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Romandie
Pourquoi parlonsnous français?
Au fil des siècles, une langue importée, celle de Molière, est parvenue à s’imposer en Suisse romande au point de devenir une langue nationale. Si Calvin y est pour quelque chose, des facteurs politiques et économiques ont aussi joué un grand rôle.
Texte: Pierre Wuthrich Illustrations: Amélie Buri
Il est des questions simples mais dont on peine à trouver une réponse. «Pourquoi parle-t-on le français en Suisse romande?» est l’une de celles-ci. C’est aussi le titre d’un récent ouvrage rédigé par Dorothée Aquino-Weber et Julie Rothenbühler, respectivement directrice adjointe et collaboratrice scientifique au Glossaire des patois de la Suisse romande de l’Université de Neuchâtel. «Nous avons souvent remarqué qu’il existait une grande méconnaissance de l’histoire linguistique de notre pays, qui n’est pas enseignée à l’école. Ce livre vient combler cette lacune. Il reste accessible au grand public, tout en ayant la caution scientifique nécessaire», expliquent les deux chercheuses qui relatent, avec de nombreux exemples à la clé, comment les patois ont peu à peu disparu.
1Le Moyen Âge S’il existe très peu de sources datant de cette époque, les deux chercheuses peuvent toutefois dresser un portrait assez précis du paysage linguistique en Suisse romande. «Le latin, la langue de l’Église, domine bien évidemment. Il est essentiellement écrit. À l’oral, on parle des langues qui sont les ancêtres des patois modernes, soit le franco-provençal et la langue d’oïl. On trouve pour la première fois des traces de français à l’écrit dans une langue artificielle appelée «scripta». «On l’utilise par exemple pour des textes juridiques, mais personne ne la parle», explique Dorothée Aquino-Weber. À noter qu’aux XIIIe et XIVe siècles, les manières de parler et d’écrire varient beaucoup en fonction de l’origine des locuteurs. L’arrivée au XVIe siècle des Huguenots en provenance de France va pour la première fois ébranler la place prépondérante du latin et des patois. Avec la venue de ces protestants notamment, le français commence à se répandre. On le retrouve désormais également dans le domaine religieux avec des prêches en français et une bible traduite. Paradoxalement, cette langue importée ne provoque pas un refus identitaire de la part des Romands. Au contraire. «Ces protestants ont bonne presse et font partie d’une élite. Les notables, notamment genevois, se montrent très ouverts et se mettent au français, tout en continuant de parler leur patois», commente Julie Rothenbühler. Chez les catholiques par contre, les prêtres doivent toujours prêcher en latin. Mais dans un souci de compréhension, ils ont tendance à s’exprimer aussi en patois. Cette technique aura pour conséquence un maintien tardif du patois en Valais, à Fribourg et dans le Jura.
La Réforme
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3L’imprimerie La place du français se trouve également renforcée grâce à l’imprimerie, qui pousse à une certaine uniformisation des différentes variations écrites du français. «Cette standardisation s’explique par des raisons techniques très simples. Les imprimeurs ne peuvent changer les caractères de plomb à l’envi. Il faut donc se mettre d’accord sur la manière d’écrire le français. Pour y parvenir, les imprimeurs collaborent avec des grammairiens, bien avant la naissance de l’Académie française en 1634», explique Dorothée Aquino-Weber.

4La Révolution française et l’école Le passage d’une monarchie à une république en France se traduit aussi par une volonté de construire une société égalitaire. est tout simplement interdit au sein des établissements scolaires, et les enseignants vont même jusqu’à l’interdire dans les foyers. «Chaque citoyen doit pouvoir voter et, pour cela, il doit pouvoir comprendre de quoi on lui parle. L’État français utilise donc la langue comme un outil politique. Il impose le français comme langue nationale et mène des campagnes de répression contre les patois», remarque Dorothée Aquino-Weber. En Suisse aussi, on adopte ces idées, accélérant le mouvement de recul des patois. Pour ce faire, on s’appuie sur l’école, ce qui est particulièrement efficace avec la généralisation de la scolarisation. «Le patois Il faut se rappeler que, jusqu’à il y a peu, le corps enseignant avait énormément d’influence sur les parents, qui soutenaient sans sourciller ses décisions», note Dorothée Aquino-Weber. Comme arme de francisation, on utilise des recueils dits de cacologie, qui dictent ce qu’il faut dire et ne plus dire et indiquent quel accent il faut désormais prendre. Si ces manuels se vendent comme des petits pains, ils ont un effet mesuré, et les Romands continuent de «s’encoubler» en disant «septante»…

6L’industrialisation Le développement économique au XIXe siècle viendra lui aussi donCe faisant, il devient aussi la langue qui permet de s’élever dans la ner un coup de main à l’hégémonie du français. «Sur les sites industriels, les ouvriers doivent pouvoir se comprendre. Or, la maind’œuvre provient de différentes régions suisses, dont la Suisse alémanique. Le français est alors choisi comme langue commune», poursuit Julie Rothenbühler. société, via le travail. Dans les familles, les parents commencent alors à moins parler en patois à leurs enfants afin de leur offrir les meilleures chances de réussite. «Lorsqu’il n’y a plus de transmission générationnelle, c’est à terme la fin d’une langue», résume Dorothée Aquino-Weber. À la fin du XIXe siècle, on prend conscience que les patois disparaissent. S’il est souvent déjà trop tard pour les sauver, on fait tout pour collecter des données et créer des dictionnaires. Aujourd’hui, on ne trouve plus qu’à Évolène (VS) des locuteurs ayant appris le patois de leurs parents. Toutefois le patois n’est pas mort. «Il est passé d’une langue quotidienne à une langue patrimoniale», résume Dorothée Aquino-Weber. Les cours de patois ou les pièces de théâtre en patois connaissent un succès certain. Et la traduction du Petit Prince en patois fribourgeois en 2017 ou la volonté politique valaisanne de protéger, dès 2018, ses langues locales montrent un désir de maintenir cet héritage. Enfin, les deux hymnes romands que sont le Ranz des vaches fribourgeois ou le Cé qu’è lainô genevois, qui émeuvent à chaque fois, prouvent que le patois reste fortement ancré dans l’esprit des Romands et est devenu une langue du cœur. MM

Et aujourd’hui?
7À lire: «Pourquoi parle-t-on le français en Suisse romande?», Dorothée Aquino-Weber et Julie Rothenbüler, Éd. Alphil, 2022.
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Voici un circuit signé car-tours.ch qui va vous plaire à coup sûr! Pour de nombreuses raisons... Par exemple pour les merveilleux paysages que vous allez découvrir, entre lacs cristallins et cascades grondantes, dans les superbes parcs nationaux de Plitvice et de Krka. Les curiosités culturelles sont elles aussi au programme, avec de charmantes villes côtières comme Trogir, Split, Zadar et naturellement Dubrovnik, avec sa vieille ville d’une rare beauté.
Votre programme de voyage
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Trajet en car spécial tout confort jusque dans la magnifique région de Plitvice. Repas de midi et repas du soir en cours de route. Arrivée à l’hôtel tard le soir.
2e jour, dimanche – Parc national de Plitvice
Les décors naturels exceptionnels du parc national de Plitvice ont contribué au grand succès des célèbres films de Winnetou. A bord d’un bateau et d’un train panoramique, nous admirons des paysages grandioses, une symphonie unique alliant les tons émeraude des lacs, des forêts profondes et des falaises spectaculaires! L’après-midi, continuation le long de la côte Adriatique jusqu’à notre hôtel dans la région de Sibenik.
3e jour, lundi – Sibenik et Parc national de Krka
Nous découvrons d’abord les célèbres chutes d’eau de Krka, dans le parc national du même nom, qui offrent un spectacle naturel de toute beauté! Nous participons ensuite à une passionnante visite guidée à travers la vieille ville de Sibenik. Nuit dans la région de Sibenik.
4e jour, mardi – Trogir, Split et Makarska Riviera
Nous longeons aujourd’hui la merveilleuse côte dalmate en direction de la Makarska Riviera. En route, à la faveur de deux visites guidées, découverte de la ravissante cité médiévale de Trogir, puis de la ville trépidante de Split. Nuit sur la Makarska Riviera.
5e jour, mercredi – Dubrovnik
Formidable journée d’excursion à Dubrovnik, surnommée la Perle de l’Adriatique. Lors d’une passionnante visite guidée, nous admirons ses principales curiosités. Longs de 2,5 km, les remparts ceinturent complètement la vieille ville, qui est une des plus belles d’Europe. Profitez ensuite du reste de l’après-midi pour explorer Dubrovnik à votre guise, avant que nous ne rentrions à hôtel sur la Makarska Riviera.
6e jour, jeudi – Makarska Riviera - Zadar
Aujourd’hui, c’est une nouvelle journée remplie de sublimes paysages côtiers qui nous attend. Notre but est la belle ville portuaire de Zadar que nous avons l’occasion de visiter. Nuit à Zadar.
7e jour, vendredi – Zadar - Opatija
Nous quittons la Dalmatie pour longer l’impressionnante Baie de Kvarner pour rejoindre Opatija. Cette magnifique station de villégiature possède un charme unique qui vous plaira forcément. Nuit sur la Riviera d’Opatija.
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22 au 29 avril 2023 7 au 14 octobre 2023
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