Numéro 76 - Octobre / Décembre 2017

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LA DANSE À BIARRITZ # 71 Bobino, le Coliseum, l’Alcazar, le Moulin Rouge, Magic-City, l’Empire, l’A.B.C, la province et l’étranger durant les périodes creuses des théâtres parisiens, les Malatzoff Girls déchaîneront l’enthousiasme jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Mais, Simon dirigeant deux troupes à la fois, dès 1933, « le merveilleux et célèbre Ballet Malatzoff » collabore aussi aux spectacles de la chanteuse méridionale Andrée Turcy et du fantaisiste André Garnier. Citons les revues ou opérettes : En plein Midi (1933), l’Aventure de Céline (1934), Nine (1935), En plein tourbillon (1935 et 1936), En plein mistral (1937), Rose de Marseille (1938), En pleine joie (1938). Ainsi durant cinq ans, la Tournée TurcyGarnier multiplia les représentations en Afrique du Nord et dans le Sud de la France, où Simon et son épouse se réfugieront dès l’établissement de la ligne de démarcation. Pour l’heure, en 1935, à l’ouverture de l’A.B.C, il est nommé maître de ballet d’un des plus prestigieux music-halls de Paris. Il quitte alors la rue Daubigny pour habiter et « donner des cours de danse et de gestes » au 233, faubourg Saint-Honoré. « Il devait ainsi réaliser des bénéfices appréciables. Il doit également posséder une certaine fortune attendu qu’en 1926, il possédait 300.000 frs et qu’il a vendu en 1935, une villa à La Frette (Seine & Oise) » indique le rapport de révision de sa naturalisation, qui conclut en 1941 par : « il semble que son loyalisme envers notre pays soit acquis ». Ce que Camille Marchand, Préfet de Police traduit dans sa lettre à Pierre Pucheu, secrétaire d’État à l’Intérieur du Régime de Vichy par : « l’intéressé ne présente pas de garanties suffisantes de moralité et de loyalisme. Sa naturalisation ne me paraît présenter aucun intérêt national ».

La Revue déchaînée, tel est le titre du dernier spectacle que Simon régla à l’A.B.C en avril 1939. En décembre, alors que la guerre est déclarée, il fixe ses danseuses au cabaret Chez elle de la chanteuse, Lucienne Boyer. Puis de février à avril 1940, avec Fernandel en vedette, il participe au tournage de Monsieur Hector de Maurice Cammage. Sur la chanson You-houh  ! que Fernandel ajouta à ses

succès, il créé une danse tyrolienne pour 20 danseurs, parmi lesquels se trouvait le futur Georges Guétary. Le film sortit en décembre à Paris, la croix gammée flottait sur la tour Eiffel, puis à Marseille en janvier 1941. Simon le découvrit peutêtre à cette occasion. Puisque tout porte à croire qu’il se réfugia durant l’exode de juin 1940 chez Jean Lumière dont la Villa Tout-Doux était située à Gémenos, à 20 km de Marseille. En tous cas, lorsqu’en novembre 1942 les allemands envahirent la zone non-occupée, Simon et sa femme logeaient depuis un an chez le chanteur de charme qui faisait partie de ses élèves à l’instar d’Albert Préjean, de Marie Dubas et d’autres vedettes du music-hall. Durant l’été 1942, marquant la mise en œuvre de la « Solution finale », le régime de Vichy qui entretenait « d’heureux » rapports avec les autorités allemandes avait livré au Reich des milliers de juifs étrangers internés en zone-libre. Après novembre, la police française et la Gestapo traquèrent les juifs français et autres « indésirables ». Ainsi, après la rafle de janvier 1943 à Marseille, suivie par René Bousquet, secrétaire général à la Police, 1642 personnes finiront dans les trains de la mort. Simon et son épouse dont l’acte de naissance porte la marque de cartes d’alimentation émises à Marseille, échapperont à « l’opération Tiger » et aux coups de filet successifs. En revanche, à 72 et 66 ans, Itchko et Dimitri, seront déportés à Auschwitz le 2 mars 1943 par le convoi 49. N’ayant pas eu la force de quitter leurs domiciles ou d’affronter l’inconnu, peut-être furent-ils arrêtés chez eux à Montreuil et à Paris lors de la rafle du 11 février 1943. Mais pour avoir été internés ensemble au Camp de Drancy, le plus probable, c’est qu’on les prit à l’hôpital ou à l’hospice Rothschild. En effet, parmi les 1.000 personnes du convoi 49 se trouvait nombre de pensionnaires de cette institution. Itchko et Dimitri mourront à leur arrivée en Pologne le 7 mars. Quant à Simon, resté à Marseille après la Libération, il décédera à l’hôpital Ambroise Paré, le 3 juin 1971, à 89 ans.

n TM

Remerciements à Anne Londaitz, Arlette Doubnikoff et Rosine Delmotte. (1)

Gil Blas 30 octobre 1912

(2)

L’Ouest-Éclair, 16 septembre 1899

(3)

Gil Blas, 16 août 1899

(4)

L’Ouest-Éclair, 16 septembre 1899

(5)

Le Réveil morlaisien, 2 septembre 1899

(6)

Gil Blas, 14 décembre 1901

(7)

Le Figaro, 28 décembre 1901

(8)

Le XIXe siècle, 5 mai 1903

(9)

Le Rideau artistique et littéraire, 1905

(10)

Gil Blas, 21 décembre 1906

(11)

Le Gaulois, 23 janvier 1908

(12)

Souvenirs de théâtre, 1950, p.330

(13)

Gil Blas 25 novembre 1907

(14)

Comoedia, Georges Talmont, 28 mars 1909

(15)

Les Annales politiques et littéraires, 7 mars 1909

(16)

Comoedia, 27 août 1909

(17)

Comoedia, 5 septembre 1909

(18)

Le Ménestrel, 4 novembre 1911

Cent ans de souvenirs ou presque, 1959, p.35, p.I, p.110

(19)

(20)

Comoedia, 21 octobre 1910

(21)

Ballets à Monte-Carlo, 2014

(22)

Comoedia, 9 septembre 1911

(23)

La Rampe, 3 janvier 1918

(24)

Comoedia, 1er décembre 1911

(25)

Comoedia, 29 octobre 1912

(26)

Gil Blas, 13 novembre 1912

(27)

L’Intransigeant, le 26 octobre 1913

(28)

Comoedia, 22 avril 1913

(29)

Musica, mai 1913

(30)

Le Journal, 28 août 1913

(31)

L’Âge d’homme, Michel Leiris, 1939

(32)

À propos du Tango, Jean Richepin

(33)

Le Gaulois, 10 janvier 1914

(34)

Danseront-elles ?, José Germain, 1921, p.94

(35)

Les Hommes du jour, 28 février 1928,

(36)

Le Matin, 3 mars 1914

(37)

Margot, 17 février 1917

(38)

L’Humanité, 4 décembre 1919

(39)

Le Journal, 29 janvier 1922

(40)

Le Journal, 13 juin 1921

(41)

Comoedia, 5 février 1922

(42)

Comoedia, 26 février 1922

(43)

Paris-Soir, 26 septembre 1924

(44)

Le Matin, 10 février 1931

La Gazette du Nord de Madagascar, 24 novembre 1928

(45)

(46)

Comoedia, 28 avril 1929

(47)

Le Journal, 25 février 1932

(48)

L’Echo d’Alger, 29 janvier 1933

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