Prévention et réponse aux violences liées au genre : guide méthodologique

Page 76

3B

éléments clés POUR LA PRISE EN CHARGE DES VICTIMES DE Violences liées au genre

Le manque de formation du personnel à l’identification a pu conduire à des situations graves. Tel est le cas d’une femme reçue sept fois dans un Caso de MdM [Centre d’accueil, de soins et d’orientation] par cinq médecins différents pour de multiples plaintes : hypertension artérielle signalant au passage une hépatite C, palpitations, dorsalgie et aménorrhée, puis vertiges, nausées, céphalées et problèmes urinaires à plusieurs reprises. Une année et demie après la première consultation, la patiente est hospitalisée en réanimation pour rupture de sa rate, causée par les coups de son conjoint. Centrés sur le traitement de son hépatite et de son hypertension, aucun des médecins rencontrés n’a évoqué la question des violences comme cause possible de ces plaintes psychosomatiques. Témoignage recueilli dans le cadre de la mission Banlieue – MdM France.

Face à un signe suspect de violence, certaines questions peuvent être posées afin d’aborder le sujet de violences éventuelles subies par la personne prise en charge : « “Les femmes qui présentent une blessure comme la vôtre me disent souvent qu’elles ont été frappées. Cela vous est-il arrivé à vous aussi ?” “Ce que je constate me fait penser que quelqu’un s’est mal conduit avec vous, que quelqu’un vous a fait souffrir.” » Evelyne Josse, « Déceler les violences sexuelles faites aux femmes », 2007.

2. Chez les auteurs de violence

Certains comportements peuvent faire suspecter qu’une personne a pu ou peut commettre des actes de violence. Les intervenants doivent donc être vigilants aux compor­tements des personnes accompagnant les usagers des services. Mis en parallèle avec les signes suspects déjà observés chez ces derniers, ils peuvent permettre d’identifier une situation de violence. Parmi les signes pouvant laisser présager d’actes de violence conjugale, nous pouvons citer 93 : > il / elle répond à la place de sa compagne / son compagnon ; > il / elle insiste pour être toujours présent ; > s’il / elle ne peut être présent(e), il / elle téléphone plusieurs fois pendant l’entretien ; > il / elle critique les actes de sa compagne / son compagnon et utilise des phrases disqualifiantes ; > i l / elle manifeste des gestes de mépris ; > i l / elle lui dicte sa conduite ou suggère celle du médecin ; > i l / elle / la / le contrôle par des expressions du visage ou des attitudes intimidantes ; > i l / elle manifeste une jalousie irrationnelle à son égard ; > il / elle minimise ou nie les problèmes de santé de sa compagne / son compagnon, ainsi que la gravité de ses blessures ; > i l / elle exprime des idées très arrêtées sur les rôles des hommes et des femmes ; > i l / elle peut être hyperprévenant(e) et excessivement attentionné(e) en public, très aimable avec l’intervenant. L’identification demeure une étape difficile de la prise en charge des victimes de violence car touchant à des aspects personnels, 93. D’après Dr Philippe D’Hauwe, « Le médecin généraliste face à la violence conjugale », La Revue de la médecine générale, n° 237, novembre 2006.

148

149


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.