Paperjam Mai 2022

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Ristretto #Entreprises

«Le droit pĂ©nal des affaires a vocation Ă  s’exporter» AprĂšs Marseille, le cabinet d’avocats parisien fondĂ© par le pĂ©naliste HervĂ© Temime a Ă©tabli une prĂ©sence au Grand-DuchĂ©. GwennhaĂ«lle Barral, avocate aux Barreaux de Paris et de Luxembourg, dĂ©taille les objectifs de cette arrivĂ©e.

Qu’est-ce qui a motivĂ© le cabinet Temime Ă  poser un pied au Luxembourg ? Depuis mon arrivĂ©e il y a quatre ans au sein du cabinet, nous avons reçu un flux constant de dossiers soit entiĂšrement luxembourgeois, soit qui comprennent un volet luxembourgeois. Comme ces dossiers couvrent le droit pĂ©nal des affaires, une matiĂšre dans laquelle je suis spĂ©cialisĂ©e, ils m’ont Ă©tĂ© attribuĂ©s par opportunitĂ©, mais avec la rĂ©elle satisfaction de dĂ©couvrir ce marchĂ© en toute humilitĂ© et avec crĂ©ativitĂ©. J’y suis prĂ©sente en alternance avec l’activitĂ© Ă  Paris. Notre volontĂ© est de nous implanter durablement, en grandissant comme nous l’avons fait Ă  Marseille oĂč nous avons ouvert un bureau en 2016. Il y a donc une stratĂ©gie d’expansion du cabinet
 La conviction de notre fondateur, HervĂ© Temime, est de considĂ©rer que le droit pĂ©nal des affaires a vocation Ă  s’exporter. Cette matiĂšre reprĂ©sente une activitĂ© sur le long terme pour les avocats en raison de la tendance au durcissement des sanctions, en droite ligne du renforcement du cadre rĂ©glementaire. Or, tant au Luxembourg qu’en France, nous sommes en dĂ©calage sur les montants des sanctions pratiquĂ©es Ă  l’international, par exemple aux États-Unis. Nous pensons que l’Europe va opĂ©rer un rattrapage. Votre cabinet dĂ©fend notamment le multientre­ preneur Flavio Becca. Que viennent chercher de tels noms lorsqu’ils frappent Ă  votre porte ? Pour ceux qui nous connaissent, ils viennent chercher une Ă©tiquette de spĂ©cialiste du droit pĂ©nal des affaires qui peut les rassurer. Au Luxembourg, des Ă©quipes spĂ©cialisĂ©es se dĂ©veloppent, mais il y a peu d’équipes qui sont entiĂšrement dĂ©diĂ©es aux cols blancs. Comment percevez-vous le paysage des avocats au Luxembourg ? Il est dominĂ© par des cabinets importants actifs dans le droit des affaires, par les cabinets du Magic Circle, ce qui est logique compte tenu de l’activitĂ© de la place financiĂšre. Quelle est votre ambition dans ce contexte ? Nous voulons proposer une boutique autour du contentieux et qui ne soit pas une fonction support de l’activitĂ© transactionnelle, comme c’est souvent le cas dans ces cabinets. Nous pensons, du reste, que l’activitĂ© foisonnante dans notre secteur permet

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tout de mĂȘme Ă  de nouveaux venus de se dĂ©velopper, sous l’effet de la croissance du pays. Vous voulez Ă©galement dĂ©velopper une activitĂ© de prĂ©vention. En rĂ©ponse Ă  la rĂ©gle­mentation grandissante ? Le volet prĂ©ventif est en effet en train de prendre une grande ampleur. Ce « monstre rĂ©glementaire » entraĂźne de plus en plus de potentiels ­problĂšmes devant les instances concernĂ©es et donc de plus en plus de travail pour les avocats. Quel regard portez-vous sur la pratique judiciaire ici ? La premiĂšre diffĂ©rence qui m’a sautĂ© aux yeux est de nature organisationnelle : l’horaire des audiences, qui peuvent durer parfois jusqu’à tard dans la nuit en France. Ici, l’audience commence Ă  9 heures avec une pause pour dĂ©jeuner, et il est trĂšs rare qu’elle se prolonge au-delĂ  de 17 h 30. Nous sommes donc sur un rythme plus condensĂ©. On retrouve le trait de pragmatisme attribuĂ© au pays
 C’est en effet l’impression que l’on peut avoir avec des juges qui conduisent leur audience d’une main de maĂźtre, en sachant que l’avocat n’est de toute façon jamais le maĂźtre du temps. Cette maniĂšre de procĂ©der ne me dĂ©range pas, car un dossier en correctionnelle se gagne ou se rĂ©sout toujours sur quelque chose de simple, autour du nƓud de l’audience. Le reste n’est que du contexte. Comment prĂ©senteriez-vous le Luxembourg sur base de votre rĂ©cente acclimatation ? On sent que la vie professionnelle occupe une place non nĂ©gligeable dans la vie des habitants du pays. Le pays est aussi un m ­ elting-pot intĂ©ressant, avec beaucoup de gens de divers horizons qui arrivent ici souvent pour des ­raisons professionnelles, et finissent par s’y Ă©tablir. Retrouvez la version in extenso de cette interview sur paperjam.lu. Les infractions au pĂ©nal rĂ©sultent souvent d’un manque de conseil en amont, rĂ©sume GwennhaĂ«lle Barral. Interview THIERRY RAIZER Photo MATIC ZORMAN


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