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DES OUTILS À LA TONNE : LA FABRICATION DES TONNEAUX
Autrefois, la fabrication des tonneaux représente l’un des savoir-faire les plus importants au sein des communautés de pêcheurs en Gaspésie. Ils sont employés autant pour l’entreposage des denrées que pour le transport de celles-ci, et surtout pour l’exportation de la morue séchée salée. Plusieurs des outils nécessaires à la confection des tonneaux sont communs à la menuiserie, comme les compas, les vilebrequins, les rabots, les haches et les scies. Ainsi, cette chronique ne dresse pas un inventaire exhaustif de tous les outils utilisés ou de toutes les étapes nécessaires à leur fabrication, mais elle se penche plutôt sur quelques pièces parmi les plus intéressantes conservées dans les réserves du Musée de la Gaspésie en lien avec la tonnellerie.
Vicky Boulay Conservatrice, Musée de la Gaspésie
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Le façonnage des douves (douelles)
Une étape importante est le façonnage des douves ou des douelles, c’est-à-dire des pièces de bois qui forment le corps des tonneaux. Le principal outil employé à cette étape est la plane. En tonnellerie, elle est utilisée pour exécuter les opérations de parage et de vidage. Le parage consiste à arrondir l’extérieur de la douve afin de lui donner une courbe suivant la circonférence du tonneau alors que le vidage est l’opération par laquelle la surface intérieure d’une douve est façonnée afin de la rendre concave.
Contrairement à la plane qui est un outil commun en menuiserie, le jabloir est un outil exclusif à la fabrication des tonneaux. Il a pour fonction est de créer le jable, c’est-à-dire la rainure qui est pratiquée à l’extrémité des douelles d’un tonneau pour y fixer le fond.
La tille de l’île Jersey Une tille est une petite hache en forme d’herminette, dont le fer est perpendiculaire au manche et le tranchant recourbé vers celui-ci. Très courte, elle est manipulée d’une seule main et est adaptée à diverses tâches, notamment pour niveler l’extrémité d’un tonneau. L’intérêt de cet objet est lié à son propriétaire, John Sorsoleil. Entre 1830 et 1835, il quitte l’île Jersey avec sa famille et plusieurs autres pour s’installer à Jersey Cove, un petit hameau situé entre L’Anseau-Griffon et Cap-des-Rosiers dont, le nom rappelle le lieu d’origine de ses habitants·es. Dans cette traversée, il aurait amené avec lui quelques biens, dont cette tille. En 1870, John Sorsoleil, sa famille et ses camarades jersiais ont quitté Jersey Cove. C’est son arrière-petit-fils, Carl O. Nelson, qui a remis cette pièce au Musée de la Gaspésie. Elle constitue une des seules traces matérielles du passage de ces insulaires en Gaspésie.
Joseph Adélard Briard, menuisier
De Joseph Adélard Briard (1909-1994) de Cap-aux-Os, le Musée conserve deux outils en lien avec la tonnellerie : une rouanne ainsi qu’une scie à chantourner. Une rouanne est un outil à main permettant d’inscrire sa marque sur les tonneaux. Le tonnelier, le fabricant ou, par exemple, l’agent des accises peuvent appliquer une telle inscription. La scie à chantourner est utilisée quant à elle pour scier en rond les fonds des tonneaux d’après le tracé fait au compas. M. Briard est menuisier et a occupé plusieurs fonctions au cours de sa vie. Il a notamment travaillé au phare de Pointe-à-la-Renommée et a participé à la construction des bâtiments du site de Fort-Péninsule durant la Deuxième Guerre mondiale.



Il ne reste que très peu de détentrices et détenteurs en Gaspésie de ce savoir-faire qui autrefois comptait parmi les habiletés techniques les plus répandues. L’économie de la région étant alors tournée vers l’exportation de ses ressources, les gens qui fabriquent des tonneaux étaient nombreux sur la péninsule. Aujourd’hui, il est possible de visiter l’un des bâtiments du Site historique national de Paspébiac (SHNP) entièrement dédié à l’interprétation et la mise en valeur de ce métier.
Remerciements à Jeannot Bourdages, conservateur du SHNP ainsi qu’à Hubert Briard pour les précieuses informations.
En 1915, les Fusiliers du St-Laurent (189e bataillon), sous le commandement du lieutenantcolonel Philippe-Auguste Piuze, entreprennent une campagne de recrutement en Gaspésie. Bien que la grande majorité des soldats enrôlés par le 189e sont, selon la terminologie de l’époque, des Canadiens français, un bon nombre d’anglophones et d’Autochtones se sont joints à eux.
Parmi les nouvelles recrues, on retrouve Frank Narcisse Jerome de Gesgapegiag. Né le 17 juillet 1885, son baptême est célébré à l’église Sainte-Brigitte de Maria. Âgé de 29 ans, Jerome s’enrôle le 6 juin 1916 à New Carlisle. Nul ne peut se douter ce jour-là que Frank Narcisse Jerome va devenir un des soldats les plus décorés de toute l’histoire militaire canadienne.
Combattre ensemble
Peu de temps après l’arrivée du 189e bataillon en Angleterre à l’au-









