CRÉATION DE LA CITÉ ESSO
À l’occasion du Mois de l’architecture contemporaine en Normandie 2017, la MaN - le Forum et la Ville de PortJérôme-sur-Seine proposent une lecture contemporaine de la Cité ESSO à l’occasion d’un parcours. Construite dans les années 1930 afin de loger le personnel des raffineries, cette cité permet à la fois de comprendre les enjeux hygiénistes et urbanistiques de l’époque et de poser les bases de notre urbanisme actuel et futur, notamment celui des éco-quartiers. Maison de l’architecture de Normandie - le Forum 48 rue Victor Hugo - 76000 Rouen 02 32 08 26 01 www.man-leforum.fr Recherche et rédaction : Anne Le Bellégo, Frédérique Mougeot, Margot Palenzuela, Mylène Houdouin, Laureline Dannesbuchler Relecture et corrections : Michaël Boblique, Marie Gaimard Conception graphique : MaN - le Forum Photographies : MaN - le Forum, Marie Gaimard, Matthieu Simon, Manon Izabelle, Ville de Port-Jérôme-sur-Seine Cartographie : Ministère de l’Economie et des Finances Date : mars 2017 La Maison de l’architecture de Normandie - le Forum remercie chaleureusement les partenaires de cette édition : la Ville de Port-Jérôme-sur-Seine, partenaire du Mois de l’architecture contemporaine en Normandie. Elle remercie également tous les habitants ayant permis l’élaboration de ce document.
La Cité ESSO est érigée selon les principes des cités-jardins ainsi que des cités ouvrières, particulièrement en vogue pendant l’entre-deuxguerres. Elle illustre, par certains de ses aspects, une recherche de qualité de l’habitat qui conjugue les avantages de la ville (équipements, proximité) et ceux de la campagne (présence de la végétation, densité étudiée). Elle est à rapprocher de la réflexion entamée autour des écoquartiers. À l’heure où Notre-Dame-de-Gravenchon devient une des 4 communes fondatrices de Port-Jérome-sur-Seine, le présent parcours tente de mettre en perspective les principes fondateurs de l’urbanisme et de l’habitat lors de sa conception au regard des préoccupations contemporaines et de l’évolution des modes de vie. Comment habitait-on dans les années 1930 ? Comment habite-t-on aujourd’hui dans la Cité ESSO ? Sans être une lecture exhaustive de l’espace urbain de ce quartier, le présent document propose d’appréhender la notion actuelle du vivre ensemble, qui était déjà en germe au début du XXème siècle à cet endroit. Une ville nouvelle La Cité ESSO est créée ex-nihilo un peu à l’écart du hameau de Saint-Georges, sur un secteur dénommé Petite-Campagne. À la place des champs et des prés existants, sont construits des pavillons pour loger plus de cent familles. Les habitations qui composent aujourd’hui le quartier, sont de style néo-régionaliste, avec de faux colombages peints pour leur donner un caractère normand. Construites en béton préfabriqué, les maisons de la Cité ESSO se dressent rapidement avec tout le confort de l’époque.
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PLAN DE LA CITÉ
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L’URBANISME DE LA CITÉ Le plan de la cité est dessiné par les architectes Pierre Chirol et Georges Peulevey, selon le modèle de la cité ouvrière. En arc de cercle, la cité se construit en symétrie selon l’axe principal qu’est la rue André Leehnardt, qui relie deux entités importantes de la cité : la maison du directeur et la place de Normandie. Cette symétrie se retrouve jusque dans la construction des deux écoles. L’avenue du Général Gassouin constitue un second axe principal.
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Le plan met en évidence la hiérarchie qui existe dans l’entreprise. Elle est transposée dans le plan même du quartier : les maisons ouvrières s’agglomèrent en ilôts denses tandis que les maisons des ingénieurs, principalement situées le long de l’avenue Amiral Grasset, bénéficient de grands jardins et surplombent la cité.
P O R T- J É R Ô M ES U R-S E I N E LA CITÉ ESSO OU LA PETITE CAMPAGNE
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Cette hiérarchisation se retrouve également dans l’épaisseur des rues. Celles-ci, formées par les haies et les clotûres sont plus larges lorsque des maisons d’ingénieurs y sont installées.
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M A I S O N D E L’ A R C H I T E C T U R E D E N O R M A N D I E - L E F O R U M
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limite des cités en 1939
La Maison de l’architecture de Normandie - le Forum est une structure culturelle régionale de médiation architecturale et urbaine. Association loi 1901, elle favorise les échanges, les rencontres et s’adresse à tous les publics. Dans le cadre de ses actions de sensibilisation à l’architecture et à l’urbanisme, elle propose régulièrement des évènements et des outils donnant des clés de compréhension et de médiation sur les réalisations architecturales et urbaines de la ville.
La Cité ESSO, appelée Cité Standard à sa création, a été conçue au début des années 1930 pour loger les employés de la raffinerie américaine La Standard nouvellement construite. Modeste village de 532 habitants en 1931, Notre-Dame-de-Gravenchon devient en quelques années une ville dynamique à l’activité florissante avec plus de 2030 habitants en 1936 ; cette installation marque une étape importante de la vie de la commune.
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LES NOUVEAUX MODES D’HABITAT DE LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE
La construction de la Cité ESSO a lieu dans un contexte marqué par la révolution industrielle qui produit de nouveaux modes d’habitats. Le développement des techniques, de l’industrie, des réseaux de communication favorisent l’émigration rurale et l’agrandissement des villes. Le passage d’une société majoritairement rurale à une société majoritairement urbaine a pour conséquence la paupérisation des habitants des grandes villes : l’habitat se dégrade et devient insalubre. C’est à cette époque que se développent de nouvelles visions de la ville, qui vont influencer l’urbanisme dans le monde entier au cours du XXème siècle. Parmi elles se retrouvent les cités-jardins et les cités ouvrières.
POINTS D’INTÉRÊTS
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Les cités-jardins Elaboré par l’urbaniste Ebenezer Howard en 1898, le projet des cités-jardins préconise de réunir les avantages de la ville et ceux de la campagne. La cité-jardin rassemble les activités diverses de la ville tout en offrant un cadre de vie champêtre. La cité-jardin est une petite ville, créée de toutes pièces à l’extérieur de la ville et entourée d’une ceinture verte. Elle dispose d’un juste équilibre entre le construit, le non-construit, et les équipements publics. Il s’agit de faire vivre les hommes autrement : les faire vivre ensemble au lieu de les ségréger, partager tous les modes de confort plutôt que de les réserver seulement à certains.
PARCOURS
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PLACE DE NORMANDIE
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HABITATION, AUTREFOIS ÉCONOMIQUE DE NORMANDIE
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GARAGES COLLECTIFS
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LA MAISON OUVRIÈRE
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LA MAISON D’INGÉNIEUR
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LA CHAPELLE ET LA SÉPARATION DES CITÉS
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LOGEMENTS
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HABITATION, AUTREFOIS LA MAISON DU DIRECTEUR
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HÔTEL LE FLORMANDIE AUTREFOIS L’HÔTEL DES CÉLIBATAIRES VÉGÉTATION
Les cités ouvrières Les cité ouvrières apparaissent dès le début du XIXème siècle en Angleterre. Créées à proximité des usines, elles ne sont pas simplement des œuvres philanthropiques, il s’agit pour les patrons d’accroître la productivité de l’entreprise, et pour cela stabiliser la main d’œuvre. Les usines proposent des logements confortables et des équipements : écoles, salles des fêtes, lieux de cultes. La cité ouvrière met également en place une distinction sociale et démographique, entre les cadres, ingénieurs et contremaîtres d’une part, et les ouvriers d’autre part.
PROMENADE URBAINE
La Cité ESSO à Notre-Dame-de-Gravenchon, commune déléguée de Port-Jérôme-sur-Seine
Notre-Dame-de-Gravenchon, commune déléguée de Port-Jérôme-sur-Seine dans l’estuaire de la Seine