Numéro 73 - Janvier / Mars 2017

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JANVIER  > MARS 2017

ÉDITO

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ACTUALITÉ

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ACTIVITÉ

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DANSE À BIARRITZ #68

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SENSIBILISATION

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LE LABO

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EN BREF

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CALENDRIER

JOURNAL D’INFORMATION DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL DE NOUVELLE-AQUITAINE EN PYRÉNÉES-ATLANTIQUES MALANDAIN BALLET BIARRITZ

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Irma Hoffren & Mickaël Conte, Noé © Olivier Houeix + Yocom


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Arnaud Mahouy, La Belle et la Bête © Olivier Houeix


ÉDITO

Sans compter

Cendrillon entré au répertoire du Wiener Staatsballett que dirige en Autriche Manuel Legris, le trimestre qui s’achève a été une suite ininterrompue de spectacles et de succès spécialement à Lyon, SaintEtienne et Échirolles dans le cadre de la 17ème Biennale de la danse, grâce à l’invitation de Dominique Hervieu. Ainsi, pour céder aux chiffres qui scandent en permanence le quotidien de tout un chacun, 12 000 personnes n’accomplissant pas une obligation mondaine, mais venues par curiosité ou parce qu’elles ne veulent pas vivre sans émotions artistiques ont assisté aux représentations rhônalpines de La Belle et La Bête : « œuvre au noir, réflexion dansée qui touche à l’universel mais sans grandiloquence, bien au contraire » (1) selon Laurence Liban ; « modèle de romantisme, d’intériorité et de beauté sulfureuse » (2) pour Justine Colombet. En clair, malgré un titre de ballet accrocheur et donc un peu suspect, l’inverse d’un spectacle tapageur. Car au fond, entre « savant et populaire », l’un des fils rouges de la Biennale 2016, il n’est pas contradictoire d’atteler « l’art le plus libre et le plus exigeant » (3) à l’obsession du développement des publics. Cet horizon idéologique est le cœur même de notre action. Une œuvre commune dont la réussite est une récompense. Cependant, à une époque traversée par mille tourments, où depuis si longtemps chacun attend qu’après la crise vienne le beau temps, on ne peut nier la vulnérabilité de notre entreprise à la conjoncture. Mais, entendons-nous bien, s’il est logique d’être concernés par ce qui nous arrive, il y a toujours plus en difficulté que soi face aux incertitudes

de l’avenir. Raison pour laquelle nous devons tout particulièrement saluer les efforts bienveillants de nos partenaires institutionnels que sont le Ministère de la Culture et de la Communication, la Ville de Biarritz, la Région NouvelleAquitaine, le Département des Pyrénées-Atlantiques. Et parmi ceux qui nous aident généreusement, remercier vivement la Maison Repetto et les Amis du Malandain Ballet Biarritz. Le trimestre qui vient de s’achever, marque aussi l’aube d’une nouvelle année avec en boucle ses promesses de jours meilleurs. Dans l’éclat des bouchons de champagne, on entendra en effet les mêmes mots, les mêmes vœux comme des variations sans fin sur le thème d’un lendemain qui chante. « Ici l’on danse & l’on dansera tous les ans » afficha le peuple de 1789 (4) sur les ruines de la Bastille où tant de larmes avaient coulé. Heureuse par les contrastes qu’elle faisait naître, cette inscription signait l’avènement de la justice et de l’égalité, la fin d’un monde de douleur. Dans la série des toasts portés à 2017, c’est ce que l’on souhaitera à notre époque sans qu’elle ne sombre dans la férocité de révolutions idéalistes. Avec le philosophe Michaël Foessel, on l’invitera également à « se tourner vers l’art pour se consoler d’un monde désenchanté » (5). Et parce que la danse est synonyme de gaieté, jubilation, plaisir, beauté et bonheur on la priera de noter sur son agenda perpétuel : ici l’on danse de bon cœur. n Thierry Malandain, décembre 2016

(1)

L’Express, 19 septembre 2016

(2)

Le Petit bulletin, 19 septembre 2016

(3)

Dominique Hervieu, édito Biennale 2016

Bal donné après la Fête de la Fédération du 18 au 20 juillet 1790

(4)

(5) Télérama, 8 octobre 2015 à propos de : Le Temps de la consolation, Seuil, 2015


ACTUALITÉ Avant douze représentations, du 10 au 24 mai, au Théâtre National de la Danse de Chaillot, à Paris, la nouvelle création de Thierry Malandain Noé sera présentée en avant-première au Teatro Victoria Eugenia de Donostia / San Sebastián, les 14 et 15 janvier dans le cadre du projet Ballet T. En amont, une représentation scolaire sera donnée le 12 janvier à 11h.

Noé à Donostia / San Sebastián

Avant-propos

A

travers le mythe du Déluge, commun à diverses traditions, la figure réjouissante de Noé incarne une sorte de rupture dans l’histoire de l’humanité. Résumant le passé et préparant l’avenir, elle symbolise la naissance d’un nouveau monde, meilleur que le précédent. Une seconde Création gommant la première altérée par le mal et la défaillance des hommes. Par conséquent, un nouvel Adam, non pas tiré de la terre, mais tiré de l’eau, qui dans la Genèse intervient d’abord comme un élément mortel avant d’être symbole de vie, puisqu’au sortir de l’Arche, à la fois matrice et berceau, Noé et les siens vont repeupler le Monde. Ce récit qui fait suite à des épopées de même nature s’interprète à plusieurs niveaux. Ainsi, Saint-Augustin s’essaya à démontrer que les proportions de l’Arche correspondaient à celles du corps humain, « qui est aussi le corps du Christ, qui est aussi l’Église », tandis que Paul Claudel fit de l’Arche salvatrice une cathédrale, une nef naviguant dans le ciel.

Irma Hoffren & Mickaël Conte, Noé © Olivier Houeix Ione Miren Aguirre & Arnaud Mahouy, Noé © Olivier Houeix

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coproduction Théâtre National de la danse de Chaillot (Paris), Opéra de SaintEtienne, Donostia Kultura - Teatro Victoria Eugenia de Donostia / San Sebastián - Ballet T, CCN Malandain Ballet Biarritz. partenaires Théâtre Olympia d’Arcachon, Opéra de Reims, Pôle Culturel du Marsan, Theater Bonn (Allemagne), Forum am Schlosspark – Ludwigsburg (Allemagne)

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musique Gioachino Rossini (Messa di Gloria) chorégraphie Thierry Malandain décor et costumes Jorge Gallardo conception lumière Francis Mannaert réalisation costumes Véronique Murat réalisation décor Frédéric Vadé avec Noé Mickaël Conte Emzara Irma Hoffren Cain, Abel, Seth Frederik Deberdt, Arnaud Mahouy, Michaël Garcia Sem, Cham, Japhet Raphaël Canet, Baptiste Fisson, Hugo Layer Adam, Eve Daniel Vizcayo, Miyuki Kanei Colombe, Corbeau Claire Lonchampt, Hugo Layer et Ione Miren Aguirre, Romain di Fazio, Clara Forgues, Lucia You González, Mathilde Labé, Guillaume Lillo, Nuria López Cortés, Ismael Turel Yagüe, Patricia Velázquez, Allegra Vianello, Laurine Viel

Billetterie Teatro Victoria Eugenia +34 943 48 18 18 Teatro Principal +34 943 481 970 donostiakultura.eus

On peut aussi imaginer faire de Noé un être humain collectif montant dans l’arche de lui-même, pour liquider une existence passée et repartir de zéro en allant puiser de nouvelles énergies dans les abysses de son être. C’est pourquoi, excepté la colombe, signe d’espérance d’une nouvelle vie, nous n’embarquerons pas l’intégrale des animaux, juste une humanité en mouvement, figure symbolique et dansante de Noé aux rayons d’un soleil nouveau.

n Thierry Malandain


Miyuki Kanei & Daniel Vizcayo, Noé © Olivier Houeix


Claire Lonchampt et Mickaël Conte, La Belle et La Bête © Olivier Houeix


ACTIVITÉ

BIARRITZ SAISON DANSE

Tournées

Miyuki Kanei & Raphaël Canet, Cendrillon © O. Houeix

Les Cahiers de Nijinski

En ce début d’année, il est à noter que les 27 et 28 janvier, Estro et Nocturnes seront donnés à Rouen accompagnés pour la première fois d’un orchestre celui de l’Opéra de Rouen-Normandie placé sous la direction de Nicolas Simon.

Sans compter d’autres représentations en France, le Malandain Ballet Biarritz se rendra ensuite en Allemagne, où le Stadttheater de Fürth accueillera la Belle et la Bête du 8 au 12 février. Le lendemain, la compagnie s’envolera pour Israël où elle présentera Cendrillon du 16 au 18 février à l’Israeli Opera Tel-Aviv-Yafo et le 20 au Motzkin Hall de Kiryat-Motzkin. Après un passage en Allemagne à Wolfsburg le 22, en Belgique à Izegem les 25 et 26 et un spectacle au Colisée de Roubaix le 28, début mars les danseurs se rendront en Italie où la Belle et la Bête sera donnée pour la première fois à Pavia, Vicenza et Pordenone du 2 au 7 mars. Suivront quelques jours de repos avant de s’envoler avec Cendrillon et la Belle et la Bête pour les Etats-Unis du 16 mars au 3 avril. Grâce à Brent Belsher de l’Agence Le Trait d’Union, le Malandain Ballet Biarritz débutera le 18 mars à San Diego qui avait accueilli la compagnie en 2015. Suivront Palm Desert, le 20, San Luis Obispo le 22, Minneapolis, le 25, Des Moines, les 28 et 29 et enfin Cleveland les 1er et 2 avril. Avec la fin de cette tournée sonnera le début d’une autre : le Mexique et la Colombie mi-avril.

au Casino Municipal Dans le cadre de la Saison Danse organisée avec Biarritz Culture, Malandain Ballet Biarritz propose Les Cahiers de Nijinski, pièce mise en scène par Brigitte Lefèvre et Daniel San Pedro, le 23 février à 20h30 au Casino Municipal de Biarritz Texte : Vaslav Nijinski Texte français et adaptation : Christian Dumais Lvowski Avec Clément Hervieu de la Comédie Française et Jean-Christophe Guerri de l’Opéra national de Paris En 1919, après quinze ans d’une carrière éblouissante, Vaslav Nijinski, l’inoubliable créateur de l’Après-midi d’un faune, sombrait dans la folie. Mis en scène à quatre mains, incarnés par deux interprètes, ses Cahiers font entendre la voix et retracent la vie d’un des plus grands danseurs du XXème siècle. Sur une scénographie constituée d’un plancher incliné, Brigitte Lefèvre et Daniel San Pedro mettent en scène ce monologue en dédoublant le personnage de Nijinski : un comédien de la Comédie Française et un danseur de l’Opéra national de Paris interprètent cette figure d’exception, sa quête de vérité, ses pensées, « l’artiste et son double ». Tarifs : 12€ / 22€ www.malandainballet.com www.biarritz-culture.com Office de Tourisme de Biarritz +33 (0)5 59 22 44 66 tourisme.biarritz.fr Par ailleurs, un abonnement Printemps au tarif de 50€ permettra d’applaudir à la Gare du Midi : le 30 avril, le Ballet de l’Opéra National de Bordeaux, dans un programme associant quatre chorégraphes : Nicolas Leriche, Jean-Claude Gallotta, Ohad Naharin et Xenia Wiest (lauréate de la première édition du Concours de jeunes chorégraphes 2016) le 30 mai, le Ballet Preljocaj dans La Fresque.

Miyuki Kanei & Daniel Vizcayo, Cendrillon © O. Houeix

Cet abonnement est disponible auprès de l’Office de tourisme de Biarritz +33 (0)5 59 22 44 66 tourisme.biarritz.fr

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LA DANSE À BIARRITZ # 68

Marguerite Nercy

Marguerite Nercy, Dijon 1902

Le Mariage d'Arlequin, photo Boyer

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Légère, gracieuse, de belle et noble école » (1), c’est en 1916 que Marguerite Nercy vint à Biarritz. Loin du théâtre de la guerre, elle sera invitée à régler le ballet de Thaïs, l’opéra de Jules Massenet dont tout le monde connaît la célèbre Méditation pour violon. En revanche, les réputations chorégraphiques ne survivant guère à l’époque qui les vit naître, hormis le fait que son vrai nom était Dorsy ou Dorcy, il convient d’admettre que l’on ignore presque tout de la vie de cette artiste qui eut son heure de succès comme étoile et maîtresse de ballet.

« Bordelaise : élève de Mme Mariquita. Débute dans son pays natal » indique un programme parisien en 1897. Les registres d’état-civil ne validant pas cette naissance à Bordeaux, sans doute vit-elle le jour dans une commune voisine autour de 1875. Quant à son éducation artistique : même si Mariquita, « femme de génie qui fit accomplir de merveilleux progrès à la chorégraphie » (2) déclarait en 1896 : « La danse, chez nous, traverse une crise. On recrute à l’étranger. Il faudrait reconstituer en province, les classes qui, jadis, existaient à Bordeaux, Lyon, à Marseille et à Rouen » (3) ; montrant de belles dispositions, Marguerite étudia toute jeunette à Bordeaux auprès de Joseph Charansonney, maître de ballet du GrandThéâtre. Conséquence de son ardeur au travail, à quinze ans environ, elle entra sous le nom de Marguerite Dorsy dans le corps de ballet. A vrai dire, la date de son engagement est enveloppée de ténèbres. Seule certitude, dès le 27 juillet 1890, « avec plusieurs de ses camarades », elle dansa dans la revue d’été de l’Alcazar, l’un des plus anciens cafés-concerts bordelais. En octobre, sous la direction d’Alfred Lamy, elle enchaîna au Grand-Théâtre, l’Africaine, Manon, les Huguenots, Faust, etc., puisque l’ordinaire de la troupe était comme partout en France d’assurer les divertissements d’opéras. La danse n’existant pour elle-même que par de rares reprises de succès consacrés ou la création de petits ballets associant le plus souvent le chef d’orchestre en place à des personnalités locales. A l’instar de Joseph Jacquin et Albert Jannesse, rédacteurs des Soirées bordelaises et auteurs d’Ouliane (25 avril 1891) avec Charles Haring, ou bien du même maestro, Brelan de Pierrot (26 avril 1892), livret de Georges Nerval, régisseur du Grand-Théâtre, qui collaborera avec Marguerite. Mais avant, jetant tout son zèle pour sortir du rang, après la sacro-sainte épreuve des débuts les artistes devaient faire « trois débuts » avant de connaître le verdict des abonnés en 1892, sous le nom de Nercy, Marguerite fut admise 2ème danseuse. L’occasion de deux créations de Charles Haring et Alfred Lamy : Ballet militaire (4 février 1893) et le Cœur de Pierrot (20 février 1893). Puis, « elle s’en alla à Nantes, en qualité de première danseuse » assure le programme cité plus haut. Il n’en subsiste aucune trace, mais il y a peut-être une explication. En effet, lorsqu’en 1893, le maître de ballet, Anthelme Ruby se fixa à Nantes, tout en blâmant ses « extravagances » la presse locale nota : « nos ballerines semblent se donner le mot pour partir les unes après les autres » (4), avant de lancer : « le maître de ballet aurait besoin d’être balayé » (5). Faute d’éléments suffisants, c’est à Aixles-Bains, comme 1ère danseuse du Casino de la Villa des Fleurs qu’on la retrouve à l’été 1894 : « Le corps de ballet, au milieu duquel brille Mlle Nercy, a eu sa large part


LA DANSE À BIARRITZ # 68 Robert Planquette. Le ballet des Chevaulégers et des Grisettes, ainsi que celui de la Fête populaire mettra en avant Jeanne Chasles, transfuge de l’Opéra, mais face au succès, on fit activement répéter en double les principaux rôles. C’est ainsi que fin novembre, Marguerite alterna avec Jeanne Chasles, avant de passer 1ère danseuse en mai 1898. Entre temps, le 12 février, on rejoua la Jolie parfumeuse d’Offenbach. Louis Debruyère y avait intercalé deux ballets : « L’un, celui des chiens savants, est plutôt un divertissement curieux par sa nouveauté. L’autre, les Saisons, un vrai et grand ballet, Mlles Nercy et Briant y évoluent en danseuses légères, adroites et gracieuses » (12). Ce fut ensuite le Maréchal Chaudron (27 avril 1898) de Paul Lacôme, dont le 2ème acte s’achevait par une Jota qu’enlevèrent « Mlles Nercy et Briant et dix dames du corps de ballet ». Cette Jota, Mariquita l’avait mise au point avant de rejoindre l’état-major du nouveau directeur de l’Opéra-Comique : Albert Carré. Son successeur à la Gaîté, Léon Bucourt réglera les danses des 28 Jours de Clairette de Victor Roger interprétées dès le 18 octobre 1898 par « Mlles Nercy, Briant et toutes les dames du corps de ballet ». Après quoi, Marguerite entra comme 2ème danseuse à l’Opéra-Comique dont l’ouverture après l’incendie de 1887 eut lieu le 7 décembre 1898. Lors de ce gala inaugural, elle dansa dans Lakmé, puis après Carmen et Manon, créa le Cygne (20 avril 1899) de Charles Lecocq, le premier ballet de Mariquita place Boieldieu et enfin Cendrillon (24 mai 1899) de Massenet joué 50 fois dans la foulée. L’été venu, engagée au Casino de Royan, Marguerite retrouva Alfred Lamy qu’elle suivit au Grand-Théâtre de Marseille. Reçue 1ère danseuse après avoir plu dans les Huguenots, Thaïs, Hamlet, Samson et Dalila, etc., d’avril à juin 1900, elle posa ses valises à Toulouse, au Théâtre des Variétés, où pour la première fois admise comme 1ère danseuse et maîtresse de ballet, elle régla entre autres le 1er acte de Coppélia (1870) de Léo Delibes et Arthur Saint-Léon. Sous le nom de « Marguerite de Nercy », elle passa ensuite l’été à Arcachon. Est-ce la direction du Casino, qui ne trouvant pas son patronyme assez ronflant l’allongea d’une particule nobiliaire ? On l’ignore, en tous cas, avec ce nom du meilleur effet, elle séjourna trois mois dans la station avec Ida Briant pour partenaire. « Faut-il énumérer les ballets si joliment dansés et réglés par Mlle de Nercy ? » (13) s’interroge L’Avenir d’Arcachon. Sûrement, puisqu’en plus des intermèdes lyriques, elle créa la Fête villageoise (25 juillet), Au bord de l’eau (1er août), Mariage bohémien (29 août) et Héra (14 septembre) sur des airs de Louis Blasini, arcachonnais d’adoption et des livrets de Georges Nerval, régisseur à Bordeaux. Laissant dans la station « un gros succès » (14), Marguerite rejoignit ensuite le Grand-Théâtre de Genève, où à 135 oui et

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de succès » (6) écrit Le Petit parisien à propos du Ballet du Roy de Manon, tandis que Carmen lui permet de se distinguer : « Mlle Marguerite Nercy a dansé avec infiniment de séduction le joli pas de l’éventail » (7). Sans quoi, dans Hamlet en présence du compositeur Ambroise Thomas, elle contribuera « au succès de cette soirée sensationnelle »  (8) avant de quitter la station savoisienne pour une destination ignorée. Bruxelles pourrait être une hypothèse, vu que l’été suivant le Casino de Vichy profita d’un « ballet composé des plus jolies danseuses du Théâtre royal de la Monnaie, ayant à leur tête Mlles Riccio, Dierickx et Nercy » (9). S’illustrant dans les pas du bordelais Camille Laffont, Teresita Riccio et Jeanne Dierickx étaient en effet pensionnaires de la Monnaie. Mais rien ne l’indique du côté de Marguerite, qui après Vichy, disparut un an des chroniques pour reparaître au Théâtre de la Gaîté en 1896 : « engagée comme sujet à la Gaîté, y crée le pas de deux du ballet de la Poupée » dit sa mince biographie. Nous pensons toutefois qu’elle y entra plus tôt, en 1893, après son séjour à Nantes, d’abord mêlée aux « quarante dames du corps de ballet » avant de passer sujet, travesti au besoin. Ce qui justifierait son titre d’élève de Mariquita, laquelle œuvrait à la Gaîté depuis 1892 : « Une des plus charmantes élèves de Mme Mariquita » dira-t-on, lorsque « avec beaucoup de grâce légère et d’intelligence scénique » (10) elle devint 1ère danseuse. En attendant, le 21 octobre 1896, au 4ème tableau de la Poupée d’Edmond Audran, elle paraît dans «  Tamponville, divertissement comique, dansé par Mlle Cornelia Riva, première danseuse étoile, Mlles Briant et Mercy (sic) premiers travestis et toutes les dames du corps de ballet ». Après la Poupée, Louis Debruyère, le directeur de la Gaîté, misant sur les opéras comiques à grand spectacle pour remplir sa salle, le 5 février 1897, il reprit la Mascotte d’Edmond Audran augmenté d’un divertissement militaire et du Mariage d’Arlequin dans lequel Marguerite tint le rôle-titre. Le 1er octobre 1897, ce fut l’inépuisable succès de Robert Planquette : les Cloches de Corneville. En 1892, dans le ballet de la Cueillette des pommes, Mariquita avait créé pour Jeanne Lamothe et Jeanne Litini : « un petit pas de deux joliment réussi » (11), il sera là dansé par Marguerite et Ida Briant en travesti. Vint ensuite, le 5 novembre 1897, la création de Mam’zelle Quat’Sous de

La Poupée, Edmond Audran

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Le Maréchal Chaudron, Paul Lacombe

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LA DANSE À BIARRITZ # 68 d’après un livret du maire de la ville, le docteur Sylva Sicard sur une musique de Max d’Ollone, avec 60 danseuses, 100 figurants, 450 instrumentistes ? Même si Lina Campana tenait le premier rôle auprès du chorégraphe mimant Bacchus, c’est possible. En attendant, absente des chroniques durant un an, la seule certitude est qu’elle passa l’été 1902 au Kursaal de Malo-les-Bains. Epoque où le pianiste et compositeur Henri Blanc-Lachau lui dédie Air de Ballet. Suivront comme 1ère danseuse et maîtresse de ballet, le Grand-Théâtre de Dijon de 1902 à 1904, le Grand-Théâtre de Nantes de 1904 à 1906, puis Rouen où elle ne fut reçue 1ère danseuse noble qu’avec 8 voix de majorité, ce qui suscita des protestations. Mais estimée comme chorégraphe, elle réglera les danses de 20 ouvrages sur les 43 affichés et un ballet : Fresques pompéiennes, d’Alexandre Beaumont et Alban de Polhes, musique de William Marie.

14 non, elle fut reçut 1ère danseuse noble, sous la direction de Marie Hennecart. Entre les Cloches de Corneville, Manon, Lakmé et autres Faust où « Mlle Nercy a du style et danse avec élégance » (15), Marguerite fut aussi appréciée dans Javotte (1896) ballet de Camille Saint-Saëns créé à Lyon par Jean Soyer de Tondeur. Ensuite, engagée par Léon Bucourt, « la charmante danseuse étoile » (16), retrouva Royan pour s’illustrer entre autres dans un ballet en 3 actes : le Satyre (13 juillet), musique de Paul Marcus et Fanchonnette (23 juillet) musique de Paul Lefaure. Enchaîna-telle avec Bacchus mystifié (25 août), que Léon Bucourt créa aux Arènes de Béziers

Se consacrant à la restitution de danses anciennes, c’est à Biarritz en octobre 1904 que William Marie acheva Fresques pompéiennes, dont le principal rôle était destiné à Jeanne Chasles. Réglées par Joseph Hansen, chef de ballet à l’Opéra et connu à Biarritz pour avoir inauguré le Casino Municipal en 1901, ses scènes dansées et chantées sur la vie de Pompéi, virent le jour à Monte-Carlo. Exactement, le 7 février 1905 avec Emma Sandrini et Laetitia Couat, de l’Opéra, et Jeanne Chasles, « le plus spirituel des faunes » (17). Après quoi, William-Marie fit recevoir son ballet au Théâtre des Arts de Rouen. « Bien réglé par Mlle Nercy » et « longuement applaudit » (18), il sera repris à Biarritz en septembre. Alfred Delilia écrivant : « De Biarritz : on répète activement Fresques pompéiennes. Le chef d’orchestre Gaston Coste et la maîtresse de ballet, Adelina Gedda, donnent tous leurs soins à cette intéressante reconstitution de la vie antique » (19). Seulement, la presse locale passa l’évènement sous silence.

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Après Rouen, victime ou pas de la même indifférence, Marguerite quitta les rubriques théâtrales durant trois ans avant de reparaître à Bordeaux en juin 1910. Donnée pour appartenir au Grand-Théâtre, mais engagée à l’Alhambra par Georges Mauret-Lafage et Louis Lemarchand, directeurs de cet établissement et du Théâtre-Français, entourée de 18 ballerines, dont Eugénia Casalegno, 1ère danseuse du Grand-Théâtre, elle paraît dans Tout pour la Bordelaise (10 juin) : revue satirique, féerique et d’actualité en 3 actes et 18 tableaux du même Lemarchand, parolier fécond qui deviendra le revuiste des FoliesBergère. Comme dans toutes les revues la danse occupait une place de choix. Mais, « cette fois, écrit Comoedia, on a usé avec modération des traditionnelles danseuses anglaises. Leurs gesticulations, amusantes sans doute, se sont assagies, semble-t-il,

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A Mlle Marguerite Nercy de l’Opéra-Comique

Bordeaux, l’Alhambra

au contact de l’élégance correcte du ballet français, dont Mlles Nercy, maîtresse de ballet, et Casalegno sont les gracieuses représentantes » (20). Plus tard, le 2 septembre, l’Alhambra organisa un gala en l’honneur de Marguerite et Eugénia, qui danseront la Fête du printemps d’Hamlet : « Grand succès pour le bénéfice de Mlles Nercy et Casalegno, les deux remarquables danseuses qui sont venues, dans le ballet d’Hamlet, recueillir des fleurs et des bravos sans nombre. Mlle Nercy put montrer toute la souplesse d’un talent complet, classique dans le bon sens du mot, comprenant à la fois la grâce vive et légère, la précision et la sûreté. Succès très grand, partagé, bien entendu, par sa brillante partenaire, Mlle Casalegno, si renommée à Bordeaux » (21). Retrouvant le Grand-Théâtre en octobre, suivant l’excellent Répertoire des spectacles établit par Luc Bourrousse, Marguerite s’acquitta des danses d’opéras avec un talent consommé, tout en enlevant les bravos dans une des deux créations du chef de ballet, Joseph Belloni. Ainsi, Cosmopolis (16 janvier 1911), sorte de ballet des nations dû au maestro Ernest Montagné, dans lequel elle incarna la France et la Russie. Ne dansant pas Nedjema (2 février), musique du bordelais Oscar de Lagoanère, on la vit en fin de saison, dans Coppélia, au bras d’Eugenia Casalegno, qui dans le rôle de Franz se donnait un aspect un peu viril. Notons qu’à l’époque, Vaslav Nijinski, était acclamé chaque soir. Mais encore plus absurde que le travesti aux formes aphrodisiaques, Marguerite et Eugenia danseront le 1er acte de Coppélia, le 26 février après la Bohème et le 2ème acte deux mois plus tard, le 2 avril après Lakmé. En fait, jugeant alors qu’il était impossible que le public s’intéresse longtemps à un spectacle muet, on coupait allégrement les ballets. Mais pour être juste, même au début du XIXème siècle, où la danse s’autorisait de grands ballets en 3 actes, on sacrifiait aussi un opéra en lever de


LA DANSE À BIARRITZ # 68 rideau. Absente, le 6 mai 1911 du gala de clôture, tout en dirigeant « le ballet français » de l’Alhambra, Marguerite signa en juin avec Louis Maillard, directeur du Casino de Royan : « On nous promet pour bientôt les débuts du corps de ballet dirigé cette année par la charmante Mlle Nercy ; je vous en parlerai prochainement » (22) écrit le correspondant de Comoedia qui promet deux jours après : « quant au corps de ballet, habilement conduit par Mlle Nercy, danseuse de bonne école, je vous en reparlerai » (23). On attend encore, mais les yeux fermés, elle régla les intermèdes habituels. En 1911-12, 1ère danseuse demi-caractère, Marguerite participa aux trois nouveautés de Joseph Belloni. Tout d’abord, fondu à la création bordelaise de Madame Butterfly, Poupées japonaises (26 janvier 1912), musique d’Ernest Montagné. Puis à la suite de Werther, Saryta (22 mars) de William Marie qui dirigea lui-même son œuvre. Le livret était de « Mmes Schlechta-Le Bargy et Jean de Hinx », pseudonyme de Paule de Gardilanne, épouse d’Alfred de Gardilanne, propriétaire du château de Castéra à Hinxsur-Adour (Landes). Quant à Mme Le Bargy, dite Schlechta, il devait s’agir de Simone Le Bargy, actrice et femme de lettres. « Le ballet, écrira-t-on, comprend surtout des poses, des menées; les variations sont peu nombreuses, mais habillement réglées par M. Belloni. Elles mettent en relief la grâce, la souplesse, l’agilité et les belles qualités chorégraphiques de Mlles Pelluchi, Nercy et Ceyepanska » (24). Marguerite créa également Oriane (19 avril) ballet mythologique des girondins, Léo David pour le livret et Marcel Marche pour la musique. Et « grand succès pour Mlles Pelucchi, Nercy, Ceyespanska, entourées de leurs séduisantes compagnes »  (25). Après le gala qui le 5 mai 1912 clôtura la saison par un acte de Sylvia (1876) de Léo Delibes et Louis Mérante, Marguerite qui incarnait Cupidon, s’en alla « briller d’un éclat supérieur » (26) à Royan. Travestie au

besoin auprès d’Elena Colombo, du GrandThéâtre de Lyon, elle réglera notamment les gigues et boléros d’une nouvelle opérette de Claude Terrasse : Cartouche. Laissant les clochetons du Casino de Royan, Marguerite fit sa rentrée bordelaise, le 10 octobre 1912 dans le Ballet du Roy de Manon reprit le 12 novembre dans un pot-pourri que Joseph Belloni intitula Danses anciennes. Entre temps, dans la Fête du printemps d’Hamlet, elle remplaça « obligeamment Mlle Ceyespanska, qui s’était traversé le pied, la veille avec sa pique dans ce même ballet » (27). Dispensée de Songes fleuris (8 février), Marguerite fit toutefois valoir « ses remarquables pointes, sa science chorégraphique »  (28) dans Grand divertissement mythologique (15 avril) tiré d’Ascanio de Saint-Saëns avant de faire ses adieux, dans le ballet du Trouvère, le 2 mai 1913. Deux jours après, le Grand-Théâtre fermait ses portes pour travaux et ne rouvrira qu’en 1919. Pour autant, Marguerite ne quitta pas Bordeaux, puisque le Théâtre-Français l’engagea comme 1ère danseuse noble. Avant, avec ses camarades, elle monta au Théâtre d’Agen, Hérodiade, la Favorite, Hamlet et Faust joués du 1er au 8 juin. Puis, passa l’été à Royan où « un délicieux ballet », le Beau Nicolas, musique de Charles Thony, « admirablement réglé par notre excellente maîtresse de ballet » obtint « un succès triomphal » (29). Sous la direction d’Amelia Sberna, maîtresse de ballet venue de Rouen, Marguerite débuta au Théâtre-Français en octobre. « Toujours classique, légère et souple » (30), elle dansa en plus des opéras, la Feria (29 octobre) de Paul Lacôme, compositeur de renom fondateur en 1902 d’une école de musique à Mont-de-Marsan, Rose et Papillon (19 décembre), musique de Laurent Luigini, Myosotis (9 janvier), musique de Philippe Flon et Collinette (13 mars) musique de M. Myral, sur un livret d’Eugène Dubois, administrateur du théâtre, qui en mai lui confia la Chaste Suzanne, l’opérette de Jean Gilbert : « pas charmants délicieusement réglés par Mme Nercy » (31). Enfin, avant de gagner Royan, le 22 juin, elle dansa « avec grâce et talent »  (32) la seguidilla de Carmen aux arènes bordelaises de La Benatte.

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Marguerite Nercy, Bordeaux, photo Panajou frères

La Feria, Paul Lacombe

« Nous adressons nos vives félicitations à Mlle Nercy, maîtresse de ballet pour qui l’art chorégraphique n’a plus de secrets et que M. Maillard, directeur de Royan vient d’engager à l’Apollo » (33). C’est ainsi qu’en juillet 1914, Marguerite signa à Paris, à l’Apollo dont Louis Maillard s’était rendu acquéreur. Ouvert en 1905 et dédié à l’opérette, on y avait entendu pour la première fois, Rêve de valse d’Oscar Strauss, la Veuve joyeuse et le Comte de Luxembourg de Franz Lehár, dont Marguerite avait réglé les danses à Royan

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LA DANSE À BIARRITZ # 68 Cocher, au Palace-Théâtre dont Marguerite régla les danses. « Le Ballet Nercy » enchaîna ensuite, Béguin du roi, la Veuve soyeuse, le Tour de Bordeaux en 80 minutes, Claudine en vadrouille, jusqu’en juin, date à laquelle Marie-Joseph Provost retrouva la Scala. Parallèlement, Marguerite investit une scène montée dans le parc du Château Bel-Air, à Caudéran. Une propriété de la Croix-Rouge, d’où « la nuée d’infirmières quêteuses » les après-midis de spectacles. Auprès de Juliette Neurtha, de Lucy Maire, maîtresse de ballet à Biarritz en 1924 et d’autres ballerines, Marguerite sera applaudie du 18 juin au 10 septembre

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le 1er août 1914. Deux jours plus tard, la guerre éclatait. L’heure étant trop grave pour songer aux plaisirs, le soir même la plupart des théâtres fermèrent, mais les hostilités se prolongeant, la vie reprit peu à peu ses droits. L’Apollo expulsa toutefois les pièces viennoises de son répertoire au profit d’œuvres patriotiques à l’instar de la Cocarde de Mimi Pinson d’Henri Goublier dont Marguerite réussit le ballet alsacien donné 120 fois dès le 25 novembre 1915. Après quoi au printemps elle revint à Bordeaux. Le Grand-Théâtre étant en travaux, malgré les restrictions, le public abondait dans les salles que tenaient Georges Mauret-Lafage et Léopold Lescouzères. Ainsi, guidé par Joseph Belloni, un corps de ballet « vadrouilleur » basé au Théâtre-Français, enchaînait opéras, opérettes, ballets et revues aux Bouffes-Bordelais, au Trianon-Théâtre et à l’Apollo. Parmi les autres salles, la Scala ayant temporairement fermé ses portes, en avril 1916, Marie-Joseph Provost, acteur et auteur, transporta sa troupe au SkatingPalace-Théâtre. L’ouverture fut fixée au 22 avril, avec une revue de circonstance, Eh !

Biarritz, le Royal-Fronton Chiquito de Cambo

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comme chorégraphe et danseuse dans Samson et Dalila, Hérodiade, la Fille du Régiment, la Dame blanche et les Huguenots. Entre temps, le 6 août, elle vint à Biarritz « ajouter à l’éclat du spectacle » de Thaïs. Le Casino Municipal étant changé en hôpital depuis septembre 1914, (il ne rouvrira que le 25 août 1916), Thaïs fut joué en plein air, au Royal-Fronton, de l’avenue Lebas. Donnant pour la première fois asile à l’art lyrique, même si l’illustre Ferdinand, compteur aux parties y était régulièrement ovationné dans ses chants basques, ce fronton appartenait à Joseph Jauretche, l’impresario du plus célèbre des pelotaris : Joseph Apesteguy, dit Chiquito de Cambo qui l’avait inauguré en 1910. Par parenthèse, blessé à Verdun et signalé pour lancer les grenades à des distances hors du commun, « le roi de la pelote » jouissait d’un tel prestige qu’il avait inspiré avant-guerre un drame lyrique au compositeur bordelais Jean Nouguès : Chiquito, créé à l’Opéra-Comique, le 30 octobre 1909. A ce titre, le décorateur Marcel Jambon, Albert Carré, et Mariquita viendront au Pays basque pour prendre un bain de couleur locale et engager quatre danseurs de Saint-Jean-de-Luz : MM. Ramos, Diribarne, Baron et Josié, qui « qui firent une profonde impression sur le public …. et aussi, hélas ! sur le personnel

de mon corps de ballet » (34) écrit Albert Carré. Les mêmes, ainsi que Jean Nouguès seront vivement applaudis quand Chiquito sera joué à Biarritz le 30 septembre 1913. Pour revenir à Thaïs, c’est à 4 heures de l’après-midi, « dans la chaleur d’une journée particulièrement lourde de soleil » que le Royal-Fronton fit entendre l’ouvrage que Massenet avait créé à l’Opéra, le 16 mars 1894. Dansé par Rosita Mauri et d’autres ballerines, le ballet du 3ème acte, sorte de mimodrame intitulé, la Tentation portait la marque de Joseph Hansen. Mal reçu, ce ballet sera remplacé dans la version définitive de 1898 par celui de la Place publique que Marguerite dansa et régla maintes fois. Au reste, l’ouvrage n’était pas non plus une nouveauté à Biarritz, mais tous écoutèrent avec plaisir, Geneviève Vix et le bordelais Louis Lestelly dans les rôles clefs. Refugiée en Espagne depuis 1914, la soprano de l’Opéra-Comique dira plus tard : « une de mes plus grandes émotions, fut celle que je ressentis pendant mon séjour à Biarritz, lorsque je chantais devant et pour les blessés français » (35). Car après Thaïs, la Vix participera « au plus grandiose des spectacles » : Toute la guerre. Donné le 22 septembre au Théâtre-Mondain avec le concours du service cinématographique de l’armée, il faisait défiler sur l’écran, tous les épisodes du conflit, de la mobilisation jusqu’aux batailles de Verdun et de la Somme. « Soutenant son orchestre avec un courage méritoire contre la chaleur du soleil », Adolphe Pelabon, dont le père tenait une Académie de Danse à Bordeaux, conduisait Thaïs. Quant au corps de ballet, La Gazette


LA DANSE À BIARRITZ # 68

de Biarritz rapporte sans explication que « les artistes chorégraphiques attendus firent défection au dernier moment » (36). Sans remonter à 1914, où l’on vit « dans l’unique train qui partait chaque jour de Paris, des hommes riches, des femmes élégantes, trop heureux de s’entasser dans des wagons à bestiaux où ils devaient passer deux ou trois jours avant d’arriver, plus loin que Bordeaux, à Biarritz, … » (37) on sait que les besoins en matière de transports s’étaient accrus. Ainsi entre les 6.768 trains de troupes qu’exigea la seule bataille de la Somme, entre les trains de permissionnaires et les convois sanitaires, le transport civil était aléatoire : « les locomotives poussives filent au gré peu sûr des aiguilles et des "bifur" » (38) note Le Cri de Bordeaux. C’est peut-être la raison de cette défection. De fait, on ignore si « Mlle Nercy de l’Apollo de Paris » arriva à destination. Mais afin de légitimer la suite de cet article, imaginons-la à Biarritz inquiète dans l’attente de ses danseuses. Quelques mois après cette mésaventure, engagée à Alhambra, où les députés s’étaient repliés en 1914, le Sénat occupant l’Apollo, à la tête d’une troupe de 20 danseuses avec pour étoiles Mady Pierozzi et Juliette Neurtha, Marguerite créa le 15 mai 1917 : C’est affolant, féerie revue en 3 actes et 30 tableaux, de Félix Celval, René Pujol, Henri Boularé, musique de M. Giraud. Les costumes portaient la griffe d’une gloire du music-hall, Bénédicte Rasimi, « fée prodigieuse de la couleur et du costume » et directrice du Ba-ta-Clan qu’on surnommait « Madame Rase-mimi » pour imposer l’épilation des sourcils, des aisselles, des jambes, ce qui n’avait globalement plus cours depuis la Renaissance. « Aussi ingénieux que somptueux les ballets eurent droit à toutes les félicitations » (39) et par des numéros maintes fois renouvelés, C’est affolant tint

A cette date, où l’Alhambra ferma ses portes, que fit Marguerite ? Disparaissant près de cinq ans, nous savons seulement qu’en août 1920, Albert Olitro, administrateur du Casino de Royan fit appel à ses services. Dans la Fille de Madame Angot, elle révèlera à la presse enthousiaste, la danseuse Janine Klotza, c’est tout ce que l’on peut dire. Sensible aux agréments de la station, elle séjournera à Royan les deux étés suivants, puis signa à Bordeaux au Théâtre-Français pour la saison 1922-23. Avec Dina Lorenzi comme étoile, elle réglera les danses d’au moins deux opérettes, la Reine du cinéma et le Sire de Vergy et celles d’une revue, Oh! c’ t’Amour ! jouée dès le 1er mars 1923. La saison suivante, toujours à Bordeaux, mais au Trianon-Théâtre, il s’agira au mois de mai de En joue... feu ! : « la plus endiablée des revues, et la mieux montée avec des ballets admirablement réglés par Mme Nercy » (40) écrit Le Ballon rond : journal spécialiste du football, mais rondement utile tant sont rares les informations sur cette époque.

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l’affiche jusqu’à la mi-août. En septembre, sous la nouvelle direction de Paul Nolla et du chef Oscar de Lagoanère, l’Alhambra se tourna vers l’opérette. Mady Pierozzi et Juliette Neurtha étant passées au ThéâtreFrançais où Camille Laffont remplaçait Joseph Belloni, Marguerite retint Yvonne Vallée et Meg Renouil, qui s’illustrèrent dans le Petit Faust, la Princesse de Trébizonde, Son Altesse Royale jusqu’en novembre 1917.

La crise des transports, Henri Guilac, 1916 Marguerite Nercy, Dijon 1903

remplacer les travestis. Décidé à revenir au temps où les « ballerins » avaient au moins autant de réputation que les ballerines, en septembre 1920, Léo Staats enfoncera le clou en remplaçant les travestis des Huguenots par douze danseurs. Faute d’éléments masculins, Marguerite ne put rompre avec cet usage, mais dans Taglioni chez Musette, « l’excellente maîtresse de ballet » sut néanmoins « tirer de sa troupe de ballerines les effets les plus divers de belle chorégraphie » (42). L’on terminera, avec le Jugement de Colombine, ballet de Pierre Castex, musique « d’un modernisme assez accusé » d’Henri Brouillard, que Marguerite créa le 8 avril 1930 « en recevant du public une longue et chaleureuse ovation » (43). Trois semaines plus tard, le 29 avril, Maurice Carrié et son personnel arrivaient à Casablanca pour une saison lyrique. Attendue à Royan et remplacée par Elena Colombo, Marguerite ne fut pas du voyage, mais elle retrouva en octobre ses douze danseuses en 1930-31, saison que nous passons faute de place.

En 1925-26 Marguerite fut engagée par Maurice Carrié au Capitole de Toulouse. Entre les succès classiques et les opéras plus modernes, un des sommets de la direction du réputé baryton toulousain sera la création de la Tétralogie de Richard Wagner, de Parsifal et Tannhäuser, où Marguerite se montra « admirable par la composition des groupes, le savant déroulement de ses figures » (41). Sinon, parmi les ballets dans lesquels les choristes ne gênaient pas la circulation des danseuses, on citera Chiquito (23 mars 1926) d’Honoré Lejeune, musique du maestro Julien Dupuis. Puis, sous la baguette du toulousain Paul Vidal qui avait orchestré avec André Messager des valses et nocturnes de Chopin, la reprise le 2 décembre 1927 de Suite de danses (1913) qu’Ivan Clustine avait créé à l’Opéra. La reprise également, le 15 janvier 1927 de l’amusant Taglioni chez Musette de Frantz Funck-Brentano, sur des airs de l’époque 1830 arrangés par Henri Büsser, également natif de Toulouse. Créé en 1920 à l’Opéra ce ballet avait fourni au chorégraphe Léo Staats l’occasion d’une petite révolution, puisqu’en faisant danser plusieurs hommes, le public dilettante s’aperçut qu’ils pouvaient avantageusement

•••


LA DANSE À BIARRITZ # 68

••• En 1931-32, appelée par Georges Mauret-Lafage, « la parfaite maîtresse chorégraphe » (44) revint au Grand-Théâtre de Bordeaux, dont la troupe se rehaussait de Nandette Caméré, Aurore Sadoine et Jean Combes. Outre les divertissements d’opéras, elle reprit le 21 octobre sa version de Suite de danses, puis le 5 novembre, les Deux pigeons (1886) d’André Messager et Louis Mérante que son devancier Joseph Belloni avait mis au répertoire en 1923. Le 28 novembre, elle revisita les Erinnyes (1920) de Massenet créé à Bordeaux par Jean Soyer de Tondeur. Puis ce fut Coppélia, où respectant la tradition, Nandette Caméré faisait les yeux doux à Aurore Sadoine, tandis que Jean Combes, faisait applaudir « son mâle et beau talent » dans le vieux Coppélius. La saison s’acheva par deux créations : Vision antique (24 février), sur des pages de Peer Gynt d’Edouard Grieg et Une fête à Tournebride (7 mars) sur des airs de Franz Lehár, Johann Strauss, Olivier Métra et du maestro Georges Razigade. Pour les amateurs de T.S.F, ce ballet sera diffusé en direct le 1er avril sur Bordeaux-Lafayette PTT (304,9) après la Tosca.

h k Nandette Caméré, photo Srebpicki g

Marguerite Nercy, Paris, photo Aumont 1897

Jean Combes, photo Adrien

En 1932-33, « le sûr talent, l’ingéniosité et le goût de Mme Nercy » (45) s’affirma à Bordeaux dès le 14 octobre par une reprise de Taglioni chez Musette. Puis, vint Variétés chorégraphiques (22 novembre) de divers compositeurs, dont Saint-Saëns, afin d’offrir à Nandette Caméré l’occasion d’égaler la Pavlova dans la Mort du cygne (1907) de Michel Fokine. Du même chorégraphe, le 22 décembre, Marguerite reprit le Spectre de la rose (1911) avec Jean Combes et Nandette Caméré. Dansé par Mady Pierozzi et Sacha Sarkoff, maître de ballet à Biarritz en 1929, ce tableau chorégraphique était entré au répertoire en 1922 grâce à Joseph Belloni. Le 27 janvier 1933, ce fut Casse-Noisette (1892) non pas les 2 actes du ballet de Tchaïkovski créé à Saint-Pétersbourg par Marius Petipa et Lev Ivanov, mais la Suite d’orchestre entendue pour la première fois à Paris en 1899 aux Concerts Lamoureux. En fait, réglée par Jean-Jacques Etchevery l’intégrale de Casse-Noisette ne sera montée en France qu’en 1948 à l’OpéraComique. En attendant, en 1919, Anna Pavlova et Alexandre Volinine feront connaître le pas de deux final au Théâtre des Champs-Elysées. Ensuite, certains fragments seront ajoutés à la Belle au bois dormant (1890) reprise par les Ballets russes à Londres, avec un faste inouï, dont le peintre Léon Bakst fut le dispensateur en 1921. Igor Stravinski avait préalablement arrangé la partition à Biarritz. En 1922, ruiné par cette production et contraint de laisser en Angleterre une partie des décors et costumes, sous le titre du Mariage de la Belle au bois dormant, Serge Diaghilev n’offrira à Paris qu’un extrait de « ce ballet classique français de Petipa, qui comporte une quelconque musique de Tchaïkowsky, passablement banale et vulgaire » (46) note alors Paul Bertrand, l’influant critique du Ménestrel. Tandis qu’André Messager, le compositeur universellement connu des Deux pigeons écrira : « sa qualité principale est d’être vraiment de la musique de danse, comme on la concevait pour le ballet il y a quarante ans mais il faut bien convenir que, si elle est riche de mélodie, cette mélodie est souvent entachée de vulgarité et de maniérisme et ne peut nous intéresser qu’à l’égal d’un bibelot de style médiocre qui ne tire son intérêt que de la représentation d’une époque abolie » (47). Il est vrai que Tchaïkovski et Petipa avaient conçu la Belle au bois dormant comme un hommage à la France de l’Ancien Régime, mais fermons la parenthèse. Pour revenir au Mariage de la Belle au bois dormant, la partition comptait deux numéros de Casse-Noisette : la danse chinoise et le Trepak que les Ballets russes danseront au magasin du Printemps en 1924. Autrement dit, bien avant l’heure de sortir la danse de ses lieux habituels de représentation. L’année suivante, le 14 octobre 1925, M. Van Deer, chef de ballet

à Rouen chorégraphia la Suite d’orchestre sous le titre de Casse-Noisette. Il fut le premier et Nandette Caméré y brilla tout particulièrement. Aussi, peut-être suggérat-elle à Marguerite de régler « cette suite pittoresque » également éreintée par la critique lors de sa première audition. Charles Mahler, la jugeant par exemple : « insignifiante, enfantine, absolument indigne d’un grand concert » (48). Bref, avec le mérite d’être la seconde chorégraphe à s’en emparer, Marguerite en fit « un ravissant divertissement, faisant admirer la grâce aisée de Nandette Caméré, le brio d’Aurore Sadoine, la mâle élégance de Jean Combes et la souplesse rythmique des danseuses du Grand-Théâtre » (49). Le 17 février 1933, « la maîtresse de ballet hors de pair » (50) choisit les Petits Riens (1778) de Mozart et Jean-Georges Noverre que Mariquita avait fait revivre à l’OpéraComique en 1912 avant Joseph Belloni en 1925 à Bordeaux. « On y admira sans réserve l’ingéniosité et la science de Mme Nercy, maîtresse de ballet de grande classe » (51). Après le Beau Danube bleu à l’Alhambra le 3 avril 1933, la saison s’acheva le 12 avril par le traditionnel gala des adieux. Marguerite reprit Soir de Fête (1925) de Léo Staats, musique de Léo Delibes et « on fit une ovation au ballet et à ses étoiles. […] Des fleurs en bouquets, des gerbes en corbeilles, des cadeaux, des souvenirs venaient encombrer la scène à chaque baisser de rideau, montrant d’une manière tangible quelle affectueuse reconnaissance le public entendait témoigner aux interprètes de choix que la direction avait su réunir » (52). En octobre 1933, Marguerite laissa Bordeaux pour rejoindre Maurice Carrié au Grand-Théâtre de Lyon. Par parenthèse, la tristesse voilait encore son regard, car en septembre, alors qu’elle devait entrer à l’Opéra, Nandette Caméré était décédée prématurément. Marguerite se mit néanmoins au travail, d’autant que Maurice Carrié se proposait de monter un répertoire chorégraphique, « qui réservera quelques belles surprises » (53). Au vrai, même si la crise économique qui bouleversa le destin de l’Europe, rendait difficile l’exploitation des théâtres, convaincu que la danse était intimement mêlée à l’art lyrique, la direction Carrié perpétua la tradition. Ainsi « dirigeant avec autorité un ballet impeccable » (54)


LA DANSE À BIARRITZ # 68 dominé par Olga Chassaigne, Claire Desreaux et Andrée Baby, 1er travesti, alors même que Grenoble disposait d’un danseur, Geo Stone, hormis quelques nouveautés avantageusement dirigées par le chef d’orchestre André Cluytens, durant quatre ans, Marguerite fit surtout « virevolter » ses ballerines dans les œuvres lyrique et les ballets courants : Coppélia, Sylvia, la Korrigane, Javotte, Suite de danses, Taglioni chez Musette. On ajoutera deux titres des Ballets russes : l’Invitation à la valse, Spectre de la rose qui ne disait pas son nom et les danses du Prince Igor dont la « barbare originalité » avait déchaîné le public en 1909 : « après les nostalgiques cantilènes des femmes, les hommes s'avançaient en horde bariolée, arcs en mains, et commençaient à trépigner du délire pyrrhique » (55). Avec sa troupe féminine, que fit Marguerite de cette horde guerrière ? Nul ne le sait d’autant que son travail ne bénéficia d’aucun écho dans la presse nationale. En juin 1934, Maurice Carrié, qui avait aussi la main sur les théâtres de Casablanca et Rabat, emmena son personnel au Maroc, on ignore si Marguerite traversa cette fois la Méditerranée. En 1934-35, la saison fut marquée par la venue de Serge Lifar et Suzanne Lorcia, dansant le 5 mars, le Spectre de la rose et l’Oiseau bleu, entre Gianni Schicchi et des extraits de la Vie de Bohème et Thaïs. Autrement, « aidant par ses efforts à maintenir à notre première scène tout son prestige et son éclat », (56) Marguerite ajouta au répertoire la Roussalka (1911) de Lucien Lambert et Ivan Clustine et Petite suite de danse sur une musique de Claude Debussy. En 1935-36, Andrée Baby, 1er travesti changea pour la bordelaise, Simone Techeney que Marguerite avait dirigée à Toulouse et qui dira à 101 ans : « je n’ai dansé qu’en homme » (57). Sans quoi, les fervents de Terpsichore purent découvrir le Festin de l'Araignée. Commandé par Jacques Rouché, directeur du Théâtre des Arts au compositeur Albert Roussel, ce ballet avait été créé par Léo Staats, le 3 avril 1913 avec Sahary Djeli dans le rôletitre. Il sera repris, le 5 décembre 1922 par Louise Stichel à l’Opéra-Comique avec Mado Minty. D’une souplesse sans égale, Mado Minty l’interprétera ensuite à Biarritz, le 22 août 1930 réglé par Annette

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Francine Aubert, Spectre de la rose photo Guéris 1920

Remerciements à Florence Poudru, Luc Bourrousse, Anne Londaitz et Rosine Delmotte.

(1)

Comœdia, 20 janvier 1912

(2)

Les Annales politiques et littéraires, 18 avril 1909

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Le Figaro, 10 juillet 1896

(4)

L’Ouest-artiste, 14 novembre 1893

(5)

L’Ouest-artiste, 3 janvier 1894

(6)

Le Petit parisien, 10 août 1894

(7)

Le Patriote Savoisien, 8 août 1894

(8)

Gil Blas, 8 septembre 1894

(9)

Le Figaro, 28 avril 1895

(10)

Le Rappel, 4 mai 1897

(11)

Le Gaulois, 21 septembre 1892

(12)

Revue municipale, 30 avril 1898

(13)

L’Avenir d’Arcachon, 30 octobre 1900

Leibowitz. Puis à Lyon, entourée de Claire Desreaux et du corps de ballet à une date non retrouvée.

(14)

Le Monde artiste, 23 septembre 1900

(15)

Le Journal de Genève, 12 octobre 1901

(16)

Le Journal, 29 août 1901

(17)

Le Figaro, 10 mars 1905

En 1936-37, le vaillant Maurice Carrié fut nommé à Marseille tout en conservant la gestion de Lyon qui accueillit « la troublante étoile » Germaine Popineau et le 1er danseur Gabriel Meunier. Comme le rapporte Florence Poudru (58), souhaitant entrer aux Ballets russes, Gabriel Meunier avait écrit en 1928 à Diaghilev : « j’ai de l’élévation et fais toutes les batteries. Je tourne quatre tours sur la demi-pointe et deux tours en l’air ». Elève de Francine Aubert, qui en 1920 avait dansé à Nantes en travesti le Spectre de la rose avec Fernande Cochin, Gabriel Meunier prendra la tête du Ballet de Lyon en 1942. En attendant, Marguerite lui fit une place dans Taglioni chez Musette, Javotte, la Roussalka, la Korrigane, les danses du Prince Igor. Rompant avec ce répertoire habituel, le 17 novembre 1936, lors d’un « Festival d’art lyrique moderne », après Salomé de Richard Strauss qui datait tout de même de 1905, Marguerite fut chargée de régler une nouveauté de 1912 : la Péri de Paul Dukas. Vint ensuite de Maurice Ravel, le 21 mars 1937, Boléro (1928) et peut-être la Valse (1929). Car annoncée en 1936-37, la Valse ne semble n’avoir été donné que la saison suivante, le 27 janvier 1938. Après avoir « monté tous les ballets d'une façon on ne peut plus éclectique »(59), Marguerite avait cédé sa place à Olga Martinova. On ne saura jamais pour quelles raisons, elle disparut ensuite sans laisser de trace. Se retira-t-elle à Royan où elle avait ses habitudes, pour ainsi dire ses manies ? C’est une hypothèse. Reste qu’en dépit des recherches les plus actives, nous ignorons où et quand elle fit ses adieux à la vie.

(18)

Le Travailleur normand, 10 mars 1907

(19)

Le Figaro, 1er septembre 1907

(20)

Comœdia, 22 juin 1910

(21)

Comœdia, 8 septembre 1910

(22)

Comœdia, 27 juin 1911

(23)

Comœdia, 29 juin 1911

(24)

Comœdia, 26 mars 1912

(25)

Comœdia, 24 avril 1912

(26)

Comœdia, 14 août 1912

(27)

Comœdia, 28 octobre 1912

(28)

Comœdia, 29 octobre 1911

(29)

Comœdia, 1er octobre 1913

(30)

Comœdia, 5 novembre 1913

(31)

Comœdia, 9 mai 1914

(32)

Comœdia, 28 juin 1914

(33)

Comœdia, 25 juillet 1914

(34)

Souvenirs de Théâtre, 1950, p.330

(35)

Comœdia, 8 février 1910

(36)

Gazette de Biarritz, 9 août 1916

(37)

Grande Guerre, Alphonse Nicot, 1922, p.208

(38)

Le Cri de Bordeaux, 2 juin 1917

(39)

Le Cri de Bordeaux, 20 mai 1917

(40)

Le Ballon rond, 17 mai 1924

(41)

Lyrica, janvier 1926

(42)

Le Ménestrel, 28 janvier 1927

(43)

L’Express du Midi, 10 avril 1930

(44)

Comœdia, 24 avril 1932

(45)

Comœdia, 16 octobre 1932

(46)

Le Ménestrel, 26 mai 1922

(47)

Le Figaro, 21 mai 1922

(48)

Le Monde artiste, 25 novembre 1900

(49)

Comœdia, 29 janvier 1933

(50)

Le Ménestrel, 25 octobre 1932

(51)

Comœdia, 19 février 1933

(52)

Comœdia, 16 avril 1933

(53)

Comœdia, 9 octobre 1933

(54)

Comœdia, 2 décembre 1934

(55)

Revue musicale, Fernand Gregh, 15 janvier 1913

(56)

Comœdia, 29 janvier 1935

(57)

Documentaire du CDC de Toulouse, 2011

(58)

Un siècle de danse à Lyon, 2008, p.43

(59)

Comœdia, 2 décembre 1934

n TM

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SENSIBILISATION

Voulez-vous danser © Johan Morin

Décembre 2016 Master classes et ateliers autour de la Belle et la Bête à Biarritz Lors des représentations de la Belle et la Bête, données du 21 au 23 décembre à la Gare du Midi de Biarritz, Dominique Cordemans a animé des master classes et ateliers de répertoire pour jeunes danseurs, issus d’écoles de danse, de conservatoires et de centres de formation. Dans le même temps, des ateliers Voulez-vous danser avec nous ? étaient proposés aux adultes initiés ou pas. Ainsi près de 170 personnes ont pu bénéficier de la Formule Duo permettant d’aborder le répertoire de Thierry Malandain et d’assister aux spectacles. Janvier 2017

Février 2017

Master classes et ateliers autour de Noé à Donostia / San Sebastián

Centre de formation professionnelle – Jeune Ballet d’Aquitaine

Lors des représentations de Noé, données les 14 et 15 janvier au Teatro Victoria Eugenia de Donostia / San Sebastián

Dans le cadre d’une collaboration avec le Jeune Ballet d’Aquitaine, Dominique Cordemans remontera des extraits du ballet Estro (Vivaldi-Malandain) pour 16 jeunes danseurs âgés de 18 à 22 ans. Ce travail d’une douzaine de jours aboutira à une présentation le 17 mars à l’Entrepôt, salle de spectacle de la Ville du Haillan en Gironde. D’autres représentations sont en cours de négociation.

Master Classes et ateliers de répertoire pour jeunes danseurs : les 14 et 15 janvier au studio du Teatro Victoria Eugenia : • niveau moyen/avancé de 12h à 14h • niveau supérieur et pré-professionnel de 16h à 18h30

Renseignements : Tél. 06 25 93 45 70 ou contact@jeuneballetdaquitaine.com

Ateliers Voulez-vous danser avec nous ? Les 12 et 13 janvier de 19h à 21h au studio du Teatro Victoria Eugenia

Master classe - atelier La Belle et la Bête © Olivier Houeix

Renseignements et inscriptions : Teatro Victoria Eugenia Tél. +34 943 48 38 60

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Mars 2017 Master classe © Johan Morin

Partenariat Conservatoire Maurice Ravel - Côte Basque Dans le cadre d’un partenariat avec le Conservatoire à Rayonnement Régional Maurice Ravel - Côte Basque, les élèves et professeurs de l’Ecole Jules Ferry ainsi que la classe ULIS de l’Ecole des Thermes Salins seront accueillis au CCN au mois de mars. A cette occasion, près de 170 élèves et leurs enseignants découvriront le théâtre de la Gare du Midi et les coulisses du Malandain Ballet Biarritz en assistant au cours et à la répétition des danseurs. Plus tard, les 2 et 3 mai, lors du Rendezvous sur le Quai de la Gare, dans le cadre scolaire ou en famille, ils assisteront aux représentations de Noé.


LE LABO

Le projet de coopération chorégraphique transfrontalier : Regards croisés – Begirada Gurutzatuak piloté depuis cinq ans par Gaël Domenger, responsable du LABO de Malandain Ballet Biarritz a pour vocation de faire découvrir la danse contemporaine basque et de favoriser les rencontres entre le public et les artistes. Les partenaires de cette 6ème édition seront la Fundición de Bilbao (direction Laura Etxebarria, programmation Luque Tagua), le Glob Théâtre de Bordeaux (direction Bruno Lecomte), la Compagnie de Pedro Pauwels / Association Pepau et l’Ecole de danse portugaise Genasiano de Vila Nova de Gaia (Porto). Biarritz ouvrira la marche en permettant de découvrir la Compagnie Ertza d’Asier Zabaleta et la Compagnie Organik de Natalia Monge au Colisée de Biarritz.

Nan, Cie Ertz

Regards croisés – Begirada Gurutzatuak 2017

Le 30 mars à 21h Irrintzi sala / Compagnie Organik - Natalia Monge Billetterie L’INSA de Toulouse

Tarifs de 12 à 14€ www.malandainballet.com www.biarritz-culture.com Office de Tourisme de Biarritz +33 (0)5 59 22 44 66 tourisme.biarritz.fr En outre, comme lors de chaque édition, Regards croisés - Begirada Gurutzatuak sera un moment d’échange entre chorégraphes, public et institutions éducatives, grâce à des ateliers, conférences, débats et projections dont la programmation est en cours.

Fidèles partenaires de Regards croisés - Begirada Gurutzatuak, les élèves des sections de danse et musique de l’Institut national des sciences appliquées de Toulouse (INSA), sous la responsabilité de Laurent Grégoire, seront présents à Biarritz, comme chaque année, du 29 au 31 mars 2017. Ils seront accompagnés du chorégraphe Pedro Pauwels avec lequel ils ont pu travailler lors d’une résidence chorégraphique dans leurs locaux toulousains. Le résultat de cette résidence sera proposé par les étudiants de l’INSA, en présence du chorégraphe au CCN le 30 mars.

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Xorien ihesa / La fuite des oiseaux de Mizel Théret aux ETHIOPIQUES de Bayonne

Xorien Ihesa La Fuite des oiseaux © Olivier Houeix

Irrintzi sala, Cie Organik

Le 31 mars à 21h Nan / Compagnie Ertza - Asier Zabaleta

Mizel Théret assisté de Johanna Etcheverry préparent avec les membres du LABO une version hors les murs de Xorien ihesa / La fuite des oiseaux créée à Biarritz en octobre 2016 et dernièrement présentée au Cuvier, Centre de Développement Chorégraphique à Artigues-près–Bordeaux. Cette nouvelle version sera créée dans le cadre du festival LES ETHIOPIQUES dirigé par le chanteur Beñat Achiary, le 8 avril dès 10h dans les rues de Bayonne.


EN BREF Conférence au Musée Historique de Biarritz © Olivier Houeix

Conférence sur La Belle et La Bête

En ce début d’année plusieurs chorégraphes seront reçus en résidence à Biarritz dans le cadre du programme Accueil studio du CCN. Du 3 au 6 janvier, Christine Hassid sera dans nos locaux pour œuvrer à sa nouvelle création : le Spectre de la rose. Du 16 au 26 janvier ce sera au tour de Gilles Schamber. Enfin, du 30 janvier au 3 février, Julie Coutant et Eric Fessenmeyer de la Compagnie La Cavale, seront accueillis pour travailler : Oscillare. Il sera possible de découvrir le travail de chacun d’eux à l’occasion de répétitions publiques au Grand Studio de la Gare du Midi : le 5 janvier à 19h : Christine Hassid Project. le 24 janvier à 19h : Compagnie Gilschamber

Richard Flahaut, président de la Fondation de la Danse, membre du Conseil d’administration du Malandain Ballet Biarritz et spécialiste de l’histoire du Ballet a livré une conférence sur la Belle et la Bête le 2 décembre au Musée Historique de Biarritz. Ensuite fut projeté le documentaire sur la création de la Belle et la Bête réalisé par Caroline de Otero et Catherine Guillaud pour BoiSakré productions. Documentaire également diffusé le 22 décembre à la Médiathèque de Biarritz. Daphnis et Chloé de Gaël Domenger au Portugal A l’invitation de l’Ecole de danse Ginasiano implantée à Vila Nova de Gaia (Porto), Gaël Domenger, responsable du LABO du Malandain Ballet Biarritz sera en résidence du 14 février au 4 mars pour monter avec 60 élèves de cette école une version de Daphnis et Chloé de Maurice Ravel se rapprochant du texte original de Longus. La première de cette création sera présentée lors du festival DDD (Dias Da Dança) qui aura lieu entre le 28 avril et le 13 mai à Porto.

le 2 février à 19h : Compagnie La Cavale

Mozart à 2 et Don Juan à Leipzig A l’invitation de Mario Schröder, directeur et chorégraphe du Leipziger Ballett, Giuseppe Chiavaro remontera Mozart à 2 et Don Juan de Thierry Malandain du 7 au 25 février, puis du 13 mars au 7 avril, date de la première représentation à l’Opéra de Leipzig. Captation et diffusion sur Mezzo Le 24 novembre, la représentation de Silhouette, Estro et Nocturnes donnée à La Lanterne de Rambouillet a été captée par Les Films Figures Libres (Sonia Paramo / Patrick Lauze) avec la participation de France Télévisions, M-MEDIA / ClassicAll TV et Marquee TV. Avec la Belle et la Bête et Magifique toujours captés par Les Films Figures Libres, Silhouette, Estro et Nocturnes seront diffusés sur Mezzo Monde et Mezzo en décembre 2016 et janvier 2017. Plus d’informations sur www.mezzo.tv

Estro © Olivier Houeix

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De même, dans le cadre des projets de coopérations territoriales, Dantzaz Konpainia dans sa nouvelle édition d’Atalak présentera deux nouvelles créations : Aura de Fábio Lopez et Bajo Continuo de Marta Coronado. Entrée libre sur réservation Tél. 05 59 24 67 19

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Oscillare, Cie La Cavale

ACCUEIL STUDIO RÉPÉTITIONS PUBLIQUES


centre chorégraphique national de nouvelle-aquitaine en pyrénées-atlantiques

Gare du Midi 23, avenue Foch • F-64200 Biarritz tél. +33 5 59 24 67 19 • fax +33 5 59 24 75 40 ccn@malandainballet.com président Michel Laborde vice-président Pierre Moutarde trésorière Solange Dondi secrétaire Richard Flahaut président d’honneur Pierre Durand Direction directeur / chorégraphe Thierry Malandain directeur délégué Yves Kordian Artistique / Création maîtres de ballet Richard Coudray, Françoise Dubuc artistes chorégraphiques Ione Miren Aguirre, Raphaël Canet, Mickaël Conte, Frederik Deberdt, Romain Di Fazio, Baptiste Fisson, Clara Forgues, Michaël Garcia, Irma Hoffren, Miyuki Kanei, Mathilde Labé, Hugo Layer, Guillaume Lillo,Claire Lonchampt, Nuria López Cortés, Arnaud Mahouy, Ismael Turel Yagüe, Patricia Velazquez, Allegra Vianello, Laurine Viel, Daniel Vizcayo, Lucia You González professeurs invités Angélito Lozano, Bruno Cauhapé, Giuseppe Chiavaro, Sophie Sarrote pianistes Alberto Ribera-Sagardia, Miyuki Brickle, Jean - François Pailler

Production / Technique directeur technique Oswald Roose régie plateau Chloé Bréneur, Jean Gardera régie lumière Frédéric Eujol, Christian Grossard régie son Jacques Vicassiau, Nicolas Rochais techniciens plateau Gilles Muller, Bertrand Tocoua réalisation costumes Véronique Murat régie costumes Karine Prins construction décors & accessoires Frédéric Vadé technicien chauffeurs Thierry Crusel, Guy Martial agent d’entretien Ghita Balouck Sensibilisation / Relations avec les publics responsable sensibilisation / transmission du répertoire aux pré-professionnels Dominique Cordemans responsable Labo de recherche chorégraphique  / médiation / accueil studio Gaël Domenger Diffusion chargée de diffusion Lise Philippon attachée de production Laura Delprat agents Le Trait d’union / Thierry Duclos, Creatio 300 / Enrique Muknik, Norddeutsche Konzertdirektion / Wolfgang et Franziska Grevesmühl, Internationale Music / Roberta Righi

Baptiste Fisson, La Belle et la Bête © Olivier Houeix

Transmission du répertoire maîtresse de ballet Françoise Dubuc

Communication responsable image Frédéric Néry  /  Yocom responsable communication Sabine Lamburu attaché de presse Yves Mousset  /  MY Communications photographe Olivier Houeix Mission Euro région / Projets transversaux administratrice de projet Carine Aguirregomezcorta Secrétariat général / Mécénat secrétaire général Georges Tran du Phuoc Ressources humaines, finances et juridique directeur administratif et financier Jean-Paul Lelandais comptable Arantxa Lagnet secrétaire administrative Nora Menin Suivi et prévention médicale des danseurs Romuald Bouschbacher, Jean-Baptiste Colombié, Aurélie Juret San Sebastián Centre Chorégraphique Transfrontalier Malandain Ballet Biarritz Yves Kordian directeur délégué Carine Aguirregomezcorta suivi du projet Arantxa Lagnet relations partenaire, traduction basque Teatro Victoria Eugenia Jaime Otamendi directeur Norka Chiapuso direction de programmation Maria Jose Irisarri suivi administratif Koldo Domán suivi des actions Numéro direction de la publication Thierry Malandain conception & design graphique Yocom.fr impression Cap Collectif Imprimerie (Anglet) ISSN 1293-6693 - juillet 2002

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CALENDRIER

JANVIER > MARS 2017

Représentations en France 27/01

Rouen

Estro / Nocturnes, avec l’orchestre de l’Opéra de Rouen-Normandie

28/01

Rouen

Estro / Nocturnes, avec l’orchestre de l’Opéra de Rouen-Normandie

31/01

Montaigu

La Belle et La Bête

02/02

Saint-Nazaire

La Belle et La Bête

03/02

Saint-Nazaire

La Belle et La Bête

05/02

Vichy

La Belle et La Bête

28/02

Roubaix

La Belle et La Bête

Représentations Eurocité basque 12/01

Donostia / San Sebastián

Noé, représentation scolaire

14/01

Donostia / San Sebastián

Noé

15/01

Donostia / San Sebastián

Noé

Allemagne / Villingen-Schwenningen

Estro, Nocturnes, Boléro

08/02

Allemagne / Fürth

La Belle et La Bête

09/02

Allemagne / Fürth

La Belle et La Bête

10/02

Allemagne / Fürth

La Belle et La Bête

11/02

Allemagne / Fürth

La Belle et La Bête

12/02

Allemagne / Fürth

La Belle et La Bête

16/02

Israël / Tel Aviv

Cendrillon

17/02

Israël / Tel Aviv

Cendrillon

18/02

Israël / Tel Aviv

Cendrillon

20/02

Israël / Motzkin

Cendrillon

22/02

Allemagne / Wolfsburg

Estro, Nocturnes, Boléro

25/02

Belgique / Izegem

Estro, Nocturnes, Boléro

26/02

Belgique / Izegem

Estro, Nocturnes, Boléro

02/03

Italie / Pavia

La Belle et La Bête

04/03

Italie / Vicenza

La Belle et La Bête

05/03

Italie / Vicenza

La Belle et La Bête

07/03

Italie / Pordenone

La Belle et La Bête

18/03

Etats-Unis / San Diego

La Belle et La Bête

20/03

Etats-Unis / Palm Desert

La Belle et La Bête

22/03

Etats-Unis / San Luis Obispo

Cendrillon

25/03

Etats-Unis / Minneapolis

La Belle et La Bête

28/03

Etats-Unis / Des Moines

La Belle et La Bête, représentation scolaire et tout public

29/03

Etats-Unis / Des Moines

La Belle et La Bête, représentation scolaire

www.malandainballet.com

07/02

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Représentations à l’International


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