62 | 2.5.2022 | ACTUALITÉ
Tous derrière Poutine?
«Le soutien à cette guerre, je peux encore l’expliquer de la part de ceux qui vivent en Russie – par peur, par inertie chronique. Je peux comprendre à la limite que certaines personnes âgées regrettent la période soviétique: c’était plus facile, il n’y avait pas de choix à faire, quand dans les magasins il n’y avait qu’une sorte de saucisson, le salaire était misérable mais garanti, on pouvait faire son budget mensuel sans craindre de surprises. Depuis la perestroïka, il y a eu tout le temps des changements et les gens ne le supportent plus parce qu’ils savent que chaque réforme annoncée se fera à leur détriment. Mais je ne peux pas comprendre le soutien de la part des Russes qui sont ici, en Suisse, bien que je le constate pourtant tous les jours chez certains de mes lecteurs. Il y a peu, j’ai eu le premier commentaire sur Facebook accompagné du fameux Z . J’ai failli tomber de ma chaise. Il n’est pas revenu. Était-ce un «troll»?»
Où sont les dissidents?
«En Russie aujourd’hui, les gens les mieux éduqués, qui ont voyagé, qui utilisent d’autres sources d’information que les chaînes officielles, sont désespérés. Mais beaucoup ne peuvent pas juste prendre leur valise et partir, ils ont souvent des familles, des enfants, des parents âgés. Et ils ne sont désormais autorisés à prendre avec eux qu’au maximum 10 000 dollars. Considérés comme des traîtres, ils ne peuvent pas non plus vendre leurs biens immobiliers et sont donc obligés de partir les mains pratiquement vides, vers cet Occident où personne ne les attend. Il serait juste que l’Europe accueille non seulement les Ukrainiens mais aussi les dissidents russes.»
Guerre et vérités Née à Moscou, ayant travaillé à Paris pour l’Unesco, Nadia Sikorsky dirige depuis quinze ans à Genève un journal en ligne russophone – «Nasha Gazeta». Elle tente d’expliquer le point de vue des Russes sur le conflit en Ukraine. Texte: Laurent Nicolet Photo: Niels Ackermann/Lundi13