Magazine Heartfulness - Avril 2017

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Hors série 6€ avril 2017

Heartfulness médecine I méditation I recherche I sommeil I sport I stress I alimentation I agriculture

SANTÉ DU CORPS SANTÉ DE L'ÊTRE Edition spéciale

Bien-être, santé et méditation


Master classes Heartfulness avril, juillet, septembre 2017

Plus que jamais, c’est le moment

de méditer La progression de l’humanité passe par le cœur Des master classes avec Kamlesh D. Patel, responsable international de Heartfulness, vous attendent !

Infos

3 master classes de méditation, en ligne et gratuites. Nous proposons cette nouvelle série de master classes pour soutenir les 1 000 000 de personnes et plus qui ont participé à celles de février et offrir une nouvelle opportunité d’apprendre les techniques Heartfulness. Prochaines sessions d’approfondissement en avril, juillet et septembre - dates à confirmer.

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Gratuite sur fr.heartfulness.org ou Facebook (Heartfulness Méditation)

Heartfulness Through meditation, harmony heartfulness.org /masterclass


L'édito Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, « la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en l’absence de maladie ou d’infirmité ». Cette définition, bien que très souvent critiquée, n’a finalement jamais été modifiée depuis son élaboration en 1946. Jugée par beaucoup comme utopiste, elle perdure dans le temps car elle est juste et réaliste en intégrant l’être dans sa dimension physique, mentale et environnementale. Elle dérange également puisqu’elle ne s’appuie que très peu sur les systèmes de soins et renvoie chacun à sa responsabilité individuelle, envers soi et envers autrui. Entretenir et maintenir notre corps en bon état est notre responsabilité, s’accommoder de situations nouvelles est du ressort de notre volonté et de nos choix. Créer un environnement propice à la santé d’autrui est de notre devoir. Enfin, cette définition confère à la santé une approche dynamique, celle d’un état d’équilibre à maintenir dans un être en perpétuelle mutation, de la conception au dernier souffle. Elle donne finalement une place de choix à la dimension spirituelle de l’Être… Dans ce numéro spécial consacré à la santé, plusieurs auteurs soulignent l’impact positif de la méditation sur notre condition intérieure et sur notre capacité à réguler et apaiser notre mental en toute circonstance. Il est aussi question de l’expansion de la conscience, grâce à laquelle notre mental peut approcher de nouvelles situations de façon plus ajustée, nous permettant ainsi de prendre les décisions appropriées. Ces thèmes sont traités aussi bien dans une perspective scientifique, avec des articles écrits par des spécialistes, qu’ à travers des témoignages et des partages d’expériences intérieures, notamment celle de M. Kamlesh D. Patel qui, avec une approche de yogi, nous guide dans la découverte du fonctionnement d’un être humain aux multiples dimensions. En consacrant ce premier numéro spécial à la santé, le mouvement Heartfulness souligne sa volonté d’informer et de sensibiliser le public à l’intérêt de mener une vie saine et équilibrée à tous niveaux. Il réaffirme son souhait d’œuvrer pour le bien-être en mettant à la disposition de tous les outils simples et efficaces que sont la relaxation et la méditation du cœur. Si l’ONU a officialisé l’ importance du yoga en instaurant la Journée internationale du Yoga, si la même année l’OMS a incorporé dans les plans santé mondiaux la méditation comme outil clé de lutte contre le stress et si l’UNESCO dans ses programmes de développement durable a fixé le bien-être comme un des axes prioritaires des 15 années à venir, alors allons-y de bon cœur… Méditons, méditons et méditons ! Dr Jacques Marty Cardiologue, Toulouse


Contributeurs DIRECTRICE DE PUBLICATION Sylvie Berti Rossi RÉDACTION FRANCOPHONE Sylvie Berti Rossi, Génia Catala, Hélène Camilleri TRADUCTION Génia Catala, Sylvie Galland ENVOI DES CONTRIBUTIONS Correspondance avec la rédaction et ligne rédactionnelle magazine@unimeo.com ABONNEMENTS www.unimeo.com IMPRESSION Aumüller Druck GmbH & Co. KG Weidener Straße 2 D-93057 Regensburg PUBLICATION Unimeo 1185 Chemin des Campelières 06250 Mougins FRANCE Droits d’impression, publication, distribution, vente, sponsoring et perception des recettes réservés à l’éditeur. 2017 © Tous droits réservés à Unimeo ISSN : 2491-2255 Les termes « Heartfulness, Relaxation Heartfulness, Sahaj Marg Spirituality Foundation, SMSF », le logo « Learn to Meditate » et le logo  « Heartfulness » sont des marques déposées par la Sahaj Marg Spirituality Foundation. Aucune partie de ce magazine ne peut être reproduite sous quelque forme ou moyen que ce soit sans autorisation écrite préalable. Le nom de domaine www.heartfulness.org est également la propriété de la Sahaj Marg Spirituality Foundation. Les opinions exprimées dans les articles de ce magazine ne reflètent pas toujours celles de la rédaction, de l’Institut Heartfulness ou de la Sahaj Marg Spirituality Foundation.

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Responsable international de Heartfulness, Kamlesh D. Patel incarne cette rare fusion du cœur oriental et de l’esprit occidental. Source d’inspiration pour les chercheurs spirituels, il poursuit des recherches dans le domaine de la méditation et de l’évolution de la conscience. Il est l’auteur de nombreux écrits, et donne des interviews et des conférences dans le monde entier. Spécialiste FMH, René Descartes pratique depuis 1995 une médecine intégrative, associant médecine interne, homéopathie uniciste, acupuncture et auriculothérapie. Il donne des cours de nutrition, des conférences et des formations pour thérapeutes en médecine complémentaire. Il est formateur Heartfulness depuis 1992. Cédric Chezeaux, paysan bio dans le Jura vaudois, décide d’être fidèle à ses convictions et de redevenir auteur de sa vie. Au risque de perdre les moyens de faire vivre sa famille, il vend ses vaches et se lance dans la culture de blés anciens. « La révolution silencieuse », le film plein d’espoir de Lila Ribi qui retrace cette aventure, suscite l’enthousiasme du public.


Santé du corps, santé de l'Être Un numéro hors série du magazine Heartfulness

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L'ÉVOLUTION DE LA CONSCIENCE

Les trois corps  Nous avons un corps physique de chair et de sang, qui est notre partie la plus dense. Nous avons également un corps subtil et un corps causal, l'âme.

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LE SECRET DE LA SANTÉ

08 La santé est un équilibre 1 4 Méditation et médecine : un couple parfait ?

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AU CŒUR DE LA MÉDITATION

20 Bien dormir pour bien méditer 24 Le cœur, notre cerveau sensible Interview de Haresh Mehta, cardiologue

30 Méditer

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ATTITUDES

32 Devenez votre propre espace vert 36 Pas le temps

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L'APPEL DES PROFONDEURS

Apnée, méditation et performances Interview de Coralie Imbert

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LE GOÛT DE LA VIE

44 Le grain et le pain Entretien avec Cédric Chezeaux et Marc Haller

52 Cuisiner sans gluten, c’est bon et ça développe la créativité, par Félicie Toczé

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la science de la spiritualité

L évolution de la conscience Les trois corps

Dans ce premier article d’une série consacrée à l’évolution de la conscience, KAMLESH D. PATEL décrit les différents corps qui constituent l’être humain et le rôle de chacun dans notre évolution. Il nous montre comment les pratiques spirituelles sont conçues pour favoriser l’expansion de la conscience.

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uand on parle de tisser sa destinée, son avenir, qu'est-ce qu'on entend par là ? Sur le plan matériel, ça veut dire vivre à l’aise. Passer d'un appartement avec une chambre à coucher à une maison qui en a cinq, posséder dix usines au lieu d’une ; on rêve d’être promu directeur général quand on est employé ; on veut une vie de famille heureuse, épanouissante, et des enfants qui aient eux aussi une vie satisfaisante. Du point de vue spirituel, on s'intéresse à un domaine bien plus vaste. Avant de l’explorer davantage, il nous faut décrire la constitution de l’être humain. Nous avons un corps physique de chair et de sang, qui est notre partie la plus dense. Bien qu’elle se modifie un peu en fonction de notre mode de vie, elle ne change guère. L’évolution physique se fait

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sur une période plus longue que celle d’ une vie, et nous ne pouvons attendre de notre corps qu’ il évolue au cours de notre existence. Le corps physique est associé à la matière. Nous avons également un corps subtil, qu’ on nomme aussi corps astral ou mental. Il est associé à l’énergie et aux vibrations. C’est ce que nous appelons le cœur et le mental. Notre troisième corps est le corps causal, la cause de notre existence, ce qu'on appelle l’âme. Le corps causal est associé à l’état du « rien absolu », le substrat de l’ existence. Ce corps causal est pur, immuable, inaltérable, il n’ a donc pas besoin d’ évoluer. Nous ne pouvons pas nous attendre à des changements évolutifs de nos corps physique et causal. Quand on veut modifier sa façon de penser et ses


C’est donc au niveau du corps subtil que nous pouvons choisir d'évoluer, pour passer du niveau animal au niveau humain, puis au niveau divin, en développant notre champ de conscience.

comportements au cours d’un processus de développement personnel - qu’il soit psychologique ou spirituel - ce qui évolue ou se transforme est la strate du milieu, le corps subtil. La destinée spirituelle dépend entièrement de la purification de celui-ci, ce qui consiste à enlever les couches qui l’ entourent. Dans le règne minéral les trois corps sont si étroitement liés les uns aux autres qu’ il est difficile de les séparer ; ils n’ ont guère de liberté. Selon leur aptitude à se libérer sur le plan vibratoire, ils ont différentes qualités, et nous les appelons or, plomb, osmium, etc. Dans le règne végétal, les trois corps sont reliés de façon un peu plus lâche. Regardez un arbre. Comment savez-vous qu’ il a un corps subtil qui

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la science de la spiritualité

La destinée spirituelle dépend entièrement de la purification du corps subtil, ce qui consiste à enlever les couches qui l’entourent.

réagit ? Avez-vous vu des fleurs s’ouvrir quand le soleil les touche ? Comment le savent-elles ? Elles répondent si parfaitement, tournant leur corolle pour suivre la course du soleil. Il existe aussi une plante, la lajvanti, dont les feuilles se replient quand on les touche. Quand il y a de la brise, ou même une tempête, les feuilles et les branches des arbres dansent, mais à l’ instant où on s’ apprête à couper une branche, elle commence à s’agiter. On peut le sentir. Chez les plantes, le corps subtil et le corps causal sont très étroitement liés, et le corps subtil ne peut pas beaucoup s’ exprimer. Chez les animaux, les trois corps sont plus nettement séparés, et chez les humains ils sont labiles ou connectés de façon souple. Cette connexion diffère selon les personnes. Les trois gunas, ou qualités fondamentales, de la philosophie védique – tamasique, rajasique et sattvique – réfèrent au type de connexion, plus ou moins forte, entre les corps. Chez une personne sattvique, le corps subtil peut se mouvoir, alors qu’ une personne tamasique est plus proche de la pierre. L’ une peut penser à quelque chose qui se déroule ailleurs, tandis que l’ autre, avec ses capacités mentales limitées, peut ne pas saisir ce qui se passe autour d’ elle. Son mental ne parvient pas à le concevoir, même si on lui en parle. Parfois,

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quand nous communiquons, certains concepts ne sont pas compris par l’ autre du fait de l’ incapacité de son corps subtil à les appréhender. Comment décrire le corps subtil ? Comment évolue-t-il ? Nous étudierons ses quatre fonctions principales, qui sont : Chit, la conscience Manas, nos capacités contemplatives Buddhi, l’ intellect Ahankar, l’ ego Elles ont toutes un rôle à jouer dans notre évolution, nous les aborderons dans un prochain numéro.

Pour en savoir plus Les articles de cette série paraissent régulièrement dans le magazine Heartfulness. Vous pouvez vous abonner au magazine, commander des numéros à l’unité ou les télécharger gratuitement sur unimeo.com.


Une pause… Comment se détendre ? Asseyez-vous confortablement et fermez doucement les yeux. Commencez par les orteils. Remuez-les. Maintenant, sentez qu’ils se détendent… Détendez vos chevilles et vos pieds… Sentez l’énergie qui monte de la terre… de vos pieds jusqu’à vos genoux, et qui détend les jambes… Détendez les cuisses… L’énergie monte le long des jambes… et les détend. Maintenant détendez profondément vos hanches… votre ventre… et votre taille… Détendez votre dos… Votre dos est entièrement détendu, du haut jusqu’en bas… Détendez votre poitrine et… vos épaules. Sentez simplement que vos épaules fondent… Détendez le haut de vos bras… Détendez chaque muscle de vos avant-bras… vos mains… jusqu’au bout des doigts… Détendez les muscles du cou… Portez votre attention sur votre visage… Détendez les mâchoires… la bouche… le nez… les yeux… les lobes des oreilles… les muscles du visage… le front… jusqu’au sommet de la tête.

Dirigez maintenant votre attention sur votre esprit, vous sentant profondément détendu à l’intérieur… Respirez calmement... Laissez votre esprit se relâcher. Déplacez votre attention vers le cœur… Émettez tranquillement l’idée que la Source de lumière illumine votre cœur de l’intérieur et attire votre attention. Sentez-vous immergé dans l’ amour et la lumière dans votre cœur. Restez dans le calme et le silence et absorbez-vous lentement en vous-même.

www.heartfulness.org www.heartfulness.org

Photographie : Alexandre Godreau

Sentez que tout votre corps est maintenant complètement détendu…


La santé est un équilibre

La santé englobe les aspects physiques, mentaux, émotionnels et spirituels de notre être. Le docteur SANKAR TSR MOHANASELVAN aide

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Pouvez-vous nous dire comment vous en êtes venu à vous intéresser à un si large spectre de thérapies ?

ses patients à respecter l’ équilibre dans tous les domaines de leurs vies, en combinant médecine allopathique et méthodes traditionnelles, ainsi que des pratiques de guérison quantiques innovatrices. Il travaille en collaboration avec ses patients pour leur permettre d’ atteindre un équilibre physique, chimique et énergétique.

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Il y a eu trois générations de guérisseurs dans ma famille. J’ ai grandi entouré de médecins. Plus tard, après être devenu médecin diplômé, mon esprit était constamment à la recherche de solutions pour les maladies considérées comme incurables par le système établi. J’ avais du succès en tant que médecin allopathique, pourtant les gens continuaient à revenir avec le même problème auquel j’ étais incapable de fournir une solution permanente. Je me disais qu’ il


le secret de la santé

Q

Ces méthodes sont-elles complémentaires ?

Oui, elles sont absolument complémentaires. C’ est leur plus grand avantage, car, en médecine alternative, je fais surtout du rééquilibrage énergétique, ce qui n’ interfère aucunement avec l’ équilibre chimique que nous tentons d’ obtenir en médecine allopathique. Elles vont de pair et cela ne me dérange pas de les combiner ou de les utiliser chacune en monothérapie.

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Beaucoup de médecins se polarisent sur la maladie, alors que vous considérez le bien-être. Est-ce un point de vue différent ?

devait y avoir autre chose, un traitement plus efficace que ceux que j’ employais déjà. Un jour, en 1985, je reçus une information au sujet d’ un cours d’ acupuncture concernant des maladies que je trouvais difficiles à traiter dans ma pratique allopathique. Plus tard, quand j’ approfondis mes connaissances en acupuncture, je découvris qu’ elle n’était pas non plus une solution à toutes les maladies. Par conséquent, j’ ai commencé à m’ ouvrir à d’ autres branches de la médecine alternative, afin d’ en acquérir une compréhension suffisante pour traiter n’ importe quelle maladie. Bien entendu, je pratique toujours en tant que médecin généraliste.

Ma formation de base en médecine était axée sur la gestion des crises. Vous êtes confronté à une situation donnée, et vous interférez ou intervenez pour la corriger. Un jour, je suis tombé sur un dicton classique de la philosophie orientale : « Le meilleur médecin est celui qui maintient les gens en bonne santé en prévenant les maladies », plutôt qu’ en guérissant la maladie après qu’ elle se soit manifestée. Je me suis donc mis à chercher des moyens de prévention, de maintien de la santé, plutôt que de continuer à gérer des situations de crise. Dans chaque approche thérapeutique, il y a certaines lacunes et certains points forts. Le bien-être est un terme très important, cela signifie être en bonne santé dans bien des domaines - physique, mental, émotionnel, social et spirituel. J’ a i tenté de sélectionner un large éventail d’ approches pour répondre aux besoins de toutes ces dimensions. Par exemple, l’ allopathie est l’ une des meilleures médecines et c’ est grâce à elle que nous sommes tous en vie. Sans antibiotiques beaucoup de gens auraient de gros problèmes. Mais, pour certaines

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choses, comme les maladies mentales, elle n’ a pas les réponses. Elle n’ accorde aucune importance à l’ influence de la spiritualité, qui fait également partie du spectre de santé et de bien-être d’ une personne. Mon but principal est d’ aider à prévenir les maladies, plutôt que de simplement guérir les gens qui en sont déjà atteints. C’ est comme déchirer un torchon et ensuite essayer de le raccommoder. Je veux prévenir la déchirure pour qu’on n’ ait pas besoin de la recoudre. Donc, je me concentre sur les soins de santé préventifs, en utilisant les méthodes de traitement les plus naturelles.

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Pouvez-vous nous parler de certaines de ces méthodes ?

Je peux les classer en trois grandes catégories : les techniques d’ équilibrage chimique, les techniques d’équilibrage énergétique, et les techniques d’équilibrage physique. Les techniques d’ équilibrage chimique influencent le corps à travers sa composante chimique. Les préparations phytothérapeutiques, les produits pharmaceutiques (y compris les antibiotiques en cas de fièvre et d’infections) et d’autres produits naturels entrent dans la catégorie des produits chimiques. La majeure partie de ma pratique implique des techniques d’ équilibrage énergétique, par exemple l’ acupuncture chinoise, ainsi que les systèmes de micro-acupuncture. Mon outil principal est le Sujok, ou « acupuncture main et pied ». Elle a été développée par un chercheur coréen, le professeur Park Jae Woo, et se base sur le principe de la similitude des formes. Je l’ utilise parce que c’ est un système simple et facile, qui me permet d’ apprendre aux gens à prendre soin d’ eux-mêmes plutôt que d’ être toujours dépendants d’ un médecin. Malgré tout, si leur problème est

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plus grave que prévu, ils peuvent toujours recourir au médecin ou au praticien. J’ utilise aussi d’ autres systèmes d’ acupuncture pour l’ équilibrage énergétique, comme l’ acupuncture auriculaire. L’ homéopathie est aussi un système d’ équilibrage de l’ énergie, car ce n’ est pas la substance qu’ on utilise dans les granules, mais les fréquences. Elle fait donc partie de la catégorie de l’ énergie. Le troisième moyen est l’ équilibrage physique. Les Chinois disent que la santé n’ est rien d’ autre que le libre flux de l’ énergie. Si le flux est perturbé, cela conduit à la maladie, qui peut être au niveau physique, mental, émotionnel ou à tout autre niveau. En régulant le flux d’ énergie, on améliore la santé à tous les niveaux. J’ utilise le « tai-chi du sourire » comme technique d’ équilibrage physique. J’ enseigne aussi la marche en torsion et tout cela aide mes patients à réguler leur flux d’ énergie. Cette méthode est très simple et permet de devenir compétent en un jour ou deux.


le secret de la santé

Cette technologie est futuriste par nature et repose sur le principe que tout existe sous forme de vibrations et d’ énergies. S’ il y a une perturbation à ce niveau, il nous faut utiliser un outil vibratoire pour la corriger. Après de très nombreuses recherches, ce scientifique a conçu une machine qui fournit également un feedback permettant de décoder l’ information.

Je combine toutes ces techniques pour créer un équilibre mental, physique et émotionnel, et traiter ainsi chaque patient de manière holistique.

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Comment traitez-vous la santé spirituelle et émotionnelle d’un être humain ?

En utilisant un nouveau système appelé rétroaction biologique ou biofeedback quantique. Il a été développé par un scientifique de la NASA qui a découvert qu’on pouvait influencer les informations stockées dans l’ espace subatomique des atomes du corps humain en utilisant des technologies développées par des programmes informatiques. Il a découvert qu’ on pouvait générer des ondes quantiques et les envoyer dans le corps où elles sont capables de réguler et de modifier ce qui se passe dans l’ espace subatomique.

Il a découvert que les différents problèmes dimensionnels d’ un être humain peuvent être influencés de deux manières. La première est indépendante de l’ esprit du patient puisqu’ elle modifie les choses au niveau subatomique. La seconde consiste à créer une prise de conscience chez le patient pour qu’ il prenne soin de guérir son propre corps. Selon le principe quantique, les choses ne changeront jamais si nous ne les regardons pas. Nous avons seulement besoin de savoir ce qu’ il faut regarder et où regarder. Le système de biofeedback quantique nous aide à découvrir ce qui n’ est pas en équilibre à un niveau dimensionnel précis. Le système de biofeedback quantique analyse l’ espace subatomique des atomes du patient et nous raconte ce qui se produit dans leur système. En l’ expliquant au patient, on crée chez lui une prise de conscience, si bien que son esprit commence à s’ en occuper. Cela modifie la configuration du niveau subatomique au niveau le plus subtil, ce qui provoque un changement au niveau physique. C’ est semblable à ce qui se passe pendant la méditation. En méditant, nous faisons l’ expérience de la transmission et nous sentons les changements produits par elle. Si après les avoir observés, nous demandons : « Montrez-moi comment la transmission fonctionne », on ne peut pas répondre. C’est comme demander : « Montrez-moi l’ électricité et comment elle se transmet dans le fil. » On ne peut en voir que l’ effet quand on visse une ampoule et

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qu’ elle s’ allume. Quand nous relions notre cœur au Divin, nous observons la même chose. Voilà ce qu’ est la méditation. A l’ avenir, les gens comprendront que tout est vibration. Cette science qui utilise les vibrations et les fréquences pour réguler les choses aide les gens à prendre en charge leur santé. Elle peut influencer des problèmes dans toutes les dimensions, et j’ ai vu

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beaucoup de changements miraculeux depuis dix ans. Un champ immense est en train d’ émerger, qui sera basé sur les vibrations et les fréquences. Nous sommes sur le point de vivre un grand changement dans notre manière de penser.

Heartfulness, ma façon d’aborder un diagnostic et de sélectionner le mode de traitement s’ est simplifiée, grâce à la clarté de ma pensée. Ce que je peux vous dire, c’ est que ma croissance n’ a pas été un progrès graduel mais plutôt un bond dans de nouvelles dimensions. C’ est un extraordinaire développement intérieur qui me donne un bonheur limpide, quoi qu’ il se passe

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Qu’ est-ce qui vous donne le plus de satisfaction dans votre travail ?

J’ ai la chance de faire un métier où je sens que le ToutPuissant me donne la possibilité d’avoir une certaine influence sur la vie des gens – pour leur amélioration, leur bien-être et leur plaisir. Je me sens privilégié d’ exercer cette profession où j’ ai les compétences d’ influer sur le bonheur et la santé d’ autrui. En vérité, ma vie a changé lorsque j’ a i rencontré mon Maître spirituel, Sri Parthasarathi Rajagopalachari, car il m’ a aidé à comprendre le vrai sens de la vie. Auparavant je n’ étais qu’ un médecin. Ensuite, je suis devenu un être humain, capable de voir les choses sous un angle nouveau. Voir les choses d’ un nouveau point de vue a été la cause fondamentale du succès de ma carrière. Cela a également été fructueux dans ma vie privée et dans ma vie académique – tout a changé grâce à lui. Je lui suis infiniment reconnaissant.

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Comment la méditation vous aide-t-elle ?

La méditation m’ aide à me concentrer, à avoir les idées claires et une meilleure compréhension. Poser un diagnostic devient très simple. En général on cherche à avoir des diagnostics multiples, une deuxième opinion. Après avoir pratiqué la méditation

autour de moi. Cela m’ a donné la force de gérer n’ importe quelle situation avec facilité. Par ailleurs, et c’ est très important, cela m’ a délivré de beaucoup de peurs. Je sens maintenant que j’ ai quelque chose à donner aux autres, qui à leur tour peuvent aider autrui. Voilà ce que j’ ai appris de mon Maître. Il faut que je redonne ça à l’ humanité et à l’ Univers, donc je suis ouvert à toute possibilité d’ enseigner à ceux qui le désirent. Interview : Elizabeth Denley Photographie : Jonathan Pendleton


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Méditation et médecine La science s’intéresse depuis plus de cinquante ans au phénomène de la méditation et à ses effets sur le cerveau, avec plus de 3000 études scientifiques publiées à ce jour. Le Dr RENÉ DESCARTES retrace ces recherches et les techniques utilisées pour mesurer les changements physiologiques provoqués par la méditation, ainsi que ses bénéfices cliniques.

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es dernières années, nombreuses ont été les publications scientifiques mettant en évidence les bienfaits de la méditation. Bien que traditionnellement sa pratique soit associée au développement spirituel, elle est souvent utilisée comme technique de relaxation et de gestion du stress. Les avantages potentiels décrits sont multiples, voire si prometteurs qu’il semble que méditer soit presque une panacée… une activité n’exigeant aucun matériel, sans effets secondaires, et praticable, après un bref enseignement initial, sans aucune contrainte de lieu et d’espace.

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Pourtant, malgré des centaines de publications depuis les années 70, dont certaines très intéressantes, il reste un travail de recherche considérable pour approfondir et confirmer ces premiers résultats si encourageants. Le grand public sous-estime souvent les contraintes extrêmes d’une recherche scientifique de haute qualité. En particulier, il faut disposer d’un nombre suffisant de sujets pour pouvoir extrapoler des conclusions à l’ensemble d’une population. Cela dit, il est sans doute illusoire de vouloir réduire la méditation à un phénomène observable par des mesures objectives. Pour commencer, le dialogue est malaisé, voire limité, entre un pratiquant expérimenté et un neurophysiologiste. Et entre l’expérience subjective et l’observation extérieure par des appareils de mesure, il existe un hiatus philosophique, méritant déjà une profonde réflexion. Les chercheurs spirituels pourraient refuser de s’enfermer dans un appareil d’IRM, et des scientifiques purement matérialistes affirmer que méditer consiste à s’enfermer dans ses illusions et ses projections.


Un couple parfait ?

Malgré toutes ces difficultés, il est passionnant de s’attarder sur ce que les sciences peuvent nous apporter dans ce domaine en pleine expansion. Ces dernières années, de nombreuses publications ont été relayées dans des médias populaires, à tel point que le grand public sait maintenant que méditation et sciences peuvent faire bon ménage. Nous allons successivement aborder la méditation, la définir et puis établir son rôle actuel et potentiel dans le domaine médical, après un bref survol de l’état des connaissances en recherches fondamentales. Finalement, nous essayerons de répondre à quelques questions pratiques, en particulier la recherche d’une méthode adaptée pour chacun.

Méditer, c’est quoi au fait ? On peut répertorier plusieurs dizaines de techniques de méditation, mais elles ont toutes un dénominateur commun : le retour sur soi. Pour un individu non entraîné, l’attention est portée pour 99 % du temps sur l’environnement extérieur. Par la méditation,

un pratiquant se tourne à l’intérieur de lui-même, en tâchant d’ignorer tout stimulus extérieur. Le sujet qui médite développe une attitude d’observateur, devenant ainsi à la fois le sujet et l’objet de l’expérimentation. Sous une apparente simplicité, il s’agit d’une véritable révolution de l’attitude. Cette démarche est d’ailleurs souvent décrite par les pratiquants débutants comme très difficile. En effet, il n’y aucun moment dans la vie où l’on nous propose une apparente « non activité » tout en restant conscient. Ce qui différencie la méditation du sommeil. Cette attention portée vers l’intérieur peut être purement réceptive et passive, ou bien focalisée sur un objet particulier (partie du corps, respiration, image, mantra) ou encore basée sur le développement d’un ressenti particulier, comme l’empathie, la bienveillance, l’amour, le non-jugement, etc. Cela définit trois grandes familles de méditations. Certaines techniques proposent des approches mixtes.

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Quelles médecines ?

Recherches fondamentales et méditation

En quelques dizaines d’années, la médecine est passée d’une insuffisance de moyens à une surabondance technologique. Les capacités diagnostiques sont devenues telles qu’elles ont rendu possibles des changements spectaculaires, en particulier dans le domaine des maladies aiguës. Que l’on songe à notre approche des maladies cardiaques, en particulier aux interventions en urgence qui permettent actuelle-

Il existe plusieurs techniques de mesures appliquées à des sujets pratiquant la méditation. La recherche s’est principalement attachée à répondre à cette question : la méditation est-elle une pratique spéciale permettant d’atteindre un état particulier, différent des états ordinaires de conscience ? Ou est-ce un simple état de relaxation proche du sommeil ? On savait que certains pratiquants, après une certaine

ment à la cardiologie interventionnelle de sauver le muscle cardiaque, incapable de se régénérer lorsque qu’il souffre d’un manque aigu d’oxygène. Il n’y pas si longtemps, par manque de moyens, on se contentait de traiter la douleur et de laisser la maladie suivre son cours destructeur. Aujourd’hui le nombre de décès évités et la diminution de la mortalité sont impressionnants depuis l’avènement des « stents » et autres techniques permettant de dissoudre les caillots pour rétablir rapidement la circulation sanguine. Pourtant, parallèlement aux remarquables améliorations dans le domaine de la médecine d’urgence, on a vu se développer de nombreuses maladies chroniques et complexes, pour lesquelles les ressources thérapeutiques sont beaucoup plus maigres et souvent largement insuffisantes. Par exemple, le traitement de la douleur reste souvent laborieux. Malgré une meilleure connaissance pratique des médicaments antalgiques, ceux-ci sont parfois insuffisants et surtout grevés de lourds effets indésirables. Dès lors, dans le champ des maladies chroniques, il est clair qu’il existe un besoin majeur de nouveaux outils thérapeutiques et pas forcément médicamenteux.

assiduité dans leur pratique, pouvaient ressentir des conditions particulières, parfois extrêmement plaisantes, comme des distorsions spatio-temporelles, des sensations de flottement, etc. Certains neuro-scientifiques se sont demandé si on pouvait objectiver ces états. N’était-ce que des expériences subjectives banales, comme celles qu’on peut ressentir dans les moments de passage entre l’état de veille et l’état de sommeil ? Que peut-on mesurer, « objectiver », chez une personne qui médite ? A) EEG (électro-encéphalographie) : cela consiste à mesurer l’activité électrique du cerveau. Découverte à partir des années trente, grâce aux travaux de Berger puis d’Adrian qui ont permis de différencier les types d’ondes cérébrales et ainsi de comprendre et définir l’activité électrique cérébrale d’un sujet en bonne santé. A partir de là on a pu établir en quoi consistait une activité électrique anormale du cerveau et ainsi mieux comprendre le vaste monde des épilepsies. C’est tout naturellement que l’on s’est demandé si méditer pouvait déclencher une activité électrique particulière, différente de tous les autres états connus. Chez un sujet normal, on distingue très grossièrement quatre états fondamentaux : l’état d’éveil avec anxiété, avec prédominance des ondes dites bêta (13-30 Hz), un état de relaxation, de détente, avec prédominance des ondes alpha (8-13Hz), un état de sommeil paradoxal, avec des ondes dites thêta (4-8Hz), et un état de sommeil profond avec prédominance des ondes delta (<4Hz).

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le secret de la santé

Or, chez les personnes qui méditent, on peut observer en quelques semaines des modifications déjà significatives, mais encore peu spécifiques et proches des états de relaxation et d’hypnose. Par exemple, on peut mesurer une abondance plus importante d’ondes alpha, avec un ralentissement de celles-ci et, après quelques mois de pratique, l’apparition significatives d’ondes thêta pendant les états méditatifs. Ces modifications semblent assez logiques : au ralentissement des pensées, devenant moins intrusives et obsédantes, correspond un ralentissement des ondes cérébrales. Pourtant, ces dernières années, avec l’amélioration des techniques de mesure et les possibilités, par l’informatique, de mieux analyser les signaux obtenus, on a pu mettre en évidence, chez des pratiquants très expérimentés, des ondes plus rapides que les ondes bêta, et de grande amplitude : les ondes gamma (>30 Hz). Chez un sujet « normal » on trouve des ondes gamma, mais peu rapides, entre 30 et 40 Hz, et de faible amplitude. On pense qu’elles représentent une convergence de plusieurs réseaux de neurones. Cette activité électrique serait le reflet d’une plasticité neuronale, utile pour fixer à long terme des informations dans les circuits de la mémoire (apprentissage par exemple). Par contre chez les méditants très expérimentés, ces ondes gamma sont très rapides, entre 60 et 110 Hz, et de grande amplitude. Elles sont la signature des changements spécifiques et uniques d’une pratique méditative prolongée. On ne connaît pas encore très bien leur signification, mais leur localisation laisse penser qu’elles sont le reflet d’une capacité d’attention très augmentée par la pratique méditative.1 B) Neuro-imagerie : bien que le CT Scan ait permis les premières explorations cérébrales, il a fallu attendre la résonance magnétique nucléaire pour pouvoir étudier très finement le système nerveux et obtenir des images

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Bénéfices cliniques de la méditation très subtiles. Mais c’est surtout par l’imagerie par résonnance magnétique fonctionnelle, qu’on a pu analyser non seulement la structure cérébrale mais encore son fonctionnement, en analysant de minimes changements localisés de la circulation sanguine du cerveau. Grâce à ces différentes méthodes, on a pu repérer et décrire de très nombreuses modifications, difficiles à aborder dans cet article. Certaines zones cérébrales sont activées

Au-delà des effets mesurables de la méditation sur le fonctionnement de l’organisme et en particulier du cerveau, mentionnés plus haut, on s’est énormément intéressé aux avantages cliniques et concrets. On a pu répertorier plusieurs dizaines de bénéfices cliniques, ayant chacun fait l’objet d’une étude publiée : presque toutes les branches de la médecine sont touchées par le bienfait potentiel d’une pratique méditative.

par la méditation, d’autres au contraires désactivées. Certains changements sont associés à certains types de méditations et pas à d’autres. Certaines zones du cerveau ont une taille très légèrement augmentée par la méditation, mais les effets ne deviennent significatifs que chez un pratiquant expérimenté.

Plus de 3000 études scientifiques ont été publiées sur la méditation ! Il est donc difficile de les évoquer en quelques lignes, mais les bénéfices sont multiples : améliorations du sommeil, de la dépression, de l’hyperactivité avec déficit d’attention, de l’anxiété, des addictions, des douleurs chroniques, de la pression artérielle, etc. On peut mentionner, parmi d’autres, une recherche publiée en 2012, dans une grande revue médicale, cherchant à établir les bénéfices de la méditation pour prévenir une récidive après un premier infarctus du myocarde. Sur une base de deux séances quotidiennes de 20 minutes, on a pu déterminer, après 5 ans de suivi, une réduction de 48 % des accidents dans le groupe pratiquant la méditation, par rapport au groupe de contrôle 2. Relevons que quelques publications font état d’effets secondaires indésirables en lien avec la pratique méditative. Heureusement ces effets semblent rares (sensations angoissantes de « dépersonnalisation ») et semblent liés à une formation insuffisante de l’enseignant.

C) Autres techniques : mesure de la résistance électrique cutanée, rythme respiratoire, magnétoencéphalographie, consommation d’oxygène, cohérence cardiaque par étude de la variabilité de la fréquence cardiaque. Ce type de mesures a permis de mettre en évidence d’autres effets de la méditation. Elle calme non seulement le système nerveux, mais également de nombreux systèmes physiologiques : cœur, circulation, activité du système nerveux autonome. C’est grâce à ces méthodes que l’on a pu établir que l’état méditatif est différent d’un état de transe hypnotique. D) Relevés d’expériences, ou approche phénoménologique : peu utilisée, elle permettrait, par recoupements, de créer une véritable science spirituelle. En appliquant les méthodes utilisées dans le domaine sociologique, par exemple, on pourrait comparer les récits d’un nombre élevé de pratiquants pour retrouver les points communs entre les différents vécus subjectifs. Cette approche aurait par ailleurs l’avantage de ne pas réduire la méditation à une expérience mesurable par des appareils, aussi sophistiqués soient-ils.

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le secret de la santé

Une méthode idéale pour méditer ? Les premières études cliniques, effectuées dans les années 70, ont porté sur la méditation transcendantale. Certains membres de groupes rock à succès planétaire (Beatles, Beach Boys) pratiquaient à l’époque ce type de méditation. C’est dans ce contexte que la méditation a bénéficié d’une première vague de notoriété significative, attirant dans son sillon les premiers chercheurs. Cette époque, caractérisée par

quelle rapidité des états méditatifs d’une grande profondeur pouvaient être obtenus, par la transmission yogique, après quelques mois de pratique régulière. A relever encore que la pratique méditative pourrait avoir de multiples avantages pour les intervenants et les soignants. La qualité des décisions est favorablement influencée par une attitude centrée et relaxée. La méditation est non seulement un remède

de nombreux excès, lui a aussi donné une réputation ambiguë dans le grand public. De nombreuses recherches ont montré que les diverses familles de méditation ont des effets différents sur le cerveau. Mais ces résultats concernent plutôt les pratiquants débutants, car on admet aujourd’hui qu’on retrouve des modifications très similaires chez les pratiquants expérimentés, quel que soit le type de pratique 3. On entend par expérimentée, une personne qui pratique régulièrelement la méditation depuis plusieurs dizaines d’années. Soulignons que ces modifications sont durables, et considérées comme spécifiques. De nombreuses traditions ont été testées en laboratoire, mais c’est certainement la méthode Mindfulness qui a bénéficié du plus grand nombre d’études cliniques. Malgré son protocole bien structuré qui l’a rendue très populaire dans les milieux académiques et médicaux, elle ne s’est pas démarquée des autres types de méditation dans ses effets. Quant à la pratique yogique Heartfulness, qui commence à susciter l’intérêt de la recherche, elle se présente, malgré sa simplicité, comme une synthèse des trois familles de méditations. Son processus d’attention étant centré sur le cœur, elle a l’avantage de créer très rapidement un état d’équilibre chez celui qui médite. Les résultats des premières recherches scientifiques 4 semblent ouvrir un champ prometteur à de futures études. Par ailleurs, plusieurs centaines de milliers de pratiquants à travers le monde ont pu confirmer avec

à de nombreux maux, mais va bien au-delà d’un simple processus thérapeutique, puisqu’elle permet, selon plusieurs études, d’améliorer les performances cérébrales. Est-ce une amélioration des performances ou le développement intégré de tout son potentiel émotionnel et spirituel ?

Références : 1) Increased Gamma Brainwave Amplitude Compared to Control in Three Different Meditation Traditions, C. Braboszcz et al., Université Toulouse, Centre de Recherche Cerveau et Cognition. 2) Stress Reduction in the Secondary Prevention of Cardiovascular Disease Randomized, Controlled Trial of Transcendental Meditation and Health Education in Blacks, R. H. Schneider. 3) From Alpha to Gamma : Electrophysiological Correlates of Meditation-Related States of Consciousness Juergen Fell et al., Department of Epileptology, University of Bonn. 4) Increasing Joy and Cooling of Burnout with Heartfulness Meditation, J. Thimmapuram, Wellspan York Hospital. Photographie : Jérémy Thomas

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Bien dormir pour bien méditer

KAMLESH D. PATEL souligne l’ importance d’ une bonne nuit de sommeil.

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S

i les gens avaient un cycle de sommeil régulier, leur existence en serait changée. Allez vous coucher tôt. Un cycle de sommeil irrégulier a de sérieuses répercussions, car il agit en vous comme un effet papillon. Vous connaissez l’ histoire : un papillon bat des ailes en Amazonie, une feuille d’arbre se met à voltiger, puis deux, puis trois, et pour finir une tempête de neige s’ abat sur l’ Amérique du Nord. Un peu de discipline pour que votre sommeil soit réparateur et profond – et votre état d’ esprit en bénéficiera toute la journée.


au coeur de la méditation

Vous méditerez le matin sans avoir à lutter avec votre mental. Quand on est bien réveillé, on est capable d’ inviter avec amour la conscience supérieure ou le principe divin dans notre méditation, et de s’ unir à cette Essence. Il se crée ainsi une belle condition dans le cœur. Et lorsque celle-ci est particulièrement intense, elle persiste en nous. Même si nous tentons de nous en débarrasser, elle ne nous quitte pas. Telle est la permanence de cette condition lorsque notre conscience est à même de la recevoir. Si notre méditation du matin est entravée, notre journée entière en est gâchée. Pour quelqu’ un qui n’a jamais médité, cela ne change rien. Sa journée se déroule, à son habitude, comme un océan démonté. Les océans démontés sont très beaux – ils peuvent vous inspirer bien des poèmes. Mais la vraie beauté est un étang dont aucune vague ne vient rompre la parfaite sérénité, et que même la chute d’ une petite feuille peut troubler. C’est à nous de choisir. Voulons-nous que nos vies ressemblent à des océans démontés, ce qui semble plaire à tant de gens ? Dans ce cas, nous ne serons jamais conscients de ce qui se passe en nous, nous serons perdus dans les vagues déferlantes de notre conscience agitée. Mais quand la conscience s’ apaise, nous remarquons le moindre changement ou la moindre variation en elle, tout comme la chute légère de la plus légère des feuilles peut créer des vagues. Les Shastras, les textes yogiques hindous, accordaient beaucoup d’ importance aux deux narines. Idéalement, l’ activité de la narine droite prédomine la journée, et celle de la gauche, la nuit. Pourquoi ? En bref, l’ influence du soleil sur notre physiologie est directement liée non seulement à son mouvement

Quand on est bien réveillé, on est capable d’ inviter avec amour la conscience supérieure ou le principe divin dans notre méditation, et de s’ unir à cette Essence. Il se crée ainsi une belle condition dans le cœur. Et lorsque celle-ci est particulièrement intense, elle persiste en nous.

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mais aussi à celui de la lune. Quand quelque chose est faussé, une interversion se produit. Autrefois, les gens observaient leur respiration. Si elle n’ était pas conforme, ils buvaient de l’eau chaude, faisaient un exercice de prayanama ou marchaient, etc. Si vous êtes bien attentif, vous remarquerez, juste au lever du soleil, un déplacement d' activité progressif de la narine gauche vers la narine droite, et inversement au coucher du soleil. Et si vous méditez à cet instant, ce sera comme une fusée. C’ est exactement le bon moment pour méditer, car vos systèmes nerveux sympathique et parasympathique sont en équilibre. Lorsque vous vous couchez vers 21 ou 22 heures, vous pouvez observer que la narine droite passe le relais à la narine gauche. Le matin, cela se produit en sens inverse. Si vous avez engrangé assez d’ heures de sommeil, votre narine droite prédomine automatiquement dès que vous vous levez. Au cours des millénaires, notre système a évolué de telle façon que, lorsque le soleil se lève, certains cycles hormonaux se déclenchent. Si vous respectez ce rythme, votre santé s’ améliorera d’ elle-même. En revanche, que se passe-t-il quand on va se coucher très tard le soir ? En allant à l’ encontre de ce rythme, c’ est comme si on nageait à contre-courant, à long terme cela nous consume. Lorsque votre force et votre jeunesse commenceront à décliner, le délabrement de votre santé en dira long. Il vaut mieux prendre le bon rythme dès à présent. Je pense que les activités nocturnes sont un des fléaux du monde moderne. Du fait de l’ électricité, il

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n’ y a plus grande différence entre le jour et la nuit. Notre manque de sommeil chronique et nos rythmes irréguliers affectent notre santé, notre système nerveux s’ affaiblit et, avec lui, notre système immunitaire. Des études approfondies sur la santé des gens qui travaillent la nuit ont montré qu’ ils vieillissent prématurément. La plupart d’ entre nous n’ ont pas à travailler la nuit, nous avons le choix, et pourtant nous adoptons la même façon de vivre que ceux qui y sont contraints.


au coeur de la méditation

De notre plein gré nous passons nos nuits à regarder toutes sortes de choses. Qu’ il s’ agisse de notre spiritualité ou de notre santé, c' est autodestructeur. Alors pourquoi ce laisser-aller  ? Comment construisons-nous notre destin ? En ne suivant pas les rythmes naturels, nous avons déjà fait le choix d’une voie destructrice. Ram Chandra de Shahjahanpur l’ a magnifiquement énoncé : on peut nager soit avec, soit contre le courant d’ une rivière, mais dans ce cas, cela nous épuisera. Tôt le matin, l’ énergie de la nature coule dans une seule direction, vers la Source. Il ne s’agit pas d’une énergie physique. Il vaut mieux méditer en se laissant porter par ce courant. Si on tente de le faire après le lever du soleil, c’ est comme nager à contre-courant, la méditation sera plus difficile. Donc, si vous désirez progresser, ajustez votre cycle de sommeil. Sinon, vous serez toute votre vie en lutte constante avec cet élément fondamental. Vous vous réveillerez frustré et en manque de sommeil. Vous ne serez pas en état de méditer correctement. En ne méditant pas correctement, vous ne pourrez pas compter sur une bonne condition spirituelle, et vous n’aurez pas un état d’ esprit adéquat, ne serait-ce que pour faire face aux tâches les plus courantes. Vous aurez déraciné votre conscience, la force même qui vous guide. Exposé à trop de choses, vous serez devenu vulnérable et vous accumulerez de plus en plus d’impressions durant la journée. C’ est un cercle vicieux. En revanche, si votre condition est plus subtile, plus pure, empreinte de félicité, vous serez plus reconnaissant. Cette gratitude qui jaillit du cœur crée

Tôt le matin, l'énergie de la nature coule dans une seule direction, vers la Source. Ce n'est pas une énergie physique. Il vaut mieux méditer en se laissant porter par ce courant.

un lien entre vous et votre Créateur. Vous en retirerez de grands bienfaits. En retirant toujours plus de bienfaits de la méditation, vous aurez toujours plus envie de continuer.

Photographies : Megan Hodges et Kosal Ley

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Le cœur,

notre cerveau sensible

Le DR HARESH est cardiologue et exerce dans les meilleurs hôpitaux de Mumbai, en Inde. Il est professeur invité à l’Hôpital Universitaire de Berne, en Suisse, et a aussi travaillé en Autriche et aux Etats-Unis. Il donne régulièrement des conférences et fait des démonstrations sur les techniques complexes de l’angioplastie. Fondateur de Healing Hearts, Haresh est également formateur Heartfulness.

Q

Vous êtes cardiologue et vous pratiquez également la méditation Heartfulness. Pourquoi cet intérêt, pourquoi êtes-vous si fasciné par le cœur ? Ma relation avec le cœur date de mon enfance. Mon père et mon grand-père voulaient tous deux avoir un spécialiste du cœur dans la famille, et c’ est ainsi que je me suis impliqué dans le cœur physique. Dès l’ âge de cinq ans, je crois, je voulais devenir cardiologue.

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Q

Vous travaillez avec le cœur physique et vous méditez sur le cœur spirituel. Comment voyez-vous la relation entre ces deux domaines ? Au départ, je considérais le cœur physique comme un organe qui pompait le sang, l’envoyait dans les poumons pour le purifier, puis dans tout le corps, pour fournir de l’oxygène aux organes. Plus tard, j’ai découvert que les recherches menées tant par les scientifiques que les non-scientifiques montraient que le cœur n’était pas qu’une pompe. Ils ont réalisé que le cœur avait un système sensoriel propre, et qu’ il était capable d’exécuter des fonctions tout


au coeur de la méditation

J'ai découvert que les recherches menées tant par les scientifiques que les non-scientifiques montraient que le cœur n'était pas qu’une pompe. Ils ont réalisé que le cœur avait un système sensoriel propre, qu'il était capable d’exécuter des fonctions tout seul, même déconnecté du cerveau, et qu'il pouvait aussi penser.

seul, même déconnecté du cerveau, et qu’ il pouvait aussi penser. D’ après mes observations, le cœur est un cerveau sensible. Quand vous êtes en colère, votre cœur palpite. Quand vous êtes heureux, c’est dans votre cœur que vous l’ êtes. J’ ai donc compris qu’ il y avait évidemment un lien entre le cœur physique et le cœur spirituel. Cette relation a été explorée par l’ équipe de recherche HeartMath et des scientifiques, comme le Dr Paul Pearsall, qui se sont plongés dans ce domaine et ont pu prouver que le cœur est responsable de la cohérence de l’ organisme humain. Ils ont découvert

son action non seulement dans le corps lui-même, mais dans les relations entre les être humains, entre les animaux de compagnie et leurs propriétaires, et aussi entre les membres d’ un groupe tel qu’ un orchestre symphonique. Ils se sont rendu compte que, lorsqu’ un orchestre joue, ce ne sont pas les cerveaux qui collaborent, car quarante cerveaux travaillant ensemble sont incapables de donner une symphonie. C’ e st le cœur qui détermine cette cohérence. Ils ont aussi découvert que la cohérence n’est pas strictement localisée : ce que votre cœur pense ou ressent peut être ressenti par quelqu’ un d'autre à des millions de kilomètres. Ils ont ensuite réalisé que ce phénomène était dû à la force magnétique émise par le cœur, qui est de cent à mille fois plus forte que la force magnétique émise par le cerveau. Ce qui m’ a fait réaliser que le cœur est beaucoup plus que le cœur physique que nous voyons. A mon avis, le cœur physique n’ est qu’ un petit élément du cœur spirituel.

Q

Donc c’est par le cœur que nous nous connectons et interagissons.

Oui, je le crois vraiment. Nous ne décrivons jamais quelqu’ un comme étant doux de cerveau, on le désigne comme étant doux de cœur, comme ayant bon cœur. Je pense sincèrement que les relations sont formées par le cœur, et en aucun cas par le cerveau.

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Q

Comment la pratique de la méditation a-t-elle influencé votre vie ?

La méditation m’ a changé. Je vais vous raconter une petite histoire sur la manière dont j’ ai commencé et cela vous dira tout. J’ étais un cardiologue très occupé, travaillant sans cesse et avec succès, mais j’ étais constamment en colère. Vous m’ auriez ren-

J’ai répliqué : « Changé, comment ça ? Je ne sens aucun changement. » Ils ont insisté : « Docteur, maintenant, vous nous écoutez. » J’ ai dit : « Je vous ai toujours écoutés. C’ est comme ça que je diagnostique vos problèmes. » Ils m’ ont répondu : « Non, docteur. Avant, on vous disait une phrase, puis c’est vous qui parliez, ensuite vous nous prescriviez des médicaments et vous nous laissiez. Maintenant, nous sentons que

contré à cette époque, vous auriez ressenti cette colère. Je dormais mal, la nuit. En dépit d'être populaire et d’avoir toutes les choses dont j’ avais besoin dans ma vie, je ne dormais pas. J’ avais beaucoup de remontées acides et d’aigreurs, alors je me levais, me tournais et me retournais dans mon lit, prenais des antiacides, avec toujours l’impression d’être au bord de la crise cardiaque. Tous les mois, j’ allais aux urgences de l’ hôpital, et me faisais faire mon ECG pour comprendre ce qui se passait. Ma femme m’ a dit : « Tu vas devenir fou si tu continues comme ça ». Et un jour elle m’ a proposé : « Pourquoi n’ essaies-tu pas cette méditation Heartfulness ? » Elle m’ a envoyé chez un formateur et j’ ai suivi trois séances de méditation. Je l’ ai fait juste à cause d’ elle, et durant ces trois séances, honnêtement, je n’ ai rien ressenti. La seule chose que je ressentais, c’était : « Bon, j’ ai fait quelque chose pour ma femme, et elle est heureuse, c’ est bien ! » Et j’ ai continué à être l’ homme que j’ étais. Mais après quelques semaines, malgré une pratique très irrégulière, j’ ai remarqué que je dormais mieux. Je dormais 6 à 7 heures, je m’ endormais facilement et je n’ avais plus besoin d’ antiacides. Quant à mes visites aux urgences, elles se sont espacées. Je me rendais compte de ces améliorations mais je n’ ai pas fait la corrélation avec la méditation. Ce sont mes patients qui ont commencé à me dire : « Docteur, il y a quelque chose de changé en vous. »

vous écoutez patiemment notre histoire jusqu’au bout, et ensuite vous répondez. » C’ est là que j’ai réalisé que ça devait avoir un lien avec les séances de méditation. J’ ai commencé à creuser ça avec de plus en plus d’intérêt, et j’ai décidé d’essayer, en me disant : « On verra bien si ça fait une différence. » Pour quelle raison les gens me voyaient-ils différent ? C’ est ça qui m’ a fait continuer la méditation. Peu à peu j’ ai réalisé que mes colères avaient diminué de façon si drastique que les personnes qui m’ évitaient auparavant venaient s’ asseoir à côté de moi et me parlaient. Les gens semblaient de plus en plus attirés par moi. Manifestement, la méditation me donnait une sorte d’ énergie qui attirait les autres. Si j’ avais découvert tout cela avant de méditer, je me serais dit : « Ah, je suis un si bon médecin que j’ attire les gens. » Mais j’ ai réalisé que cette énergie ne venait pas de ça. Elle m’ a rendu plus humble, et si je commençais à me vanter, elle s’ enfuirait. Voilà, c’ est comme ça que la méditation m’ a aidé à évoluer. Dans ma profession, avant de méditer, j’ étais classé comme l’ un des meilleurs cardiologues, reconnu pour faire un excellent travail. Mais grâce à la méditation, j’ai découvert que, lorsque je faisais une angiographie ou une angioplastie, j’étais plus efficace parce que ma concentration s’ était nettement améliorée. J’ arrivais à finir une procédure identique dans les trois quarts du temps qu’ il m’aurait fallu auparavant.

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au coeur de la méditation

Cela signifiait que j'avais plus de temps. Et j’ ai cessé de me soucier de la circulation. C’ était un changement majeur. Un véritable tournant. Bombay a tellement d’embouteillages, et je circule d’un hôpital à l’autre, ce qui peut prendre des heures. Donc, auparavant, j’ arrivais complètement épuisé et en colère. Aujourd’ hui, quand j’ arrive à l’ hôpital, et que j’ entends mes collègues se plaindre des embouteillages, je leur réponds : « Quels embouteillages ? » Je n’ ai plus l’ impression qu’ il y en a. Ce changement s’ est produit parce que j’ ai cessé de regarder à l’ extérieur. Je ne suis plus préoccupé par les voitures et les routes ; je vois seulement que je dois me rendre à une destination et qu’une fois arrivé il me faut opérer. Donc ça m’ a énormément changé.

Q

Vous avez parlé d’ énergie. Vous avez dit que d’ autres personnes ressentaient une énergie différente en vous. Pourquoi cela se produit-il avec la méditation ? Bien sûr, nous existons tous dans la même énergie, mais je pense que ce qui se passe lorsque nous méditons avec la transmission et suivons le processus de nettoyage yogique, c’est que notre vrai moi intérieur commence à rayonner. L’ énergie était bien là, mais le vrai moi était recouvert, il ne pouvait être vu. Maintenant, il devient visible parce que toutes les choses indésirables qui l’ entouraient ont été éliminées.

Peu à peu j'ai réalisé que mes colères avaient diminué de façon si drastique que ceux qui m'évitaient auparavant venaient s’asseoir à côté de moi et me parlaient.

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au coeur de la méditation

Q

La suppression de toutes ces choses indésirables a-t-elle un impact sur le cœur ?

Il a été scientifiquement démontré que le processus de méditation réduit l'incidence des maladies cardiaques. Il est connu pour réduire le cholestérol, réduire l'incidence du diabète, et réduire le taux de crises cardiaques. Et les personnes qui méditent et qui ont subi un infarctus s’ en remettent bien. Elles ont moins de risque de mourir en raison d’un problème de rythme ou d’une défaillance cardiaque. Donc, la méditation a un effet au-delà du plan spirituel. Bien sûr, elle est vitale pour notre existence au niveau spirituel, mais elle a aussi des avantages physiques. Alors je dirais à ceux qui recherchent les avantages tangibles de la méditation que les avantages immatériels l’ emportent de loin sur les avantages tangibles - c’ est juste que nous ne les voyons pas. En vivant plus longtemps, nous avons plus de temps pour progresser matériellement et spirituellement. La méditation m’ a donné une vie sans plus de raison de m’ inquiéter. Avant, je me faisais du souci pour tout. Honnêtement, en ce moment, alors qu’ il peut sembler absurde qu’ un médecin dise ça, je ne m’ inquiète pas pour demain.

Q

à l’ autre, je mets à profit le temps passé dans ma voiture. Ça me permet de téléphoner ou de lire le dossier d’un patient que je vais traiter ; et chaque fois que c’ est possible, je ferme les yeux et me connecte à mon soi plutôt que d’ observer le trafic en piquant des colères.

Q

Il semble donc que méditer soit facile à intégrer dans un quotidien bien occupé.

C’ est extrêmement facile ; il ne faut que la volonté de le faire. D’ abord on doit l’ expérimenter, la volonté vient ensuite. Si on n’expérimente pas, la volonté refuse toujours : « Pourquoi le ferais-je ? »

Q

Qu’aimeriez-vous dire aux personnes qui ont une vie très pleine, comme vous ?

Intégrez la méditation dans votre gestion du temps, et le temps se gérera de lui-même.

Je suppose que vous êtes toujours très occupé dans votre pratique médicale.

Plus que jamais.

Q

Alors, comment trouvez-vous le temps de méditer?

Comme je l’ai dit, je suis plus efficace qu’ auparavant, donc j’ai plus de temps. Quand je circule d’ un hôpital

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Interview Elizabeth Denley


Photo : monotoomono / Shutterstock.com

Alors je dirais à ceux qui recherchent les avantages tangibles de la méditation que les avantages immatériels l'emportent de loin sur les avantages tangibles, c'est juste que nous ne les voyons pas.


Méditer

KAMLESH D. PATEL

La méditation est un processus qui nous fait passer de la pensée au ressenti, un cheminement qui nous mène de la complexité du mental à la simplicité du cœur.

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n définit souvent la méditation comme l’ action de fixer sans interruption son attention sur le même objet de pensée. On se bloque souvent sur cette définition, et on perd de vue le véritable but de la méditation. La méditation doit révéler la vraie nature de l’ objet sur lequel nous méditons. Or cette révélation ne nous vient pas comme une pensée mais comme un ressenti. La méditation est donc un processus qui nous fait passer de la pensée au ressenti, un cheminement qui nous mène de la complexité du mental à la simplicité du cœur. C’ est pour cette raison que la plupart des méthodes de méditation impliquent le cœur. Alors qu’ on peut facilement se souvenir d’ une image ou d’ une idée, il est difficile de se rappeler


au coeur de la méditation

un ressenti. Avez-vous déjà essayé de retrouver la saveur d’ un repas pris des années auparavant ? Vous avez peut-être une image vivace de l’ endroit où vous avez mangé. Vous pouvez même vous remémorer

nous accédons à un état de conscience particulier où nous nous trouvons d’un coup dans les profondeurs de notre être, tout en étant simultanément conscient de ce qui se trouve autour de nous.

l’ ambiance, mais la saveur de la nourriture ne peut jamais se retrouver. Pourquoi ? Parce qu’une sensation s’ éprouve toujours dans le moment présent. C’ est dire qu’on ne peut pas ressentir le bonheur d’une bonne méditation qui date d’ il y a une éternité. Bien sûr, le souvenir d’ une grande révélation en méditation est agréable, mais c’ est être pareil à celui qui aurait touché le gros lot une fois dans sa vie, puis resterait à tout jamais un mendiant. Le ressenti que nous trouvons dans la méditation doit devenir quelque chose de permanent. Pourtant, même le ressenti a ses limites. Le cœur n’ en est jamais totalement satisfait. Il arrive un moment où la sensation – que ce soit du plaisir, de la joie, voire même de la béatitude – devient un fardeau. Les ressentis sont difficiles à gérer. Dans la vraie méditation, nous entrons dans le rien absolu, l’ absence totale d’ expérience. Si l’on examine la conscience, on découvre qu’ elle a une diversité d’états, tout comme l’ eau a différents états. Il y a la conscience de veille qui nous permet d’ interagir avec le monde. La conscience d’ une personne dont l’ attention est seulement fixée vers l’ extérieur ne perçoit donc que le monde extérieur. Quand nous sommes endormis, nous entrons dans la conscience de rêve, puis, dans le sommeil profond, la conscience plonge très profondément. En méditation, notre conscience s’ approche de notre Soi le plus intime, qui est le cœur de notre existence. Quand nous traversons les différents états de la méditation,

Un vrai chercheur de Réalité, bien qu’ intérieurement en méditation, est aussi méditativement actif, au sens concret du terme. Cette contradiction entre la force d’ attraction qui entraîne vers le Soi intérieur et la conscience tirée vers sa périphérie ne se manifeste qu’ en l’ absence de l’ état méditatif tout-inclusif qui s’ étend à tous les états de conscience, que ce soit l’  état de veille, la méditation ou le sommeil. Une personne dans cet état étendu de conscience est incapable de faire la différence entre une activité matérielle et spirituelle, car alors tout est accompli dans un état purement méditatif.

Méditer dans un Heartspot Des sessions individuelles ou en groupes sont régulièrement organisées dans les centres Heartfulness. Pour trouver le centre le plus proche, aller sur fr.heartfulness.org via le QR code. Ces sessions sont gratuites.

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DEVENEZ

espace vert votre propre

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attitudes

JANMARIE CONNOR est écrivain et consultante en développement d’ entreprises. Elle collabore avec des sociétés, hôpitaux, administrations et universités et propose des programmes de vie en conscience, de développement personnel et de santé. Dans cet article, elle nous donne quelques idées simples pour créer notre propre biosphère et rendre notre vie plus « verte ».

L

es jardins communautaires, les parcs, les zones de biodiversité et les projets « verts » se multiplient dans tout l’Indiana. Allez dans le centre d’Indianapolis et vous verrez comment on réinvente les espaces de vie urbains. Toute cette évolution vient d’une meilleure compréhension de la corrélation entre espaces verts et bien-être physique, mental et économique. Selon des études pluridisciplinaires, le sentiment de satisfaction, d’ interconnexion et de bien-être augmente en corrélation avec la fréquentation d’ espaces verts naturels. Mais avons-nous vraiment besoin d’ une masse de données scientifiques pour démontrer ce que nous savons déjà ? On se sent bien dans un espace vert. Pourquoi ?

L'essence de l'espace vert

En ces temps où nous sommes sous pression 24/24, 7/7, toute une industrie, apparue du jour au lendemain, cherche à capter et mettre en bouteille l’essence des espaces verts. Des cerveaux fatigués dépenseront des milliards cette année pour renouer avec un mode de vie plus simple. Plus d’espace pour penser, pour être, pour respirer, ça fait envie, non ? On peut à juste titre se demander : « Quel est donc l’ élixir dont la nature a imprégné les espaces verts pour produire de si bonnes vibrations ? Et comment puis-je les introduire dans ma vie ? »

Vous n’avez pas besoin d’un jardin sur les toits ou d’un arpent de forêt pour créer votre propre biosphère méditative. Elle peut exister partout où vous vous trouvez. Il m’est arrivé de méditer avec béatitude lors de vols intercontinentaux, à la dernière rangée, en classe économique, près des toilettes. Avec quelques connaissances et un peu de pratique, vous pouvez devenir votre propre espace vert.

Double réaction à la nature

La nature suscite deux types de réactions bénéfiques étroitement liées. La première est une réaction physiologique manifeste. Les espaces verts servent de poumons à la nature, ils améliorent la qualité de l’air, régulent les températures de la planète et protègent nos cours d’eau. Nos corps savourent la pureté de la nature, l’air frais et l’eau propre. La seconde réaction, plus subtile, implique une autre sorte de pureté : celle qui nous fait passer de la pensée à la sensation, de la tête au cœur, de niveaux vibratoires inférieurs à des sphères de vibration et de conscience plus élevées. Imaginez la scène : vous avez été scotché à votre écran d’ordinateur toute la journée, courant d’une tâche à l’ autre pour respecter les délais d’un projet. Votre esprit est encombré et vous cherchez une échappatoire.

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La nature vibre à un niveau différent. C'est une force pure, puissante qui incite l'esprit à s'harmoniser avec sa propre vibration claire et subtile.

Deuxième acte : vous pénétrez dans un parc luxuriant et vous voilà pénétré de la vision, des odeurs et des sons de la nature. La situation fait appel à tous vos sens, mais la réaction la plus importante se passe au niveau de la vibration et de la conscience. Maintenant, fermez les yeux. Les pensées s’ estompent, un sentiment de bien-être grandit, vous êtes en résonance avec la nature. Einstein devait profondément s’ absorber dans la nature pour parvenir à cette conclusion : « Tout dans la vie est vibration. » De par nos vies trépidantes, notre conscience fonctionne sur une étroite largeur de bande qui nous maintient dans un nœud de complications. Notre réalité découle de schémas de pensée répétitifs, souvent permanents. Prises dans un schéma d’action-réaction, les pensées génèrent leurs vibrations denses qui nous plongent encore d’avantage dans la confusion. La nature vibre à un niveau différent. C’ est une force pure, puissante, qui incite l’esprit à se calmer, à créer

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de l’espace et peu à peu à s’ harmoniser avec sa propre vibration, claire et subtile. La respiration devient plus régulière, le rythme cardiaque se stabilise, la pression artérielle s’ abaisse, les sentiments d’ acceptation, de pardon et de bienêtre fleurissent. En un instant, vous avez parcouru la distance de la tête au cœur.

La science du coeur

Des organisations telles que l’ Institut Heartfulness et HeartMath ont pu établir la preuve que le cœur a sa propre biosphère énergétique qui génère un champ magnétique « environ cent fois plus puissant que celui du cerveau. » 1 Nous commençons actuellement à mesurer ce que les rishis et les voyants savent depuis longtemps. Lorsque l’ esprit conscient se place dans le cœur, il répond de façon automatique à ce champ magnétique – à l’ image de l’ expérience que nous avons vécue les yeux fermés dans le parc. Devenus notre propre espace vert, nous découvrons que notre cœur peut générer la simplicité, l’ unité et la pureté dans notre environnement et chez ceux qui en font partie.

Devenez votre propre espace vert

Quelques rares personnes ont connu l’ éveil spontané du cœur, mais pour la plupart il faut du temps et de la pratique. Comme il n’ est pas commode, ni même nécessaire, de s’ asseoir tous les jours dans un parc, voici quelques idées pour faire la paix avec votre esprit et devenir votre propre espace vert. 1. Aménagez chez vous un espace réservé à la méditation quotidienne. Le matin tôt serait parfait, avant que votre esprit ait eu le loisir de s’ évader. Débranchez vos appareils. Faites de cet espace une zone sans stimuli - un espace vert pour votre esprit.


attitudes

4. Respirez naturellement et détendez-vous. 5. Si vous pratiquez Mindfulness appliquez la pleine conscience à votre cœur. Sinon, vous pouvez utiliser ce processus en 4 étapes : • Portez votre attention sur votre cœur, laissez-le devenir votre espace de repos et votre champ d’ observation. Laissez-vous entraîner dans sa lumière naturelle et son champ magnétique. • Des pensées viendront. Constatez simplement leur présence et lâchez-les, en vous laissant à nouveau attirer par votre cœur. Soyez ouvert à tout ce qui se passe. • Restez ainsi tranquillement pendant 20 à 30 minutes, ou jusqu’ à ce que vous sentiez que votre méditation est terminée. Pas plus d’ une heure. • Prenez encore un instant pour observer comment vous vous sentez dans votre cœur. Prolongez cet état aussi longtemps que vous le pouvez. Savourez-le. Emportez-le avec vous et rappelez-vous cette sensation tout au long de la journée.

2. Si vous le souhaitez, ajoutez des éléments naturels, des plantes, du bois, de l’eau et des pierres, pour purifier l’air. La lumière naturelle et les couleurs apaisantes peuvent aider votre esprit à se détendre. 3. Asseyez-vous sur une chaise ou par terre de façon naturelle, c’ est-à-dire le plus confortablement pour vous. Observez comment vous vous sentez calme, agité, agacé, encombré ? Prenez simplement conscience de cet état, sans vous inquiéter.

Avec le temps, votre espace vert vous fera signe, apaisant automatiquement votre esprit dès que vous répondrez à son appel. Vous deviendrez peu à peu votre propre biosphère centrée sur le cœur, qui générera en vous un sentiment naturel de satisfaction, d’ interconnexion, et de total bien-être, et influencera tout ce qui vous entoure. C’ est le moment idéal pour prendre exemple sur Indianapolis et réinventer l’ espace dans lequel vous vivez. La nature a caché l’ essence de l’ espace vert au centre de votre cœur. 70 fois par minute, vous êtes invité à faire l’expérience de cette merveille.

1. Doc. Childre, Deborah Rozman, Rollin McCraty, Howard Martin, 2016, Heart Intelligence : Connecting with the Intuitive Guidance of the Heart. Waterfront Press, USA.

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attitudes

Pas le temps…

GOPI KALLAYIL

J

’entends toujours la même rengaine, peu importe qui la chante, ça va des PDG de grandes sociétés, qui me disent qu’ils sont débordés de travail, aux agriculteurs de mon village natal en Inde du Sud, qui affirment qu’ils n’ont pas le temps. Nous pouvons tous nous plaindre de subir la tyrannie de notre agenda et regretter que nos journées n’aient pas assez d’heures. Et chacun de nous pourrait affirmer qu’une grande partie de sa vie – de ce qu’il doit faire, aimerait faire ou est censé faire – dépend du planning de quelqu’ un d’autre ou est soumise à des pressions extérieures. Lorsque je me suis retrouvé tout frais diplômé de mon école de commerce, j’ai eu un mal fou à organiser mes journées. Le travail était ma priorité absolue, sept jours sur sept. J’étais dopé par l’excitation des projets à réaliser, je me précipitais aux réunions, courais prendre mes avions et mangeais ce qu'on me présentait, les repas à bord des avions, les buffets lors de conférences, en bref, la malbouffe. Ma maison était un vrai bazar, avec des piles de factures que, trop occupé, je n’ arrivais pas à ouvrir et encore moins à régler, au milieu des valises à moitié défaites de mon dernier déplacement et à moitié faites en vue du prochain. Plusieurs fois mon téléphone a été coupé ou ma carte de crédit refusée. Non parce que je n’avais plus

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d’argent, mais parce que je me concentrais tellement sur mon travail et mes voyages que je n’ avais pas le temps de payer mes factures. C’était gênant, comme si je n’ étais pas capable de prendre le contrôle de ma propre vie. Ce chaos a duré près d’ un an, jusqu’ à ce que j’ arrive au point de rupture et que je finisse par me demander : « Pourquoi est-ce que je vis cette vie ? Dans quel but ? Qu’ est-ce que j’essaie de faire ? Et quel prix je paie pour ça ? » Ma vie, c’était des déplacements, de la malbouffe, et de loin pas assez d’ exercice et de méditation. J’ ai réalisé que je devais redéfinir mes priorités. Je me suis demandé ce que je ferais si je n’ avais que quelques heures, voire une heure que je puisse pleinement contrôler. Qu’elle serait la chose que je choisirais pour optimiser les qualités de joie, de présence, de vie qui me manquaient ? Qu’ est-ce qui renforcerait l’ essentiel, dans mon quotidien ? Dix points me sont venus à l’esprit. A mesure que la liste s’ allongeait, l’ idée, qui au départ n’ était qu’ une notion théorique, est peu à peu devenue une stratégie pour structurer mes journées et me permettre d’ intégrer ce qui me semble important dans la vie, ce qui résonne en moi et me donne de la joie. La voici :


1. Dormir au moins huit heures par nuit 2. Manger en conscience 3. Avoir une activité physique 4. Méditer 5. Donner de mon temps à ceux que j'aime 6. Effectuer de petites tâches 7. Me concentrer au travail 8. Consacrer du temps à des passions Photographies  Katarzyna Kos

9. Apprendre de nouvelles choses 10. Rendre service

Votre liste sur la meilleure façon de mettre à profit les heures de chaque jour contient probablement d’ autres points, selon des priorités différentes. Mais la mienne a transformé ma vie. Le fait de l’avoir intégrée à mon quotidien a changé la façon dont je me ressens en tant qu’être humain. Elle accroît ma concentration et mon sentiment d’ accomplissement. J’ utilise mon temps plus consciemment et de façon à gérer au mieux mon potentiel énergétique. Je pense que lorsque vous aurez créé votre liste et commencé à la suivre, et que vous mettrez

consciemment à profit les vingt-quatre heures de chaque journée, votre énergie physique, votre niveau de performance et votre productivité s’ en trouveront accrus. Vous changerez votre perception du temps et la manière d’envisager ce sur quoi vous devez mettre l’accent. Et plus important encore, vous mènerez une vie plus joyeuse et plus ancrée dans le présent. Alors, quelles vont être pour vous les dix choses autour desquelles vous allez organiser vos vingtquatre heures ?

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Photographie Lily Crespy

L'appel des profondeurs

apnée, méditation et performances

CORALIE IMBERT est athlète professionnelle, instructeur d’apnée, conférencière et formatrice Heartfulness. Championne de France puis d’Europe en windsurf et kite-surf, elle se consacre ensuite à la plongée en apnée où elle atteint 60 m de profondeur et 6 min de statique. En quête de sens dès son plus jeune âge, elle a trouvé dans l’apnée et la méditation une réponse à son désir de profondeur et de subtilité, et transmet dans des ateliers son approche méditative de la performance. Son objectif est d’atteindre 100 m de profondeur.

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sport et méditation

Q

Qu’est-ce qui t’a attirée, dans l’apnée, et t’a conduite vers les profondeurs ?

Je suis née au bord de la mer, tout près de la Méditerranée, dans le sud de la France. J’ai grandi pratiquement sur la plage... Mais il est difficile d’expliquer ce qui m’attire vers les profondeurs, je pense que c’est quelque chose qui a toujours été en moi, sans que personne ne m’ait poussée dans cette direction. Quand j’étais adolescente, je regardais de ma salle de classe les palmiers bouger, et la seule pensée que j’avais c’était de retrouver la mer, d’aller faire de la planche à voile, du kite-surf, d’être proche de l’eau... En fait, mon rapport à la mer a évolué de la même manière que mon approche de la vie. Au début j’ai commencé par des sports plus extrêmes : sauter dans les airs, glisser à la surface de l’eau. Avec le temps ça s’est calmé. Je me suis retrouvée plus souvent à nager, jusqu’à ce que je me décide à plonger plus profond, à plonger en apnée. Et c’est un peu la même aventure que j’ai vécue avec ma vie. Plus jeune, j’étais très impulsive, même explosive ; avec le temps, j’ai commencé à m’intérioriser, à vivre une aventure intérieure, notamment par le biais de la méditation. Au fond de l’eau je vais chercher des sensations, une expérience, mais aussi un dépassement de moimême, car j’essaie d’aller toujours plus loin, plus profond. Mais ce qui m’attire vraiment c’est cette sensation de paix, de bien-être, cette détente que j’arrive à trouver au cours de mes plongées.

Q

Que ressens-tu au fond de l’eau ?

Je ressens sous l’eau quelque chose de très similaire à ce que je sens lorsque je médite. C’est comme

un état d’absorption en moi-même. Je ne suis plus ni vraiment éveillée ni vraiment endormie. Pour les sportifs qui connaissent ça c’est un peu « la zone », « le flow » : on est complètement absorbé par ce qu’on fait, on a tous les sens en alerte mais en même temps on reste canalisé. C’est très difficile à expliquer, et je pense que c’est différent pour chaque apnéiste... Le mieux, pour comprendre, c’est peut-être d’essayer.

Q

Peux-tu faire des parallèles entre l’apnée et la méditation ?

Pour moi les deux pratiques sont très proches pour ce qui est des sensations intérieures ; dans la détente et le calme qu’elles m’apportent, dans la profondeur de la découverte de moi-même. En apnée, on se trouve comme coupé de tous les stimuli extérieurs, on ne voit plus grand chose. Personnellement je plonge avec un pince-nez et je ferme les yeux, donc je ne vois rien et les sensations sont complètement différentes de ce qu’on vit au grand air. C’est un peu la même chose avec la méditation : quand je m’assois, que je ferme les yeux et que je rentre à l’intérieur de moi même, c’est comme si je passais dans un autre univers. De la même manière, dans le monde marin, j’entre dans un monde fantastique, un monde complètement différent. C’est un univers immense que je découvre chaque jour, dans une discipline comme dans l’autre. En apnée on est souvent face à des émotions dont on n’avait pas conscience, on peut éprouver des tensions inattendues dans le corps ou la tête. Et il faut passer au-delà de toutes ces barrières pour aller plus en profondeur et trouver cet état de paix et de tranquillité qu’on était venu chercher – mais qui n’est pas toujours au rendez-vous. De même, dans la méditation, mon n’esprit n’est pas libre tous les jours,

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Photographie Jean François barthod

parfois il y a des vagues, des va-et-vient, des pensées qui se présentent…

Q

Est-ce que la méditation t’aide à progresser en apnée et inversement ?

Je pense que les deux pratiques se reflètent. Et lorsque j’ai vécu des périodes où je n’ai pas pu plonger pendant plusieurs mois (ce qui a été très dur pour moi) la méditation m’a permis de retrouver le calme, une paix intérieure et aussi de me ressourcer, de garder un équilibre. La méditation me permet également de voir mieux ce qui m’empêche d’ aller plus profond et de progresser… Avec la méditation, je peux observer de manière détachée ce qui se passe hors de l’eau. Enfin, ça m’aide à récupérer : 10 minutes de méditation c’est comme si j’avais fait deux heures de sieste. Et

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pour terminer, ça a aussi beaucoup développé mes capacités de concentration, ça m’a aidée à canaliser mon esprit et à me concentrer sur une chose.

Q

En quoi l’apnée peut-elle aider à gérer ses émotions ?

Pour certaines personnes, l’apnée peut être une thérapie. Ça l’a été pour moi pendant de nombreuses années au-delà de la méditation… L’apnée c’était ma bouffée d’air, ce qui me calmait, m’apaisait. Quand ça n’allait pas, j’allais dans l’eau. Et beaucoup de personnes que j’ai observées ont vécu cette même expérience. Mes proches aussi l’on remarqué, ils me disent que je suis plus calme et plus apaisée quand je plonge, par rapport aux moments où je n’avais pas cette possibilité. Ça m’a pacifiée. C’est un peu comme la


sport et méditation

surface de l’océan un peu houleuse où je flottais avant : en descendant dans les profondeurs le calme est toujours là.

Q

En quoi la dimension du cœur est-elle importante en apnée ?

Je crois que le cœur est essentiel dans l’apnée, de manière physique d’abord. En plongeant, on développe un réflexe d’immersion, une adaptation physiologique qui influence le cœur. On a ce qu’on appelle une bradycardie, un ralentissement du rythme cardiaque à l’immersion. La méditation provoque également ce ralentissement ; donc, quand on médite avant d’aller à l’eau, on a un temps d’avance sur notre réflexe d’immersion. Ensuite, la dimension du cœur est essentielle au niveau des émotions, et pour moi le cœur est le siège de ces émotions : sans un état de paix, on ne peut pas avoir une plongée qui se passe bien. Enfin, il faut mettre tout son cœur dans cette activité, pour moi ça a toujours été essentiel. Parfois, pour me préparer à une plongée, je fais appel à des souvenirs d’amour…

Q

Parle-nous de l’entraînement d’un apnéiste de haut niveau ?

L’ entraînement d’un apnéiste est très variable d’un athlète à l’autre, mais on a tous un minimum d’entraînement physique : un peu de fitness, du travail cardiovasculaire. Il y a aussi beaucoup d’exercices de respiration. Car avant de retenir sa respiration, on apprend à respirer, on en prend conscience, on porte attention à sa respiration… On s’exerce à mieux respirer pour optimiser les ressources de son corps. On va ensuite avoir des exercices d’apnée à sec, car

on ne peut pas toujours être dans l’eau, ce serait trop fatiguant. Des plongées profondes, on en fait une ou deux par jour, et pas tous les jours car cela exige trop du corps. Enfin le stretching et le yoga sont aussi une partie importante de la préparation, avec quelques exercices spécifiques de stretching de la cage thoracique et des poumons pour favoriser la compensation profonde, car on est soumis à beaucoup de pression lors des plongées profondes et il faut préparer le corps à ces changements. Et puis il y a toute la partie mentale qui est pour moi un très gros bloc et où j’ intègre la méditation, mais aussi des exercices de visualisation qui sont très efficaces car ils influent sur notre cerveau quasiment de la même manière que des exercices réels. Et j’intègre au maximum la méditation à ma préparation. Je médite au réveil, chaque matin, pour bien commencer ma journée et ensuite, avant de partir à l’eau, j’essaie toujours de méditer au moins quelques instants pour bien me recentrer et garder cette dimension du cœur, cet ancrage en moi. Enfin j’intègre aussi le nettoyage de la méditation heartfulness. Le soir, ça va me permettre de me libérer de toutes les émotions de la journée et de me sentir toujours fraîche.

Q

Est-ce que la méditation te permet d’augmenter tes performances ?

J’ai été sportive de haut niveau en kite-surf pendant de nombreuses années, et je suis passée d’une phase sans méditation à une phase avec méditation, et vraiment ça a changé mon monde. Je m’y suis mise après m’être rendu compte qu’il manquait un élément essentiel dans mon approche. Dans la compétition, j’étais face au stress, à la pression, à des émotions que je ne savais pas gérer à l’époque.

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En évoluant vers la méditation, en me posant des questions, ça m’a permis de me canaliser, de réguler mon mental et de gérer beaucoup mieux le stress et la pression. Cela dit, l’approche est totalement différente aujourd’hui, dans le sens où je vis la compétition avec moi-même. Je ne suis pas là pour marcher sur la tête de qui que ce soit. Si je veux faire de la compétition en apnée c’est parce que c’est une opportunité de me dépasser moi-même, et aussi de partager tout ce que je vais parvenir à découvrir : je partage les techniques que j’utilise à l’entraînement avec toutes les personnes intéressées, surtout les filles qui vont courir avec moi sur des compétitions – on n’avance jamais tout seul. Et ça aussi c’est venu avec des années de méditation et avec une certaine philosophie qui l’accompagne.

Q

As-tu une hygiène de vie particulière ?

Mon hygiène de vie est aussi une chose qui est venue naturellement de l’intérieur. Petit à petit je me suis rendu compte que ça me convenait beaucoup plus de me lever tôt le matin et de me coucher plus tôt, de ne pas sortir faire la fête le soir. C’est quelque chose dont je n’ai tout simplement plus besoin, plus envie. Je ne bois pas d’alcool, je ne fume pas, je suis végétarienne. Ces choix, je les vis très bien, c’est ce qui me fait me sentir bien, en forme et prête à affronter les records, et ce n’est pas quelque chose qui me coûte car c’est venu progressivement, et c’est une manière d’être en harmonie avec moi-même. Je médite chaque matin dès que je me lève, et en fin de journée je fais le nettoyage, de la même manière que je prends une douche, je lave ma tête, mon coeur et ça me permet de mieux dormir, de mieux récupérer.

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Enfin, c’est une pratique constante, l’idée pour moi c’est de développer un état méditatif intérieur, de garder toute la journée la paix et l’équilibre qu’on a trouvés pendant la méditation. Et éventuellement d’en faire profiter les autres, l’environnement…

Q

Qu’ont pensé de la méditation heartfulness les membres de l’équipe de France d’apnée ?

Ils ont tous été motivés à participer. Je pense qu’ils ont beaucoup apprécié aussi. Ça n’a pas toujours été facile pour tous. Certains en avaient déjà eu une approche, car beaucoup d’apnéistes pratiquent le yoga, des exercices de visualisation et quelques techniques de méditation. C’est donc très bien accueilli et certains, j’espère, continueront après leur passage ici.

Q

Quel est ton projet pour la suite avec l’apnée et la méditation ?

Mon projet c’est vraiment d’utiliser au maximum les ressources de la méditation pour aller le plus loin possible dans l’apnée, sans nier que j’utilise aussi des techniques d’entraînement classiques, car on ne peut pas oublier le corps, c’est un ensemble. Je ne peux pas dire que je ne fais que méditer et que c’est ça qui va me faire aller à 100 mètres de profondeur, mais je pense que ça y participe. Et puis, évidemment, l’objectif est d’en faire profiter les autres, surtout d’autres apnéistes. Mais ça pourrait être aussi de faire découvrir l’apnée à d’autres personnes par le biais de la méditation, par cette approche plus spirituelle, en y associant le monde sportif. On parle souvent des deux ailes d’un oiseau : il faut essayer d’équilibrer nos deux ailes – matérielle


sport et méditation

et spirituelle – et j’aimerais proposer cette approche au plus grand nombre possible.

Q

Et que conseilles-tu à quelqu’un qui veut découvrir l’apnée ?

Allez-y, plongez ! Mais attention, ne plongez jamais seul et contactez des structures. Il y a plein de clubs partout. Vous pouvez venir ici, aux Philippines, chez Freedive HQ, si vous voulez partir à l’étranger, mais on trouve en France, et partout dans le monde, beaucoup d’écoles avec des instructeurs compétents, passionnés et motivés, qui pourront vous donner les bases techniques pour progresser en toute sécurité, et vous faire plaisir assez rapidement en découvrant ce monde merveilleux.

Q

Peux-tu nous parler des effets physiologiques de l’apnée ?

L’apnée offre de nombreux bénéfices pour la santé et le bien-être. La majorité des pratiquants témoignent

d’une profonde relaxation, d’un apaisement – des sensations très similaires à celles d’une profonde méditation. L’immersion permet de détendre le corps. En apesanteur, les muscles se relâchent, puis le « réflexe de plongée des mammifères » se déclenche : le cœur ralentit, les capillaires périphériques se rétrécissent, favorisant l’afflux sanguin vers les organes essentiels, et la rate intensifie sa diffusion de globules rouges. Cette série d’adaptations optimise le métabolisme, avec pour objectif : « minimum d’input, maximum d’output ». Le système nerveux sympathique (activités, réactions, stress, etc.) s’apaise au profit du parasympathique, responsable de la détente, de la récupération et de la relaxation. Notre mode de vie moderne altère souvent cet équilibre nerveux par une suractivation du système sympathique due à l’accumulation de stress et au manque de repos, parfois malheureusement jusqu’au burn-out. La pratique de l’apnée permet de rétablir ce précieux équilibre, au même titre d’ailleurs que la méditation !

Interview Miles Yzquierdo

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La nature devient généreuse quand on n’en attend rien.

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le goût de la vie

Le grain & le pain Extrait d’un entretien avec Cédric Chezeaux et Marc Haller qui paraîtra intégralement dans de prochains numéros du magazine. Photographies de Marlène Rézenne

Issu d’une famille d’agriculteurs, Cédric Chezeaux a depuis tout petit aimé la vie de la ferme. Après avoir repris l’entreprise familiale, il vit la période de la chute des prix du lait et cherche de nouvelles solutions. Confronté aux incohérences de la poliqtique agricole, Cédric ressent de plus en plus le décalage entre sa façon de travailler et ses valeurs. Sa rencontre avec Marc Haller, qui lui aussi cherche de nouvelles voies dans la boulangerie, sera déterminante. Ensemble, ils retrouveront d’anciens blés, produiront des farines à la meule que Marc testera pour produire des pains au goût authentique, en adaptant et en se réappropriant des techniques traditionnelles de panification.

Q

Qu’est-ce qui a déclenché la décision d’abandonner la production laitière ?

Je m’en souviens très bien. C’était en automne 2005, en novembre, pendant la traite du soir, j’ai été interpelé par une interview de Pierre Rabhi à la radio. En rentrant j’ai tout de suite dit à Christine, ma femme : « J’ai entendu quelqu’un de vraiment intéressant, on va l’écouter demain à Lausanne. » Déjà pendant la conférence, j’ai dit à Christine : « J’ai compris ! On va faire de l’agriculture biologique, puis on trouvera le moyen de distribuer nos denrées agricoles d’une autre manière que ce qu’on connaît. » D’avoir compris ces deux choses essentielles m’a permis de mettre en route quelque chose de tout nouveau pour moi.

Q

Comment votre famille a-t-elle réagi à votre décision ?

Je l’ai d’abord annoncé à mon papa. Cette joie que j’avais : « Ah, tu sais, je vais faire ça, ça, et ça. » Et lui : « Non ! Tu ne vas pas faire ça ! » Il a eu peur, c’est normal, parce qu’il a semé avec des chevaux, il a beaucoup désherbé à la main, il a passé toute sa jeunesse à trimer les après-midi dans les champs. Il a connu des rendements misérables, des situations agricoles très périlleuses, avec des finances toujours dans le rouge. C’est normal qu’il ait eu peur quand je lui ai dit que j’allais faire du bio, il s’est dit « mais il va revenir 50 ans en arrière ! » Or ce n’était pas du tout ça que je voyais. Il a fallu du temps et tout un processus pour que je comprenne ses peurs, et pour que lui comprenne que je ne remettais pas en question ses choix, ce qu’il avait fait, que c’était certainement valable à un moment donné, avec ce qu’on avait appris, mais qu’on avait l’intelligence de se dire « maintenant on fait autre chose. » Petit à petit je l’ai emmené dans ces changements, dans l’idée qu’il y avait peut-être d’autres blés à semer, d’autres qualités à retenir dans ces blés, que la vache pouvait ne pas être le centre de la vie d’un agriculteur. Et puis il y a eu des moments plus forts où j’ai dit « maintenant je vais arrêter ça pour faire ça ». Du coup il s’est trouvé dans des situations plus stressantes – et nous aussi, car on ne savait pas comment on allait se débrouiller avec les liquidités.

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Je pense qu'on peut Mais ça s’est fait ! Ça s’est fait parce que j’ai rencontré Marc Haller, parce que j’ai rencontré Gérard Méot, parce que j’ai vu qu’il y avait de belles choses à faire, parce que les blés avaient des belles couleurs, parce que les farines avaient bon goût, les pains aussi.

accompagner la terre de mille engrais bios, d'extraits fermentés, de tout ce qu'on veut mais, à mon avis, on surpassera tout avec

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Vous parlez souvent d’écouter son cœur. D’où partent vos décisions : de la tête, du

la dynamique du cœur.

cœur ? C’était une pulsion du cœur : « Je vais faire ça parce que je sens que c’est vrai, ça vibre, c’est valable. » Ça n’a jamais passé par la tête, jamais dans l’intellectuel. Je me rappelle encore la génération de mes parents, les anciens qui me disaient : « Est-ce que tu as bien calculé, est-ce que t’as fait ton budget ? » – « Non, je n’ai rien calculé, je sens que c’est ça que je dois faire » (en faisant un geste de la main qui trace une ligne droite vers le but devant lui). Parce que des gens qui font des business plans, j’en connais, ils restent dans les business plans et ils n’ont toujours rien fait ! Moi j’ai choisi d’aller de l’avant parce que je sentais que c’était bon, que c’était juste. Bien sûr qu’il faut vérifier que ça fonctionne, d’autant plus quand ceux qui vous accompagnent ont des moments de doute. Ces doutes ont été positifs parce que ça m’a obligé à bien poser ce que je faisais pour que ça marche. On s’est mis autour de la table avec une feuille pour calculer le prix des farines, mais c’est tout ce qu’on a fait. On ne s’est jamais chamaillés, on s’est toujours entendus. Voilà le chemin rapidement retracé de cette évolution intérieure. Parce que c’est de ça qu’il s’agit. De permettre à ses rêves d’enfants d’avoir une place, et de trouver le plus possible de sens au quotidien, même s’il y a des jours, je ne vous le cache pas, où il y a de nouveau des couches de brouillard, c’est normal…

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Q

Avez-vous eu des doutes, des remises en question de votre décision ?

Mon doute a été de savoir si ceux qui m’entouraient allaient pouvoir suivre et seraient d’accord d’entrer dans cette dynamique. Moi, j’ai toujours su que c’était ça que je devais faire. Je devais juste attendre le bon moment : je ne pouvais pas envoyer balader ces vaches trop vite, je sentais que mon papa devait pouvoir faire le pas tranquillement, et c’était intéressant que ça prenne un peu de temps parce qu’il a pu s’y faire progressivement. Puis on a eu des problèmes avec la fromagerie, il a fallu l’arrêter. Du coup c’était plus facile pour lui d’accepter le changement. Moi je n’ai jamais hésité. Dès que j’ai découvert ces amidonniers, ces champs d’engrain, je me suis dit « là, il y a vraiment quelque chose à faire. Ça c’est de l’agriculture, et c’est intéressant ». Puis, j’ai rencontré Gérard Méot qui m’a beaucoup éveillé. Malgré des situations de vie difficiles, il est resté enfant dans son regard, joyeux, solaire. Il sait accompagner les champs et la culture de manière très pure. Quand c’est difficile, qu’il y a des problèmes à résoudre, je me reconnecte à ce panneau indicateur décisif dans ma vie d’agriculteur. Il faut se connecter à cette pureté d’âme de l’agriculteur qu’on a complètement occultée depuis des générations – pas tant de générations que ça, en fait – parce qu’on l’a perdue en travaillant avec l’intellect, dans le but de faire


le goût de la vie

Q

du profit. Même si c’est important qu’on boucle les comptes, l’agriculteur doit se reconnecter à la terre, et pour ça on doit à un moment donné abandonner la tête et utiliser beaucoup plus le cœur.

C’est un changement radical ! Quel est votre rapport à la terre aujourd’hui ?

Ça change clairement les perspectives, et surtout ça oblige à ne plus être dans l’attente. L’agriculteur, face à ses charges, attend forcément un rendement. C’est ce qu’on a appris. Et l’année passée, je me suis fait prendre à ce piège. C’était un printemps difficile, des cultures chétives. Ça végétait, ça devenait délicat. Je me disais : « A telle échéance, j’ai tout ça à payer, j’espère, j’attends cette récolte-là. » Puis j’ai rencontré un ami de longue date, Christophe, de l’association Kokopelli, au salon agro-biorama Mednat à Lausanne. C’est en échangeant avec lui, et en parlant de son rapport à la terre, que j’ai compris que je devais lâcher cette attente. Après l’hiver, quand les plantes repoussent, il faut absolument se dire : « N’attends rien ; accompagne, c’est tout ». Parce que, tant que je suis dans l’attente, la terre refuse. Elle n’est pas d’accord que je monétarise à l’avance, que je spécule sur le rendement à venir. J’ai compris que ma terre ne voulait plus que je sois dans cette dynamique avec elle. Au moment où on peut lâcher ça, où on peut se dire qu’on ne fait qu’accompagner et qu’on n’a que ce rôle à jouer, on est reconnaissant de ce qui vient, et c’est beaucoup plus facile à vivre. A partir de là, la terre a été d’accord. J’ai vraiment senti que quelque chose s’était débloqué. Je me suis senti nettement mieux après, j’avais compris l’essentiel : être juste là pour accompagner la terre avec un cœur d’enfant. J’espère que ça ne me quittera pas. Je pense qu’on peut accompagner la terre de mille engrais bios, d’extraits fermentés, de tout ce qu’on veut, mais, à mon avis, on surpassera tout avec cette dynamique du cœur. C’est la meilleure relation, celle qui permet de tout surmonter. Et je pense qu’on est à l’émergence de cette découverte. On pourra faire de l’agriculture de manière encore beaucoup plus simple pour autant qu’on soit dans cette dynamique, que j’appelle

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Cédric : L’univers fait se rencontrer les gens quand les deux sont prêts. On demande des choses, et puis un beau jour ça fait toc, toc, toc, qui est là ? C’est la petite Charlotte… Il était autant en attente que moi. Marc : C’est ce qu’il a fait, il a frappé à la porte du four. Moi, j’étais effectivement en attente, je cherchais ici, en Suisse, les farines de blés anciens que j’avais découvertes en France, sur le chemin de saint Jacques de Compostelle.

Q

la dynamique de l’enfant. J’essaie donc de me lever tous les matins en étant « enfantin », d’ignorer mon bureau et toutes les factures qui attendent, de créer, d’entretenir un cœur léger pour aller faire mon travail d’agriculteur. Il faut savoir quelle place on veut laisser à chacune des parts de l’être.

Q

On perçoit en vous beaucoup de gratitude. On sent que ce chemin vous nourrit…

Oui, c’est vrai, mais je le fais d’abord pour moi, pour ma qualité de vie. D’ailleurs ça pourrait très bien s’inscrire dans l’article « Une approche intégrative de la guérison » de votre magazine… Au fond, mon métier, c’est une forme de thérapie au quotidien.

Q 48

Comment vous êtes-vous rencontrés, Marc et Cédric ?

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Vous avez été 15 ans un boulanger conventionnel. Qu’est-ce qui vous a fait changer ?

J’ai marché sur le chemin de Compostelle avec Vincent, un boulanger avec une expérience hallucinante du métier, mais qui, comme moi, avait fini par craquer après dix ans de travail de fou, 12, 13 heures par jour, 6 jours sur 7. On en était au même stade quand on s’est rencontrés. Après avoir marché trois semaines ensemble, en rentrant, on a décidé de partir à la rencontre des paysans-boulangers. C’est ce qu’on a fait. A mon retour en Suisse j’ai cherché des farines partout : chez les grossistes bio, dans des moulins en Suisse allemande. C’était toujours de la farine mécanique, jamais de la farine de meule. Quand Cédric est arrivé, on a discuté et, entre nous, c’est parti tout de suite. A la fin, il m’a dit « d’accord, cet automne on met des blés anciens », et quelques semaines après il commandait un moulin Astrié. Et l’année suivante, on avait l’affiche du film : Cédric rayonnant au milieu de son amidonnier. On était tous heureux de voir ces blés, de les toucher, de se balader dedans et de partir dans cette aventure. On ne savait pas que ça allait nous emmener si loin. Cédric : Ce qui est drôle, c’est que la photo de l’affiche a été faite bien avant l’idée du film, et que Lila nous contacte. C’est Marlène, la photographe amoureuse des belles choses, qui m’avait dit : « Je veux


venir voir ce que tu fais, je peux faire des photos ? » Je lui ai dit : « Fais toutes les photos que tu veux. » C‘est fort cette photo, symboliquement, parce que c’était le tout début et c’est ce qui invite aujourd’hui à voir le film. Marc : En fait il a « déraillé », et c’est l’image de ses nouveaux rails ! C’est extraordinaire, avec cette longueur de 400 m. C’est les rails qu’il a choisis…

Q

Au départ, quelles variétés de grains avezvous plantées ?

Cédric : En 2014, j’ai planté 7 bandes d’amidonnier, 2 bandes d’engrain et une de blé ancien. Ça nous a permis d’avoir trois types de semences pour lancer ensuite la production sur de plus grandes surfaces. Aujourd’hui, on a 70 variétés sur un espace de 4'500 m2. Tout ce qui est dans ce jardin des collections n’est pas destiné à la mouture, mais à être ressemé

et multiplié pour qu’on ait ensuite des choses en plus grand. La collection augmente d’année en année, parce qu’on nous apporte régulièrement de nouvelles semences. C’est clair qu’on ne peut pas utiliser les 70 variétés, mais on va faire des choix en maintenant une diversité.

Q

Marc, parlez-nous de vos techniques. Qu’est-ce qui différencie vos pains ?

En revenant de Compostelle, j’avais juste envie de faire de la pâte à pain d’une autre manière, de ne plus la « matraquer ». J’ai compris, avec Cédric, qu’il faut accompagner la pâte pour qu’elle nous offre tout son potentiel. Et pour ça, j’ai dû tout réapprendre. La première chose que j’ai faite c’est de ne plus la pétrir. J’ai aussi décidé de réduire la quantité de levain. Maintenant je mets moins de 10g de levain par

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kilo de farine et, quand il fait chaud, même un tiers de gramme de levain par kilo. Mais toujours avec 18 heures de fermentation. Elle est là, la différence : le temps, c’est juste le temps… Je mélange directement la pâte avec le levain et je la laisse 14h. Quand je la retrouve le lendemain matin, c’est un des plus beaux moments, elle est devenue « tissu ». A ce moment-là, j’allume la flamme dans le four, puis je reprends une à une toutes les pâtes, je les retire en tissu et je commence à recroiser le tissu, en faisant des couches de trames, et là on arrive au corps. C’est le bonheur absolu de poser les mains sur ces pâtes de 10, 12 ou 15 kilos, de sentir les structures différentes pour chaque farine, de les retourner dans le ressenti plutôt que de sortir la pâte du pétrin, de la mettre sur la table, de la replier trois fois, puis d’attendre une demi-heure en faisant autre chose en courant. Ce corps, le premier, il est déjà pas mal souple parce qu’il a 14 heures, mais il n’est pas encore assez souple pour subir l’épreuve finale. Il doit encore se reposer une ou deux heures dans le bac à pâte. Ensuite je façonne les pains, ils se reposent encore dans les paniers en osier, puis ils sont prêts pour la cristallisation dans le four à pain et ils en ressortent tout joyeux, croustillants, colorés.

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En fait il faut toujours s’adapter, remettre la pâte un peu au chaud ou, si elle va trop vite, la poser sur le carrelage pour que ça ralentisse un peu. Il faut sentir en permanence, sentir, sentir, sentir, et qu’à l’arrivée il y bien ait des pains pour les clients vers deux heures de l’après-midi, et faire deux ou trois fournées dans une même journée.

Q

Vous donnez également des cours de fabrication du pain. Est-ce un élément important de votre vie ? Depuis septembre 2007, je fais des petites formations, et j’aime ça. Il y a plein de gens qui font maintenant du pain à la maison ou qui en ont fait une activité. Certains vont même à Paléo avec une remorque pour faire du pain au levain et des tartines.

Q

Parlez-nous du gluten, puisque cette intolérance est un problème de société.

Cédric : On peut comprendre qu’on en soit arrivé à ces problèmes parce qu’il y a eu trop de dérives au niveau de l’agriculture et de la transformation des


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blés. Les glutens modernes sont mécaniques, pas assimilables. Ils ne servent qu’à faire gonfler le pain, sans rien apporter à l’organisme, et bien des gens ne supportent pas ce type de protéines. Evidemment, ça fait de beaux pains qui font envie parce qu’ils sont bien levés. Mais qui se dessèchent, qui se gardent moins. C’est la boulangerie industrielle qui a demandé ça. Rien à voir avec les pains de Marc, faits avec des glutens « originaux », qui ont subi une bonne fermentation et sont donc pré-transformés et assimilables. Marc : Le problème, c’est la vitesse. On a accéléré la fabrication du pain à tous les niveaux. Au début de mon apprentissage, on a eu les premières chambres froides. Ça a été le début de la fin. Jusque dans les années soixante, les boulangers faisaient encore leur levain après la fermeture du magasin. Et même s’ils utilisaient de la levure, c’était très peu, avec au moins 8 à 10 heures de travail de la pâte. Dans la boulangerie industrielle, c’est pétri en vitesse, on attend juste que ça décolle de la table, que la levure démarre, on façonne, on met sur les chariots et hop ! en chambre froide. Comme ça, on bloque les pains, pour qu’on n’ait plus qu’à les mettre au four quand on veut. Ça fonctionne comme ça maintenant, il n’y a que des grosses unités de production, très peu de petits boulangers. Cédric : Quelque part je trouve beau que ce soit sur des symboles forts comme le pain que la société se rende compte que ça déraille. Avec notre démarche, on est au bénéfice du contre-courant. Plus le courant majoritaire est fort et va loin dans le mur, plus ça laisse de place à autre chose. Les gens prennent conscience et on a la chance aujourd’hui de pouvoir développer des activités économiques, de pouvoir encourager d’autres à le faire aussi, à plein de niveaux. On sent qu’il y aura une demande réelle et je pense que c’est ça qui va sauver la boulangerie artisanale. C’est impossible aujourd’hui de concurrencer les pains congelés importés de Pologne, les pains cuits à toutes les heures par les stations services. Si la filière

boulangère ne se démarque pas, elle va crever. Et ça serait dommage, parce qu’il y a quand même des familles là-derrière, ce sont souvent des anciennes boulangeries de famille.

Q

Comment les gens au-delà de votre entourage proche ont-ils réagi ?

Cédric : C’est fou le nombre de personnes qui ont déjà vu le documentaire ! J’étais aujourd’hui à un séminaire de formation pour accueillir 80 nouveaux agriculteurs bio. Je n’y allais pas pour parler du film, mais le nombre qui m’ont dit : « ah, on l’a vu » ou « on va le voir » ! Ça change aussi notre vie, parce qu’il y des gens qui débarquent en plein après-midi, pour me dire : « Il faut absolument que je parle avec vous », ou qui viennent acheter 3 kg de farine. Heureusement que j’ai mon papa pour discuter avec eux.

Q

Est-ce que le fait d’avoir entamé une démarche à contre-courant, plus libre, a permis à d’autres de vous suivre ? Cédric : Notre démarche montre qu’on peut changer beaucoup de choses en soi ; et ça, cette prise de conscience, beaucoup de gens l’attendent. Ils ne rêvent que de ça, de pouvoir se dire enfin « j’ai encore le droit de savoir qui je suis et ce que je veux ». Du coup ça va être magique, parce que ça va bouger à plein de niveaux…

« Révolution silencieuse », de Lila Ribi. Projection du film à Mednat dimanche 2 avril à 15h. Suivi d'un débat avec Cédric Chezeaux. Retrouvez le programme complet des projections en salle sur movies.ch.

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Cuisiner sans gluten ? C’est bon et ça développe la créativité

P

Consultante et cuisinière en alimentation saine, FÉLICIE TOCZÉ propose une cuisine végétale, créative et gourmande, inspirée de ses nombreux voyages et destinée à nourrir tous les sens. Elle enseigne son savoir-faire au sein de cours collectifs ou individuels, et se fait aussi, sur demande, chef ou service traiteur à domicile. Elle poursuit dans toutes ces activités une démarche holistique et défend partout un même credo : rendre l'alimentation saine plus accessible et séduisante. Dans cet article, elle nous ouvre à toute la richesse de goûts, de senteurs et de textures des ingrédients sans gluten et nous invite à les explorer avec gourmandise et inventivité.

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arler aujourd’hui de cuisine sans gluten peut paraître un phénomène de mode, l’annonce d’un régime qui serait un remède miracle aux maux de notre société. Elle est en fait la réponse à une réalité de notre époque : le gluten est devenu trop présent dans l’alimentation quotidienne, en particulier sous la forme d’un blé trop rapidement modifié, trop manipulé, pour répondre aux demandes de notre société toujours plus pressée, toujours plus avide de gains immédiats. Rappelons que le gluten – une protéine – est présent dans plusieurs céréales, sous différents noms (gliadine, sécaline, etc.). On peut être intolérant à l’une d’elles, ou à toutes, en fonction de la sensibilité de notre système. De nombreuses personnes éprouvent une sensation de légèreté retrouvée en arrêtant le gluten, ou parfois seulement le blé « moderne ». Il existe deux types de réponses négatives au gluten : la première est une réaction allergique qui implique le système immunitaire, la seconde s’apparente à une intolérance. Dans le premier cas, l’éviction totale du gluten est nécessaire, dans le second, une baisse de la consommation et de meilleurs choix


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de céréales peuvent améliorer le confort digestif et alléger les maux qui en découlent. Ma propre expérience m’a permis d’accéder à la cuisine sans gluten sans même y penser. Lorsque j’ai réalisé à quel point le blé était important dans notre alimentation, j’ai trouvé intéressant de chercher à consommer d’autres céréales. Je me suis rendu compte que non seulement cela me faisait du bien physiquement mais qu’en plus ma cuisine s’en trouvait enrichie.

dans la confection des fameuses galettes, gruau des pays slaves offrant des soupes réconfortantes), les quinoas andins ET FRANÇAIS (noir, rouge et blond !), les maïs (là encore, de nombreuses couleurs et variétés existent dans le monde), les amarantes (une petite graine méconnue, à mélanger à d’autres céréales pour une texture crémeuse incomparable). A cette belle liste s’ajoutent les végétaux qui n’appartiennent pas à la famille des céréales (ou pseudo céréales en ce qui

C’est sur ce point que j’aimerais insister en tant que cuisinière. En effet, je ne suis pas une experte du « sans gluten » au niveau physiologique ; mais, comme beaucoup de gens, j’ai voulu comprendre les raisons de cette intolérance en explorant la littérature à ce sujet. J’ai donc développé une cuisine ouverte sur de nombreux ingrédients qui ne contiennent pas de gluten, offrant ainsi, à ceux qui en ont besoin, des alternatives précieuses. En dressant la liste des céréales à disposition, on voit déjà que celles qui n’ont pas de gluten sont finalement bien plus nombreuses que celles qui en contiennent. L’alimentation de nos ancêtres, et celle de tant de populations de par le monde, nous montrent à quel point nous avons réduit la richesse potentielle de la nôtre. Afin de mémoriser facilement les céréales qui contiennent du gluten, on peut utiliser l’abréviation SABO, pour Seigle, Avoine, Blé (toutes ses variétés) et Orge. S’offre alors à nous un vaste choix de céréales sans gluten : tous les riz (on se rend vite compte qu’il en existe un nombre impressionnant, chacun avec ses caractéristiques gustatives et culinaires, offrant des variations presque infinies en cuisine. Essayez sans plus attendre le riz noir d’Italie au goût noisetté, riche en antioxydants et à la texture fondante et croquante à la fois !), les millets (chaque pays cultivateur en possède une ou plusieurs variétés ; en France, c’est en Vendée qu’on en trouve encore et qu’on le déguste sous forme de dessert), les sarrasins (blé noir de Bretagne entrant

concerne le quinoa et le sarrasin) mais qui remplissent un rôle similaire pour donner du liant ou du corps à certaines préparations culinaires. Je veux parler de la châtaigne, de la noix de coco, des oléagineux et graines, des racines de tubercules (arrow-root, kuzu, manioc, pomme de terre, etc.) et des légumineuses. Cartes en main, il ne reste plus qu’à se mettre à jouer pour apprendre les règles propres à ces ingrédients, car chacun a ses caractéristiques culinaires et aromatiques. En tirant parti de leur spécificité on découvre un monde de créativité extraordinaire ! Au quotidien, sans même que j’y pense, ma nourriture est majoritairement sans gluten, car j’apprécie les saveurs que m’offrent tous ces produits. Voici quelques exemples rapides et faciles pour des journées sans gluten. Petits déjeuners : porridge de flocons de riz toastés ou de millet à la cannelle et à la purée d’amande blanche ; galette de sarrasin avec un œuf et des graines germées ; pain de riz-quinoa et purée de cacahuète, miso blanc et persil ; granola cru de sarrasin aux noisettes et pépites de cacao… Repas sur le pouce : nori maki au riz rond semi complet ; rouleaux de printemps aux nouilles fines de riz ; wrap de maïs à l’avocat ; salade composée, en choisissant parmi le millet, le quinoa, le sarrasin ou un riz long, agrémentée d’herbes aromatiques et de légumes… Repas à la maison : pâtes italiennes de maïs et riz au pesto ; bol de soba japonaises (nouilles de sarrasin) dans une soupe miso ; risotto ; gnocchis à la sauce de

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tomates fraîches ; tarte aux légumes avec une pâte à base de farines de sarrasin, riz et pois chiches… Desserts : gâteau à la farine de châtaigne ; biscuits à la farine de sarrasin et fécule d’arrow-root ; macarons à la noix de coco ; semoule de riz au lait… Les recettes traditionnelles, de nos régions et du monde, restent une grande source d’inspiration : Plats de riz d’Inde, de Thaïlande, d’Iran ou d’Espagne, polenta italienne ou corse… En allant chercher de ce côté, on trouve nombre de recettes qui permettent de s’ouvrir à des techniques nouvelles et de comprendre un peu mieux comment travailler ces produits. Par exemple, ma découverte de la confection de chapatis de millet en Inde ou de tortillas de maïs au Mexique m’a offert des techniques que je vais pouvoir utiliser avec les ingrédients que je trouve près de chez moi. Je m’amuse donc beaucoup dans ces explorations culinaires ! C’est parfois aussi au hasard d’une conversation que l’on retient une idée pour changer ses habitudes : pourquoi ne pas essayer au petit déjeuner le porridge cru à base de flocons de petit avoine sans gluten, agrémenté de graines de chia ? ou encore troquer le pain de blé pour le certes plus dense mais non moins goûteux pain de sarrasin ? J’associe la cuisine à un tableau de saveurs, de textures, de couleurs, qui toutes vont de pair avec la notion de santé : nous nous régalons d’abord avec les sens de la vue, de l’odorat et du toucher, lorsque nous la préparons. Nous mangeons pour répondre à des besoins vitaux, et nous avons la chance d’avoir à disposition des ingrédients magnifiques et variés, que nous pouvons utiliser de multiples façons, sans contraintes, car aucune règle n’existe, seulement de belles idées. La cuisine est un jeu et un art, un espace de liberté et d’expression que chacun peut et doit prendre afin d’être autonome dans le maintien de sa santé. Chacun sait au fond de lui ce qui lui convient, nous possédons

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tous une intelligence face à l’alimentation, à nous de la retrouver. Ce n’est pas un chemin facile, mais nous avons le droit et la possibilité de le choisir. Quelques références pour cuisiner et sortir sans gluten : Le site d’une Italienne, joyeuse et gourmet, qui offre ses bonnes adresses et partage ses découvertes sur bacididamaglutenfree.com Tout sans gluten de Cléa, aux Editions Laplage. Le magazine « 95°C », pour des recettes haute vitalité au « cuit vapeur » de Marion Kaplan. De nombreux restaurants affichent des alternatives sans gluten. Mes préférés à Paris : Soya, Sol Semilla, le café Pinson ou encore Néo Bento. Une boulangerie sans gluten ? A Paris, foncez au Chambelland ! Dans mes livres, Japonismes et La cuisine santé des 5 saisons, vous trouverez de nombreuses recettes et astuces pour cuisiner et vous régaler sans gluten, dont un pain de sarrasin facile à réaliser à la maison.


Tartelettes au matcha 200 gr de petits flocons d'avoine POUR sans gluten LA PATE 150 gr de farine de coco (je préfére la marque Aman Prana, qui offre une grande qualité pour ce produit qui nous vient de loin !) 150 gr d'huile de coco-palme-olive (même marque... ou à réaliser soi-même) ou 75gr d’huile de coco + 75 gr d’huile d'olive (éventuellement désodorisée) 200 gr de sirop d'agave 1 pincée de sel 400 gr de tofu soyeux POUR 200 gr de tofu lactofermenté LA CREME 2 c à s de sirop d’agave 1 c à c de vanille liquide 1 belle c à c de matcha en poudre Choisir des fruits de saison mûrs POUR Un peu d’huile d’olive, de coco LES FRUITS ou de noisettes

Pour la pâte Dans un robot culinaire muni de sa lame S, réduire les flocons en farine. Ajouter la farine de coco, le sel et l’huile. Faire tourner l’appareil. Lorsque la pâte est sablée, ajouter le sirop et faire de nouveau tourner l’appareil. Diviser la pâte en boules de la taille de vos moules. Réaliser des cercles en papier cuisson, le bord doit dépasser du moule. Etaler les boules de pâte sur chaque feuille de cuisson, puis foncer les moules. Cuire dans le four préchauffé à 175°C pendant 15 minutes ou jusqu’à ce que la pâte soit tout juste dorée. Sortir et laisser refroidir.

Pour la crème Mixer très finement tous les ingrédients et placer la crème au réfrigérateur.

Pour les fruits Faire chauffer une poêle, en fonte de préférence, sur un feu moyen. Quand elle est chaude, verser un filet d’huile et y faire revenir brièvement les fruits coupés en morceaux. Lorsque ceux-ci sont attendris, couper le feu et débarrasser.

Pour servir Au moment de servir, répartir la crème sur les fonds de tartelettes retirés de leurs moules. Poudrer d’un supplément de matcha et déposer les fruits dessus. Servir immédiatement.

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Rouleaux de printemps Pour 8 rouleaux

8 petites feuilles de riz POUR (feuilles de riz de petit diamètre) LES 1 boîte de betteraves lactofermentées

ROULEAUX

au curry (un délice si vous pouvez vous en procurer ; sinon, ajouter un peu de poudre de curry et d’huile d’olive à une préparation nature) Graines germées alfalfa-cresson (ou autre mélange relevé : roquette, poireau, fenouil…) 1 petite courgette débitée en spaghettis ou râpée 60 gr de spaghettis fins de riz ou de sarrasin 2 carottes râpées 1 tofu fumé POUR 1 c à s de tamari LE TOFU 1 c à s d’huile de sésame grillé MARINE 1 c à s de vinaigre de riz 1 c à s de mirin Utiliser le restant de marinade du tofu et POUR ajouter du gingembre frais râpé, 1 c à c de LA SAUCE gomasio, 1 c à c de carotte râpée, 1 c à s de jus de lime, une pincée de vanille.

Faire cuire les spaghettis selon les instructions du fabricant et débarrasser dans un grand saladier d’eau glacée – ceci pour éviter qu’ils ne collent. Couper le tofu en 8 morceaux et le faire mariner au moins ½ heure dans la préparation en tournant les morceaux à mi temps. Faire chauffer une poêle sur un feu moyen et verser un filet d’huile. Faire revenir les morceaux de tofu. Lorsqu’ils sont dorés, déglacer avec un peu de marinade, sur feu vif cette fois. Débarrasser. Préparer une grande assiette creuse remplie d’eau très chaude, un torchon mouillé et essoré placé devant vous (éventuellement plié en deux s’il est grand) et tous les ingrédients. Tremper une feuille de riz dans l’eau chaude, pour juste l’humidifier (plus, elle risque de devenir molle et de se déchirer). La déposer sur le torchon et garnir son centre, à votre guise. Attention cependant à ne pas mettre trop de garniture au risque de ne pouvoir bien fermer le rouleau ! Fermer le rouleau d’abord par les côtés droit et gauche, vers le centre. Ensuite, fermer le bas, toujours sur le centre, puis rouler le rouleau en serrant légèrement la garniture. La feuille de riz va se coller sur elle-même. Procéder de même pour tous les rouleaux. Servir immédiatement avec la sauce.

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