6 EN DIRECT DE… TANZANIE
VIH/SIDA
DE LA PRISE EN CHARGE À LA PRÉVENTION Forte de son expérience en matière de prise en charge du VIH/sida au sein de la population générale, dont l’action est désormais confiée à des partenaires tanzaniens, MdM démarre un programme de réduction des risques auprès des plus vulnérables. Diaporama sur le web Ouganda Kenya Rwanda TANZANIE
Burundi
ZANZIBAR RDC
DAR ES-SALAAM
© Olivier Dubuquoy
OCÉAN INDIEN Zambie Malawi Mozambique
NOS OBJECTIFS Développer les missions de réduction des risques en Afrique. Cette mission en Tanzanie, à Dar es-Salaam et Zanzibar, est la première sur le continent. NOS ACTIVITÉS Phase d’implantation depuis septembre qui comprend le recrutement, l’ouverture d’un local, le repérage des lieux et de la population concernée, l’observation des pratiques, et qui devrait permettre par la suite de mener des campagnes de sensibilisation, des distributions de seringues et de préservatifs.
a situation géographique de la Tanzanie, sur la côte est de l’Afrique, en fait l’un des points de passage du trafic de drogues. Elles circulent sur le marché local et sont accessibles en particulier dans les grandes villes du continent ou de l’archipel de Zanzibar : cannabis produit sur place ou dans les pays limitrophes, héroïne en provenance d’Afghanistan, d’Iran ou du Pakistan, mais aussi amphétamines en provenance d’Afrique du Sud et cocaïne en
L
Le sida est aujourd’hui bien pris en charge au sein de la population générale.
provenance d’Afrique de l’Ouest. Pour les populations les plus vulnérables, celles n’ayant pas bénéficié de la protection de l’enfance ou d’éducation primaire ou celles issues des migrations internes des campagnes vers les mégapoles, la rencontre avec les drogues entraîne une consommation sans connaissance des risques, dont l’exclusion qui lui est fortement liée. Or, la politique nationale de lutte contre le sida en Tanzanie s’adresse principalement à la population générale et même si elle est efficace, puisque l’on constate une inversion épidémiologique, force est de constater qu’elle ne touche pas les populations spécifiques parmi les plus vulnérables.
Cibler l’action en prenant en compte le contexte politique, social et religieux Après dix-sept années de travail dans la prise en charge VIH/sida,
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MdM a décidé de valoriser son expérience en Tanzanie en s’orientant vers un programme de réduction des risques et de prévention auprès de personnes se prostituant, d’usagers de drogues et d’homosexuels. Une mission exploratoire au début de l’année 2010 a permis de cibler l’action en prenant en compte le contexte politique, social et religieux du pays.
S’INSPIRER DES PRÉCÉDENTS PROGRAMMES DE PRÉVENTION Afin d’agir au plus près des personnes vulnérables, MdM a décidé de s’installer dans l’un des quartiers les plus pauvres de Dar es-Salaam, la capitale tanzanienne, et de travailler avec deux ONG locales bien implantées. Depuis septembre, le travail de MdM porte essentiellement sur la mise en place du projet : recrutement et formation du personnel (travailleurs sociaux essentiellement), planification, ouverture d’un local d’accueil,
meilleure connaissance du terrain, localisation géographique des lieux de consommation et premiers contacts et échanges avec les usagers de drogues. « Nos précédentes missions de réduction des risques dans d’autres pays nous ont permis d’identifier ce qui marche et ce qui ne marche pas, explique Céline Debaulieu, coordinatrice à Dar es-Salaam. Il s’agit toujours d’une population exclue de la société et marginalisée, sans toit, sans repères, ayant subi des traumatismes et des violences, et qui rencontre les milieux de la drogue et de la prostitution. »
DE CONCERT AVEC LES ACTEURS LOCAUX Le point de départ du programme est de localiser ces personnes et de comprendre leurs comportements. « Les paramètres qui varient sont les pratiques, les types de consommation et les réseaux sociaux », poursuit Céline Debaulieu. Il s’agit ensuite d’intégrer ce programme dans le quartier d’intervention et que tous les acteurs de ce quartier y contribuent. Pour ce faire, un atelier de travail a été réalisé en novembre réunissant les décideurs institutionnels et les leaders communautaires, les professionnels de santé, les acteurs associatifs, les pairs éducateurs et la police. La mission est prévue pour trois ans, ce qui permettra de bien ancrer les actions de sensibilisation, les programmes d’échange de seringues et méthadone pris en charge par l’hôpital psychiatrique de Muhimbili. N TIPHAINE POIDEVIN