QUAND
ET FOI MUSIQUE PORTENT L’ ESPÉRANCE
ETMUSIQUE FOI PORTENT L’ESPÉRANCE
Quand musique et foi portent l’espérance
© Ourania, 2023
Case postale 31
1032 Romanel-sur-Lausanne, Suisse
Tous droits réservés.
info@ourania.info
www.ourania.info
Illustration page 49 : reproduite avec autorisation
Sauf indication contraire, les textes bibliques sont tirés de la version Segond 21 © 2007 Société Biblique de Genève
www.universdelabible.net
Couverture : Visuall Communication, Genève - Maelys Roth
ISBN édition imprimée 978-2-88913-075-7
ISBN format epub 978-2-88913-650-6
ISBN format pdf 978-2-88913- 855-5
Imprimé en France par Sepec numérique
Quand on leur annonce qu’elles ont une tumeur maligne à un sein, certaines femmes ont l’impression qu’on leur jette une bombe. C’est comme si on leur disait : « Tu meurs. » Et elles pensent en effet : Certainement, je vais mourir. Leur ligne de vie se brise.
Moi, à ces mots – « tumeur maligne », « cancer » – j’ai entendu : « quand sert ». Oui, nos épreuves ont un sens. Alors, c’est sûr, mon cancer va servir à quelque chose. Quand ? Maintenant, plus tard, dans 1000 ans ? A moi de regarder, de saisir les occasions pour bénéficier de son utilité, d’inventer des modes d’emploi. On n’a pas tous les jours des défis à relever. Il ne faut pas passer à côté.
En réalité, ce n’est pas une bombe que j’ai reçue. C’est plutôt une caisse d’explosifs qu’on m’a collée entre les deux bras. Peut-être pas de ceux dont on fait les feux d’artifice, mais au moins de ceux qui ouvrent des voies dans la roche. C’est dangereux à manipuler, mais le risque en vaut la peine. Il faut apprendre à s’en servir.
Ce qui est confortable, c’est que je ne crains pas de perdre ma vie, puisque je l’ai déjà donnée. Je l’ai abandonnée à Jésus-Christ quand j’ai compris qu’il avait donné la sienne pour moi. Il est mort à ma place pour tous mes péchés, il a payé le prix que je méritais à cause de mes fautes. Il est ensuite ressuscité, et il est vivant. Je le crois. Et en le croyant, je suis morte avec lui, puis née de nouveau pour commencer une vie éternelle en sa présence. La fin de mon existence sur la terre n’est qu’une étape dans mon parcours d’enfant de Dieu. Elle ne me fait pas peur.
CE QUI EST CONFORTABLE, C’EST QUE JE NE CRAINS
PAS DE PERDRE MA VIE, PUISQUE JE L’AI DÉJÀ DONNÉE.
Juste après l’annonce, je dois même cacher ma joie pour qu’on ne me prenne pas pour une folle. Je suis invitée à traverser un océan de tempête sur un solide bateau, et c’est Jésus qui est à la barre. Le voyage ne peut qu’être passionnant.
« Quand sert » ?
Maintenant !
Un cancer maintenant, ça tombe… plutôt bien : j’ai 49 ans, je suis jeune, en pleine forme, une vraie athlète.
J’ai passé la crise de la quarantaine. J’ai fait le ménage dans mes pensées, dans mon histoire. Il y a autour de
Quand musique et foi portent l’espérance 8
moi d’intéressantes murailles à abattre. On me trouve courageuse. Mais qu’est-ce que le courage, si l’on n’a pas peur ? Je veux aussi savoir qui je suis dans la faiblesse.
« Quand sert » ?
Plus tard.
Parce que tant de femmes vont y être confrontées : 1 sur 9, après l’âge de 58 ans. Ça fait du monde… J’aurai de l’expérience pour elles. Je saurai.
« Quand sert » ?
Dans mille ans.
Pourquoi ? Parce que me demander de vivre ça, c’est si énorme, que ça n’a pas pu échapper à mon Dieu qui inscrit toute chose dans son projet bienveillant. Déjà, plusieurs personnes se sont mises à lui parler à mon sujet. J’ai des choses à apprendre, à comprendre, à donner. Tout ceci n’est pas vain.
A moi de jouer le jeu.
Curieusement, je n’ai aucune envie de me battre. Ce cancer est en moi, il faut s’en occuper, mais je laisse faire les spécialistes. Je veux être la plus docile possible, n’opposer aucune résistance aux aiguilles, au bistouri, aux molécules chimiques. Pour ma part, je m’occuperai de ne pas m’ajouter de souffrances.
1. L’ANNONCE
Durant la pandémie, lorsque le virus de la Covid-19 rôdait et s’en prenait massivement aux humains, je me suis remémoré cette maladie potentiellement mortelle que l’on m’avait détectée dix ans auparavant : un cancer.
On n’en finirait pas de comparer les deux affections dans leurs terribles conséquences. Pourtant, il existe une différence majeure : le cancer n’est pas contagieux. Il ne fait pas de vous un danger public. Et si la peur étreint les personnes avec lesquelles vous êtes en contact, elle n’est liée qu’à leur propre projection : c’est la peur que vous souffriez, la peur de vous perdre, la peur que cela ne leur arrive peut-être un jour, dans un avenir qu’ils imaginent lointain.
Lorsqu’elle a compris que quelque chose n’allait pas, ma radiologue ne s’est pas précipitée sur une blouse et un masque. Certes, elle a pris des gants pour m’inviter à investiguer davantage, mais il s’agissait des gants du tact.
Le tact, précisément (celui de la délicatesse, comme celui du toucher), il en a beaucoup été question dans les semaines qui ont suivi.
Le prélèvement pour la biopsie se faisait sous mammographie. Les très pénibles sensations que produit cette forme de dépistage, je les connaissais pour me plier à l’exercice depuis onze ans, du fait de mes antécédents. Mais cette fois, la position était différente. J’ai pleuré de douleur. Mon sein était tellement comprimé, que le seul contact de la main de l’opératrice m’a fait pousser un cri. Elle s’est alors fâchée, emportée, puis justifiée.
« Je n’ai encore rien fait ! » Sous-entendu : « Qu’est-ce que ce sera quand je piquerai ? »
J’ai compris qu’elle n’aimait pas ce pan de son métier et, pour calmer son stress, j’ai préféré taire ma douleur. Faire pénétrer une aiguille dans ma poitrine, c’était comme profaner le dernier sanctuaire de mon intimité. Quand vous avez accouché trois fois, vous n’arriverez plus à compter les étrangers qui sont intervenus sur vos parties sexuelles. Mais mon sein, tout comprimé, radiographié, échographié qu’il ait déjà été, n’avait encore jamais été « violé ».
Je suis rentrée chez moi, abritée derrière un épais pansement qui barrait provisoirement l’accès à mon intimité blessée.
Cependant, je savais qu’il me faudrait vite abandonner ce « sentiment d’effraction » si je ne voulais pas souffrir inutilement. C’est là que j’ai décidé d’être docile
Quand musique et foi portent l’espérance 12
et d’endiguer du mieux possible, avec l’aide de Dieu, le stress des soignants qui s’occuperaient de moi.
Nous sommes ensuite partis en vacances au bord d’un lac. En attendant les résultats de la biopsie, j’apprivoisais l’éventualité d’une maladie grave. Vers la fin du séjour, la secrétaire de la gynécologue a fini par réussir à me joindre pour me demander de prendre rendez-vous au plus tôt. J’ai prétendu ne pas pouvoir rentrer de vacances en avance.
Le lundi, après mon retour, j’ai été reçue par une gynécologue survoltée, qui me reprochait de n’avoir pas écourté mon séjour et qui, sans ménagement, m’a asséné :
– Tout de même, c’est un cancer !
C’est ainsi que j’ai appris ma maladie.
Avait-elle reporté son propre départ en vacances pour cette consultation ? J’ai préféré penser qu’elle était simplement très contrariée par mon apparente désinvolture.
Vous semblez vous inquiéter du temps que j’ai perdu durant mes congés… Mais soyez sûre que ce n’est pas du temps perdu ! Cette pause m’a été nécessaire pour accepter l’éventualité d’un cancer et pour réfléchir au soutien que je pourrai trouver.
– Vous allez en avoir besoin.
A ces mots, elle a noté quelques numéros de téléphone sur une ordonnance et m’a congédiée. J’ai eu envie de lui
dire en partant que, pour l’avoir déjà consultée vingt ans plus tôt, je m’étonnais qu’elle soit encore aussi jolie, mais je ne l’ai pas crue en état de recevoir un compliment.
Arrivée chez moi, seule dans la maison, je me suis sentie envahie d’une invraisemblable joie, et j’ai tendu les bras vers le ciel en riant. Ce besoin d’élever mes bras vers le ciel en riant s’est manifesté à de nombreuses reprises durant toute une semaine, me forçant à vite me cacher pour que mes proches ne doutent pas de ma santé mentale. Comment expliquer une réaction aussi surprenante ? Sur le moment, je n’ai cherché aucune explication. Ce que je ressentais relevait de l’évidence.
FAIRE L’EXPÉRIENCE DE LA PRÉSENCE DE DIEU PROCÈDE
D’UNE GRÂCE INOUÏE.
Aujourd’hui, je crois comprendre que, dans l’indescriptible solitude qu’a générée l’annonce de mon cancer, à ce moment où rien ni personne n’était en mesure de m’apporter la moindre consolation immédiate, la présence de Dieu a été plus manifeste que jamais. Il me semble que c’est cette présence incomparable qui m’a remplie d’une joie et d’une gratitude débordantes.
Faire l’expérience de la présence de Dieu procède d’une grâce inouïe. Sa puissance est telle, que pour beaucoup
Quand musique et foi portent l’espérance 14
de ses créatures, il est impossible de réprimer une réaction physique.
Il viendra lui-même pour vous sauver. (…) Alors le boiteux sautera comme un cerf et la langue du muet lancera des cris joyeux. Oui, de l’eau jaillira dans le désert et des ruisseaux dans la plaine aride.
Esaïe 35.4, 6
Bientôt il remplira ta bouche de rires, et tes lèvres de cris de joie.
Job 8.21
Judas, celui qui le trahissait, était avec eux. Lorsque
Jésus leur dit : « C’est moi », ils reculèrent et tombèrent par terre.
Jean 18.5-6
Comme il était en chemin et qu’il approchait de Damas, tout à coup, une lumière qui venait du ciel resplendit autour de lui. Il tomba par terre et entendit une voix lui
dire : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? »
Actes 9.3-4
Et il est même dit :
Que les arbres des forêts poussent des cris de joie devant l’Eternel, car il vient pour juger la terre.
1 Chroniques 16.33
QUAND MUSIQUE ET FOI PORTENT L’ESPÉRANCE
Isabelle Rivollet
Comment réagir à l’annonce d’un cancer du sein sans y ajouter de souffrance inutile ?
Assurée dès le départ de la présence de Dieu à ses côtés, Isabelle s’engage avec lui dans ce parcours de soins.
« Faire l’expérience de la présence de Dieu procède d’une grâce inouïe. »
Isabelle Rivollet
Découvrant un piano dans l’établissement où elle va suivre son traitement, elle décide de semer un peu de joie et de sérénité autour d’elle, en faisant profiter malades, accompagnants et soignants de ses talents de musicienne. Sans rien cacher de ses douleurs et des moments éprouvants qu’elle a traversés, elle nous livre ici un témoignage empreint d’une grande sincérité, rempli d’humour et profondément porteur d’espérance. Un récit encourageant et ancré dans le réel !
Après des études scientifiques, Isabelle Rivollet a travaillé dans l’aéronautique, avant de se consacrer à sa famille et à son église. Certifiée médiateur professionnel, elle œuvre aujourd’hui pour l’entente au sein de sa commune et a été, durant quinze ans, présidente d’une association de lutte contre la souffrance au travail.
CHF 12.90 / 11.90 €
ISBN 978-2-88913-075-7