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Animaux
Pourquoi les animaux hibernent-ils?
1 Le loir s’enroule sur luimême pour hiberner dans des nids sous terre. 2 Chez l’ours brun – comme chez tous les ours – la torpeur n’est pas profonde. La température descend de quelques degrés seulement, à 30-31 °C.
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De nombreuses espèces animales ont une stratégie spécifique pour survivre pendant la période froide. L’hibernation en est une. Le processus est d’une complexité à faire pâlir les humains.
Texte: Ariane Gigon
Les marmottes se pressent les unes contre les autres. Les chauves-souris plongent dans une profonde torpeur. La femelle de l’ours blanc se cache et ralentit son métabolisme, tout en étant capable d’accoucher. Les oiseaux migrent, mais certains ne s’en contentent pas: ils hibernent aussi. Et l’on n’a pas encore parlé des animaux autres que les oiseaux et mammifères, qui ne peuvent pas régler leur température corporelle par un réchauffement interne: eux n’hibernent pas, ils hivernent. «Toutes ces stratégies sont extrêmement sophistiquées, on n’en comprend pas encore tous les rouages», explique Michel Genoud, collaborateur scientifique externe de l’Université de Lausanne. Pour son collègue Daniel Cherix, professeur émérite, «ce sont des manières très efficaces de passer l’hiver en économisant les ressources».
Comment les animaux se mettent-ils ainsi au ralenti? «Plus que la température, c’est la lumière qui est déterminante, explique Daniel Cherix. Dès l’équinoxe, les animaux savent que la nourriture va se raréfier. Ils se préparent.» Certains font des réserves de nourriture (écureuils, tamias d’Amérique), d’autres prennent du poids. Chez la marmotte, environ 1 kilo sur 5 est formé de graisse corporelle. C’est l’hypothalamus, dans le cerveau, qui règle le processus, en fixant le «thermostat» à une certaine température. Le métabolisme suit, avec moult réactions chimiques.
La température de la marmotte passe ainsi de 37 °C environ à 7 °C. La respiration ralentit, il n’y a plus que trois ou quatre battements de cœur par minute. Mais, chez la marmotte, l’état de torpeur n’est pas permanent. Il connaît même plusieurs phases: «Au début de l’hibernation, le métabolisme descend et remonte tous les jours, ou tous les deux jours», explique Michel Genoud. Puis la torpeur profonde s’installe. «La marmotte en sort tous les dix jours environ, on ne sait pas exactement pourquoi…», dit le biologiste. Les spécialistes font l’hypothèse que ces réveils spontanés sont nécessaires pour rétablir l’équilibre physiologique interne, boire ou parfois uriner… À la fin de l’hiver, les périodes de métabolisme lent sont à nouveau plus courtes.
La torpeur profonde peut durer jusqu’à trois semaines, ou seulement quelques heures. Ainsi, la musaraigne musette, souvent capturée par les chats, pratique la torpeur journalière, révèle Michel Genoud. «En fin de nuit, elle laisse descendre sa température à 15-20 °C et, en fin d’après-midi, elle se réveille pour partir à la recherche de petites proies – souvent dans des composts.»
En plein été! La stratégie de la torpeur peut aussi être utilisée… en plein été! «Les chauves-souris sont très opportunistes, note Michel Genoud. S’il pleut sans arrêt pendant trois nuits en été, elles se mettent en torpeur!» Du reste, des espèces tropicales d’oiseaux, de rongeurs et de chauves-souris connaissent aussi la torpeur.
Les réactivations du métabolisme peuvent aussi se produire au
Laissons-les tranquilles!
Les animaux enfoncés dans une torpeur hivernale sont cachés dans des interstices, des trous dans des troncs d’arbres ou encore sous des tas de feuilles ou de branchages, comme les hérissons. Michel Genoud préconise de ne pas les déranger, mais aussi «de ne pas rendre les jardins trop propres, trop ordonnés». Quant aux chauves-souris, il ne faut pas les éclairer, ajoute-t-il. Un réveil complet oblige les animaux à produire de la chaleur, ce qui active le besoin de nourriture.
Daniel Cherix, de son côté, conseille encore de ne pas nourrir à outrance les animaux, par exemple les oiseaux, sur les balcons. «Sinon, ils arrêtent de chercher. Ne les forçons pas à être dépendants de nous. De plus, pour la biodiversité, il est aussi important qu’ils déplacent les graines.»
3 Le hérisson préfère hiberner sous des feuilles mortes ou des tas de bois. 4 Lorsque la chauve-souris hiberne, mieux vaut ne pas l’éclairer!

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Michel Genoud, biologiste et collaborateur scientifique externe de l’Université de Lausanne
mauvais moment. Si la température descend en dessous de zéro, les animaux doivent sortir de leur torpeur pour trouver un endroit où mieux se protéger. Mais cela ne fonctionne pas toujours. En revanche, pour certains insectes, le froid, même jusqu’à –50 °C, n’est pas un problème. «Leur corps produit une sorte d’antigel et ils abaissent le point de congélation, explique Michel Genoud. Chez d’autres, il y a même une incitation au gel des fluides corporels et des interstices entourant les cellules, tandis que ces dernières ne gèlent pas.»
Les humains pourraient-ils, au fil de l’évolution, retrouver (les primates primitifs, il y a 60 millions d’années, pourraient l’avoir eue…) ou développer cette capacité? «Vous êtes trop optimiste, répond Daniel Cherix. La vie en société a changé beaucoup de choses. Nous avons perdu des capacités d’adaptation. Nous avons créé des artefacts, mais pas intégré ces capacités d’adaptation à notre génome. Les autres animaux ont trouvé comment concilier saisons et nourriture. Pas nous…» MM
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