Vivre ensemble

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CAH IER N° 9

Vivre e ns e m bl e aujourd'h ui Synth ès e du s ém inaire "vivre e ns e m bl e,l 'inte rgénérationne laujourd'h ui" 29 m ai 2008 - Pl édran

Sém inaire organis é conjointe m e ntpar l a m is s ion Côte s d'Arm or 2m il l e 20, l a Dire ction de l a Sol idarité pour l 'Autonom ie du Cons e ilgénéralde s Côte s d'Arm or e tl e code rpa de s Côte s d'Arm or


CÔTES D’ARM O R 2M ILLE20, UNE DEM ARCH E CITO YENNE Un h oriz on com m un Réfl e xion pros pe ctive à l 'éch e l l e de notre départe m e nt"Côte s d'Arm or 2m il l e 20" e s tl 'occas ion de partage r l a vis ion q ue ch aq ue cos tarm oricain a de l 'ave nir du te rritoire départe m e ntal , d'e n débattre e tde de s s ine r l e s grande s l igne s , l es h oriz ons com m uns , autour de s q ue l l es l e s citoye ns , l e s as s ociations , l e m onde s ocio-économ iq ue , l e s col l e ctivités organis e ront, dans l a m êm e dire ction, l e urs actions com m une s e ts ingul ière s . Un futur ch ois i "Côte s d'Arm or 2m il l e 20" c'e s tl 'affirm ation d'un futur ch ois i e tnon s ubi. Réfl éch ir, débattre de l 'ave nir c'e s tvoul oir l 'infl éch ir e n affirm antq ue de s défis im portants s ontà pre ndre e n com pte , parm i l e s q ue l s :l e s inégal ités à corrige r par l 'am énage m e ntdu te rritoire e tl a s ol idarité ;l a cons truction d'un vivre e ns e m bl e s ans e xcl us ion ;l 'égal ité fe m m e s h om m e s ;l 'e nvironne m e ntdurabl e ;l e re nforce m e ntde l a dém ocratie . La pros pe ctive Notre réfl e xion e m bras s e l 'e ns e m bl e de s th ém atiq ue s s ur l e s q ue l l e s ile s tpos s ibl e d’agir dans notre te rritoire . Nous y parvie ndrons par de s initiative s q ui onte n com m un de confronte r l 'e xpe rtis e de s s pécial is te s ou ch e rch e urs aux débats im pl iq uantl e s citoye ns , l e s force s vive s e tl e s él us . En d'autre te rm e , e tc'e s tnotre définition de l a pros pe ctive , "Côte s d'Arm or 2m il l e 20" s oum e tl e s prévis ions aux débats dém ocratiq ue s . Une pos ture innovante Si l e Cons e ilgénérale ts e s él us s ontà l 'initiative de "Côte s d'Arm or 2m il l e 20", ce tte dém arch e conce rne l 'e ns e m bl e de s acte urs du départe m e nt. El l e ras s e m bl e tous ce ux q ui s e préoccupe ntde l 'ave nir. D'ore s e tdéjà "Côte s d'Arm or 2m il l e 20" e s tl 'affaire de s Cos tarm oricains , com m e l e m ontre l a prés e nce de nos concitoye ns l ors de s différe nte s m anife s tations e tl a m obil is ation du m onde s ocioéconom iq ue , cul ture le tas s ociatifdans l e s différe nts groupe s de travail pros pe ctif. Un e xe rcice de dém ocratie Le s cos tarm oricains participe ntave c al l antaux initiative s de "Côte s d'Arm or 2m il l e 20" : l a pros pe ctive e s tun dom aine q ui intére s s e , c'e s tun de s th èm e s d'e xce l l e nce de l a dém ocratie participative . Ce tte réus s ite s oul igne l 'e ngage m e ntde s organis ate urs de "Côte s d'Arm or 2m il l e 20" d'inform e r régul ière m e ntl e s cos tarm oricains , de pre ndre e n com pte toute s l e s contributions e td'inform e r s ur l e s s uite s donnée s aux propos itions q ui ém ane rontde ce tte initiative de pros pe ctive .

De nom bre us e s initiative s ouve rte s à tous onte u l ie u e tvontavoir l ie u, ne m anq ue z pas ce s re nde z -vous e n vous re ndantrégul ière m e nts ur notre s ite :


Som m aire

- Avant-propos - Re trans cription s ynth étiq ue du s ém inaire « Vivre e ns e m bl e,l ’inte rgénérationne laujourd’h ui » 1. Accue ile touve rture du s ém inaire 2. Introduction au s uje tpar M yriam Van Es pe n, e xpe rte e n vie il l is s e m e nt 3. Initiative s e ttém oignage s 4. Typol ogie de s tém oignage s par M yriam Van Es pe n, e xpe rte e n vie il l l is s e m e nt 5. Tabl e ronde 6. Concl us ion par Cl audy Le bre ton, prés ide ntdu Cons e ilgénéralde s Côte s d’Arm or

- Re vue de pre s s e 1. Pre s s e l ocal e e trégional e 2. Le M agaz ine de s Côte s d’Arm or


AVANT-PROPOS A l’occasion de la consultation « Côtes d’Armor 2mille20 » menée par le Conseil général, près de la moitié des Costarmoricains interrogés ont mis en avant le vieillissement de la population du département. Ce constat est à rapprocher d’autres préoccupations comme la solitude ou l’isolement alors que 25 % de nos concitoyens se déclarent actuellement touchés, plus ou moins fortement, par ces problématiques. Le fait de « vivre seul » et la probabilité d’« être isolé » s’accroissent fortement avec l’âge et peuvent amplifier les fragilités individuelles. Ainsi, « bien vieillir » implique de « bien vivre » avec soimême et avec les autres. Aujourd’hui le maintien des personnes âgées à domicile se développe considérablement. Pour autant, au côté des questions des soins, du logement, des repas et de l'aide à l'entretien de l'habitation, sont de plus en plus souvent posées les questions du lien social des personnes âgées. Quel regard porter sur l’évolution de la société et sur son organisation ? Comment tisser des liens entre les âges pour favoriser le vivre ensemble ? Il s’agissait au travers de cette rencontre de présenter des expériences dans le département et au-delà qui participent aux relations entre les générations. Ceci afin de susciter des vocations dans les Côtes d'Armor et faire en sorte que les solidarités intergénérationnelles soient au cœur des actions des élus, des associations, des citoyens.


RETRANSCRIPTION SYNTHETIQUE 1. Accueil et ouverture du séminaire Carine Rocchesani, journaliste, Carine Rocchesani a entamé le séminaire en remerciant les personnes présentes. Elle a rappelé la possibilité de suivre l’événement sur le site du Conseil Général des Côtes d’Armor. Puis, la journaliste a présenté cet après-midi d’échanges sur le thème de l’intergénérationnel : « de nombreux intervenants nous ferons partager leur expérience, vous aurez l’occasion d’intervenir puis nous clôturerons cet après midi par une table ronde de réflexions autour de toutes ces pistes, ces initiatives autour de l’intergénérationnel. » Maryse Raoult, Maire de Plédran, Madame Raoult a remercié les personnes présentes et leur a souhaité la bienvenue à Plédran. Puis, elle a présenté au public la commune de Plédran et sa situation dans la communauté d’agglomération briochine : Commune de 6 400 habitants sur 3 700 hectares, essentiellement rurale. Un habitat de plus en plus résidentiel avec une augmentation des services à rendre à la population. L’activité principale de Plédran n’est pas d’industrie mais plutôt l’artisanat et l’agriculture. Plédran dispose d’un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) depuis 2005 : une structure médicalisée pour 50 lits. On y trouve également un service d’aide à domicile et la présence de l’ADMR « Notre intérêt : observer comment nous pouvons vivre tous ensemble au mieux possible. » Le Président du Conseil général des Côtes d’Armor, Claudy Lebreton, En introduction, le Président a rappelé que nous appartenons tous à la communauté départementale et qu'il est important que cette réflexion sur l’intergénérationnel s’inscrive dans la démarche de « Côtes d’Armor 2mille20 ». Il s’est également interrogé sur le contexte de cette réflexion : quelle analyse portons-nous sur notre espace, ce territoire de vie de proximité qu’est le département ? Quel regard historique assume-ton par rapport à notre origine, quelle est la vision de notre avenir et que voulons-nous faire de ce territoire départemental ? Enfin, la recherche de ce séminaire, pour le Président, se situe dans un contexte positif où l’ensemble des partenaires et l’ensemble des citoyens partagent un attachement très fort à la qualité de vie entre les personnes, entre les citoyens.

2. Introduction au sujet par Myriam Van Espen, Senior Innovation Myriam Van Espen est experte en vieillissement de la population auprès de la commission européenne. Elle est intervenue en France juste après la canicule de 2003, auprès des services du premier ministre et du secrétariat d’état aux personnes âgées. Elle a fondé le premier cabinet « Conseil en vieillissement – handicap et dépendance » de Belgique : « Senior innovation ». L’antenne française vient d’être créée. Rappel : la longévité de l’être humain a beaucoup évolué ces dernières années :


En Europe, on note une augmentation entre 1945 et 2000 de 20 ans de vie supplémentaire, cette augmentation se vérifie dans le monde entier. Il s’agit d’une révolution historique et silencieuse de l’humanité. Par le passé : le vieillissement de la population était un défi à relever, sur le plan européen, national et territorial, au niveau des retraites, soins et services à développer.. Aujourd’hui : progressivement, une attention grandissante se manifeste au sein de l’Europe quant aux importants impacts du vieillissement sur la croissance, l’emploi, la productivité mais aussi la cohésion sociale. Michel Delabarre, président du comité des régions, a dit en janvier 2007 : « nous devons redéfinir de nombreuses politiques et adapter les services publics pour tenir compte des évolutions de la démographie ». Le vieillissement de la population est un enjeu fondamental pour les collectivités locales et régionales. Elle sont concernées par les effets du changement démographique sur les écoles, le système de santé, le logement, les transports. l’Europe souhaite revoir sa perception de l’évolution démographique pour y adapter son modèle économique et sociale. La conférence ministérielle de la commission sur le vieillissement : « Une société ouverte à tous les âges, défi et chance » propose : o 1) La transversalité doit devenir une stratégie et un guide d’action afin d’inclure des personnes âgées dans tous les aspects de la vie culturelle, sociale, politique et économique, o 2) L’encouragement à une société civile qui stimule les relations réciproques entre les citoyens ainsi qu’avec les pouvoirs publics, o 3) La résolution à favoriser les relations entre les générations en encourageant une perception du potentiel des richesses de chaque génération, plutôt que de regarder uniquement les carences ou les déficits. Pour ce faire, une meilleure conciliation de la vie familiale et professionnelle, à l’éducation, à un accès au marché du travail pour tous sont nécessaires. Il s’agit également d’inciter les médias à changer les stéréotypes liés à l’âge. Réflexions sur les notions de vieillissement et de l’intergénérationnel : Le vieillissement n’est pas une maladie mais un processus normal de vie. Le vieillissement doit être situé dans le cadre d’une durée de vie plus longue liée à l’amélioration des conditions de vie, à la diminution du taux de fécondité et aux progrès dans le secteur des soins de santé. Les personnes âgées représentent des groupes hétérogènes aux besoins différenciés. Les plus de 80 ans n’ont pas de modèle à suivre car ils sont les premiers. Ils doivent donc inventer. Définitions de l’intergénérationnel : Professeur Michel Loriot, de l’université de Louvain en Belgique : « une génération est souvent assimilable à une cohorte d’individus née durant une période déterminée, en général, en référence à une année civile. ». Les sociologues associent un faisceau de classes d’âges à des événements vécus par les individus y appartenant, par exemple les trente glorieuses, les baby-boomers, le post-mai 68, etcetera. Les sociétés vieillissantes sont multi générationnelles. La trame générationnelle est horizontale (succession historique des générations dans le temps) et verticale (l’« empilement des générations »).


Du fait de l’accélération de l’histoire et de la révolution épidémiologique du 20ème siècle, nous assistons à la cœxistence de générations familiales multiples. Les générations nombreuses se substituent aux familles nombreuses d’autrefois. Afin d’assurer une cohabitation entre les générations, il s’agit de gérer la diversité des âges, dans le respect des spécificités intergénérationnelles tout en assurant une cohésion sociale d’ensemble. o déployer un ensemble d’activités permettant à des citoyens de générations différentes, de réaliser des projets communs, dans la durée, o nouer un dialogue sur des conflits qui peuvent les opposer, o découvrir les potentiels et compétences respectives en vue de les mettre en synergie, au service d’intérêts individuels ou collectifs. Tous les pays d’Europe sont dans le même souci : changer le regard sur les personnes âgées, encourager les liens intergénérationnels dans tous les aspects de la vie, culturelle, politique, sociale, économique, créer ou consolider la confiance entre générations. Quelques exemples 1) En Belgique, une commune créée un espace public stimulant pour les relations intergénérationnelles : mise en place de services pour personnes âgées, diversification des contacts sociaux, facilitation des déplacements. 2) La ville d’Angers a créé la charte de l’inter génération, les rencontres et le festival biannuel « Mix-âge ». Ce projet s’inscrit dans de nombreux dispositifs participatifs : contrat de projet, contrat de cohésion sociale, service de soutien à domicile. 3) En Italie, une commune créée un centre de coopération sociale : centre intergénérationnel travaillant à une approche multidimensionnelle. Ayant débuté modestement, il dispose aujourd’hui d’une multitude de projets : maison de retraite, service de réhabilitation socio sanitaire, service d’animation socioculturelle, fondation, université, centre de congrès. Sa caractéristique : créer une plate forme multifonctionnelle, multidisciplinaire, centrée sur l’intergénérationnel dans le cadre de la nouvelle gérontologie internationale. Cette initiative délivre des programmes de formation. 4) En Ecosse, zone rurale : le conseil écossais des organisations bénévoles, dans le cadre d’un programme européen, a transformé une cantine scolaire pour les enfants et qui servait, de manière dissociée, un repas aux personnes âgées, en un lieu multifonctionnel stimulant les relations intergénérationnelles. Y ont été ajoutés un service de coiffure et de pédicure adapté ainsi qu’un dispensaire et un service bancaire une fois par semaine. La suite du projet serait de créer un partenariat public/privé, permettant l’utilisation des véhicules de transport scolaire durant les week-ends et les vacances en les affectant au transport de publics fragiles, âgés ou handicapés. 5) En Angleterre, en entreprises. La journée nationale des aidants se centre sur les aidants qui vivent en entreprise et se consacrent au bien-être de personnes âgées ou handicapées. Spots tv et informations diverses, circulent ce jour-là, pour sensibiliser la population Cette journée est construite en partenariat avec les différents représentants institutionnels et du monde des entreprises. En Côtes d’Armor, vous avez décidé de transformer le phénomène de l’allongement de la vie en un atout, notamment économique et vous avez mis en place une plate forme vieillissement pour transformer certaines prestations ou services en une filière économique.


Conclusion Sans une action forte dans ce domaine, l’isolement psychosocial, la fragilité économique et sanitaire et l’exclusion culturelle risquent de concerner la majeure partie de la population constituée des 65 et plus. L’accroissement de la longévité dans le monde nécessite de changer les mentalités dans de nombreux domaines et requiert la mise en place de programmes d’actions innovants, dynamiques et transversaux. Il est nécessaire de : renforcer les échanges et la complémentarité des compétences entre les générations. valoriser les capacités et savoirs des aînés, les encourager à être porteurs et acteurs de projets activer le désir de vivre ensemble tous âges confondus. Les collectivités locales assument leurs responsabilités dans le quotidien (solidarité, éducation, environnement, logement, emploi, formation et santé). Elles doivent avoir le souci de regarder plus loin et d’anticiper (projets innovants, diversifiés, inscrits dans un esprit de partenariat, de synergie et de complémentarité). Souhaits pour les Côtes d’Armor : La prise d’initiative de tous, dans une idée collective de co-création et co-construction, La mise en place d’une nouvelle mentalité solidaire et intergénérationnelle. Vous avez pu mettre en place une importante dynamique prospective, en regardant vos atouts et vos difficultés avec lucidité, soyez force de projet lors de la prochaine journée européenne de la solidarité intergénérationnelle, proposée tout récemment par la présidence slovène.

3. Initiatives et témoignages Habitat partagé, intergénérationnel et solidaire - « Le temps pour toiT », Hélène Launay Cette association d’intérêt général créée en 2004 est implantée à Nantes et Angers. Une quarantaine d’associations de ce type existent ou ont existé en France. Le temps pour toiT, , propose un habitat partagé basé sur un principe simple : une personne l'hébergeur- reçoit chez elle, sur une année scolaire le plus souvent mais pas exclusivement, un étudiant, apprenti ou en formation, voire un salarié en mobilité professionnelle : des personnes, de tous âges et de toutes professions qui souhaitent être hébergées auprès de personnes âgées, de personnes seules, de familles monoparentales, en échange de temps de présence. L’association analyse les profils hébergeur/hébergé, les motivations des hébergés (il ne s’agit pas d’économiser un loyer, il faut qu’il y ait une envie de rendre service, de s’investir, des deux côtés), organise une rencontre entre les deux parties puis établit un contrat de cohabitation qui engagent les deux parties. Les hébergés ne sont pas des travailleurs sociaux. Leur travail n’a rien à voir avec leur situation d’hébergé. En échange du prêt de la chambre, l'hébergé donne un peu de son temps à son hébergeur, dans le cadre d'un contrat précis et accompagné qui stipule droits et devoirs de chacun. La moyenne d’âge des hébergeurs est de 81 ans. Le plus important travail consiste à convaincre les personnes de plus de 80 ans que le principe de la cohabitation leur permettra peut-être de mieux manger, mieux dormir, se sentir plus en sécurité, qu’il s’agit d’un lien supplémentaire avec l’extérieur. Cela n’est pas encore acquis.


Le projet a été fixé sur une base professionnelle (formation CNAM, étude de marché, plan de financement, projet d’économie sociale, solidaire et économique, suivi de gestion). Les prestations sont payantes et l’association compte aujourd’hui 3 salariés. Le temps pour toiT est labellisée « Mix-âges ». Les coopératives d’habitation en Allemagne, Bertrand Barrère (Bureau d’études REDD) Bertrand Barrère est responsable d’un bureau d’études en urbanisme intitulé REDD basé à Strasbourg. Il est spécialiste des formes alternatives d’habitat. Très impliqué sur les questions d’urbanisme écologique, son bureau met en œuvre, dans le cadre de projets urbains, des notions de développement durable. Le cabinet REDD tire une partie de ses sources d’inspiration de l’Allemagne : « beaucoup de personnes, de ménages recherchent des solutions à leurs questions d’habitat par des démarches collectives, coopératives, entre particuliers. Ils s’organisent entre eux pour réaliser des projets d’habitat, des projets de vie collective ». Il existe 2 types de projets : les « Wohngruppen » des « groupes pour habiter » (groupes de personnes qui veulent partager des services au quotidien, habiter ensemble dans des espaces faits d’appartements privés et d’espaces collectifs, dans une dimension communautaire) et les « Baugruppen » : des « groupes pour construire » (groupes de gens qui veulent construire. Leur motivation est de construire, généralement un immeuble avec des appartements, pour les personnes elles-mêmes ou pour investir). o les « Wohngruppen » rapprochent souvent des personnes de mêmes catégories : femmes seules, jeunes, personnes âgées qui ne veulent pas vieillir seules ni aller en maison de retraite. Ces catégories de personnes se regroupent en vivant dans le même immeuble. o les « Baugruppen » sont des groupes de gens qui construisent hors du circuit de la promotion immobilière, ce sont des mécontents du produit « logement fabriqué par le marché ». Ils s’entendent pour réaliser eux-mêmes du logement sous forme collective, en ville. Cette forme permet de réaliser un habitat à la carte. Ce système permet aux gens d’accéder à la propriété avec le meilleur rapport qualité/prix puisque les gens font l’économie des frais de promotion. Le système des « Baugruppen » se développe très rapidement en Allemagne. Parfois les collectivités locales soutiennent ces projets. Ces groupes se constituent autour de valeurs communes, de centres d’intérêts, de priorités. Ainsi, certains de ces groupes vont être motivés par des questions intergénérationnels, d’autres autour de la problématique de l’enfant,… A chaque projet sa « valeur ajoutée ». En France des initiatives similaires existent. Ainsi, à Montreuil, une association de femmes travaille depuis des années avec la mairie pour faire une opération d’habitat en commun pour des femmes âgées. Un autre exemple existe également à Strasbourg. Cependant, en France, les personnes souhaitant mettre en place ces projets rencontrent des difficultés notamment car ils connaissent pas les réseaux ni les professionnels qui peuvent les aider à réaliser ce type d’opération. Un autre problème des initiatives en France : l’écart entre un certain dilettantisme et une culture du résultat et de l’efficacité qui n’est pas assez présente.


La création d’un nouveau métier peut être imaginée : il s’agirait accompagner des groupes de ce type, leur apporter un encadrement, une aide professionnelle. Collecte de Mémoire, Luc Allory, Animateur ADMR, Hénon, 1800 habitants, une association de jeunes, « les black dogs », un foyer logement pour personnes âgées. Deux mondes, deux générations que tout semble séparer. Une impression car Luc Allory, animateur pour l'association d’aide à Domicile en Milieu Rural de Quessoy les a fait se rencontrer. « C'est parti d'une sorte de provocation. Les jeunes se plaignaient que rien n'était jamais fait pour eux, tout pour les « vieux ». Alors je leur ai proposé d'aller les rencontrer. Aller demander aux aînés comment c'était pour eux, quand ils étaient jeunes… » Le choix de la vidéo s'impose aussitôt. « Cela permet de garder une trace, et ça plait aux jeunes ». Cinq jeunes adhèrent complètement au projet. Derrière leur caméra ils vont rencontrer leurs aînés, armés d'un questionnaire et de leur curiosité. "Au début ils étaient un peu timide. Mais la caméra les a aidés. Derrière une caméra on est plus à l'aise. Comme si on était protégé. Et puis à la fin, les questions sont devenues échange puis discussion." Spécialisé dans la vidéo, Luc Allory chapote le projet que les jeunes s'approprient. Ils réalisent tout, du questionnaire au montage, et bien sûr le tournage et produisent "Quand vous étiez jeunes" un petit film de 15 minutes où anciens et plus jeunes discutent de leur enfance respective, mais aussi d'avenir. Le projet est bénéfique pour tout le monde. « Avec les jeunes, si on a pas vraiment débattu de l'impact de ces rencontres, j'ai bien vu que leur comportement, leur respect vis-à-vis des personnes âgées avait changé. » Pour les aînés aussi, l'expérience a été bénéfique. Il suffit de voir le plaisir qu'ils ont à se raconter, à partager leurs souvenirs et à échanger avec ces jeunes. Comme le dit l'un d'eux dans le film, « Il faut beaucoup parler les uns les autres…C'est comme ça qu'on obtient plus de fraternité. Si vous voulez mettre un jeune en confiance, il faut lui parler, lui expliquer…. »

Coopérative « du pain et des arts », Jacqueline Besrets, Comité Hinglézien d'Action Culturelle et Michel Guyomard, Groupe Français d’Education Nouvelle 22 La région du Pays de Dinan est un ancien bassin granitier. Beaucoup de carrières de granit y fonctionnent au 20ème siècle et beaucoup d’hommes du Hinglé y ont travaillé. La « Coopé » ou carrière de la Piri, est une de ces anciennes carrières qui est aujourd’hui rebouchée. Sa particularité : après les grandes grèves en 1926, dans un esprit coopératif, ce sont les granitiers qui l’ont faite fonctionner.

En 1997, 1999 et 2001, les fêtes du Granit et du Picotou avaient permis de rassembler de nombreux documents et de fédérer toute une population autour d’un patrimoine auquel elle est fortement attachée.

« Nous avons créé la « coopérative du pain et des arts » suite aux grandes fêtes du « picotou » (granitier) en 1998 afin, au départ, de collecter les paroles des anciens granitiers, que ces paroles soient transmises avant que ne disparaissent les granitiers, à tous les habitants du Hinglé et des alentours et particulièrement aux plus jeunes. ». « Nous cherchions, par ce biais, à créer du lien entre les générations ainsi qu’entre des gens d’origines géographiques différentes (beaucoup d’italiens installés dans la région depuis l’ouverture des carrières de granit). »


Cette coopérative gère aujourd’hui une véritable « fabrique culturelle » ouverte aux adultes comme aux enfants. En choisissant la forme d’ateliers pour transmettre ce patrimoine la population a pu devenir actrice de cette transmission. Ces ateliers ont également permis de mêler la création à la sauvegarde d’un patrimoine culturel. « Délibérément nous allions vers un projet d’éducation populaire ». Au total, onze ateliers sont mis en place et ouverts à tous : o

o o o

4 ateliers d’inventaire : collectage des témoignages auprès des anciens carriers ; ramassage et archivage des objets et des documents concernant les carrières et la vie ouvrière ; exploration des carrières en friche pour les plus jeunes élèves de l’école publique du Hinglé avec un passeur de mots du Gfen et Cécile Guieu, artiste plasticienne ; « Farfouille des armoires et des familles » avec les épouses des anciens carriers et Stéphanie Caillaux, artiste-textile. 2 ateliers « ouvrir les yeux » : carnets de voyage de carrières en carrières, avec Magalie Ducroux, illustratrice ; photos des visages-paysages, avec Medhi Farès, photographe. 2 ateliers sur la pierre :exploration des cailloux avec une compagnie théâtrale et les plus jeunes élèves de l’école publique du Hinglé ; sculpture sur pierre avec les anciens carriers volontaires et Ronan Thébaut, sculpteur en résidence au Hinglé. 3 ateliers « voix et écrits » : mise en voix des paroles de granitiers avec des collégiens de Dinan et un passeur de mots ; atelier de fiction dans une carrière ; atelier d’écriture sur les chemins de trimardage de carrière à carrière avec Michel LE BRIGAND, auteur-comédien.

Depuis 2007, « Le Peuple des Carrières », nom du groupe de travail, a sollicité le Groupe Français d’Education Nouvelle (Gfen 22) pour l’accompagner dans ce projet d’éducation populaire. « Tout le monde peut être acteur. Ce projet intéresse ceux qui veulent connaître leur passé, ceux intéressés par tout ce qui touche à l’humain, à la petite histoire comme à la grande histoire. ». n accompagnant ce

projet, le GFEN a fait un pari : o On peut transformer la représentation qu’ont les générations les unes des autres en créant le désir de « faire ensemble »; o « faire ensemble » c’est sans doute jeter les bases d’une nouvelle compréhension d’une culture commune.

L’année 2008 constitue une première année de collectage auprès des différentes catégories de la population : anciens ouvriers, patrons, femmes, enfants d’hier et d’aujourd’hui, travailleurs de différentes origines. Elle est aussi une année de création à travers les ateliers d’interprétation proposés par une structure d’action culturelle mise en place pour l’occasion « La Coopé du Pain et des Arts ». Un projet multiforme où se croisent toutes les générations dont l’aboutissement se concrétisera par l’écriture et

l’édition d’un livre, sorte de ciment qui permettra peut-être de passer à un nouveau projet issu de celui-ci.

CLIC, Café des Ages, Carine Le Corfec 9 Centres Locaux de Coordination et d’information (CLIC ) agissent en Côtes d’Armor. Ils ont pour objectif d’accompagner les personnes de plus de 60 ans dans tous les domaines de la vie quotidienne et de mettre en place des actions collectives.


Carine Le Corfec chargée de coordination du CLIC du Pays de Dinan, a souhaité organiser un « Café des âges » à Broons. Les « cafés des âges » sont des manifestations d’une demijournée qui ont pour objectif d’inviter à se retrouver toutes les tranches d’âges dès l’adolescence, afin que chacun confronte ses points de vue sur la vieillesse. Ces rendez-vous ont été initiés par l’association « Vieillir c’est vivre ». Le rendez-vous de Broons s’est déroulé le 5 avril 2008 après une année de préparation, à raison d’une rencontre mensuelle, en présence d’acteurs médicaux et sociaux, tous concernés par les situations particulières que vivent les personnes âgées. Cet après-midi a été l’occasion, pour les personnes présentes (entre 30 et 96 ans) de confronter leur représentations très différentes du « temps qui passe », du vieillissement, des contraintes pratiques qu’implique ce vieillissement. Les personnes présentes lors de cette manifestation souhaitent que cette dernière soit reconduite afin qu’ils puissent à nouveau aborder cette problématique en essayant de mener le débat plus avant. Carine Le Corfec œuvre donc à un nouveau « café des âges » en espérant qu’un groupe se constitue autour de cette problématique et continue d’organiser des « café des âges » à Broons. « Lire et faire lire », Séverine Ropers, coordinatrice départementale, Gilles Blanchard, bénévole de Plouha Lire et faire lire est un programme national périscolaire d’ouverture à la lecture et de solidarité intergénérationnelle, lancé par le Relais Civique (vice président, Alexandre JARDIN, écrivain), la Ligue de l’Enseignement et l’Union Nationale des Associations Familiales. Ce dispositif est né d’une action menée à Brest depuis 18 ans et est soutenu par plus de 120 écrivains ainsi que le Ministère de la Jeunesse, de l’Education Nationale et de la recherche. Dans le département des Côtes d’Armor, l’Union Départementale des Associations Familiales (UDAF) et la Ligue de l’Enseignement des Côtes d’Armor se sont associées en 1999 pour accompagner et coordonner l’opération "Lire et faire lire". 140 retraités bénévoles ont ainsi donné de leur temps aux plus jeunes. En cohérence avec le projet d’école et les pratiques pédagogiques, des bénévoles (retraités et personnes d’au moins 50 ans) offrent une partie de leur temps libre aux enfants des écoles maternelles ou primaires pour stimuler leur goût de la lecture et favoriser leur approche de la littérature. Ce programme citoyen permet également de faire participer les bénévoles à la vie scolaire de l’enfant et d’affirmer leur utilité sociale fondamentale. Le lien intergénérationnel sera ainsi renoué afin d’offrir aux enfants une écoute personnalisée. Des séances hebdomadaires de lecture sont réalisées en petits groupes (2 à 6 enfants volontaires), durant toute l’année scolaire dans une démarche de plaisir, de découverte, d’expression orale et de communication. Elles ont lieu au sein de structures éducatives (écoles, centres de loisirs, bibliothèques, crèches). Les enfants y sont volontaires même si les éducateurs peuvent inciter certains enfants à participer à ces groupes de lecture. Cette mission concerne 90 bénévoles qui interviennent dans plus de 40 écoles, en Côtes d’Armor. La mission « Lire et faire lire » organise des formations pour les bénévoles, des réunions d’informations, ainsi qu’un bilan départemental par an, afin de faire connaître ce dispositif qui prend de l’ampleur. Ce dispositif qui se déroule en temps périscolaire commence à se développer en temps scolaire avec le soutien de l’Inspection Académique.


Exemple de Monsieur Blanchard, à la retraite depuis 2002. Il souhaite transmettre son amour de la lecture, « La lecture m’a construit », tout d’abord avec ses enfants et ses petits-enfants puis décide d’intervenir en milieu scolaire. Aujourd’hui, les enfants de l’école de Plouha le voit chaque semaine avec plaisir et l’appelle « Papy lecture ». Agent de convivialité, commune de Plestan, Josiane Le Guern Afin de rompre la solitude, maintenir du lien social et faciliter la vie quotidienne, la Mairie de Plestan a mis en place un nouveau service : le service d'aide à la personne âgée du CCAS de Plestan, développé par Josiane Le Guern, agent de convivialité. L’emploi consiste à rendre visite aux personnes âgées, soit à domicile, soit à l’hôpital, soit en maison de retraite où encore à organiser des rencontres entre les personnes âgées qui ne peuvent se déplacer sans aide. L’originalité de cet emploi réside dans l’aspect « maintien de la socialisation » des personnes âgées. Il s’agit ainsi de : o pallier aux problèmes de solitude en organisant des rencontres entre elles ; o animer des après-midi conviviales (chansons,…) ouvertes à tous ; Cette fonction ne sera plus assurée à Plestan en 2009 car il s’agit d’un poste trop lourd pour la commune et la Communauté de Communes qui ne semblent pas vouloir prendre le relais. Josiane Le Guern craint ainsi que des bénévoles tentent de reprendre ce travail sans formation (ce qui semble ne pas être sans danger). Fédération des Villes et Conseils des Sages, Jean Claude Constant, Vice président, Jacqueline Perrin Vice présidente, Marie Dzépina, Secrétaire Les Conseils des Sages existent depuis 1983 et ont été initiés par Kofi Yamgnane à St-Coulitz. Il s’agit, pour des personnes à la retraite, de représenter, de manière bénévole et volontaire, les concitoyens de leur commune et notamment les personnes âgées. Leur avis leur est demandé par la commune sur des dossiers que cette dernière est en train d’étudier :

il donne son avis sur des dossiers soumis par la municipalité il peut être sollicité sur des questions d'intérêt général il peut aussi être à l'initiative de projets et de réflexions à mener il travaille avec les autres structures participatives (conseil de quartier, conseil des jeunes, comité local des retraités etc.). En 1993, Kofi Yamgnane, ancien Secrétaire d'État (1991/1993), ancien Maire de Saint Coulitz et aujourd'hui Vice-Président du Conseil Général du Finistère a souhaité mettre en place d'abord des Conseils de Sages (en 1983 le premier en France) et ensuite "une Fédération des Villes Sages" (1993). o o o o

Exemples de projets intergénérationnels portés par des conseils de sages : o

La Roche sur Yon existe depuis 19 ans. Il se divise en commissions et souscommissions de travail. Chaque commission étudie un dossier puis remet ses conclusions au maire de la commune.

o Le Pouliguen : Le conseil des jeunes et le conseil des sages du Pouliguen travaillent de

concert au sein de la commission sur les personnes à mobilité réduite mise en place par le Conseil Municipal. Ils participent ainsi à la réalisation d'un guide d’accessibilité pour les


personnes à mobilité réduite sur la commune. La collaboration des deux instances est également renouvelée dans le cadre du comité de jumelage.

o Couéron : Le Conseil des Sages a été mis en place, à la demande du maire, en 1996. En 2001, projet de créer un site (quartier) intergénérationnel. Le permis de construire est déposé début 2008. L’objectif de ce site est de créer une mixité sociale et intergénérationnelle. Concrètement : 110 logements sur 13 000 m2, propriété de la commune du Coueron ; 50 logements à usage locatif dont 20 dévolus à des personnes âgées et 30 à de jeunes couples avec enfants en bas âge ; 40 à 50 logements à usage privatif, comprenant 1 logement pour 1 équipe médicale + 1 logement pour équipe soins infirmiers. Enfin 1 local commun pour des rencontres des habitants du site. Un logement pour les services communs est souhaité mais non encore financé. Conclusion : Les demandes des municipalités, ou de citoyens retraités souhaitant faire la proposition d’une Conseil des Sages, affluent de toute la France, depuis de très petits bourgs jusqu’à de grandes villes. Dispositif Multi média, Intergénér@tions (Brest) - collège Kerbonne, Monique Argoualc’h, association Infini, Aude Barthélémy Le projet Intergénér@tions consiste en la rencontre entre des personnes âgées vivant en maison de retraite et des adolescents issus d’une classe Relais autour du multimédia. Définition d’une classe relais : y viennent des adolescents que le milieu scolaire est en train de marginaliser car ils sont insolents, passifs, agressifs,… Les rencontres : Les adolescents, habitués à l’utilisation des ordinateurs et d’Internet, initient les personnes âgées à cet outil. Par le biais de l’ordinateur et d’Internet, la communication se fait. Les adolescents découvrent en les personnes âgées des individus avec des vécus dont certains épisodes sont parfois similaires à ce que les jeunes vivent aujourd’hui ; des problèmes spécifiques à leur âge ancien (mouvements difficiles, déplacements lents,…). Chacun devient une personne qui, par le biais de ce dispositif multi média, en rencontre une autre ; ils échangent. Avant la rencontre avec les personnes âgées, les adolescents, pendant leur année en classe Relais, sont formés à une utilisation « cadrée » d’Internet puis suivent une formation de formateurs afin de pouvoir initier les personnes âgées à cet outil. Chaque année, les initiateurs de cette opération donnent un objectif aux rencontres. Ainsi, en 2004, un film expliquant l’initiative, a été réalisé. En 2008, un blog vient d’être créé. Les personnes âgées y racontent leurs expériences de vie et les adolescents racontent leur expérience au sein de cette initiative. La particularité de ce blog : il se rédige en deux langues, le français et le langage SMS. La réussite de cette opération s’illustre aujourd’hui avec l’exemple d’élèves qui, dans le cadre d’un cursus scolaire retrouvé, cherchent à revenir en maison de retraite pour y effectuer des stages, voire décident d’une orientation professionnelle en lien avec les personnes âgées.


4. Typologie des témoignages par Myriam Van Espen Myriam Van Espen se dit impressionnée par la créativité des projets. Elle souhaite souligner l’importance du terme projet qui : o donne du sens o permet d’être dans un registre de réussite o permet de re-créer la confiance o propose une dynamique vers le futur o propose une dynamique qui consolide des liens o propose une dynamique qui fait ressortir une qualité spécifique à un territoire La notion du temps a été bien nommée dans les différents projets évoqués. Il est important, lorsque l’on parle de l’intergénérationnel, de savoir que la durée fait partie du projet à construire, qu’il y a la durée entre le début d’un projet et sa réalisation mais qu’il y a aussi le temps partagé et le temps vers le futur. Ce qui revient dans différents projets évoqués : o la notion de l’habitat (habitat partagé, constructions citoyennes,…); o la notion de microsphère (habitat partagé, fonction de convivialité,…) ; o la notion de citoyen engagé (Conseils des sages, Café des âges, Coopé,…) Beaucoup de personnes s’engagent avec la volonté de construire une société meilleure ; o la notion de dialogue avec l’espace public ; o les soutiens, voire plus, de la part des pouvoirs publics. Quelques conseils : o certaines fonctions sont fragiles car elles ne sont pas d’une rentabilité immédiate (emploi de convivialité) mais leur rentabilité se situe du côté de la prévention. Or c’est une notion importante dans tous vos projets que de vous situer du côté de la prévention ; o transmettez vos savoirs et vos compétences ; o donner de la visibilité à vos projets (ouvrage, film ou autre, pour parler de vos actions,…).

5. Table ronde Avec

Marie-Christine CLERET, Vice-présidente du Conseil général des Côtes d’Armor en charge de la Solidarité pour l’autonomie, Roger LERUN, premier Vice-Président du CODERPA des Côtes d’Armor, Bernard ENNUYER, Docteur en sociologie, Myriam VAN ESPEN, Experte en vieillissement, Eric GORIOU, gériatre à l’Hôpital de Tréguier, Sophie TUAL, Directrice de la Solidarité pour l’Autonomie au Conseil général des Côtes d’Armor.

Des remarques d’ordre général sont revenues tout au long de la discussion Presque tous les témoignages ont parlé de projets qui concernent les personnes âgées ;


Tous les projets abordés ont posé la question du collectif car chacun de ces projets décrit une histoire qui part de l’individuel pour aller vers le collectif : il semble que la réalisation de tout projet en ce domaine passe par cette condition tout en laissant sa valeur entière à l’individuel ; Concernant la question du volontarisme et ses perversions : Il y a « solitude » et « solitude ». Certaines personnes âgées choisissent de vivre seules et apprécient leur vie ainsi. Il s’agit de faire attention à ne pas obliger toutes les personnes âgées à vivre en collectif. Les différentes actions citées sont toutes très intéressantes et il faut qu’elles se multiplient mais attention à ne pas oublier la simple rencontre entre une personne (âgée) et une autre (enfant, adulte,…). Il faut être attentif à ne pas oublier le plaisir de la rencontre et ne pas le remplacer par une sorte de militantisme obligatoire ; toutes les personnes âgées n’apprécient pas les enfants et inversement. Il existe des possibilités afin de proposer des lieux, des activités, des conditions de vie, etc. qui peuvent faciliter la vie des personnes âgées ou des personnes handicapées. Celles-ci ne doivent pas être obligatoires. Concernant le temps et les rythmes de vie Les personnes âgées vivent dans une notion du temps différente du reste de la population simplement parce qu’elles sont plus âgées et ont vécu plus de choses ; Les rythmes de vie, la manière de se déplacer, de se mouvoir, sont très différents entre des personnes âgées ou handicapées ; A un autre niveau, le temps est une valeur très importante dans les différents projets proposés et il est vrai qu’un projet « ponctuel » n’a pas la même valeur qu’un projet qui s’inscrit dans un avenir. Concernant l’évolution de la société et de la famille : Nous vivons dans des sociétés qui vieillissent (peu de jeunes, beaucoup de personnes âgées). Nous vivons dans des sociétés dans lesquelles chaque famille compte quatre voire cinq générations en même temps. Les familles s’occupent beaucoup de "leurs" personnes âgées, notamment les femmes qui, à partir de 55 ans environ, gèrent non seulement leurs parents mais également leurs beaux-parents, leurs voisins, amis très âgés. Parfois c’est très pesant et il arrive que ces soixantenaires délaissent quelque peu les très âgées estimant qu’il y a plus grave (chômage, difficultés financières des plus jeunes,…) ; N’y a-t-il pas une rupture qui s’établit lorsque les personnes très âgées arrivent dans une structure (résidence ou hôpital) ? Les familles qui les ont soutenues jusque là, s’éloignent, essoufflées par l’énergie déployée jusque là, se sentant coupables. S’ajoutent à ces phénomènes l’éloignement géographique et des problèmes personnels. N’est-il pas important qu’à ce stade, d’autres personnes prennent le relais des familles ? Concernant la professionnalisation Qu’elle soit en direction des personnes âgées, des personnes handicapées ou des jeunes, la formation est nécessaire pour les salariés comme pour les bénévoles. Il s’agit notamment de donner un sens à l’engagement des « volontaires » ; Une professionnalisation accrue permettra un accompagnement de meilleure qualité ; Le département des Côtes d’Armor participe activement à cette professionnalisation. Témoignages et réflexions de la salle Le temps, la durée, le fil rouge : Il y a une grande différence entre une rencontre ponctuelle et des actions qui se pérennisent. Les deux sont utiles mais elles n’ont pas les mêmes objectifs ;


Lorsque des actions se déroulent entre enfants et personnes âgées, les enfants en grandissant changent. Qui va assurer « le fil rouge » ? Témoignage d’un homme de 80 ans : il faut cheminer pour arriver à vivre le présent et se tourner vers l’avenir et ce, à tout âge, même quand on est très vieux. D’autres situations, d’autres exemples : Les familles souhaitent s’occuper des personnes âgées de leur famille mais souvent, les femmes qui elles-mêmes se sont occupées de leurs parents, lorsqu’elles arrivent à un âge élevé, ne veulent pas être une charge pour leurs enfants ; Les agents de la poste sont des relais pour les personnes âgées. On ne devine pas à quel point leur rôle est primordial, surtout en zone rurale ; Une association s’est créée par des personnes âgées pour des personnes âgées : leur action consiste pour l’essentiel à « surveiller les volets » pour savoir si les voisins vont bien. une directrice d’EHPAD insiste « dans notre institution, c’est toute l’équipe qui anime l’intergénérationnel, pas simplement l’animateur, c’est l’affaire de tout l’établissement ». Les Côtes d’Armor, une région agréable : beaucoup de personnes qui ont quitté la région, y reviennent au moment de leur retraite ; la qualité de vie y est agréable. Afin que cette qualité de vie reste la même, la notion du « bien vivre ensemble » doit être gardée intacte. Les citoyens responsables : Les collectivités publiques impulsent les différents projets de l’intergénérationnel : quid de la responsabilité et de l’action des citoyens ?; Nous devons exiger, des jeunes notamment, qu’ils se sentent responsables collectivement de l’avenir.

6. Conclusion par Claudy Lebreton, Président du Conseil général des Côtes d’Armor Le Président s’est dit satisfait de cet après-midi d’échanges autour de l’intergénérationnel dont les témoignages ont permis de dévoiler un foisonnement d’actions dans tous les domaines, à tous les âges de la vie. Il a évoqué un certain nombre de responsabilités des différents acteurs concernés par la problématique de l’intergénérationnel : L’Etat devrait prendre en compte ce qui se fait dans les départements, ce qui vient d'être présenté aujourd'hui. Il le fait peu c’est dommageable. Le partenariat entre l’Etat et les collectivités territoriales n’est pas à la hauteur. L’Etat n’a pas su se réformer ; Les associations assurent aujourd’hui une grande part du lien social et sont un acteur à part entière du service public. Elles cultivent l’engagement citoyen dans la société. Les personnes qui s’engagent dans les associations donnent un sens à leur vie tout en servant la société ; Les collectivités territoriales se doivent de soutenir sous la forme de conventions, partenariats, moyens humains et financiers, les actions proposées par ces associations. Au terme « intergénérationnel », M. Claudy Lebreton préfère le terme « communautés sans âge », avec un « s » à communauté car il s’agit bien de plusieurs communautés : Les changements intervenus durant les 50 dernières années en terme de durée de vie, de temps passé à travailler, de loisirs, etc. doivent être mesurés. Nous vivons plus longtemps et travaillons moins. Que fait-on le reste du temps ? A nous tous, aujourd'hui, d’anticiper et de construire les communautés dans lesquelles nous voulons vivre ;


Les temps de vie aujourd’hui sont plus imbriqués, mélangés. Cela nous permet de choisir notre manière de vivre, plus personnellement, et d’en changer plusieurs fois au fil de notre vie. Ce n’est plus l’âge qui définit ce que nous sommes mais ce que nous faisons à un moment donné de notre vie, de notre parcours. Pour ce qui concerne la retraite, cela signifie que nous ne la vivons pas tous de la même manière mais restons des actifs qui avons droit à la parole.

Synthèse réalisée par Evelyne WICKY pour Audiorama (août 2008) Crédits photographiques : © Thierry Jeandot, Médhi Farès, Monique Argoualc’h, Bertrand Barrere, Malik Rabault


REVUE DE PRESSE





ARTICLES PARUS DANS LE MAGAZINE DES COTES D’ARMOR

Numéro 65 - Mai 2008

Numéro 67 – Juillet Août 2008


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