JOURNAL D’INFORMATION DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL DE NOUVELLE-AQUITAINE EN PYRÉNÉES-ATLANTIQUES MALANDAIN BALLET BIARRITZ
JUILLET > SEPTEMBRE 2018
ÉDITO PAGE 2
ACTUALITÉ PAGE 6
ACTIVITÉ PAGE 8
DANSE À BIARRITZ #74 PAGE 10
SENSIBILISATION PAGE 22
LE LABO PAGE 23
FESTIVAL PAGE 24
EN BREF PAGE 26
CALENDRIER PAGE 28
Patricia Velazquez, Rêverie Romantique © Olivier Houeix + Yocom
ÉDITO
« Qui prend le passé pour racine, a pour feuillage l'avenir ».
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Le 25 juillet 1843, à l’occasion d’un voyage, qui le mena de Bordeaux en Espagne, Victor Hugo écrira également : « Je ne sache pas d’endroit plus charmant et plus magnifique que Biarritz. […] Je n'ai qu'une peur, c'est qu'il ne devienne à la mode. Déjà on y vient de Madrid, bientôt on y viendra de Paris. [...] Alors, ce village si agreste, si rustique et si honnête encore, sera pris du mauvais appétit de l’argent. […] Il y aura cabinet de lecture et théâtre. On jouera le mélodrame et la tragédie. Le soir on ira au concert, car il y aura concert tous les soirs. […] Les villes que baigne la mer devraient conserver précieusement la physionomie que leur situation leur donne. […] Quand on a l'océan ; à quoi bon copier Paris ? ». (2) Hugo qui, dans les Rayons et les ombres (1840), accordait au poète la mission d’éclairer l’avenir eut assurément à Biarritz une intuition admirable, puisqu’après l’instauration du Second Empire, « le hameau de pêcheurs, plein de mœurs antiques et naïves », devint ville impériale, villégiature des têtes couronnées et d’une foule cosmopolite et panachée amenée par les trains de plaisir. Mais dans sa tâche de guider l’humanité vers la lumière, Hugo ayant beau être fin, après avoir soutenu la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte à l'élection présidentielle de 1848, il fut loin d’imaginer que celui qu’il allait ériger en tyran à la suite de son coup d’Etat de 1851, mettrait Biarritz à la mode. De là, pour les privilégiés de la fortune, les cabinets de lecture, le théâtre, les concerts. Mais aussi les fêtes de charité afin de pas oublier les humbles et les déshérités de la vie. Entendez, « les classes souffrantes » qu’il faut tourner, « vers le beau, le juste et le vrai, le désintéressé et le grand » (3) dira Hugo à la Chambre.
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Victor Hugo, photo Pierre Petit
Concevant l’engagement politique comme un prolongement à la création artistique, pair de France sous Louis-Philippe, Hugo fut élu à la Constituante et à la Législative de 1848 à 1851. Avant de se découvrir républicain, dans un contexte de rigueur, il s’activera en 1848 au sein du Parti de l’Ordre à défendre une politique visant à « faire pénétrer de toutes parts la lumière dans l'esprit du peuple ». Elle convaincra Jean Vilar : « Je voudrais écrire sur le fronton de mon Théâtre Populaire non pas : Vive Molière ou Shakespeare, mais : Vive Victor Hugo » (4) et reste d’une brûlante actualité. On ignore toutefois si l’honorable auteur des Burgraves (1843) qui en parfait « bobo parigot » s’était exclamé face à l’océan : « Oh comme c’est beau ! » comptait allouer aux indigènes biarrots les équipements culturels refusés cinq ans plus tôt. « Personne plus que moi, messieurs, n'est pénétré de l'urgente nécessité d'alléger le budget ; seulement, à mon avis, le remède à l'embarras de nos finances n'est pas dans quelques économies chétives et contestables ; ce remède serait, selon moi, plus haut et ailleurs ; il serait dans une politique intelligente et rassurante, qui donnerait confiance à la France. […] Il faudrait multiplier les écoles, les chaires, les bibliothèques, les musées, les théâtres, les librairies ; il faudrait multiplier les maisons d'études pour les enfants, les maisons de lecture pour les hommes, tous les établissements […] où l'on apprend quelque chose, où l'on devient meilleur. […] L'époque où vous êtes est une époque riche et féconde ; ce ne sont pas, les intelligences qui manquent, ce ne sont pas les talents, ce ne sont pas les grandes aptitudes ; ce qui manque, c'est l'impulsion sympathique, c'est l'encouragement enthousiaste d'un grand gouvernement. […] Je ne dirai plus qu'un mot aux honorables auteurs du rapport. Vous êtes tombés dans une méprise regrettable ; vous avez cru faire une économie d'argent, c'est une économie de gloire que vous faites. Je la repousse pour la dignité de la France, je la repousse pour l'honneur de la République ». « Il faudrait multiplier le pain de l'esprit » plaidera encore Hugo. S’appuyant sur l’exemple des apôtres chargés par le Christ d’évangéliser le monde, la question de la décentralisation des lettres et des arts surgit alors de toutes parts. Seulement, accompagnés d’une prétention de supériorité, ces bienfaits prodigués par la capitale sont parfois soumis aux critiques régionales : « Province, prouve à ceux qui règlent tes mouvements aux leurs que chaque région a ses fruits et ses fleurs » (5) écrira Adrien Péladan. On pourrait citer le cas de Bordeaux,
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ÉDITO
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alors réputée pour « la magnificence de son théâtre comme monument et l'excellence de son ballet ». Quant au Pays basque et ses traditions millénaires - « la langue basque est une patrie » (6) dira Hugo après avoir acquis une grammaire - malgré « ses larges dunes, son sable fin », Biarritz n’était pas un désert culturel. En effet, des véhicules de toutes sortes mettaient le Théâtre de Bayonne à moins d'une demi-heure. Au reste, en 1811, avant de rejoindre son père qui faisait en Espagne son métier de soldat, dans la loge louée par sa mère, le jeune Hugo y vit cinq fois de suite : les Ruines de Babylone (1810) mélodrame à grand spectacle, de Guilbert de Pixerécourt, musique de Gérardin-Lacour « avec de charmants ballets dessinés » par Jean-Baptiste Hullin. La sixième fois, il s’endormit. C’est au son de Partant pour la Syrie, l'hymne officiel sous Napoléon III que Biarritz s’éveilla à l’intérêt des arts. D’abord à l’initiative de l’espagnol, Benito Raimundo de Montfort et de son fils, qui à la suite d’Isaac Strauss, chef d'orchestre des bals de l'Opéra, dont le projet fut enfoncé par la municipalité, édifia le Casino Bellevue face à la Villa Eugénie. Ouvert le 1er août 1858 à une « clientèle distinguée et choisie, son « bijou de théâtre » ne sera inauguré que plus tard en raison d’une question de « privilège » agitée par le directeur de Pau. Rappelons que pour favoriser les théâtres officiels à commencer par l’Opéra de Paris, qui depuis la liberté des théâtres décrétée en 1791, avait perdu le tribut versé par les autres salles, tandis que son puissant chef de la danse, Pierre Gardel, se plaignait de la concurrence de ses collègues : « Sire, daignez nous pardonner la liberté que nous prenons de déposer aux pieds de votre Auguste Majesté nos très humbles représentations sur ce qui se passe en ce moment ... » (7). Par une série de décrets (1806-1807), Napoléon 1er avait réhabilité le « privilège » nécessaire pour diriger un théâtre. Ce qui en limitera le genre et le nombre : quatre subventionnés et quatre privés à Paris, deux dans les grandes villes de province sans compter les troupes ambulantes autorisées qui devront rendre compte de leurs activités aux préfets. « L'Opéra redevint ainsi ce qu'il était avant la Révolution, c'est-à-dire le suzerain tout-puissant des scènes secondaires, réduites à l'état de vassaux ; il eut droit à un prélèvement sur leurs bénéfices ; les concerts furent frappés d'un impôt à son profit ; les guinguettes elles-mêmes n'en furent pas exemptes » (8). On l’arrêta tout de même dans ses prétentions, lorsqu’il voulut prélever un impôt sur les messes en musique. « Les pieds n’ayant pas d’accent », nombre de chorégraphes se sauveront à l’étranger ou en province, tandis que les vrais parisiens, qu’on ne transplante pas, ouvriront des cours de danse et de maintien.
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Le préfet des Basses-Pyrénées ayant délivré le précieux sésame, le théâtre du Casino Bellevue ouvrit le 11 septembre 1858 avec le concours du Grand-Théâtre de Bordeaux. Le spectacle se composait d’un opéra-comique et du ballet de la Fille mal gardée (1789). « Leurs Majestés n'ont assisté à aucune des représentations » (9) lit-on. Après 1864 et la proclamation de « la liberté des théâtres », qui libéra à nouveau de tout, sauf de la censure en vigueur jusqu’en 1906, apparaitront à Biarritz des cafés concerts, des établissements de danse, auxquels s’ajouteront plus tard des salles de music-hall et de cinéma. Mais après l’incendie qui se manifesta le 17 octobre 1886, le Casino Bellevue ayant ré-ouvert le 20 juillet 1887 sans théâtre digne de ce nom, Biarritz n’avait plus que « 250 mauvaises chaises » à offrir à ses hôtes. « Nous savons bien ce que va nous répondre la municipalité, note Ernest Seitz en 1894. La clientèle de Biarritz ne va pas au spectacle, on danse à Biarritz, on n’y recherche pas les plaisirs d’une représentation dramatique ou lyrique » (10). Cependant, après divers contretemps et un dernier coup de pinceau, le 10 août 1901, le Grand Casino Municipal, dit « l’OpéraComique Paris-Biarritz » ouvrit ses portes au public. La fête d’inauguration aura lieu le 17 août avec des artistes de l’Opéra et le ballet la Muse de Biarritz en apothéose. « Je veux pour le théâtre deux libertés qui sont toutes deux dans l’air de ce siècle : liberté d’industrie, liberté de pensée ». En sommeil depuis 1849, le décret sur la « liberté des théâtres » de 1864, pour lequel Hugo avait été auditionné par le Conseil d’Etat, constitua une décision majeure pour l’évolution des arts de la scène. Favorisant « la multiplication des lieux dévolus à la danse (tant à Paris qu’en province) et la diversification des formes de spectacles » (11), à l’encontre d’une idée reçue voulant que la danse ait été en France exclusivement « créée, écrite et dirigée » par des « mâles blancs », avant l’arrivée de « super women » dotées de supers pouvoirs d’émancipation et de modernité, telles Isadora Duncan ou Loïe Fuller, ce décret libérateur eut pour effet de porter au-devant de la scène des femmes chorégraphes d’une grande ingéniosité : « les spectacles les plus séduisants et les plus inédits que la danse ait donnés ces récentes années, sont dus à des maîtresses de ballet » (12) note Gustave Kahn en 1907. « Qui écrit l’histoire ? et pourquoi ? » est un vaste sujet, en attendant rayées des tablettes officielles au même titre que leurs collègues masculins, l’on soulignera seulement que durant un demi-siècle, de 1879 à 1930, l’Opéra-Comique ne recourut qu’à des femmes pour régler les ballets de la seconde Académie nationale de musique (13). « L’Opéra-Comique Paris-Biarritz » fera appel à plusieurs d’entre elles, à l’instar de Louise Virard évoquée dans ce Numéro ou bien de Mariquita, algérienne d’origine que Joseph Uzanne, croyant à l’efficacité d’une publicité originale baptisa : « la Terpsichore africaine » (14).
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ÉDITO
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« Tout mon théâtre tend à la dignification de la femme » (15). Élevant aussi en dignité le théâtre populaire, Hugo aurait doublement chéri Louise Gannel. Vers 1890, elle fonda à Oloron-Sainte-Marie, berceau historique du béret, un théâtre ambulant qui après avoir longtemps sillonné la France, les terres d’Aquitaine et la côte en saison, se fixa à Biarritz, avenue Floquet. Drames, comédies, opérettes, revues locales sont alors appréciés « d’un public nombreux d'étrangers aux toilettes claires et élégantes » et de « la population travailleuse » : « Le Théâtre Gannel ne désemplit pas ; tant mieux, ne vaut-il pas mieux, en effet, passer son temps à écouter quelque œuvre du répertoire que de le passer à fêter Saint-Alcool ? » (16) note la Gazette de Biarritz en 1905.
« Je voudrais le théâtre grand pour l’idée, je voudrais la salle vaste pour la foule ». « Je voudrais le théâtre grand pour l’idée, je voudrais la salle vaste pour la foule ». Plutôt que de subir la pioche des démolisseurs : « la destruction d'un édifice historique et monumental ne doit pas être permise à d'ignobles spéculateurs que leur intérêt imbécile aveugle » (17) dixit Hugo, c’est en théâtre de 1400 places que la Gare du Midi se métamorphosa en 1991. Avec son air de majesté qui convenait à la réception d’altesses du monde entier, la gare de Biarritz-Ville avait été mise en service le 22 février 1911. Déclassée le 3 septembre 1981, au terme de longues palabres, elle ouvrira ses portes à la contemplation des œuvres de l’esprit humain, le 1er septembre 1991 sous l’égide du Temps d’Aimer. « Aimer, c’est agir » avait écrit Hugo l’avant-veille de sa mort. Les mots ont parfois un destin, puisque le 5 septembre 1998, « la plus belle, la plus artistique surtout des gares de France » (18) accueillera le Centre Chorégraphique National de Biarritz. Septembre 1998 - septembre 2018 : vingt-ans à danser avec entrain comme « ces paysans avec leurs costumes pittoresques, chemises blanches, ceintures rouges […] beaux, nobles, gracieux, presque antiques. Les enfants dansent aussi ; marmots de deux ans qui chaloupent de façon à effaroucher des sergents de ville parisiens » (19) écrira enfin Hugo, qui avait décidément un mot pour chaque chose, pour chaque vœu à exaucer, pour chaque miracle à accomplir malgré la vie duraille.
n Thierry Malandain, juin 2018
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Victor Hugo, photo Atelier Nadar, BnF Gallica
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Les Rayons et les ombres, 1840
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Pyrénées, 25 juillet 1843
Question des encouragements aux lettres et aux arts, 10 novembre 1948
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(4)
Paris-Presse, 1er novembre 1955
La France littéraire, artistique, scientifique, 21 mai 1859
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(6)
Pyrénées, 2 août 1843
Rapport présenté à Sa Majesté l’Empereur, 5 avril 1805 (7)
(8) La Liberté des théâtres, Adolphe Guillot, 1864, p. 355 (9)
Le Train de plaisir, 8 septembre 1858
(10)
La Gazette de Biarritz, 17 août 1894
Ecrire pour la danse, Hélène Laplace-Claverie, 2001, p.68 (11)
(12)
Gil Blas, 1er août 1907
Louise Marquet, Berthe Bernay, Mariquita, Louise Stichel, Jeanne Chasles, Louise Virard
(13)
(14) Figures contemporaines, Album Mariani 1897, volume III (15)
Le Rappel, 13 novembre 1871
(16)
La Gazette de Biarritz, 17 novembre 1905
(17)
Revue des deux mondes, 1er mars 1832
(18)
La Gazette de Biarritz, 25 février 1911
(19)
Pyrénées, 2 août 1843
ACTUALITÉ
© Yohan Terraza
2ème édition du Concours de jeunes chorégraphes classiques et néoclassiques à Bordeaux
Dans le cadre du Pôle de coopération chorégraphique du Grand SudOuest soutenu par le Ministère de la Culture et de la Communication, la finale de la 2ème édition du Concours de jeunes chorégraphes classiques et néoclassiques porté par le Malandain Ballet Biarritz, le Ballet de l’Opéra national de Bordeaux et le CCN-Ballet de l’Opéra national du Rhin, s’est déroulée le 27 mai, en partenariat avec le Groupe Caisse des Dépôts, au Grand Théâtre de Bordeaux.
Six candidats finalistes se sont succédés sur scène : Craig Davidson (Allemagne) avec Moments Within ; Julien Guérin (France) avec les Labilités amoureuses ; Marioenrico D’Angelo (Allemagne) avec AO Redor ; Ludmila Komkova (Allemagne) avec No One ; Robert Bondara (Pologne) avec Persona ; Mattia Russo & Antonio De Rosa (Espagne) avec Somiglianza. Le jury était composé de : Ingrid Lorentzen, directrice du Ballet national de Norvège ; Elke Schepers, du Nederlands Dans Theater, assistante de Jirí Kylián; Bruno Bouché, directeur artistique du CCN-Ballet de l’Opéra national du Rhin ; Thierry Malandain, chorégraphedirecteur du CCN-Malandain Ballet Biarritz ; Eric Quilleré, directeur de la danse à l’Opéra national de Bordeaux. Jean-Christophe Maillot, chorégraphedirecteur des Ballets de Monte-Carlo, ne put être présent en raison d’un vol retardé, puis annulé.
Les lauréats 1er Prix Ludmila Komkova qui créera une chorégraphie pour le Ballet de l’Opéra national de Bordeaux. 1er Prix Mattia Rosso & Antonio De Rosa qui créeront une chorégraphie pour le CCN-Ballet de l’Opéra national du Rhin. Prix de Biarritz / Groupe Caisse des Dépôts Robert Bondara Prix des professionnels (attribué par des journalistes et directeurs de structures professionnelles du secteur de la danse) Ludmila Komkova Prix du public Julien Guérin
www.concours-de-jeunes-choregraphes.com
Les Estivales
Dans le cadre de la 4ème édition des Estivales, le Malandain Ballet Biarritz propose cinq représentations de Noé : les 31 juillet et 1er août à 20h au Victoria Eugenia Anztokia de Donostia/San Sebastián et les 8, 9 et 10 août à 21h à la Gare du Midi de Biarritz. Couronné du « Prix de la meilleure compagnie » en 2017 par l’Association Professionnelle de la Critique de Théâtre, de Musique et de Danse, Noé a également été nominé à Moscou aux Benois de la danse en 2018.
« À travers le mythe du Déluge, commun à diverses traditions, la figure réjouissante de Noé incarne une sorte de rupture dans l’histoire de l’humanité. Résumant le passé et préparant l'avenir, elle symbolise la naissance d’un nouveau monde, meilleur que le précédent. Une seconde Création gommant la première altérée par le mal et la défaillance des hommes. Par conséquent, un nouvel Adam, non pas tiré de la terre, mais tiré de l’eau, qui dans la Genèse intervient d’abord comme un élément mortel avant d’être symbole de vie, puisqu’au sortir de l’Arche, à la fois matrice et berceau, Noé et les siens vont repeupler le Monde. »
n Thierry Malandain
Noé © Olivier Houeix
Noé à San Sebastián et Biarritz
ACTUALITÉ
Billetterie Gare du Midi - Biarritz Tarifs de 12€ à 36€ www.malandainballet.com www.biarritz-culture.com Office de Tourisme de Biarritz Tél. 05 59 22 44 66 www.tourisme.biarritz.fr Office de Tourisme de Bayonne, Anglet et Saint-Jean-de-Luz Victoria Eugenia Antzokia Donostia / San Sebastián +34 943 48 18 18 donostiakultura.eus/sarrerak
musique Gioachino Rossini (Messa di Gloria) chorégraphie Thierry Malandain décor et costumes Jorge Gallardo conception lumière Francis Mannaert réalisation costumes Véronique Murat réalisation décor Frédéric Vadé coproduction Théâtre National de la Danse de Chaillot, Opéra de Saint-Etienne, Victoria Eugenia Antzokia de Donostia / San Sebastián Ballet T, Donostia / San Sebastián 2016, CCN Malandain Ballet Biarritz. Partenaires Opéra de Reims, Pôle Culturel du Marsan.
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Tournées En dehors des Estivales et des congés réglementaires, l’activité du Malandain Ballet Biarritz se concentrera ce trimestre sur les répétitions de la prochaine création : Marie-Antoinette. La Com-pagnie participera toutefois, le 15 septembre au Festival le Temps d’Aimer, où pour les 20 ans du CCN, les danseurs proposeront 20 miniatures comme autant de bougies disséminées dans Biarritz et un bal animé par Arnaud Mahouy.
Boléro © Olivier Houeix
Le 21 septembre, Rêverie romantique de Thierry Malandain et Sirènes de Martin Harriague, coproduits par le Théâtre Olympia, scène conventionnée d’Arcachon seront donnés à Arcachon dans le cadre du Festival Cadences. Tout comme une Dernière chanson au Théâtre de la Mer, le 22 septembre. Le 26 septembre, la Compagnie sera de retour au Théâtre de l’Atrium de Dax avec une Dernière chanson, Nocturnes et Estro. Enfin, le 29 septembre, elle présentera Noé en Allemagne au Theater Bonn.
par Frederik Deberdt et Corps de soi (John Tavener /Gilles Schamber) interprété par Gilles Schamber, Boléro et ce duo de Mozart à 2 seront donnés à La Havane, les 28, 29 et 30 juin à La Fabrica del Arte Cubano.
Rendez-vous sur le quai de la Gare #7 Pour la seconde année consécutive le Malandain Ballet Biarritz s’est associé à Surfrider Foundation Europe pour mettre à l’honneur la protection de l’océan lors de la 7ème édition de son Rendez-vous sur le quai de la Gare. Avec les représentations scolaires de Sirènes de Martin Harriague organisées par Biarritz Culture, près de 4.000 spectateurs sont venus découvrir : Estro, Rêverie Romantique, Sirènes et ont participé au parcours « Art et Environnement » proposé autour de Sirènes qui aborde l’impact de l’action humaine sur la pollution des océans : ateliers Voulez-vous danser avec nous ? conduits par Aureline Guillot ; parcours pédagogique pour deux classes des écoles Urdazuri de Saint-Jean-de-Luz et de Biriatou ; conférence animée par Martin Harriague, chorégraphe, Claire Baudet, 1ère sirène professionnelle de France et Philippe Maison, manager environnemental à Surfrider Foundation Europe ; Atelier trousse de toilette 0 déchet animé par Surfrider Foundation Europe ; classe publique des danseurs du Malandain Ballet Biarritz…
© Olivier Houeix
ACTIVITÉ
Le Ballet T renforcé par la signature d’un avenant à la convention 2015 - 2020 Le 6 avril dernier, lors des premières représentations de Sirènes de Martin Harriague et de Rêverie Romantique de Thierry Malandain à Donostia / San Sebastián, le Victoria Eugenia Antzokia représenté par son directeur Jaime Otamendi et le Malandain Ballet Biarritz représenté par son Président Michel Laborde et son chorégraphe Thierry Malandain ont signé un avenant à la convention qui les unit depuis 2015. Miren Azkarate, seconde adjointe au Maire de Donostia / San Sebastián et Jocelyne Castaignède, seconde adjointe à la Culture à la Ville de Biarritz sont également signataires de cet avenant, visant à consolider les liens entre le Victoria Eugenia Antzokia et le Malandain Ballet Biarritz afin de convertir ce dernier en véritable ambassadeur de Donostia / San Sebastián et du Gipuzkoa. Le renforcement des actions menées envers les publics sera l’axe de travail majeur pour les années à venir. En octobre prochain, un nouvel évènement dénommé « El día del Ballet T » sera créé à Donostia / San Sebastián pour rapprocher tous les publics de la danse.
En réponse à un appel à projet lancé par l’Institut Français et la Région Nouvelle-Aquitaine, le Malandain Ballet Biarritz a bénéficié d’un soutien pour : « Cuba, Pays de danse – Transmission du répertoire Malandain ». Ainsi, du 18 juin au 1er juillet, Frederik Deberdt, danseur au Malandain Ballet Biarritz et Gilles Schamber, chorégraphe de la Compagnie Gilschamber (Accueil Studio 2017), seront à Cuba pour remonter avec les élèves de l’Ecole nationale de Ballet de La Havane : Boléro (Ravel/Malandain) et un duo de Mozart à 2 (Mozart /Malandain). Avec Silhouette (Beethoven /Malandain) dansé
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© Olivier Houeix
Boléro et Mozart à 2 à Cuba
Lucia You Gonzalez et Mickaël Conte, Sirènes © Olivier Houeix
LA DANSE À BIARRITZ # 74
Louise Virard
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ontrairement à une idée reçue, les femmes chorégraphes ne furent pas absentes de la scène française. Dès la fin du XIXème, « partout, à l'est, à l'ouest, au nord, au sud, au printemps, à l'été, en hiver, on danse ! » (1) et déployant une ingéniosité aussi variée que leurs collègues masculins, de nombreuses maîtresses de ballet font l’actualité : « Les spectacles les plus séduisants et les plus inédits que la danse ait donnés ces récentes années, sont dus à des maîtresses de ballet » (2) écrit Gustave Kahn en 1907 et l’on rappellera que durant un demi-siècle, de 1879 à 1930, l’Opéra-Comique ne recourut qu’à des femmes pour régler les divertissements et les ballets de la seconde Académie nationale de musique. Ainsi, après Louise Marquet, Berthe Bernay, Mariquita, Louise Stichel et Jeanne Chasles, Louise Virard fit-elle partie de ces maîtresses de ballets laissées dans l’obscurité.
Louise Virard, 1931
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Fille de Jean Baptiste Isidore Virard, 43 ans, garçon de magasin né à Chagny (Ardennes) et de Jeanne Gaudry, 39 ans, laitière, native de Sainte-Colombe (Nièvre), Louise Virard vit le jour le 23 juillet 1882 à Paris, 48 rue de Montmorency. Entendez, dans le vieux quartier du Marais, alors abandonné à « cette société de petites gens qui gagnent durement leur vie, heureux encore quand ils la gagnent » (3) dira Alphonse Daudet. Suivant les recherches généalogiques menées par Anne Londaitz, ses parents s’étaient unis à Paris en 1867 et n’auront que deux enfants : Ernest, né le 7 avril 1880, décédé le 8 octobre de la même année, et Louise dont on ignore tout de l’enfance. Ayant toujours vécu à l'écart de la réclame, on ne sait rien non plus de sa formation, ni de ses premiers pas dans la carrière. Mais d’après une note publiée en 1931 : « Cette talentueuse danseuse fit ses débuts au Châtelet et entra au Casino de Paris comme sujet. Engagée ensuite à l’Olympia, puis aux Folies-Bergère et à l’Apollo, elle commença à régler, comme maîtresse de ballet au Casino Municipal de Paris » (4). Des informations invérifiables, puisque son nom n’apparait pour ainsi dire jamais dans la presse. On ajoutera toutefois, qu’elle entra comme 2ème danseuse au Grand-Théâtre de Nantes sous la direction de Marguerite Nercy en 1904-05. Puis comme coryphée la saison suivante au Grand-Théâtre de Reims sous l’aile de Mme Berthelier. Passa-t-elle par la salle Favart ? Cela n’est renseigné nulle part, mais bien avant d’y faire autorité on la dira de l'Opéra-Comique.
Il faut sinon attendre 1912 pour la retrouver au Trianon-Lyrique. Regardé comme la 3ème scène lyrique de la capitale, ce théâtre était régi depuis 1906 par Félix Lagrange, directeur de scène du Casino de Biarritz en 1901. Tenant les premiers rôles dans les divertissements réglés par Adèle Pâris ou Berthe Etrel, Louise y débuta, le 21 septembre 1912 avec les Mousquetaires au couvent. Suivront, les Huguenots, le Voyage de Suzette, Amour Tzigane, la Fauvette du Temple, Paul et Virginie, l’Ordre de l’Empereur, Mam'zelle Nitouche et les Cloches de Corneville qui sonneront son départ le 29 juin à la clôture de saison. C’est ensuite le plus grand flou. Sa notice assure qu’elle commença comme maîtresse de ballet au Casino Municipal de Paris, mais sous ce nom son édification ne fut discutée qu’en 1931. Faute d’éléments, c’est en 1919 qu’on la remarque au Palais d’Hiver de Pau. Inauguré en 1899 afin d’agrémenter le séjour des touristes britanniques, qui de Noël à Pâques élisaient la cité paloise pour son climat d’exception, le Palais d’Hiver changé durant la Guerre en hôpital pour la Croix-Rouge américaine, ré-ouvrit le 3 novembre 1919 sous la direction d’Amédée Saugey. Ex-directeur du GrandThéâtre de Marseille, Président d'honneur de l'Association des directeurs de province, il mourra à Pau en 1923. Pour l’heure, avec la promesse « d’une campagne artistique exceptionnelle », jusqu’au 31 mars 1920 pour les opérettes et les ballets, jusqu’au 2 mai pour les opéras et les concerts, les spectacles s’enchaînèrent à jet continu avec au pupitre, Ernest Montagné, Albert Torfs et des musiciens de renom : Philippe Gaubert, Gabriel Pierné, André Messager. Signalons le succès fait aux Thés-Tango et aux soirées dansantes animés par Marcelle Pesch, de l'Opéra-Comique et Jean Schwarz, de l'Opéra, auteur de conférences
LA DANSE À BIARRITZ # 74 sur : Comment on devient danseuse !, La danse classique art ou supplice ? Notons enfin les bals d’enfants conduits par Jean Lagus. Avant-guerre, ce fils de cultivateur, né à Saint-Pé-de-Bigorre, enseignait la danse aux lycéens de Pau et de Bayonne tout en dirigeant l’été les bals d'enfants au Casino Bellevue à Biarritz. Arrivée à Pau avant le début de saison pour mettre en place avec « un sens inné de l'art chorégraphique » (5) une trentaine de divertissements et trois ballets, Louise disposa de 15 danseuses, dont les « ravissantes » : Colette Bussy, 1ère danseuse noble, Nandette Caméré, 1ère demi-caractère et Suzanne Mimar, 1er travesti, qui, fait rare, laissera sa place à Jean Schwarz, pour danser Frantz dans Coppélia (1870) : ballet de Léo Delibes & Arthur Saint-Léon, que l’on donna le 19 décembre 1919 amputé de son 2ème acte. Ce qui n’avait guère de sens, mais l’Opéra de Paris faisait de même. C’est toutefois dans Faust, le 4 novembre qu’eurent lieu les débuts de la troupe, laquelle se produira en haute-saison six jours sur sept au Palais d’Hiver ou au Théâtre Saint-Louis lors de « représentations populaires ». Certains après-midi, « le corps de ballet, parfaitement stylé » investira le Palmarium du Palais d’Hiver avec des divertissements, comme la Fête du printemps d’Hamlet, la Nuit de Walpurgis de Faust, le ballet d’Hérodiade ou celui de Roméo et Juliette, qui « mérite des éloges dont la plus grande part revient à Mlle Virard » (6) écrit Le Patriote des Pyrénées. Outre Coppélia, « avec un rare sentiment artistique et des connaissances profondes » (7), le 13 février Louise reprit la Korrigane (1880) de François Coppée, Louis Mérante & Charles-Marie Widor. Puis le 31 mars, pour les Adieux du Ballet, Javotte (1896) de Jean-Louis Croze & Camille Saint-Saëns, créé à Lyon par Jean Soyer de Tondeur. Ce
fut, note le correspondant de Comoedia : « le couronnement du talent artistique, de l'intelligence et de l'érudition de Mlle Virard, une maîtresse de ballet de premier ordre » (8). Mais après avoir fait « les délices de la station », Louise n’y revint pas, car remarquée par Maurice Saugey, l’un des fils d’Amédée Saugey, elle signa au Théâtre Massenet de Saint-Etienne. Adèle Pâris, puis Elena Colombo lui succéderont à Pau en 1921 et 1922. Mais avant, de mai à juin, en remplacement de Georges Mériadec, Louise accompagnée de Nandette Caméré, rejoignit le Grand-Théâtre de Dijon où elle débuta le 2 mai avec la Favorite. Suivront avec 10 autres danseuses dont Georgette Gavot, demi-caractère et Mlle Emé, travesti, ceux de Faust, Manon, Hérodiade « réglé de merveilleuse façon », ou encore, le 2 juin, les Huguenot pour les Adieux de la troupe. Mais c’est après le 1er acte de Coppélia, qu’on lira : « Mlle Virard régla le ballet avec un soin minutieux, un souci des détails et un goût parfait qui font d’elle une maîtresse de ballet hors pair » (9). Après quoi, elle enchaîna avec Saint-Etienne. Exploitant déjà le Grand-Théâtre d’Avignon, Maurice Saugey, dont c’était la première campagne stéphanoise, entoura Louise d’un corps de ballet de 8 danseuses et d’Andrée Comte, danseuse noble, maîtresse de ballet au GrandThéâtre de Lyon de 1916 à 1919, de Nandette Caméré, demi-caractère, d’Anna Ory, travesti. Jaap Spaandermann, qui de son piano accompagnait les répétitions paloises partagera la direction d’orchestre avec Charles Allô. C’est avec Werther, le 23 octobre, qu’ouvrit la saison, le Ballet ne parut que le lendemain dans Carmen et les Cloches de Corneville. Ainsi, quatre jours par semaine avec deux spectacles le dimanche, le Théâtre Massenet puisa dans un répertoire de cinquante titres avec ou sans divertissements. Comme souvent, la presse n’accorda à la danse que de maigres lignes. À l’instar du correspondant de Comoedia, qui après Thaïs nota : « le corps de ballet ne mérite que des éloges » (10).
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Palais d’Hiver, le théâtre Théâtre Massenet, Saint-Etienne
Nandette Caméré, photo Lassablière
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LA DANSE À BIARRITZ # 74 Il vaut toutefois la peine de signaler qu’en dehors de son service, l’activité de la maîtresse de ballet était frappante : « Louise Virard est une brillante conférencière, en ses tournées à travers la France, elle fut très applaudie en ses doctes causeries sur l’art chorégraphique » nous dit sa notice. De là, sa conférence sur l'Envers de la Danse ou comment on devient une danseuse, donnée avec démonstrations le 8 avril 1921 au Théâtre Massenet. « Un spectacle d’art plein d’intérêt : la danse y fut commentée d'intelligente façon par Mlle Virard, dans une conférence qui eut le double mérite d'être claire et courte. Nous avons apprécié tout particulièrement la jeune fille grecque saluant l'aurore, délicieuse vision artistique, les esclaves également amoureuses de leur maître dans leurs danses passionnées, et le ballet comique des jouets articulés » (11). C’est à cette occasion qu’elle créa Rivalités d'esclaves de Léon Moreau, second Prix de Rome. Sans quoi, Andrée Comte et Anna Ory danseront l’Invitation à la valse de Carl Maria von Weber, tandis que d’autres ballets non identifiés feront entendre Grieg, Saint-Saëns, Rameau et Bizet. « La conférence faite avec humour par Mme Virard, a obtenu un succès légitime. Cette causerie s'accompagnait d'une série de ballets, où s'affirma le talent apprécié de Mlles Comte, Caméré et Ory. Avec le concours brillant du quatuor Spaandermann, cette soirée originale fut un vrai régal artistique » (12). écrira de son côté Comoedia. Mais cette « innovation charmante », ne fut pas la seule, puisqu’accédant à une forme d’indépendance, Louise parut en dehors de Saint-Etienne sous le nom des « Ballets Virard ». Ainsi dans le cadre de « tournées de décentralisation artistique » organisées par Antoine David, directeur des Grandes tournées lyriques, « les Ballets Virard que tout le monde voudra voir ! » visitèrent plusieurs villes des alentours de Lyon. À l’exemple de Macon où le 22 février 1921, après Paillasse, « la soirée se termina par une suite de danses réglées par Mlle Virard et agrémentées de projections lumineuses. Ce fut un régal pour les yeux et la foule considérable qui emplissait la salle Marivaux jusqu'au dernier strapontin n'hésita pas à prodiguer aux artistes ses approbations les plus chaleureuses » (13). « Dans son genre spécial, ce spectacle pouvant rivaliser avec les Ballets russes et suédois », sera également vu à Chalon, le 21 avril.
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Anna Ory, photo Lassablière Programme Théâtre des Arts de Rouen
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Avec Nandette Caméré, Anna Ory et Renée Bernay, succédant à Andrée Comte, nommée 1ère danseuse-maîtresse de ballet à Béziers, la saison 1921-22 ouvrit le 8 octobre avec Manon. Suivront Lakmé, la Juive, etc., jusqu’à ce qu’en décembre, Maurice Saugey démissionne en raison du déficit de son exploitation. Déclaré en état de liquidation judiciaire le 3 janvier, après avoir rendu hommage à ses qualités
artistiques, la presse le jugea piètre administrateur. C’était avant que ne soit révélé que la municipalité de Louis Soulié ne lui avait versé que 60.000 frs, sur la subvention de 160.000 frs promise et qu’il n’en réclame le solde en justice. Après son départ, la Ville exploita le théâtre avec le maestro Charles Allô et l’entrepreneur des Tournées de Grammont. Mais sans doute parce que son contrat était lié à Saugey, Louise avait quitté la scène municipale. Grâce à Alfred Weil, journaliste et directeur de l’Eden-Théâtre, elle rejoignit « l’Olympia stéphanois », où dès le 7 janvier, sa troupe intégra la revue locale : « La revue "Et alors ", tient toujours l'affiche, mais, par suite du concours récent de huit gracieuses ballerines, parmi lesquelles les exquises Cameré, Ory et Bernay, qui remportent chaque soir un succès énorme, l'attrait du spectacle, autrefois un peu monotone; se trouve grandement rehaussé. Félicitons Mlle Virard, et souhaitons vivement qu'il nous soit donné fréquemment, à Saint-Etienne, l'occasion d'assister à des représentations aussi remarquables » (14). Mais, le 22 février, alors qu’on affichait Thaïs au Théâtre Massenet : « pour donner à cette représentation tout l’éclat désiré, les ballets de Mme Virard, firent une rentrée sensationnelle » (15). Ce fut la seule fois, car le 22 mars, Louise régla deux nouveaux titres non renseignés à l’EdenThéâtre et le 27 avril, « les ballets Virard firent leurs adieux à leurs adorateurs » dans la Féria. Le mois suivant, désigné pour assumer la charge du Théâtre Massenet, Paul Masson, des théâtres du Havre et de Calais, engagea Lucie Maire, maîtresse de ballet à Biarritz en 1924, tandis que Louise succéda à Gaby Edmée au Théâtre-desArts de Rouen dont la troupe alignait, 12 danseuses, 10 marcheuses et 10 enfants.
LA DANSE À BIARRITZ # 74 Sous la nouvelle direction de Michel Chabance, la saison normande débuta le 14 octobre 1922 avec Manon, qui permit à Nandette Caméré, 1ère danseuse en chef, Renée Gérard, demi-caractère et Anna Ory, travesti, de paraître dans le ballet du Roy. Le lendemain, ce fut « la jolie valse de Weber, orchestrée par Berlioz, si joliment dansé par Mlles Caméré et Ory ». En clair, l’Invitation à la valse de Saint-Etienne, nommée à Rouen : le Spectre de la rose. Faute d’élément masculin, une curieuse copie du ballet de Michel Fokine, qui avait valu d’interminables ovations à Tamara Karsavina et Vaslav Nijinski aux Ballets russes en 1911. Mais en 1922, malgré l’exemple triomphant du célèbre danseur, suivant l'ordre bourgeois et l'idéal des abonnés, les femmes étaient encore seules indispensables dans un ballet. Cela étant, même si le « travesti dansant » lancé par l’Opéra de Paris au XIXème siècle était profondément ancré dans les usages, Louise était consciente de son invraisemblance, puisqu’à Pau dans Coppélia, elle avait fait appel à Jean Schwarz pour incarner l’amoureux de Swanilda. Ce n’était pas une première. En 1917 à Bruxelles, François Ambrosiny s’était déjà affranchi de la tradition en confiant ce rôle à Sacha Sarkoff. Mais si l’on considère qu’en 1941 pour la 600ème de Coppélia, l’Opéra afficha Micheline Bardin, auprès de Solange Schwarz, la fille de Jean Schwarz, son initiative paloise était hardie. Pour revenir au Spectre de la rose, Louise n’était pas non plus la première à exploiter ainsi ce succès. Déjà en 1912, Amédée Saugey à Marseille, ne voulant, en rien, être en retard sur la capitale, avait chargé Charles Céfail, d’une reprise du ballet de Fokine. Créé le 20 novembre, sous le titre de la Rose enchantée, dans le costume de Nijinski, Lucie Maire était la rose, Rina Mô, la jeune fille endormie. Plus tard, le 28 octobre 1920, au Grand-Théâtre de Nantes, auprès de Fernande Cochin, Francine Aubert signera le Spectre de la rose. Tout comme Gaby Edmée, au GrandThéâtre de Lille, le 28 octobre 1926 avec Mia Arnold et Mlle Rietty. Ainsi, Louise était-elle dans les clous, et c’est encore avec Anna Ory, qu’elle donnera ce tableau chorégraphique à Biarritz en 1926. Après, le Spectre de la rose, tout en s’acquittant de dix divertissements, Louise remit en scène, Coppélia, Javotte, Rivalité d'esclaves, puis le 4 novembre 1922, ce fut Vision romantique, « ingénieuse » suite de danses sur des airs de Chopin. Le 11 janvier 1923, sur la musique de Jean-Baptiste Lully, vinrent les ballets du Bourgeois gentilhomme, puis le 16 février, la création à Rouen d’Antar, opéra de Chekri Ganem & Gabriel Dupont, dans lequel « le ballet eu sa grande part de succès ». Enfin le 23 février, Suite de danses, comprenant la Danse macabre et le Cygne de SaintSaëns, puis la 2ème Danse norvégienne et la 1ère suite de Peer Gynt d’Edvard
Grieg. Enchaînant les partitions devant un rideau de fond, ces suites de danses économisaient les frais d’un vrai ballet et seront l’ordinaire de Louise. Donnée cinq fois, le succès de celle-ci fut interrompu le 16 mars par la fin de la saison. L’occasion pour Louise de participer comme danseuse au Grand-Théâtre du Havre à la création de la Mégère apprivoisée, comédie-lyrique d’Henri Cain, Édouard Adenis & Charles Silver : « Le spectacle était rehaussé de l'éclat d'un ballet dansé au 2ème acte par Mme Virard dont on a admiré la souple plastique et la noblesse des gestes » (16) écrira Le Ménestrel. Ensuite « avec le meilleur goût », elle régla à Paris une espagnolade, la Grenada pour Renée de Thouy dans l’opérette l'Armurier de Tolède de Charles Quinel, Ludovic Fortiolis & Henri Bresle, créée le 10 octobre au Trianon-Lyrique. Depuis 1916, le maestro Louis Masson, en présidait les destinées et sans doute est-ce lui qui appellera Louise à l’Opéra-Comique en 1925. En attendant, la saison reprit à Rouen le 13 octobre 1923 avec Faust, qui permit à Madeleine Mullier de passer des quadrilles à 1ère danseuse demi-caractère. Primitivement, le public était appelé à donner son avis sur les artistes engagés par la direction lors de trois débuts. À la suite de désordres, les bravos et sifflets ayant été remplacés à Rouen par une commission consultative formée d’abonnés, celleci admit tous les artistes choisis par Chabance, à l’exception d’un baryton, et vota des félicitations à l’orchestre et au corps de ballet, qui « fit merveille ». La presse ne se mit pas en frais pour autant. On profitera donc de cet écho d'Hamlet en novembre : « Une mention spéciale est due au ballet de la Fête du printemps, si adroitement remanié par Mlle Virard » (17). Sans quoi, outre dix autres divertissements et le retour de Vision romantique, Javotte et du Spectre de la rose, le 2 novembre, Louise offrit les Indes galantes, suite tirée de l’opéra de Jean-Philippe Rameau, puis le 19 décembre, Danses espagnoles. La musique était de Moritz Moszkowski, Paul Lacôme et Emile Waldteufel, qui conduisait les bals à Biarritz sous le Second Empire. Le 4 janvier 1924, pour Nandette Caméré, la danse persane, de le Hulla, conte lyrique d’André Divoire & Samuel Rousseau. Le 11 janvier, les Erinnyes (1910) danses grecques de Jules Massenet pour le drame de Leconte de Lisle dont Jean Soyer de Tondeur avait fait un ballet à Lyon. Le 23 février, la Tragédie de Salomé (1907) de Robert d’Humières, Florent Schmitt et Loïe Fuller. Succédant à la danseuse américaine Nandette Caméré incarnait Salomé, Anna Ory était Hérodiade et faute de danseurs, deux chanteurs mimèrent Hérode et le Prophète Jean. Le 29 février une autre Suite de danses fit entendre : la Pavane pour une Infante défunte de Maurice Ravel, la Valse triste de Jean Sibélius, la Cathédrale engloutie de Claude Debussy, etc. « Fort
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Francine Aubert, Le Spectre de la rose, photo Guérin
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LA DANSE À BIARRITZ # 74 par un homme. Mais là, Nandette Caméré aura pour partenaire Anna Ory. Selon Henri Geispitz : « ce ballet ne séduisit pas le grand public et ne fut donné que trois fois ». Mais en se retirant après trois ans, Michel Chabance resta le directeur qui « avait eu un orchestre et un corps de ballet de premier ordre » (18).
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Mado Minty, photo Reutlinger
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jolie » elle n’eut que trois représentations jusqu’à la clôture de saison le 10 mars. Après quoi, « les gracieuses coryphées de Mlle Virard » s’en allèrent « rehausser Hérodiade d’un nouvel éclat » au GrandThéâtre du Havre. Michel Chabance, obtenant le renouvellement de sa concession, Louise reprit le 3 octobre 1924 avec Danses espagnoles données après la Tosca. Outre les divertissements obligés, le 7 novembre, ce fut une nouvelle Suite de danses composée en partie de reprises. On citera donc, comme originalité, le 9 décembre, Taglioni chez Musette (1920) ballet de Frantz Funck-Brentano & Henri Büsser, que Léo Staats avait créé à l’Opéra. « Un charmant ballet où Mlle Virard fit valoir ses délicieuses étoiles » écrira le local de Comoedia, qui n’avait jamais rien à dire. Enfin, le 9 février, la Péri (1912), ballet de Paul Dukas créé par Ivan Clustine pour Natacha Trouhanowa et Alfred Bekefi. À l’instar d’Albert Aveline en 1913, de Luigi Paglieri et Robert Quinault en 1914, le rôle d’Iskender était ordinairement tenu
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Quittant Rouen, Louise rejoignit le Théâtre de La Rochelle où la saison de Pâques s’engagea le 12 avril avec Faust. « La distinguée maîtresse de ballet » y retrouva Madeleine Mullier et Anna Ory, mais aussi Jaap Spaandermann, dont l’orchestre joua Manon, Hérodiade, Thaïs, Carmen, la Favorite pour ne citer que les titres avec divertissements. « Nos charmantes danseuses obtiennent un si vif succès auprès du public, qu’aucune bonne soirée ne peut se passer sans elles » (19) se réjouit L’Echo Rochelais, qui les applaudira, le 23 avril dans « une Suite de danses sur des œuvres de nos grands maîtres ». On n’en saura guère plus, jusqu’au 15 octobre 1925, date où Louise entra à l’Opéra-Comique sous la nouvelle direction de Louis Masson et Georges Ricou. Une promotion sans écho, la presse préférant faire savoir que la tenue de soirée était désormais de rigueur les soirs d'abonnement et que la salle fermerait deux jours pour permettre son nettoyage. En effet, après une série de spectacles donnés du 1er au 14 octobre par les précédents directeurs, Favart rouvrit le 17 avec le Chemineau. Le lendemain les 16 danseuses du corps de ballet guidées par Sonia Pavloff, Jeanne Peyrouix, dite Mona Païva, Mariette de Rauwera et le 1er danseur, Fernand Marionneau parurent dans Lakmé et le Petit elfe Ferme-l'Oeil. Notons, que le ballet hindou de Lakmé était de la main de Mariquita qui l’avait réglé pour le gala inaugural de Favart en 1898, puis revu en 1908 et 1916, tandis que le Petit elfe Ferme-l'Oeil de Florent Schmitt avait été créé par Jeanne Chasles, le 5 février 1924. Au reste, jusqu’au renouvellement des productions, Louise reprendra les chorégraphies de ses devancières, notamment celles de Mariquita pour Mârouf, Manon, Carmen, le Roi d’Ys et Aphrodite. Donné après le Jongleur de Notre-Dame, ce n’est que le 12 novembre 1925 qu’elle offrit son premier titre : la Boîte à joujoux. Composé en 1913 par Claude Debussy et orchestré en partie par André Caplet, ce ballet pour enfants de l’illustrateur André Hellé avait été créé au Théâtre Lyrique du Vaudeville, le 10 décembre 1919 par Robert Quinault et Mariquita. Il se sera reprit le 16 février 1921 dans de nouveaux décors et costumes d’André Hellé au Théâtre des Champs-Elysées par Jean Börlin et les Ballets suédois. Puis en 1925 dans une troisième production d’André Hellé. Le Figaro n’en rendit pas compte, Le Gaulois, parla « d’un ballet de la qualité la plus rare » sans citer Louise,
tout comme L'Homme libre, qui n’oublia pas de flatter la direction : « Le succès est allé à la danseuse Mona Païva, à M. Albert Wolff, intelligent chef d'orchestre, à MM. Ricou et Masson, les actifs directeurs de l'Opéra-Comique » (20). En revanche dans Le Temps, Henry Malherbe reconnaîtra « une maîtresse de ballet d’une grande ingéniosité» (21). Tandis qu’égarant l’opinion avec ses références déplacées, la poétesse Jane Catulle-Mendes, qui villégiaturait au Pays basque écrira : « Pour la chorégraphie, Mlle Virard s'est visiblement inspirée des Ballets russes. Ce n'est pas un reproche. Faire autrement semble à peu près impossible » (22). On se tournera donc vers un spécialiste du Ballet, André Levinson, mais surtout vers Dominique Sordet. Le premier nota prudemment : « La Boîte à joujoux, a été pour Mlle Louise Virard la nouvelle maîtresse de ballet de la maison, une première occasion de faire ses preuves. Toutefois, une appréciation de son mérite ne saurait être fondée sur ce travail particulièrement délicat à exécuter. La Boîte n'est pas, strictement parlant, un ballet, une conception issue de l'esprit de la danse et appelant la danse. C'est là une pantomime en musique où l'élément saltatoire n'apparait pas libre, mais se trouve conditionné et stylisé par les mouvements tout d'une pièce des poupées. Je ne saurais aujourd'hui serrer de plus près, au courant de la plume, les rapports si complexes entre la contexture rythmique de l'œuvre et les rythmes corporels propres aux danseurs : c'est un problème sévère qu'il sied d'étudier longuement » (23). Le second, rédacteur à L'Action française, en dépit de ses opinions politiques, se montrera un critique éminemment éclairé : « Le récent changement de direction de la danse représente à lui seul toute une révolution. Nous disons révolution pour faire plaisir à M. Georges Ricou, c'est coup d'Etat qu'il faudrait écrire, puisque les principes qui triomphent sont ceux d'ordre, de compétence et d'autorité. Coup d'Etat vigoureux dont chacun aperçoit déjà les conséquences : en quelques semaines, les danseuses ont recouvré l'usage de leurs pointes. […] Les conceptions décoratives de M. André Hellé, et celles, chorégraphiques, de Mlle Louise Virard, marquent un incontestable progrès sur tout ce qui s'est fait à Favart depuis la guerre. S'il faut exprimer un étonnement, c'est que la presse musicale n'ait pas manifesté une satisfaction plus vive, qu'elle n'ait pas su distinguer dans ce spectacle les signes impatiemment attendus, et visibles, d'une renaissance de notre seconde scène lyrique, au double point de vue de la mise en scène et de la chorégraphie. […]
LA DANSE À BIARRITZ # 74 Très poétique, la partition soutient insuffisamment les élans physiques. Elle porte la marque d'une époque plus littéraire que plastique où la danse était mal comprise et aimée tout de travers. Le mérite de la maîtresse de ballet n'en est que plus sensible. C'est une intelligence lucide et sûre de son but, paraissant ne rien ignorer des ressources de l'école (encore que cette pantomime de marionnettes exclue l'emploi de beaucoup de ressources) qui a réglé les mouvements, les pas, les danses. Tout est net, précis, d'un bon rythme général et d'un style, en somme, aussi large que le permettent les données volontairement minuscules de ce ballet d'enfants. Louise Virard ne peut prétendre nous montrer là tout ce qu'elle sait. Du moins avons-nous la certitude que sa présence a déjà d'heureux effets, et les changements survenus frapperont d'autant plus qu'un mois à peine s'est écoulé depuis son arrivée et qu'il faut d'autres délais pour reprendre en mains un corps de ballet démoralisé par des années d'inaction » (24). Après la Boîte à joujoux, Louise s’attacha aux danses du Joueur de viole, contelyrique de Raoul Laparra créé le 30 décembre. Mais avant, le 3 décembre pour un gala intitulé la Danse à travers les âges, réunissant à l’Opéra la crème de la danse, elle reprit la Valse triste pour Mona Païva et Fernand Marionneau. Elève de Gustave Ricaux à qui l’on avait confié depuis la guerre le soin de former des danseurs, Marionneau retrouvait l’Opéra, quitté en 1924. Plus tard, c’est au bras de Simone Rosne qu’il parut dans le Joueur de viole : « Pavane, menuet, musette et bourrée, ce bref échantillon ne permet pas de juger la nouvelle maîtresse de ballet, écrit Maurice Brillant, mais elle a déjà monté agréablement la merveilleuse Boîte à joujoux, et nous savons qu'enfin on s'occupe de donner à l'Opéra-Comique une troupe de ballet convenable à ses traditions et de restituer à la chorégraphie la place qui lui sied » (25). Reconnaissant « des pas intelligemment réglés », Dominique Sordet aura un autre avis : « exilées à l'arrière-plan par les nécessités dramatiques et un oukase de l'auteur, les danseuses de Mlle Virard rongent leur frein » (26). Entre les reprises lyriques, Louise collabora ensuite, le 1er février 1926 à la création parisienne de l'Enfant et les sortilèges de Colette & Maurice Ravel. Commandée par Raoul Gunsbourg, directeur de l'Opéra de Monte-Carlo, cette fantaisie-lyrique avait vu le jour, le 21 mars 1925 à Monaco avec le concours des Ballets russes dans une chorégraphie de George Balanchine. On passera sur la mauvaise volonté de Serge Diaghilev qui malgré son contrat avec la Principauté n’avait fourni que six artistes sur les douze souhaités. Parmi eux,
Constantin Tcherkas, futur maître de ballet à l’Opéra-Comique où en 1926, l'Enfant et les sortilèges connut des « mouvements divers », des abonnés n’ayant point admis certaines audaces de la partition. Ignorant Louise, Pierre Maudru de Comoedia regretta à propos de la mise en scène « que tout ne fût pas à l'échelle de l'Enfant, comme l'indique le livret de Mme Colette » (27). « Soyons sérieux, répondit Georges Ricou, que M. Maudru établisse lui-même la distinction entre un critique qui réfléchit et un critique qui ne réfléchit pas. Dès qu'il se sera mis à l'échelle, nous nous ferons un véritable plaisir d'écouter ses avis » (28). Sans quoi, parmi les rares échos, on citera de Raoul Brunel : « la chorégraphie, réglée par Mlle Virard, est la plus intelligente que l'on eût pu souhaiter pour une œuvre de ce genre » (29). Ou bien d’Henry Malherbe : « Sous l’ingénieuse direction de Mme Virard, le corps de ballet bondit, tournoie et se livre à de véritables prouesses clownesques » (30).
Le 26 mars, ce fut le retour du Festin de l’Araignée, ballet de Gilbert de Voisins & Albert Roussel que Louise Stichel avait signé le 5 décembre 1922. En représentation, Mado Minty prêta à nouveau son talent au rôle de l’Araignée. Mais si l’on s’en tient aux créations, le 1er mai 1923, Louise renouvela le ballet de Lakmé et offrit l’Invitation à la valse pour le centenaire de Weber. Selon Dominique Sordet, André Cœuroy, spécialiste de l’art wébérien, avait soumis à la direction le projet d'un ballet composé de fragments empruntés à la musique de Weber, qui aurait permis à Mona Païva et Sonia Pavloff de s’affirmer dans une œuvre d’envergure. Mais Ricou et Masson se contenteront des 10 minutes de l’Invitation à la valse. Malgré cela, Louise oublia ce qu’elle avait fait à Saint-Etienne et Rouen et signa une nouveauté pour quatre couples réglée « avec une invention remarquable » dira Sordet, tandis qu’en défenseur de l’idéal
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La boîte à joujoux, BnF Gallica
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LA DANSE À BIARRITZ # 74 académique, Levinson verra « une parodie involontaire du ballet classique ». Sans doute avait-il raison, mais venant de Russie où la danse jouissait d’un prestige intellectuel égal aux autres arts que pouvait-il saisir des intentions de Louise dans un pays où inféodée à la musique et au théâtre, la danse était regardée comme une discipline subalterne ?
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« Le spectacle est court mais ravissant, écrit Sordet, des costumes compliqués et couteux n'eussent pas nécessairement produit un effet plus direct que les sobres travestis, et surtout les jupes de tarlatane blanche, dont l’apparition sur le plateau de l’Opéra-Comique marque, espérons-le, la réconciliation définitive, de notre seconde scène lyrique avec cette admirable forme d'art qu'est le ballet classique ? Après cette expérience dont ils avaient peut-être hésité à courir le risque MM. Ricou et Masson n’ont plus le droit de laisser inutilisée une troupe de danse dont l’avant-garde vient de prouver si brillamment sa bonne volonté et son talent. Il faudrait citer les huit exécutantes, car la plupart ont témoigné une sureté de métier que les divertissements du répertoire ne laissent guère soupçonner, et toutes, stimulées par la nouveauté d’un spectacle où pour la première fois elles étaient admises à montrer ce qu’elles savent et se sont acquittées de leur tâche avec un plaisir si visible que le nôtre en était doublé » (31). L’accueil du public fut aussi chaleureux, sauf que l’Invitation à la valse passait après les 3 actes de Lakmé : « à l’instant où chez le spectateur la préoccupation du vestiaire et du taxi n'attend que l'occasion de s’extérioriser » écrit Sordet avec bon sens. À l’inverse de la direction, qui afficha toujours l’Invitation à la valse en fin de soirée. « Mais, elle se trouvait en présence d'un problème insoluble. Impossible en effet de bousculer une clientèle dont la fidélité lui était financièrement indispensable. […] La nécessité de faire salle comble tous les soirs obligeait les nouveaux directeurs, bon gré mal gré, à transiger avec un public fort attaché à ses habitudes et qui ne les aurait pas suivis, dans la voie des audaces » (32). Le 17 mai, « avec goût et pittoresque » Louise régla les danses de Scemo, drame lyrique de Charles Méré & Alfred Bachelet. Et, bien que Favart restât ouvert tout l’été, après avoir « montré de l'invention, de l'intelligence, de l'autorité dans ses arrangements chorégraphiques » et « rendu la confiance, l'entrain, le goût du travail aux danseuses » (33) du 27 juillet au 28 septembre, Louise se fixa au Casino Municipal de Biarritz.
Sonia Pavloff, photo Félix Mona Païva, photo Romain Sobol
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Co-directeur de l'Opéra de 1908 à 1914, Leimistin Broussan, en assurait la marche artistique depuis 1920. C’est avec Véronique, le 27 juillet qu’ouvrit la
saison d’opérettes pour laquelle Louise recruta Madeleine Mullier, Anna Ory et huit autres danseuses. S’enchaîneront, le Petit Duc, Rêve de valse, la Poupée, la Fille de Madame Angot, la Veuve joyeuse, la Marraine de l’Escouade et Ciboulette. Vint ensuite la saison d’opéras avec le concours de Mona Païva et Sonia Pavloff. Mais avant, le 20 août, lors d’un Gala organisé par Giselle Paul-Tissier animatrice des fêtes du Casino Bellevue, l’on put voir Mado Minty et Georges Spanover, dans leurs danses de fantaisie, ainsi que Robert Lizet et Hellé Nice, future pilote automobile. La saison lyrique débuta le 28 août avec Orphée et l’opinion de Jean Dargène, chroniqueur à La Gazette de Biarritz : « le ballet est de toute beauté, mais il est hors de l'action, et pourrait être supprimé » (34). Officier de marine en retraite, lauréat de l’Académie française connu dans le monde littéraire et la presse, Dargène, comme la plupart de ses confrères donnait le primat à la musique et ne réservait à la danse que les dernières lignes de ses chroniques. En dépit des termes dansants qu’il semait à la volée pour paraître connaisseur, elles ne renseignent jamais précisément. Mais estimons-nous heureux, puisqu’il citera et complimentera Louise, ce qui n’était pas son ordinaire. Le 28 août, au dernier accord d’Orphée, la troupe fila à la Villa Miraflorès où M. et Mme Carlos de Olazabal, de la légation d'Argentine, organisaient une fête au profit de la Police, des oeuvres antituberculeuses de Biarritz et du Comité Louise de Bettignies que les Allemands avaient condamné à mort pour espionnage en 1916. Sur le tapis de verdure s’étendant devant la Villa, après la danse d’Anitra de Peer Gynt de Grieg, vinrent les danses d’Orphée et d’autres sur le Moment musical de Franz Schubert. Le lendemain, Broussan désirant apporter un soin particulier « aux solennités chorégraphiques » du Casino, Paillasse
LA DANSE À BIARRITZ # 74 fut suivit d’un Gala de danses composé « de ballets admirablement réglés sur des musiques de Chopin, Grieg, Schubert, Debussy, etc... » Autrement dit des reprises stéphanoises et rouennaises, dont le Cygne, de Saint-Saëns, « où virtuose des ronds, des jetés, des pliés, des assemblés et surtout de la danse d’expression, dérivée de la pyrrhique des grecs, Mlle Pavloff, fut virginalement adorable » (35). « Des jetés, des assemblés » dans le Cygne, il y a peu de chance. En revanche, Dargène oublie que Sonia Pavloff avait écrit le livret d’un ballet de Nicolaï Tcherepnine : les Cinq sens, qu’elle créa à Biarritz, en « recevant du public de la grande plage basque un accueil flatteur » (36). Mais vu que Loïe Fuller dansait le même soir au Port-Vieux, on imagine que la recette fut médiocre. Le 2 septembre, après l’Heure Espagnole, un 2ème gala fit valoir « deux dames du ballet, Mlles Suzette et Gruss dans la danse norvégienne de Grieg ». Puis, « nous eûmes à applaudir Mona Païva, en gipsy et surtout dans la Bacchanale de Massenet, où elle se montra principalement serpentine et de grand style, très attique. Il faut souligner encore et fortement le très grand succès de Mlles Mullier et Ory, qu'on ne se lassait de voir ni d’applaudir, en danseuses de Delphes et dans Espana de Waldteufel. L’ensemble du ballet fut aussi une réussite. Que Broussan multiplie ces jolies fêtes chorégraphiques, si bien réglées par Mlle Virard, elles sont d'un attrait immense pour le public ; leur succès est toujours sûr » (37). Entre la Vie de Bohême, Louise, Thaïs, Tosca dirigés par Constantin Bruni et le défilé hiver de Paul Poiret à la Villa Casablanca, un 3ème gala eut lieu le 11 septembre après le Barbier de Séville : « Nous y admirâmes le talent si gracieux de la très belle Mona Païva, les variations artistiques de Mlles Pavloff, Mullier et Ory (celle-ci en charmant travesti) et les aériennes dames du ballet si bien stylées par Mlle Virard » (38). Sans doute vit-on sous la baguette de Marcel Fichefet, le Spectre de la rose, préalablement annoncé. Sinon, le 16 septembre après Salomé, ce fut Vision romantique. Motivé par Chopin, Dargène en livre le détail : « Mazurka en la mineur, ensemble ; Mazurka en ré, Mlle Ory ; Valse en ré, Mlle Mullier ; Valse en mi mineur, ensemble ; Valse brillante, Mlle Pavloff ; Polonaise en la, Mlles Mullier, Ory et les dames du ballet ». Mais préférant assister au 11ème Concert du maestro Georges Guinache, il ne rendit pas compte du spectacle des Ballets suédois, qui le 15 septembre, passèrent au Cinéma-Palace, rue de la Maison Suisse. Avec Jean Börlin, Irma Calson et Inger Friis, une réédition fragmentaire de la compagnie fondée par Rolf de Maré, alors en villégiature à Biarritz, puisque celle-ci avait été dissoute, le 17 mars 1925 à Epernay. Le 19 septembre, la troupe du Casino parut encore à la Villa Miraflorès, où « une ovation couronna la
fin des danses si admirablement réglées par Mlle Virard » (39). Après le « ballet tout à fait exquis » de Manon et celui « charmant » de Mârouf, la saison s’acheva le 28 août avec Carmen marquée par une chute de Geneviève Vix, maîtresse d’Alphonse XIII : Don José venait de lier les poignets de Carmen au dossier de sa chaise, et au moment où elle allait chanter, la chaise se rompit. Peut-être une farce d’artiste pour le dernier spectacle, mais importune, si le Roi d’Espagne en visite à Biarritz était dans la salle. Le 5 octobre, Louise reprit son emploi à Favart en renouvelant le ballet de Manon avec Mona Païva et Andrée Comte, qui remplaçait Sonia Pavloff. L’occasion d’un brillant exposé de Dominique Sordet : « La chorégraphie de Mlle Virard n'abonde sans doute pas en trouvailles. Parfois elle réédite des lieux communs. Au lendemain des vacances, le temps a manqué pour faire de grandes dépenses d'imagination. […] Une fois de plus, c'est l'architecte de l'Opéra-Comique qu'il convient d'incriminer. L'étroitesse de la scène interdit les vastes conceptions. Au prix de beaucoup d'ingéniosité, on arrive à faire mouvoir dans un cadre restreint une figuration relativement nombreuse. Mais, on ne peut prétendre lui superposer un ballet qui fasse grand effet. Des quatre entrées, la première (allegro moderato) est dansée par l'ensemble du ballet, la seconde (andante) par quatre danseuses ; la troisième rassemble de nouveau les douze danseuses. La quatrième forme conclusion, mais auparavant, suivant une tradition qui remonte à une vingtaine d'années et toujours maintenue depuis, vient s'intercaler la variation supplémentaire qui donne à l'étoile, généralement secondée par un danseur ou un travesti, l'occasion de se produire. L'innovation de Mlle Virard est d'en avoir confié l'exécution à Mlles Mona Païva et Andrée Conte, agissant conjointement, comme il est dit dans les actes de procédure. Les deux danseuses, habillées de même en robes à paniers, exécutent avec une exacte symétrie des pas qui se répondent. Cette variation surajoutée est d'un style musical moins pur que les autres, pastiches adroits des danses du XVIIIe siècle. Elle se prête en revanche à une chorégraphie vive et variée. La maîtresse de ballet a mis à contribution la virtuosité de ses deux interprètes ; elle a multiplié entrechats, broderies et ornements, tout ce qu'on appelait au XVIIIème siècle d'un mot qui fait image, «le feu des battements ». La surcharge de l'exécution a même été poussée très loin, et jusqu'à surprendre. Il n'est pas douteux pourtant que Mlle Virard, soit préméditation, soit rencontre fortuite, ait rejoint le style de l'époque. La danse
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Andrée Comte, Studio Lorelle
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••• de théâtre était faite de virtuosité excessive qu'aucun élan de l'âme ne venait ennoblir. […] Mlle Virard l'a souligné d'un trait léger. Elle l'a fait avec assez de discrétion et elle est servie par des interprètes suffisamment maîtresses de leur style pour que le ton de cette variation un peu foraine demeure élégant et joli. Il reste à dire que de la conception même de cette sorte de pas de deux, remplaçant la variation de la soliste, révèle un certain trouble dans l'organisation du ballet de l'Opéra-Comique. La règle du jeu, pour un maître de ballet, consiste à monter en épingle le sujet que ses dons, sa technique, ses services rendus prédestinent au rôle d'étoile. Cette règle n'a pas toujours été suivie rue Favart. Elle est sage, pourtant, même sur une scène de chant où les divertissements dansés sont tenus à juste titre pour accessoires. Il importe à la qualité des exécutions que le classement s'opère, que la ballerine la mieux douée prenne le pas sur ses camarades, que tout soit mis en œuvre pour maintenir son prestige et porter au maximum son rayonnement » (40).
André Marco photo Paul Koruna
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Avec l’Invitation à la valse, la Boîte à joujoux, le Festin de l’Araignée à l’affiche en 1926-27, le 27 octobre, Louise refit Carmen pour Andrée Comte et André Marco, « sauteur de premier ordre » venu du Châtelet. Elle le glissa ensuite dans Manon et le Joueur de viole avant de régler une scène mimée dans le Poirier de Misère, de Jean Limozin, André de la Tourasse & Marcel Delannoy créé le 21 février 1927. C’est tout ce qu’elle signa, alors que la direction avait promis d’enrichir le répertoire de nouveautés, mais il fallait entendre œuvres lyriques. Ne revenant pas à Biarritz, puisque Broussan traita avec Charles Holtzer, on ignore son agenda estival. Mais repliée sur son travail et n’admettant aucune mondanité, Louise ne fit jamais de bruit dans les journaux. Tout juste signale-t-on sa présence au banquet célébrant la nomination du compositeur Michel Maurice dans l'ordre de la Légion d'honneur. C’était au Palais d'Orsay, le 17 novembre 1927. Depuis le 1er octobre, Louise avait repris à Favart avec Manon, Lakmé et Carmen. L’Invitation à la valse était toujours à l’affiche et parmi les soirées lyriques, nul ne sait si elle participa le 5 novembre au retour d’Ariane et Barbe Bleue de Paul Dukas dans lequel Mona Païva dansait Alladine. Mais déjà en 1907, Mariquita manquait sur le programme. Ce qui est sûr, c’est qu’elle répétait Evolution, dont elle avait écrit le livret sur une musique d’Edouard L'Enfant mêlant le jazz au symphonique : « Comment les habitués de Lakmé accueilleront-ils cette musique, qui évidemment leur inspire déjà plus de peur qu'elle ne leur fera jamais de mal ? Et quelles impressions produiront sur eux les charlestons, blues, et autres innocents numéros de music-hall de M. l’Enfant ? On peut se le demander, et prévoir le pire » (41) s’interroge Sordet. En effet, Evolution, donné le 15, puis le 16 décembre avec le Pauvre matelot de Jean Cocteau & Darius Milhaud, divisa. Avec Mona Païva, André Comte, André Marco, Henriette André, Mariette de Rauwera, Simone Rosne, Irène Collin, Gina Guggiari, le corps de ballet et les enfants de la danse, ce ballet dédié à l’épouse de Louis Masson, dont André Hellé avait conçu les décors et costumes, pastichait ou non quelques-unes des danses qui s’étaient succédées sur scène et dans les salons de 1900 à 1925. Avec des moyens plus restreints, il rejoignait Impressions de music-hall, ballet de Gabriel Pierné créé par Bronislava Nijinska à l’Opéra, le 6 avril 1927, et d’aucuns le reprocheront à Louise. Défilaient sans ordre historique : les Sisters Barrisson figurées par les élèves de l'école : « Ces petits rats me parurent être des rats de ville, dodus et bien en chair. Elles ont tort d'usurper le nom, jadis célèbre, des cinq sœurs dont l'originalité et les grâces déliées enchantèrent les capitales de l'Europe » (42) dira Levinson, tandis que pour Roland Manuel : « elles
font le plus grand honneur à Mlle Virard qu'il faut louer du mal qu'elle se donne pour animer son monde » (43). Suivaient « des gambilleurs charlestonnants », puis une parodie du pas de trois de Guillaume Tell, qui irrita Levinson : « l'hommage à l'« esprit nouveau » eût été incomplet si on n’avait fait rire au dépens de la danse d'école ». Pour Sordet, la charge visait la danse classique « à travers la conception que s'en font encore, dans les préfectures éloignées, les primaires du ballet ». Après, un cake-walk, une valse classique, une paire de mannequins de haute couture et un couple de polkeurs, vint un clin d’œil à Suzanne Lenglen star française du tennis féminin que Levinson goûtera pour rappeler : « quatorze ans après Jeux de Debussy, réglé par Nijinsky ». Toutefois, après la valse finale, c’est encore Sordet qui comprit le mieux la situation : « Evolution ne prétend qu'à divertir et y réussit. Mlle Virard a aménagé les scénarios et réglé leur exécution. Elle n'a, certes, rien inventé, et il faudrait ignorer l'histoire du théâtre depuis vingt ans pour ne pas s'apercevoir que chacun d'eux se rattache à quelque chose de déjà fait. Et cependant, nous accueillons l'ouvrage dont elle est l'auteur et l'animatrice avec plaisir et reconnaissance, un peu à cause des quelques détails réussis qu'il contient, davantage encore pour le principe, parce qu'il relève d'un genre — le divertissement chorégraphique — qui nous paraît le plus propre à renouveler progressivement l’atmosphère de l'Opéra-Comique et à créer dans le public si paresseux, si rétrograde de ce théâtre, un mouvement de curiosité en faveur de l’art d'aujourd'hui. Deux ou trois petits ouvrages de ce genre, — qu’il n'est pas interdit de souhaiter plus raffinés et plus abondamment inventés, — montés chaque année et joués avec les drames lyriques du répertoire
LA DANSE À BIARRITZ # 74 pourraient servir discrètement d'antidote à ceux-ci et contribuer à une évolution favorable du goût. Si l'on tient compte que la troupe de danse de l'Opéra-Comique se morfond en général dans l'inaction l'effort qu'elle vient de fournir apparaît des plus méritoires » (44). Malgré son titre, Evolution ne fut qu’une promesse sans exécution, puisque Louise ne régla plus aucun ballet. Certes le contexte économique était tendu, et sans compter les impôts et patentes, les théâtres étaient pénalisés par des taxes qui n’étaient plus justifiables. Tel le droit des pauvres, usage institué sous l’Ancien régime pour indemniser les églises de la diminution des aumônes, de l’époque où le secours au citoyen n'était pas organisé et émanait de la charité. Ou bien la taxe de Guerre, devenue taxe d’Etat qui aurait dû disparaître sitôt la paix signée. Il n’en demeure pas moins que dans l’espoir de créer une œuvre qui remplirait les caisses comme les indispensables Manon, Lakmé et Carmen, la direction trouvait le nécessaire pour des créations qui ne rapportaient guère. Tel Angelo, tyran de Padoue, drame-lyrique de Charles Méré & Alfred Bruneau, dont Louise régla les danses, 16 janvier 1928. Quatre jours plus tard, on l’épingla du ruban violet d'Officier d'Académie. Mais dans un climat particulièrement démoralisant la troupe dut se réjouir de l’Amour sorcier, ballet-pantomime de Manuel de Falla, que signa La Argentina le 12 mars. Passé l’été, le tchèque Vaclav Veltchek ayant le 26 octobre réglé les danses de la Fiancée vendue, de Bedrich Smetana, ce n’est que le 17 décembre, qu’« avec beaucoup de goût » Louise signa celles de Riquet à la Houppe, comédie musicale de Raoul Gastambide & Georges Hue. Le 30, à la salle des fêtes du quotidien Le Journal, Andrée Comte et André Marco dansèrent la Danse norvégienne de Grieg et le Petit soldat de bois de Léon Jessel. Le spectacle
fut retransmi par la T.S.F et régulièrement, Louise participera aux émissions de Radioconcert, ce qui la changeait d’air. Sans quoi, entre les reprises de l’Invitation à la valse et d’Evolution, le 11 février 1929, elle régla la Jota de la Femme et le Pantin, opéracomique de Maurice Vaucaire & Riccardo Zandonaï ; le 24 avril, la Peau de chagrin, comédie-lyrique de Pierre Decourcelle, Michel Carré & Charles Levadé. Enfin, le 27 juin, elle adapta le ballet d’Orphée pour gala de la Légion d’honneur en l'hôtel Salomon de Rothschild. En 1929-30, Louise ne mit son imagination qu’au service de deux ouvrages lyriques : Roi malgré lui, d’Emmanuel Chabrier, le 6 novembre et le Sicilien ou l'Amour peintre, d’André Dumas & Omer Letorey, le 17 mars. René Chauvet et Georges MauretLafage, directeurs du Grand-Théâtre de Bordeaux l’engagèrent ensuite pour la saison d’été du Casino de Vichy. Avec Louise Baldi, étoile, Germaine Popineau, demi-caractère, Aurore Sadoine, travesti, trois danseurs, Gabriel Meunier, Pierre Piletta, Jean Combes et un corps de ballet de 24 danseuses, elle débuta le 7 mai par Hérodiade avant de s’atteler aux œuvres courantes, tel Orphée dont elle régla « le ballet des Champs-Elysées avec une précision ingénieuse et exquise ». Mais alors que Loïe Fuller ou Alexandre et Clotilde Sakharoff profitèrent de soirées entières, le 5 juin, c’est après Rigoletto qu’elle reprit Vision romantique sous la baguette de Léandre Brouillac, apprécié à Biarritz. Le 29 juin, ce fut Variétés chorégraphiques, « ballet ingénieusement réglé sur des œuvres empruntées à Ravel, Debussy, Grieg, Sibelius, Brahms et Chabrier ». Puis, dans le cadre d’un cycle des Faust célèbres, après Gounod et sa Nuit de Walpurgis, « parfaitement réglée par Mme Virard qui fait toujours preuve d'un grand souci d’originalité » (45), le 13 juillet, elle signa les danses du Méphistophélès d’Arrigo Boito. Le 5 août, pour le gala du Concours d'élégance et de danse,
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Programme Casino de Vichy
elle reprit Evolution, donné jusqu’en septembre à l’instar des autres ballets. Le 20 août, dans « une chorégraphie ingénieuse », ce fut la création à Vichy du Juif Polonais d’Henri Cain, P.-B. Gheusi & Camille Erlanger. Le 2 septembre, on afficha le 2ème acte de Coppélia et le 4 septembre dans l’indifférence, Louise régla la Valse de Ravel que Sonia Korty avait créée à Anvers le 2 octobre 1926. Après un dernier Manon, le 30 septembre, elle quitta Vichy avec en tête : « Mme Virard est une grande artiste qui a transformé certains ballets en apportant une note moderne très appréciée » (46). Remplacée par Robert Quinault, nommé en avril, Louise ne rentra pas à Favart. Fût-elle remerciée ou s’en alla-t-elle de son plein gré ? La presse n’en dit mot et nous ignorons même ce qu’elle fit jusqu’au 1er juin 1931, date où elle retrouva Vichy et les mêmes solistes. Sous « son allègre impulsion », ils débuteront dans Faust, avant le répertoire habituel. Egalement au programme, le 2ème acte de Coppélia, Vision romantique, la Valse, dont le local de Comoedia dira cette fois : « le poème chorégraphique de Ravel fut un véritable enchantement » (47). Mais ayant consacré une colonne entière au récital des Sakharoff,
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on aurait aimé qu’il prenne la peine d’en restituer la magie, sinon le scénario. Le 20 juillet, dix ans après Saint-Etienne, ce fut Rivalités d’esclaves, « à la fois un succès pour Mme Virard, la belle étoile Louise Baldi, et ses camarades » (48). Puis, Variétés chorégraphiques, « une très belle vision d’art », donnée jusqu’à la fin de saison qui eut lieu le 30 septembre avec Paillasse, Variétés chorégraphiques et surtout les deux actes de Coppélia. Recourant à des éloges éprouvés, Comoedia ne releva pas l’évènement : « ballets réglés avec un goût consommé par Mme Virard et où Mlles Baldi Popineau, Sadoine et leurs camarades eurent les attitudes et les mouvements les plus gracieux » (49). Engagée par Paul Frady, Louise prit ensuite la succession de Mme Loretty aux Théâtres Municipaux de Lille. La troupe comptait 16 danseuses avec Mlles Popineau, Ernst, Duperrier et François pour solistes. Mais aussi deux danseurs : Gabriel Meunier, futur maître de ballet à Lyon en 1942 et Pierre Piletta, père de Georges Piletta, étoile de l’Opéra en 1961. Entre les opéras au Grand Théâtre et les opérettes au Sébastopol, le 5 novembre, Vision romantique continua sa carrière, tandis que le 10 décembre, « la meilleure maîtresse de ballet que nous ayons eue » (50), signa Visions chorégraphiques, dont on ignore tout, sauf qu’on y entendait le Menuet autrefois, du second chef, M. Philips. Sans quoi, le 2 mars 1932, Louise lia son nom à la création française d'un Mariage à Hollywood, opérette d'Oscar Strauss. Après une saison peu renseignée s’achevant le 3 avril par Faust, le 2 juin Louise retrouva Vichy pour Carmen et le répertoire habituel, mais aussi des ouvrages nouveaux pour elle : Sigurd, Esclarmonde, la Grande-duchesse de Gérolstein, la Chauve-souris, « qui constitua un véritable régal ». Outre la Valse où s'affirma son « ingéniosité », le 11 juin, ce fut les Petit riens, ballet de Mozart salué pour sa « chorégraphie classique ». Puis du 19 juin jusqu’en septembre, Taglioni chez Musette, « parfaitement réglé par Mme Virard, qui valut des applaudissements mérités aux charmantes Baldi, Popineau et Sadoine » (51). Après des Adieux le 30 septembre avec Manon, le 6 novembre Louise retrouva Lille et Lakmé. En tête de la troupe, Yvonne Solange, Olga Martinova et Gabriel Meunier, tandis que Pierre Piletta fera couple au Sébastopol avec Zena Zick. Malgré la situation critique de l'industrie du spectacle, qui conduira Roger Salengro, député maire de Lille, à réduire la saison suivante, Louise reprit Taglioni chez Musette, la Valse et créa Rapsodie hongroise n°2 de Franz Liszt, le 24 novembre ; le Danube bleu de Johan Strauss, le 18 décembre ; le Ballet égyptien d’Alexandre Luigini, le 19 février 1933 et le 2 mars, la Fleur d'Amour, ballet oriental de Georges de Dubor & Émile Pierre Ratez. Remplacée à Vichy par Nicolas Guerra, on la perd alors de vue.
Ce n’est qu’en juin 1934 qu’on la retrouve à Paris à la tête des Ballets Virard prêtant son concours à diverses manifestations : à la Foire de Chalon-sur-Saône avec « son fameux French Cancan », ou bien aux galas lyriques du Théâtre Municipal de Rennes dans Nina la Rose ou Mam'zelle Nitouche. Parallèlement, elle enseigne la danse classique à « l’Ecole artistique des enfants doués », 11 rue Caulaincourt, Paris (18e). « Cours spéciaux pour enfants se destinant aux carrières artistiques. Engagements théâtre, concert, cinéma, T.S.F., etc. Cours et leçons particulières pour élèves adultes pour tous renseignements, s'adresser chez Mlle Fagel, directrice », précise l’annonce. Pianiste virtuose, Odette Fagel, du Conservatoire de Paris, lauréate de l'Académie Nationale des Beaux-Arts était la fille du statuaire Léon Fagel. C’est autrement à la Salle Wagram, le 30 mai 1936 lors du Xème Congrès mondial de la danse qu’on la remarque au jury du Concours de danses théâtrales. Parmi ses collègues connus à Biarritz citons : Antonine Meunier, Mado Minty, Geneviève Ione, Yves Brieux, Serge Lifar, Alberto Spadolini et Léo Staats. En 1936-37, succédant à Joseph Belloni, Louise entra au Grand-Théâtre de Bordeaux, que René Chauvet et Georges Mauret-Lafage gouvernaient depuis 16 ans. C’est avec Hérodiade, le 17 septembre, puis le lendemain avec Faust et Manon : « épreuve qui confirma la science de Mlle Virard » que débuta la « maîtresse chorégraphe ». Sous ses ordres : Annie Flor, étoile, Prémys Brière, demi-caractère, Génia Dolorès, travesti et 22 danseuses. En clair, une troupe sans hommes, ce qui n’était pas la règle à Bordeaux. Au reste, après Vision romantique, « réalisation gracieuse » donnée le 28 octobre à la suite de Werther, le jour suivant, après Lakmé, Louise offrit l’Invitation à la valse avec Annie Flor et Génia Dolorès. Autrement dit, son indécis Spectre de la rose stéphanois de 1921. Or, en 1921 à Bordeaux, sous la même direction, Mady Pierozzi et Sacha Sarkoff avaient été l'objet des plus chaudes ovations dans le ballet de Fokine. Parfois, on aimerait bien comprendre le pourquoi et le comment. Tout en s’attelant à une trentaine de divertissements, le 11 novembre 1936, « avec un art subtil et une science indéniable » Louise créa Christmas sur des pages de Tchaïkovski et Anatoli Liadov. Le 6 décembre, Impressions chorégraphiques sur la Danse macabre de Saint-Saëns et des airs d’Isoline, ballet d’André Messager. Ensuite, la Nuit de Walpurgis et la Fête du printemps données seules permirent de gagner du temps et de faire des économies, jusqu’au 8 avril 1937 où vint Estampes, « gracieuses visions » recyclant des choses anciennes. Mais avant, pour être agréable au maestro Georges Razigade, auteur de la musique, le 16 mars, elle remania
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pour une seule représentation, Binious et bombardes (1925) de Joseph Belloni. C’est enfin avec Vision romantique qu’eurent lieu les Adieux de la troupe le 16 avril. Après quoi, Louise rejoignit Rennes, où avec huit danseuses, elle régla le 29 avril les danses de la Merveilleuse journée, d’Yves Mirande & Gustave Quinson. Le 15 septembre 1937, elle retrouva Bordeaux avec les Huguenots et enchaîna le lendemain avec Soir de fête (1925) ballet de Léo Delibes & Léo Staats donné après Lakmé. Plus tard, le 23 octobre, à la suite de Traviata, vinrent les Ruines de Bagdad, un ballet « sur la musique de Prométhée, de Beethoven » nous dit Comoedia. En fait, à contre-sens des intentions beethovéniennes, sans doute les Ruines d'Athènes (1812), pièce de circonstance reprenant des sections des Créatures de Prométhée (1801). Sinon, parmi les divertissements, le 25 novembre, comme à Rouen, Louise signa ceux du Bourgeois gentilhomme. Puis deux ballets : la Cinquantaine, musique de Marie Gabriel, le 27 novembre et Mariage hongrois, musique de Liszt, qui le 16 février 1938 dût recycler la Rapsodie hongroise de Lille. Le 14 avril, la troupe fit ses Adieux dans Soir de fête et Louise ses valises, car Pierluigi Marzoni la remplaçait. Sous la bannière des Ballets Virard, les 31 mai et 1er juin, elle retrouva Rennes avec 12 danseuses bordelaises pour animer les frises antiques d’Orphée qu’elle redonna le 5 janvier 1939. Faute d’échos, ce n’est qu’en décembre 1940, qu’on la retrouve. Engagé au Théâtre de la Porte-SaintMartin par Robert Ancelin, le Ballet Virard danse alors dans le Bossu, mélodrame d’Anicet Bourgeois & Paul Féval. Mais à l'inverse de la célèbre réplique : « Si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère ira à toi ! », Louise n’allant pas à la presse, elle ne vint pas à elle et seul Guy de Teramond
évoquera : « un ravissant ballet dirigé par Mlle Virard » (52). Le Bossu tint cependant l’affiche du 13 décembre 1940 au 12 janvier 1941. Le mois suivant l’on annonça la reprise des cours gratuits de l'école de danse du Châtelet pour enfants et jeunes filles sous la direction de Mme Virard. Ce qui signifie que Maurice Lehman l’avait déjà embauchée comme maîtresse de ballet au Châtelet. En attendant, le 18 mars 1941, elle signa à la Porte SaintMartin les danses des Deux orphelines, drame d'Adolphe d'Ennery & Eugène Cormon joué jusqu’au 20 mai. Lyne Calin, de l’Opéra était alors l’étoile des Ballets Virard, mais ce sont Lily Faess et Yvette Boulant qui étoileront Valses de Vienne au Châtelet. En 1933, Maurice Lehmann, également directeur de la Porte SaintMartin avait commandé Valses de Vienne à André Mouézy-Eon et Jean Marietti sur des airs de Johann Strauss père et fils. Remaniée pour la vaste scène du Châtelet, l’opérette y donna toute sa mesure du 30 août 1941 au 20 décembre 1942. Louise n’eut pas les faveurs de la presse, mais apparait dans le programme bilingue pour l’occupant. Après les séductions de la Vienne impériale, Lehmann imagina Valses de France que Louise régla avec Victor Gsovsky pour plus de 500 représentations du 22 décembre 1942 au 8 janvier 1944. Enfin, le 15 janvier, ce fut le Beau voyage d'un enfant de Paris, une « féerie d'émerveillement » d’Ernest Morel & Jean Sautreuil stoppée le 16 juin 1944 en pleine bataille de Normandie. Une fois encore, Louise ne fut pas citée, mais elle pourra lire : « des ballets qui feront rêver mille et une nuits » (53) ou bien « des ballets qui reflètent une inspiration harmonieuse, un métier souple, une inspiration sans faiblesse » (54). Tout porte à croire, qu’elle se retira alors des théâtres, à 62 ans peut-être donnat-elle encore des leçons, mais s’étant toujours montrée discrète, mystérieuse même, on n’en sait rien. Domiciliée, 30 rue des Apennins, Paris (17e), elle s’éteindra à l'hôpital Bichat, le 8 octobre 1953.
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Remerciements à Anne Londaitz
(1)
Gil Blas, 8 juillet 1889
(2)
Gil Blas, 1er août 1907
(3)
Le Marais et A. Daudet, 1908, p.31
(4)
Le Moniteur théâtral, 15 juin 1931
(5)
Comoedia, 19 décembre 1919
(6)
Le Patriote des Pyrénées, 1er février 1920
(7)
Comoedia, 25 mars 1920
(8)
Comoedia, 12 avril 1920
(9)
Le Progrès de la Côte d’or, 13 mai 1920
(10)
Comoedia, 20 novembre 1920
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, 11 avril 1921 (11)
(12)
Comoedia, 15 avril 1921
(13)
Courrier de Saône et Loire, 25 février 1921
(14)
La Rampe, 18 février 1922
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, 21 février 1922 (15)
(16)
Le Ménestrel, 30 mars 1923
(17)
Comoedia, 23 novembre 1923
(18)
Histoire du Théâtre-des-Arts, 1951, p.130
(19)
L’Echo Rochelais, 22 avril 1925
(20)
L'Homme libre, 24 novembre 1925
(21)
Le Temps, 18 novembre 1925
(22)
La Presse, 14 novembre 1925
(23)
Comoedia, 13 novembre 1925
(24)
L'Action française, 17 novembre 1925
(25)
Le Correspondant, 1926
(26)
L’Action française, 31 décembre 1925
(27)
Comoedia, 2 février 1926
(28)
Comoedia, 5 février 1926
(29)
L’Œuvre, 3 février 1926
(30)
Le Temps, 3 février 1926
(31)
L’Action française, 6 mai 1926
(32)
L’Action française, 10 août 1926
(33)
L’Action française, 10 août 1926
(34)
La Gazette de Biarritz, 1er septembre 1926
(35)
La Gazette de Biarritz, 2 septembre 1926
(36)
L’Intransigeant, 12 septembre 1926
(37)
La Gazette de Biarritz, 5 septembre 1926
(38)
La Gazette de Biarritz, 13 septembre 1926
(39)
La Gazette de Biarritz, 20 septembre 1926
(40)
L’Action française, 19 octobre 1926
(41)
L’Action française, 14 décembre 1927
(42)
Comoedia, 14 décembre 1927
(43)
Le Ménestrel, 23 décembre 1927
(44)
L’Action française, 28 décembre 1927
(45)
Comoedia, 15 juin 1930
(46)
Comoedia, 7 août 1930
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Comoedia 13 juillet 1931
(48)
Comoedia, 27 juillet 1931
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Comoedia, 5 octobre 1931
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Le Ménestrel, 22 janvier 1932
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Comoedia, 4 septembre 1932
(52)
La France au Travail, 17 décembre 1940
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Comoedia, 22 janvier 1944
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Paris Midi, 27 janvier 1944
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© Olivier Houeix
SENSIBILISATION
Du 5 au 10 août, en parallèle des Estivales, se déroulera la 29ème édition de l’Académie Internationale de Danse de Biarritz. Organisée avec le soutien de la Ville de Biarritz, elle accueillera plus de 350 stagiaires au Lycée Atlantique de Biarritz.
Master classes et ateliers de répertoire au Conservatoire à Rayonnement Régional de Grand Poitiers À l’occasion des représentations de Cendrillon, des 18, 19 et 20 janvier prochains, un projet de transmission du répertoire Malandain et une collaboration avec le Théâtre Auditorium Poitiers – Scène Nationale ont été mis en place. Dans ce cadre, à l’invitation de Catherine Meyer, conseillère aux études et responsable du département Danse du Conservatoire à Rayonnement Régional de Grand Poitiers, les 16 et 17 juin, Dominique Cordemans a animé des Master classes et des ateliers autour de Cendrillon pour les élèves du cycle 3. Par ailleurs, le 16 juin, le documentaire, Cendrillon, un an de création, réalisé par Caroline Otéro et Catherine Guillaud pour Boisakré Productions, a été diffusé suivi d’un échange. D’autres actions, Mégabarre, Conférence dansée, Rencontres seront organisées en 2018-19.
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L’équipe pédagogique sera composée de Carole Arbo (étoile de l’Opéra national de Paris), Bertrand Belem (Opéra national de Paris), Eric Camillo (professeur à l’Ecole de l’Opéra national de Paris), Lienz Chang Oliva (étoile du Ballet national de Cuba), Marie-Agnès Gillot (étoile de l’Opéra national de Paris), Isabel Hernandez (danseuse à l’English national Ballet), Sophie Sarrote (soliste à la Scala de Milan), Béatrice Legendre-Choukroum (professeur des Conservatoires de Paris), Carole Philipp et Nathalie Verspecht (ex-
danseuses du Malandain Ballet Biarritz). Dans ce cadre, Dominique Cordemans, responsable au CCN de la sensibilisation et de la transmission du répertoire aux préprofessionnels, et Giuseppe Chiavaro, répétiteur et ex-danseur du Malandain Ballet Biarritz, animeront des ateliers de répertoire Thierry Malandain, tandis qu’Eva Lopez Crevillen initiera les stagiaires au répertoire de Nacho Duato et Urtzi Aranburu à celui de Jirí Kylián. Une représentation du travail des stagiaires en entrée libre aura lieu le 7 août à 20h30 à la Gare du Midi de Biarritz, ainsi qu’une journée portes-ouvertes sur le lieu du stage le 10 août. Informations 05 40 07 08 26 06 50 10 16 06 contact@biarritz-academie-danse.com www.biarritz-academie-danse.com
Master Classe Dominique Cordemans © Johan Morin
Académie Internationale de Danse de Biarritz
LE LABO Partenariat avec le Centre de Soins et d’Accompagnement en Addictologie (CSAPA) Broquedis / Saint-Andréde-Seignanx.
Le LABO au Temps d’Aimer LE LABO du Malandain Ballet Biarritz fera sa rentrée, le 9 septembre et proposera Mikado dans le cadre du Festival Le Temps d’Aimer à 17h. Performance dansée, itinérante, basée sur un travail de composition instantanée mettant en jeu dispersion et regroupement dans l’espace urbain, Mikado est accompagné par les chants et les percussions de Beñat et Julen Achiary.
Le CSAPA Broquedis accueille, en hébergement, des personnes majeures ayant des problèmes d’addiction ainsi que des mères avec leur enfant ou des femmes enceintes. Depuis décembre 2016, le Malandain Ballet Biarritz et le CSAPA Broquedis ont initié un projet de médiation culturelle et de sensibilisation à la danse. Ce partenariat s’est traduit par plusieurs venues de groupes de résidents au CCN pour assister à des représentations du Malandain Ballet Biarritz ; au travail en studio de Martin Harriague pour Sirènes suivi d’un goûter partagé avec les danseurs ; ainsi qu’à une visite guidée de la Gare du Midi afin de découvrir les coulisses et les métiers du spectacle. En juin 2018, une exposition de photographies de la Belle et la Bête a été installée au CSAPA Broquedis et une rencontre riche en échanges a été organisée entre les résidents et le photographe Olivier Houeix. Le partenariat se poursuivra avec d’autres actions de médiation en 2018-2019.
#BalanceTonFaune / étape de travail À découvrir sur la scène du Jardin public, le 15 septembre à 12h30, dans le cadre du Festival Le Temps d’Aimer, #BalanceTonFaune est basé sur la mise en espace et en mouvement du poème de Stéphane Mallarmé : l’Après-midi d'un Faune. Cet essai chorégraphique s’appuie sur l’étroite collaboration entre le chorégraphe Gaël Domenger et Romain Di Fazio, danseur au Malandain Ballet Biarritz. Il est porté par leur volonté commune de créer un espace d’émergence du mouvement et du geste qui corresponde aux caractéristiques spécifiques de ce texte et à sa musicalité, indépendamment de la célèbre chorégraphie de Vaslav Nijinski.
© Olivier Houeix
Cette démarche est la manifestation d’un désir de proposer aux spectateurs une entrée privilégiée dans la pensée du poète où se livre la bataille universelle et schizophrénique de l’homme avec son inéluctable animalité.
Projection de la Belle et la Bête, Histoire d’une création Le 18 juin, le Conservatoire Maurice Ravel et la Ville d’Hendaye ont organisé une projection du documentaire, la Belle et la Bête, histoire d’une création réalisé par Caroline Otéro et Catherine Guillaud pour Boisakré Productions à l’Auditorium Antoine D’Abbadie à Sokoburu. La projection fut suivie d’une rencontre avec Giuseppe Chiavaro, répétiteur et ex-danseur du Malandain Ballet Biarritz.
Sur un concept de Béa Merino rendant hommage à Oskar Schlemmer (18881943), figure majeure du Bauhaus, cette performance coordonnée par Gaël Domenger, sera l’occasion pour le LABO de célébrer à sa manière les 20 ans du CCN-Malandain Ballet Biarritz.
FESTIVAL
Le Temps d’Aimer la Danse
28ème édition
du 7 au 16 septembre 2017 Direction artistique : Thierry Malandain Organisation : Biarritz Culture
M
«
algré les plus heureuses prédictions des astres, ces derniers mois auront peut-être été traversés par quelques contrariétés, par la fatigue, le stress et même le surmenage. Il est donc temps de s’offrir une évasion près de chez vous, de s’occuper de votre bienêtre, de votre satisfaction pour retrouver de l’énergie et faire le plein d’optimisme. C’est ce que propose le Temps d’Aimer la Danse du 7 au 16 septembre. Naturellement, en pleine rentrée, cette semaine de surprises fabuleuses, aussi excitantes qu’inattendues, occasionnera quelques dépenses supplémentaires. Mais il faut le dire, plusieurs formules permettent de dépenser moins cher, puis cet investissement apportera des avantages non négligeables en termes de partage, d’épanouissement, d’émotions nouvelles et passionnantes. Car en plus d’être sensationnelle pour l’âme et le cœur, rien n’est plus idéal que la danse pour regarder la vie, le monde, l’humanité, les planètes sous un autre angle, pour affronter les défis avec un moral gagnant. Alors à très vite, vous vous féliciterez d’avoir vu juste ».
n Thierry Malandain
FESTIVAL
Programmation
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Carolyn Carlson et Marie-Agnès Gillot
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Aspen Santa Fe Ballet / Jean-Philippe Malaty (Etats-Unis)
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Alexandre Castres et Franck Cazenave
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Cie MF / Maxime Freixas & Francesco Colaleo
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Matxalen Bilbao (Espagne)
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Compagnie Traversée / Johanna Etcheverry
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Amaia Elizaran
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LABO du Malandain Ballet Biarritz / Gaël Domenger
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CCN de Rillieux-la-Pape / Yuval Pick
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Martin Zalakain
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Compagnie Vilcanota / Bruno Pradet
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Compagnie Gilschamber / Gilles Schamber
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Korzo productions / Stephen Shropshire (Pays Bas)
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Elirale / Pantxika Telleria
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Sidi Larbi Cherkaoui (Belgique)
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Compagnie sous la peau / Claude Brumachon & Benjamin Lamarche
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Alessandro Bernardeschi & Mauro Paccagnella (Belgique)
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Rafaela Carrasco (Espagne)
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Romain Di Fazio
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Malandain Ballet Biarritz
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Talents Adami / Béatrice Massin & Pierre Rigal
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Hillel Kogan (Israël)
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Ballet du Capitole de Toulouse / Kader Belarbi
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Collectif Eflirkoa
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Centre de Formation en Danse de Biarritz
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Patrice de Benetti
Billetterie
Les 20 ans du CCN Malandain Ballet Biarritz Pour célébrer les 20 ans du CCN, le 15 septembre, durant le Festival le Temps d’Aimer, les danseurs du Malandain Ballet Biarritz proposeront 20 miniatures comme autant de bougies disséminées dans plusieurs lieux emblématiques de Biarritz. Le soir à la Salle des Ambassadeurs du Casino Municipal, lors d’un bal animé par Arnaud Mahouy, tout le monde, sans restriction d’âge ou de niveau, sera invité à s’initier à la gestuelle de Thierry Malandain transposée sur des rythmes de standards américains des années 50, 60 et 70.
Exposition Lilivandel Egalement dans le cadre du Festival le Temps d’Aimer, Lilivandel présentera « Entre Terre et Ciel » du 8 au 23 septembre à la Crypte Sainte Eugénie. Des peintures à l’huile, des graphiques et des pastels seront exposés. D’origine flamande, Lilivandel a développé ses talents à Bruges et Bruxelles. Sa peinture capte le mouvement, notamment celui des danseurs du Malandain Ballet Biarritz qu’elle affectionne particulièrement. Le vernissage de l’exposition se déroulera le 7 septembre à 18h30. Ouvert tous les jours de 14h à 18h30 Fermé le mardi Crypte Sainte Eugénie Place Sainte Eugénie Tél : +33 5 59 41 57 50
Office de tourisme de Biarritz Square d’Ixelles 64200 Biarritz Réservations par téléphone tous les jours : Tel. 05 59 22 44 66 Possibilité de paiement par carte Bleue visa Office de tourisme de Saint-Jean-deLuz / Anglet / Bayonne / Hendaye www.letempsdaimer.com Billetterie en ligne www.biarritz.fr Rubrique accès direct : billetterie en ligne www.digitick.com 0892 700 840 (0,34 € /min)
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EN BREF
Sirènes © Olivier Houeix
La poterie Goicoechea qui créé et fabrique des poteries en terre cuite depuis trois générations au coeur du Pays Basque.
Uhain Berria épisode 3 Associé à Surfrider Foundation Europe et au Victoria Eugenia Antzokia de Donostia / San Sebastián, le Malandain Ballet Biarritz a lancé : Uhain Berria, un programme Art & Environnement de sensibilisation à la préservation du littoral. Après un épisode sur la création de Noé de Thierry Malandain et un second sur les actions de sensibilisation autour de ce ballet, Morgancrea a réalisé un troisième opus du webdocumentaire : Uhain Berria à propos de la création de Sirènes de Martin Harriague. http://malandainballet.com/actions/ ballet-t
Noé nominé aux Benois de la danse Nominé comme chorégraphe aux côtés de Deborah Colker, Alexander Ekman, Marco Goecke, Laurent Hilaire, John Neumeier et Youri Possokhov, le 5 juin dernier, Thierry Malandain était au Théâtre Bolshoï de Moscou pour les Benois de la danse 2018 remportés par Youri Possokhov et Deborah Colker.
Cendrillon nominé au Österreichischer Musiktheaterpreis Au répertoire du Volksoper Wien (Autriche) grâce à l’invitation de Manuel Legris, Cendrillon de Thierry Malandain a été nominé au Österreichischer Musiktheaterpreis 2018 dans la catégorie « Meilleure production de ballet ». Distinction remportée, le 19 juin, à l'Opéra de Graz par la chorégraphe, Mei Hong Lin pour son Lac des cygnes au Landestheater Linz.
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Thierry Malandain sur Mezzo En avril dernier, Thierry Malandain était l’artiste mis à l’honneur sur Mezzo ClassicJazz TV qui diffusa : l'Après-midi d'un faune, Roméo et Juliette, Silhouette, Estro, Nocturnes et Noé.
Mégabarre à Mauléon (64) Dans le cadre des actions de coopération territoriale et du développement de l’attractivité du territoire, soutenu par la communauté d’Agglomération Pays Basque et de la Diputación Foral de Gipuzkoa, Richard Coudray, maître de ballet, a animé une Mégabarre à Mauléon le 26 mai durant le Festival Mai en scène.
Le Carré des Mécènes compte deux nouvelles entreprises Pyrenex, manufacture française de prêtà-porter et d'accessoires pour la maison, spécialiste du duvet, fondée en 1859 qui depuis Saint-Sever (40) poursuit son développement en France et l’international (UK, Japon, Europe, Canada, USA).
Remerciements à ces deux nouveaux mécènes avec qui notre Ballet partage nombre de valeurs et exporte le Sud-Ouest partout en France et dans le monde.
Répétition publique La compagnie EliralE, reçue en accueil studio au Malandain Ballet Biarritz du 2 au 6 juillet, proposera une répétition publique de sa création « Artha » jeudi 5 juillet à 19h au Grand Studio de la Gare du Midi. Utilisant la respiration de la marche ponctuée, la chorégraphie relaie l’élément mer pour mieux en accueillir la dynamique de la chute. Porté par cinq interprètes chorégraphiques au plateau, le propos de la pièce chorégraphique “Artha” se veut d’interroger le droit au départ de tout être humain. Dans « Artha », le Corps dansant se veut être le support, la matière première, l’outil visuel qui devient « le lieu du débat public » en lien avec « le lieu de l’intime ». Il se doit d’interroger la société en activant et problématisant des formes et des valeurs. Entrée libre sur réservation Tel. 05 59 24 67 19
Instant Présent Pour continuer à danser cet été, Instant Présent et Aureline Guillot, ex-danseuse du Malandain Ballet Biarritz proposent des cours tous les mardis et mercredis de 18h30 à 20h du 10 juillet au 15 août inclus. Le cours du mardi s'adresse aux débutants-intermédiaires et celui du mercredi aux intermédiaires-avancés. Informations et inscriptions. Tél. 06 04 53 45 27
centre chorégraphique national de nouvelle-aquitaine en pyrénées-atlantiques Gare du Midi 23, avenue Foch • F-64200 Biarritz tél. +33 5 59 24 67 19 • fax +33 5 59 24 75 40 ccn@malandainballet.com président Michel Laborde vice-président Pierre Moutarde trésorière Solange Dondi secrétaire Richard Flahaut président d’honneur Pierre Durand Direction directeur / chorégraphe Thierry Malandain directeur délégué Yves Kordian
Transmission du répertoire maîtresse de ballet Françoise Dubuc répétiteur Giuseppe Chiavaro Production / Technique directeur technique Paul Heitzmann régie plateau Chloé Bréneur, Jean Gardera, Gilles Muller régie lumière Frédéric Bears, Christian Grossard, Mikel Perez régie son Nicolas Rochais, Jacques Vicassiau techniciens plateau Bertrand Tocoua, Maxime Truccolo régie costumes Karine Prins, Annie Onchalo construction décors & accessoires Frédéric Vadé technicien chauffeur Amandine Dehan, Martin Patris agent d’entretien Ghita Balouck Sensibilisation / Relations avec les publics responsable sensibilisation / transmission du répertoire aux pré-professionnels Dominique Cordemans responsable Labo de recherche chorégraphique / médiation / accueil studio Gaël Domenger Diffusion chargée de diffusion Lise Philippon attachée de production Laura Delprat agents Le Trait d’union / Thierry Duclos, Creatio 300 / Enrique Muknik, Norddeutsche Konzertdirektion / Wolfgang et Franziska Grevesmühl, Internationale Music / Roberta Righi Communication responsable image Frédéric Néry / Yocom responsable communication Sabine Lamburu attaché de presse Yves Mousset / MY Communications photographe Olivier Houeix Mission Euro région / Projets transversaux administratrice de projet Carine Aguirregomezcorta Secrétariat général / Mécénat secrétaire général Georges Tran du Phuoc Ressources humaines, finances et juridique directeur administratif et financier Jean-Paul Lelandais comptable Arantxa Lagnet secrétaire administrative Nora Menin Suivi et prévention médicale des danseurs Romuald Bouschbacher, Jean-Baptiste Colombié, Aurélie Juret Biarritz - Donostia / San Sebastián Malandain Ballet Biarritz co-présidence du projet Thierry Malandain co-directeur du projet Yves Kordian chef de projet et administration Carine Aguirregomezcorta communication Sabine Lamburu Victoria Eugenia Antzokia co-présidence du projet Jaime Otamendi co-directeur du projet Norka Chiapusso chef de projet Koldo Domán administration María José Irisari communication María Huegun Numéro direction de la publication Thierry Malandain conception & design graphique Yocom.fr impression Graphic System (Pessac) ISSN 1293-6693 - juillet 2002
Patricia Velazquez & Hugo Layer, Rêverie romantique © Olivier Houeix
Artistique / Création maîtres de ballet Richard Coudray, Françoise Dubuc artistes chorégraphiques Ione Miren Aguirre, Raphaël Canet, Clémence Chevillotte, Mickaël Conte, Frederik Deberdt, Romain Di Fazio, Baptiste Fisson, Clara Forgues, Loan Frantz, Michaël Garcia, Irma Hoffren, Miyuki Kanei, Hugo Layer, Guillaume Lillo, Claire Lonchampt, Nuria López Cortés, Arnaud Mahouy, Ismael Turel Yagüe, Patricia Velazquez, Allegra Vianello, Laurine Viel, Lucia You González professeurs invités Angélito Lozano, Bruno Cauhapé, Giuseppe Chiavaro, Sophie Sarrote pianistes Alberto Ribera-Sagardia, Miyuki Brickle, Jean - François Pailler
CALENDRIER
JUILLET > SEPTEMBRE 2018
Représentations en France 21/09
Arcachon
Rêverie Romantique / Sirènes
22/09
Arcachon
Une Dernière Chanson
26/09
Dax
Une Dernière Chanson, Nocturnes, Boléro
Représentations Pays basque 31/07
Donostia/San Sebastián
Noé
01/08
Donostia/San Sebastián
Noé
08/08
Biarritz
Noé
09/08
Biarritz
Noé
10/08
Biarritz
Noé
Représentations à l’International Allemagne / Bonn
Noé
www.malandainballet.com
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Rêverie romantique © Olivier Houeix
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