel que l’on rechute, mais

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l’effet sur l’âme de ce retour en arrière varie selon son intensité, tout comme une substance peut être un remède ou du poison selon sa concentration. Une dose trop forte de rechutes peut détruire l’âme, mais une petite quantité peut la renforcer, en lui montrant sa vulnérabilité. Au moyen de métaphores tirées de la vie quotidienne, Thérèse d’Avila rend son enseignement vivant et accessible : « De même que nous ne pouvons arrêter les mouvements si rapides dans le firmament, nous ne parvenons pas à maîtriser notre pensée. Nous y consacrons alors toutes les facultés de notre âme, et nous nous croyons perdues, pensant que nous avons mal utilisé le temps passé en présence de Dieu. Pourtant, notre âme est peut-être totalement unie à Lui dans les demeures proches de Sa présence, pendant que nos pensées restent aux portes du Château et que nous acquérons du mérite en subissant les assauts de mille créatures sauvages et venimeuses. Nous ne devons donc pas nous laisser troubler, et abandonner le combat… » Quatrième demeure, chambre 1


Au cours de la progression de l’âme, la prière évolue également par degrés. Le silence s’accroît à mesure que la prière mûrit. L’auteur et traducteur Mirabai Starr fait ce commentaire dans son introduction : « Ce qui est extraordinaire à propos de ce château où Dieu vit, c’est qu’il est à l'intérieur de nous. Le voyage vers l’union avec le Bien-aimé est un retour à la maison au centre de nous-mêmes. [...] L’âme humaine est si glorieuse que Dieu lui-même choisit d’en faire sa demeure. Le chemin vers Dieu est donc un voyage à la découverte de soi. Thérèse conduit ses lecteurs le long de ce périple intime, les faisant passer d’une demeure à l’autre dans le Château intérieur, pour parvenir finalement à l’union avec le Bien-aimé dans la septième demeure, « Sa propre demeure » dans l’âme humaine. Car, ainsi que l’écrit Thérèse, « tout comme Sa Majesté possède sa propre chambre dans le ciel, Il a dans l’âme une place particulière, habitée par Lui seul. Appelons-la un autre paradis. » En découvrant cette septième demeure, l’âme devient totalement consciente de la présence de Dieu en elle : « L’âme s’émerveille chaque jour davantage en découvrant que ces personnes divines ne la quittent plus. Grâce à cette sublime connaissance, elle voit clairement qu’elles sont constamment avec elle. Elle perçoit leur présence sacrée dans son for intérieur, au plus profond d’elle-même. Mais elle n’a pas acquis le langage qui lui permettrait d’expliquer cette connaissance. » La connaissance, selon la grande sainte, vient pas à pas. A mesure que nous progressons, notre connaissance se transforme. La prière intérieure, tout comme la pratique de la méditation, est un processus où l’on attend avec patience la révélation d’une connaissance plus profonde. Mais la connaissance

elle aussi est finalement transcendée, et l’âme est heureuse dans l'état d’« oraison silencieuse », auquel on ne peut accéder par l’effort mais par un humble abandon dans les mains de Dieu et par l’absorption dans sa présence.

Les grands mystiques chrétiens du passé comblent l’écart entre les spiritualités occidentale et indienne. Il semble qu’un fil secret et sacré ait toujours relié les mystiques, quelle que soit leur origine et leur culture. Ram Chandra de Shahjahanpur, un grand mystique indien du 20e siècle, écrivait : « Si l’ignorance n'était pas là, la connaissance ne serait pas là non plus. Seule l’ignorance nous permet d’atteindre la connaissance. C’est pourquoi je dis avec un certain humour que l’ignorance est la connaissance, au vrai sens du terme. Tout au fond de l’ignorance, nous saisissons peu à peu la nature des choses, et la conscience de n’avoir aucune connaissance nous pousse à aller plus loin. »

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L’humanité n’a pas tissé la toile de la vie. Nous n’en sommes qu’un fil. Tout ce que nous faisons à la toile, c’est à nous-mêmes que nous le faisons. Toutes choses sont liées. Tout est connecté.

CHEF SEATTLE

PHOTOGRAPHIE MICHAEL PODGER

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Le réenchantement du

Monde Une clé pour notre survie

Essayiste, chercheur indépendant ouvertement chrétien, JEAN STAUNE nous livre ici ses réflexions sur l’avenir de l’homme. Tout en rappelant les dérives d’une recherche scientifique en perte d’éthique, il évoque d’autres pistes de la recherche qui viennent appuyer les conceptions non matérialistes du monde et de l’homme, et rejoignent les intuitions des grandes traditions spirituelles.


focus penser le futur

L'homme, un garçon de courses au service des robots ?

de la bioéthique. Il est déjà possible de breveter un mammifère (une souris) et l’Institut américain de la santé vient de déposer une demande de brevet pour

On parle souvent des conditions de notre survie, mais pourquoi l’homme devrait-il survivre ? Au premier abord la réponse paraît évidente, mais il semble bien que nous nous fassions des illusions sur notre importance. Pourquoi respecter l’homme s’il n’est qu’un ensemble de molécules ? Si sa créativité, son intelligence ne sont que des calculs, certes très complexes, effectués dans le gigantesque ordinateur qu’est son cerveau, demain des ordinateurs encore plus complexes (et qui eux ne dorment pas) rendront obsolète l’ensemble de ses performances intellectuelles, scientifiques, et même artistiques. Non seulement des auteurs de science fiction, mais aussi des scientifiques de renom, (dont le biologiste Richard Dawkins ou l’informaticien Hans Moravec) affirment qu’après « l’ère biologique », le monde connaîtra une « ère informatique » où la vie et l’intelligence seront représentées essentiellement par des machines se reproduisant elles-mêmes. Nous, nous ne serons plus que les « garçons de courses des robots du futur » (R. de Gopegui) ou leurs « animaux de compagnie » (M. Minski). Un pareil avenir mérite-t-il tout le mal que se donnent les hommes de bonne volonté pour éviter la destruction généralisée ? Cela nous amène à une considération fondamentale - généralement absente dans tous ces débats des futurologues - le fait que la question de notre survie soit intimement liée au débat sur la nature de l’homme et sur la nature du monde qui l’entoure. Cette question se cristallise tout particulièrement dans le domaine

des centaines de gènes humains, sous le seul prétexte que cet Institut avait été le premier à les décoder ! Il n’y a pas de raison de s’arrêter là. Si « la vie est un matériau qui se gère » (P. Simon), aucune barrière solide ne se dressera face aux enjeux commerciaux et à l’envie de réaliser des « premières ». Nous sommes directement concernés car nous retrouvons la question : au nom de quoi allons-nous nous interdire de modifier l’homme ? Des biologistes comme Jacques Testard, ou des juristes comme Bernard Edelman, dénoncent avec vigueur et brio les dangers de progrès nous rapprochant du Meilleur des mondes de Huxley. Mais si les arguments sont nombreux pour dénoncer les risques d’une telle dérive, il en existe très peu pour expliquer pourquoi il faut l’éviter. Le sénateur Cailhavet, lui, n’hésite pas, en affirmant « qu’on ne peut empêcher les savants d’effectuer des expériences, toutes les expériences, y compris celles qui semblent les plus aberrantes, voire les plus monstrueuses ». Cela revient à dire qu’il n’existe pas de règles éthiques qui puissent nous en empêcher.

Une éthique de derrière les fagots ? A la fin de son célèbre ouvrage, qui fut l’un des piliers du « désenchantement du monde », Jacques Monod sort, tel un prestidigitateur de son chapeau, « les bases d’un humanisme socialiste réellement

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Constatant qu’aucune religion n’avait échappé à l’intolérance, au fanatisme ou à l’obscurantisme, de nombreux penseurs se sont efforcés, depuis le 18e siècle, d’établir les bases d’une morale débarrassée de tout présupposé métaphysique.

scientifique ». Même les lecteurs acquis à ses thèses ne peuvent manquer d’être frappés par le décalage entre ses préoccupations éthiques, qui l’honorent, et la vision scientifique du monde qu’il a développée auparavant. Ce problème est vieux de trois siècles. Constatant qu’aucune religion n’avait échappé à l’intolérance, au fanatisme ou à l’obscurantisme, de nombreux penseurs se sont efforcés, depuis le 18e siècle, d’établir les bases d’une morale débarrassée de tout présupposé métaphysique. Jean Rostand, qui y avait participé, reconnaissait que les résultats n’étaient guère convaincants. Tous ces fondements souffrent du même défaut logique : si l’homme n’est qu’un ensemble de molécules, et si l’univers est dépourvu de signification, alors, comme le dit R. de Gopegui, « on n’est pas bon ou méchant, intelligent ou sot, etc… mais bien ou mal programmé ». J.-F. Lambert précise : « Il s’ensuit que nous n’avons aucune responsabilité vis-à-vis de nous-même ni vis-à-vis d’autrui. L’éthique est inutile. S’il n’y a pas de sujet il n’y a pas

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d’humanisme ; et s’il n’y a pas de sens il n’y a pas de sujet. La dignité de la personne humaine apparaît non négociable seulement si elle est inhérente à sa nature et ne se réduit pas à la physiologie. L’humanisme scientiste ne peut proposer qu’une éthique « réduite aux acquêts », livrée aux caprices des plus malins ou des plus cyniques. » Il s’agit là d’un point crucial : la disparition du principe de responsabilité entraîne celle des notions de bien et de mal, et fait s’évaporer ces fondements de l’éthique que nous recherchons. André Comte-Sponville affirme que « désormais nous savons que la vérité ne nous aime pas mais que nous devons aimer la vérité » et voit dans cet amour désintéressé de la vérité et de la justice le fondement en question. Toutefois, un sociobiologiste tel E. O. Wilson expliquera que l’homme n’est qu’un ensemble de gènes sélectionnés parce qu’ils favorisaient la survie de l’organisme qui les portait et que, si l’amour maternel (le sacrifice de la mère pour assurer la survie de ses enfants, par exemple) est un comportement qui favorise la survie des gènes le provoquant et a donc pu être sélectionné au cours de l’évolution, l’amour de la justice et de la vérité est en général un sérieux handicap pour ses possesseurs ! Il n’y a donc aucun fondement logique pour un tel amour dans la nature telle que nous la connaissons (ou plutôt telle que Wilson la connaît). Il n’y en a pas non plus pour les notions de vérité et de justice. Le lion qui tue l’antilope et l’homme qui dévalise une banque obéissent au même besoin vital : survivre. Pourquoi un comportement serait-il juste et l’autre, injuste ? Dans le débat opposant ceux qui cherchent à bâtir une éthique solide débarrassée


de présupposés métaphysiques et propre à assurer notre survie et notre dignité, et ceux qui affirment qu’une telle éthique est impossible, notre sympathie va instinctivement aux premiers. Mais l’instinct est une chose et la logique, une autre. Or les deux groupes partagent la même vision du monde. Si cette vision est exacte, alors ce sont Cailhavet, Gopegui et Wilson qui ont raison - l'éthique n'est pas nécessaire. C’est peut-être désolant, mais la logique n’a rien à faire de notre désolation.

Les choses qui sont cachées derrière les choses Dans notre société, c’est la science, et non plus la religion ou la philosophie, qui détermine notre vision

du monde. L’énorme progrès des connaissances, l’amélioration de nos conditions de vie, tout nous incite, consciemment ou pas, à recevoir son message. Or, comme nous l’avons dit, ce message a été associé à un désenchantement du monde. Le philosophe Gilbert Hottois faisait déjà remarquer que l’homme antique avait, de par son contact avec la nature, le sens d’un certain mystère du monde qui s’est perdu de nos jours, où nous vivons entourés de télévisions, de machines à laver et autres artefacts. Développant ce thème, des scientifiques comme des philosophes ont affirmé que « faire de la science suppose qu’il n’y a pas de mystère dans l’Univers ». Certes, en pratique, il y a des mystères et il y en aura toujours. Mais en principe, il n’y a rien qu’il ne soit impossible de découvrir. Il s’agit là d’un postulat

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Les extraordinaires progrès accomplis dans la compréhension du fonctionnement du cerveau n’ont nullement permis de mieux connaître la nature de la conscience, ni d’expliquer l’unicité de notre « soi ».

de base qui a mené au développement de la science occidentale. Deux autres postulats lui furent associés : le déterminisme qui assimile l’Univers à une grande mécanique, et le réductionnisme, méthode d’analyse remontant à Descartes, qui considère que le tout n’est rien d’autre que la somme des parties. Ainsi, la voiture est un ensemble de pièces, une pièce, un ensemble d’alliages, un alliage, un ensemble de molécules, une molécule, un ensemble d’atomes, etc. L’homme est donc un ensemble d’atomes et la nature, une somme de matières premières… Ces principes, très performants à court terme et qui facilitèrent bien des progrès, nous ont privés à long terme de toute vision globale du monde. Aujourd’hui l’homme se retrouve dans un univers vide de signification où il serait apparu et aurait évolué par hasard, où sa conscience serait sécrétée par le cerveau comme le foie sécrète la bile, et où la réalité ultime se réduirait à des petits grains de matière.

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Mais voici qu’il se passe quelque chose d’extraordinaire. Voici que de l’infiniment petit à l’infiniment grand, des sciences de la vie aux sciences de la matière, des concepts nouveaux surgissent - bien qu’ils rappellent parfois des idées anciennes. Ainsi, ces petites billes de matière, qui devaient être le fondement de la réalité, se sont dématérialisées. La physique quantique nous apprend que les particules sont aussi des ondes, que leur nature est modifiée par l’observation (disparaît ainsi le dogme de la neutralité de l’observateur), que le déterminisme est battu en brèche, et qu’il existe au niveau microscopique un phénomène étrange, la « non séparabilité » : lorsque deux particules ont été en contact, elles restent reliées par un lien non énergétique. Alors que tout ce que nous connaissions jusqu’ici (objets, hommes, ondes radio…) était composé d’énergie (car la matière n’est rien d’autre qu’une quantité d’énergie, selon la célèbre formule d’Einstein E = MC2). Ainsi notre réalité n’est pas la seule, elle semble greffée sur un autre niveau de réalité. Selon les derniers progrès de l’astrophysique, non seulement la théorie du Big Bang (récemment renforcée par les découvertes du satellite COBE) pose la question des origines de notre univers, question qui ne se posait pas dans le modèle précédent - l’univers stationnaire de Laplace - mais on s’est aperçu que, parmi les milliards d’univers qui peuvent être créés en faisant varier les constantes fondamentales qui déterminent leurs caractéristiques, un seul (le nôtre !) était apte à accueillir la vie. Ce « réglage » fait dire à des astrophysiciens comme Freeman Dyson : « D’une façon ou d’une autre l’Univers savait que nous allions


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venir », ou Trinh Xuan Thuan : « La notion de Création écartée avec dédain par Laplace et ses successeurs trouvait ainsi un support scientifique au moment où

L ’ une de ses conséquences fondamentales est d ’infirmer le postulat qu’ il n’ y a pas de mystères dans l’Univers. En effet, partout, derrière les concepts

l’on s’y attendait le moins. » Bien sûr, la science ne démontre pas qu’il existe un dessein dans l’Univers, mais cela redevient une hypothèse parmi d’autres. Le chemin parcouru depuis l’affirmation de Monod : « L’Univers n’était pas gros de la vie ni la Terre de l’homme », est immense. Un nombre sans cesse croissant de biologistes pensent que la sélection naturelle et les mutations au hasard ne peuvent rendre compte de la complexité et de l’adaptabilité des êtres vivants ainsi que des faits paléontologiques. D’autres facteurs doivent donc être en action dans l’évolution. De plus, les extraordinaires progrès accomplis dans la compréhension du fonctionnement du cerveau n’ont nullement permis de mieux connaître la nature de la conscience, ni d’expliquer l’unicité de notre « soi ». Enfin, certaines expériences suggèrent que des mécanismes de perception pourraient exister indépendamment de tout support neuronal et les difficultés de réalisation de l’intelligence artificielle font penser à un certain nombre d’experts que l’intelligence humaine pourrait être d’une autre nature que celle des machines. Et les mathématiques, par le célèbre théorème de Gödel, démontrent que tout système d’axiomes contient une proposition indécidable, c’est-à-dire qu’aucun système logique fermé sur lui-même ne peut être cohérent, qu’il y a forcément une ouverture, un « au-delà » dans tout système. Ainsi, en quelques décennies, une véritable révolution a balayé les grands domaines scientifiques.

rationnels mis en place par la science classique, il existe des mystères qu’en droit, il n’est pas possible de percer. Après un tel progrès des connaissances, c’est la science elle-même qui, à l’opposé des espérances scientistes, non seulement démontre ses propres limites, mais de plus dessine les contours d’un autre niveau de réalité, de ces « choses qui sont cachées derrière les choses », comme le dit un des héros du Quai des brumes de Marcel Carné.

Deux livres récents de Jean Staune Les clés du futur, Réinventer ensemble la société, l'économie et la science, Plon, 2015 Notre existence a-t-elle un sens ? Une enquête scientifique et philosophique, Presses de la Renaissance, 2007 - rééd. Fayard, 2017 www.jeanstaune.fr

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déverrouiller J nos perceptions Purnima Ramakrishnan s'entretient avec Upama Rajasekhar, facilitatrice des programmes Brighter Minds qui favorisent l'observation, l'intuition et les facultés cognitives des enfants.

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’avais beaucoup entendu parler du programme Brighter Minds, et je me demandais, avec une curiosité mitigée, comment des facteurs extérieurs pouvaient, au-delà de certaines limites, favoriser la confiance, la créativité et la concentration. Je fis par hasard la connaissance d’une des facilitatrices de ce programme, Mme Upama Rajasekhar, et cette rencontre fut un tournant décisif dans l’élargissement de mes perceptions du monde. Je lui demandai avec désinvolture : – Pour quelles raisons avez-vous décidé de devenir facilitatrice ? – Je désirais entraîner mon fils.


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– À quoi ? – Il fait du tir à l’arc, il voulait apprendre à tirer les yeux bandés, j’avais envie de l’aider à réaliser ce rêve, et le reste a suivi. C’est ainsi que notre conversation commença. Elle m’invita à rencontrer ses élèves. En les rejoignant, j’eus l’impression d’entrer dans un film de science-fiction, comme ceux de la deuxième série Fondation d’Asimov. Upama me dit encore : – Mon fils avait tellement changé, s’était tellement développé, déjà après les deux premiers jours du programme, qu’on s’est dit, lui et moi, que tous les enfants du monde devraient faire cette expérience. – Que s’est-il passé, précisément ? – Avez-vous entendu parler des perceptions sensorielles ? Notre cerveau peut sentir certaines choses dans l’atmosphère, dans la mesure de ses aptitudes à les percevoir. Imaginez qu’on intensifie son fonctionnement, qu’on augmente ses capacités, on pourrait même parler de perceptions extra-sensorielles. – Ces gosses développent en quelque sorte des perceptions plus aiguisées que les êtres humains normaux ? – Ce n’est pas exactement ça. Mais tout de même, leur capacité à apprendre plus rapidement et l’amélioration de leur mémoire nous impressionnent. Leur intuition se renforce et cela les rend plus confiants dans la vie de tous les jours. Ils ont une personnalité agréable, on se sent stimulé auprès d’eux. Venez, je vais vous présenter quelques enfants, et en parlant avec eux vous verrez ce que je veux dire. Elle m’introduisit dans la pièce où elle travaille avec ses élèves. J’en connaissais certains qui habitent mon quartier. Les enfants s’assirent pour bavarder avec moi. Un jeune garçon s’adressa à moi :

– Vous voulez voir ce que je peux faire les yeux bandés ? Tout excité, il devina la couleur de plusieurs balles. J’étais sidérée. J’avais entendu parler de ce genre de choses, mais je n’y avais jamais assisté de mes propres yeux. – Qu’est-ce que tu peux faire d’autre ? – Fermez les yeux et pensez à quelque chose. Je fermai les yeux et me demandai à quoi penser. Étrangement, mon attention se porta sur un désert, je vis une pyramide dans le lointain. Je m’en approchai et remarquai qu’il y avait beaucoup d’ouvriers, probablement des esclaves. Je vis un pharaon dans les parages, du moins c’est ce qu’il me sembla. Mais ce serait trop compliqué pour ce garçon, je décidai donc de me centrer sur la pyramide. J’ouvris les yeux. Le garçon était plongé dans une profonde concentration. Je m’attendais tout au plus à ce qu’il me dise « désert ». Mais il déclara : – Je peux visualiser des ouvriers. – Que font-ils ? – Ils construisent quelque chose. – Qu’est-ce qu’ils construisent ? – Une pyramide, je crois. Je l’arrêtai et lui demandai doucement d’ouvrir les yeux. Je ne pouvais en supporter davantage. Je lui dis d’aller rejoindre ses amis. – Upama, comment a-t-il fait ? – Vous avez bien pensé à une pyramide ? – J’ai visualisé exactement ce qu’il a dit – des gens qui construisaient une pyramide dans le désert. – Ça arrive, je ne suis pas surprise. Certains enfants ont cette disposition étrange d’avoir accès à leurs capacités au bon moment. Mais je dois vous avertir que ça ne se passe pas toujours ainsi. – Que voulez-vous dire ? – Il faut que l’environnement soit calme et paisible.

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Les enfants doivent être totalement détendus sur tous les plans. C’est pour ça que nous leur faisons faire de la relaxation au début de chaque séance, selon la technique Heartfulness. Ensuite nous utilisons les activités et les outils du programme Brighter Minds. – Que se passe-t-il dans leur cerveau, pour qu’ils soient capables de deviner les choses de façon précise, dans cet état de calme que vous mentionnez ? C’était mon esprit rationnel qui posait la question. – La neuroplasticité ! Cela signifie simplement que les cellules du cerveau se modifient et se réorganisent en réponse à divers stimuli externes et internes. On a, par exemple, des exercices pour l’hémisphère droit ou gauche du cerveau, des mouvements des globes oculaires, et beaucoup de choses de ce genre. Nous utilisons aussi certaines musiques qui stimulent le cerveau et l’aident à se mettre en phase avec les ondes alpha et thêta. Nous encourageons toujours les enfants à être naturels. Nous ne sommes pas non plus stricts dans les exercices. Qui sait où ces enfants pourraient nous emmener ! Les facilitateurs doivent avoir une certaine souplesse. Nous ne sommes que des facilitateurs, nous aidons les enfants à accomplir leur voyage vers la réalisation de leur véritable potentiel. C’est ainsi qu’elle conclut son explication passionnée. J’étais stupéfaite. Elle assistait à des choses incroyables auprès de ces enfants – je venais d’en

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voir un très bel échantillon – pourtant elle bavardait avec moi de façon si humble et chaleureuse… N’osant pas lui demander si elle était fière d’ellemême, je lui posai timidement cette question : – Est-ce qu’il vous arrive de penser que les enfants pourraient se sentir fiers de leurs performances, et que leur confiance pourrait se changer en suffisance ? – Quand ils font leur voyage, quand leur esprit s’ouvre si magnifiquement, il n’y a pas de place pour l’ego, ou pour la fierté. Ils se sentent humbles et émerveillés, ils ont confiance en une aide supérieure. Lorsqu’on évolue, le cœur est affiné, on devient plus humble. Plus on a de connaissances, plus on est conscient qu’il reste encore tant de choses à explorer. Je vais aussi vous parler de mes sentiments personnels. Ce travail n’a rien à voir avec l’ego ou la fierté. Je peux tout au plus ressentir du bonheur en voyant ces enfants. À ce jour j’en ai entraîné 500, et je les ai vus s’épanouir si magnifiquement que je pense qu’il n’y a pas là de place pour l’ego. Je remercie Dieu de m’avoir choisie pour faire dans la vie quelque chose qui améliore l’humanité. C’est ainsi qu’elle répondit à la question que je ne lui avais pas posée. J’eus aussi l’occasion de parler avec son fils. – Alors, tu as appris à tirer à l’arc les yeux bandés ? – Oui, et j’en suis très content. – Qu’est-ce qui a changé en toi, à l’intérieur ? lui


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demandai-je doucement, à partir du cœur, sachant exactement ce que je voulais entendre. Il sembla comprendre. Il me regarda quelques secondes, ferma les yeux et après un moment me répondit : – Les idées viennent. Je suis curieux aussi. J’ai changé. J’ai le sentiment que le changement en soi

ressent après ça. Je ne peux pas reconnaître des balles de couleur les yeux bandés, ni deviner précisément vos pensées. Je ne me suis pas souvent exercée à deviner des choses, mais je vous assure que tout le monde devrait essayer de le faire. J’ai maintenant compris ce que le fils d’Upama tentait de me dire, le changement est réellement créatif. C’est la créativité

est créatif. Avant, j’étais une version limitée. Je sens maintenant que je deviens chaque jour une version plus complète, vous voyez ce que je veux dire ? Je ne saisis pas complètement, mais je pris note de ce qu’il m’avait dit et je me tournai vers Upama : – Je suis curieuse de savoir si les adultes peuvent aussi améliorer leurs perceptions sensorielles. – Oui, nous avons le projet de proposer bientôt des cours pour adultes au grand public. Nous sommes en train d’achever une recherche. Mais Parmina, ce que nous faisons ici n’a rien d’extraordinaire. Nous n’écrivons pas une nouvelle page de l’histoire, nous ne faisons pas de magie. Nous aidons simplement des gens à réaliser leur véritable potentiel. Nous leur disons : « Vous avez cet organe appelé cerveau, alors utilisez-en toutes les capacités. » C’est tout. Pourquoi ne pas essayer ce que font les enfants ? – Mais je suis une adulte !... – C’est justement ce que je voulais vous faire comprendre. Ne créez pas dans votre esprit des barrières qui n’existent pas. Notre programme pour les adultes est en préparation, mais ça ne signifie pas qu’il ne puisse pas se passer quelque chose de merveilleux avec vous aujourd’hui. Allez, venez ! Ce dont je fis alors l’expérience est une autre histoire, je la raconterai un jour. Mais je vais quand même vous dire que j’en ressortis avec de la magie et de la beauté dans le cœur. Quelque chose qui attendait depuis une éternité s’était ouvert dans mon esprit. Il est difficile de trouver les mots pour dire ce qu’on

par excellence. Parfois des choses qu’on a souhaitées toute sa vie, sans vraiment en avoir conscience, arrivent dans des paquets où l’on n’aurait jamais pensé les trouver. Après avoir constaté les miracles de notre esprit, comment notre cœur pourrait-il revenir à son état antérieur ? Au moment de nous séparer, Upama me dit : – Les enfants oublieront peut-être la musique que nous avons jouée pour eux, ainsi que les exercices les yeux bandés, et même d’autres choses, mais ce que je sais, c’est qu’ils n’oublieront jamais ce qu’ils ont ressenti, et pour moi c’est l’essentiel. Je ne pus qu’acquiescer et la serrer dans mes bras. Comment pourrais-je oublier ce que j’ai ressenti ? J’attends maintenant avec impatience le programme Brighter Minds pour adultes. Notre logique et la science sont tellement limitées, pensai-je en rentrant chez moi. Ce monde est si plein de mystères. À ce stade de l’évolution humaine, savoir déverrouiller notre potentiel caché n’en devient que plus passionnant. Qu’y a-t-il de plus merveilleux que d’assister, comme facilitateur, à la manifestation de cette magnifique facette de l’humain ? En tant qu’entité collective d’âmes, de quelles choses magiques et sidérantes les générations futures seront-elles capables ? Mon esprit avait envie de rompre ses digues.  Pour en savoir plus sur Brighter Minds ou pour inscrire votre enfant, vous pouvez consulter le site brighterminds.fr ou envoyer un mail à contact@brighterminds.fr

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La vérité intérieure à chaque

instant ROSALIND PEARMAIN nous ouvre à l’univers des Quakers et nous parle de leurs principes, de leur éthique de vie et de leur présence engagée dans le monde. Leur exigence, leur approche de la vérité peuvent être une profonde source d'inspiration pour nous tous.

George Fox, à l'origine des Quakers

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e grand défi, dans toute voie spirituelle, consiste à bien connaître la vérité intérieure qui nous guide. Puis il s’agit d’intégrer cette connaissance à notre vie quotidienne, afin qu’elle s’incarne à chaque instant, qu’elle se concrétise dans tous nos faits et gestes. Il y a dans ce monde un groupe – parfois reconnu comme le groupe sans leader ayant duré le plus longtemps – dont la haute réputation d’intégrité est fondée sur le fait que toute la vie de ses membres est déterminée par le discernement intérieur. La Société religieuse des Amis, aussi connue sous le nom de Quakers, existe depuis le 17e siècle. J’ai pu remarquer que c’est grâce à une adhésion sans faille à ce discernement intérieur, et à sa mise en pratique,

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que leur influence sur le monde a été si puissante et si transformatrice. Ce discernement s’applique à chaque aspect de leur vie, à tout instant, en prenant en compte l’ensemble de l’humanité et de la Création. Vous connaissez Oxfam, Amnesty International, Greenpeace, les chocolats Cadbury, les confiseries Rowntree et les chaussures Clarks : toutes ces entreprises et ces organisations ont été fondées à partir de la guidance intérieure des Quakers et de leur attention aux besoins de la société. Au 19e siècle, on pensait que boire du chocolat était une bonne alternative à l’alcool ! Les Quakers sont présents de façon permanente aux Nations Unies et participent activement à la résolution des conflits pendant les guerres, et à


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l’aide aux réfugiés dans les zones en conflit. Ce sont

vivre une expérience de Dieu directe et personnelle,

eux qui mirent en œuvre l’opération Kindertransport qui sauva de nombreuses vies dans les années 30. Ils viennent en aide aux exclus de la société et se sont donc beaucoup impliqués auprès de prisonniers et dans la réforme des prisons. Voici le principe clé de leur approche, que l’on trouve sur leur site anglais :

ce qu’il appela « la lumière intérieure ». Il se mit alors à parcourir tout le pays en propageant ce message. Ceux qui y adhéraient se nommaient les « Amis de la Lumière ». Ils furent abondamment persécutés et emprisonnés, néanmoins le mouvement comptait déjà 50 000 adeptes en 1660. Fox voyagea en Europe, en Inde occidentale et en Amérique pour répandre ce message, et sa femme Margaret Fell en fit autant. Ces premiers Amis, ou Quakers, étaient tous des jeunes gens dans la vingtaine ou la trentaine. Les Quakers s’opposaient aux organisations religieuses et aux églises. Fox affirmait qu’il ne fallait pas chercher Jésus dans une étable, mais dans les cœurs. Les Amis se réunissaient en silence, dans l’idée qu’ils pouvaient trouver la lumière divine ou la présence de Dieu lors de ces rassemblements silencieux. Si l’un d’eux avait l’inspiration de partager une découverte intérieure, il était libre de le faire, et il arrivait qu’un quaking, un tremblement, soit associé à ce ressenti. En fait les Quakers étaient persuadés qu’il n’y avait besoin ni de prêtres, ni de bâtiments spéciaux, ni de jours particuliers. Chaque jour est le jour du Seigneur. Chacun a Dieu en lui. Ce principe de foi central – chacun est guidé par la lumière intérieure – est le fondement de la croyance et de la pratique des Quakers. Il découle de ce principe un engagement à manifester une inébranlable intégrité dans tous les domaines de la vie. Par exemple, ils avaient pour principe de ne pas prêter serment sur la Bible lors de procédures juridiques, du fait de

Nous, les Quakers, nous efforçons de vivre selon la vérité la plus profonde que nous connaissons, et c’est par le culte silencieux que nous nous y connectons le plus intensément. Cela implique de dire toujours la vérité, y compris aux gens de pouvoir. Comme nous sommes guidés par l’intégrité, nous espérons la voir régner dans la vie publique. Nous croyons, en tant que Quakers, que toute notre vie doit être guidée par l’Esprit. Le mouvement Quaker débuta au 17e siècle dans une Angleterre en pleine mutation. George Fox naquit en 1621 dans une famille très pieuse et traversa une profonde crise spirituelle à l’âge de 19 ans. Il était consterné par le fossé qui séparait les croyances religieuses et la conduite de ceux qui auraient dû être exemplaires. Il quitta un jour sa famille et son travail, et, profondément désespéré, chercha pendant des années un réconfort spirituel. Finalement, inspiré par ses propres visions et par des intuitions mystiques, il comprit que chacun pouvait

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leur engagement total à la vérité et à l’honnêteté. Une autre valeur de base est la simplicité : Nous nous efforçons de vivre simplement et de ne faire place qu’à ce qui compte vraiment : les gens qui nous entourent, le monde de la nature et notre expérience du silence. Il va sans dire que des vues aussi radicales s’accordaient mal avec les structures politiques et religieuses de l’époque. Les Amis étaient persécutés, emprisonnés et leurs entreprises détruites. Pour les Quakers, la vérité n’est pas déterminée. Il faut la percevoir, la sentir et la connaître comme une expérience intérieure. Elle se dévoile et se révèle progressivement. Elle peut se manifester dans les valeurs de la vie de différentes façons, sous forme de témoignages. Cela signifie qu’il n’y a pas pour les Quakers de texte arrêté. Il existe un livre, intitulé La foi et la pratique, qui continue à évoluer au fur et à mesure de nouvelles découvertes, d’une nouvelle sagesse. Pour respecter cette approche, pour la vivre, une autre qualité est encore requise : il faut s’engager à écouter la vérité dans les idées des autres et dans celles des philosophes, avec humilité, ouverture et une tolérance fondamentale envers autrui et envers toutes différences. L’unité que nous désirons dépend de notre acceptation à tous de chercher la vérité dans la parole des autres. Profondément convaincus que Dieu se trouve en chacun, les Quakers œuvrent constamment dans le monde pour favoriser l’égalité dans tous les domaines de la vie, et promouvoir la paix, la simplicité et la justice. Ils sont pacifistes et beaucoup sont prêts

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à aller en prison si leurs croyances sont contraires aux lois du pays – par exemple en refusant de payer des impôts pour financer des armes de destruction. Les Quakers sont sans doute surtout connus pour leur témoignage en faveur de la paix, fondé sur leur croyance que l’amour est au centre de l’existence et que toutes les vies humaines ont la même valeur. En tant que pacifistes, les Quakers ont été objecteurs de conscience pendant les guerres mondiales, tout en effectuant un travail considérable en faveur de la paix et des réfugiés. Actuellement ils se concentrent particulièrement sur le développement durable. Voici quelques conseils et suggestions tirés du livre La foi et la pratique, dont beaucoup prennent la forme de questions qui invitent à une réflexion personnelle : Recherchez le silence intérieur, même au milieu des activités de la vie quotidienne. Prenez le temps d’écouter les expériences de lumière faites par d’autres. L’apprentissage spirituel continue tout au long de la vie et se fait parfois de façon inattendue. Êtes-vous ouvert à une nouvelle vie, quelle que soit la source dont elle provienne ? Travaillez-vous volontiers avec d’autres groupes religieux dans un but commun ? Tout en restant fidèle au point de vue des Quakers, essayez de vous imaginer menant la vie et offrant le témoignage d’autres communautés de croyants, et créez avec eux des liens d’amitié. Vivez audacieusement. Quand vous vous trouvez devant un choix, prenez-vous la voie qui offre le plus d’opportunités d’utiliser vos dons au service de Dieu et de la communauté ? Que


focus penser le futur

votre vie soit un témoignage. S’il faut prendre des décisions, êtes-vous prêt à collaborer avec autrui pour chercher à y voir clair, en demandant à Dieu de vous guider et en vous conseillant les uns les autres ? Efforcez-vous de vivre simplement. Un mode de vie simple librement choisi est source de force. Ne vous laissez pas entraîner à acheter ce dont vous n’avez pas besoin ou que vous ne pouvez pas vous permettre. Nous ne possédons pas le monde, et ses richesses ne sont pas là pour que nous en disposions à notre gré. Montrez un respect aimant à toutes les créatures et efforcez-vous de préserver la beauté et la variété du monde. Veillez activement à ce que notre pouvoir grandissant sur la nature soit utilisé de façon responsable, en vénérant la vie. Réjouissez-vous dans la splendeur de la continuelle création de Dieu. Bien sûr, il n’est pas toujours facile de suivre tous ces nobles principes. Les Quakers s’efforcent donc de s’encourager et de se soutenir les uns les autres pour vivre conformément à leur vérité intérieure. Il n’est pas non plus facile d’être le partenaire d’un Quaker, avec son goût pour la parole franche et directe ! J’en sais quelque chose, après de nombreuses années de mariage avec un homme issu d’une famille de Quakers. Mais fondamentalement, j’ai toujours trouvé que tous étaient sincèrement ouverts et prêts à écouter les autres et à apprendre d’eux. Je suis profondément reconnaissante de leur présence inspirante dans le monde.

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Performance et compatibilité VICTOR KANNAN partage quelques idées sur l’efficacité du travail en équipe.

Seuls, nous pouvons faire si peu ; ensemble, nous pouvons faire tellement ! Helen Keller


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Voyons ce que le dictionnaire nous dit de la compatibilité : Qualité de ce qui est compatible, de ce qui est susceptible de s’accorder avec autre chose. Synonymes : accord, affinité, concordance, convergence, correspondance, empathie, entente, harmonie, rapport, similarité, sympathie. Ces définitions sont-elles aptes à décrire nos équipes et leur travail ? Dans leur ouvrage, The Discipline of Teams, Jon Katzenbach et Douglas Smith expliquent que tous les groupes ne sont pas des équipes, mais que « les équipes et les bonnes performances sont indissociables ». On le sait bien, les équipes qui ne performent pas ne durent pas longtemps. Un conseil d’administration ou un comité ne constitue pas nécessairement une équipe. Siéger au même

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ous êtes-vous déjà demandé pourquoi certaines équipes sont efficaces et d'autres pas ? Pourquoi certaines relations fleurissent et d’autres non ? Et pourquoi les unes et les autres se modifient avec le temps, pour le meilleur ou pour le pire ? La réponse tient en un mot : la compatibilité. Pour être performants, les membres d’une équipe doivent être compatibles !

comité, avec des fonctions similaires, ne suffit pas à créer une équipe. Les amis ne sont pas tous des frères, et les frères ne sont pas tous des amis. Lorsqu’il y a fraternité entre amis et amitié entre frères, on peut parler de résonance. Et c’est par elle que les cœurs sont inspirés, que la vie peut s’épanouir et les défis, se relever. Le travail d’équipe exige pareille résonance. Certaines équipes se forment de manière organique, avec des leaders naturels qui ne s’enorgueillissent pas de leur position ; ces équipes prospèrent et leurs membres ont du plaisir à collaborer, ce qui donne une plus-value à leur production. Une telle ambiance génère un « flux collaboratif » qui rend l’équipe efficace à long terme et capable de générer de bons résultats sur une base régulière. Une bonne équipe va trouver sa propre direction et acquérir un élan et une efficacité qui la propulsent vers la réalisation de tous ses objectifs. Quand on aime ce qu’on fait, le travail en équipe, comme tout travail, nous donne une satisfaction qui nous pousse à donner le meilleur de soi. Dans cet environnement

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favorable à la productivité et à la prospérité, il se dégage une énergie plus ample, qui génère la joie et l’épanouissement. Pour qu’un groupe – qu’il se forme spontanément ou qu’il soit créé – puisse fonctionner en équipe, la façon dont il se structure est déterminante. Cela dépendra des personnes, des valeurs partagées et de la compréhension mutuelle. Si ces éléments sont réunis et respectés, l’équipe offrira un niveau élevé de maturité, d’aisance et de synergie. Tout cela va de soi, me direz-vous. Et pourtant nous constatons une absence d’esprit d’équipe dans la plupart des groupes que nous côtoyons. Il importe donc de comprendre comment les bonnes équipes se forment, que nous soyons des gestionnaires, des leaders organisationnels ou de simples individus. Si l’on en croit Katzenbach et Smith, l’empathie est un facteur déterminant pour générer l’esprit d’équipe : « Le travail en équipe implique un ensemble de valeurs qui porte ses membres à être à l’écoute de l’opinion des autres, à leur répondre de manière constructive, à leur accorder le bénéfice du doute, à leur fournir du soutien et à reconnaître leurs intérêts et leurs réalisations. Ces valeurs non seulement favorisent la performance individuelle et celle de l’équipe, mais également celle de l’organisation tout entière. » Les équipes efficaces sont également « égalitaires », elles travaillent et produisent collectivement ; elles partagent l’autorité comme les responsabilités. Une équipe n’est pas un lieu de pouvoir, de contrôle ou d’inégalité. Elle ne compte pas des nantis et des démunis. Les compétences de chacun y sont complémentaires, et c’est de cette diversité que l’équipe a besoin pour être performante. Mais il faut encore quelques éléments pour garantir la pérennité d’un groupe : une équipe s’épanouit

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Il se peut que les gens entendent vos paroles, mais c’est à votre attitude qu’ils sont sensibles. John C. Maxwell

lorsque ses membres jouissent d’une liberté créative, qu’ils sont disciplinés dans leur collaboration et la coordination des tâches, et que chacun perfectionne sans cesse ses connaissances et ses compétences en vue d’accomplir la mission ou l’objectif commun et poursuivre une continuelle amélioration de soi. Quels que soient les individus en présence, une équipe ne survivra que si leur complémentarité s’accompagne de liberté. Il y a dans le monde tant de causes dignes d’être soutenues. Et il faudrait tant d’équipes pour les défendre… Mais si nous ne sommes pas capables de collaborer dans une de ces équipes, mieux vaut faire la sieste sous un margousier et profiter de la vie… ce sera nettement plus productif !

Pour aller plus loin Jon R. Katzenbach et Douglas K. Smith The Discipline of Teams, Ed. John Wiley & Sons, 2001


Une pause… Comment se détendre ?

Asseyez-vous confortablement et fermez doucement les yeux. Commencez par les orteils. Remuez-les. Maintenant, sentez qu’ils se détendent… Détendez vos chevilles et vos pieds… Sentez l’énergie qui monte de la terre… de vos pieds jusqu’à vos genoux, et qui détend les jambes… Détendez les cuisses… L’énergie monte le long des jambes… et les détend. Maintenant détendez profondément vos hanches… votre ventre… et votre taille… Détendez votre dos… Votre dos est entièrement détendu, du haut en bas… Détendez votre poitrine et… vos épaules. Sentez simplement que vos épaules fondent… Détendez le haut de vos bras… Détendez chaque muscle de vos avant-bras… vos mains… jusqu’au bout des doigts… Détendez les muscles du cou… Portez votre attention sur votre visage… Détendez les mâchoires… la bouche… le nez… les yeux… les lobes des oreilles… les muscles du visage… le front… jusqu’au sommet de la tête. Sentez que tout votre corps est maintenant complètement détendu… Dirigez maintenant votre attention sur votre esprit, vous sentant profondément détendu à l’intérieur… Respirez calmement... Laissez votre esprit se relâcher. Déplacez votre attention vers le cœur… Émettez tranquillement l’idée que la Source de lumière illumine votre cœur de l’intérieur et attire votre attention. Sentez-vous immergé dans l’ amour et la lumière dans votre cœur. Restez dans le calme et le silence et absorbez-vous lentement en vous-même.

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YOGA MÉDITATION ET EXPRESSION GÉNÉTIQUE

Un mode de vie sain peut-il avoir des effets jusque sur l’expression de notre ADN ? Recherches récentes à l’appui, le DR PARTHA NANDI affirme que oui ! Il nous explique comment le yoga et d'autres pratiques – tant méditatives que physiques – peuvent nous aider à vivre en meilleure santé.

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out jeune, je savais que je voulais remplir le monde de « héros de la santé ». Les héros de la santé sont des gens qui font de celle-ci une priorité, et s’engagent à vivre en pleine forme et plus heureux. Les deux meilleures façons de combattre la maladie et les décès prématurés sont l’activité physique et la spiritualité. La méditation et le yoga comptent parmi les moyens les plus efficaces et les plus agréables de les mettre en œuvre. Quand on les intègre à notre routine quotidienne, notre bien-être physique et mental s’accroît, car non seulement ces pratiques

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transforment et renforcent notre corps, mais elles affinent et influencent aussi notre mental. Ce sont là de puissants alliés pour qui souhaite mener une vie saine et épanouissante. Mais il y a mieux. Des recherches récentes montrent qu’en plus des avantages nombreux et connus que ces pratiques corps-esprit apportent à notre santé, elles peuvent également modifier l’expression de nos gènes, provoquant des changements au niveau cellulaire. Notre façon de vivre nous influence jusqu’au niveau génétique. Notre état de stress, notre environnement social, nos habitudes alimentaires, notre activité physique et notre mode de vie en général sont autant de facteurs qui agissent sur l’expression de nos gènes et la manière dont nos cellules réagissent à leur environnement. La façon dont nous cultivons notre esprit joue également un rôle. Selon de nouvelles études, les effets salutaires de la méditation et du yoga commencent par se produire dans nos cellules. Plus exactement, elles changent la manière dont notre ADN répond au stress.


ça change tout

Cette découverte est particulièrement fascinante, compte tenu des effets néfastes et insidieux du stress qui accroissent considérablement nos risques de maladie et de mort prématurée.

Que se passe-t-il, concrètement ? Toute situation stressante déclenche une réaction physiologique de lutte ou de fuite. Cela augmente la production de la molécule NF-kB qui régule l’expression de nos gènes et déclenche une grave inflammation cellulaire. Or, selon une étude publiée dans la revue Frontiers in Immunology, les personnes qui pratiquent le yoga, la méditation ou le Tai Chi ont face au stress une réaction opposée à celle de lutte ou de fuite. Il se produit chez elles une réduction de la production de NF-kB et une inversion du gène inflammatoire. Fondamentalement, cela signifie que les effets de ces pratiques vont bien au-delà d’un sentiment de bien-être et de détente. En fait elles auraient le pouvoir d’inverser les réactions moléculaires au stress de notre ADN qui contribuent à la mauvaise santé, à la maladie et à la dépression.

Nous ne sommes pas nos gènes Bien entendu, nous ne pouvons pas contrôler tout ce qui nous arrive, ni éviter les situations stressantes ou les problèmes de santé. Mais ces nouvelles découvertes sont révolutionnaires et nous offrent le pouvoir de changer les choses. Et si nous sommes prêts à

l’utiliser, nous nous donnons toutes les chances de mener la vie la plus saine et la plus agréable possible.

Usons de notre pouvoir avec sagesse Et si dix à vingt minutes de méditation par jour suffisaient à transformer votre vie ? Imaginez à quel point votre existence se modifierait si vous profitiez de chaque parcelle de ce pouvoir qui vous est donné pour améliorer votre santé – et ce jusqu’au niveau génétique ! Quels changements feriez-vous si vous vous sentiez mieux, avec non seulement moins de stress et d’anxiété, mais aussi plus de concentration et de motivation ? Sans doute profiteriez-vous de la vie d’une toute nouvelle manière !

Soyez un « héros de la santé » La donne a changé, nous avons plus que jamais la possibilité d’influencer notre état biologique et d’activer nos pouvoirs de guérison, et je vous encourage vivement à exploiter cette possibilité de vous sentir mieux en modifiant l’expression de vos gènes. Alors, chaque jour, prenez le temps de méditer, de respirer profondément et engagez-vous sur la voie de la bonne santé et de la longévité. Faites d’une vie plus saine une priorité quotidienne !

Pour en savoir plus sur le Dr Nandi www.amazon.com/Ask-Dr-Nandi-HealthHero-Well-Being

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La paix dans

le cœur Directeur de la Business Area Asie, Pacifique, Moyen-Orient et Afrique, NITIN GOVILA est constamment par monts et par vaux. Malgré des journées bien remplies, il trouve le temps de se ressourcer et d'être en phase avec lui-même. Son secret ? La pratique de la méditation Heartfulness qui fait partie intégrante de sa vie depuis maintenant 17 ans.

A

près sept années de collaboration avec une entreprise française spécialisée dans la toiture, Nitin Govila a rejoint celle de Serge Ferrari en 2016. Un choix qui correspond à la volonté de relever de nouveaux défis dans une aire géographique plus étendue. « Serge Ferrari se démarque par sa capacité à occuper de nombreux segments de marchés et par sa volonté de devenir une entreprise locale dans les pays où elle s’implante. Le groupe engage de plus en plus de personnes sur place pour développer des marchés qui varient d’un pays à l’autre. Le périmètre couvert par la Business Area Asie, Pacifique, Moyen-Orient et Afrique nous fait côtoyer différentes cultures et nous amène à cibler des segments de marchés à la fois multiples et uniques. Cette diversité rend le travail particulièrement intéressant et exigeant. » Sa première expérience de la méditation remonte à 1998. C’est un de ses responsables commerciaux qui à l’époque l’a sensibilisé et introduit à la méditation Heartfulness. Une découverte qui n’est pas survenue

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sans interrogation. « Il m’a fallu un peu de temps et de compréhension avant de me lancer dans la première session de méditation, mais je n’ai jamais regretté d'avoir fait ce choix qui s’est avéré être un très bon moyen de trouver un équilibre entre vie profession-

pour méditer mais on médite pour développer sa faculté à se concentrer. Chez Serge Ferrari, j’ai des responsabilités importantes et, dans ce cadre, la méditation m’aide à affronter n’importe quel problème, à relever n’importe quel défi. C’est une des

nelle et vie personnelle. » La méditation Heartfulness, née en Inde, est pratiquée dans plus de 120 pays dans le monde. Une méditation silencieuse où l’attention est centrée sur le cœur. « Il n’y a aucun code vestimentaire ou posture à respecter, il suffit de fermer les yeux et de diriger son attention vers le cœur. On peut méditer partout et n’importe quand, même dans un environnement bruyant : en avion, dans le train, au bureau, chaque fois que l'on a un moment. Selon le temps dont on dispose, on peut méditer pendant une courte période

raisons pour lesquelles je médite régulièrement. Et aujourd’hui je ne pourrais pas m’en passer. » En 2010, Nitin Govila franchit un cap supplémentaire et devient coach. Durant son temps libre, il accompagne les personnes qui découvrent la méditation Heartfulness en leur donnant quelques clés d’apprentissage. Un encadrement bénévole qui satisfait une envie de partager avec d’autres ce qu’il voit comme un bienfait accessible et gratuit. Aucun intérêt commercial n’a motivé ce choix. « J’ai juste envie d’échanger avec des personnes qui veulent approfondir leur pratique pour mieux la

de 20 ou 30 minutes, ou bien pendant une heure. Peu importe le lieu ou la durée, tout dépend de votre volonté. » Sur le fait de prendre chaque jour une heure ou plus pour méditer, il ajoute : « Au lieu de se dire que méditer prend du temps, il faut inverser la perspective : méditer permet de disposer de plus de temps, dans la mesure où l’esprit reposé nous rend capable de tout mener de manière plus efficace. » Au cours de ces 19 années de pratique assidue, Nitin Govila a observé de nombreux bienfaits. « La méditation procure une paix intérieure qui finit par se refléter - consciemment ou non - vers l’extérieur et dans notre capacité à interagir avec notre environnement. Elle améliore notre concentration, puisque notre esprit n’est plus troublé. À ce titre, il y a d’ailleurs un raisonnement important à intégrer : si la méditation est une introspection qui au départ peut demander des efforts, on ne se concentre pas

comprendre et se l’approprier. Tous les coachs de méditation Heartfulness sont bénévoles. De même, être coach n’introduit aucune notion de hiérarchie. On n’enjoint pas aux pratiquants de méditer tous les jours, au contraire nous guidons chacun pour qu’il évolue à son rythme, selon son propre ressenti. Lorsque je discute avec un débutant pour la première fois, je lui dis : “ Tu as besoin d’une seule chose : ta volonté ”. Bref, vous l’aurez compris, tous ceux qui en ressentent le besoin sont capables de méditer. Il n’y a aucun ésotérisme ni de rite d’initiation particulier susceptible d’attiser le scepticisme, il suffit de le vouloir... et d’être prêt à se plonger au plus profond de soi. »

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l'Ex

ellence

SRIMATHI RATHOD décrit son cheminement vers

• Quelle était mon attitude, en effectuant ce travail ? Voulais-je une promotion, attirer l’attention de mes supérieurs ? Avais-je un autre intérêt personnel ? • Ai-je exploité mes collègues d’une manière ou d’une autre ? • Ai-je reconnu la participation de chacun à sa juste valeur ? • Ai-je contribué à créer un environnement stressant ? • Ai-je porté atteinte à la cohésion du groupe ?

l'excellence, et la façon dont la notion même d'excellence s’est transformée à ses yeux, pour devenir finalement une source d’inspiration.

J

’avais environ vingt-cinq ans quand je suis tombée sur le livre de Tom Peters, La passion de l’excellence. C’était un concept totalement nouveau pour moi. J’étais rompue à l'excellence académique, et j’aimais le travail bien fait. J’ai été élevée dans la conviction que notre travail porte notre signature, et je n’aimais pas voir mon nom associé à la médiocrité. Avec le temps, c’est devenu une facette dominante de ma personnalité, dans ma vie comme dans ma carrière. Après cette lecture, je me suis mise à réfléchir à la différence entre un travail bien fait et l’excellence. L’excellence en soi est-elle distincte d’une chose qu’on qualifie d’excellente ? Une idée a commencé à germer en moi : un travail bien fait est comme une droite qui relie deux points, alors que l’excellence est un graphique multidimensionnel. Dans la foulée, je me suis posé certaines questions :

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J’ai fini par saisir que, même si le résultat était remarquable, s’il y avait ne serait-ce qu’une seule réponse insatisfaisante à ces questions, mon travail n’avait pas atteint l’excellence. Aujourd’hui, je sais que l’excellence nous inspire et nous guide de l’intérieur. Elle suppose du caractère, des valeurs, de la droiture et la capacité de rechercher un équilibre entre notre intérêt personnel et celui de tous ceux et de tout ce qui nous entourent. Or, la clé de l’excellence est l’équilibre. Pensez à l’un de vos mets raffinés préférés : un tout petit peu trop ou pas assez d’un seul ingrédient, et le plat est gâché. L’épicurien le sent tout de suite. L’équilibre est une évidence.


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Mais d’où provient-il ? Je crois que tout équilibre dépend de l’équilibre fondamental entre le cœur et l’esprit. Je compare souvent le fonctionnement d’un esprit purement intellectuel à celui d’une voiture sans freins : on avance, mais sans jamais pouvoir se garer ni s’arrêter. À quoi bon un véhicule qui nous obligerait à toujours aller quelque part, même quand ce n'est pas nécessaire ? Son inefficacité même le condamnerait à la ferraille. À quoi servirait un couteau avec lequel on devrait couper des choses sans arrêt, sinon à créer un cauchemar comme on en voit dans bien des films d’horreur aujourd’hui ? N’est-ce pas exactement ce que nous faisons avec notre mental ? Quand nous arrive-t-il de le « garer », de le laisser se reposer ? Mais le mental connaît-il le repos ? Même quand nous dormons, il ne cesse de fonctionner. Alors comment le réguler ? Tournons-nous d’abord vers le cœur. Nous le savons, ce n’est pas seulement un organe physiologique, c’est aussi le siège de nos sentiments. Or, qu’est-ce qui nous caractérise, en tant que personne ? Qu’est-ce qui définit une bonne ou une mauvaise personne ? Sûrement pas le mental ou l’intellect ! Lorsqu’on dit « je », est-ce qu’on parle juste de son esprit, ou est-ce qu’on y inclut quelque chose de bien plus grand ? Nous regrettons fréquemment certaines de nos décisions, et nous déplorons que notre voix intérieure n’ait pas été là pour nous guider. Il est vrai que, souvent, elle ne le fait qu’après coup. Comment faire pour écouter son cœur ? Quand on a la tête pleine de pensées, comment distinguer les messages de notre mental de ce que le cœur tente de nous dire ? Comment pouvons-nous laisser

J'ai appris que la douceur n'est pas une faiblesse, et que combinée à la fermeté, elle peut devenir un atout majeur. Que l'agression n’est pas un moyen d’atteindre le succès – c'est même une façon infaillible de gâcher la condition de mon cœur – et c’est de loin l’aspect de ma personnalité dont je peux le mieux me passer.

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parler notre cœur et intégrer sa sagesse à l’activité du mental pour mieux nous élever vers l’excellence ? L’excellence est un état. De même que le soleil brille – sur l’étang boueux qui le reflète à peine comme sur un plan d’eau qui répercute son éclat – l’excellence

dit l’adage, mais comment pardonner, et à plus forte raison oublier, quand notre cœur bouillonne de ressentiment ? Le fait de disposer d’une méthode pratique pour évacuer du cœur les sentiments négatifs – et surtout le stress – aussi facilement que si j’effaçais

en nous rayonne, sur nos adversaires comme sur nos amis, qu’elle soit reconnue ou non. Lorsque l’esprit est calme, clair et équilibré, le cœur se fait entendre. La première étape, pour moi, a donc consisté à réguler mon esprit. Avec la pratique de la méditation, j’ai progressivement constaté que mon processus de réflexion gagnait beaucoup en clarté. Je l’ai d’abord remarqué quand j’ai commencé à effectuer mes tâches plus rapidement que mes collègues. Au début, mes supérieurs croyaient que je bâclais mon travail, mais au fil du temps ils se sont rendu compte que ce n’était pas le cas. Grâce aux effets de la transmission, j’arrivais à trouver des solutions là où je ne voyais auparavant que des impasses. En cas de conflits, le moyen d’en sortir m’apparaissait clairement. J’avais acquis la faculté de m’observer de l’extérieur, avec objectivité. Cela m’a permis de me voir sous un jour complètement différent et a ouvert la voie à grand nombre de changements intérieurs. J’ai ainsi appris que la douceur n’est pas une faiblesse, et que combinée à la fermeté, elle peut devenir un atout majeur. Que l’agression n’est pas un moyen d’atteindre le succès – c’est même une façon infaillible de gâcher la condition de mon cœur – et c’est de loin l’aspect de ma personnalité dont je peux le mieux me passer. Ensuite, il y a eu le miracle que j’ai vécu avec la régénération Heartfulness. Elle a changé mon regard sur les gens et sur les événements de ma vie. C’est devenu la clé de mon équilibre. « Pardonnez et oubliez »

une ardoise, m’a fait comprendre ce que signifie être revitalisée, se régénérer, déstresser. J’en ai fait l’expérience concrète, effective, et cela m’a permis de considérer des événements du passé, voire ma vie entière, dans une toute nouvelle perspective. En développant un meilleur équilibre cœur-esprit, j’ai compris que la nature n’était pas une esclave prête à combler mes moindres souhaits. Que je suis arrivée dans ce monde avec du bon et du mauvais karma, et que je dois les vivre et apprendre à trouver un équilibre entre désirs et acceptation. C’était difficile au début, mais avec le temps j’ai trouvé plus facile d’accepter les choses comme elles viennent. Mes frustrations ont pour ainsi dire disparu – et surtout, maintenant, j’aime vivre avec moi-même. J’ai fait un long périple, et j’attends avec impatience de chaque jour qu’il m’emmène plus loin que la veille ; qu’il m’enseigne, dans la joie de vivre, où je dois aller et ce que je dois devenir. Chers lecteurs, je vous souhaite de vivre vous aussi une « floraison intérieure », de vous découvrir et de réaliser qui vous êtes réellement.

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La régénération… Comment s'y prendre ?

Asseyez-vous confortablement, fermez les yeux doucement et détendezvous. Portez votre attention sur votre dos et sur l'arrière de votre crâne. Emettez la suggestion que toutes les complexités et impuretés accumulées pendant la journée s’en vont. Imaginez qu’elles sortent par le dos, du haut du crâne jusqu’au coccyx. Pensez qu’elles s'échappent sous forme de fumée ou de vapeur. Poursuivez ce processus qui est à la fois actif et doux. Lorsque vous le sentez bien installé, vous pouvez l’accélérer. Poursuivez pendant 15 à 20 minutes. Puis vous ajoutez l’élément suivant au processus : imaginez que la lumière descend de la Source et entre par l’avant de votre corps. Elle passe à travers tout votre corps, vous aide à enlever les complexités et impuretés et ressort par le dos. Cette lumière remplit le vide laissé par ce qui a été retiré. Terminez par une suggestion ferme : à présent, toutes les complexités et impuretés sont parties et je me sens vraiment plus simple et pur.

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Regarde ! Ne cherche pas, n’appelle rien, tout va venir devant toi. Que vois-tu ? COLETTE

PHOTOGRAPHIE GAELLE MARCEL


Marcher vers la

LibertĂŠ


la science de la spiritualité

Série sur l’évolution de la conscience 3e partie

KAMLESH PATEL continue à nous parler du voyage ultime vers la liberté. Aujourd’hui, il nous emmène encore plus loin dans la région qui se trouve au-delà de l’expérience, au-delà de la conscience – dans le royaume de Dieu.

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oyons d’abord jusqu’où notre voyageur est arrivé dans sa marche vers la liberté. Dans la première partie nous avons exploré l’éveil des chakras de la région du cœur, et dans la deuxième nous avons vu ce qui se passait dans les premiers chakras de la région du mental, où l’on fait l’expérience de la libération du cycle de la naissance et de la mort. Allons maintenant rejoindre notre voyageur au chakra 10, au début de la sous-région appelée prabhu, et avançons dans cette vaste région du mental. Il est maintenant dans le royaume de Dieu. Stephen Hawking écrit dans Une brève histoire du temps : « Si nous découvrions une théorie du tout (…) ce serait le triomphe ultime de la raison humaine – car alors nous connaîtrions vraiment l’esprit de Dieu. » C’est précisément de cela qu’il s’agit dans la région du prabhu,

de la pensée, de l’intellect et de l’ego dans le meilleur des cas, et faussée par les filtres supplémentaires des samskaras (impressions) dans le pire des cas. La perception directe n’est restreinte par aucune de ces limitations. Grâce à la purification du cœur, et à l’éveil des chakras supérieurs qui en résulte, elle représente l’état naturel d’un vrai yogi. Cela ne signifie pas qu’un yogi ne se serve pas de la raison, c’est un instrument utile, mais il a en plus un accès sans filtres à la connaissance, à la sagesse de l’Univers. A ce stade, la « théorie du tout » de Hawking est possible. Et le « triomphe ultime » dont il parle est en réalité le triomphe du yoga. Voilà ce qu’est le yoga. Il n’est pas seulement la « théorie du tout », mais aussi l’expérience concrète de tout. C’est pourquoi les intenses efforts de notre voya-

du Supra-mental de Dieu. Mais il n’est pas possible de l’atteindre par la seule approche scientifique : la raison est une approche mentale trop pesante et primitive. Pour connaître le Supra-mental de Dieu, il est indispensable d’en avoir la perception directe, et ce, grâce à l’éveil des états de supraconscience. La raison est un moyen de connaissance indirecte, elle est limitée par les fonctions mentales de la conscience,

geur pour accomplir sa pratique spirituelle aux étapes précédentes du voyage étaient si essentiels. Ils étaient indispensables pour atteindre ce niveau. L’éveil concret des chakras du cœur-mental est le fondement nécessaire pour faire l’expérience du royaume de Dieu. Déjà au début du voyage, au chakra 1 de la région du cœur, la pratique Heartfulness éveille un certain niveau de supraconscience ; et tout au long du voyage,

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la science de la spiritualité

Emplacement des 13 chakras de la région du cœur à la région centrale la transmission du guru en éveille des états de plus en plus affinés. Nous pouvons nous représenter ces efforts initiaux comme un investissement qui porte des fruits à ce stade plus élevé. Une fois les fondations construites, la beauté de l’édifice se révèle. Ce n’est possible que lorsque le combat de l’ego entre « je » et « Lui » s’est épuisé en traversant la région du prapanna-prabhu, au chakra 9. Sinon, ce que notre voyageur perçoit reste voilé par ses limitations mentales, en particulier par son ego qui peut être comparé à un trou noir qui restreint ses perceptions : il faut qu’il se libère de ces limitations s’il veut faire l’expérience directe de Dieu et réaliser le potentiel infini de l’Ultime. Le rôle du guru dans ce processus est crucial. Croyez-vous que l’un de nous pourrait traverser cela tout seul ? Ce serait comme escalader l’Everest sans être guidé par un sherpa, ou comme si Frodo Bessac jetait l’anneau du pouvoir dans le volcan du Mordor sans l’aide de Gandalf et de Gollum. L’ego peut-il dissoudre son emprise sans l’aide d’un pouvoir supérieur ? Dans ce royaume très subtil notre voyageur a besoin d’être guidé et soutenu par un guru qui connaît le chemin. C’est bien ce que dit Osho : « Un maître vivant apparaîtra tôt ou tard à celui qui est en quête de la vérité, qui veut découvrir le sens de la vie, aller au noyau le plus secret de son être, connaître le niveau le plus profond et le plus élevé de l’existence. Il devra marcher main dans la main avec un maître. Le maître est celui qui sait déjà, qui a été sur l’autre rivage puis est revenu ici pour vous montrer le chemin. Seul un maître peut montrer le chemin – un maître vivant, notez-le bien. » La présence du Seigneur est perçue si profondément au chakra 10 qu’elle génère une intimité au-delà de tout ce qu’on peut se représenter. La

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Sommet du crâne *SDK : sahasra dal kamal

Arrière de la tête


relation sacrée entre le guru et le disciple trouve sa véritable expression et sa nourriture dans cette région de prabhu qui comprend les chakras 10, 11 et 12. La conscience demeure maintenant dans le Seigneur. Le voyageur existe de moins en moins, et Lui de plus en plus. C’est le Seigneur qui agit derrière toutes les actions – le voyageur n’est plus qu’un témoin. Kabir, un poète mystique indien du 15e siècle, l’a merveilleusement exprimé : Étroit est le sentier de l’amour On ne peut y cheminer à deux. Quand j’étais, le Bien-aimé n’était pas Maintenant Il est, et je ne suis plus. Au début il n’y avait que « moi ». Puis il y a eu une phase où « Lui » et « moi » étions entremêlés. Pour finir, on ne voit que le Seigneur, de façon naturelle, avec amour. Telle est la région du prabhu. Le système humain, qui appartient tout entier au Seigneur, est divinisé et sanctifié comme un temple. Maintenant que le corps est la demeure du Seigneur, on ressent l’urgente nécessité de ne rien faire qui pourrait souiller ou abaisser cette conscience. Du fait que notre voyageur est devenu si pareil au Seigneur, et au guru, il diffuse maintenant des vibrations divines, comme le bois de santal exhale sa fragrance. Quand le vent traverse une forêt de santal, sa senteur se répand partout. De même si vous mettez de la pâte de santal sur votre front, vous transportez son parfum partout où vous allez. Quelque chose de similaire arrive au dévot qui est si absorbé dans le Seigneur que le Seigneur se fond réellement en lui. Le voyageur irradie les vibrations du Seigneur où qu’il aille et quoi qu’il fasse.

Cette expérience de dissolution dans le Bienaimé s’exprime dans certains des plus beaux poèmes d’amour mystiques jamais écrits. En voici un de Rumi, un poète du 13e siècle : Quand la rose s’en sera allée et que le jardin se fanera, tu n’entendras plus le chant du rossignol. Le Bien-aimé est tout, l’amant juste un voile. Le Bien-aimé vit ; l’amant est chose morte. Si l’amour retire sa forte sollicitude l’amant est abandonné comme un oiseau laissé sans soins comme un oiseau sans ailes. Comment puis-je m’éveiller et prendre conscience si la lumière du Bien-aimé est absente ? L’amour exige que cette Parole soit dite. Nous avons aussi les exemples de Radha, si profondément plongée dans l’amour de Krishna qu’il fusionna en elle, et d’Andal, une sainte de l’Inde du Sud, au 7e ou 8e siècle, qui se volatilisa un jour dans le temple, aux pieds de son Krishna bien-aimé. Cet instinct de se fondre entièrement dans le Bien-aimé est profondément inscrit dans la psyché de tous les êtres humains, qu’ils le sachent ou non. C’est l’instinct le plus fondamental et le plus naturel de la vie humaine. On pourrait l’appeler l’instinct spirituel, ou le besoin instinctif de revenir à notre demeure originelle. Cela explique que l’amour ait une telle importance pour nous. L’amour et la fusion vont de pair. Transcender son individualité et se fondre dans la Source de toute vie est le droit fondamental de l’être humain. En voyageant dans le royaume de prabhu, il a la possibilité de le faire.

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Mais ce n’est pas fini. Notre voyageur a atteint le chakra 10 : comment poursuivra-t-il son voyage alors qu’il est déjà noyé dans le Seigneur ? Quand le Seigneur est tout, le voyageur n’a plus aucun désir, même pas celui de progresser spirituellement. Il faut que quelque chose réveille sa soif de continuer et, là encore, le guru d’envergure vient à son secours. Entre les chakras 10 et 11 se trouve le lotus aux

n’ait cessé de chanter avec joie : « Mere to Giridhar Gopal, dusaro na koï ! », ce qui signifie « pour moi il n’y a personne d’autre que Giridhar Gopal1 ! » Je voudrais partager avec vous ce que Ram Chandra de Shahjahanpur a écrit au sujet du chakra 11 : « Le voile s’en va et la vision de la Réalité se révèle. Ayant perdu tout contrôle, on se sent impuissant. Chaque instant est dominé par un intense désir de Lui, avec

mille pétales, Sahasra Dal Kamal (SDK). La béatitude ressentie en ce lieu donne aussi au voyageur l’impression qu’il est arrivé à destination. De nombreuses traditions yogiques portent aux nues sat-chit-ananda, donc les chercheurs de vérité se sentent en droit de penser « ça y est ! » On est tenté de rester dans cet état bienheureux, et aucun tapasya, aucun exercice ne peut en arracher notre voyageur. Seule la main d’un guru compétent peut le faire avancer vers la phase suivante du yatra. Sortir de la béatitude vécue dans le lotus aux mille pétales peut représenter un choc, car la paix disparaît totalement au chakra 11, elle est remplacée par le désir ardent du Seigneur. C’est alors qu’on apprécie la fragrance spirituelle de Meera Bai, une poétesse mystique hindoue du 16e siècle, dévote de Krishna. Impatiente de fusionner avec son Bien-aimé, elle ne pensait qu’à lui. Traverser le lotus aux mille pétales signifie aussi accéder à une conscience beaucoup plus élevée – celle du Seigneur. Notre voyageur est de moins en moins actif, mais il continue à éprouver un désir intense. Il n’est pas étonnant que Meera Bai

tous les tourments et souffrances qui accompagnent une telle soif. Il n’y a ni repos ni paix en dehors de Lui. A vrai dire, la paix nous a quittés. Ce qui la remplace peut être décrit comme un état de paix dont la sérénité aurait été retirée. C’est exactement la condition que nous ressentons à ce chakra, avant de finalement fusionner. Que reste-t-il désormais ? Tout semble perdu excepté le tourment qui persiste et qui est la seule chose qui nous aide à avancer. Il cesse une fois que nous avons plongé dans la Réalité et sommes parvenus au stade d’identicalité. Quand cette fusion est à son tour réalisée, nous atteignons un stade encore plus subtil d’identicalité, ce qui est le signe que nous nous approchons du 12e chakra. » Ayant fait l’expérience du Créateur, notre voyageur devient impatient de voir ce qu’il y a derrière Lui. La paix de l’esprit disparaît. L’impatience qu’il ressentait dans la région du cœur n’est rien comparée à cette extraordinaire impatience, à cette soif intense, bien qu’il soit en osmose avec le Seigneur. Il ne trouve le soulagement que lorsqu’il parvient au chakra 12. Ram Chandra décrit le chakra 12 comme le point de fusion de tout ce qui a été acquis aux différents stades d’immersion et d’identicalité. Que trouve-t-on en ce haut lieu ? Il dit que c’est le stade de l’identicalité affinée, où le panorama est si pur que même la simplicité paraît cent fois plus lourde. C’est là une forme nouvelle d’existence. À ce niveau on ne peut être aidé que si l’ego est entièrement soumis. Il est


la science de la spiritualité

L’instinct de se fondre entièrement dans le Bien-aimé est profondément inscrit dans la psyché de tous les êtres humains, qu’ils le sachent ou non. C’est l’instinct le plus fondamental et le plus naturel de la vie humaine. On pourrait l’appeler l’instinct

temps crée une force très puissante qui le propulse dans la région centrale. Si le guru ne le propulsait pas ainsi comme une fusée, il resterait à jamais dans la région du prabhu. Ainsi se termine le voyage dans la région du mental, que je n’ai fait que survoler pour en donner un aperçu. Seule l’expérience peut nous faire connaître les nuances de cette vaste région. La prochaine fois, le voyage nous emmènera dans la région centrale – un territoire inexploré dont nous n’avions aucune description jusqu’à ce que Ram Chandra de Shahjahanpur l’ajoute à la carte de la conscience humaine.

spirituel.

très rare d’atteindre le chakra 12, et encore plus rare d’aller au-delà. On y rencontre encore un autre défi, créé par le chakra brahmarandra qui est presque superposé au chakra 12. C’est le point par lequel l’âme entre dans le corps physique au moment de la conception, et c’est par là que les âmes hautement évoluées quittent le corps au moment de la mort. Quand le voyageur atteint le chakra 12, la tendance naturelle de son âme est de s’en aller par le chakra brahmarandra. Mais un guru d’envergure ne le permettra pas, au contraire, il aidera le voyageur à éviter le brahmarandra pour continuer vers l’étape suivante, appelée la région centrale. Cette transition est aussi en soi un processus fabuleux, car il faut avoir acquis une vitesse de libération suffisante pour être propulsé vers le chakra 13 puis vers la région centrale. Comment cela se passe-t-il ? Pendant une période de deux à trois jours, le guru fait traverser 64 chakras au voyageur, en ravivant à chacun d’eux la dévotion, le désir intense et l’impatience. L’impatience accumulée en parcourant ces 64 chakras en si peu de

Nom donné à Krishna

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ÊTRE PRÉSENT Un reportage du photographe JOSH BULRISS

Cela fait maintenant dix ans que je photographie des moines dans toute l’Asie. D’une part j’apprécie le sentiment d’intemporalité de leur univers, et de l’autre les côtoyer m’apporte de la paix. La photo est une forme de méditation. Elle m’oblige à vivre pleinement l’instant, à y être totalement présent. Dans nos vies remplies d’activités de toutes sortes, je crois qu’il est important de privilégier ces instants d’intense présence.

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Pour trouver le bon sujet quand je voyage, je choisis un endroit tranquille pour m’arrêter et je m’imprègne de ce qui m’entoure. Et parfois, la prise parfaite se présente d’elle-même. Quand tous les éléments sont en place et que je peux capturer ce moment de grâce, il n’y a plus alors qu’une profonde sérénité.


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Le but de la vie est celui-ci : nous devons exceller dans tout ce que nous faisons.

KAMLESH PATEL

PHOTOGRAPHIE KRIS CHIN



Le cheminement d’un

yogi

Texte PATRICK FLEURY, illustrations SYLVAINE JENNY Retrouvez les dialogues de Théophile sur le site theophilelancien.org.

T

héophile l’Ancien achève son exploration des étapes de l’ashtanga yoga de Patanjali en abordant aujourd’hui les deux dernières, dhyana, la méditation et samadhi, la contemplation. – Et la méditation ? demande Théo, nous n’en avons pas encore parlé. L’ Ancien répond : – En effet, il est grand temps de l’aborder, c’est le cœur de notre pratique. Mais plutôt qu’un grand discours... Il ferme les yeux, immédiatement accompagné par Théo, habitué à le suivre. La voix du vieil homme s’élève, douce et profonde :

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– C’est l’aube… le moment entre la nuit et le jour. La nature est en parfait équilibre. Assieds-toi en lotus. Ton corps est immobile tel une montagne. Tout est immobile en toi... silence… La lumière grise de l’aube pénètre toutes tes cellules... silence… Pénètre ton esprit... silence… Ton corps est totalement détendu... silence… Ton esprit plonge dans l’espace sacré de ton cœur... silence dans le Silence… Ton âme fusionne avec la Source de lumière divine… silence dans le Silence… S’ensuit une longue pause.


yoga

La voix de l’Ancien reprend : – Maintiens ta conscience en éveil et observe. Remonte tout doucement par paliers, par dimensions, en gardant le lien avec la Source divine. Observe ton espace intérieur... silence… Sat, chit, ananda… existence, conscience, félicité. Chaque particule de ton corps est divinisée… silence… et rayonne autour de toi… silence… C’est tout. OM… shanti, shanti, shanti. Après un long moment, Théo remarque : – C’était une méditation très différente ! Habituellement, tu me dis de commencer, je m’absorbe dans le cœur aidé par la transmission et, à la fin, tu dis simplement « c’est tout ». – Il s’agissait d’une méditation d’exploration, faite pour que ta conscience, chit, puisse pleinement participer et soit vigilante au niveau des trois dimensions de ton être. – Pourquoi m’as-tu demandé de conserver la conscience de la Source divine, lors de ma remontée ? – Pour te donner un avant-goût du sahaj-samadhi. – Comment définis-tu cet état ? – Le samadhi est une « entase », c'est-à-dire une entrée en soi, opposée à « extase ». – Et que se passe-t-il durant un samadhi ? – Babuji parle de trois niveaux de samadhi. Le premier correspond au sommeil profond. Il y a alors une suspension des perceptions, des sensations et des émotions. Le yogi est inconscient. Il ne se rend compte de son état spirituel qu’en sortant de la méditation. Le deuxième samadhi correspond à la conscience dans l’inconscience. Le yogi est tellement absorbé que rien d’autre n’existe. Il n’est pas conscient de ses actes mais il accomplit ce qu’il est nécessaire de faire. – C’est encore une manière de subjuguer l’ego. Là, c’est sûr, il ne peut se créer d’impressions...

– Mais ce n’est qu’une étape sur le chemin de la réalisation. Le dernier samadhi est le sahaj-samadhi, le plus élevé. C’est un samadhi naturel auquel le méditant parvient sans effort. Babuji dit que l’être subconscient médite constamment sur Dieu alors que son conscient est présent à son environnement. Dans le sahaj-samadhi (entase naturelle), tu es à la fois immergé dans la grande profondeur et totalement présent à la vie, au quotidien, aux autres. Babuji et Chariji donnaient l’impression d’avoir leur œil gauche tourné vers l’intérieur, vers leur cœur, et le droit tourné vers l’extérieur. C’est l’état spirituel le plus élevé qu’un être humain puisse atteindre. – Pour moi ce sahaj-samadhi était plutôt fulgurant ! Cela m’a semblé facile à atteindre. – Nous dirons plutôt que c'était une approche. Les Maîtres, eux, y sont en permanence. Théo, malicieux : – C’était une mise en appétit ? L’ Ancien reste silencieux, impassible, seul son œil droit s'illumine. – Pourquoi finir avec le « OM » ? demande encore Théo. – Nous étudions le Yoga. Babuji disait souvent « OM » à la place de « c’est tout ». Souvent les méditants coupent trop vite avec leur état intérieur quand ils entendent « c’est tout », alors qu’il faudrait laisser cet état se prolonger, encore mieux, il faudrait le développer. – Il est vrai qu’avec le « OM… shanti », cela donne envie de continuer même après qu’on a ouvert les yeux. – « OM » est le son du Verbe premier et shanti veut dire paix. C’est une bénédiction qui pénètre au plus profond de l’être. Les deux amis se taisent, replongeant dans l’atmosphère bénie de la méditation.

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La lavande Étonnantes plantes médicinales Dans notre série d’articles sur les plantes médicinales de tous les continents, nous allons parler cette foisci de la belle lavande.


le goût de la vie

Nom botanique

Mythologie et histoire

Genre : lavandula Espèces : angustifolia, stoechas, dentata, spica, latifolia, et de nombreuses autres variétés cultivées.

Les Grecs anciens appelaient la lavande nardus ou nard, d’après la ville syrienne de Naarda. C’était l’une des herbes utilisées dans le Temple de Salomon pour préparer l’huile sacrée, et le nard est cité dans le Cantique des Cantiques (4, 14) : Dans la Rome antique, le prix des fleurs de lavande

Noms communs Lavande, lavande anglaise, lavande française, lavande italienne, lavande ailée, lavande papillon, lavande aspic.

Habitat La lavande est née sous le climat méditerranéen, mais on la trouve aujourd’hui au Cap Vert, aux îles Canaries, en Europe du Sud, en Afrique du Nord et de l’Est, dans les pays méditerranéens, en Asie du Sud-Ouest et en Inde du Sud-Est. De nombreuses espèces sont cultivées de façon intensive dans des régions tempérées. La lavande prospère en terrain sec, aéré, bien drainé, sablonneux, dans le gravier et les sols rocheux. Elle prolifère également sur les pentes herbeuses, et ne nécessite pas de fertilisants, ou alors très peu. Elle se développe particulièrement bien dans des sols au pH de 6 à 8, mais supporte aussi des pH très alcalins.

Le nard et le safran, le roseau aromatique et la cannelle, tous les arbres qui procurent de l’encens ; la myrrhe et l’aloès, et tous les plus fins aromates. équivalait au salaire mensuel d’un ouvrier agricole, ou à cinquante coupes de cheveux chez le barbier local. Ce sont les Romains qui donnèrent son nom à la plante, tiré du verbe latin lavare, laver, car on utilisait ses fleurs pour parfumer l’eau du bain ; les habits et le linge de lit étaient mis à sécher au-dessus d’un buisson de lavande pour qu’ils sentent bon. La lavande est utilisée depuis très longtemps pour ses propriétés aromatiques et curatives ; et au

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thé était apprécié à la fois pour ses vertus médicinales et pour son goût. Elle n’est apparue dans la cuisine traditionnelle du sud de la France qu’au début du 20e siècle. Aujourd’hui des recettes à la lavande sont proposées un peu partout dans le monde.

Description La lavande fait partie des plantes vivaces de la famille des lamiacées, les menthes. Les petites corolles tubulaires bleu-mauve poussent en verticilles de six à dix fleurs sur des tiges carrées et forment un épi pointu. Elles fleurissent principalement en été et sont une abondante source de nectar pour les abeilles. Les feuilles persistantes, en forme d’aiguilles et duvetées, sont d’un gris argenté lumineux. Elles sont lancéolées, opposées et sessiles, et poussent sur des tiges ramifiées. L’écorce des tiges est grise et écailleuse. La lavande repousse facilement à partir de boutures.

Parties de la plante utilisées Fleurs, feuilles et huile.

Usages thérapeutiques Moyen Âge on pensait qu’elle pouvait repousser les mauvais esprits. Pendant des siècles elle a fait partie des herbes médicinales, et on l’utilisait aussi comme thé et comme parfum, de même qu’en cuisine. Elle représentait la principale composante des bouquets d’herbes et de fleurs censés protéger des maladies comme la peste noire. Son huile essentielle fut utilisée dans les hôpitaux pendant la Première Guerre mondiale. Son parfum provient de l’huile de ses fleurs et de ses feuilles. La lavande a été introduite en Angleterre dans les années 1600. On dit que la reine Elizabeth avait toujours de la confiture de lavande sur sa table. Son

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On cultive la lavande principalement pour l’extraction de son huile essentielle. Celle-ci a des propriétés antiseptiques et anti-inflammatoires et fait également office d’anti-moustiques naturel. Elle sert aussi à parfumer des produits pour le bain. En cuisine, on utilise généralement la lavande anglaise. Elle a un arôme sucré, avec une touche d’agrume. On en épice les pâtes, les salades, les sauces et les desserts. On prépare des thés avec ses fleurs en bouton et ses feuilles, et son nectar produit un délicieux miel monofloral. En sachets et en pots-pourris, la lavande éloigne les mites et les mouches.


le goût de la vie

Facultés de la lavande Régénère la peau Ses propriétés antiseptiques et antifongiques ont été utilisées depuis des siècles pour traiter des affections de la peau. Son action régulatrice aide à soigner l’acné, prévient la dégénérescence des tissus, calme le psoriasis et favorise la cicatrisation. Comme elle contient un haut pourcentage de linalol, les naturopathes s’en servent aussi pour soigner les blessures, les coupures, les brûlures et les coups de soleil. Fortifie les cheveux Des massages réguliers avec de l’huile de lavande rendent les cheveux brillants et fortifie les follicules. Ils régulent la production de sébum et régénèrent les cheveux des racines aux pointes. Certaines études ont démontré que la lavande favorise la repousse des cheveux dans des cas d’alopecia areata, une affection qui provoque des zones de pelade. Diminue la cellulite La lavande améliore la circulation, tonifie la peau, prévient les vergetures et draine la rétention d’eau, prévenant ainsi la formation de la cellulite. Calme l’anxiété et diminue l’insomnie Les recherches scientifiques suggèrent que la lavande utilisée en aromathérapie aurait un effet aussi apaisant sur le système nerveux que certains anxiolytiques pharmaceutiques. Elle favorise la détente et améliore la qualité du sommeil, et certains herboristes l’utilisent même pour diminuer les sautes d’humeur et la dépression.

lavande ne sert pas seulement à relâcher les tensions corporelles, c’est aussi un moyen efficace de soulager les maux de tête, les courbatures, les douleurs articulaires, les rhumatismes et les entorses. Atténue les troubles respiratoires Elle calme les spasmes musculaires, combat l’infection, atténue la douleur, et surtout aide à dormir. Elle est largement utilisée pour traiter de nombreux problèmes respiratoires, tels que la toux, les infections de la gorge, l’asthme, la congestion des sinus, la bronchite, la coqueluche et la laryngite. Aide à digérer Notre système digestif possède autant de nerfs que notre cerveau, il n’est donc pas étonnant que la lavande le calme comme elle calme notre esprit. A la fois antispasmodique et sédative, elle est efficace contre les gastrites nerveuses et les crampes, et en cas d’indigestion, en stimulant la production de sucs gastriques et de bile. Renforce l’immunité En abaissant le niveau de cortisol, l’hormone du stress. Calme et apaise Les recherches ont démontré que la lavande a un effet calmant et même légèrement sédatif quand elle est inhalée. De façon générale, les produits contenant de la lavande sont efficaces pour calmer les bébés. N.B. L’huile essentielle de lavande n’est pas recommandée aux femmes enceintes et allaitantes.

Ecologie actuelle Soulage les maux de tête et les douleurs La lavande est reconnue par les aromathérapeutes comme la meilleure huile essentielle pour soulager les douleurs. Un massage doux avec de l’huile de

À cause de sa robustesse et de la culture commerciale intensive qui en est faite, la lavande n’est pas menacée. D’ailleurs elle pousse bien mieux que d’autres plantes dans des climats rigoureux.

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Pierre après pierre ALANDA GREENE découvre l’art d’une progression lente et constante, et la vertu de la régularité et de la persévérance.

C

’est le temps des labours. Le printemps a été froid et humide, le sol est lourd et détrempé. Mais il faut quand même le retourner ! Je travaille lentement, j’enfonce la fourche dans une étroite bande de terre, soulève les mottes dures, les laisse retomber et les défais par des coups bien ciblés. Je souffle et je transpire. « Une petite rangée et je suis déjà dans cet état ? Comment vais-je arriver à labourer tout le jardin ? » Je connais la réponse. Une pelletée à la fois. Si j’utilisais un petit motoculteur, ce serait plus rapide, plus facile, et chaque année des amis bien intentionnés me le conseillent. Mais j’ai remarqué que la terre que je retourne à la fourche grouille de vers, alors que ces merveilleux aides-jardiniers sont moins nombreux à s’y tortiller quand elle est travaillée mécaniquement. J’ai troqué la pelle contre une fourche pour mieux ménager la population des vers.

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le goût de la vie

Carl Jung disait : « Rien n’est plus important qu’aujourd’hui. » En allant plus loin dans ce sens, on pourrait dire : « Rien n’est plus important que cet instant. » Pourtant chaque année, d’une manière ou d’une autre, tout le jardin finit par être labouré et planté. En ce moment j’ai l’impression d’être face à une entreprise redoutable et décourageante ; et si je considère tout le jardin, tout ce qu’il y a encore à faire, ça me semble impossible. Mais si je me concentre sur la parcelle qui se trouve juste devant moi, ça me paraît faisable. Carl Jung disait : « Rien n’est plus important qu’aujourd’hui. » En allant plus loin dans ce sens, on pourrait dire : « Rien n’est plus important que cet instant. » Et en cet instant, j’arrive à enfoncer ma fourche dans le carré de terre juste devant mes pieds. Quand je pense à tout ce qu’il faut faire, au lieu de me focaliser sur le travail que je suis en train d’accomplir, je m’éparpille. Bien sûr je peux garder à l’esprit tout mon jardin, relever la tête et contempler ce qui m’entoure, admirer les jonquilles au bout de la plate-bande, les fauvettes qui volettent dans le cerisier, humer la brise légère qui sent l’herbe nouvelle. Mais je ne dois pas perdre de vue l’importance de ce qui m’attend, là, devant moi. A mes débuts à l’université, je n’étais pas très studieuse. Je remettais tout à plus tard, et je me retrouvais ensuite face à des délais impossibles à tenir. Je me disais souvent : « Bon, j’ai déjà tellement de retard que même si je finis ce papier, ce ne sera rien comparé à tout ce qu’il reste à faire. Alors pourquoi ne pas sortir avec mes amis ! » L’absurdité de ce raisonnement est maintenant si évidente que c’en est embarrassant, et

je vois bien comment je m’y prenais à l’époque pour saboter mon travail. Cette façon d’agir inefficace a commencé à changer quand j’ai constaté les effets de ma procrastination et préféré m’épargner la panique dans mon travail. En retournant ces pensées dans ma tête pendant que je retourne la terre, je prends conscience de tout ce qu’on peut accomplir en faisant une petite chose après l’autre. On trouve cette sagesse qui manquait à mes jeunes années dans d’anciennes histoires, telle la fable d’Ésope « Le lièvre et la tortue », qui montre l’efficacité d’un effort lent et continu. Dans « Frère soleil, sœur lune », le très beau film de Franco Zeffirelli sur Saint François d’Assise, on entend la chanson légendaire de Donovan qui évoque le petit groupe des premiers disciples reconstruisant une église abandonnée : Jour après jour, pierre après pierre, lentement construis ton secret. Jour après jour, toi aussi tu grandiras, et connaîtras la gloire du ciel. Je devais être prête à recevoir ce message, dans ma lassitude à remettre tout à plus tard et à vivre le stress de trop de travaux à rendre, trop d’examens à passer et de mémoires à rédiger, car cette chanson a eu un effet. D’ailleurs elle est devenue l’une de mes favorites et aujourd’hui encore, quand je retourne la terre, il m’arrive de la chanter ; elle m’encourage à poursuivre les petites tâches de chaque jour. Mon ami Ben s’est engagé dans un grand projet : fabriquer un tambour de A à Z, depuis le nettoyage et le tannage de la peau, le découpage et le façonnage

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du bois de cèdre pour le cadre, jusqu’au ponçage et au collage. Cette activité nécessite beaucoup d’espace, et Ben n’en a pas beaucoup pour travailler, mais semaine après semaine, il achève une des pièces. « Je ne suis pas quelqu’un qui fais les choses dans un grand élan d’énergie, explique-t-il, j’avance lentement, mais je persévère. »

nécessaires qu’il faudrait revoir. J’apprends à écrire dès que j’ai un moment. Ainsi l’histoire continue à avancer, mes pensées à bouillonner en moi, et ma réceptivité reste vive, en alerte, attentive. De même, tout ce que j’accomplis de façon régulière, répétée, m’ouvre des perspectives. La sagesse des paroles de mon enseignant s’étend. Cette régularité,

Cette phrase m’a fait penser à Scott Nearing, le co-auteur de Living the Good Life. Il a paraît-il creusé un très grand étang sur son terrain en excavant deux seaux de terre par jour. Il a fallu beaucoup de temps mais, comme Ben, il a persévéré, et a fini par l’avoir, son grand étang. Plus je pense à cette façon de faire, tout en labourant une nouvelle rangée, plus je trouve d’exemples de son efficacité. La régularité dans une pratique, ou dans la réalisation de n’importe quel projet, recèle une profonde sagesse, de même que cette riche terre labourée recèle une profusion de vers fort utiles. J’entends les paroles de mon enseignant, qui font écho à celles de nombreux guides :

ce « petit à petit », m’apporte beaucoup plus que le simple fait de venir à bout d’une tâche. Cela pourrait signifier transformer tout un mode de vie. Chaque année la terre est retournée, la récolte est engrangée – une récolte qui dépend de la température, de la pluie, du vent et de l’attention que je lui porte. Tout en me penchant pour soulever une nouvelle pelletée de terre, je me demande : « Quelle est ma récolte intérieure, quand j’applique cette sagesse ? » Qu’est-ce que je choisis d’exprimer dans ma vie ? Quelles qualités ai-je envie de renforcer ? Selon quelles valeurs vais-je décider de vivre ? Comment puis-je les manifester ? Si je réponds à ces questions et qu’une chose se met en travers de ces choix, je peux la confronter, la transformer, puis la laisser derrière moi.

Sois régulière, médite chaque jour, même si ce n’est qu’un petit moment. C’est beaucoup plus fructueux que de le faire longuement de temps en temps. Je ne voudrais pas vous faire croire que les tendances de ma jeunesse se sont entièrement transformées. Elles se manifestent encore en beaucoup d’occasions, mais c’est au jardin que je les ai le mieux dépassées. Quand j’écris, je ne maîtrise pas encore l’art du « petit à petit ». Pour mes projets d’écriture plus importants, j’aurais besoin de grandes plages de temps mais, avec mon mode de vie, je n’arrive pas facilement à en créer. Je commence à me demander si ce n’est pas l’idée que ces grandes plages me sont

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Un moment suspendu… Comment méditer ?

Asseyez-vous confortablement dans un endroit où vous pouvez méditer sans bruit ni distractions, de préférence au même endroit et à la même heure chaque jour. Éteignez votre téléphone portable et autres appareils. Fermez doucement les yeux et détendez-vous. Asseyez-vous le dos droit, mais sans rigidité. Prenez quelques minutes pour détendre votre corps avec la relaxation Heartfulness. Portez votre attention vers l’intérieur et prenez un moment pour vous observer. Ensuite, émettez calmement la suggestion que la Source de lumière est là, présente dans votre cœur. Pensez que cette lumière vous attire de l’intérieur. Faites cela de manière douce et naturelle. Il n’est pas nécessaire de vous concentrer. Si vous sentez que votre attention dérive vers d’autres pensées, revenez tranquillement à l’idée de la Source de lumière dans votre cœur. Laissez votre attention posée sur le cœur. Sentez que vous vous fondez dans cette perception. Vous allez peut-être dépasser l’état de vigilance pour atteindre un état de détente profonde. Tout va bien. Restez en méditation jusqu’à ce que vous sentiez qu’elle est terminée.

fr.heartfulness.org


Les anti-oxydants

à absorber sans modération ! FÉLICIE TOCZÉ nous revient avec ses excellents conseils en nutrition et une de ses délicieuses recettes.

O

n entend beaucoup parler d’« anti-oxydants », d’« oxydation cellulaire » ou encore de « radicaux libres », mais qu’est-ce que cela signifie au quotidien ? Vivre sur cette planète, dans la société qui nous entoure, dans le monde humain qui est le nôtre, induit de nombreux stress et pollutions qui amènent notre organisme à produire des radicaux libres. Ceux-ci ont un impact négatif sur notre santé car ils s’attaquent aux lipides qui sont des constituants de nos membranes cellulaires, en particulier les précieux acides gras poly-insaturés, les oméga 3 et 6. Ils peuvent également s’attaquer aux protéines, comme le collagène de la peau, les protéines de transport ou encore les hormones. Les radicaux libres perturbent donc le fonctionnement des cellules et sont à l’origine de nombreuses pathologies de dégénérescence. Plus couramment, ils sont impliqués dans les mécanismes du vieillissement. Ces radicaux libres peuvent être d’origine externe ou interne à notre organisme. Pensons à toutes les substances chimiques inhalées (pollution automobile,

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atmosphérique ou tabagique, peinture, désodorisants), avalées (alcool, additifs alimentaires, résidus phytosanitaires) ou inoculées (métaux lourds des vaccins) ainsi qu’aux rayonnements électromagnétiques, qu’ils soient naturels, comme le soleil, ou artificiels, tels les rayons X. Quant aux radicaux libres internes, ils sont produits en plus grande quantité lors d’excès alimentaires, de défense contre une infection, une inflammation ou un stress. Nous avons donc de nombreuses cartes en main pour améliorer notre réaction aux agressions quotidiennes que subit notre organisme : apprendre à gérer son stress, faire le choix de produits écologiques, protéger sa peau des rayons du soleil, etc., et bien sûr, mieux se nourrir. Depuis deux milliards d’années, les organismes se sont adaptés en se dotant de systèmes de défense contre les radicaux libres : on les appelle les anti-oxydants. Consommer autrement et voir l’alimentation sous un angle nouveau peut nous permettre de retrouver


le goût de la vie

les qualités premières de ce que nous offre la nature. Elle nous permet en effet de sélectionner des ingrédients bénéfiques pour notre santé. La nature est très intelligente ! Tout ce qui est « faux » ou « abîmé », comme le sont la majorité des produits industriels, apporte plus de mal que de bien : en plus de ne pas contenir ces substances bénéfiques, les aliments

• les aliments sont frais et ont peu voyagé. On estime que pour combattre l’effet de l’oxydation au quotidien, notre alimentation devrait atteindre une valeur de 5000 unités ORAC (l’unité utilisée est le μ mol TE/100g c’est-à-dire la micromole de Trolox pour 100 gr d’aliment). Pour les atteindre, voici quelques conseils simples :

provoquent un stress dans l’organisme par la présence de produits chimiques, d’informations fausses ou encore de produits clairement toxiques. Alors que tous les ingrédients bruts, à l’état naturel, sont gorgés de précieuses substances anti-oxydantes. Elles sont quantifiées par un indice appelé ORAC (acronyme pour Oxygen Radical Absorbance Capacity). Les végétaux sont composés, outre les macro-nutriments que nous connaissons bien et auxquels nous faisons le plus souvent référence (les protides, les lipides et les glucides), de phyto-nutriments et d’autres substances certes plus petites, mais ô combien intéressantes pour nous. Ces caractéristiques de la plante lui donnent à la fois une identité et des qualités propres. Plus l’aliment a un indice ORAC élevé plus il contient d’anti-oxydants toutes catégories confondues (vitamines A, E, C, phyto-nutriments et oligo-éléments) Le potentiel anti-oxydant est le plus intéressant lorsque : • la plante pousse dans des conditions difficiles (elle doit faire plus d’efforts) • les végétaux sont colorés, et encore plus lorsque la couleur est rouge tirant même vers le noir (comme les baies) • on ne traite pas chimiquement et que la plante doit se défendre toute seule contre les « attaques » naturelles • l’analyse nutritionnelle montre une forte quantité de minéraux et oligo-éléments

• augmenter la part des légumes frais. Le top ? le brocoli avec un indice ORAC de 3083, et tous les crucifères • user et abuser des aromates, épices fraîches et sèches : ail, persil, thym font partie des meilleures sources • consommer des oléagineux. La noix, bien de chez nous, plafonne à 13540 • choisir des légumes et fruits bio, et manger la peau autant que possible • préférer les légumes et fruits les plus colorés • se mettre aux algues ! • napper délicatement ses plats d’huiles vierges non chauffées. La présence de vitamine E est particulièrement intéressante. Plus exotiques, mais entrés dans nos habitudes culinaires et nos envies alimentaires : le cacao (cru de préférence), le gingembre, le curcuma, les baies de gogi, ou encore le poivre, doivent leur succès à leur excellent pouvoir anti-oxydant. Finalement, sans se fatiguer à assimiler toutes ces données de chercheurs, comprenons simplement que manger local, biologique, frais et parfumé nous permet, sans y penser, de vivre en bonne santé. Alors vive la cuisine saine et gourmande !

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la recette de félicie

Gâteau végétalien au curcuma et au gingembre

90 ml d'huile d’olive 300 gr de farine de petit épeautre ½ complète 1 c à c de bicarbonate 1 pincée de sel

La recette Préchauffer le four à 180°C. Mélanger les ingrédients secs dans un saladier : farine, bicarbonate, curcuma, poivre et sel.

200 ml de miel liquide

Emulsionner dans un blender les ingrédients suivants : miel, eau, purée d’amande,

230 ml d’eau

vinaigre de cidre. Verser la préparation liquide sur les ingrédients secs, mélanger

1 c à s rase de purée d’amande blanche pour faire un lait 1 c à c de vinaigre de cidre 1 c à c rase curcuma 1 pincée d’un bon poivre noir 1 c à s rase de gingembre frais très finement haché

intimement. Ajouter le gingembre. Verser dans un moule chemisé et répartir les noix du Brésil concassées et les pépites de cacao en les enfonçant légèrement du bout des doigts. Enfourner pour 50 à 60 min. Le gâteau doit être doré et la pointe d'un couteau doit ressortir sèche après avoir été piquée en son centre. Laisser reposer 5 minutes avant de le démouler sur une grille à pâtisserie. Laisser refroidir.

50 gr de noix du Brésil 25 gr de pépites de cacao

Pour suivre l'actualité de Félicie felicietocze.fr Félicie propose aussi des cours de cuisine en petits groupes et pour les particuliers. Une opportunité de se familiariser avec les ingrédients bio de la cuisine végétarienne et créative. Les cours du soir en semaine durent environ 2 heures et sont suivis du repas partagé. Les thèmes sont variés : un ingrédient-clé, une saison, un type de mets, etc., peuvent être le point de départ de l’élaboration d’un cours. Les recettes sont toujours végétariennes, le plus souvent sans gluten (jamais de blé et les céréales contenant du gluten sont choisies avec soin), sans produits laitiers, et sont composées de produits naturels, non raffinés, locaux et de saison autant que possible, et d’origine biologique.

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Smile !

un petit texte de Yves Benhamou

Savais-tu que 17 muscles, pas moins, participent à la naissance d’un sourire sur notre visage ? Et t’es-tu jamais demandé si tu souris parce que tu es content, ou si tu es content parce que tu as souri ? Les mouvements de joie produisent de la joie. Et puis, c’est un de ses grands avantages, le sourire est communicatif. Si tu souris à quelqu’un qui te parle, celui-ci sourira à son tour, peut-être sans même s’en apercevoir. Ainsi détendu et de bonne humeur, il sourira ensuite à une autre personne, qui communiquera son sourire à quelqu’un d’autre, et ainsi de suite. Qu’est-ce que tu ressens quand on te sourit ?

Le sourire a de nombreux avantages : Il détend à la fois la personne qui l’envoie et celle qui le reçoit. Quand tu as mal, essaie de sourire et observe la façon dont ton sourire diminue la sensation de douleur. Le sourire est contagieux : souris et le monde te sourira !

Il y a bien sûr un grand éventail de sourires. Le large sourire, un peu insolent

Le sourire bien connu de Mona Lisa Le demi-sourire légèrement narquois 76

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planète kids

Le doux sourire d’un sage

Le sourire satisfait du travailleur qui a fini sa journée

Le sourire timide

ACTIVITÉ Tente cette expérience simple et étonnante à l’école, à la maison ou en marchant dans la rue : reste tranquille quelques instants, ferme les yeux et plonge dans l’espace de ton cœur. Sens ce sourire particulier qui non seulement naît sur tes lèvres mais amène aussi

de minuscules clochettes et des scintillements dans ta poitrine. Puis ouvre les yeux en gardant en toi ce sourire et le sentiment de joie. Partage-les avec toux ceux que tu rencontres. Observe combien de personnes te sourient en retour.

Peut-être qu’elles vont continuer à sourire à d’autres. Il se pourrait que, par ton sourire, tu aies transformé la journée de bien des gens !

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Les coups de cœur de la rédaction À lire

À tester Boris Cyrulnik, Psychothérapie de Dieu,

Fondée en 2010 La Ruche Qui

éd. Odile Jacob, septembre 2017

dit Oui ! est une des réponses

Dans son dernier ouvrage, le célèbre

positive aux enjeux fondamen-

neuropsychiatre et éthologue fran-

taux et complexes liés à notre

çais questionne notre rapport à Dieu.

alimentation : santé, environne-

« Aujourd’hui, sur la planète, 7 mil-

ment, emploi, terroirs, culture,

liards d’êtres humains pensent à Dieu,

liens sociaux….

le côtoient, lui parlent, l’éprouvent, le

Cette société qui fonctionne

ressentent, mais il existe très peu de

comme une plateforme, s'est

travaux psychologiques qui tentent de comprendre l’effet que

donné comme but de redon-

cela leur fait. » L’auteur nous livre ici ses observations sur les

ner le pouvoir aux producteurs

différentes représentations de la divinité, la nature de notre

et aux consommateurs pour

« relation » au divin, ou la manière de le partager avec les autres.

réinventer l’alimentation et sa production, en favorisant la

Il montre également, à la lumière des découvertes scientifiques

vente en circuit court, afin de proposer au plus grand nombre

récentes, que le fait de croire en Dieu modifie le fonctionnement

des produits de qualité issus de l’agriculture fermière et de

de notre cerveau. Un essai passionnant !

l’artisanat local.

Plus d'infos www.odilejacob.fr

En pratique c'est simple et très sympa : vous choisissez une Ruche dans votre quartier, vous faites d'abord votre marché

À découvrir

en ligne, et venez récupérer vos courses lors du marché hebdomadaire dans la Ruche où vous rencontrerez à la fois les QWest tv

producteurs des produits que vous cuisinerez, vos voisins, et

Un nouveau média inter-

découvrirez un lieu et ses activités.

national verra bientôt le

Les Ruches sont des lieux très éclectiques, elles peuvent être

jour, fruit de la passion

un café, un théâtre, un centre culturel, un lieu de passage

que nourrissent ses créa-

comme une gare ou bien même un établissement scolaire.

teurs pour la musique et

Ces rassemblements autour de marchés temporaires sont

le jazz en particulier. A

un beau vecteur de liens, de dynamique et de rencontres à

l’heure du digital, Qwest

l'échelle d'un quartier.

TV est une plateforme de

En 2017, il existe plus de 1000 Ruches en France et en Europe.

service de vidéo à la demande (SVOD) 100% légale, disponible dès le 15 décembre sur tablettes, ordinateurs et téléphones portables. Offrant une sélection de qualité d’archives, de documentaires et d’interviews d’artistes inspirés par la culture jazz et toutes ses musiques connexes, Qwest TV entend réunir et fédérer, autour d’un média fort, une communauté de passionnés. De Charlie Parker à Ravi Shankar et de Marcus Miller à Angélique Kidjo, Qwest TV accorde un nouveau souffle à la musique live. Parrainé par le légendaire Quincy Jones, ce projet à vocation éducative et patrimoniale célèbre la force et les valeurs d’un genre qui n’a pas de frontières, sur fond de notes bleues. Plus d'infos www.qwest.tv

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Plus d'infos www.laruchequiditoui.fr


actualités

La jolie idée

Une artiste inspirée Graphic Meditation de Camila Eslava, un projet réalisé en Résidence d'artiste à Montréal au printemps 2015. Dessins de format 10 x 15cm ; technique au rotring et encre sur papier photo glossy. Pendant le premier mois de sa résidence, Camila adopte le rythme quotidien suivant : 1h de méditation, 5h de vélo et de marche sans but fixé et 4h de dessin. Ainsi naissent les 100 dessins de la série « méditations en noir ». Ils sont ensuite envoyés au hasard par la poste à des habitants de Montréal, ou déposés par Camila dans les boîtes aux lettres de maisons qu’elle trouve intéressantes. Chaque envoi est accompagné

L'initiative "You are beautiful" est née en 2002 à Chicago et rassemble aujourd'hui une large communauté à travers le monde. « Quand nous avons lancé l’autocollant "You are Beautiful", nous avons utilisé l’art public pour afficher ce message plein d’espoir. Dans quel but ? Nous voulions être une force positive et transmettre une idée très simple : tout être mérite de se sentir bien. Nous nous sommes rapidement retrouvés à expédier des autocollants dans le monde entier, traduits en une centaine de langues. Nous en avons depuis distribué des millions et notre action visant à combattre activement la négativité s’est largement répandue. Le message s’affiche maintenant aussi sous forme de grands panneaux en bois et de peintures murales, et nous collaborons avec de nombreux designers, étudiants et artistes partout dans le monde. Nos messages s’appuient sur des réseaux de proximité, ils incluent toujours votre propre voix, et nous vous invitons à continuer à partager l’espoir en notre monde. » Plus d'infos sur www.you-are-beautiful.com

d’une invitation à apporter le dessin à la Galerie B312 le 10 juin entre 17 et 19 h, pour recomposer l’ensemble des « méditations en noir » disséminées dans tout Montréal. Camila propose aussi d’apporter à la galerie, ou d’envoyer à son domicile parisien, quelque chose en échange du dessin. De nombreuses personnes sont venues ce 10 juin, et en rentrant chez elle, elle a trouvé beaucoup de lettres, de notes, de dessins, de petits drapeaux et d’objets divers. « Mon processus évolue dans un état contemplatif. Mon œuvre émerge de mon énergie mentale que je vis comme un flux qui circule sans arrêt entre l’extérieur et l’intérieur. Le geste de dessiner donne à cette circulation une forme plastique semblable à un sismogramme des mouvements intérieurs, où des éléments simples tels que des lignes, des taches, des points et d’autres formes très épurées se répètent, varient, s’accumulent et se juxtaposent. Cela devient une pratique méditative au cours de laquelle les formes se complexifient à travers moi, m’indiquant chaque fois de nouveaux tracés. Mon travail commémore ainsi la plasticité de l’univers et l’aspect transitoire de ses formes et de l’énergie mentale qui les perçoit et les crée. » Camila Eslava, artiste plasticienne et chercheur en esthétique et sciences de l'art. Plus d'infos www.camilaeslava.com

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