Numéro 44 - Octobre/Décembre 2009

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JOURNAL D’INFORMATION DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL D’AQUITAINE EN PYRÉNÉES ATLANTIQUES MALANDAIN BALLET BIARRITZ

OCTOBRE > DÉCEMBRE 2009

ÉDITO PAGE 3

CREATION PAGE 4

ACTIVITÉ PAGE 7

DANSE À BIARRITZ #39 PAGE 8

SENSIBILISATION PAGE 10

EN BREF PAGE 11

CALENDRIER PAGE 12

Giuseppe Chiavaro • photo Olivier Houeix


Gigabarre • photo Anne Schaller

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EDITO

A plus d’un titre U

ne question m’est régulièrement posée : « Est-ce difficile de faire un ballet » ? Pour ne répondre qu’à moitié, trouver l’idée peut l’être ; mais, comme l’a écrit André Derain (1) : « les idées ne suffisent pas, il faut le miracle ». Autrement dit, un appui surnaturel ou bien quelque chose d’explicable comme un tour de magie. Mais avant que le tour ne soit joué dénicher un titre est nécessaire. Ce qui est parfois complexe. Car le titre est le premier élément perceptible du succès. Et, pour que le succès soit, pour qu’il existe non seulement sur l’affiche mais aussi dans la salle, sans quoi ce serait une promesse en l’air, le spectacle doit répondre au titre. L’idéal serait évidemment de ne rien promettre, sinon une représentation vivante et éphémère de l’instant. Mais se projeter sans projet n’est pas conciliable avec l’activité d’une troupe. D’autant qu’une création, pour mobiliser les énergies, se détermine longtemps à l’avance. La prochaine, sur les suites d’orchestre des ballets de Tchaïkovski, aura ainsi été initiée en 2006 par l’Opéra Théâtre de Saint-Etienne. Elle marquera le centenaire de la mort du chorégraphe Marius Petipa. Mais pas seulement, puisque s’agissant de la 27è création à Saint-Etienne, elle témoignera en coulisses de dix-sept années de collaboration et d’amitié avec Jean-Louis Pichon et Serge Horwath qui ont récemment quitté la direction de cette Maison.

Pour revenir au titre, ce spectacle en aura connu plusieurs avant que le choix ne se porte sur « Magifique ». Un court-circuit du langage qui consacrait mes émerveillements à l’âge où la vie s’invente. Pris à la lettre, ce mot d’enfant est aujourd’hui une invite à produire de la magie. Voilà l’idée ! Mais, pour que cette idée se transforme en poudre dorée, honore un titre qui oblige, il faudra un tour de passe-passe ou bien s’ouvrir au miracle. Ce à quoi l’on peut croire sous le ciel étoilé d’un théâtre. Car après tout, le spectacle n’est-il pas le moment unique, parfois merveilleux où l’enfance s’éternise, et l’occasion de pouvoir mentir comme un arracheur de danses ? En attendant, la troupe est en Amérique latine. Une tournée d’un mois s’achevant début octobre en Equateur où à l’occasion du bicentenaire de son indépendance, l’Equateur et la Ville de Quito accueillent la 10ème édition du Foro de Biarritz. Dans le même temps, à l’heure où j’écris ces lignes, le festival Le Temps d’Aimer, s’achève en « chaussons ». Et, ce à plus d’un titre.

■ Thierry Malandain, septembre 2009 Peintre, illustrateur et sculpteur, André Derain (1880.1954) fut l’un des fondateurs du fauvisme. Après la création de « La Boutique fantasque » aux Ballets russes en 1919, il a été amené à créer de nombreux décors et costumes de scène.

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CRÉATION

Coproduction Opéra Théâtre de Saint-Etienne, Teatro Victoria Eugenia de San Sebastian, Grand Théâtre de Reims, Centre Chorégraphique National d’Aquitaine en Pyrénées-Atlantiques Malandain Ballet Biarritz. Partenaires Très tôt Théâtre de Quimper, ADDM 44, Ville du Cannet. Spectacle créé dans le cadre du 40e anniversaire de la Fondation de France

Giuseppe Chiavaro & Arnaud Mahouy • photo Olivier Houeix

Giuseppe Chiavaro & Magali Praud • photo Olivier Houeix

Avec Ione Miren Aguirre, Véronique Aniorte, Giuseppe Chiavaro, Frederik Deberdt, Thomas Gallus, Cédric Godefroid, Aureline Guillot, Mikel Irurzun del Castillo, Miyuki Kanei, Fabio Lopes, Silvia Magalhaes, Arnaud Mahouy, Audrey Perrot, Magali Praud, Thibault Taniou, Nathalie Verspecht, Daniel Vizcayo. Maîtres de ballet Richard Coudray, Françoise Dubuc Régie générale Oswald Roose Régie plateau Chloé Breneur Régie Plateau Son Gilles Urrutia Régie lumière Frédéric Eujol, Christian Grossard Régie son Jacques Vicassiau Régie costumes Karine Prins


Musique Piotr llitch Tchaïkovski Chorégraphie Thierry Malandain Décor et costumes Jorge Gallardo Conception lumière Jean-Claude Asquié Réalisation costumes Véronique Murat

Avant-propos Des ballets, Casse Noisette, La Belle au bois dormant et Le Lac des cygnes qui associèrent à la scène, le chorégraphe, Marius Petipa (1822.1910) et le compositeur Piotr llitch Tchaïkovski (1840.1893), furent tirées trois suites d’orchestre destinées au concert. Lesquelles, en résumant les partitions originales, restituent l’atmosphère poétique propre à ces trois ballets sans en épouser le récit. Une absence qui devrait permettre une sorte de « figuration libre », de situer le spectacle aux frontières du connu et de l’inconnu, mais aussi d’explorer l’humain entre la réalité et le rêve. « Le théâtre est un point d’optique. Tout ce qui existe dans le monde, dans l’histoire, dans la vie, dans l’homme, tout doit et peut s’y réfléchir, mais sous la baguette magique de l’art. » a écrit Victor Hugo C’est muni de cet accessoire indispensable aux fées, que le geste va s’accomplir. Il tentera de perpétuer l’enfance. Un exil presque rassurant lorsque « le monde des grand » danse au bord du précipice. Pour ce

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CRÉATION

Billetterie Office du Tourisme de Biarritz Javalquinto, Square d’Ixelles 64200 Biarritz Réservations tous les jours tél. 05 59 22 44 66 www.biarritz.fr Ticketnet / Virgin-Leclerc tél. 0 892 390 100 (0,34 €/min) www.ticketnet.fr France Billet / Fnac-Carrefour - Géant tél. 0 892 683 622 (0,34 €/min) www.fnac.com

Informations

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faire, mon intention est de mêler aux réminiscences de Casse Noisette, de La Belle au bois dormant et du Lac des cygnes, quelques souvenirs fugitifs, comme un trait d’union entre le réel et l’infini que prolongera la musique de Tchaïkovski. Et, puisque tout spectacle se nourrit d’expériences en même temps qu’il invente, il s’agira aussi d’un ballet où chacun pourra se souvenir de sa propre histoire, afin de soutenir ce qu’il voit, ce qu’il imagine. Enfin, lui cherchant un titre, je me suis souvenu qu’enfant, je qualifiais mes émerveillements de « Magifique ! ». Magnifique sans « n » parce que la haine divise, et que ce mot inventé, cette simplification du langage, convient aux intentions de cette création : produire de la magie ou encore recycler la matière brute de la vie en formes expressives et poétiques. Mais, il s’intitule aussi « Tchaïkovski Suites », pour en avoir dans les idées.

■ Thierry Malandain, mai 2009 6 7

Ballet Biarritz tél. 05 59 24 67 19

Billetterie San Sebastian Victoria Eugenia Antzokia / Teatro Victoria Eugenia c/ República Argentina 1 Tél. +34 943481818 Antzoki Zaharra / Teatro Principal c/ Mayor 3 Tél. +34 943481970 Servikutxa, Telekutxa Tél. +34 943 00 12 00 www.kutxanet.net

Marius Petipa • caricature Nicolas Legat

Commande de l’Opéra Théâtre de Saint-Etienne, ce nouveau spectacle sera présenté à San-Sebastian les 12 et 13 décembre, à Quimper du 16 au 19 décembre dans le cadre du Festival Théâtre à Tout Âge, à Biarritz les 22 et 23 décembre, et enfin à Saint-Etienne, les 30 et 31 décembre accompagné de l’Orchestre Symphonique de Saint-Etienne, placé sous la direction de Laurent Touche.

Marius Petipa (1818.1910)

Fils du danseur et maître de ballet, Jean-Antoine Petipa et de Victorine Grasseau, comédienne, Marius Petipa est né à Marseille le 11 mars 1818. Formé par son père, il débute enfant à Bruxelles sur la scène du Théâtre de la Monnaie. En 1834, il est engagé à Bordeaux, puis à Nantes en 1838 comme premier danseur et maître de ballet. Après une tournée en Amérique du Nord, on le voit à la Comédie Française, puis à nouveau à Bordeaux où il crée La Jolie Bordelaise et d’autres titres. De 1843 à 1846, il travaille à Madrid qu’il doit quitter à la suite d’un duel dont l’héroïne ne serait autre que la future Impératrice Eugénie. Revenu à Paris, il est appelé par Antoine Titus qui occupait un poste de maître de ballet au Théâtre Impérial de Saint-Pétersbourg. Engagé en 1847, comme premier danseur, réglant dans le même temps quelques ballets, il est nommé maître de ballet en titre en 1869, jusqu’à sa retraite en 1904. En Russie où les maîtres de ballet français jouissaient du plus grand prestige depuis 1738, date à laquelle Jean-Baptiste Landé introduit le ballet à la cour d’Anne 1ère, Marius Petipa créa une soixante de titres, sans compter les ballets figurant dans les opéras et les reprises d’ouvrages du répertoire. Mort à Gurzuf en Crimée, le 14 juillet 1910, certaines de ses œuvres sont toujours représentées. Ainsi, La Belle au bois dormant, Casse-Noisette, Le Lac des cygnes, Don Quichotte, La Bayadère ... etc. Enfin, quatre ans avant de s’éteindre, il rédigea ses souvenirs : Mémoires de M Petipa publiées en 1990 chez Actes Sud.


ACTIVITÉ Développement transfrontalier : un projet en action Visant à soutenir un développement régional intégré entre les régions françaises et espagnoles et à renforcer la coopération transfrontalière, le programme européen INTERREG III A autorisa de 2001 à 2005 un premier projet transfrontalier qui permit la mise en place du Ballet Biarritz Junior à Donostia San-Sebastian. Dans cette lignée et pour une période allant de 2007 à 2010, un nouveau projet est aujourd’hui soutenu par un financement FEDER - Interreg IV. Accompagné par les Villes de Biarritz et Donostia SanSebastian, et par extension, l’axe Aquitaine/Euskadi, il met en présence le Malandain Ballet Biarritz et le Teatro Victoria Eugenia de Donostia San-Sebastian. Ce projet mis au service d’un territoire comporte trois volets : le développement économique avec la création d’emplois durables, un développement des partenariats et des co-productions transfrontalières, enfin la mise en œuvre d’actions de sensibilisation favorisant l’accessibilité des publics à la danse. Calendrier des actions : • Mars 2007 Ballet Biarritz participe

à la réouverture du Teatro Victoria Eugenia à Donostia San-Sebastian avec Don Juan • Janvier 2008, développement de l’Accueil Studio et création de l’Accueil Plateau • Mai 2008 coproduction transfrontalière du Portrait de l’Infante et de l’Amour sorcier et présentation simultanée à Donostia San-Sebastian et à Biarritz. • Décembre 2008 coproduction transfrontalière de Carmen et présentation simultanée à Donostia San-Sebastian et à Biarritz. • Octobre 2009 : création du Laboratoire chorégraphique sans frontière. Deux artistes sont nommés artistes associés au projet transfrontalier : les chorégraphes Jon Maya (Pays Basque Sud) et Gaël Domenger (Pays Basque Nord) • Décembre 2009 coproduction

transfrontalière de Magifique ou Tchaïkovski Suites et présentation simultanée à Donostia San-Sebastian et à Biarritz. Enfin, dans le cadre du développement des partenariats, sous l’égide de Biarritz Culture, outre l’accueil à Biarritz de compagnies du Pays Basque Sud à l’instar de la Compagnie Ertza de Asier Zabaleta ou de la Compagnie Kukai-tanttaka de Jon Maya reçues lors du Temps d’Aimer 2009, d’autres troupes seront bientôt programmées simultanément. Ainsi en 2010, Biarritz Culture et le Teatro Victoria Eugenia accueilleront ensemble la Compagnie Grupo Corpo. La mutualisation des compétences, des moyens humains et financiers des deux partenaires en coopération avec d’autres structures culturelles doit permettre de développer de nouvelles actions implantées sur le territoire transfrontalier avec une dimension tournée vers l’international en respectant les préconisations européennes. Nous souhaitons à terme créer une structure transfrontalière pérenne vouée à l’art chorégraphique.

Laboratoire de recherche chorégraphique sans frontière Biarritz : Projet piloté par Gaël Domenger au Centre Chorégraphique National d’Aquitaine en PyrénéesAtlantiques Artiste associé : Beñat Achiary Chercheur en informatique associé : Alexis Clay ( ESTIA – recherche) San-Sebastian : Projet piloté par Jon Maya au Teatro Victoria Eugenia Ce laboratoire chorégraphique proposé par Malandain Ballet Biarritz se déroulera dans les locaux du Centre Chorégraphique National d’Aquitaine en Pyrénées-Atlantiques à Biarritz et, au Teatro Victoria Eugenia de San-Sebastian. Evoluant dans un ca-

dre européen, il s’adresse, en priorité, à un public d’adultes et de préadultes amateurs dans le domaine chorégraphique et, leur propose, de manière régulière, des ateliers qui auront lieu le Mardi et le Jeudi entre 18h et 20h30, à partir du 12 octobre 2009. La participation au laboratoire chorégraphique sans frontière est gratuite, mais nécessite néanmoins une inscription. Le laboratoire chorégraphique sans frontière s’organise autour de quatre axes principaux qui définissent le contenu particulier des ateliers qu’il propose : Pédagogie / Recherche / Création / Improvisation. Le laboratoire chorégraphique sans frontière en suivant ces quatre axes propose de fournir à ses participants une pratique physique hebdomadaire tout au long de l’année dans un contexte qui insiste sur l’interdisciplinarité. Il s’agit d’établir un cadre de pratique qui puisse être bénéfique aussi bien à des danseurs qu’à des musiciens, des circassiens, des plasticiens ou bien même des écrivains, des scientifiques, et des enseignants, intéressés par une réflexion commune sur le corps par le corps. Ce laboratoire chorégraphique a pour fonction d’impliquer le public qui y participe, au cœur de la réflexion sur la création qui mobilise les créateurs et articule leur discours artistique. Il est aussi question de comprendre les implications pédagogiques d’un contexte qui privilégie recherche et création. Si ce laboratoire est qualifié de sans frontière, c’est qu’il correspond à la volonté de Malandain Ballet Biarritz de répondre aux besoins particuliers de son activité régulière sur le plan transfrontalier. Le laboratoire chorégraphique sans frontière propose donc d’aller au-delà des frontières géographiques, mais aussi générationnelles et artistiques, pour permettre des rencontres informelles mais constructives entre, des créateurs, et un public averti, qui réclame une activité artistique et culturelle qui aille au-delà du simple spectacle et de l’atelier ponctuel ■


Rosita Mauri • photo Reutlinger

S Rosita Mauri Les étagères des bibliothèques ne disent pas si Rosita Mauri vint danser à Biarritz. En revanche, grâce à une publication de l’Association des Amis du Vieux Salies, nous savons qu’elle profitait régulièrement des eaux de Salies-de-Béarn, ville située à une soixantaine de kilomètres de la Côte basque. Nous remercions donc Hélène Saule-Sorbé, Nahalie Lecomte et Jean Labarthe de nous avoir permis d’accéder à leurs sources.

i dès les débuts de l’humanité, l’eau fut partout utilisée pour ses bienfaits, en France, c’est Henri IV, qui édicta en 1604 la première charte des eaux minérales. Quatre siècles plus tard, en 1823, l’Académie de médecine décida d’un nouveau règlement, complété en 1860 d’un décret visant à encadrer la pratique thermale. Car, portées par le goût impérial pour les villes d’eaux et l’avènement du chemin de fer, les stations thermales se multiplient. Non loin de Biarritz, lui faisant parfois ombrage, parce que fréquentées par la même clientèle, vont se développer les stations de Cambo-les-Bains, Eaux-Bonnes, Laruns et Salies-de-Béarn. C’est à Salies-de-Béarn où l’eau huit fois plus salée que l’océan est exploitée depuis plus de 3500 ans, que le 28 janvier 1891 mourut le docteur Pierre Foix. Originaire de Cassaber, commune distante de quelques kilomètres de la « citée du sel », il avait exercé plusieurs années à Paris, avant de revenir au pays. Ayant parmi sa clientèle un certain nombre de célébrités, il leur recommandait bien évidemment les vertus thérapeutiques des eaux de Saliesde-Béarn. C’est ainsi que le compositeur, Camille Saint-Saëns, mais aussi Julia Subra, Désirée Lobstein et Rosita Mauri, toutes danseuses à

l’Opéra de Paris, suivront ses conseils. S’agissant de Rosita Mauri, on raconte qu’elle fit la connaissance de Pierre Foix au cours d’un dîner auquel participait également, Antonin Proust. Peintre et ami d’Édouard Manet, avant de devenir député des Deux-Sèvres, Antonin Proust fut ministre des Beaux-Arts sous Gambetta en 1881. Il était aussi l’amant de Rosita Mauri. A l’époque, elle souffrait de douleurs à un pied, et Pierre Foix dût être extrêmement convaincant, puisqu’en 1883, à la suite d’une première cure à Salies-de-Béarn, la danseuse s’y fera construire une villa et un hôtel. Née à Reuss, près de Barcelone, le 15 septembre 1856, Rosita Mauri fut formée en Espagne par le belge, Henri Dervine. Puis, sous l’influence de son père, Pedro Mauri, lui-même maître de ballet, elle vint à Paris suivre les leçons de Carolina Lassiat, connue sous le nom de Madame Dominique. En 1871, elle est engagée comme 1ère danseuse au Liceo de Barcelone, puis rejoint la Scala de Milan en 1874. Elle se produit ensuite à Hambourg, Vienne, Rome, Berlin et de nouveau à Milan où Charles Gounod la remarque. Le compositeur va alors souhaiter qu’elle figure dans Polyeucte, le nouvel opéra qu’il écrit pour le Palais Garnier. Louis Mérante, maître de ballet, donnant son accord, Olivier Halanzier, directeur de l’Opéra, se rendra à Milan pour l’engager. Le 7 octobre 1878, lorsque Rosita Mauri débute dans le ballet des païens de Polyeucte, ce fut parmi les fervents de la chorégraphie, une véritable joie. En effet, même si après Léontine Beaugrand, toujours en activité, certains regrettaient que l’école française ne fournisse plus d’étoiles, quoique Rosita Mauri ait été formée en partie à Paris, incontestablement elle incarnait la danse. Dès lors, la suprématie d’une autre ballerine du moment, l’italienne Rita Sangalli va se trouver menacée. De fait, longtemps, elles ne s’adressèrent pas la parole. C’est

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LA DANSE À BIARRITZ # 39

les années 1970, longtemps après son décès, survenu le 23 septembre 1923, en fouillant dans les combles de la villa et de l’hôtel adjacent, on retrouvera son portrait à l’encre de chine aux initiales d’Antonin Proust, et un tableau peint par Edouard Manet la représentant entourée de couronnes de fleurs ■

Rosita Mauri • photo Nadar

seulement en 1882, lors d’une reprise de La Muette de Portici où elles interprétaient deux femmes jalouses, qu’elles se réconcilièrent. Entre temps, Rosita Mauri tint hautement ses promesses. Dans Yedda par exemple, ou bien dans La Korrigane, un ballet imaginé par le poète, François Coppée qui écrira : « Mauri est divine. C’est un des plus grands événements de ma vie que d’avoir vu cette artiste extraordinaire. Elle est la danse personnifiée. » Après les Adieux de Rita Sangalli, en 1884, la «petite espagnole, aux boucles brunes, aux yeux de velours, aux lèvres rouges comme une fleur de grenadier » devint l’étoile incontestée, triomphant dans Le Cid, Les Deux Pigeons, La Farandole, La Maladetta ou encore dans l’Etoile. En 1898, à la fin de sa carrière, c’est encore vers Milan que l’Opéra se tournera pour engager cette fois, Carlotta Zambelli, qui viendra danser à Biarritz en 1901. A cette époque, Rosita Mauri occupe à l’Opéra, le poste de professeur de la classe de perfectionnement. Elle est aussi familière de la région, puisque nous le disions plus haut, elle possède, à Salies-deBéarn, une demeure, la villa Rosita et Le Grand l’Hôtel de France et d’Angleterre : « un hôtel de premier ordre à 50 mètres de l’établissement thermal » dit une réclame. Construit sous la direction successive de deux architectes, Victor Sanguinet et Edmond Ricard, il fut inauguré le 1er avril 1886, faisant apparaître son père comme propriétaire-directeur. Quant à la villa, située juste à côté, elle communique avec l’hôtel par une galerie couverte et vitrée. Rosita Mauri y recevra des célébrités du moment comme Gustave Eiffel en 1888, ainsi que plusieurs artistes de l’Opéra. Elle y séjournera plus durablement pendant la Grande Guerre tout en donnant des leçons de danse à quelques jeunes filles de bonne famille. Quant à l’Hôtel loué à un nouveau directeur depuis la mort de son père le 24 septembre 1906, Rosita Mauri s’en séparera définitivement en 1920, l’année même où elle cessa d’enseigner à l’Opéra. Dans

Polyeucte, Gounod, Mérante, 7 octobre 1878 Yedda, Métra, Mortier, Gilles, Mérante, 17 janvier 1879 La Korrigane, Widor, Coppée, Mérante, 12 janvier 1880 La Muette de Portici, Auber, Scribe, Delavigne, 28 février 1828, reprise en1882 La Farandole, Dubois, Mortier, Gilles, Mérante, 14 décembre 1883 Le Cid, Massenet, d’Ennery, Gallet, Blau, 30 novembre 1885 Les Deux pigeons, Messager, Régnier, Mérante,18 octobre 1886 La Maladetta, Vidal, Gailhard, Hansen, 24 février 1893 L’Etoile, Wormser, Aderer, de Rodaz, Hansen, 31 mai 1897


SENSIBILISATION

BIARRITZ CULTURE Saison Danse 2009-2010

Stage International de Danse de Biarritz

Vendredi 30 octobre 2009 20h30 Gare du Midi Blanca Li Le Jardin des délices

A l’occasion de la 20ème édition du Stage International de Danse de Biarritz, Dominique Cordemans, a animé du 9 au 14 août des ateliers de répertoire autour de Sextet et Boléro de Thierry Malandain. A la suitesuite de quoi, soixante stagiaires ont pu présenter des extraits de ces chorégraphies sur la scène du parvis du Casino Municipal le 14 août.

Université de Pau et des Pays de l’Adour UPPA Danse Partenaire de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour - UPPA Danse depuis 5 ans, le CCN accueille chaque année en résidence 12 lauréats sélectionnés lors du concours des Rencontres Inter-Universitaires. L’occasion de s’immerger dans l’univers chorégraphique de Thierry Malandain et de suivre un rythme professionnel.

Toulon mené par Dominique Cordemans, a permis d’aborder trois univers musicaux et chorégraphiques à travers des extraits de Bal Solitude de Thierry Malandain sur des musiques W.A Mozart, György Kurtag et des mambos de Perez Prado. Ce travail qui laissait place aussi à la créativité des étudiants a été présenté devant plus de 500 personnes lors des Scènes Ouvertes du Festival Le Temps d’Aimer, le 13 septembre. Les sélections pour la prochaine résidence chorégraphique au CCN s’effectueront lors des prochaines Rencontres Inter-universitaires UPPAdanse qui se dérouleront les 10 et 11 avril 2010.

CEFEDEM d’Aquitaine Dans le cadre du partenariat instauré avec le CEFEDEM d’Aquitaine, et au sein de la formation continue des étudiants au Diplôme d’Etat et aux métiers de la danse, Dominique Cordemans a été invitée du 18 au 25 septembre à Bordeaux et Arcachon pour transmettre à 16 étudiants en formation classique, jazz et contemporaine la chorégraphie de Boléro de Thierry Malandain. L’aboutissement de ce travail a été présenté le 25 septembre au Théâtre de la Mer d’Arcachon dans le cadre du Festival Cadences.

22 et 23 décembre 2009 20h30 Gare du Midi Malandain Ballet Biarritz Magifique-Tchaïkovski Suites Samedi 16 janvier 2010 17h Colisée Groupe Noces Du sirop dans l’eau (Jeune Public) Samedi 23 janvier 2010 20h30 Colisée L’Adret-David Rodrigo Gaël Bovio Sumbiosis Vendredi 19 février 2010 20h30 Gare du Midi Zoopsie Comédi Revue chorégraphique et musicale Vendredi 2 avril 2010 20h30 Colisée Herman Diephuis Paul est mort ? Samedi 8 mai 2010 20h30 Gare du Midi Malandain Ballet Biarritz Magifique-Tchaïkovski Suites Mercredi 12 mai 2010 20h30 Gare du Midi Grupo Corpo (Brésil)

Conservatoire Maurice Ravel Côte Basque Pour cette 5ème année, un travail de transmission et de relecture avec des étudiants des facultés de Bayonne, Anglet, Bordeaux, Caen, Toulouse et

Dans le cadre du partenariat instauré avec le Conservatoire Maurice Ravel Côte Basque, de novembre à décembre prochain, Dominique Cordemans animera à Biarritz un parcours culturel et chorégraphique touchant les élèves des cycles spécialisés et cycles 3 de cet établissement. Une présentation publique du travail se déroulera au Conservatoire le 1er décembre à 19h00.

Renseignements Biarritz Culture Tél. 05 59 22 20 21 www.biarritz-culture.com Réservations Office de Tourisme de Biarritz Tél. 05 59 22 44 66 et points de vente habituels


Blé Noir à Europa Danse Chorégraphie de Thierry Malandain, transmise par Patrice Delay, Blé Noir entre au répertoire d’Europa Danse dans un programme intitulé : « Drôle de danse » qui réunira des œuvres d’Alwin Nikolaïs, Alexander Ekman, Blanca Li, Carlos Chamorro, Mats Ek, Marcia Barcellos, Karl Biscuit et Nils Christe.

Partenariat Colloque International de Biarritz/Malandain Ballet Biarritz Cette année encore le Malandain Ballet Biarritz sera partenaire du 4ème Colloque International de Biarritz ayant pour thème « Les Interculturalités » et qui se déroulera du 18 au 20 novembre 2009 au Théâtre du Versant. La Compagnie de Caroline Fabre et Norbert Sènou de Bordeaux sera accueillie à Biarritz dans le cadre de ce colloque, et présentera son travail avec les danseurs du Bénin avec qui elle travaille depuis de nombreuses années. Une répétition publique sera organisée le 19 novembre à 19 heures dans les locaux du CCN présentant la pièce « Egble Makou » actuellement en tournée en Europe. Le lendemain 20 novembre, la dernière création du Théâtre du Versant « Diaspora Bidaian » sera donnée en première, à la Scène Nationale de Bayonne.

Centenaire des Ballets russes A l’occasion du centenaire des Ballets russes, les Ballets de MonteCarlo dirigés par Jean-Christophe Maillot rendent hommage à l’œuvre de Serge Diaghilev. Dans ce cadre du 9 au 20 décembre prochain, 25 chorégraphes, 250 danseurs seront réunis à Monaco. L’Après-midi d’un faune, dans la chorégraphie de Thierry Malandain et l’interprétation de Christophe Roméro, sera ainsi présenté les 11 et 12 décembre.

[Re]connaissance 09 Concours de Danse Contemporaine

Avant cela, le 23 octobre Véronique Aniorte, Giuseppe Chiavaro, Silvia Magalhaes, Magali Praud, Christophe Romero et Nathalie Verspecht seront à Moscou pour danser L’Après-midi d’un faune, Le Spectre de la rose et La Mort du cygne lors d’une soirée célébrant Michel Larionov, peintre des Ballets russes.

Sur une idée de La Maison de la Danse de Lyon et du Pacifique-CDC de Grenoble, 12 partenaires se sont associés pour contribuer au repérage de nouveaux talents. Chaque partenaire ayant proposé une compagnie de son choix, à l’issue d’un concours se déroulant les 27 et 28 novembre à l’Hexagone de Meylan, un jury constitué de personnalités du monde de la danse remettra les deux premiers prix, tandis que le 3e prix sera attribué par le public. Les trois compagnies primées seront ensuite accueillies par les lieux partenaires durant la saison 2010/2011. Affiliés à ce projet, le Malandain Ballet Biarritz et Biarritz Culture, présenteront cette soirée partagée en septembre 2010 lors de la 20ème édition du Temps d’Aimer.

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www.reconnaissance-danse.fr

Nouveau venu Thomas Gallus

Répétitions publiques

Né à Antibes, Thomas Gallus étudie la danse au Conservatoire de Nice auprès de Janine Monin, puis à l’Ecole Nationale Supérieure de Marseille avec Raymond Franchetti, Dominique Khalfouni et Michael Denard. Il débute sa carrière au Ballet de Bordeaux en 1998, puis est engagé au Ballet de l’Opéra de Paris en 2000. Quatre ans plus tard, il intègre le Ballet de la Scala de Milan. En 2008, il rejoint au Canada, l’Alberta Ballet comme danseur principal.

Le 1er décembre 2009 Malandain Ballet Biarritz et parcours culturel et chorégraphique du Conservatoire de Biarritz au Conservatoire à 19h.

Christophe Roméro dans l’après-midi d’un Faune • photo Olivier Houeix

EN BREF

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Le 8 décembre 2009 Malandain Ballet Biarritz au studio de la Gare du Midi à 19h. Entrée libre sur réservation au 05 59 24 67 19

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CALENDRIER

OCTOBRE > DÉCEMBRE 2009

Représentations en France 16/10

Oloron Sainte-Marie

Carmen, L’Amour sorcier

08/11

Sablé sur Sarthe

Carmen, L’Amour sorcier

10/11

Coignières

Carmen, L’Amour sorcier

12/11

Tarbes

Carmen, L’Amour sorcier

20/11

Villeneuve-sur-Lot

La Mort du cygne, Ballet Mécanique (Jeune public)

20/11

Villeneuve-sur-Lot

Mozart à 2, La Mort du cygne, Ballet Mécanique

16/12

Quimper

Magifique-Tchaïkovski Suites (Jeune public + Tout public)

17/12

Quimper

Magifique-Tchaïkovski Suites (2 Jeune public )

18/12

Quimper

Magifique-Tchaïkovski Suites (Jeune public + Tout public)

19/12

Quimper

Magifique-Tchaïkovski Suites (2 Tout public)

22/12

Biarritz

Magifique-Tchaïkovski Suites

23/12

Biarritz

Magifique-Tchaïkovski Suites

30/12

Saint-Etienne

Magifique-Tchaïkovski Suites

31/12

Saint-Etienne

Magifique-Tchaïkovski Suites

centre chorégraphique national d’aquitaine en pyrénées atlantiques

Gare du Midi 23, avenue Foch F-64200 Biarritz Tél. : +33 5 59 24 67 19 Fax : +33 5 59 24 75 40 ccn@malandainballet.com Président Pierre Durand Vice-Président Pierre Moutarde Trésorier Marc Janet Directeur / Chorégraphe Thierry Malandain Directeur délégué Yves Kordian Maîtres de ballet Richard Coudray, Françoise Dubuc Artistes chorégraphiques Ione Miren Aguirre, Véronique Aniorte, Giuseppe Chiavaro, Frederik Deberdt, Cédric Godefroid, Thomas Gallus, Aureline Guillot, Mikel Irurzun del Castillo, Miyuki Kanei, Fabio Lopes, Silvia Magalhaes, Arnaud Mahouy, Audrey Perrot, Magali Praud, Thibault Taniou, Nathalie Verspecht, Daniel Vizcayo Professeur invité Angélito Lozano Pianistes Alberto Ribera, Miyuki Brickle, Corinne Vautrin Sensibilisation des publics et transmission du répertoire Dominique Cordemans Formation et accueil studio Gaël Domenger Comptabilité, mécénat Rhania Lacorre Communication Sabine Lamburu Accueil, logistique, diffusion, secrétariat technique Lise Philippon Secrétariat-comptabilité Arantxa Lagnet, Annaële Chilewicz Directeur de production / Concepteur lumière Jean-Claude Asquié

Le sang des étoiles • photo Olivier Houeix

Régisseur général Oswald Roose Régie lumière Frédéric Eujol, Christian Grossard Régie plateau Chloé Bréneur Régie son Jacques Vicassiau Régie plateau son Gilles Urrutia Régie costumes Karine Prins Construction décors & accessoires Alain Cazaux Chauffeur Thierry Renault Agents d’entretien Ghita Balouck, Sabrina Guadagnino Attaché de presse Yves Mousset / MY Communications Consultant en communication Frédéric Néry / Yocom Projet transfrontalier / Fonds européen Interreg IV A

Représentations à l’étranger 01/10

Equateur / Quito

Le Sang des étoiles

02/10

Equateur / Quito

Le Sang des étoiles

23/10

Russie / Moscou

Le Spectre de la rose, la Mort du cygne, l’après-midi d’un Faune

12/12

San Sebastian

Magifique-Tchaïkovski suites

13/12

San Sebastian

Magifique-Tchaïkovski suites

Malandain Ballet Biarritz Yves Kordian, directeur délégué Rhania Lacorre, suivi financier Sabine Lamburu, communication Arantxa Lagnet, relations partenaire, traduction basque Teatro Victoria Eugenia Atton Azpitarte, co-directeur Norka Chiapuso, responsable artistique du projet Cristina Olaizola, coordination et communication

Numéro

Directeur de la publication Thierry Malandain Conception & réalisation graphique Frédéric Néry Imprimeur SAI (Biarritz) ISSN 1293-6693 - juillet 2002

www.malandainballet.com

Coordination ACG Productions


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