NON-CONFORMISTES! - POUR UNE SUBVERSION CHR (MB3525)ETIENNE DES VALEURS

Page 1


Trevin Wax

Non-conformistes!

Pour une subversion chrĂŠtienne des valeurs


Titre original en anglais: Holy Subversion: Allegiance to Christ in an Age of Rivals Copyright © 2010 by Trevin Wax Published by Crossway a publishing ministry of Good News Publishers Wheaton, Illinois 60187, U.S.A. This edition published by arrangement with Good News Publishers. All rights reserved. Les textes bibliques sont tirés de la version Segond 21 http://www.universdelabible.net Traduction: Samuel Evans © et édition: La Maison de la Bible, 2012 Chemin de Praz-Roussy 4bis 1032 Romanel-sur-Lausanne, Suisse Tous droits réservés E-mail: info@bible.ch Internet: http://www.maisonbible.net ISBN édition imprimée 978-2-8260-3525-1 ISBN format epub 978-2-8260-0004-4 ISBN format pdf 978-2-8260-9747-1


Table des matières 1. Jésus et l’Evangile de César 7 2. La subversion du moi 29 3. La subversion du succès 59 4. La subversion de l’argent 79 5. La subversion des loisirs 101 6. La subversion du sexe 123 7. La subversion du pouvoir 145 8. Une annonce de l’Evangile subversive 165 Epilogue 183 Remerciements 187


1.

Jésus et l’Evangile de César

Seigneur. Sauveur du monde. Fils de Dieu. Divin souverain. La nouvelle de sa naissance et de son règne a été appelée «Evangile». On a parlé de lui dans l’ensemble du monde connu de l’époque grâce à des messagers spéciaux. Les prédicateurs de son Evangile étaient convaincus qu’il avait inauguré un règne de paix pour le monde entier et qu’il avait autorité sur terre et dans le ciel. Qui est cet homme? Si vous allez dans une église et demandez aux personnes présentes à qui renvoient les titres et affirmations ci-dessus, presque toutes vous répondront: «JésusChrist.» Et elles auront bien raison. La Bible atteste, en effet, que Jésus est le Seigneur, le Sauveur du monde, le Fils de Dieu. Mais, imaginons un instant que nous vivions au premier siècle, dans l’Empire romain. Si vous entriez dans une ville et demandiez aux personnes rencontrées à 7


qui renvoient ces titres et ces slogans, elles vous répondraient tout autre chose: «Seigneur? Sauveur du monde? Fils de Dieu? Il est clair que vous êtes en train de parler de l’empereur!» En effet, au premier siècle, chacun de ces titres désignait le plus haut dirigeant romain, un homme puissant qui gouvernait le monde d’une main de fer, exigeant que chacun se soumette à son Empire sans cesse en croissance.1 Les premiers chrétiens utilisaient des titres habituellement réservés à l’empereur romain, lorsqu’ils parlaient de Jésus de Nazareth. Pourquoi? Quelles implications cela a-t-il pour nous, aujourd’hui?

Le monde d’il y a 2000 ans Il y a près de 2000 ans, à la tête d’un Empire romain en plein essor se trouvaient des hommes que l’on appelait Césars, en référence au dictateur Jules César (qui a vécu au premier siècle av. J.-C.). Les premiers empereurs ayant été déclarés «divins» peu après leur mort, il n’a pas fallu longtemps pour que les suivants commencent à accepter ce titre de leur vivant et chargent des messagers d’aller de ville en ville prêcher l’allégeance à leur personne. C’est ainsi qu’à l’époque de 1 Pour un exemple du langage pompeux utilisé pour les empereurs romains, voir Wilhelm Dittenberg (éd.), Orientis graeci inscriptiones selectae, vol. 2, 1903-1905, #458. Voir aussi Ethelbert Stauffer, Christ and the Caesars, Wipf & Stock Publishers, 2008, qui contient une liste de nombreux parallèles entre la proclamation chrétienne et le culte de l’empereur. Pour un ouvrage plus récent, voir Seyoon Kim, Christ and Caesar: The Gospel and the Roman Empire in the Writings of Paul and Luke, William B. Eerdmans, 2008, qui démontre que l’utilisation par les premiers chrétiens de titres dévolus à l’empereur ne représentait pas une tentative d’amorcer une révolution politique. Il s’agissait, au contraire, de mettre en lumière les différences incontournables entre les royaumes de ce monde et le royaume de Christ.

8


l’Eglise primitive le culte de l’empereur était répandu dans tout l’Empire. Les hérauts des premiers siècles visitaient les villes et villages de l’Empire romain pour annoncer «l’évangile» (la bonne nouvelle) de l’accession au trône d’un nouveau souverain. Lorsque le culte de l’empereur a commencé à se développer, les personnes soumises à son autorité ont été obligées de se prosterner devant lui, de confesser qu’il était seigneur et de payer les taxes qui lui étaient dues. Qu’elles soient d’accord ou non avec son pouvoir dictatorial n’avait pas d’im­ portance. Il était souverain. Il détenait l’autorité absolue. Refuser de l’adorer revenait à prendre un énorme risque. Domitien, l’un des empereurs de la fin du premier siècle, est allé jusqu’à signer ses documents du nom de «Dieu».1 Par moment, Rome pouvait être étonnamment tolérante vis-à-vis des autres religions. Un panthéon très diversifié était autorisé, pour autant que le César reste audessus de ces divinités. Tout rival potentiel devait plier le genou devant son trône. Les Juifs, qui croyaient en un seul vrai Dieu, constituaient donc une cible de prédilection pour les gouverneurs et dirigeants romains. Ponce Pilate, par exemple, a souvent cherché à intimider ses administrés judéens en recourant à des actes de violence gratuite.2

1  A ce sujet et pour d’autres éléments à propos du désir des empereurs romains de porter des titres divins, voir l’historien antique Suétone, Vies des douze Césars (traduction française disponible chez Folio). 2  Luc 13.1-5 rapporte comment il a ordonné le massacre de Juifs pieux devant l’autel, de telle sorte que leur sang se mêle à celui de leurs animaux sacrifiés.

9


Les premiers chrétiens C’est dans ce contexte oppressif qu’un groupe d’hommes et de femmes a commencé à parler d’un Messie crucifié et ressuscité. Ce message allait coûter la vie à nombre d’entre eux. Les apôtres (c’est-à-dire les «envoyés») ont parcouru les rues des villes romaines, tels des hérauts d’un nouvel évangile. La bonne nouvelle qu’ils annonçaient ne concernait pas l’accession au trône d’un empereur, mais la seigneurie d’un Messie juif sur toute la création. Ils se sont mis à prêcher que Jésus de Nazareth était le Fils de Dieu, le Seigneur du ciel et de la terre, Seigneur de l’empereur lui-même. Quel était leur credo? «Jésus est le Seigneur… Dieu l’a ressuscité.»1 Les chrétiens sont allés jusqu’à reprendre les titres honorifiques dévolus à Dieu dans l’Ancien Testament pour les appliquer à Jésus: Il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés.2 Tout pouvoir lui a été donné.3 Au nom de Jésus, chacun pliera le genou.4 Inspirées de l’enseignement juif à propos de l’Eternel, de telles affirmations impliquaient une opposition de principe au culte impérial. Il était clair pour les chrétiens que le Sauveur du monde, ce n’était pas l’empereur romain, même si celui-ci apportait la paix à de nombreuses nations et apaisait la population en lui 1 Voir Romains 10.9. 2  Actes 4.12. 3 Voir Matthieu 28.18. 4 Voir Philippiens 2.10-11.

10


fournissant du pain. Le Sauveur, c’était Jésus, celui qui nous réconcilie avec Dieu et avec notre prochain, celui qui a offert son propre corps comme pain de la vie éternelle. Ils reconnaissaient en lui le véritable Seigneur du monde. L’empereur n’était qu’un imposteur, une caricature, une parodie du vrai Dieu.1 Le message s’est propagé. Le christianisme a commencé à dépasser les limites de son cadre juif de départ. Des églises (c’est-à-dire des communautés composées de personnes loyales à cet autre Seigneur qu’était Jésus) ont surgi dans les coins les plus reculés de l’Empire. Tandis que Rome agrandissait son territoire en combattant et asservissant nations et ethnies, le christianisme progressait en proclamant la libération vis-à-vis de l’esclavage de la mort et du péché. Tandis que les empereurs offraient du pain aux affamés afin de conserver le pouvoir, les chrétiens leur soufflaient la vedette en nourrissant eux-mêmes les affamés au nom de Jésus, le véritable Seigneur du monde. A une époque où la survie de Rome dépendait du maintien d’un fossé énorme entre esclaves et citoyens, entre pauvres et riches, ces croyants se montraient subversifs envers le système économique en se séparant volontairement de leurs biens afin d’avoir de quoi donner aux pauvres et en traitant les esclaves comme d’authentiques frères et sœurs en Christ. Les disciples de Jésus se soumettaient néanmoins à l’empereur, car ils étaient conscients que l’autorité dont 1 N. T. Wright, The Challenge of Jesus: Rediscovering who Jesus Was and Is, Intervarsity Press, 1999, p. 131-132.

11


celui-ci jouissait lui venait de Dieu. Il est quelque peu ironique que, malgré la persécution intense à laquelle ils pouvaient être confrontés, ils aient continué à considérer le gouvernement comme un don de Dieu et à estimer qu’un souverain pouvait légitimement se trouver sur le trône.1 Ce n’est pas en planifiant dans l’ombre une révolution qu’ils se sont dressés contre la dictature, mais en refusant de rendre à l’empereur les honneurs qui, d’après eux, étaient réservés à Jésus seul. Ils étaient convaincus que le dirigeant humain devait être remis à sa place, c’est-à-dire sous l’autorité de Christ. Chaque fois que le César abusait de sa position pour tenter de régner sur le monde à la manière d’un «dieu», les chrétiens continuaient à vaquer à leurs occupations mais bravaient son autorité en manifestant leur allégeance à celui qui lui était supérieur: Jésus, devant lequel luimême devrait un jour plier le genou. Pourquoi agir de la sorte? Comment prêcher la soumission à ceux qui nous gouvernent tout en refusant les abus? La réponse se trouve dans la compréhension qu’avaient les chrétiens de l’existence de «puissances et autorités» derrière le dirigeant terrestre visible2. Ils savaient que l’adversaire à combattre, ce n’était pas l’être humain. Le culte de l’empereur leur signalait, derrière la domination exercée par ces dirigeants, la présence du Mauvais, de celui qui cherche à garder les hommes esclaves du péché et de la mort. 1 Dans Romains 13, l’apôtre Paul traite du rôle et de l’autorité des gouverneurs terrestres. Toutefois, même dans ce passage, il se met en opposition par rapport au système romain en plaçant le dirigeant humain sous le règne et l’autorité de Dieu. L’apôtre Pierre a la même approche dans une lettre qu’il écrit à des chrétiens subissant la persécution; il les encourage à se soumettre aux autorités terrestres et à honorer le roi (1 Pierre 2.13-17). 2  Ephésiens 6.12.

12


Les «puissances et autorités» aujourd’hui En Occident, nous ne vivons plus sous le régime de fer de l’Empire romain. Dans les démocraties actuelles, nous choisissons nos dirigeants. Nous votons pour élire nos représentants. Nous sommes devenus nos propres «Césars». Toutefois, même si notre société n’est pas conduite par des dictateurs et même si nous ne sommes pas forcés de nous prosterner pour adorer le chef de l’Etat comme un seigneur, les «puissances et autorités» qui présidaient au culte de l’empereur au premier siècle continuent de manifester leur présence en dominant la vie des personnes qui nous entourent. Les nations occidentales ont beau ne pas être gouvernées par des empereurs installés sur un trône, la société n’en demeure pas moins soumise à l’influence de Satan. Cet être mauvais cherche à retenir les hommes sous son emprise en pervertissant des dons de Dieu (tels que le succès, l’argent, les loisirs, le sexe ou le pouvoir) et en exagérant leur importance, de telle sorte qu’ils prennent toute la place dans les cœurs contaminés par le péché et finissent même par occuper le trône réservé à Christ. Malheureusement, bon nombre de ces «dictatures» ne sont pas remises en question par les chrétiens. Il est essentiel que nous redécouvrions la nature subversive de l’Evangile et que nous identifiions le caractère pernicieux des «puissances et autorités» dont nous avons à être délivrés. Ce qui constituait une menace pour les dirigeants romains, c’était le caractère central, dans le message 13


chrétien, de la personne de Jésus de Nazareth, et plus particulièrement des événements du dimanche matin suivant sa crucifixion. Ils n’étaient pas inquiets parce que des missionnaires annonçaient à leurs administrés la nécessité d’un Sauveur personnel, qui vienne «habiter dans leur cœur», mais parce qu’une communauté de non-conformistes était convaincue qu’un Messie juif était physiquement ressuscité et essayait de vivre conformément à la nouvelle réalité inaugurée par cette résurrection. Si les premiers chrétiens étaient persécutés et risquaient la condamnation à mort, ce n’était pas seulement parce qu’ils entretenaient une relation personnelle avec Christ; c’était aussi et surtout parce qu’ils proclamaient sa seigneurie. Ils réservaient à Jésus des honneurs dévolus, dans la société romaine, au César et sapaient l’autorité impériale en proclamant celle du Messie.

Une foi qui transforme la vie et le monde La foi telle que les premiers chrétiens la vivaient transformait des vies. Considérons l’exemple de Pierre. Peu après qu’il a nié connaître Jésus, nous retrouvons ce «roc» en train de proclamer: «Dieu a fait Seigneur et Messie ce Jésus que vous avez crucifié.»1 Penchons-nous aussi sur le cas de l’apôtre Paul: ce persécuteur des disciples de Jésus est devenu le plus zélé des défenseurs de la foi chrétienne et l’un des plus fameux missionnaires. 1  Actes 2.36.

14


Quant au propre frère de Jésus, Jacques, il était tout d’abord convaincu que celui-ci souffrait de folie avant de comprendre, suite à sa résurrection, qu’il était bel et bien le Sauveur du monde. Le christianisme change votre vie. Lorsque des êtres humains se mettent à croire que Jésus est le Sauveur et reconnaissent qu’il est le Seigneur, ils sont transformés. S’il y a une chose dont les évangéliques sont convaincus, peut-être plus que les chrétiens d’autres sensibilités, c’est bien de cela. Toutefois, le véritable christianisme ne change pas seulement des vies. Il a un impact sur le monde. Au cours du premier siècle, croire que Jésus était le Seigneur vous mettait en porte-à-faux par rapport aux prétentions de l’empereur. En lui-même, votre style de vie constituait une provocation, pour les «puissances et autorités» de la société. Les premiers chrétiens auraient, sans aucun doute, convenu que Christ était leur Sauveur et Seigneur «personnel». Cependant, leur prédication reposait sur la conviction essentielle qu’il était le Seigneur de tout: pas seulement de leur cœur, mais du monde entier. Le centre du message de l’Evangile, ce n’était pas la nécessité d’inviter Christ à habiter en nous, c’était l’invitation à faire partie de la communauté du royaume, qui représente le cœur de Dieu pour le monde. Quel avenir Dieu réserve-t-il à notre monde déchu? Les premiers chrétiens pensaient qu’un jour il le restaurerait, que l’univers serait racheté, que les croyants décédés entre-temps ressusciteraient et recevraient un corps glorifié. Mais, et c’est là le plus important, ils croyaient aussi que cet avenir avait déjà commencé à se manifester. L’œuvre de restauration et de salut avait déjà été amorcée. Grâce à ce que Jésus-Christ avait 15


accompli (sa mort et sa résurrection), l’ère à venir était en quelque sorte déjà d’actualité. En dépit de l’impression qu’on pouvait avoir d’un monde régi par des dictateurs sans aucune crainte de Dieu, une conviction inébranlable demeurait: Jésus était, en réalité, déjà aux commandes, et le jour arriverait où l’objet de la foi serait visible. Ce jour-là, le monde entier verrait Christ, son véritable roi. Remplis de courage et d’assurance, les premiers chrétiens comprenaient l’im­portance de vivre le présent dans la perspective de l’avenir et cherchaient donc à mener une vie placée sous l’autorité de leur Seigneur. Quelles conséquences cela aurait-il, si aujourd’hui nous décidions de renouer avec la nature non-conformiste de la vie de disciple? Si nous nous mettions à annoncer la seigneurie de Jésus, quel impact cela aurait-il sur notre façon de voir notre église, notre famille, notre travail? Comment faire pour que notre allégeance envers Jésus le souverain ait à nouveau un caractère subversif?

L’opposition aux Césars d’aujourd’hui Quand j’avais 8 ans, mes parents m’ont amené assister au match de football américain d’une école secondaire locale. Comme je ne comprenais pas grand-chose aux règles du jeu, ce que j’ai le plus apprécié a été la fanfare qui a présenté, durant la mi-temps, une version saisissante de l’Ouverture 1812 de Tchaïkovski. La mélodie inspirée, jouée avec passion par l’orchestre, a rempli ce stade d’une atmosphère électrique qui a mis en émoi 16


mes sens d’enfant. J’ai quitté le stade convaincu que je venais juste d’entendre l’un des plus beaux morceaux de musique jamais composés. Quelques semaines plus tard, nous sommes retournés voir un match de football. Cette fois, j’ai décidé de prendre avec moi mon enregistreur à cassette. J’ai attendu anxieusement le moment de la mi-temps, et, lorsque l’orchestre s’est mis à jouer, j’ai appuyé sur le bouton d’enregistrement. Je me suis alors détendu, le sourire aux lèvres, convaincu que la musique qui suscitait toute mon admiration lorsqu’elle inondait le stade pourrait bientôt emplir ma chambre à la maison, dès que je le voudrais. Ce soir-là, je me suis rendu compte que la qualité sonore de mon enregistreur était loin d’être optimale. Sur la cassette, les tambours faisaient un bruit sec, et flûtes et trompettes donnaient l’impression de provenir d’un film d’horreur. Quelle déception! Je ne comprenais pas pourquoi cette musique, si glorieuse dans le stade, sonnait si mal dans ma chambre. J’ai alors demandé à mon père pourquoi la cassette était incapable de reproduire la merveilleuse mélodie, et il m’a répondu: «Certaines musiques ne sont pas faites pour ta chambre.» L’Evangile n’existe pas pour que je le garde dans ma chambre. Cette magnifique mélodie, entonnée par le peuple de Dieu qui se rassemble pour le louer et le servir dans l’unité, n’est pas censée être jouée par une personne toute seule dans un endroit à part. La déclaration de la seigneurie de Jésus semble encore plus glorieuse lorsqu’elle est proclamée par son Eglise tout entière. Quand nous adaptons l’Evangile pour qu’il soit à la mesure des individus et limitons sa portée à une 17


expérience spirituelle d’ordre privé, c’est comme si nous faisions résonner un «évangile d’enregistreur à cassette»: il reconstitue bien une partie du message, mais sans rendre justice à la mélodie glorieuse de la seigneurie de Christ interprétée devant l’ensemble de la création. Certes, l’Eglise est composée d’individus qui croient que Jésus est le Seigneur. Cependant, c’est tous ensemble que nous formons la communauté de foi choisie par Dieu. L’Eglise est pareille à un orchestre divinement exercé à jouer la mélodie qui proclame le salut en Jésus-Christ seul. Comment, en tant que communauté de foi, pouvonsnous vivre de façon subversive vis-à-vis des «Césars» qui gouvernent le monde environnant… et qui cherchent à dominer sur nous aussi? Le reste de cet ouvrage cherchera à répondre à cette question. Les mots «subversif» et «subversion» peuvent être compris de deux façons différentes: il peut s’agir de faire chuter un régime, de planifier son anéantissement, ou de «renverser», de «mettre sens dessus dessous». C’est dans ce dernier sens que je l’emploie, avec l’idée qu’une telle démarche revient à remettre les choses à leur place. Chacune des «dictatures» dont nous parlerons est, en fait, un don divin; mais celui-ci devient une idole, lorsqu’il est placé au-dessus de Dieu luimême. Notre mission, en tant que chrétiens, consiste donc à commencer par identifier et démasquer certains des «Césars» les plus sournois, qui cherchent à museler notre message et exigent notre soumission. Nous devrons, ensuite, réfléchir aux différents moyens que l’Eglise peut employer pour résister à l’influence de la culture, s’opposer à ces objets d’idolâtrie et les remettre à leur place: sous les pieds de Jésus. 18


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.