MBB_numero77_la danse à Biarritz

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LA DANSE À BIARRITZ # 72

C

Joseph Hansen

Cléo de Mérode & Hansen, les Danses anciennes © Benque & Cie, 1894

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h

horégraphe fécond auquel Jane Pritchard, Curator of Dance au Victoria & Albert Museum de Londres consacra en 2009 une étude titrée : The great Hansen (1), Joseph Hansen, naquit à Bruxelles, le 8 mars 1842. Fils de Marie Joséphine Van Seven et de Simon Hansen, tapissier, c’est entre six et dix ans qu’il entra au Conservatoire de danse de Bruxelles qui depuis l’établissement de son règlement par Jean-Antoine Petipa en 1826, fournissait la troupe du Théâtre royal de la Monnaie. « C'est moi, qui lui ai mis son métier dans les pieds » (2) dira Alexandre Bertotto. En effet, pendant deux ans au moins, Hansen suivit les leçons du toulousain. Fils d'un maître à danser du Collège de Sorrèze (Tarn), Bertotto, passé par Marseille et Lyon avait été reçu 2e danseur à la Monnaie en septembre 1861. Six mois plus tard, la mort à 43 ans d’Emile-Victor Rouquet laissant vacantes les places de 2e maître de ballet et de professeur des élèves, on le désigna pour ces fonctions. Né à Bruxelles en 1818, Rouquet, le premier maître de Hansen, avait lui-même été formé au Conservatoire par Jean-Antoine Petipa, le père de Lucien et Marius Petipa. Ayant dansé à Bruxelles, Marseille et Madrid, il dirigeait l’école depuis 1849 tout en cumulant les postes de danseur comique et de second des maîtres de ballet en place. Nommons : Adrien Renoux, Henri Desplaces et Henri Justamant, puisqu’ils participèrent aussi à la formation de Hansen. En effet, les élèves les plus capables étaient régulièrement requis pour compléter la troupe : un bataillon de 20 figurants-danseurs des deux sexes, 26 dames et 12 hommes dont Hansen fit partie avant d’être reçu 2e danseur comique en 1864. Il avait 20 ans et sous les ordres du bordelais Hippolyte Sornet, dit Monplaisir, durant la saison 1864-65, c’est-à-dire de septembre à avril, il enchaîna les divertissements d’opéras, quatre nouveaux ballets et huit reprises parmi lesquelles deux succès parisiens : la Sylphide (1832) et Giselle (1841) dont nous reparlerons. Mais aussi le Jugement de Pâris (1861) de Francisco dos Santos Pinto, que Monplaisir et Jean-Baptiste Portet, dit Page avaient réglé à Bordeaux avec Adolphe Vincent dans le rôle-titre. 1er danseur noble possédant la légèreté et la force, en 1865-66, Vincent devint maître de ballet à la Monnaie. Ne dansant pas avec le même éclat, mais estimé dans les rôles de caractère, Hansen passa régisseur de la danse. Glissons qu’il sera dit « professeur de maintien » au mariage de sa sœur Isabelle avec Henri De Perre, peintredécorateur en novembre 1865. Par la fonction de régisseur, il avait la main sur la

mise en scène et la chorégraphie, mais aussi sur le personnel et devait veiller à la bonne marche des spectacles. C’est ainsi que le départ de Vincent l’amena à collaborer en 1866-67 avec Joseph Mazilier, dont il dansa en mars, une Fête au port (1867) d’André Bernier. Pour ainsi dire le dernier ballet du marseillais, puisque celui-ci mourut en mai 1868 après avoir remis en scène le Corsaire (1856) à l’Opéra de Paris. Lui succéda, Alfred Lamy, 1er danseur noble venant de Bordeaux. Chorégraphe « d’une originalité saisissante », Lamy qui multiplia les allers-retours entre la Belgique et la Gironde, aurait dansé à Biarritz. Le hasard en fournira peut-être un jour la preuve. En attendant, sur des airs de Charles Haring, il livra à Bordeaux ses impressions de San Sebastián dans la Perla de Guipúzcoa (1889) et régla les danses d’Aïda de Verdi aux Arènes de Bayonne en 1901. Danseur et régisseur, à l’arrivée de Lamy, Hansen devint 2e maître de ballet. Outre la reprise de Terpsichore sur terre (1847) que Jean-Baptiste Barrez avait créé à Bruxelles pour Carlotta Grisi, parmi les cinq créations de 1867-68, citons la Fée amoureuse d’Oscar Stoumon, dans laquelle Lamy distribua sa femme, Jeanne et son frère Edouard. Toujours sous ses ordres, la saison suivante connut trois nouveautés et trois reprises dont Giselle, qui allait quitter la scène de l’Opéra de Paris. Sortie discrète, puisque le 26 octobre 1868, Adèle Grantzow et Louis Mérante ne dansèrent que le 1er acte après le Trouvère de Verdi. Car à l’inverse de la Russie où deux fois par semaine la danse profitait seule de la scène, en France, en Belgique, il était inconcevable qu'une soirée entière lui soit dédiée. Giselle ayant le mérite peu commun d'émouvoir, l’Opéra envisagea « une splendide reprise » en 1869, elle resta sans suite. Ce qui conduira à prétendre que le ballet imaginé par Théophile Gautier et Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges ressuscita au pays des tsars en 1884 grâce à Marius Petipa et revint en France à l’Opéra de Paris en 1910 avec les Ballets russes de Serge Diaghilev. Une fable que nous allons essayer de tuer, car notre histoire chorégraphique ne se limite pas aux échanges franco-russes et l’Opéra de Paris n’est pas la France. En effet, après avoir quitté l’affiche parisienne, le ballet poursuivit son tour de l’univers et fut joué en France au-delà de 1868. Mais puisque c’est de Bruxelles qu’Hansen le rapatria avant Diaghilev, retournons en Belgique. Créé le 28 juin 1841 à l’Opéra pour Carlotta Grisi et Lucien Petipa dans le rôle d’Albert, Giselle de Jean Coralli et Jules Perrot parut à la Monnaie, le 22 mars 1842. Jean-Antoine Petipa dirigeait la troupe et Elise Varin alla tout exprès à Paris étudier le rôle. En représentation, Lucien Petipa dansera « le pur chef d’œuvre » d’Adolphe Adam en 1844. Ensuite, le bruxellois Henri Desplaces, qui avait « obtenu un succès


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