Projet de Fin d'Etude Paysage - La Muraille de Chine : Muséification d'un patrimoine bâti

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UE 10-2 P.F.E PROJET DE FIN D’ETUDE • DEP DIPLÔME D’ETAT DE PAYSAGE • ANNÉE URNIVERSITAIRE 2021-2022 • SOUS LA DIRECTION DE GUILLAUME LAIZÉ ET HÉLÈNE SOULIER

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LA MURAILLE DE CHINE : MUSÉIFICATION D’UN PATRIMOINE BÂTI

maëlian soulier


REMERCIEMENTS

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Je souhaite adresser des remerciements à toutes les personnes qui m’ont accompagné durant un temps dans la construction et l’écriture de ce PFE Je tiens à remercier Guillaume Laizé tuteur de ce travail, de ce Projet de Fin d’Étude, enseignant à l’ENSAP Bordeaux et architecte-paysagiste DPLG diplômé de l’École Nationale Supérieure d’ Architecture et de Paysage de Bordeaux . Mais également l’ensemble du corps enseignant qui a été présent pour la coordination de cet exercice : Marine Lecardeur, Linda Singer, Hélène Soulier, Vincent Tricaud. Je tiens à remercier tout particulièrement mes amis de l’ENSAP pour les précieuses aides et informations apportées grâce aux partages de ses expériences et connaissances. Je tiens à remercier ma famille pour le soutien et les longues heures passées pour la relecture. Je tiens à leur témoigner toute ma reconnaissance.

La Muraille de Chine : Muséification d’un pâtrimoine bâti Maëlian Soulier, sous la direction de Guillaume Laizé et Hélène Soulier UE 10-2 P.F.E Projet de Fin d’Etude DEP Diplôme d’Etat de Paysage, année urniversitaire 2021-2022 Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et du Paysage de Bordeaux


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SOMMAIRE Partie 2

INTRODUCTION La déconstruction de bâtiments de grands ensembles, fédératrice d’un mouvement politique

Partie 1

1. POST DÉCONSTRUCTION

p .42

Une réutilisation de matière grise 1.1 Restructuration d’un réseau à l’échelle de la ville

p.43

parc

p.45

1.2 Muséification d’un pâtrimoine bâti

1. À L’ECHELLE NATIONALE

p .10

2. DE LA DÉCONSTRUCTION À LA MUSÉIFICATION

p .47

La muraille de chine, un espace vécu

La muraille de Chine, nomenclature d’une démolition 1.1 Inventaire de démolition

p.12

2.1 Vestiges d’un passé

p.49

1.2 Reconsidération

p.17

2.2 Réinterprétation

p.55

1.3 Restructuration

p.19

2. À L’ECHELLE D’UNE VILLE

p .21

La muraille de Chine, marqueur paysager

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIE

2.1 Emblème d’un pâtrimoine bâti

p.23

2.2 Sujet à controverses

p.27

2.3 Disparition de la muraille

p.30

3. ARCHITECTURE DE LA MURAILLE

p .32

La muraille de Chine, substitut d’une époque 3.1 Standardisation des logements

p.35

3.2 Porosité des façades

p.39

p .61 p .62


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INTRODUCTION

En France, depuis les années 1980, une partie des bâtiments de grands ensembles sont condamnés à être démolis. Dans la plupart des cas, ils sont contraints à être détruits prématurément par les politiques. Après 60 ans pour la Muraille de chine en 2020, 22 ans pour la Barre Debussy en 1986 ou en encore 15 ans pour la Tours 6 des Minguettes en 1983 ; ces bâtiments emblématiques sont réduits à des blocs de bétons, d’agglomérés dispersés à même le sol bien trop tôt. Durant les années 60, les grands ensembles ont été construits hâtivement pour répondre à des besoins de croissances urbaines et démographiques. Malgré cela ils répondent davantage aux besoins d’une population actuelle, précaire et à sa stigmatisation qui à engendrer l’accélération du processus de destruction de ses bâtiments. Ainsi, la démolition des bâtiments de grands ensembles s’inscrit dans une logique de tabula rasa. La dominance de cette logique, celle de la destruction de bâtiments perçue comme marqueur paysager d’une ville et d’une époque, constitue la genèse de ma réflexion. Des questionnements sur des grands ensembles déconsidérés par les politiques où certains d’entre eux ont un fort potentiel de restructuration et de fabrication d’une nouvelle ville. Mais également des réflexions sur la perception de ces bâtiments qui sont souvent des marqueurs paysagers, des éléments de patrimonialisation, des emblèmes pour un quartier. C’est dans ce contexte précis que mon choix et mon projet se sont portés sur la Muraille de Chine de Clermont-Ferrand, l’une des dernières grandes barres de France existante, mais en cours de démolition. La Muraille est le reflet d’un bâtiment monofonctionnel, standardisé sur près de 320m de long. Élément patrimonial, emblème d’un urbanisme désuet, la Muraille de Clermont est un symbole qu’il serait préférable de conserver même après une démolition. Si l’héritage de la muraille de Chine n’est plus celui d’un lieu habitable mais celui d’un parc, il semble important d’envisager la transformation et la réutilisation des matériaux issus de la déconstruction pour des causes économiques, écologiques, sociales et culturelles. Mon intention est de muséifier une partie des logements de la Muraille pour témoigner d’une histoire, d’un passé et faire de ce lieu un parc à la mémoire, aux vestiges d’une époque.

-1986Démolition de la Barre Debussy à la Courneuve @ Getty / Patrick AVENTURIER/Gamma-Rapho


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Partie 1

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1. À L’ECHELLE NATIONALE LA MURAILLE DE CHINE, NOMENCLATURE D’UNE DÉMOLITION


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1.1 RELEVÉ DE DÉMOLITIONS DE 2022 À 2016 non exhaustif

-2022-

-2022-

-2021-

-65 ans - 354 logementsDémolition de la Muraille à Clermont-Ferrand

-71 ans - 330 logementsDémolition de l’UC1 à Bron

-55 ans - 197 logementsDémolition de la barre Monmousseau à Vénissieux

-2020-

-2019-

-2018-

-56 ans - 100 logementsDémolition de la barre Europe à Angers

-56 ans - 112 logementsDémolition de la tour U Sanitas à Tours

-61 ans - 110 logementsDémolition de la barre B Les Arbres à Lille

-2022Démolition en cours de la Muraille de Chine

-2018-

-2017-

-2016-

-52 ans - 198 logementsDémolition de la barre ICF à Vénissieux

-57 ans - 186 logementsDémolition de la barre D La Benauge à Bordeaux

-47 ans - 300 logementsDémolition de la barre Mirail Castalide à Toulouse


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CHRONOLOGIE DES DÉMOLITIONS PASSÉES non exhaustif

1980 Minguettes - Tours 6 Vénissieux -15 ans - 128 logements-

1983 1986

Cité des 4000 - Barre Debussy La Courneuve -22 ans - 300 logements

1990 Minguettes - 10 tours Vénissieux -29 ans - 750 logements

Minguettes - 3 tours Vénissieux -39 ans - 348 logements

Caucriaville - Tour Koramov Le Havre -39 ans - 348 logements Malakoff - Barre Banane Nantes -39 ans - 348 logements

1994

2000 2004 2004

Quartier Nord - Tours B Cyprès Marseille -48 ans - 300 logements

Cité des 4000 - Barre Ravel La Courneuve -40ans - 700 logements

2005

2008 2008

2010 Cité des 4000 - Barre Balzac La Courneuve -47 ans - 280 logements

Cité des 4000 - Barre Renoir La Courneuve -36 ans - 362 logements

2011 2012 2016

Cité de l’étang Aulnay-sous-Bois -50ans - 1360 logements

Mistral - Tour 4 Strauss Grenoble -60ans - 1360 logements

Cité des 4000 - Barre Debussy La Courneuve -48 ans - 300 logements

Les phénomènes de démolition présentés permettent de comprendre la nature de ceux-ci. On remarque depuis une dizaine d’années une intensification de ce phénomène ainsi qu’un changement de nature. Ces démolitions qui furent, durant un temps, spectaculaires sont aujourd’hui banalisées. De 1980 à 2000, une évolution drastique en 20 ans La destruction de grand ensemble, une solution perçue comme un événement. C’est dans les années 80, lors de la démolition de dix tours dans le quartier des Minguettes à Vénissieux que ce nouveau phénomène de destruction prend une nouvelle ampleur inédite : celui de l’implosion. Il s’agit d’une mesure politique dite comme étant exceptionnelle pour pallier à la crise des banlieues et aux manifestations violentes. La démolition par l’implosion est une technique brutale de destruction qui consiste à foudroyer ou semi foudroyer l’intégralité d’un édifice en quelques secondes. Les bâtiments sont mis à mort, ils font alors l’objet de presse. La démolition est un événement médiatisé par les politiques pour tous les habitants. Une solution pour pallier des problèmes sociétaux. En effet, la démolition est perçue comme une solution majeure pour remédier aux problèmes (insécurité, violence politique etc.) de manière drastique. Dans l’imaginaire politique c’est la solution pour montrer publiquement et de manière démonstrative la résolution des problèmes rencontrés. Les bénéfices présentés et leur exécution sont d’une grande rapidité. En effet, les problèmes rencontrés avec les quartiers de grands ensembles démontrent une inadéquation avec le fonctionnement de la société contemporaine.


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De 2000 à 2020 la démolition un phénomène banalisé C’est à partir des années 2000 que les politiques de renouvellement urbain ont inscrit la destruction de bâtiments de grands ensembles comme une formalité dans la construction et le développement de l’urbanisme de la ville. Lors de la création de l’Agence Nationale de Renouvellement Urbain (ANRU) en 2003, la démolition devient un outil pour transformer rapidement et de façon majeure les Quartiers Prioritaires de la politique de la Ville (QPV). C’est dans cette catégorie précise que la muraille de Chine s’inscrit (QPV). Les commanditaires s’intéressent davantage au perfectionnement des techniques de démolition. La démolition par foudroyage et semi foudroyage laisse place à la déconstruction ; méthode qui consiste à morceler une partie des bâtiments sur une temporalité longue. L’aspect événementiel et spectaculaire de la démolition disparaît et laisse place à la médiation et médiatisation. La démolition un phénomène politique controversée Une solution controversée par son coût élevé : environ 26 millions d’euros pour la démolition de la muraille de Chine. Le coût inclut le relogement des familles et habitants, environ 3000 € par logement, le coût est également lié à la perte d’exploitation de Logidôme (bailleur) et à la reconstruction et reconstitution de nouveaux logements. Un changement de nature et fonction Il est donc important de remettre au cœur du contexte les intentions de l’Agence nationale de renouvellement urbain qui consiste à contribuer à un rééquilibrage de l’occupation sociale et à contribuer à la mixité sociale dans les quartiers et donc de détruire les logements. L’idée n’est donc pas de faire un logement social mais de mettre en place un loyer social. Cependant, pour l’ANRU, la solution est de condamner la muraille à n’avoir qu’une seule fonction et qu’une seule vie.

-1987Démolition de 6 Tours aux Minguettes © Archives Progrès / Philippe JUSTE


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1.2 RECONSIDÉRATION

Une ville durable Comme bien d’autres grands ensembles, la muraille de chine est vouée à être démolie. Mais elle constitue un réservoir d’énergie grise ( besoins en énergie d’un matériau de son élaboration à sa démolition). Contraire à la logique, l’ANRU ne semble pas considérer cette matière comme étant une ressource. Dans un contexte de ville durable, il est important de faire avec l’existant, plutôt que de détruire pour reconstruire. D’autant plus dans le cas de la muraille de Chine qui est considérée comme un emblème à l’échelle de la ville. «La ville durable n’est effective que dans un schéma qui tient compte à la fois de ce qui a été fait et de ce qui reste à faire» Patrick Bouchain. Une ossature habitable Il est nécessaire de déterminer le potentiel du bâtiment, l’état de l’ossature pour préconiser une conservation systématique. Selon Coloco, il s’agit du «squelette à habiter» qui promeut une ville durable Une ossature bâti vide Concernant la Muraille de Chine, il va de soi de conserver une partie du bâtiment existant, de conserver la trame et le gros œuvre. Cette ossature constitue le départ du projet. Il s’agit de conserver les poteaux et les poutres, les dalles et les murs refends du rez de chaussée au 3ème étage. Le procédé consiste à préserver les éléments périssables dans le temps (cloisons et portes) afin de les bétonniser avec les matières grises issues de la démolition.

Habiter les squelettes © Colco


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1.3 RESTRUCTURATION

Repossession Depuis une vingtaine d’années, la restructuration de grands ensembles fait surface. La réutilisation de ses ossatures constitue un authentique manifeste pour faire des ces espaces singuliers un lieu d’appropriation. Lucien Kroll « démolit et remolit», change la nature du lieu et ses usages. Il fait de ses lieux un habitat unique aux antipodes de la standardisation. Cohabitation Les bâtiments de grands ensembles ne sont pas seulement voués à être monofonctionnels. «Il n’y a pas de pathologie irrévocable qui serait liée à la forme des grands ensembles, seulement des préconçus» Maud Dessors et Céline Dias, Sédimentation des Grands ensembles dans la ville- P.F.E ; École Nationale Supérieure d’Architecture de Versaille; 2017.

-2013La maison médicale «La Mémé» un des cinq sites conçus par Kroll sur le campus de Louvain. © Lucien Kroll


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2. À L’ECHELLE D’UNE VILLE LA MURAILLE DE CHINE, MARQUEUR PAYSAGER

-2022La Muraille de Chine depuis le Parc Monjuzet


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2.1 EMBLÈME D’UN PATRIMOINE BÂTI

Renomée Pour les Clermontois, habitants de la Muraille, Architectes, Bailleurs, Historiens etc., la muraille est emblématique d’une part par son toponymie, sa position à fleur de côteau sur une coulée de lave et d’autre part par sa monumentalité qui la place à la même échelle que la cathédrale. Peu de bâtiments ont des surnoms et une renommée les plaçant au statut d’emblème local. À l’instar de sa jumelle la cathédrale, la Muraille est présentée comme un lieu emblématique de la ville, toutes deux perchées sur un piédestal. Lorsqu’elle sera démolie, un véritable traumatisme apparaîtra tant dans la mémoire des habitants que dans le maillage urbain.

- SITUATION DE LA MURAILLELa Muraille de Chine, dominant le coteau Sud de l’agglomération de Clermont-Ferrand


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- 2012«La Muraille de Chine» dominant le coteau © Gilles POYET

- DE 1957 À 2022 La Muraille de Chine, marqueur paysager de l’Agglomération de Clermont-Ferrand


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2.2 SUJET À CONTROVERSE

La Génèse La Muraille représente un véritable emblème, cependant les positions divergent lorsqu’il s’agit de l’identifier comme étant un patrimoine. Mais sa valeur historique la recentre au cœur des panoramas de la ville de Clermont. La Muraille fut érigée en 1959 par l’architecte Georges Bovet et identifiée comme le bâtiment 101 de la rue Henry Andraud. Elle s’intègre dans l’une des premières opérations de grands ensembles des années 1960 sur le site de Saint-Jacques. Mais ses qualités architecturales témoignent du mouvement moderniste la plaçant ainsi au statut de patrimoine. .

- 1963Le quartier St’-Jacques adossé à la Muraille


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CHRONOLOGIE DE LA MURAILLE

2.3 DISPARITION DE LA MURAILLE

non exhaustif

1930 Saint-Jacques Densification des faubourgs en périphérie

1932

Michelin Apparition des logements de fonction

1950 Projet 101 Naissance du projet à St-Jacques Achitecte Georges Bovet

1957

1960 La Muraille de Chine Devient le nom Officiel Arrivée des premiers locataires

1961 1967

1980

Bâtiment 101 Construction du bâtiment surnommé «La Muraille de Chine»

Viaduc Saint-Jacques Permettant de relier les coteaux au centre ville

412 m2 Installation de panneaux photovoltaïques

1990 55 000 F/logements Réhabilitations et mises aux normes

Tramway Arrivée sur le viaduc St-Jacques

1991

2000 2006 2007

Panneaux photovoltïques Nouvelle Installation

2010 Démolition Annonce Publique par Mr le Maire Olivier Bianchi

2016

2020

Démolition Début des travaux

Le vide La destruction est un positionnement politique qui permet de gagner toute l’attention. Pour les pouvoirs politiques, elle semble en elle-même être le projet ainsi que l’objectif final. La médiatisation de la démolition est considérée par les acteurs locaux comme un réel enjeu, le projet qui s’en suivra est redouté par beaucoup d’entre eux. Notamment par le désintéressement qu’il provoque pour les politiques publiques. Pour l’imaginaire collectif le projet est simplement la démolition. Le renouveau ? Post-démolition, un projet de parc urbain fera son apparition. Seulement, il n’intègre pas les dynamiques passées et en cours du lieu. Les matières grises existantes ne seront pas exploitées. Il est donc question de conserver les dynamiques en cours, afin de faire perdurer et pérenniser le site dans son état actuel. La réutilisation du patrimoine bâti semble être la solution la plus juste et la plus économique pour conserver la mémoire du lieu. Celle-ci doit répondre à la réputation du lieu en opérant sur l’aspect architectural et la mixité. Elle doit être un symbole d’ouverture et de renouveau. La muraille représente la façade du quartier c’est aussi un point de repère.


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3. ARCHITECTURE DE LA MURAILLE LA MURAILLE DE CHINE, SUBSTITUT D’UNE ÉPOQUE

- 2022«Perspective depuis le parc sur la ville Depuis la rive du parc métropolitain, la ville de Clermont-Ferrand se révèle jusqu’à la chaîne de Puys © Agence Devillers


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Construction Les documents de l’architecte Georges Bovet sont conservés par le centre des archives de l’architecture du 20 ème siècle. Dans les documents utilisés pour la construction de la muraille, on constate une utilisation de ciment artificiel, de chaux, de sable, d’agglos creux de pouzzolane, d’agglos pleins et de briques de cloison. Les claustras sont préconçus en béton vibré, préfabriqués et ajourés sur place. Les appuis de croisées sont en béton moulé, les agglo sont utilisés pour les murs et les cages d’escaliers. Les fouilles ont été coulées en béton armé mais également coulées entre branche pour laisser place aux poutres, aux voiles, aux poteaux et aux dalles de balcons. Il n’est pas spécifié le procédé d’exécution Costamagna (œuvre, afin de respecter des règles de l’art d’exécution des ouvrages). En revanche, les briques utilisées répondent au type NFP 13301 afin que les dimensions correspondent aux fabrications régionales.

- 13 MAI 1956Photographie de la maquette pour la foire exposition de Clermont Ferrand de 1955 © Centre des Archives de l’Architecture du 20 ème siècle


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3.1 STANDARDISATION DES LOGEMENTS

F5

F4

Monofonctionnalité La Muraille de Chine fait du quartier St-Jacques, un quartier monofonctionnel avec plus de 850 logements dont 354 dans la Muraille. Elle est constituée d’un même bloc de 8 étages ( R+8, sur premier sous-sol et second sous-sol partiel). Haute de 30m elle est couverte d’une terrasse avec une installation de panneaux photovoltaïques répétée 14 fois. Un mur refend la scinde en deux parties en son milieu. Elle est composée de 16 F1, 102 F2,118 F3, 102 F4 et 16 F5.

F5

F4

- F4 et F5 Structure de deux appartements traversants


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Habitat amorphe Les appartements standardisés répondent à une typologie répétant un schéma propre aux constructions de cette époque, soit une alternance entre F2, F3 et F4 dans la plupart des cas; ou de F2, F4, F5 et F1 (voir illustration à la page précédente). Ils sont soumis aux critères de construction des années 60, ils ne répondent plus aux besoins actuels. On constate un surplus de cloisonnement créant beaucoup d’espaces exiguës. La monofonctionnalité de la muraille fait de ces logements, des biens impersonnels.

- 2022Logement F3 de la Muraille avant la déconstruction


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3.2 POROSITÉ DES FAÇADES

Interaction Sa position la plaçant au sommet d’un piédestal sur le plateau de Saint-Jacques met la muraille en valeur, les appartements traversants et les percements rez-de-chaussée à intervalle régulier créer des ouvertures et des interactions sur le panorama de la ville. Ainsi ces ouvertures sur ce paysage emblématique créent des perméabilités visuelles et d’usages entre le plateau et la ville intra-muros.

- OUVERTUREL’un des trois passages au rez de chaussé


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Partie 2

1. POST DÉCONSTRUCTION UNE RÉUTILISATION DE LA MATIÈRE GRISE


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1.1 RESTRUCTURATION D’UN RÉSEAU À L’ÉCHELLE DE LA VILLE

0

25

50 75 100m

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1.2 MUSÉIFICATION D’UN PATRIMOINE BÂTI

Seconde Vie Le projet a pour but de répondre aux nouveaux enjeux écologiques de la décennie en cours, de penser une alternative à la démolition de la Muraille de Chine ; proposition permettant de préserver la mutation du maillage urbain. Il semble pertinent d’agir et de construire un projet en faveur de l’écologie. La manière de percevoir les ruines de la Muraille de Chine par l’ANRU représente une perte d’énergie grise largement exploitable pour la réfection du projet de parc urbain. Ainsi la muraille témoignera d’une histoire architecturale ,sociale, sans être réduite à une seule fonction et elle insufflera une nouvelle vie. La récupération de la matière grise est l’une des premières raisons qui oblige la réutilisation du squelette habitable pour de nouveaux usages.

- 2022Passage de la Muraille , 101 Rue Henry Andraud


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2. DE LA DÉCONSTRUCTION À LA MUSÉIFICATION LA MURAILLE DE CHINE, UN ESPACE VÉCU

- PARC À FLEUR DE COTEAUDepuis le viaduc St- Jacques


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2.1 VESTIGE D’UN PASSÉ

Jeu de niveau La renommée de la muraille doit être conservée à travers le réemploi du squelette. De nouveaux usages viendront faire vivre le lieux ( art, événements festifs, promenades, loisirs etc.). Cette nouvelle multiplicité permet de recentrer la muraille au centre de l’agglomération Clermontoise. L’enjeu principal du projet est de déconstruire 5 étages afin de conserver seulement les 3 premiers niveaux comme ouverture et fenêtres sur la ville, afin de créer des variations de niveaux et de casser la monotonie de la façade. Les niveaux seront entièrement circulables, pour permettre une déambulation dans l’ensemble du site, pour promouvoir la découverte et le vestige d’une histoire. Chaque étage sera accessible grâce au réemploi et à la conservation des escaliers existants.

- LA MURAILLE DÉCONSTRUITE N +2 ANSCoupe transversale ech 1/50- plan masse 1/100


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R+2

RDC

R+1 R+1

R+2

N

N

- LA MURAILLE DÉCONSTRUITE N +10 ANS-

- PASSERELLE MENANT À LA MURAILLE E N +2 ANS-

Coupe transversale ech 1/50- plan masse 1/100

Coupe transversale ech 1/50- plan masse 1/100


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R+1

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R+2

- RUE HENRY ANDRAUDepuis la passerelle menant à la Muraille

N

- PASSERELLE MENANT À LA MURAILLE N +10 ANSCoupe transversale ech 1/50- plan masse 1/100


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2.2 RÉINTERPRÉTATION

Les espaces adjacents Les appartements seront conservés comme témoin d’une époque. L’accès à la Muraille se fera au Nord par les anciens parkings bordant le côteau et au Sud par la création d’un nouveau parvis présent sur les 320m de la Muraille de Chine. Le site sera soumis aux changements climatiques et aux années. La végétation viendra habiter le site au cours du temps. Le long du parvis, la voirie existante sera conservée (6m), elle viendra border un espace public accueillant l’enveloppe de la commande du projet en cours de réalisation par l’agence Devillers : soit la création de bâtiments dédiés au tertiaire. L’espace de commerce ainsi que la voirie seront surplombés d’une passerelle permettant l’accès au troisième étage de la Muraille.

- RUE HENRY ANDRAUDepuis le parvis de la Muraille


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Formation des systèmes végétals aux dynamiques pionnières Le choix volontariste de ne rien faire permet de laisser exister les dynamiques pionnières. Ici la non-action et de rigueur, elle signifie que les formations végétales au même titre que le bâti vont évoluer sur une longue temporalité. Le choix de laisser les dynamiques spontanées opérées dans un écosystème varié permet le développement d’une richesse végétale, une renaturation, une régénération des sols et une intégration du site dans le paysages avoisinant.

- PARC À FLEUR DE COTEAUCheminement piéton


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LES DYNAMIQUES PIONNIÈRES

CHRONOLOGIE DE RENATURATION DU BÂTI N+1 Tonssure et pelouse pionnières

2023 2023 2024

Pelouses post-pionnières Formation herbacée

N+2 Pelouses / Prairies Formation herbacée Enfrichement

N+1

2024 2024 2025

Ourelet Enfrichement

2023

N+3

Prémanteau Enfrichement Formation arbustive

2025

N+4 2026

Manteau élevé Formation arborée

2027

Manteau bas Formation arbustive

2024

N+5 2025

Préforêt Formation arborée

2027 2028 2029 ...

2026

N+15 ... 2037

Forêt

2027

2028 2037

N+2

N+3

N+4 N+5

N+15


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RÉFÉRENCES -1-

BIBLIOGRAPHIE -2Bibliographie Abenia, T. (2019). Architecture potentielle de la Grande Structure Abandonnée (GSA): catégorisation et projection (Doctoral dissertation, Université Toulouse le Mirail-Toulouse II; Université de Montréal). Arasse, D., & Kiefer, A. (2010). Rencontres pour mémoire. Critique d’art, Livre par auteur. Berque, A. (2010). Histoire de l’habitat idéal. De l’Orient vers l’Occident. Paris: Le Félin. Berthier, S. (2010). Construire ensemblle le grand ensemble. France. Actes Sud

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Bertoni, A. (2018). Les vides dans la ville contemporaine: lieux de pratiques sociales, espaces de projet. Les vides dans la ville contemporaine: lieux de pratiques sociales, espaces de projet, 229-240. Bouchain, P. (2006). Construire autrement: comment faire?. Arles: Actes sud. Bouchain, P. (2013). Simone & Lucien Kroll: une architecture habitée. Actes sud. Drion, C., Destinay, P., Kroll, L., & Partoune, C. (2006). Regards croisés sur la ville. Hatzfeld, H. (2008). Les grands ensembles d’habitat social sont-ils des lieux sans esprit?. Kroll, L . (2012). Tout est paysage. Paris. Sens&Tonka Minssieux-Chamonard, M. (2015). Anselm Kiefer, la fabrique de la mémoire. Revue de la BNF, (3), 14-22.

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Espace public et paysage, Projet Paysage, Révéler, concevoir, fabriquer la ville et les territoires, hors série mars 2021 Maud Dessors et Celine Dias, Sédimentation des Grands ensembles dans la ville- P.F.E ; École Nationale Supérieure d’Architecture de Versaille; 2017. Parisey,C. (2021).Immeuble dit la Muraille de Chine, Inventaire Général du patrimoine culuturel

Sitographie AnteaGroup, https://www.anteagroup.fr/nos-projets/infrastructures-renovation-urbaine-quartiersaint-jacques-nord-clermont-ferrand-muraille-de-chine#99609 -1- La «Mémé» Woluwe-Saint-Lambert, Belgique, Lucien Kroll ; 1970-1972 -2- La «Mémé» Maison des étudiants, Wluwe-SaintLambert, Belgique, Lucien Kroll ; 1970-1972 -3- Craine, Kunsthall Mannhein, Anselm kiefer; 2010

-4- Der fruchtbare Halbmond, Sammlung Grothe in der Anselm Kiefer; 2010 -5- Hôtel Neptuno, Bajamar Tenerife, «Esthetique de la trace»,Emanuelle Rochard -6- Unité Retraite Riviera II, Saint-Cézaire-Sur-Siagne, FRANCE, «Esthetique de la trace», Emanuelle Rochard

7 jours à Clermont, https://www.7joursaclermont.fr/a-quoi-ressemblera-le-quartier-saint-jacquesen-2030/ https://france 3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/puy-de-dome/clermont-ferrand/insolite-il-dessineun-plan-de-clermont-ferrand-vu-par-ses-habitants-2540072.html https://www.coloco.org/projets/squelettes-a-habiter/ Mémoires, Anselm Kiefer, https://www.franceinter.fr/emissions/l-heure-bleue/l-heure-bleue-du-mardi-04-janvier-2022 https://www.citedelarchitecture.fr/fr/publication/patrick-bouchain



En France, depuis les années 1980, une partie des bâtiments de grands ensembles sont condamnés à être démolis. Pour la plupart ils datent des années 60 et ont été construits pour répondre à une croissance rapide de la période d’après guerre. Ainsi, la démolition des bâtiments de grands ensembles s’inscrit dans une logique de tabula rasa. Cependant la plupart de ces bâtiments constituent des emblèmes pour l’agglomération ainsi que des marqueurs paysagers. Des questionnements sur des grands ensembles déconsidérés par les politiques où certains d’entre eux ont un fort potentiel de restructuration et de fabrication d’une nouvelle ville, mais également des réflexions sur la perception de ces bâtiments et de leur requalification sont les fondements de ma réflexion.


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