le Mag' fr@ncophone Californie - numéro 14 - Printemps 2020

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Après 12 années passées à Paris au sein d’une compagnie d’assurance exclu-

sivement dédiée à l’aérien et au spatial, Annie Joly a décidé de réaliser un rêve qui lui avait toujours tenu à cœur : vivre aux États-Unis où elle est arrivée il y a bientôt 6 ans. Annie a d’abord été enseignante remplaçante tous niveaux à la French Immersion School of Washington pendant 18 mois. Depuis 2015 elle travaille au King Country Library System en tant que chargée de projets pour les travaux à réaliser dans les 50 bibliothèques du comté. Elle propose également des tutorats de français car elle aime partager son amour de la langue française.

Après

plusieurs années d’expérimentations professionnelles dans des domaines très variés, Christelle Antoine, originaire de Seine-et-Marne, revient à ses premières amours : la musique et le spectacle. C’est une rencontre décisive qui redistribue les cartes. Passionnée de jazz, Christelle fait la connaissance du pianiste Grégory Ott dans une salle mythique de la rue des Lombards à Paris. Le musicien lui accorde sa confiance pour qu’elle participe au développement de son projet. Sa licence d’entrepreneur de spectacle en poche, elle devient agente artistique et productrice, présidente d’Assoc’in Jazz qu’elle crée en 2016. Très vite, elle se forge une belle réputation et obtient la confiance de musiciens émérites de toutes influences : jazz, musiques du monde, pop rock et variété française.

Du Mont Blanc au Mont Rainier il n’y a qu’un pas (ou presque !) que Caroline

Perrier a franchi en septembre 2018 avec son mari et sa fille cadette, Flore. Quitter ses deux filles aînées, la belle région de Grenoble et la salle de classe où elle enseignait l’Histoire-Géographie depuis de nombreuses années était un pari. La découverte du Pacific Northwest a été une belle surprise. Surprenante aussi la vitalité culturelle de la communauté française de la région qui, à l’image de Made in France et du Mag’ fr@ncophone, œuvre pour le rayonnement de la langue et de la culture française loin de notre hexagone natal.

Originaire de Bretagne (Morbihan), Elisabeth

Le Meur-Dahmoune est diplômée du CFPJ de Paris. Elle a été coordinatrice éditoriale dans plusieurs maisons d’édition, dont Flammarion Jeunesse, Gallimard Jeunesse et Les Arènes. Habitant à Redmond depuis 2009, Elisabeth a d’abord travaillé dans les bibliothèques de King County Library System et a assuré parallèlement les French Story Times. Elle a enseigné le français à l’école Bennett (Bellevue) puis à l’EFGS. Elisabeth est responsable de la bibliothèque de la French Immersion School of Washington. En dehors de ses activités professionnelles avec les élèves, elle aime se promener avec son labrador préféré Byron, aller au cinéma, voyager et assister aux matchs des Seahawks. 4 le Mag’ fr@ncophone - Printemps 2020


Ève de Crémiers est arrivée à Seattle en 2016, après avoir décidé de laisser

un temps de côté sa carrière marketing dans la grande consommation pour suivre son mari et tenter l'aventure américaine en famille. Passionnée de voyages et de rencontres, elle aime partir à la recherche de profils professionnels atypiques pour le Mag' fr@ncophone et mettre en lumière les choix audacieux de ceux qui conjuguent le multiculturalisme au quotidien.

Jacqueline Pham est originaire du Nord-Ouest américain et a vécu 10 ans en

France dans la région de Lyon, où elle a acquis une maîtrise de biologie moléculaire et génétique. Après avoir terminé ses études en France, s’être mariée et avoir eu deux enfants, elle est revenue à Seattle en 2007 avec toute sa famille. Aujourd’hui, elle travaille pour une entreprise en biotechnologie spécialisée dans la recherche contre le cancer. Passionnée de cuisine et amoureuse de la langue française, elle a créé avec son amie Marion Avril la boutique en ligne Pays Provençal afin de partager les goûts et saveurs provençaux.

Julie Luc Di Salvo a rejoint l'équipe de Made in France à son arrivée à Seattle

en 2017 afin de mettre à profit son expérience dans le domaine de la communication dans un contexte artistique et culturel qui la passionne. Elle a débuté sa carrière à Paris au sein de diverses agences de communication spécialisées en relations publiques. Elle a ensuite rejoint le groupe d'audit et de conseil Mazars, en tant que responsable des relations presse tout d'abord, puis des projets de mécénat culturel. Julie a poursuivi sa carrière à Bruxelles, dans l'événementiel, au sein de la société GLM (du nom de Guendalina Litta Modignani, décoratrice italienne réputée, spécialisée dans l'organisation d'événements de prestige à travers l'Europe), puis au poste de responsable de la communication du Cercle Royal Gaulois, l'un des plus anciens clubs privés de Belgique ayant pour vocation de constituer un lieu de rencontres intellectuelles, artistiques et littéraires.

Madeleine

Cosson-Flanagan, spécialiste en interculturalité et Français Langue Etrangère (FLE), est docteure en ethnologie et sociologie comparative, ingénieure pédagogique et formatrice labellisée TV5 Monde. Sa carrière continue à se dérouler à l’international. Après l’Europe, le Moyen-Orient et l’Asie du SudEst, elle habite désormais entre les États-Unis et la France, soutenant et participant avec enthousiasme à divers projets liés à la francophonie, et notamment au Mag’ fr@ncophone.

Marion Avril est originaire de Forcalquier, dans les Alpes-de-Haute-Provence,

et vit aux États-Unis depuis fin 2005. Biologiste de formation et diplômée de l’université d’Aix-Marseille, elle est venue habiter à Seattle pour effectuer son post-doctorat en maladies infectieuses sur le paludisme. Depuis, Seattle est devenu sa deuxième maison. Aujourd’hui, chercheuse à l’université de Washington sur le microbiome, et toujours passionnée par sa Provence natale, elle a créé avec son amie Jacqueline Pham la boutique en ligne Pays Provençal, afin de partager les saveurs et senteurs de Provence, ici, aux États-Unis. Elle aime cuisiner, se promener, adore tout ce qui est craft, et surtout passer de bons moments avec sa fille de 7 ans. 5 le Mag’ fr@ncophone - Printemps 2020


Marion Bouscarle est originaire de Forcalquier, une petite ville dans les Alpes-

de-Haute-Provence. Professeure documentaliste, passionnée par les voyages autant que par l’univers des contes du monde entier, elle débute sa carrière dans un petit village de l’arrière-pays niçois, puis se rend compte qu’avec son métier elle peut réaliser son rêve d’adolescente de vivre à l’étranger. Elle quitte alors la France, destination Le Lycée Français International de Pékin, suivra Le Lycée Français de Chicago puis le Lycée Français International de Tokyo. Aujourd’hui professeure documentaliste à la French American School of Puget Sound, elle est heureuse d’y partager son amour de la lecture tout en développant le pôle médiation culturelle de l’école, organisant des projets et des rencontres diverses en lien avec la lecture, la culture et la langue française.

Pénélope Smith a rejoint le comité directeur de Made in France en juin 2017,

d’abord en qualité de vice-présidente, puis de présidente. Née aux États-Unis de parents français, Pénélope a grandi en France et aux États-Unis (citoyenne des deux pays). Elle apporte à l’association une perspective biculturelle et bilingue unique, indispensable au bon développement de la mission même de Made in France : la promotion de la culture francophone. Au delà de la culture française, Pénélope est passionnée de voyages, d'art, d'histoire, de cinéma et de politique. Pénélope a travaillé, entre autres, à CNN et l’Agence France Presse. Elle est aujourd’hui rédactrice et correctrice indépendante, avec un portefeuille complet, allant des voyages à l'éducation en passant par la médecine.

Sébastien Gavignet, dit Saiban, est poète, slameur et DJ, ainsi que créateur du

collectif Slam Tribu, des scènes Slam de Reims, du Poetry Slam de Nice et du festival européen Slam d'Europe. Il est aussi co-auteur du livre Beat Attitude (bilingue anglais/français), paru en juin 2018 en France et double vice-champion de France de Slam par équipes en 2015 et 2016. Sébastien vit actuellement à Palma de Majorque, en Espagne, et anime régulièrement des ateliers, conférences et formations autour du slam et de la prise de parole en public dans le monde entier.

Sylvie Joseph-Julien est co-fondatrice et

directrice de Made in France. Après une carrière d’une douzaine d’années en ressources humaines à Paris, Sylvie a combiné sa passion pour les arts et la culture avec son esprit d'entrepreneur et a créé la structure Atelier d'Ichère (aujourd’hui Made in France) – lieu de promotion de la langue française et de la culture francophone, d'abord en France, puis aux États-Unis. Conteuse au sein de monuments français de renommée mondiale, comme le musée du Louvre, la tour Eiffel ou le palais Garnier, Sylvie est également une artiste accomplie et une « femme de la Renaissance » moderne, construisant des ponts éducatifs et inspirants entre les cultures, les langues et les générations.

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Stages d’été Made in France | Artistes en Herbe pour les 11-15 ans | Juin & Juillet 2020 Information/inscription : www.madeinfrance-usa.org/artistes-en-herbe

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Art & Culture • •

Francophonie et développement durable Saveurs de Provence dans le Nord-Ouest américain

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FRANCOPHONIE ET DÉVELOPPEMENT DURABLE L’histoire d’une institution

La pandémie du coronavirus a bien mis en évidence l’interconnexion des mondes et leurs vulnérabilités, mais elle interroge aussi sur les rapports hommes-nature. Si la domestication de cette dernière semblait acquise, on constate que, ni les technologies, ni les investissements ne suffisent à les maîtriser sans compétence, savoir-faire et savoir-être. Et l’union de tous les acteurs sera nécessaire pour réussir. Rien de bien nouveau ! Dans son numéro 40 de marsavril 2017, Francophonies du Sud (un supplément du magazine Le français dans le monde) proposait un dossier consacré au développment durable en Afrique. Parmi les sujets traités, un a attiré plus particulièrement mon attention : l’éducation au développement durable (EDD). Pourquoi l’EDD ? Parce que c’est l’avenir. C’est l’outil nécessaire pour répondre aux crises, innover, accroître et échanger compétences et savoir-faire. L’EDD s’adresse à tous : enfants comme adultes, professionnels ou non. Comment sensibiliser, éduquer ou former pour ensuite passer à l’action ? Vaste sujet qui demanderait de nombreuses pages de présentation. Dans cet article, nous vous proposons plus modestement quelques éclairages sur un organisme francophone, l’Institut de la Francophonie pour le développement durable (IFDD), et sur deux de ses nombreuses actions ouvertes à tous : la formation en ligne et les projets. 10 le Mag’ fr@ncophone - Printemps 2020

Si le statut et le nom de cet organisme, qui dépend de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et qui siège à Québec, ne sont fixés que depuis 2013, son histoire est plus ancienne. Elle est liée à celle du Réseau de l’énergie et du développement des pays de langue française et de ses actions de coopération dont l’objectif était de répondre aux différentes crises énergétiques internationales successives du xxe siècle et à la promotion de l’idée de développement durable (DD). L’IFDD se pose comme un acteur clé dans l’espace francophone pour ces problématiques environnementales, mais, afin de mener à bien objectifs et missions, s’aperçoit qu’il a besoin d’acteurs francophones compétents, sachant maîtriser les outils de l’environnement pour le développement. Il faut donc les former, les accompagner, pour qu’eux-mêmes puissent à leur tour accompagner les projets, promouvoir et mener à bien les actions de l’IFDD.

Un premier outil : la formation en développement durable L’institut propose des formations en ligne, en présentiel ou en formation continue qui s’articulent sur les thématiques de l’environnement et du développement durable. Elles sont organisées par les différents partenaires de l’OIF, dont l’Université Senghor à Alexandrie, en Égypte. Elles s’adressent à tous mais conviennent particulièrement à ceux qui s’intéressent au développement durable des pays francophones et à la gestion de leur écosystème. Ainsi, des cadres, des négociateurs, des chercheurs, des étudiants, des partenaires du domaine privé ou public peuvent tirer profit de ces formations. Actuellement et pendant toute cette année 2020, l’IFDD propose 4 formations en ligne* de type MOOC (cours en ligne ouverts et massifs, CLOM en français) pour connaître, comprendre et maîtriser des outils nécessaires pour agir dans le DD. Ces 4 cours se complètent parfaitement : 1- Compréhension et analyse des actions et des enjeux du développement durable ;


citerons au hasard : des projets de croissance économique et travail décent, tel que la « Valorisation de la jacinthe d'eau pour la fabrication de biens et services en milieu lagunaire » ; des projets d'éducation de qualité, tel que le « Centre de transcription et d'édition braille (CTEB) » à Yaoundé ; ou encore des projets d'éradication de la pauvreté, tel que le projet « Éco-cure-dent ». Pour toute soumission de projets ou d'initiatives comme des dons financiers, le bénévolat ou le partage d'informations, de bonnes pratiques ou de ressources, la plateforme de l'institut**** est ouverte à tous.

Ces formations utilisent aussi les nombreuses ressources de l’IFDD** : des études de cas présentées sous forme de capsules ou l’accès aux publications de l’institut. Tous ces outils de références permettent d’approfondir ses connaissances, d’échanger sur des expertises et des expériences riches. On peut citer la revue trimestrielle Liaison Énergie-Francophonie, le Guide des négociations, la Revue Africaine de Droit à l’Environnement (RADE) ou le Bulletin Francophone des Négociations sur les Changements Climatiques.

Prêt à agir ? Grâce à ces 2 outils, la formation et les projets, l’IFDD entend faciliter la mise en œuvre du développement durable dans le monde francophone. Il s’agit de permettre à tous les acteurs (actuels et futurs) d’échanger idées et projets menés dans des cadres socio-culturels très différents et de répondre de façon innovante et efficace aux enjeux environnementaux actuels. Nous faisons tous partie du problème, mais pourquoi ne pas devenir également une partie de la solution en apprenant, partageant et agissant ?

Un deuxième outil : des projets en développement durable Ces projets se caractérisent par leur diversité : diversité des thématiques et des lieux, investissements financiers plus ou moins importants au bénéfice de quelques dizaines de personnes à plusieurs milliers. Mais tous s’inscrivent dans le cadre de l’initiative « Objectif 2030 ». Ce programme des Nations unies se décline autour de 17 objectifs soucieux de mettre en œuvre un développement durable et humanitaire pour l’ensemble de la planète. L'IFDD*** a 84 projets en cours de financement répartis autour de 12 catégories au bénéfice de 26 pays. Nous

Madeleine Cosson-Flanagan Correspondante Culture *www.objectif2030.org/mooc **www.ifdd.francophonie.org ***www.objectif2030.org/projets ****www.objectif2030.org

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2- Économie et gestion de l’environnement et des ressources naturelles ; 3- Évaluations environnementales des politiques et des programmes de développement ; 4- Droit et protection de l’environnement.


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En plus de la vente en ligne des produits culinaires et cosmétiques, Pays Provençal propose des boîtes d’assortiment ou paniers garnis pour offrir ou déguster en toute occasion. N’hésitez pas à consulter le site internet www.paysprovencal.com, à contacter Marion et Jacqueline par email paysprovencal@gmail.com ou à suivre leurs aventures sur les réseaux sociaux : @provenceinusa

@provenceinseattle

@PaysProvencal 13 le Mag’ fr@ncophone - Printemps 2020


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Entretien avec Grégory Ott Florence Buatois Daniel Locicero Lorenzo Létourneau

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*Retrouvez la présentation du projet Oakland/Saint-Denis, film produit par California Humanities, réalisé par Camille Sevran Schreiber : www.vimeo.com/403765053/3ba35f3bad 20


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Daniel Locicero Installé à Los Angeles, Daniel Locicero est

cascadeur professionnel, chorégraphe de combats et expert en arts martiaux. Invité à Seattle par Made in France, il a bien voulu nous raconter son expérience en répondant aux questions d’Elisabeth Le Meur-Dahmoune.

A quelle occasion êtes-vous venu aux États-Unis ? Je faisais de la peinture sur toile comme passe-temps et je suivais le cours de théâtre du fils de Michel Galabru. Un jour, il a vu mes toiles et il a acheté un de mes tableaux. Ensuite, j’ai assisté à un séminaire du Dalaï Lama à Ganges dans le sud de la France en 1999 et j’ai eu la chance de pouvoir lui donner une autre de mes toiles. Ces deux anecdotes ont été le déclic pour essayer de vivre mon rêve, celui de voyager. Je me suis dit pourquoi ne pas continuer à vendre mes tableaux à l’étranger ? J’ai donc envoyé les photos de mes toiles à plusieurs galeries d’art en Californie et l’une d’entre elles, située à Santa Monica, m’a répondu en me disant qu’elle appréciait mon travail et qu’elle était intéressée. J'ai donc tout arrêté sur un coup de tête pour tenter ma chance aux États-Unis et je suis parti, avec mon sac à dos et mes toiles, en juin 2001. J’avais un peu plus de 22 ans. Mais, arrivé à Santa Monica, le rendez-vous dans cette galerie n’a pas eu lieu. La personne qui devait me rencontrer était soi-disant partie. Je me suis donc retrouvé sans aucun projet. C’était encore l’époque du franc et le taux de change avec le dollar était très élevé.

Je n’avais plus beaucoup d’argent. Heureusement, j’avais une cousine qui vivait à Seattle et qui m’avait toujours dit de passer la voir si je venais aux ÉtatsUnis. Je l’ai donc appelée de l’aéroport et elle a accepté de me recevoir. J’ai pu ainsi rester deux mois à Seattle où je me suis beaucoup plu. Je me suis rendu compte que la meilleure façon de pouvoir rester aux États-Unis, c’était de connaître la langue. Je suis donc revenu en France, j’ai obtenu un visa étudiant et je suis reparti le 11 septembre 2001 ! J’ai fait Montpellier-Londres et le Londres-Seattle a fait demi-tour à cause des événements du World Trade Center. Je suis reparti pour Seattle deux semaines plus tard. À quel moment avez-vous pensé à devenir cascadeur ? J’étais donc étudiant à Seattle. Je prenais des cours d’anglais. Un jour, je m’arrête devant la tombe de Bruce Lee au Lake

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Pouvez-vous nous raconter votre parcours personnel ? Je suis originaire de Montpellier. J’ai quitté l’école très jeune. J’ai commencé avec un apprentissage de la pâtisserie à 16 ans. Ensuite je suis parti dans les parachutistes et dans la Marine à 17 ans et demi. Quand j’ai quitté l’armée, j’ai travaillé dans plusieurs secteurs très différents : la restauration, la maçonnerie, la musique (DJ et animateur de karaoké) et dans la grande distribution pendant 3 ans.


View Cemetery et j’aperçois une autre personne qui se recueille également devant cette tombe. Nous commençons à échanger quelques mots. Il se prénomme Taky Kimura, c’est l’ami de Bruce Lee et il est instructeur de Jun Fan Gung Fu, un art martial. Il m’invite dans sa classe, je deviens un habitué de ses cours et nous devenons très amis.

Gates ! Et, effectivement, j’ai effectué ma première cascade pour Microsoft avec Bill Gates qui m’a poursuivi dans un couloir ! Ce fut ma première montée d’adrénaline car j’étais encore étudiant et débutant dans ce milieu. Quand avez-vous décidé de poursuivre l’aventure à Los Angeles ? À Seattle, j’avais créé une petite structure d'intérior-design. Ma carrière de cascadeur a en fait commencé très progressivement. Il existe une industrie du film d’entreprise (Microsoft, Boeing), de publicité dans la région de Seattle mais pas d’industrie cinématographique à proprement parler. En 2014, j’ai été engagé en tant que chorégraphe de combat pour le film Beta Test et cette expérience a confirmé mon souhait de m’installer à Los Angeles. Sur place, je passais des journées à me renseigner sur les tournages, à me présenter avec mon CV en insistant sur tout ce que je savais faire, les arts martiaux, les chutes, la conduite automobile, etc. Et j’ai attendu que l’on m’appelle. Le rythme de vie est devenu plus flexible car être cascadeur signifie être engagé pour un jour, une semaine, des mois, puis ne plus avoir de contrat pendant une longue période. Je continue à m’entrainer, à faire du sport et à me tenir au courant des productions. Il faut entretenir les relations professionnelles car ce métier est aussi basé sur la confiance et les rencontres.

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Avant de vous lancer dans la profession de cascadeur et avant de suivre les cours de Taky Kimura, vous étiez quand même, je présume, un ardent sportif. Vous faisiez du sport étant plus jeune ? Vous aviez déjà un intérêt pour les arts martiaux ou pas du tout ? Oui, j’ai commencé les arts martiaux à neuf ans. D’abord le judo et ensuite la boxe française puis la boxe anglaise. Ensuite c’est grâce à Taky que j’ai découvert le Jeet Kune Do, le Jun Fan Gung Fu et le Wing Chun. Et entre mes cours et séparément de ma collaboration avec Taky, j’ai commencé le Jiu Jitsu brésilien ainsi que le Muay Thaï et MMA. Quel est le souvenir de votre première cascade ? En 2003, je rencontre Mike Hilow dans la classe de Taky Kimura. Il est également instructeur de Jun Fan Gung Fu et cascadeur. Il cherche quelqu’un pour participer à un show Microsoft. Très enthousiaste, j’accepte d’y participer sans savoir ce que je dois faire. J’arrive sur le campus et Mike Hilow m’explique la cascade : « Tu cours dans un couloir, tu es poursuivi par une personne, tu te retournes pour voir si elle te rattrape et, du coup, tu ne peux pas éviter une autre personne qui est au bout du couloir. Tu heurtes de plein fouet son bras et tu tombes en faisant un salto arrière. » « Et, » Mike ajoute, « c’est Bill Gates qui va courir derrière toi ! » Je reste perplexe ! Bill

Vous souvenez-vous de votre premier contrat ? Oui c’était en mars-avril 2015. J’ai travaillé deux jours sur un film indépendant, Persian Connection. J’ai reçu une assiette sur la tête et je suis tombé d’un escalier. Mon premier pas de cascadeur à Hollywood.

FILMOGRAPHIE DE DANIEL LOCICERO SEAL Team (2019-2020) Mission: Impossible - Fallout (2018) Spider-Man and Logan: Manhunt (2018) 24

Dunkirk (2017) The Last Ship (2017) The Librarians (2017)


Quel est votre plus grand souvenir ? J’ai participé au tournage du film de Christopher Nolan, Dunkerque (en anglais Dunkirk, NDLR), pendant deux mois et demi. Le tournage s’est déroulé sur les plages de Dunkerque et deux semaines dans les studios de la Warner. J’ai dû mourir au moins quinze fois ! Je suis tombé, je me suis noyé, brulé, explosé. Du moment que la caméra n’est pas sur vous, on peut vous utiliser plusieurs fois. Contrairement à un acteur, il ne faut pas être reconnu pour travailler. Un soir, c’est bientôt le coucher du soleil et Christopher Nolan, le metteur en scène, m’appelle et m’explique une cascade. À cet instant, je me suis dis : « Ça y est, c’est la réalisation d’un beau parcours ».

Est-ce un avantage d’être français ? Oui et non, cela ouvre certes des portes si un réalisateur recherche un cascadeur français pour une scène précise mais ce n’est pas un avantage significatif dans cette branche. Nous sommes seulement trois ou quatre Français connus à Los Angeles à exercer cette profession.

The International Stunt School Si vous êtes intéressé par les techniques de cascades, sachez qu’il existe une école réputée à Seattle qui propose des sessions d’immersion. Daniel Loccicero nous a parlé de cette école et nous a presenté Jeff« Ish » McKracken, coordinateur de l'école, specialiste notamment des combats armés et non armés, des chutes en escalier, des incendies et rappels. 25 le Mag’ fr@ncophone - Printemps 2020

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Et votre plus mauvais souvenir ? Cela s’est passé aussi sur le tournage de Dunkerque. Dans les studios, nous avons tourné une scène où, pour simuler l’explosion d’une torpille, neuf tonnes d’eau sont propulsées dans un bateau. Je suis contre un mur et un des cascadeurs a été projeté contre moi et mon genou s’est tordu. J’avais encore deux semaines de tournage et j’ai dû continuer malgré la douleur.


Quelle cascade avez-vous réalisée sur Mission: Impossible - Fallout? J’ai participé pendant deux mois au tournage du dernier Mission: Impossible. Je conduis l’une des voitures qui poursuit Tom Cruise à moto. Pour cette cascade, l’équipe s’est préparée sur le circuit Jean-Pierre Beltoise à Trappes dans les Yvelines pendant 2-3 jours à 50 km par heure et Tom Cruise arrivait en face de nous à 80 km en slalomant. Il faut savoir que les cascades ne sont pas écrites comme un synopsis de film. Il faut s’adapter, changer de chorégraphie en fonction d’un inconvénient qui apparait lors de la répétition. C’est ce qui s’est passé lors de cette course poursuite. Nous ne savions pas exactement à quel moment Tom Cruise allait se diriger vers la droite ou la gauche.

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Quel genre de cascade préférez-vous faire ? Depuis petit, j’ai toujours adoré me prendre des gamelles. Donc je vais répondre chute au sol, chute de hauteur... Que tournez-vous actuellement ? Quel est votre prochain objectif ? Je double actuellement un des acteurs principaux de la série SEAL Team. En dehors des tournages, je loue maintenant une salle où je donne des cours, j’entraine des acteurs à faire des acrobaties, à tenir correctement un revolver, etc. Cela me permet d’entretenir mes relations et de rester en forme. Mon prochain but est de créer ma propre entreprise et de recruter de jeunes cascadeurs. Interview menée par Elisabeth Le Meur-Dahmoune Correspondante Culture Pour plus d’information : www.danielocicero.com

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Questionnaire de Proust : Daniel Locicero Votre principal trait de caractère ? Généreux. Je donne beaucoup de mon temps et investis beaucoup dans les gens car pour moi la communauté est très importante. La qualité que vous appréciez le plus chez vos amis ? La passion et l’amour dans leur travail, et l’amitié qui reste toujours inspirante. Votre principal défaut ? Je suis rarement satisfait. Je veux toujours mieux faire, ce qui peut être une qualité mais aussi un gros défaut qui me coûte régulièrement quelques frustrations dans ma vie professionnelle surtout. Votre couleur préférée ? À porter, le noir... À regarder, le bleu... Votre chanteur/chanteuse favori(te) ? Brian McKnight, Phil Collins, Josh Groban et Aaron Neville Votre héros/héroïne préféré(e) de fiction ? Superman Votre héros/héroïne historique ? Bruce Lee Votre occupation préférée (en dehors de votre métier) ? En dehors de mon activité professionnelle qui m’occupe 90% de mon temps, j’adore aller voir un bon film au cinéma !


Professionnel

Nous sommes aujourd’hui le 25 avril 1920 et nous vous proposons de partir à la rencontre de Lorenzo Létourneau, maire de Saint-Constant de Laprairie (commune située à une vingtaine de kilomètres de Montréal) depuis 1911. Mais c’est surtout son expérience de chercheur d’or dans le Klondike entre 1898 et 1902 qui nous intéresse ici. Si 100 000 Québécois ont entrepris le voyage, ils ne seront que 10 000 à fouler effectivement le sol du Yukon et guère plus que 1 600 à la fin de cet épisode. Lorenzo fut de ceuxlà. Pour répondre à nos questions, il a rouvert le journal qu’il a tenu tout au long de sa ruée vers l’or. Retrouvez ses réponses dans les colonnes de la Presse, le plus grand quotidien en français d’Amérique du Nord.

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Professionnel LP : Monsieur le maire, pourriez-vous nous expliquer ce qui vous a poussé dans cette aventure risquée ? LL : Je suis né ici même le 4 septembre 1867,

aîné d’une famille de onze enfants, dont neuf seulement atteindront l’âge adulte. Mon goût pour les études me permet d’intégrer l’École normale, mais en novembre 1883, à seize ans, je dois remplacer mon père qui meurt d’une crise d’appendicite. Dès lors, aidé par mon frère Séverin, je cultive et gère la ferme paternelle pendant une quinzaine d’années. Et puis en janvier 1898, avec quelques autres jeunes hommes du comté de Laprairie, je succombe à la fièvre de l’or. Il faut dire que je suis alors très endetté : je dois plus de 6 000 dollars à mes créanciers. Quand je lis dans les journaux l’annonce de la découverte d’or au Klondike, j’y vois la solution, grâce à la découverte du métal précieux mais aussi à d’autres activités comme la coupe du bois, le dragage sur les rivières ou la vente d’alcool.

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LP : Comment s’est passé le voyage jusqu’à cette région éloignée du Klondike ?

LL : Le voyage fut long et compliqué. J’ai quitté Saint-Constant le 10 janvier 1898 et n’ai atteint Dawson, la capitale du Yukon, qu’en juillet 1899, en passant par Montréal, Chicago, Saint Paul puis Seattle. Je ne suis resté qu’une journée dans cette ville (j’en garde le souvenir d’un un grand village mal bâti au flanc d’une colline et aux rues couvertes de sciure). J’ai séjourné deux mois à Victoria avant de repartir vers le Nord avec un ami venu me rejoindre. Après une escale à Vancouver, notre trajet maritime s’achève à l’embouchure de la rivière Stikine. C’est par voie terrestre que j’atteins seul Dawson le 2 juillet 1899. Je suis enfin prêt à travailler dans la concession 17, la seconde plus grande du Klondike.


LP : Comment avez-vous gagné votre vie, une fois arrivé dans ce Grand Nord ? LL : Ce n’était pas toujours chose facile et

il y avait beaucoup de concurrence. Quand j’étais au camp Discovery en Colombie Britannique au printemps 1899, nous étions environ 30 Canadiens français à chercher de l’ouvrage sans en trouver. J’ai donc exercé des activités très variées, en fonction des opportunités qui s’offraient à moi : construction d’un chemin de fer, travail dans une concession d’or dans le Yukon, simple travailleur d’abord, puis contremaître et enfin propriétaire de ma propre concession. LP : Pouvez- vous nous en dire un peu plus sur les conditions de vie une fois arrivé ? LL : Elles étaient rudes ! Par exemple notre

LP: Justement, pouvez-vous nous parler du métier de chercheur d’or ? LL : Le métier est très dur physiquement.

Si vous obteniez une concession, il fallait commencer par creuser un puits de mine, la plupart des filons d’or étant sous terre à une profondeur de 20 pieds. En août 1901, après deux mois de travail avec mon associé sur notre terrain, une inondation a balayé notre travail. Dans la mine c’était éreintant… Le soir venu j’avais terriblement mal aux mains et aux bras à force de pelleter. Le lavage se faisait ensuite dehors, ce qui était moins pénible. Mais il fallait aussi tenir mentalement : l’incertitude et le découragement étaient 29

LP : Qu’est ce qui vous a aidé à tenir ? LL : La solidarité entre tous étaient très

forte, peu importaient nos origines. J’ai trouvé aussi beaucoup de réconfort dans la lecture, de journaux ou de romans, et dans l’écriture. Ainsi le journal que j’ai tenu tout au long de cette aventure était une façon de me distraire mais aussi d’informer ma famille, puisque je leur ai envoyé mon journal par tranches. J’avais également envie de laisser une trace de mes pérégrinations, m’inspirant des récits d’explorateurs qui foisonnaient à l’époque. Mais la lecture et l’écriture n’ont pas été que des activités solitaires car, plus instruit que la plupart des autres chercheurs, ils me réclamaient que je leur fasse des lectures à haute voix et que je leur rédige des lettres. Il faut dire que recevoir du courrier était toujours un moment fort pour nous, si loin de notre famille. Ces lettres nous ébranlaient parfois au point de nous faire pleurer. On les lisait et les relisait, jalousait ceux qui en avait plus que nous, plaignait ceux qui en avait moins. LP : Comment s’est achevée votre ruée vers l’or du Klondike ? LL : Au milieu de l’année 1902, je crois que

j’étais usé par l’espoir sans cesse déçu, si ce n’est de faire fortune, au moins de gagner quelques sous pour payer mes dettes. Au même moment, j’appris qu’on nous proposait un bon prix pour racheter la terre paternelle à Saint-Constant, ce qui nous permettrait de régler ce problème. En août 1902, j’entrepris alors le trajet du retour plus lourd de souvenirs variés que d’espèces sonnantes, mais sans regret d’avoir tenté l’aventure de cette ruée vers l’or.

Entrevue imaginée par Caroline Perrier - Correspondante Culture d’après l’étude Lorenzo Létourneau, un Canadien français au Klondike, 1898-1902, par Yves Frenette, titulaire de la Chaire de recherche du Canada de niveau 1 sur les migrations, les transferts et les communautés francophones, Université de Saint-Boniface (Manitoba) le Mag’ fr@ncophone - Printemps 2020

Professionnel

hygiène n’était pas toujours irréprochable. À Montréal nous serions passés pour des brigands : cheveux et barbes longs, visages sales et charbonnés, vêtements déchirés et chaussures trouées. Il fallait faire avec le vent glacé en hiver et les maringuoins [moustiques] en été. J’ai souvent eu faim et il fallait sans cesse se battre avec les chiens pour conserver notre nourriture ; j’ai beaucoup maigri. Je me souviens de ce jour de mai 1899 où j’ai dû donner ma montre en garantie en échange de quelques aliments, mais le paquet n’était pas gros. Bientôt il ne me resta plus que quelques fleurs d’avoine que j’économisais le plus possible. Triste destinée au pays de l’or.

nos compagnons de route. Par exemple quand votre concession rendait peu d’or alors que celle d’à côté en regorgeait !


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Book Club Astérix Tobie Lolness Ma petite planète chérie Ôdélices De la chanson au spoken word, du slam au blues : le rondeau Expressions idiomatiques françaises

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La fille de Vercingétorix

ASTÉRiX

Astérix a fêté ses 60 ans fin 2019. Le premier album Astérix le Gaulois est paru en 1961, mais c’est dans les pages du magazine Pilote du 29 octobre 1959 que les lecteurs font la connaissance de ce personnage, petit par la taille peut-être, mais qui va connaître une grande renommée internationale. C’est en effet la bande dessinée franco-belge la plus vendue au monde et la plus traduite avec des traductions dans 111 langues. C’est pour célébrer cet anniversaire que le 38e album, La fille de Vercingétorix, est paru le 24 octobre 2019 alors que je me trouvais en France. À la recherche d’une lecture divertissante, je me le suis donc procuré. Il s’agit du quatrième album dorénavant écrit et dessiné par les nouveaux « papas » d’Astérix et Obélix, Jean-Yves Ferri et Didier Conrad, depuis qu’Albert Uderzo avait arrêté de les dessiner en 2008. Ce dernier, qui est décédé le 24 mars 2020, était devenu, en 1977, à la fois le dessinateur et l’auteur d’Astérix et Obélix à la mort de son ami René Goscinny. C'est ensemble qu'ils avaient inventé Astérix, le célèbre petit moustachu gaulois ; son comparse Obélix, le rondouillard livreur de menhirs tombé dans la potion magique quand il était petit ; ainsi que les habitants de leur village, le seul résistant encore à l'empereur romain Jules César, qui occupait alors toute la Gaule. L’album La fille de Vercingétorix met au premier plan des adolescents et leurs conflits intergénérationnels : Adrénaline, le personnage principal au caractère bien trempé et qui fugue sans cesse, est la fille de Vercingétorix. Elle est recherchée par Jules César qui veut en faire une Romaine. Le fils du poissonnier et celui du forgeron, face à leurs avenirs professionnels, ont une place importante dans l’histoire. Les pirates, dont le bateau sombre systématiquement dans tous les albums, sont également à l’honneur. Astérix et Obélix, censés surveiller Adrénaline qui, bien entendu, va échapper à la vigilance du village gaulois, vont se lancer à sa recherche.

Annie Joly Correspondante Culture

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J’ai trouvé l’histoire assez plate, un peu décousue et sans entrain. Il y a quelques références à l’actualité et certains clins d’œil mais j’ai peu souri à la lecture de cet album. Dommage !


Tobie Lolness Un roman d’aventure écologique au pays des lilliputiens aux faux airs de dystopie. Sauf que chez Tobie Lolness, nous ne sommes pas dans une société futuriste postapocalyptique, mais dans un arbre et chaque classe sociale réside à la hauteur qui lui correspond : le haut de l’arbre pour les privilégiés, les basses branches pour les plus démunis. Tobie Lolness est un jeune garçon de 13 ans qui mesure moins de deux millimètres, comme tous les autres habitants de l’Arbre. Privilégié, il a eu la chance de grandir quasiment au sommet de l’arbre – une vie idéale ! Jusqu’au jour où son père, éminent chercheur qui, refusant de partager sa dernière invention avec l’État, se retrouve chassé puis kidnappé. Ainsi séparé de ses parents, Tobie doit prendre la fuite. Une fuite vers le monde d’en bas... Un roman initiatique destiné à la jeunesse mais qui peut être lu et apprécié à tout âge. C’est un de ces livres à mettre dans les mains des lecteurs récalcitrants : il y a des chances qu’il devienne leur premier coup de cœur, voire leur premier gros roman lu avec plaisir. L’écriture est fluide et pleine d’humour. Les illustrations de François Place viennent aérer le texte et nous font voyager dans ce pays minuscule. Les thèmes abordés résonnent avec les problèmes de notre monde actuel : immigration, environnement, inégalités… Un bol d’air frais à lire de 9 à 99 ans.

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Marion Bouscarle Correspondante Culture

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À partir de 5 ans

33 le Mag’ fr@ncophone - Printemps 2020

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Marion Bouscarle Correspondante Culture

Scénario : Jacques-Rémy Girerd Graphisme : Benoît Chieux, Damien Louche-Pélissier Production : Patrick Eveno, Folimage Musique : Serge Besset Montage : Hervé Guichard Couleurs : Maryse Tuzi Image : Patrick Tallaron Studio : Folimage


Le magazine pour manger bon et bio... ou l’histoire d’un petit site perso devenu grand. Nous sommes en 2002, au tout début de l’explosion des blogs culinaires qui passionnent les apprentis cuisiniers du monde entier. Marie-Laure Tombini crée son site internet Ôdélices dans l’idée de mettre en ligne gratuitement ses recettes de cuisine préférées. Son site est tout de suite reconnu et adopté par la communauté culinaire et ne cessera de proposer de nouvelles recettes, non seulement celles de Marie-Laure, mais aussi celles proposées par les lecteurs, grâce à un forum très actif à l'époque. Puis viendront, à partir de 2004, des recettes issues des rencontres entre passionnés. Ôdélices devient ainsi, petit à petit, bien plus qu’un simple site internet… En 2006, Marie-Laure sort diplômée de l’ENS Louis-Lumière et devient officiellement auteure et photographe culinaire. Bientôt en parallèle du site internet ce sont des livres Ôdélices que l’on voit apparaître en tête de gondole de librairies. Enfin, en 2010, paraît le premier magazine Ôdélices. Sur le même principe que le site, les recettes sont issues de la communauté et la ligne éditoriale reste la même : des recettes de saison, simples et bonnes, avec ici un accent encore plus grand mis sur les produits bio. Et de fait, Marie-Laure en fait la promotion active à travers ses critiques de produits, ainsi que ses encarts publicitaires et le distribue en premier lieu dans le réseau des magasins bio de France. En France métropolitaine on peut aussi s’y abonner pour un prix symbolique de 8 euros, couvrant les frais de port pour 4 numéros par an. Pour ceux qui habitent plus loin, l’ensemble des numéros, en version électronique, est disponible gratuitement sur le site Ôdélices. À noter, que dans un souci de l’environnement, la version papier du magazine est imprimée en France sur du papier PEFC (issu de forêts gérées durablement).

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Pour avoir été personnellement impliquée dans cet univers culinaire en ligne dans une lointaine époque de ma vie, je dois reconnaître que MarieLaure Tombini est une des pionnières et une de celles qui est restée sur la toile au point de devenir une véritable référence, n’ayant de cesse de développer son offre (cours de cuisine, nouveau blog bio en parallèle du site, etc.). Et, ayant quitté la France depuis plus de dix ans, je suis bien contente de pouvoir profiter de la version numérique de son magazine. Quant à son site, il y a quelques recettes incontournables, dont ses très nombreuses recettes de bouchées salées, toutes aussi délicieuses les unes que les autres. Marion Bouscarle Correspondante Culture

34 le Mag’ fr@ncophone - Printemps 2020


De la chanson au spoken word, du slam au blues : le rondeau C’est dans la joie et la tristesse que j’écris cet article. En effet, j’aurais dû venir en mars animer, avec Made in France, des ateliers slam et spoken word dans les écoles de la côte Ouest des États-Unis, ainsi qu’à la French Fest de Seattle. Malheureusement, notre voyage a été annulé au dernier moment pour cause de Covid-19. Heureusement, nous sommes bien confinés, en sécurité, sur l’île de Majorque où je vis depuis presque trois ans. Je voulais aborder ici la forme du rondeau.

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Il y a quelques années, j’ai eu la chance de participer à l’organisation du premier championnat d’Europe de slam poésie à Reims. À cette occasion, j’ai travaillé avec la bibliothèque d’archives de la ville, La bibliothèque Carnegie. Outre le célèbre Grand Jeu de Reims – groupe de poètes des années 20 rassemblés autour de René Daumal – j’y ai découvert l’existence d’un champion du slam avant l’heure : Guillaume de Machaut, en effet, a vécu dans les environs de Reims au xive siècle et est connu pour avoir gagné des concours de poésie dans toute l’Europe lors de joutes qui rassemblaient chevaliers et poètes.

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Célèbre pour avoir démocratisé la poésie et pour être le précurseur du rondeau, critiqué à son époque pour avoir rendu populaire la parole lyrique, il reste pourtant dans l’histoire. Tout comme les slameurs d’aujourd’hui, Guillaume de Machaut a dû prouver au monde que son combat était poétique. On dit de lui qu’il est également à l’origine de l’écriture de la chanson blues.

36 le Mag’ fr@ncophone - Printemps 2020


Mais, le rondeau qu’est-ce que c’est ? Voyageons dans le temps, et retournons donc au xive siècle. Le rondeau était alors un poème de quatre strophes chanté par des poètes, comme le fameux Adam de la Halle, surnommé le « poète bossu ». Ce style musical et poétique pouvait aborder des sujets variés allant du changement des saisons à l’émotion, en passant par la romance. Le fameux Guillaume de Machaut a été un des premiers compositeurs de rondeaux et l’un des plus prolifiques avec 76 poèmes de ce type à son actif, en plus des 235 balades qu’on lui attribue par ailleurs. Sa notoriété a d’ailleurs traversé la Manche jusqu’à influencer, entre autres, Geoffrey Chaucer, considéré comme le plus grand poète d’Angleterre du Moyen Âge et souvent surnommé « le père de la poésie anglaise ». Grâce aux troubadours, le rondeau, reconnu comme l’une des trois seules formes fixes de poésie française médiévale, s’est d’abord répandu dans le Sud de la France puis en Europe du sud, particulièrement dans le Nord de l’Italie et en Espagne. Il a progressivement évolué vers une forme simplifiée. La version moderne du rondeau compte 3 strophes – un quintet, un quatrain et un sextet – composées de 15 vers de 8 à 10 pieds. Le refrain reprend systématiquement les premiers mots ou bien tout le premier vers de la première strophe, ce qui donne à cette forme poétique ce rythme unique et remarquable que j’aime utiliser et transposer dans mes ateliers slam. Sébastien Gavignet Correspondant Culture

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Expressions idiomatiques La langue française regorge d’expressions imagées. Nombre d’entre-elles sont liées à la nature qui nous entoure. En voici quelques-unes parmi les plus utilisées.

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Les carottes sont cuites ! Tout est perdu et qu’il n’y a plus d’espoir. Il fait un froid de canard ! Il fait très froid.

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françaises décryptées

Ex-

Faire la pluie et le beau temps : S’imposer de manière autoritaire Se faire une montagne de quelque chose : Exagérer les difficultés liées à quelque chose Faire quelque chose en coup de vent : Faire quelque chose très rapidement Faire feu de tout bois : Employer tous les moyens pour atteindre un objectif Couper la poire en deux : Partager équitablement quelque chose, faire un compromis Avoir un cœur d’artichaut : Tomber facilement et souvent amoureux Prendre la clef des champs : Prendre la fuite Faire chou blanc : Ne pas réussir, échouer Tomber dans les pommes : S’évanouir Et pour finir sur une note légère, je partage avec vous deux de mes expressions préférées : C’est la cerise sur le gâteau !, c’est la touche finale pour terminer quelque chose ou, dans un sens ironique, c’est le comble ! Cette expression trouve d’ailleurs son origine en Angleterre – it’s the cherry on the cake! Et, ça ne casse pas trois pattes à un canard, cela n’a rien d’extraordinaire, c’est banal… Pauvre canard ! Ève de Crémiers Correspondante Culture

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