PAPERJAM FEVRIER 2019

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POLITIQUE

ÉLECTIONS SOCIALES

LES SYNDICATS PLACENT LE DIGI­TAL EN HAUT DE L’AGENDA Tous les cinq ans, les salariés et pensionnés élisent leurs repré­ sentants à la Chambre des salariés. Ils renouvellent également les délégations du personnel. La campagne bat son plein, avec comme thème transversal la digitalisation des métiers.

C’

est évidemment un mo­ment important pour les syndi­ cats. Les élections sociales, qui ont lieu tous les cinq ans, déterminent leur représentativité et celle des salariés dans différents organes de concertation, principalement la Chambre des salariés (CSL) et les délégations du personnel. C’est aussi le baromètre de leur popu­ larité et le révélateur du contre­ poids qu’ils peuvent représenter face au patronat.

TOUS TRÈS AMBITIEUX

Pour la CSL, le vote durera jus­ qu’au 12 mars. Date à laquelle aura lieu le scrutin dans les entreprises et sociétés de plus de 15 personnes, afin de constituer les nouvelles délégations du personnel. Fort de ses 70.000 affiliés, de ses 2.200 délégués du personnel et d’une nette majorité à la CSL avec 38 sièges sur 60, l’OGBL occupe une position dominante dans le paysage syndical. Et compte bien la préserver. « On veut même faire encore mieux et on espère un 38+, donc augmenter notre représentativité à la CSL », martèle André Roeltgen, le pré­ sident de l’OGBL, qui justifie cette ambition par le « très bon bilan obtenu par un syndicat fort ». Et gagner quelques pour cent pour mettre à mal la majo­ rité absolue de l’Aleba dans le sec­ teur financier, un des rares à échapper à son emprise, serait la cerise sur le gâteau. Le syndicat chrétien LCGB est dans la position de l’outsider. Réorganisé, redynamisé, avec des objectifs plus clairs, il monte en puissance depuis quelques années. « C’est le fruit de notre réorgani­ sation », souligne son président, Patrick Dury. Ce qui se traduit dans les chiffres : 2.000 nouveaux 18 —

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taliers ou résidents. Ou encore pour une vraie réflexion autour de l’évo­ CHAMBRE DES SALARIÉS lution du temps de travail. Tandis que l’Aleba agira en veillant à ce PLUS DE 500.000 que les « conventions collectives ÉLECTEURS POTENTIELS signées dans les banques et assu­ Plus de 500.000 personnes sont concernées par les élections sociales rances soient bien appliquées.  » du 12 mars et vont élire les 60 repré­

AVANTAGES ET DANGERS

sentants des syndicats au sein de l’assemblée plénière, organe suprême de la Chambre des salariés (CSL). Sa mission principale est de « repré­ senter et de sauvegarder les intérêts des salariés et retraités travaillant au Luxembourg ou y ayant travaillé ». La CSL rend aussi des avis sur les projets de loi et règlements grandducaux, délègue des représentants dans différents organes, propose des formations… Neuf syndicats seront en lice : OGBL, LCGB, Aleba, FNCTTFELLandesverband (associé à l’OGBL dans le secteur CFL), Syprolux, NGL-SNEP, Neutrale Verband Gemeng Lëtzebuerg (NVGL), CLS et le Syndicat des employés du secteur de l’aviation. Chaque électeur vote par corres­ pondance, en fonction de sa catégorie socioprofessionnelle : Sidérurgie, Autres industries, Construction, Services et intermédiation financiers, Autres services, Administrations et entreprises publiques, Santé et action sociale, CFL et Retraités. Huit sièges sont à pourvoir dans les Services et intermédiation financiers, cinq pour la Sidérurgie et trois pour les CFL.

Mais c’est la digitalisation qui est la première préoccupation. Car celle-ci va transformer le monde du travail, quand cela n’est pas encore fait. Dans les rangs de l’OGBL, on ne « rejette pas cette digi­talisation, inévitable et qui peut être source de très bonnes choses dans les entreprises. Mais c’est aussi une source de grands dangers. » Le bouclier ne pourra être « que le renforcement de la protection du salarié ». Le LCGB abonde en ce sens et souhaite une évolution du droit du travail en parallèle aux évolutions des technologies. « On ne veut pas d’une fracture digitale. L’évolu­ tion doit se faire avec des con­ ditions sociales et humaines ac­c eptables », précise Patrick Dury. L’Aleba est, pour sa part, con­vaincue que les effets réels de la digitalisation sont encore à LA REPRÉSENTATION venir dans son secteur. « Les AU SEIN DE LA CSL robots, on en parle, on évoque des Les attributions se font en proportion tests ici et là, confirme Laurent des résultats obtenus par les syndi­ Ces cinq dernières années, Mertz. Pour nous, c’est dans la cats. cinq syndicats étaient représentés. formation qu’on voit le salut. La L’OGBL était très largement majori­ formation continue, certaine­ taire avec pas moins de 38 élus. OGBL 38 élus ment, pour faire évoluer les pro­ LCGB 15 élus fils. Mais aussi celle des salariés Aleba 4 élus qui risquent de perdre leur emploi suite à la digitalisation FNCTTFEL 2 élus des services. » Syprolux 1 élu N. L.

membres en 2017, 3.000 de plus l’an passé ! Le LCGB compte main­ tenant 40.850 affiliés pour environ 700 délégués du personnel et 15 sièges à la CSL. Inimaginable d’al­ ler déboulonner le « meilleur ennemi » qu’est l’OGBL donc, mais bien la volonté « d’être le plus fort possible et d’arriver à de bons résultats dans tous les secteurs ». L’Association luxembourgeoise des employés de banque et assu­ rance (Aleba) est, pour sa part, la plus importante organisation syn­ dicale de la place financière : une majorité dans son secteur à la CSL (50,39 %), 10.000 membres et 700 délégués. « Mon souhait n’est pas de conserver notre majorité à la CSL, confie Laurent Mertz, secré­ taire général de l’Aleba. Ce que je veux, c’est augmenter cette majo­ rité, n’en déplaise à certains, pour être encore plus représentatifs au niveau de notre secteur. Ensuite, mon vœu est de renforcer notre présence dans les délégations. CSL et délégations, ce sont deux choses différentes. Mais, selon moi, l’une ne va pas sans l’autre. » Les thèmes de campagne font écho, la plupart du temps, aux tra­ ditionnelles revendications LA RÉPARTITION DES SIÈGES PAR SECTEUR sociales. L’OGBL s’engage ainsi à Le nombre de sièges sur les 60 à pourvoir varie selon le nombre de personnes mener une politique salariale employées ou présentes dans le secteur. Ce qui assure une représentativité offensive. « Les bons salaires ne à la CSL proportionnelle à l’importance réelle de chaque secteur. tombent pas du ciel, il faut aller groupe 1  groupe 5 les chercher, souligne André Autres services Sidérurgie Roeltgen. L’évo­lution des salaires groupe 6 5 groupe 2  6 ne peut être à la traîne de la Administrations Autres hausse de la productivité. » L’OGBL et entreprises industries 8 3 publiques continue d’ailleurs à réclamer une hausse de 10 % du salaire minimum groupe 7 6 groupe 3  Santé et légal. Le pouvoir d’achat, et donc Construction 6 action sociale les salaires, est aussi en bonne 4 place des thèmes du LCGB, qui groupe 8  bataille fermement pour un trai­ CFL 8 groupe 4  tement parfaitement égal entre 14 groupe 9  Services et tous les salariés, de la fonction Retraités intermédiation financiers publique ou du secteur privé, fron­ Chambre des salariés source


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