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ROUVRE VIVANTE
from Au nom de la Rouvre ! - Livret #1
by Territoires pionniers | Maison de l'architecture - Normandie
Cohabiter avec les êtres du bocage
De sa source à son exutoire, la Rouvre et ses affluents traversent des espaces naturels remarquables, caractéristiques du paysage de la Suisse Normande.
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Bocage, cours d’eau, zones humides, forêts... ces différents milieux sont en partie protégés par des périmètres réglementés.
Les nombreuses gommettes vertes placées par les habitants témoignent d’un lien fort à la nature sur le territoire. Les gommettes se concentrent notamment sur certains sites protégés, comme la Roche d’Oëtre et le marais du Grand Hazé ; mais aussi sur des sites plus « modestes », plus proches du quotidien des habitants, comme le Chant des cailloux à Taillebois ou le bois de la Mousse à Ste-Honorine-la-Guillaume.
Où allez-vous à la rencontre de la nature ?
Lieux de nature
La Roche d’Oëtre et les Gorges de la Rouvre top 1 :
Le Chant des cailloux top 2 :
Le Bois de la Mousse top 3 :
Le marais du Grand Hazé top 4 :
La Forêt d’Andaine top 5 :
La Rouvre ; affluents principaux ; affluents secondaires
Autres cours d’eau et leurs affluents
Socle granitique
Zones naturelles protégées : zones naturelles d’intérêt écologique floristique et faunistique (ZNIEFF, types 1 et 2) ; zones Natura 2000 (Directive Habitats) ; arrêtés de protection de biotope

Limites du Parc Naturel Régional Normandie-Maine et de la Suisse Normande
Limites du Pays d’Houlme (contrée de Normandie)
Les Observatoires
Un récit du futur, par Camille et Boris
Chuuuut ! Ils arrivent ! Toute la famille était postée dans l’observatoire, immobile, silencieuse et scrutait les bois à travers ses lunettes de vision nocturne. Les chevreuils avançaient paisiblement dans les bois, accompagnés par le craquement du bois mort sous leurs pattes. Quelques minutes plus tard, la forêt était de nouveau paisible, puis une loutre apparut brièvement le long de la Rouvre. Les enfants dessinaient, comptaient les loutres, inscrivaient toutes leurs observations dans le registre. L’observation des espèces était un loisir hebdomadaire.
Les observatoires construits dans les dernières décennies étaient des points de repères dans le paysage, de nouveaux lieux de socialisation et d’émerveillement.

Tout le monde pouvait s’y rendre et y passer la nuit pour observer la faune sauvage, faire de nouvelles rencontres entre habitants de longue date et touristes.
Chaque commune possédait un observatoire - parfois le clocher de l’église, souvent une nouvelle construction en bois - pour pouvoir observer d’en haut les espaces de libre évolution, à l’écart de toute activité humaine. 10% de la surface de chaque commune était dédiée à la libre évolution des espèces.
De grands corridors reliaient ces espaces de libre évolution. On avait renaturé des routes pour réunir des forêts, la circulation la nuit était largement réglementée : circulation restreinte, pas de phares mais des lunettes de vision nocturne pour ne pas perturber la faune, vitesse et niveau sonore limités…
Les yeux commençaient peu à peu à se fermer derrière les lunettes de vision nocturne, la fatigue prenait le dessus. Tous allongés sur les confortables futons en laine de mouton, ils s’endormaient un à un dans la douceur de la nuit du bocage. Le lendemain matin, l’odeur de la compote de pommes chaude et du thé emplissait l’observatoire. Les enfants se régalaient, pendant que les parents préparaient les sacs pour le retour. Les écologues montaient dans l’observatoire et échangeaient avec eux sur les observations de la nuit. Puis, chaque membre de la famille fixait son mousqueton sur le grand câble en acier et se laissait glisser sur la grande tyrolienne. Après cinq minutes de descente au grand air à travers les filets de brume remontant de la vallée, ils étaient parvenus en bas, où leur covoiturage les attendait déjà pour les déposer chez eux.
Les Prairies
Un récit du futur, par Camille et Boris
Le sol, autrefois mis à nu pendant des mois, creusé de sillons, érodé et drainé, était désormais recouvert de végétaux de toutes sortes. Les anciennes surfaces agricoles avaient été remplacées par les pré-vergers et les pré-bois.

Les chemins à travers les champs d’antan avaient été pour partie réouverts. Promeneurs et cyclistes pouvaient désormais les utiliser pour se déplacer plus rapidement, en évitant les routes et à l’abri des arbres.
Sous une infinie canopée d’arbres d’essences variées, quelques vaches laitières broutaient sur les prairies ombragées. Quelques dizaines de mètres plus loin, le fermier voisin s’affairait dans la haie bocagère partagée qui marquait la limite entre les fermes. Il taillait la haie avec soin, aidé par plusieurs jeunes en service civique au Centre local pour l’environnement et la résilience climatique. Les nouvelles essences d’arbres plantées il y a 5 ans lors de la vaste opération « 50 000 arbres pour le climat de la Rouvre » étaient particulièrement en forme.
L’an dernier, d’autres bénévoles du Centre l’avaient aidé à recréer le tracé naturel du cours d’eau en bas de son champ, pour limiter l’érosion de ses sols. Des collégiens étaient venus avec leur professeur de SVT pour voir les résultats, et faire quelques mesures avec lui dans le cadre de leurs travaux pratiques. Cela avait été un été bien animé pour le fermier.
Derrière la haie, les multiples cabanons légers des chercheurs créaient comme de petits repères colorés dans le paysage du bocage. Agronomie, agrologie, pédologie, écologie, phytosociologie, sciences de la nutrition… Beaucoup résidaient sur le lieu de leurs observations. Ils observaient l’impact du changement climatique sur les milieux naturels, l’état des sols, et notamment l’évolution des nouvelles prairies reconstituées sur d’anciens champs de maïs ou autre sol appauvri. On avait appris à cohabiter dans les prairies. Un météorologue analysait les données de sa micro-station, deux petites filles couraient derrière un renard le long des haies, tandis qu’un nutritionniste goûtait de nouvelles baies en regardant d’un oeil curieux le pédologue sortir d’un trou. Le meilleur de la technologie et de l’humain se rencontraient dans ces prairies plantées.
Désormais, le fermier n’était plus seul face au climat.