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société

Le crowdfunding

Planète entraide PAR béatrice fichot

Il fait beaucoup parler de lui, surtout avec l’économie qui prend un nouveau visage. Fascinant, le « crowdfunding » est un mouvement qu’il faut avoir à l’œil.

en 2010, a depuis aidé à collecter 7 millions d’euros pour un total de 3500 projets divers. Quant au site Ulule, également français, il annonçait avoir récolté plus de 2,6 millions d’euros sur dix-huit mois en 2012, pour un peu plus de 1000 projets.

lule, Wemakeit, KissKissBankBank , Kickstarter, non ce ne sont pas les noms de nouveaux groupes de musique farfelus, mais des plateformes Web de « crowdfunding », ou financement participatif. En 2008, un jeune chanteur, Grégoire, sortait son premier album et son titre « Toi + Moi », impossible de passer à côté de son succès. Grégoire avait financé son album grâce à My Major Company et a ainsi fait germer des idées de réussite chez les artistes entreprenants. Le but des sites de crowdfunding est de permettre à des gens de donner vie à leur projet grâce aux dons d’internautes. Aucun secteur n’est laissé à l’écart puisqu’il existe des projets aussi bien artistiques qu’humanitaires ou encore technologiques et des milliers de sites de financement participatif ont vu le jour ces dernières années, dans le monde et en Suisse. Vincent Ricordeau, cofondateur de la plateforme KissKissBankBank, explique comment leur est venue l’idée de créer le site, aujourd’hui un des plus importants en France : « sur Internet, la possibilité de s’échanger tout et n’importe quoi est apparue sur les réseaux sociaux. Mécaniquement, cette connectivité entre les gens a libéré la créativité. On a voulu créer un outil pour répondre à l’envie des internautes de créer et partager, en dérogeant du système d’intermédiaire classique. On voulait voir naître des projets grâce aux individus entre eux. » Un pari réussi pour l’équipe de KissKissBankBank, puisque le site, lancé dans sa version finale

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Création, innovation : un monde de projets En Suisse, Romain a développé son projet sur Wemakeit. ch. Dans le but d’ouvrir un espace de création numérique, le Fablab à Genève, il avait besoin d’une imprimante 3D. Sans l’aide des contributeurs qui l’ont aidé à financer cet achat, Romain n’aurait pas pu acquérir cette machine d’une valeur d’environ 3000 francs. Son projet a attiré beaucoup de monde et il a pu ouvrir son atelier en février dernier. Sur KissKissBankBank, un des projets notables pour Vincent est celui d’un journaliste dont le projet était de partir à vélo dans le monde pour rencontrer et récolter les témoignages des habitants de villes situées sur le 39 e parallèle nord. Au préalable, il avait remarqué que beaucoup de ces villes avaient été touchées par des conf lits. Grâce au financement collectif du site, le journaliste a réalisé un web-documentaire baptisé « Paroles de Conf lits » avec le matériel qu’il avait ramené de son voyage. Des projets de ce type, touchants et surprenants, il y en a de nouveaux chaque jour sur les plateformes de crowdfunding et il est difficile de ne pas s’intéresser à l’un d’eux. Sur Ulule, les Belges Véronique et Solveig, trentenaires passionnées, ont lancé un projet humanitaire, la WAPA (  War-Affected People’s Association ) qui a remporté un énorme succès. Grâce à leur réseau sur Ulule et leurs connaissances, famille et amis, elles ont réuni les fonds qu’elles recherchaient pour soutenir des associations locales qui viennent en aide aux victimes de guerre dans le monde. Premier arrêt : l’Ouganda. Elles ont récolté 5 113 francs à ce jour, mais restent réalistes : « La plateforme de crowdfunding est un bon intermédiaire et nous donne de bons conseils pour faire aboutir notre projet, mais c’est à nous de faire le boulot. Il est important de relancer notre campagne, garder le contact avec notre réseau et les contributeurs, pour que l’aventure continue. » Au-delà de leur propre projet, les


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internautes s’intéressent également à ce qui se passe pour les autres. Si un projet les interpelle, ils participent financièrement sans hésitation. Ils deviennent alors contributeurs à leur tour. « J’ai acheté une lampe

.. Les gens prennent conscience qu’ils peuvent prendre le contrôle de ce qui se passe dans leur vie et dans leur consommation en participant à divers projets Vincent Ricordeau

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Les beaux jours du crowdfunding Les porteurs de projets qui font appel au financement participatif sont bien au courant du fonctionnement de ce système. L’évolution de la société a créé de nouvelles envies chez les gens, qui ressentent ce besoin de connectivité, de partage et de soutien. Les réseaux sociaux ont beaucoup inf luencé la naissance de ces plateformes et le crowdfunding. Evidemment, elles-mêmes doivent gagner de l’argent pour pouvoir continuer d’exister et les sites sont toujours très transparents quant à la manière dont ils se rémunèrent. KissKissBankBank, par exemple, prélève une commission de 5 % sur l’argent récolté par projet abouti et 3 % de frais bancaires. Un système qui semble convenir à tout le monde, dans cet univers où la communication et la motivation sont

© DR

LED qui fait pousser les plantes, j’ai soutenu deux autres projets d’imprimantes 3D et d’autres petites inventions. J’aime le fait d’avoir un produit avant tout le monde et à moindre coût, tout en soutenant de jeunes entrepreneurs comme moi j’ai été soutenu », raconte Romain.

déterminantes. Romain, créateur du FabLab suisse, donne son avis : « C’est un concept très malin. Les plateformes prennent leur commission au passage, mais je trouve ça normal, grâce à elles on peut réaliser un projet qui nous tient à cœur et ça permet aussi de se retrouver en réseau et de rencontrer des gens du monde entier. » Le marché du financement participatif est très récent et a surpris. Sur fond de crise économique, les gens ressentent le besoin de se retrouver sur des projets communs, avec cette notion de solidarité. Plus de 3 milliards

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de dollars de fonds ont déjà été collectés à travers le monde, un chiffre qui va croissant, visant les 1000 milliards de dollars en 2020, selon un expert de Forbes. « C’est une véritable lame de fond, les gens prennent conscience qu’ils peuvent prendre le contrôle de ce qui se passe dans leur vie et dans leur consommation en participant à divers projets. Dans le futur, on pourra parler d’investissement car les gens y verront le moyen de gagner de l’argent plus concrètement, en finançant des start-ups et des entreprises. » Le crowdfunding a de beaux jours devant lui.


c i n é ma

PAR

© Jobs

© Inside Llewyn Davis

Ja s m i n a Sla c a n i n

2013, l'année biopic

Avec Ashton Kutcher dans la peau de Steve Jobs, Naomi Watts dans celle de la princesse Diana et récemment Daniel Day Lewis dans Lincoln, les biographies filmées cartonnent au cinéma. Mais pourquoi au juste ? et hiver, on a pu découvrir Lincoln de Steven Spielberg. Sans grande surprise, sa prestation d’acteur a valu un Oscar à Daniel Day Lewis. Ce printemps, dans la compétition officielle à Cannes, deux biopics ont tenté de décrocher la palme : Inside Llewyn Davis des frères Cohen ( Grand prix du Jury) et Behind the Candelabra de Steven Soderbergh. Cet été, c’est le très attendu Jobs ( Joshua Michael Stern ) qui a rempli les salles avec un Ashton

Kutcher totalement métamorphosé en génie d’Apple. Cet automne encore, Diana d’Oliver Hirschbiegel dévoilera la relation secrète entre la « femme la plus célèbre du monde » et le D r Hashat Khan. Et on terminera enfin l’année avec The Fifth Estate ( Bill Condon ), en découvrant un épisode de la vie du fondateur de WikiLeaks. Ces long métrages ne sont que quelques exemples isolés de cette nouvelle tendance. Notons encore que hors des Etats-Unis, d’autres pays surfent aussi sur cette vague, comme le Chili ( La danza della realidad d’Alejandro Jodorowsky ), la Russie ( Légende No 17 ou Gagarin : First Man in Space ) ou la France, avec deux films sur la vie d’Yves Saint Laurent ( de Jalil Lespert et Bertrand Bonnello ) dont le tournage a commencé en juillet pour le premier et débutera en octobre pour le deuxième… La mode pour un genre cinématographique particulier s’inscrit toujours dans une époque donnée, dans un contexte social, politique ou économique, comme l’ont montré, notamment, les comédies musicales du début du XXe siècle ou le film noir dans les années 1940, 1950. Et le biopic n’échappe pas à la règle. Pourquoi 2013 ? Quelles sont les coulisses

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de cette tendance ? Raphaëlle Moine, professeure en études cinématographiques et directrice du département Cinéma et Audiovisuel de UFR Arts & Médias ( Sorbonne, Paris ) donne quelques éléments de réponse : « On peut avancer un faisceau de raisons à la mode des biopics. Tout d'abord, le biopic raconte l'histoire, ancienne ou récente, par le prisme de l'individu biographié. On peut supposer que ce prisme est en phase avec l'individualisme des sociétés contemporaines et, d'une certaine façon, avec une forme d'idéologie libérale ». Un autre élément à prendre en considération est « l'effet de filon : quand un genre ou un cycle marche bien, il généralement est exploité ». En observant le nombre de producteurs qui se sont arraché la biographie de Steve Jobs, d’Yves Saint Laurent ou des fondateurs de WikiLeaks, on peut même parler de guerre des biopics. Car ici, ce n’est pas celui qui offre l’œuvre la plus originale ou la mieux aboutie qui gagne, mais celui qui sort en premier. Enfin, une dernière piste est évoquée par Raphaëlle Moine, dont on parle beaucoup à l’heure actuelle, c’est la « crise du scénario ». La biographie, comme les adaptations littéraires ou les remakes, fournit, ainsi une base au futur film. Bien qu’il n’existe au-


c i n é ma

cune formule intemporelle et générale pour les biopics, quelques tendances historiques se dégagent toutefois, comme l’illustre la professeure de cinéma : « L’époque classique hollywoodienne privilégiait des récits qui présentaient les personnages comme des role models, avec une trajectoire ascendante : des scientifiques, des politiques, par exemple, investis dans leurs recherches ou une cause, qui étaient confrontés à l'hostilité de leurs pairs au cours du film, mais qui progressivement faisaient triompher, grâce à leur vertu et leur ténacité, leurs idées pour le bien de l'humanité ( The Story of Louis Pasteur, Madame Curie ).Aujourd'hui, c'est un schéma plus mélodramatique qui est dominant, même s'il y a bien sûr des exceptions. Ce schéma favorise les flash-back ( révélateurs d'un trauma ancien ou d'un passé douloureux ) et joue souvent sur un contraste entre une grande réussite et de grandes souffrances. Le récit est aussi beaucoup moins édifiant qu'il ne l'était pendant la période classique des années 1930 à 1950. Des exemples typiques pourraient être Ray, Walk the Line ou La Môme. » Si le genre intéresse autant tous les maillons de la chaîne cinématographique, c’est aussi pour la performance d’acteurs, qui garantit souvent un Oscar. Plus ils ressemblent aux personnages qu’ils interprètent, plus les défis physiques ( perte-prise de poids, changement de couleur de peau, de musculature, embellissement-enlaidissement, etc. ) ou artistiques ( cours intensifs de danse, de musique, etc. ) sont relevés, plus ils sont applaudis et bombardés de récompenses. Dans les métamorphoses les plus spectaculaires, citons celle de Charlize Theron dans Monster, de Marion Cotillard dans La Môme ou encore celle toute fraîche d’Ashton Kutcher dans Jobs. Le choix des personnages à interpréter dans un biopic est également symptomatique d’une période. « Chaque époque a tendance à avoir ses personnages de prédilection : par exemple, pendant la Deuxième Guerre mon-

diale il y a eu aux Etats-Unis une série de biopics de sportifs, car ils exaltaient des valeurs viriles de combativité dans un contexte de guerre », souligne Raphaëlle Moine. Ainsi, rien de bien viril aujourd’hui. Entre une princesse adultère, un maître de l’informatique, un chanteur gay extravagant, un fondateur d’un site Internet ou un couturier… L’année 2013 est tantôt romantique, tantôt héroïque, parfois poétique, mais surtout pathétique.

Naomi Watts dans la peau de la princesse Diana, dans le film Diana en salles cet automne.

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© Diana

.. Si le genre intéresse autant tous les maillons de la chaîne cinématog r a p h i q u e, c’e s t a u s s i pour la performance d’a c te u r s , q u i g a r a nt i t s o u v e n t u n O s c a r. ..


m o de

Prism phase 2 démarche tout autant estimable qu’à contre-courant : généralement, dès qu’ils commencent à produire, les créateurs suisses se tournent vers l’étranger pour la confection, principalement pour des raisons de coûts. Mais depuis le début, Fabien Baudin est resté fidèle aux petites séries. De 10 à 50 pièces maximum. L’équation est simple : pour devenir culte, savoir être rare. « Tous les chapeaux et les casquettes sont faits en Suisse. Ça coûte, mais en même temps cela me permet de peaufiner les détails et mettre en avant le « swiss made », précise-t-il. Ça n’est malheureusement pas possible pour tout, comme le cachemire qui est fabriqué en Inde ». Parallèlement à cette envie de mettre en avant le savoir-faire local, Prism s’intéresse au recyclage, de plus en plus présent dans ses collections.

© Prism

P A R al e x a n d r e la n z

Sans renier son passé, le label lausannois Prism s’est émancipé des ses premières amours pour le streetwear. Normal, son créateur Fabien Baudin a évolué et ses goûts ont changé. Nous l’avons rencontré.

quelques exceptions près, on ne vit pas de la création de mode en Suisse. Lorsque l’aventure Prism a commencé il y a maintenant sept ans, Fabien Baudin en était bien conscient. A l’époque, le marché des T-shirt imprimés était en plein boom et Prism aurait pu n’être qu’un énième label à disparaître aussitôt qu’il était apparu. C’était sans compter l’esprit passionné de son créateur. Non seulement, Prism n’a jamais disparu, mais il a su évoluer intelligemment avec son temps, s’émancipant peu à peu du T-shirt imprimé, passé entretemps du boom à la saturation totale. Avec ténacité, une inspiration sans faille et sans en faire des tonnes, Prism a développé un style qui lui est propre, très graphique et faisant la part belle à l’artisanat. Dans sa mue, le label a quelque peu délaissé son côté street pour renforcer sa crédibilité mode, sans ne jamais retourner sa veste pour autant. « A la base, l’idée était de collaborer avec des artistes sur les T-shirts, mais quand j’ai vu que tout le monde faisait la même chose, je me suis un peu redirigé vers des pièces plus mode et des accessoires, dit-il. Depuis la collection Helvetia il y a un peu plus d’une année, mon idée est de travailler avec des artisans locaux en Suisse, afin de mettre en avant leur savoir-faire ». Une

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Une année charnière L’année 2013 est particulière pour le jeune homme de 33 ans. Après plusieurs années à travailler à 80 % pour un distributeur de marques sport comme Eastpak et Havaianas en parallèle à son activité pour Prism, le spécialiste en relations publiques se met à son compte dès le 1er octobre en ouvrant North Communication, sa propre agence de communication en branding – ou gestion d’image de marque – dans le quartier de la Cité à Lausanne. L’agence fera également office de showroom pour Prism ainsi que diverses petites marques. « Je me trouve à un tournant, explique-t-il. Prism commence à se faire connaître à l’étranger. Toujours discrètement, parce que j’aime bien cultiver la discrétion ». Dans cette optique de développement, Fabien Baudin favorise les collaborations avec des artisans de toute la Suisse. Il a déjà un bon réseau pour tout ce qui est bagagerie, accessoires et casquettes. « On va commencer une collaboration d’accessoires, comprenant entre autres des sacs et des fourres d’ordinateurs, avec les meubles Moyard à Morges. Nous allons dévoiler la première collaboration aux Design Days à Genève du 26 au 29 septembre », se réjouit-il. L’idée de ces échanges de bons procédés lui est venue lorsqu’il a découvert des petits labels confectionnant de façon locale aux Etats-Unis et à Londres. Sans patriotisme triomphant, Fabien Baudin a décidé de s’intéresser de plus près à son pays. Afin de mieux le connaître, il en a fait le tour et est revenu émer veillé par la richesse du costume folklorique suisse, ainsi que du tissu traditionnel suisse avec des edelweiss. Il est aussi stupéfait par la modernité de l’allure des lutteurs suisses : « Avec leurs bretelles, leurs chemises et leurs shorts, ils pourraient tout à fait être des hipsters ! Le folklore suisse m’intéresse beaucoup, j’ai des livres sur le sujet. Et qui sait, pourquoi pas une fois m’en inspirer pour une collection ? » Le style de Prism n’en demeure pas moins urbain, en faisant régulièrement des clins d’œil à ses premières amours, la culture du streetwear. « Unique, exclusif, original et de qualité », la réponse de Fabien lorsqu’on lui demande de définir le style Prism ne laisse planer aucun doute, il sait communiquer et est conscient des valeurs qu’il veut véhiculer.

infos — www.the-prism.ch www.designdays.ch, du 26 au 29 septembre


© Prism

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MoDE

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VitRinE

La mode aux cimaises

IMPRESSION

imPRessionniste Si du Gugghenheim au Met en passant par le Grand Palais ou La Somerset House, la haute couture s’invite régulièrement au musée, les grands noms de la peinture s’incrustent aussi parfois dans les dressings. Claude Monet, de Vinci, Dali, Keith Haring ou Klimt, catalogue raisonné des it-accessoires les plus arty de la saison.

coqueluche des rich & famous du monde entier, le designer Walter steiger, chausseur natif de la cité de calvin, signe aussi des collections de sacs. Le motif printanier et coloré de la pochette Amboise s’inspire librement des toiles du maître des impressionnistes, claude Monet. wA Lt e R s t e i g e R — Pochette Amboise, soie gaufrée et cuir, 1 100 fr.

PAR gAËLLe sinnAssAmY

UN PARFUM

suRRéAListe on transforme sa salle de bain en musée avec les flacons sculptures tout d’or vêtus de la Fabulous collection, réceptacles en édition limitée des parfums salvador Dali. P A R f u m s s A LvA d o R d A L i — Dali Le Parfum et Dalissime, 125 fr.

UNIVERS infinis si l’on ne connaît pas nécessairement son nom, on a tous déjà croisé l’une des fameuses illusions d’optique des Univers infinis. Revisitant le motif poisson, Vacheron-constantin a réalisé un véritable chef-d’œuvre, en hommage à l’artiste hollandais Maurits cornelis Escher. vA c h e R o n c o n s t A n t i n — Montre Poisson de la collection Métiers d’Ar t Les Univers infinis, cadran guilloché main et émail Grand Feu cloisonné, édition limitée à 20 pièces individuellement numérotées, 105 000 fr.

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VitRinE

L’HEURE

LES BIJOUX

de L’Attente

de gALA

L’Atmos exprime à nouveau cette année sa dévotion pour Klimt et se pare d’une reproduction de L’Attente. En marqueterie avec plus de 1400 éléments de bois minutieusement façonnés, elle recouvre le cabinet en cristal de verre, abritant le mystérieux mécanisme de la pendule mythique.

Fille de silvia Fendi et de Bernard Delettrez, Delfina est LA créatrice de bijoux qui buzze dans la fashion sphere. De tim Burton à de Vinci et de chirico à Buñuel, sont pléthore ses sources d’inspiration. Dans sa collection Anatomik, c’est Dali et sa muse Gala qu’elle évoque.

JA E G E R- L E CO U LT R E —

deLfinA deLettRez —

Pendule Atmos L’Attente, édition limitée à 10 exemplaires, cinquième opus de la série des Atmos créées en hommage à Gustav Klimt , prix sur demande.

Boucles d’oreilles Anatomik Piercing, or, email et perle, 1 420 fr.

DA VINCI

code

Un regard espiègle par-dessus par-des les lunettes noires et un « V » de la victoire avec les doigts, Mona Lisa se dévergonde, pop à souhait sur ce modèle collector estampillé swatch. Attention, les inconditionnels de la belle du Louvre devront filer à Paris pour acquérir la montre à l’effigie de l’icône. s wAt c h — Montre Lisa Fan, cadran noir avec por trait pop ar t de Mona Lisa, édition vendue exclusivement en France, 56 fr.

POUR L’AMOUR

de dieu

A LA LUMIÈRE

du PoP ARt

L’une des œuvres contemporaines les plus controversées ? « For the love of God » de Damien Hirst. Un crâne habillé de platine et de diamants, qui hausse le Britannique au rang des artistes vivants les plus chers au monde. on se contentera donc du très trendy bracelet tête de mort chez Gas Bijoux.

Entre bad painting et pop art, l'américain Keith Haring avait à cœur de partager très largement sa démarche créative, vendant lui-même les produits dérivés illustrés de ses œuvres. on joue donc les collectionneurs avertis en investissant dans la très stylée bougie Red Heart. Ligne bLAnche —

gAs bijoux —

Bougie Keith Haring, « Red Hear t », par fum pomme d’amour, pomme, caramel, cannelle et vanille, Ligne blanche chez colette, www.colette.fr

Bracelet Riviera Jack argent , métal argenté, pierres swarovski et pendentif tête de mor t , 118 fr.

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L E Lo o K D E

Remuante révolutionnaire Tant par ses convictions criées à qui veut les entendre, que par son style, on ne peut passer à côté de M.I.A, cette figure singulière, brillante et turbulente. 2

PAR mARie RomAnens

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ropulsée par son titre « Paper Planes » qui fît décoller sa carrière à la sortie du film Slumdog Millionaire, en fin 2007, M.i.A. de son vrai nom Matangi, « Maya » Arulpragasam, est une artiste engagée de musique hip-hop électronique à part entière. La sriLankaise née à Londres, quitte le pays dès son plus jeune âge, la guerre civile obligeant la famille à déménager plusieurs fois pour revenir en Angleterre en tant que réfugiée. c’est quelque années plus tard qu’elle se tourne vers les Beaux-Arts, en cinéma et vidéo, enchaînant les expressions de sa vision de l’art au travers de techniques multiples. Elle travaille avec Romain Gavras pour deux de ses clips aux fortes identités visuelles. Le premier « Born Free » ( en 2009 ) engendra une polémique sur Youtube, et fut retiré puis censuré car jugé trop violent. on y voit un massacre des roux, qui dénonce les exécutions extrajudiciaires de tamouls par les soldats sri-lankais. son dernier album Matangi comme son prénom, initialement prévu pour fin 2012, se

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1. Blouson imprimé tigre, Kenzo, 862 fr. - 2. Boucles d'oreilles crystal Fringe, dorées R.J.Graziano, 148 fr. 3. Bracelet safety chain, Eddie Borgo, 330 fr. - 4. Jeans Jacquard Métal or, Faith Connexion, 397 fr. - 5. serre tête sol invictus, Baies d'Erelle, 259 fr. 6. soutien-gorge oisive Jaune, Princesse Tam Tam, 43 fr. - 7. Lunettes de soleil safari, Illesteva, 334 fr.

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L E Lo o K D E

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fait désirer tant par ses fans que par la belle, terriblement impatiente, qui ne pensait pas que les négociations avec son label seraient si complexes. Elle bouillonne tant qu’elle en dévoile un aperçu, « Bring the noize », selon elle, déterminant vu l’état du monde actuel. M.i.A. est le leader d’une nouvelle génération, telle une remuante révolutionnaire, que l’on a envie de suivre. cette rentrée, on fait comme elle, on s’assume, on sort du bling mais pas du girly, on ose les couleurs criardes et les vêtements moulants, osés sans être vulgaires, voilà ce qui découle de ce look bien trempé, comme son caractère. Bienvenue dans le monde d’une femme qui met en avant sa créativité pour dire tout haut ce que la foule pense tout bas.

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nouvel album, Matangi

1. Maxirobe tricotée multicolore métallique, Missoni Mare, 645 fr. 2. tennis satin imprimé graphique, Givenchy, 490 fr. - 3. Bracelet Katie or, Marc by Marc Jacobs, 143 fr. - 4. sandales compensées en cuir, Sergio Rossi, 1 203 fr. - 5. t-shirt jaune en lin, American Vintage, 105 fr.

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© Daniel sannwald

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Š Richard Schroeder


beau t é

L’âme d’un artiste

uel est le premier parfum qui vous a marqué ? Celui de ma mère. Elle portait Madame Rochas à l’époque. Lorsqu’elle le portait, le parfum l’habillait et la rendait apprêtée, élégante. Pour moi elle semblait alors lointaine. Paradoxalement quand je rentrais chez moi et que je sentais son parfum je savais qu’elle était à la maison et il y avait un côté rassurant à cela. Votre relation avec le parfum a-t-elle évolué depuis le début de votre carrière ? Enormément. Jeune, je me posais beaucoup de questions et il y avait un côté insaisissable au parfum. Puis, je me suis mis au travail en essayant d’abord de copier ce que faisaient les grands parfumeurs et avec le temps je me suis formé et ma pensée a évolué. Pour acquérir sa propre réflexion et son propre style face au parfum, cela peut prendre vingt ans. Et ça ne s’arrête jamais. Qu’est-ce qui a changé pour vous depuis que vous êtes le nez exclusif de la maison Hermès ? Il a fallu « inventer » un métier qui n’existait pas avant. Oui j’étais parfumeur, mais j’étais au service des différentes marques, avec en face de moi des équipes de marketing. La

première chose que j’ai demandée en arrivant chez Hermès était d’avoir une liberté de création totale. Plus de cahier des charges, de tests de marché, je voulais que les décisions se fassent uniquement entre la présidente et moimême. La liberté a cela dit un coût : le choix. Je suis responsable de ce que l’on met sur le marché et de la satisfaction par rapport au produit. Quelles sont vos odeurs favorites, celles dont vous ne pouvez pas vous passer ? Je n’en ai pas. Toutes les odeurs me sont utiles, toutes peuvent devenir parfum. Un peintre n’a pas forcément de couleur favorite comme un écrivain n’a pas de mot favori. C’est la manière dont vous allez les utiliser qui est importante. Vos voyages inspirent-t-ils vos créations ou est-ce chez vous que vous êtes le plus à l’aise pour laisser libre cours à votre imagination ? Je suis plus inspiré chez moi, je suis un voyageur immobile bien que je voyage beaucoup. Le voyage amène une grande utilité : la rencontre avec les autres. C’est dans cette rencontre qu’il se passe des choses, grâce aux échanges. Dernièrement, avec Olivier Roellinger, nous avons beaucoup partagé nos connaissances et c’est quelque chose qui rentre en compte dans la création d’un parfum. Vous êtes l’initiateur d’  Hermessence, comment vous est venue l’idée de cette collection ? J’ai beaucoup créé pour des parfumeurs de niche à l’époque et je trouvais intéressant pour Hermès de proposer une collection de parfum à travers ses boutiques exclusivement et mettre à leur ser vice mes connaissances dans le domaine. Après discussion nous nous sommes lancés et Hermessence est arrivé sur le marché avec quatre parfums pour relever cette idée de « collection ». Quel moment a été le plus décisif pour vous lors de la création d’Epice Marine ? J’ai rencontré Olivier Roellinger un an avant de créer le parfum. Un jour il m’a invité chez lui à Cancale et m’a fait découvrir son univers. J’ai trouvé amusant alors de faire quelque chose pour sceller notre amitié. J’ai voulu créer une Hermessence autour de l’air

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marin et de ses épices, Olivier a trouvé ça intéressant et de là est partie l’idée. Il a été ravi de ce que j’avais fait et comme chaque année j’essaie de mettre une nouvelle fragrance dans la collection, j’ai proposé Epice Marine à Hermès. Quel conseil donneriez-vous à celles ou ceux qui veulent devenir parfumeur ? Il faut s’accrocher. Il faut être patient, avoir énormément de volonté. C’est un métier difficile et solitaire car on est en permanence sous la critique. A partir du moment où vous êtes bien armé, lancez-vous. C’est surtout un très beau métier. Craignez-vous que la désaffection envers les parfums n’augmente face aux clonages de fragrances et à un marketing trop massif ? Les deux écoles vont continuer, parce que ça marche très bien économiquement. La parfumerie d’auteur a une autre logique, mais tient sa place dans la parfumerie. Tout comme dans les restaurants trois étoiles, les gens qui y vont ne sont pas forcément tous riches, mais ils aiment simplement le moment de partage, l’étonnement, la surprise. Il y a donc toujours des gens qui ont cet attrait pour la différence. Mais les gens ne vont pas se désintéresser des parfums lancés sur des plus grands marchés pour autant. Dans votre premier roman, «  La Note Verte » , vous laissez transparaître une sorte d’ironie envers cette «  nouvelle  » façon de travailler qu’ont certains parfumeurs, où ne comptent que les formules chimiques et les dosages. Pensez-vous que cette manière de créer va perdurer  ? Le livre explique très bien ça. Je voulais dévoiler ce qui se passe de l’autre côté, du point de vue du parfumeur. J’ai essayé de ne pas prendre parti mais ai ajouté une pointe d’ironie à l’histoire. Cette manière de créer va perdurer, il y aura toujours de la grande surface, la façon de travailler propre à ce marché et les parfums qui vont avec. D’ailleurs dans La Note Verte, c’est le jeune du marketing qui gagne et le parfumeur ne fait pas le poids, tout est dit.

Ep i c e Mar i n e — Hermessence, 100 ml, 259 fr, Hermès

par b é a t r i c e f i c h o t

Jean-Caude Ellena est un homme d’exception. Un homme qui a du flair et celui-ci l’a rarement laissé tomber. Nez exclusif de la maison Hermès depuis 2004, il ne cesse de surprendre et il a encore frappé avec Epice Marine, la nouvelle fragrance Hermessence. A l’autre bout du fil, il nous fait voyager dans son monde, celui du parfum.


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