2 minute read

Une histoire d’Ecriture

Toute l’Ecriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice.

Segond 21

Toute Ecriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice.

NEG 1979

Vous ne voyez pas de différence entre ces deux versions de 2 Timothée 3.16 ? Relisez-les bien, et vous verrez qu’un « l’ » a été ajouté dans la Segond 21. Pourquoi cette variation ?

Lorsqu’un texte est lu du haut de la chaire, les majuscules n’apparaissent pas (!), et un simple auditeur pourrait comprendre, en entendant la version proposée par la NEG 1979, que n’importe quel écrit (même en dehors de la Bible) bénéficie de l’inspiration divine. Ne parlet-on pas couramment d’inspiration même à propos de textes et d’auteurs profanes ?

De fait, le mot grec graphê désigne « l’art d’écrire », « l’action d’écrire », puis « ce qui est écrit », et c’est dans l’un ou l’autre de ces sens qu’il est employé dans la version grecque de l’Ancien Testament, appelée la Septante. Il pourrait donc avoir la même palette de significations ici.

Dans ce cas, il faudrait traduire (ce qui est possible d’un point de vue grammatical) : « Tout écrit inspiré de Dieu est aussi utile… ».

Mais en réalité, cette interprétation ne « colle » pas avec l’usage du mot dans le Nouveau Testament : dans chacune de ses 49 autres occurrences, il renvoie aux Ecritures saintes, c’est-à-dire à l’Ancien Testament (avec parfois, une inclusion possible des textes existants du Nouveau Testament ; voir Romains 16.26 ; 2 Pierre 3.16), et ce, qu’il soit au pluriel ou, plus fréquemment, au singulier, précédé ou non de l’article (il est au singulier sans article dans 2 Pierre 1.20).

Dans certains cas, graphê désigne plus précisément un passage de l’Ecriture. Ainsi, il faudrait traduire littéralement

• Marc 12.10 : « N’avez-vous pas lu cette Ecriture ? »

• Jean 19.37 : « Et de nouveau une autre Ecriture dit : … »

• Actes 1.16 : « Il fallait que soit accomplie l’Ecriture que l’Esprit saint a dite d’avance à travers la bouche de David. »

• Actes 8.35 : « Philippe ayant ouvert sa bouche et ayant commencé à partir de cette Ecriture lui annonça (la bonne nouvelle de) Jésus. »

• Jacques 2.23 : « Et fut accomplie l’Ecriture qui dit : … »

Au vu des considérations précédentes, il a paru le plus naturel d’interpréter de la même manière 2 Timothée 3.16 : « Tout passage de l’Ecriture est inspiré de Dieu », ce qui revient à dire : « Toute l’Ecriture est inspirée de Dieu. » La traduction Segond 21 ne force donc pas le sens du verset en vue d’appuyer la doctrine évangélique de l’inspiration de la Bible ; elle en livre une traduction cohérente avec la manière de s’exprimer des auteurs sacrés.