Le Certificat médical, pièce jointe à la demande d’asile en France comme plus fiable ou plus sensible à certains aspects. » Cependant, les certificats du Comede ont été critiqués à plusieurs égards ; les officiers de protection s’en méfient, de même des juges de la CRR ; un juge dira : « les certificats ne sont plus ce qu’ils étaient, je n’y accorde plus beaucoup de crédit. Ce qui les décrédibilise c’est la légèreté avec laquelle ils sont parfois faits, parfois ils n’ont vu qu’une seule fois la personne.» Certains les trouvent peu circonstanciés « je me souviens d’un certificat où il était écrit que la personne prenait un traitement pour des douleurs abdominales ; bon d’accord elle prend un traitement pour des douleurs abdominales mais qu’est-ce que cela a à voir avec le cas ? » Le médecin n’a-t-il pas souligné le lien, ou le juge ne croit-il pas à ce lien ? Enfin la dernière critique envers les certificats du Comede repose sur les lettres jointes au dossier « nous ne faisons pas de certificat car il n’y a qu’à regarder Mr Un tel ». Cette organisation a effectivement comme politique de ne pas faire de certificat pour les lésions visibles, accessibles à tous sans que la personne ait besoin de se déshabiller. Néanmoins tous ceux qui critiquent les certificats de cette organisation, leur accordent malgré tout plus de poids qu’à ceux des médecins généralistes. Il n’y a pas que cette association qui essuie des critiques : « l’association Primo Levi est suspecte de subjectivité totale. Parcours d’exil est devenu plus crédible» (paroles d’un juge). Dans certains pays d’Europe les certificats présentés doivent émaner d’experts. En France, les experts, au sens de ceux qui ont la meilleure connaissance à la fois des difficultés médicales liées au vécu de la violence et de l’exile, et des certificats médicaux appuyant les demandes d’asile, sont les soignants des associations spécialisées. Pourtant, ils se défendent eux-mêmes du nom d’expert, et disent pour la plupart que le médecin généraliste serait mieux placé qu’eux-mêmes pour faire un tel certificat. Pour eux, le risque serait grand de voir d’autres experts, peu scrupuleux et moins favorables aux réfugiés prendre leur place. Dans la question qui est ici posée, il faut entendre expert au sens de personne connaissant la matière et ne soignant pas la personne et requis par un juge. L’intermédiaire (médecin connaissant la matière et ne soignant pas) est illustré par les Unités Médico-Judiciaires, mais elles produisent peu de certificats et nous l’avons vu ne sont pas familiarisés avec la psyché. Les médecins du Centre Droit et Ethique de la Santé ne sont pas des légistes, contrairement à ce que pense la plupart des acteurs de l’asile. Dans ce centre, l’entête du papier sur lequel est rédigé le certificat médical mentionne le « Département de Médecine Légale, Urgence Médico Judiciaire » car il en dépend; il est financé par les hôpitaux de Lyon. Le code de déontologie dans son article 105 (art R.4127-105 du code de santé publique) stipule « nul ne peut être à la fois médecin expert et médecin traitant d’un malade. Un médecin ne doit pas accepter une mission d’expertise dans laquelle sont en jeu ses propres intérêts, ceux d’un de ses patients…. » L’indépendance du médecin expert est fondamentale ainsi que sa neutralité. Dans le cadre judiciaire, il est l’auxiliaire de la justice et doit en informer la personne examinée (art 107). Son rôle est alors de fournir, dans les limites de la mission qui lui est confiée, les éléments médicaux qui éclaireront la décision du juge. Tous les juges et officiers interrogés sauf deux seraient favorables à une expertise même s’ils pensent que cela n’est pas faisable pour des questions de temps et de coût. « L’existence de médecins experts assermentés, dont le coût de la consultation serait prise en charge par l’Etat, contribuerait à réduire les inégalités entre les requérants qui ont accès à des associations qui délivrent des certificats, qui ont accès à un avocat, et les autres requérants. Ne pas avoir de certificat parce qu’il n’y a pas le temps de le délivrer est très pénalisant. » Ceux cherchant le mensonge partout y voient un autre intérêt : « j’accorderais plus de valeur car la démarche n’est pas à la portée de tous, s’il fabule ou s’il utilise ce moyen pour
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