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En action

Cette omerta a-t-elle des effets néfastes?

C’est certain. Le tabou fait que les jeunes filles sont mal à l’aise, voire honteuses, d’avoir du sang qui coule entre leurs jambes. De plus, les protections hygiéniques n’ont pas toujours été discrètes: interdiction de se baigner et craintes de débordements ont marqué des générations de femmes. Dans certains pays, faute de protections, elles ne peuvent plus aller à l’école, comme le raconte le docu mentaire Les règles de notre liberté, de la réalisatrice irano-américaine Rayka Zehtabchi, qui a gagné un Oscar en 2019

En outre, la composition des protections hygiéniques n’a été étudiée que récemment. Or, des résidus de glyphosate, de phtalate et même des dioxines y ont été trouvés… De nombreux fabricants ont réagi en commercialisant de nouveaux produits «100% naturels». Si les menstruations concernaient les hommes, des efforts pour la fabrication de produits sûrs auraient été nettement plus rapides, critiquent les féministes.

Quelles sont les mesures prises?

Plusieurs pays et villes dans le monde (New York, l’Écosse et l’Irlande notamment) ont déjà décidé de lutter contre la précarité menstruelle en rendant les protections hygiéniques gratuites dans les bâtiments publics, comme l’est le papier toilette. En Suisse, la gratuité a été adoptée, pour les écoles ou l’ensemble des bâtiments publics, dans des cantons et des villes, comme Zurich, Genève, Schaffhouse, le Jura et Vaud. Sur le plan fédéral, le Parlement vient d’accepter de réduire le taux de TVA de 7,7% à 2,5% pour les produits hygiéniques.

Quand les langues ont-elles commencé

De tout temps, des femmes ont critiqué le tabou. Mais leur voix est restée isolée. Depuis les années 2010 en revanche, le concert de revendications grossit. Désormais, des sportives parlent, par exemple, de leurs règles. Dernier exemple: fin janvier, la skieuse américaine Mikaela Shiffrin a expliqué à la télévision publique autrichienne qu’elle se trouvait «dans une phase difficile de son cycle». Et lors des Jeux olympiques de 2016, la nageuse chinoise Fu Yuanhui avait déjà expliqué avec un naturel inhabituel qu’elle avait ses règles depuis le soir d’avant, mais que ce n’était pas une excuse

Et maintenant?

Blogs, témoignages sur les réseaux sociaux, ouvrages, festivals: la lutte pour faire tomber le tabou continue. La question de congé pour les femmes victimes de syndrome prémenstruel ou d’endométriose est aussi d’actualité. L’Asie est précurseur: des congés existent depuis longtemps en Corée du Sud, à Taïwan et au Japon, en Chine depuis peu. L’Espagne a adopté le congé menstruel mi-février et la ville de Zurich lancera un projet-pilote pour les employées de l’administration. MM

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