Agefili 86

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DESIGN & ARCHITECTURE

NUMÉRO 86 | AVRIL 2013

CHF 5.-

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ACCÉLÉRATION VIRAGES, COURBES ET DÉNIVELÉS VERTIGINEUX, AU TEXAS, CE TEMPLE DE LA VITESSE RESPIRE LE NEUF. EN PISTE ! INTERROGATOIRE

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Max Nötzli PRÉSIDENT D’AUTO-SUISSE ET VICE-PRÉSIDENT DU CONSEIL D’ADMINISTRATION DE LA FONDATION DU SALON DE GENÈVE NOUS RÉPOND. PISTONS & ENGRENAGES

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MONTRES HORLOGERIE ET AUTOMOBILE, LE PUISSANT ALLIAGE !

2013, UNE ANNÉE HYPERCAR

PERFORMER SI 1969 FUT ÉROTIQUE, 2013 SERA EXTATIQUE, TOUT DU MOINS SUR LE PLAN AUTOMOBILE ! RETROUVEZ NOTRE DOSSIER SPÉCIAL. PISTONS & ENGRENAGES

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ÉVASION

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60

SS Sudan EN ÉGYPTE, ON REMONTE LE NIL À BORD DU STEAMSHIP SUDAN, LÀ OÙ LA SAGESSE NAÎT À CONTRE-COURANT, DANS LES REPLIS DU TEMPS.


s o mmaire

CHAGALL

detox

ENTRE DEUX FEUX

Débranche tout !

cortex

pagE 14

société

page

18

86 Numéro

AVRIL 2013

le king

Happy Connectivity

CARLOS LEAL

rock star

lucarne

I STUFF

cortex

page 09

GEEK

page 54

en privé

Néo-Vintage

spécial londres

Extra ball pour le flipper !

sélection

société

page 20

5

trend & accessoires

page 15

page 50

AVRIL 2013 - AGEFI LIFE


CoRtEx

eLectronica

L.A. duo

© D.r.

dIdo “BUSINESS GIRL” o. rohrBach

Musique

après quasimEnt cinq ans DE silEncE DiDo Est Enfin DE rEtour. commE on nE changE pas unE rEcEttE qui gagnE Et qui a pErmis à la DoucE anglaisE DE fairE DE chacun DE sEs albums un bEstsEllEr, son brillant quatrièmE opus s’inscrit plus ou moins Dans la mÊmE lignéE. pour lE mEillEur Et pour lE… calmE ! où étais-tu pendant les cinq années précédant la sortie de «Girl Who Got Away» ?

Je me suis mariée, j’ai fait un enfant et j’ai enregistré ce nouvel album ! J’ai lu sur ta page Facebook que tu as commencé l’année en jouant au... train à vapeur ! Visiblement, la vie de famille occupe bien ton temps !

Ce fut amusant et vraiment une autre façon de démarrer l’année par rapport à l’an dernier ou au passé. Depuis que Stanley est né, ma vie privée est devenue plus familiale. C’est intéressant de voir la vie avec un nouveau regard et j’aime ce sentiment que tout n’est que recommencement… Est-ce que 41 est le nouveau 31 ans ? tu as l’air plus en forme que jamais : quels sont tes rituels de beauté ?

AGEFI LIFE - AVRIL 2013

Je ne pense pas… J’essaie juste de ne pas me faire trop de soucis, de boire beaucoup d’eau, de rire le plus possible, de faire un peu de marche et tente de dormir ou de faire des siestes dès que possible. Et surtout : j’essaye de rester le plus loin possible des sucreries !

Je pense être de nature une personne plutôt calme. Par contre, lorsque les gens me connaissent mieux, je peux aussi devenir très bruyante ! tu as vendu presque 40 millions d’albums et fais partie des chanteuses anglaises qui ont le plus de succès. Par contre, tu es invisible dans les tabloïds : ton secret ?

dans quel état d’esprit étais-tu en enregistrant «Girl Who Got Away» ?

Dans un état plutôt apaisé, la plupart des vocaux ont été réalisés alors que j’étais enceinte. Je garde des souvenirs amusants de ces sessions : par moments, en enregistrant certaines chansons, Stanley me donnait de tels coups que je pensais m’écrouler !

Les chapeaux. Comment te relaxes-tu?

En jouant avec Stanley, c’est un peu comme si les soucis et le stress s’évaporaient de mon esprit… En règle générale, ce qui me relaxe sont des choses qui emmènent l’esprit ailleurs comme par exemple partir faire une virée en motoneige.

une certaine forme de calme et de tranquillité se dégage de ta musique : est-ce que ça reflète ta personnalité ?

dido, «Girl Who Got Away» (Sony Music), www.didomusic.com

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rhye ? c’est le (mystérieux) duo sur lequel il va falloir compter en 2013 ! habiles manipulateurs de leurs images, les deux musiciens ont préféré cacher leur visage et leur identité lors de leur entrée en scène. Dix mois plus tard et des centaines de pages de blogs plus loin, le tandem californien publie l’irrésistible Ep «the fall» avec son clip aux accents hollywoodiens, un rien rétro, qui fera suite à un premier album forcément très attendu en ce mois de mars. Rhye, (Universal), www.rhyemusic.com

chanson

Super Ariane le québec est depuis belle lurette une terre promise de talents. loin des rengaines à la isabelle boulay qui donnent la migraine, ariane moffatt est la québecoise «nouvelle génération» à suivre. il faut dire que la musique de cette talentueuse auteur-compositeurinterprète insuffle à la chanson française une dimension anglo-saxonne qui évoque un heureux croisement entre émilie simon - période «the big machine» et sia. pour ceux qui en redemandent et on les comprend, ariane moffatt sera en tournée en romandie ce printemps. Ariane Moffatt, «MA Remix» (Sony Music/iTunes), www.arianemoffatt.com

Jazz

Jazzy Asia superstar, muse, actrice et chanteuse : la biographie de cette étoile chinoise donnerait le vertige à plus d’un… Depuis ses débuts en 1993, karen mok est devenue la chanteuse la plus populaire de chine. aujourd’hui, la belle a décidé de faire partager au reste du monde sa musique et a enregistré, à shangai, ce premier opus en anglais sur lequel elle revisite avec brio et finesse de grands standards. un peu de douceur dans ce monde de brutes. Karen Mok, « Somewhere I Belong » (Universal), www.karenmok.com


cortex

Roy Lichtenstein 19231997 -
 «Oh, Jeff…I Love You, Too…But…», 1964, 
Collection Simonyi

le king

J. David

© Estate of Roy Lichtenstein/DACS 2012.

David Bowie, artiste caméléon aux 140 millions d’albums vendus à travers le monde, est à l’honneur d’une grande rétrospective au Victoria & Albert Museum de Londres. Go !

Rock star

son 26ème album studio, le premier en dix ans. Une date mais deux événements, puisqu’elle coïncidera avec l’ouverture de la première rétrospective mondiale consacrée à la carrière du Britannique. Ces dernières années ont vu les expositions sur la musique se multiplier. Celle-ci réunira plus de 300 objets parmi lesquels des manuscrits de chansons, des tenues délirantes commandées par le chanteur à des couturiers d’avant-garde, des films, photographies et croquis, des décors, des pochettes d’albums, des instruments de musique, etc. L’ambition : montrer à la fois le cheminement artistique de cet éternel novateur, mais aussi décrypter de quelle façon il est devenu cette icône culturelle qui continue d’influencer des générations de musiciens. Bowie est en effet considéré, aujourd’hui encore, comme l’un des talents les plus influents des temps modernes. Une exposition so british : pop et légère en apparence, fort sérieuse sur le fond. Vous avez dit monstre sacré ?

Les Beatles ne sont plus, les Stones se sont transformés en planches à billets (de concert)... reste Bowie, l’une des dernières icônes pop encore debout. À 66 ans, dont 40 de carrière, David Bowie est une légende vivante de la musique au même titre que les Rolling Stones, Bob Dylan ou Iggy Pop. Artiste précurseur alternant les styles, il a connu plusieurs périodes, à l’instar des grands peintres. Rendu célèbre par son alter ego excentrique et décadent Ziggy Stardust dans les années 70, il impose alors un Glam Rock atypique et flamboyant. Plus tard, il s’intéresse aux musiques noires puis, à la musique électronique, avant d’enchaîner les tubes pop efficaces et planétaires dans les années 80. Absent de la scène musicale depuis 2004, Bowie créait récemment la surprise en annonçant son grand retour sur le devant de la scène, avec la sortie d’un nouvel opus, ce mois-ci, «The Next Day»,

«David Bowie is», jusqu’ au 28 juillet 2013, au Victoria & Albert Museum, à Londres, www.vam.ac.uk ou www.davidbowie.com

En haut : Photographie originale de la pochette de l’album «Earthling», 1997.

Autoportrait également adopté pour la couverture de l’album «Heroes», 1978.

Art Moderne

Petits points et grands traits Par son ampleur (130 tableaux et sculptures), sa variété et les surprises qu’elle promet à un public européen qui n’a pas si souvent l’occasion de les voir, l’exposition Roy Lichtenstein est sans précédent. Sans surprises, les demoiselles en détresse, les images prélevées dans des comic-books, les si caractéristiques surfaces en petits points de trace sont au rendez-vous dans cette rétrospective complète, la première depuis vingt ans, consacrée à l’artiste emblématique du pop art américain qui décrivait lui-même son style comme étant «aussi artificiel que possible». Mais cette exposition fleuve est aussi l’occasion de découvrir des aspects moins connus de son travail : sa façon, bien à lui, de réinterpréter l’œuvre des grands maîtres (de Matisse aux paysages de la peinture chinoise), ses toiles en noir et blanc, etc. Du très chargé «Whaam!» à la très épurée série des «Brushstrokes», le parcours permet de faire le tour de la question Lichtenstein. «Roy Lichtenstein. Une rétrospective», jusqu’au 27 mai 2013, à la Tate Moderne, à Londres, www.tate.org.uk L. B.

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AVRIL 2013 - AGEFI LIFE


© D.R.

P I S TO N S & E N G R E N A G E S

2013, une année hypercar

Performer F. Scaglione

Sélection

Si 1969 fut érotique, 2013 sera extatique, tout du moins sur le plan automobile ! L’année en cours doit accueillir la naissance quasi simultanée de trois hypercars dont les ambitions respectives sont tout simplement d’établir de nouvelles références historiques en matière de performances. Une seule réussira, forcément.

Dans l’histoire, il n’est pas rare de constater que, sur un même segment, des rivales voient le jour la même année à intervalles très rapprochés. Ce n’est pas un hasard, un plan Produits se doit aussi d’avoir un bon timing et de ne pas offrir à un concurrent la possibilité de capitaliser sur l’attrait incontestable que représente la sortie d’une nouveauté. Il y a dix ans de cela, la précédente génération «d’hypercars» à la production limitée opposait Ferrari Enzo (2002), Porsche Carrera GT (2003) et Mercedes-McLaren SLR (2003), des engins dotés sous la pédale de droite de plus de 600 ch. Ce niveau de puissance désormais dépassé par les «supercars de série» comme les Mercedes SLS AMG (Black Series), Ferrari F12berlinetta, Lamborghini

AGEFI LIFE - AVRIL 2013

Aventador ou Pagani Huayra, le temps du renouvellement est venu. 2013 sera pléthorique, fantasmatique et très technologique.

Ferrari F150 La chef de file de ces nouveaux-nés de prestige ne peut être issue que de Maranello. La succession de l’Enzo connue aussi sous le nom de code F150 s’est découverte petit à petit tant il y avait matière à discuter. Tout d’abord, un châssis carbone qui ne cède pas à la facilité du moulage par injection (RTM) préférant le mélange de différents types de fibres et procédés de fabrication, tous issus de la Formule 1. Résultat, une monocoque 20% plus légère et 27% plus résistante que celle d’une Enzo dans laquelle prendra place

le V12 le plus abouti et le plus complexe jamais imaginé par la firme au cheval cabré puisqu’il sera hybride. Ce V12 HY-KERS installé en position centrale arrière se composerait d’un V12 6.3l de 800 ch associé à un système de récupération d’énergie cinétique identique à celui utilisé en F1 et apportant un supplément de puissance de l’ordre de 120 ch. Je vous laisse faire l’addition simplement pour vous dire que la Bugatti Veyron devrait être rayée des tablettes du 0-100 km/h (2.5s). Quant au style que l’on devine à travers deux images, on parle d’une évocation de la 250 LM des années 60 Si cette nouvelle Enzo s’est faite attendre, c’est probablement que Ferrari souhaitait jauger au préalable 28

la réplique «d’en face». Il faut dire que l’ennemi est inédit et qu’on ne connaît pas encore vraiment le potentiel de sa force de frappe.

McLaren P1 Quand on dit inédit, c’est évidemment dans le cadre des productions routières car, en F1, McLaren reste le plus gros challenger de Ferrari depuis 25 ans ! Hormis la mythique F1 des années 90, l’arrivée du constructeur anglais sur le marché des routières date seulement de l’an dernier avec sa MP4-12C. L’étape suivante sera la P1, une hypercar là aussi extrêmement technologique qui ambitionne publiquement d’être «la voiture la plus performante sur la planète». Pour cela, on mise,


© D.R.

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P I S TO N S & E N G R E N A G E S

du côté de Woking, sur la légèreté d’une cellule centrale en carbone (reprise en partie de la MP4-12C) qui permettra d’atteindre un rapport poids puissance extraordinaire de 1.66 kg/ch mais aussi d’une aérodynamique travaillée à l’extrême comme sur les monoplaces de F1 (600kg d’appui, ailerons mobiles, flux d’air internes). On parie aussi sur un moteur hybride composé du V8 biturbo de la MP4-12C auquel on adjoindra un KERS pour un total de puissance couvrant un spectre allant de 750 à plus de 900 ch. McLaren annonçant un grand confort et un raffinement extrême pour une utilisation routière mais un niveau de performances inégalé sur piste, il est acquis que la suspension sera paramétrable et que l’on disposera également des barres anti-roulis hydrauliques. McLaren évoque des performances d’une voiture des 24h du Mans !

r

Porsche 918 Spyder Le dernière des hypercars cuvée 2013 se trouve en Allemagne, du côté de chez Porsche, avec le programme 918 Spyder dont nous pouvons suivre l’évolution depuis son origine et la présentation du concept car surprise de Genève en 2010. Les kilomètres de tests ne se comptent

Le pur-sang de la firme anglaise de Woking montré, pour la toute première fois, au public lors du salon de Genève, porte bien son nom. P1, dans le jargon de la Formule 1, renvoie au diminutif «Position 1» utilisé par le préposé au panneautage posté dans la ligne droite des stands.

vous ajouterez la puissance de deux blocs électriques offrant 90 et 80 kW de plus. Au total, la puissance combinée sera de 770 ch, le 0 à 100 km/h sous les 3s et la consommation d’environ 3l aux 100 km avec la possibilité de rouler en 100% électrique sur 25 km. Pas la plus puissante disions-nous mais assurément la plus «verte» de toutes. Relativisons quand même puisque la 918 Spyder a déjà été

plus concernant cette future 918 Spyder qui, comme ses rivales, étrennera une technologie révolutionnaire combinant châssis carbone, suspension pilotée, aérodynamique active et motorisation hybride rechargeable. Sur le papier, elle sera la plus lourde (autour de 1 700 kg) et pas forcément la plus puissante mais on sait que les caractéristiques du constructeur

McLaren reste le plus gros challenger de Ferrari depuis 25 ans ! ne donnent que rarement de bonnes indications sur le niveau de performance de ces modèles. D’après les spécialistes, le «cheval Porsche» vaudrait plus que celui des concurrents, ce sera l’occasion de le vérifier. La 918 Spyder (plus Targa que Spyder en fait) sera donc équipée d’un V8 4.6l central à carter sec offrant 570 ch auxquels

envoyée sur le front du terrible circuit du Nürburgring (22 km) qu’elle a dompté en moins de 7’22, soit une amélioration de 10s par rapport à sa devancière la Carrera GT. Dans une configuration, qui plus est, loin d’être optimale. Trois hypercars dont le berceau de naissance pourrait bien être le 83ème salon de l’automobile de Genève ! Toutes nos félicitations aux parents.

STORY

Les hypercars Old School Aston Martin One-77 et Lamborghini Sesto Elemento

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Vous appréhendez l’électrocution et préférez les bons vieux moteurs à pétrole ? Les hypercars Old School existent encore même si elles consomment (beaucoup) plus, vont (beaucoup) moins vite et coûtent (beaucoup) plus cher. Dans le très exclusif, la Lamborghini Sesto Elemento (vingt exemplaires) tout carbone de moins de 1 000 kg et au V10 de 570 ch promet des sensations extrêmes... mais uniquement sur routes fermées puisque l’engin n’est pas homologué ! Tout le contraire de l’Aston Martin One-77 (77 exemplaires) qui diffuse furtivement son look racé, émet ses vocalises frissonnantes et applique les 760 ch de son V12 atmosphérique sur tous les bitumes du monde. À vous de voir. 29

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PIStoNS & ENGRENAGES

sur la route, par une bonne assise ergonomique sur l’avant-bras, un basculement du boîtier d’un geste simple pour commencer une nouvelle mesure et un système pour changer le bracelet en un tour de main. Chez Chopard également, les modèles Superfast de sa collection Classic Racing ont été pensés en lien direct avec l’univers de la course automobile. Des lignes verticales anthracites sur fond noir sur le cadran pour évoquer les ailettes de refroidissement des moteurs de course, les chiffres des minutes s’apparentant aux marqueurs des compte-tours, un bracelet en caoutchouc naturel reprenant le profil lisse des pneus slick, typiques de la F1 et… une succession d’autres trouvailles (vis de la lunette, les poussoirs, etc.) à découvrir çà et là sur ce modèle finalement peu classique mais très racing !

L’esprit moteur

révélateurs, comme son bracelet doté d’inserts en fibres de carbone, qui rappelle les dernières évolutions dans la conception de voitures de course dont celles de Lamborghini dont Blancpain est partenaire.

Mais ces deux «mondes» de mécaniques s’allient parfois pour mettre en commun leurs connaissances techniques. En résultent des modèles très novateurs. Les équipes de Richard Mille et de Jean Todt ont ainsi travaillé ensemble pour mettre au point la montre capteur de G Tourbillon RM036 Jean Todt (édition limitée de quinze pièces en titane) qui est, comme le précise l’horloger, «une montre capable d’apporter de véritables réponses aux problèmes de sécurité routière». De par son capteur pouvant supporter des décélérations de plusieurs dizaines de G, la RM036 est capable de retranscrire les contraintes physiques imposées à l’organisme lors de fortes décélérations afin d’en informer les conducteurs et leur faire prendre conscience des dangers de la route. Idem chez IWC qui, en partenariat avec Mercedes, propose une collection montres Ingénieur 2013 inspirés de la F1. Georges Kern, le CEO d’IWC, l’avoue : «Les ingénieurs de nos deux entreprises ont beaucoup de points communs. Ils partagent la même passion pour la technique de précision et l’innovation». Garantir une force de remontage qui soit la plus constante possible pendant toute la durée de marche, c’est le défi qu’a cherché à relever pendant dix ans une équipe IWC composée d’ingénieurs, d’horlogers et de designers. Ainsi est née l’Ingenieur Tourbillon Force Constante aux fortes inspirations automobiles, comme son mouvement qui s’inspire du bloc moteur d’une voiture, et, sur sa platine, l’alternance de surfaces brillantes et satinées et de bords polis tel un groupe moteur haute performance de F1.

À la croisée des passions

Pied au plancher

Référence plus marquée encore, l’AMVOx7 Chronograph de Jaeger Lecoultre. Célébrant huit ans de partenariat avec Aston Martin, ce premier chronographe à déclenchement vertical doté d’un affichage de la réserve de marche radiale, est esthétiquement et techniquement très inspiré du constructeur automobile britannique. «Comment pourrait-il en être autrement pour un mécanisme dont les performances seront nécessairement comparées à celles de la nouvelle Vanquish d’Aston Martin ?», fait remarquer la Maison de la Vallée de Joux. Outre le motif du cadran qui reproduit la grille d’aération de la calandre de la Vanquish, l’AMVOx7 révèle ses atouts au quotidien et en particulier

Et oseriez-vous un véritable engin mécanique à votre poignet ? La très créative Maison MB&F vient de lancer la HM5, aux allures futuristes dont le boîtier est pourtant largement inspiré des supercars des années 70. Dessinée comme une automobile, elle est également équipée de pots d’échappement… qui permettent d’évacuer l’eau ! Reprenant l’idée des volets arrière de ces voitures qui obstruaient la lumière du jour, ceux de la HM5 s’ouvrent au contraire pour laisser passer la lumière et charger les chiffres qui se voient rehausser d’un contour vert clair iridescent comme l’éclairage nocturne des instruments de bord d’une supercar. «On the Road Again»…

MOTEURS, ÇA TOURNE ! quanD lEs bEllEs mécaniquEs Et la mécaniquE DE précision sE rEncontrEnt, quE sE DisEnt-EllEs ? EllEs rÊvEnt Et créEnt EnsEmblE DEs montrEs mutantEs, prEuvEs DE lEur incroYablE proximité tEchniquE. horlogEriE Et automobilE, lE puissant alliagE ! c. marLier

Attraivite

Outre la présence récurrente des marques horlogères dans les courses automobiles, leurs créations font montre d’une conjonction certaine des univers. Pour sa deuxième année de collaboration avec Ferrari, Hublot prévoit trois nouvelles montres en 2013, chacune présentée dans un écrin spécifiquement développé pour la collection Ferrari. En tête, la Big Bang Ferrari «Carbon Red Magic» qui doit son nom au rouge (comme Ferrari !) étonnamment inaltérable de sa glace saphir, résultant d’un procédé spécifique (une mise en couleur faite directement dans sa masse grâce à l’ajout de composants chimiques lors de la croissance de la matière). Un hommage écarlate à la marque automobile ! Autre clin d’œil sportif, celui de Blancpain qui, avec son chronographe flyback L-evolution, prouve son engagement dans l’univers GT : un poussoir à 8h rappelant la forme d’un bouchon de réservoir ou encore un compteur à 9h en forme d’écusson (telle une écurie automobile!). Des détails

AGEFI LIFE - AVRIL 2013

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PIStoNS & ENGRENAGES

CarOle

FOreSTier KaSaPi créatrice de rÊVes

@ vincent calmel @cartier 2012.

la rEsponsablE Du DévEloppEmEnt DEs mouvEmEnts hautE horlogEriE chEZ cartiEr DévoilE un visagE ExprEssif Et souriant. cElui D’unE passionnéE.

Réinventer

c. SPiR

En quoi consiste votre métier ?

À avoir des idées créatives pour donner naissance à de nouvelles complications ou des interprétations de complications. Avoir un certain nombre de visions et les proposer en vue de créer de nouvelles montres. Quels sont les domaines les plus passionnants et les plus rébarbatifs de votre métier ?

Le plus captivant ? Ne jamais faire la même chose. Chez Cartier, on essaie toujours de réinventer la montre. Quant au plus fastidieux, c’est tout ce qui tourne autour des procédures. Dans la mesure où nos développements sont très longs, nous avons besoin de garde-fous à chaque étape pour s’assurer l’excellence de la qualité. Le côté procédurier n’est pas toujours agréable même s’il faut admettre qu’il est indispensable. En terme de recherche, quelle est la politique de Cartier ?

Innover pour proposer des produits différents de ceux qui existent actuellement sur le marché. C’est une entreprise axée sur la créativité, notamment des formes de boîtiers - il n’y a qu’à voir le modèle Crash de cette année -, mais aussi sur la créativité des complications. Évidemment, on utilise des complications classiques comme le tourbillon mais pas que... On le réinterprète

comme cela a été fait pour le tourbillon Mystérieux. Quant à la collection ID et ses Concept Watch, la philosophie du département R&D est de montrer une vision de ce que pourrait être l’horlogerie dans le futur. C’est un horizon lointain, de la recherche pure où l’on travaille des sujets liés au bénéfice du client. La première ID réalisée est une montre sans réglage, elle n’a pas besoin d’être réglée quand on l’assemble. Pour sa conception, on a posé le cahier des charges suivant : «Quels sont les phénomènes mécaniques qui font, au bout d’un certain temps, qu’une montre mécanique se dérègle, voire s’arrête ?» car, aujourd’hui, toutes les montres mécaniques ont besoin d’une révision, cela influence la chronométrie. On a donc amené des solutions en trouvant des nouveaux matériaux, des nouvelles technologies de fabrication plus précises pour répondre à notre question initiale. Aujourd’hui, la collection de montres semble complète, sentez-vous votre mission accomplie ?

oh là, non ! Ce n’est jamais fini, il y a toujours des choses à faire, à remettre en cause. Nous avons un plan de développement établi jusqu’en 2018, je peux donc vous garantir que c’est loin d’être complet, le planning est chargé ! Il y a toujours d’autres façons de faire

et ne pas hésiter à se remettre en question pour faire d’autres propositions. de ce fait, cette année la Maison met à l’honneur les Heures Mystérieuses... que représentent-elles ?

Chez Cartier, les pendules mystérieuses ont un pouvoir émotionnel très fort car elles sont liées à l’histoire de la Maison. La première pendule mystérieuse retrouvée dans nos archives date de 1912. Et depuis 101 ans, l’histoire ne s’est jamais arrêtée. Il y a eu énormément de créativité, tant sur le fond que sur la forme, sur ces pendules. Donc forcément, c’est un sujet que l’on avait envie de traiter. Et puis, arriver à transposer ce phénomène d’illusion dans une montre bracelet est magique. Votre plus beau souvenir chez Cartier ?

Oh il y en a trop ! Il est surtout lié à une satisfaction, celle que la Maison se soit prise en main, qu’elle ait acquis cette expertise autour du mouvement car finalement tout cela n’est pas si vieux. Rappelez-vous, il y a seulement cinq ans, comme on dit dans le métier, Cartier n’était encore qu’un «établisseur», c’est-à-dire que la Maison faisait faire ses mouvements, les achetait, puis les mettait dans le boîtier. Aujourd’hui, tous ces savoir-faire ont été intégrés : on développe, fabrique, assemble

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nos propres mouvements. On maîtrise les processus de fabrication de A à Z et ça, c’est extraordinaire. Comment voyez-vous l’avenir ?

Même si cela a toujours été le cas chez Cartier, je dirais philosophiquement créatif ! Quels conseils donneriez-vous à un jeune du métier ?

C’est un métier de patience et de remise en question permanente. Au début, développer des mouvements est ingrat. Déjà, cela prend du temps, puis c’est compliqué. D’autant qu’une fois sorti de l’école, on n’a pas le recul nécessaire... Il faut concevoir son propre mécanisme pour comprendre les difficultés liées à l’homologation, l’assemblage et ce, durant tout le processus de production. Finalement, on lance un mouvement et ce n’est que deux ans après, en voyant les taux de pourcentage des retours sous garantie, par exemple, que l’on peut comprendre, visualiser là où l’on a «mal fait» ou du moins là où l’on aurait pu mieux faire. Ce laps de temps extrêmement long est nécessaire pour se rendre compte de ce que l’on a fait, ainsi on progresse. C’est primordial d’avoir une idée du fonctionnement de ce que l’on a créé sur le papier. Il faut donc être patient et savoir se remettre en cause.

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GEEK

AR Drone, Parrot.

L’avis de l’expert

Youghoon Eom,

Netatmo.

vice-président exécutif de samsung pratiques ou encore gadgets, Les appareiLs connectés vont Lentement mais sÛrement investir nos intérieurs dans Le but de nous rendre La vie pLus pratique. c’est en tous Les cas La conviction de samsung. Les produits connectés veulent s’inviter dans le monde de l’électroménager. Avec quelle finalité ? aujourd’hui, nous essayons d’apporter les technologies numériques largement développées dans le monde de l’électronique de loisirs dans celui de la domotique. des exemples : déployer le Wifi, des applications dédiées et des écrans Lcd de 8 ou 10 pouces sur des réfrigérateurs pour les rendre plus pratiques ; rendre connectables les lave-linges afin de les piloter à distance depuis un smartphone ; créer des interactions entre le téléviseur du salon et la cuisine… Cela fait pourtant des années que l’on parle de réfrigérateurs connectés par exemple, et on ne voit rien de concret dans les magasins… pour introduire dans la cuisine des solutions que le public adopte rapidement, il faut inventer des applications pertinentes. Les fabricants d’électroménager n’ont pas adopté le numérique, ils n’ont pas encore su créer des scénarios qui parlent au grand public. réfléchissez : nos réfrigérateurs sont peu ou prou les mêmes qu’il y a 100 ans : ils conservent les produits au frais… mais nos vies ont considérablement changé, nous ne pouvons plus nous satisfaire de ce type de solution. Dans quel sens travaillez-vous, alors ? notre but est désormais de traduire dans nos technologies les besoins des consommateurs d’aujourd’hui. déjà, beaucoup de personnes intègrent les économies d’énergie dans leurs comportements et leurs aspirations. en connectant les machines à laver, les fours, les réfrigérateurs, les climatiseurs,... avec nos smartphones ou smart tv, nous irons d’abord vers des services très concrets : mettre en marche le climatiseur de sa maison lorsque l’on quitte son travail depuis son téléphone, plutôt que de le laisser en route toute la journée fait du sens. nous observons ce qu’attend le public et travaillons déjà sur des solutions d’avenir car notre but est bel est bien de traduire dans nos technologies les besoins des consommateurs d’aujourd’hui.

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Pebble.

HAPPYCONNECTIVITY on Les sentait se rapprocHer à vitesse grand «v». Le dernier saLon consumer eLectronics sHoW de Las vegas a prouvé qu’iLs étaient déjà Là. «iLs» ? Les objets connectés, ces appareiLs bourrés d’éLectronique qui, coupLés à un smartpHone ou une tabLette, nous invitent dans Le meiLLeur des mondes. C. sÉFrin

Lucarne

On connaissait les montres de running, qui calculaient nos kilomètres parcourus ou nos calories brûlées, voici la montre capable de prendre «la main» sur notre smartphone. Pebble - son petit nom se connecte en Bluetooth à un iPhone ou un téléphone Android. Bien sûr, on peut se servir de cette petite montre à l’affichage à base d’encre électronique (comme pour les e-books) et customisable par des applications, dans le cadre d’une activité sportive, mais bien davantage encore. Elle affiche le nom des personnes qui nous appellent, les sMs et permet aussi de contrôler à distance la musique lue par notre smartphone… elle devrait bientôt être vendue pour 150 $ environ sur www.getpebble.com. La connectivité au poignet !

Santé online Le secteur de la santé n’est pas en reste. À l’image du bracelet Flex de Fitbit qui, au printemps, nous aidera à relever certains défis quotidiens avec

des objectifs à atteindre (nombre de pas à effectuer, d’étages à monter…), une petite fourchette connectée se chargera bientôt de nous aider à mieux manger. Issue de Hapilabs, une start-up française, HAPIfork calcule non seulement notre nombre de bouchées, mais surtout la vitesse à laquelle nous les ingurgitons. Résultat : si le temps entre chaque fourchetée est insuffisant, HAPIfork vibre pour nous inviter à ralentir la cadence. et ses données sont transmises en Bluetooth à notre smartphone qui conserve en mémoire le nombre de nos repas, leur durée… De quoi faciliter la digestion, voire perdre du poids. Toujours dans cet esprit bienêtre, la marque Withings lancera cette année son smart Activity Tracker. Après ses balances et ses tensiomètres Wi-Fi, le constructeur ajoute à sa panoplie ce petit électro-fréquencemètre qui surveillera notre rythme cardiaque. et pour respirer mieux, netatmo commercialise déjà sa station météo connectée : celle-ci informe

HAPIfork, Hapilabs.

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non seulement nos appareils mobiles du temps qu’il fera mais leur indique, en plus, la qualité de l’air !

Champ des possibles Associée à des interfaces intelligentes, la connectivité en Bluetooth ou Wi-Fi ouvre ainsi le champ des possibles. Après avoir remporté un triomphe avec son AR.Drone, un drôle d’objet volant lancé en 2010 qui se pilote avec un smartphone ou une tablette, Parrot annonce… Flower Power. Plus rien à voir avec son super hélicoptère quadrirotor. Place, cette fois, à un capteur pour entretenir ses… plantes vertes. Couplé à une application où sont répertoriées 6 000 plantes, Flower Power mesure la lumière, la température, l’humidité du sol et son taux d’engrais. en somme, le jardinier connecté est averti des besoins de sa plante. De quoi le rendre heureux. et si bonheur il y a, celui-ci pourra être quantifié par HAPItrack, un compteur de bien-être qui verra le jour pour l’été. On en reparle ?

Bracelet Flex, Fitbit.


GEEK

Tactile LA WII u enTRe en Jeu

Difficile de résumer la Wii U en quelques mots. Double écran, nFC, Miiverse, connexion Internet, chat vidéo… La richesse de son concept apparaît comme l’une de ses forces, et paradoxalement sa principale faiblesse. en effet, si d’aspect extérieur la console ressemble à une Wii aux capacités boostées afin d’accueillir des jeux enfin proposés en haute définition, sa véritable révolution provient une fois de plus de sa manette baptisée Wii u GamePad. et pour réellement percevoir son intérêt, il n’y a d’autres solutions que de l’essayer. Dans les faits, il s’agit ni plus ni moins d’une tablette avec écran tactile, mais intégrant des touches et sticks analogiques pour un contrôle plus précis que sur Wii, ainsi que des capteurs de mouvements. L’innovation réside alors dans l’interaction entre l’écran de votre TV et celui de la tablette. Des actions peuvent être uniquement visibles sur l’un ou l’autre, vous obligeant à rester toujours à l’affût. Intéressant aussi, le joueur peut éteindre sa télé ou changer de chaîne, et continuer sa partie dans la tablette (en restant

en osant supprimer La traditionneLLe manette pour La rempLacer par une téLécommande intuitive, La Wii aura bouLeversé Le monde du jeu vidéo. un succès Historique. aujourd’Hui, L’Heure de La reLève a sonné. face à L’assaut des tabLettes et smartpHones, nintendo souHaite une fois de pLus étonner avec La Wii u. un pari Ludique osé. J. CHiÈzE

à distance raisonnable bien sur) ! La Wii u s’impose dès lors comme la première console de salon… transportable.

Du jeu plutôt que de la puissance Même si la Wii a prouvé que la puissance graphique ne faisait pas

Évoution

tout, on regrettera toutefois que dans ce domaine cette dernière ne fasse pas mieux que les actuelles Ps3 et Xbox 360, sorties il y a tout de même près de six ans. D’autant que d’ici quelques mois, sony et Microsoft devraient proposer leurs nouvelles consoles annoncées comme de véritables monstres, capables

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d’afficher des jeux à la qualité visuelle digne des films d’animations de Pixar. Reste qu’au-delà des fantasmes graphiques, ce seront une fois de plus les jeux qui feront la différence. et dans ce domaine, le catalogue des stars nintendo («Mario», «Zelda», «Donkey Kong», «Pokémon»…) s’impose comme le plus populaire de tous. Amusant néanmoins de constater que pour le moment, les jeux utilisant le mieux les spécificités innovantes de la Wii u viennent du français ubisoft avec l’horrifique «ZombiU» et le délirant «Rayman Legends». Enfin, dernier point rassurant pour des millions de joueurs, l’ensemble des accessoires de la Wii est compatible avec la Wii u. De quoi entrevoir la migration en douceur... Innovante, surprenante et donc riche en belles promesses ludiques, nintendo a su concevoir une console audacieuse habilement inscrite dans l’air du temps. Parviendra-t-elle néanmoins à rééditer l’exploit de la Wii ? Début de réponse d’ici quelques mois…

AVRIL 2013 - AGEFI LIFE


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